Bonjour,

      Ces derniers jours ont été marqués par divers rendez-vous internationaux (G20, OTAN) qui portent la marque des recompositions de la domination impérialiste pour tenter de « tout changer pour que rien ne change ! ». Il est urgent d’ouvrir des alternatives sociales, démocratiques et solidaires en Europe et dans le Monde. Rendez-vous entre autre le 1er mai, et le 7 juin.

      Contraint d’entendre le mécontentement populaire, et le peuple qui refuse de payer les conséquences de la crise financière, Sarkozy gesticule contre les stock-Options, les Parachutes dorés et les Paradis Fiscaux, mais évidemment sans mesures durables et sans remettre en cause la logique sinistre du système. Et surtout rien sur le bouclier fiscal… Paroles, paroles, paroles…

      Après la mobilisation exceptionnelle et durable du mouvement social, il semble que les hommes et les femmes de progrès s’intéressent à la recherche de moyens pour changer les choses dans le champ politique. Les premiers Meetings de lancement du Front de Gauche pour changer d’Europe font le plein partout en France. Une hirondelle ne fait pas le printemps mais…

Le gouvernement fait la sourde oreille, Parisot et le MEDEF ne se maîtrise plus et vomissent leur haine de classe. Les universités continuent en dixième semaine avec l’entrée en lice des étudiants et une certaine radicalisation du mouvement devant le mépris gouvernemental. Le mouvement social vient de remporter une grande victoire en Guadeloupe et en Martinique. Le Front de Gauche vient d’entrer en campagne avec plus de 6.000 personnes au Zenith à Paris dimanche, rassemblant dors et déjà des partis politiques comme le PCF et le PG, des mouvements comme la tendance UNIR du NPA, les Alternatifs, et de nombreuses personnalités et militants associatifs et syndicaux comme Gisèle HALIMI, Robert GUEDIGUIAN, Gérard MORDILLAT, Didier LE RESTE,… en rassemblant 6.000 personnes au Zenith à Parisns pour autant les convaincre. ______________________________Pécresse essaye de dévoyer une partie minoritaire des syndicats sans pour autant les convaincre. La mobilisation et l’action continue. Fillon bouge un peu sur l’emploi scientifique pour 2010 et 2011, mais pas pour 2009. Le retrait préalable des réformes engagées continue d’être demandé par les organisations syndicales pour pouvoir négocier des avancées sociales et démocratiques pour un grand service public d’enseignement supérieur et de recherche. La journée interprofessionnelle public-privé du 19 Mars s’annonce aussi « énorme » que celle du 29 janvier dernier.

      L’ensemble de la gauche se mobilise dans le sillage et soutien le mouvement social montant. La puissance du mécontentement populaire, et la perspective des élections européennes de juin n’y est certainement pas pour rien, mais fou qui fait le difficile quand la tempête est si violente…

L'investiture de Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis, suscite d'immenses espoirs à travers le monde, mais aussi des doutes face à l'ampleur des défis qui attendent le nouveau chef de l'Etat. L’intervention des peuples monte en puissance pour exiger justice pour le peuple Palestinien. L’Union Européenne l’enregistre et se ressaisit. La levée du blocus, par les troupes israélienne, du territoire de Gaza et le respect des droits du peuple Palestinien, l’application des décisions de l’ONU et le respect du droit international sont le minimum nécessaire pour que 2009 ne se poursuive pas dans un bain de sang. Deux peuples, deux Etats.

Exigeons des forces de Gauche et d’extrême-Gauche et écologistes qu'elles se mettent vraiment au service des peuples et d'une transformation sociale progressiste, aidant l'humanité à se dégager de toutes formes d'exploitation, de domination et d'aliénation, en commençant par celle d'une logique capitaliste archaïque et monstrueuse dans les risques qu'elle fait courir à la planète et à l'humanité.» Ne laissons pas les forces de Gauche et écologistes se fragmenter et s'égarer dans des calculs politiciens, des dérives libérales, ou des impasses sectaires.

      Ouvrons partout des Fronts de résistance et de conquêtes sociales et démocratiques ! Résistons et Ripostons à la politique portée par Sarkozy et son gouvernement et construisons les outils politiques, idéologiques et sociaux, nécessaires pour porter un projet de transformation sociale progressiste, permettant de construire une société plus humaine, plus juste et plus solidaire, les uns l’appelant communisme, les autres une République Sociale, d’autres socialisme, d’autres développement soutenable et durable, visant de fait à dépasser le capitalisme, en particulier sa forme financière et mondialisée ! Il y a beaucoup de commun dans tout cela en particulier l’idée et l’expérience de la solidarité qui rassemble et complète qui est plus efficace socialement et humainement que la concurrence qui divise et oppose les êtres humains.

 

      Si vous souhaitez vous associer aux activités du Collectif Universitaire, transmettez votre intention à l’adresse du collectif Universitaire Bordelais : <Collectif.UnivBx@Gmail.com>

      N’hésitez pas à faire connaître la démarche autour de vous.

      Vous pouvez aussi vous abonner et écrire à la liste d’information modérée du Comité Universitaire Bordelais pour donner votre avis et faire des propositions d’initiatives (Ce n’est pas une liste de discussion) :     <Collectif.UnivBx@Gmail.com>

 

      Pour vous y abonner :

      mailto:comite2007univ-request@ml.free.fr?subject=subscribe

      Pour vous désabonner :

mailto:comite2007univ-request@ml.free.fr?subject=unsubscribe

 

      Vous êtes actuellement 507 internautes étudiant(e)s et universitaires abonné(e)s à cette lettre.

 

      Voir les derniers Bulletins de ripostes universitaires :

      http://dominique.belougne.free.fr/ripostes

 

      Comptant sur votre participation, Merci d’avance.

      Cordialement,

      Dominique BELOUGNE

 

      &&&&&&&&&&&&&&&&&

 

 

Au Sommaire de la Lettre N0 61 :

 

Pour accéder aux articles, les liens du sommaire ne sont actifs que si vous téléchargez le document html contenant le Bulletin complet en cliquant sur le lien ci-après :

 

http://dominique.belougne.free.fr/ripostes/Bulletin_No_61.htm

 

 

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

&          Ripostes Politiques            &

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

 

 

*) « Bistrot politique d’Espaces Marx » Le Mardi 28 avril à 18h30 à l’Athénée Municipal de Bordeaux (Espace St Christoly) « La créolité et la mondialité : les Antilles et la transformation sociale »

 

*) Le Front de Gauche en Campagne en Gironde

 

*) Le PCF33 en Campagne

 

*) A La Fête de l’Humanité en Gironde les 22, 23, 24 mai

 

*) 7 juin : Une élection européenne sans débat ?

 

*) Élections : Européennes, mode d’emploi

 

*) Pierre Laurent : « Le pouvoir redoute une forte sanction de sa politique »

 

*) Européennes : Le Front de gauche veut « viser la gagne »

 

*) Européennes : L’unité de la gauche en question

 

*) Le mouvement social très représenté dans les sept listes du Front de Gauche

 

*) L’exigence sociale dans la campagne des Européennes du Front de Gauche

 

*) « Un débat public européen sur la sidérurgie est indispensable »

 

*) VILLENAVE-D'ORNON, ÉLECTIONS EUROPÉENNES. Le fondateur du Parti de gauche, qui fait campagne dans le Sud-Ouest avec Cathy Daguerre, veut reconstituer le front du « non ». Il était vendredi à Villenave d'Ornon

 

*) ELECTIONS. Les communistes veulent créer un front de gauche dans le Médoc

 

*) FRONT DE GAUCHE. Il tient ce soir sa première réunion publique et préparatoire à Saint-Macaire

 

*) UZESTE. Même si la campagne des élections au Parlement européen n'a pas officiellement sonné, le top départ a été donné samedi

 

*) PÉRIGUEUX. Le fondateur du Parti de gauche, allié au PCF, a ouvert sa campagne des européennes

 

*) COUACH. Le PCF sera présent aujourd'hui au tribunal et samedi devant les chantiers

 

*) GUJAN MESTRAS. Seuls les militants ont répondu à l'appel du Parti communiste au rassemblement devant le chantier Couach, samedi. Mais avec détermination

 

*) Appel à soutenir le Front de Gauche à Talence (33), Par Michel CAHEN

 

*) PESSAC, EUROPÉENNES. PC et Parti de gauche ont du mal à fédérer un front de gauche dans un contexte déjà favorable aux grands partis

 

*) « L’Europe doit mieux entendre le citoyen » Par La Martiniquaise Madeleine Jouye de Grandmaison

 

*) Européennes : Lancement de campagne à Saint-Denis

 

*) Une réunion par canton pour le Front de gauche dans le Lot

 

*) Européennes : Le Front de gauche en campagne pour la paix

 

*) Campagne : Le MEDEF déboule dans les européennes

 

*) Européennes : « Candidat et directeur du journal : osmose plutôt qu’ambiguïté »

 

*) PS : Sarkozy et Barroso dans un même collimateur

 

*) Européennes : Besancenot s’assigne un rôle majeur

 

*) Extrême gauche : « Des pratiques indignes »

 

*) Legislatives : Que cachent les projets modifiant la carte électorale ?

 

*) Un outil indispensable à l’ouverture du débat sur les Européennes

 

*) Europe et Monde : Une autre conception de la défense est possible

 

*) Le Front de gauche pour un nouveau partenariat Nord-Sud

 

*) Marie-France Beaufils « Nous entendons construire une campagne de proximité »

 

*) Européennes : Porter la voix des salariés

 

*) DANS le journal L’HUMANITÉ

 

 

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

&         Enseignement Supérieur et Recherche                      &

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

 

 

*) « Table-Ronde organisée par Espaces Marx et le GFEN » Le jeudi 30 Avril  à 20h30  à l’Athénée Municipal de Bordeaux : « Faut-il changer l’école ? »

 

*) Education Nationale : le début de la grande braderie. Sauvons les RASED !

 

*) « Les BIATOSS dans le mouvement » PAR SYLVIE COULMEAU, REPRESENTANTE SYNDICALE (FERC CGT) A L’UNIVERSITE DE PARIS-I SORBONNE

 

*) « Université. Cette réforme n’aura pas lieu » PAR DAVID BERRUE, ETUDIANT, GERMAINE DEPIERRE, CHERCHEURE, PASCAL LEVY, BIATOSS, CHRISTOPHE MILESCHI ENSEIGNANT-CHERCHEUR, PATRICIA TUTOY, ENSEIGNANTE, LEA VALETTE, DOCTORANTE, PORTE-PAROLE DE LA COORDINATION NATIONALE DES UNIVERSITES.

 

*) TRIBUNE LIBRE. « Universités - grandes écoles, une union pour la recherche »  Par Philipp mclaughlin directeur de BEM (Bordeaux école de management)

 

*) ANALYSE. Un regard décapant sur le système éducatif français à la lumière des statistiques internationales

 

*) Les facs veulent un vrai recul

 

*) Les IUFM maltraités par le gouvernement

 

*) 130 postes « dégelés »

 

*) LA CHRONIQUE DE CYNTHIA FLEURY : « L’élitisme scolaire »

 

*) Et la palme des manifs revient à…

 

*) Garder plutôt qu’éduquer

 

*) Stéphane Tassel, nouveau secrétaire général du SNESup-FSU

 

*) CAMPUS. Les universités ont besoin de plus de 500 millions d'euros pour ajuster leurs bâtiments à des ambitions en hausse

 

*) PLAN CAMPUS. Un projet scientifique original

 

*) UNIVERSITE. Y aura-t-il une vraie année universitaire 2008-2009 ? La persistance des blocages fait craindre l'absence de diplômes. Voire pire

 

*) BORDEAUX. Première AG interfacs, hier, pour débattre des réformes qui fâchent toujours

 

*) UNIVERSITÉS. Les cours ont repris ailleurs mais, à la fac de lettres, le mouvement se poursuit. Certains souhaitent valider l'année sur les résultats du premier semestre

 

*)  AG Bordeaux 4 - ambiance électrique. Mercredi 1er avril, l'assemblée générale de Bordeaux 4 pour décider de la poursuite ou non du blocage de l'université a pris une drôle de tournure lorsque le vice-président Aubin est intervenu dans le débat. Images filmées par un étudiant.

 

*) BORDEAUX IV. La démission du vice-président après l'AG du 1er avril est réclamée. Le président calme le jeu

 

*) ÉDUCATION. Etudiants et enseignants tentent la jonction avec le primaire

 

*) UNIVERSITÉ. à la suite d'une AG marquée par la présence du vice-président de Bordeaux IV, les étudiants ont voté contre l'occupation de la fac mais pour l'abrogation de la loi Pécresse

 

*) CAMPUS. Tensions tôt, hier matin, entre bloqueurs et présidence à Bordeaux 1 et Bordeaux IV

 

*) La police mobilisée hier à Bordeaux 1

 

*) UNIVERSITÉ. Vive tension hier à Pau entre des étudiants et le président. Le climat se tend aussi à Bordeaux

 

*) PROTESTATIONS DANS LES FACS. Le mouvement de protestation contre la réforme des universités continue. La situation est très tendue à l'université de Pau tandis qu'à Bordeaux étudiants et enseignants ont occupé les locaux du rectorat ce matin...

 

*) BORDEAUX 3. Singaravelou quitte la présidence de la fac. Retour sur un parcours étonnant

 

*) BÈGLES, PIQUE-NIQUE CITOYEN. Une centaine de personnes se sont mobilisées hier pour la défense de l'école publique. Avec l'intention de ne pas en rester là...

 

*) ÉDUCATION. Enseignants et parents d'élèves de Pierre-Dufour continuent leur combat pour garder leur employée de vie scolaire

 

*) AMBARÈS-ET-LAGRAVE, ÉDUCATION. Mobilisation dans trois écoles contre les suppressions de classes et de postes Rased

 

*) ÉDUCATION. L'école primaire, classée en ZEP, est occupée par les parents d'élèves, mobilisés contre la suppression de postes

 

*) GRÈVE. Après s'être rassemblés place du marché, les manifestants sont allés à l'Inspection départementale de l'académie

 

*) La peur d'un « enseignement à deux vitesses »

 

*) BORDEAUX. Étudiant sans titre de séjour à Bordeaux IV, Mamadou a fait hier l'objet d'un parrainage républicain. Il est soutenu par toute la fac

 

*) CENON, ÉCOLE RENÉ-CASSAGNE. Les parents d'élèves poursuivent leur mouvement d'occupation. Leurs témoignages s'ajoutent à ceux des enseignants spécialisés

 

*) POLITIQUE. La section locale a décidé de réanimer le débat citoyen. Première jeudi, avec l'école au menu

 

*) ÉDUCATION NATIONALE. Un millier de parents d'élèves et d'enseignants hier sur le pont de pierre pour la Nuit des écoles

 

*) « ECOLE, de la Maternelle à l’Université : Logique de ségrégation » par Dany Stive

 

*) Éducation : « Fin de la carte scolaire : quels dégâts ! »

 

*) Carte scolaire : « Quelques exemples en Europe : Les pays du « libre choix total » font machine arrière. »

 

 

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

&              Collectivités locales et régionales                        &

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

 

 

*) Euratlantique et GARE TGV à Bordeaux. Philippe Courtois planche déjà sur ce grand projet de plus d'un milliard d'euros

 

*) CONSEIL GÉNÉRAL. Cet après-midi, l'assemblée départementale votera à la hausse les taux de fiscalité. Le président Madrelle explique le contexte

 

*) RÉFORME. Francis Idrac a un an pour réorganiser les services de l'État, réforme qui va toucher plus de 40 000 fonctionnaires dans le département

 

*) RENOUVELLEMENT URBAIN. La concertation est ouverte sur la rénovation. Plus apaisée, mais le mail ne convainc toujours pas. Les décisions devront être prises d'ici l'été, au risque de perdre les subventions

 

*) COMMUNAUTÉ URBAINE. Opérationnel depuis un an, le réseau haut débit doit s'améliorer

 

*) TRANSPORTS et CUB. Les salariés ont rencontré les dirigeants de Keolis, leur futur employeur

 

*) CUB : Rencontre avec l'intersyndicale

 

*) TRANSPORTS. Jean-Michel Ferraris, directeur général de Keolis, veut rassurer les salariés du réseau TBC. Bruno Danet est le nouveau patron du réseau

 

*) TRAMS ET BUS. Le directeur général France Voyageurs de Veolia Transport se montre déçu de la façon de faire de la CUB

 

*) TRAM ET BUS. Les salariés du réseau vont rencontrer le président de la CUB et leur nouveau patron. Une grève n'est pas exclue

 

*) CONSEIL D'ÉTAT. La plus haute instance administrative annule la décision du tribunal de Bordeaux. La voie est libre pour Keolis ou presque...

 

*) LÉGISLATIVES. Le dernier tracé des circonscriptions attise encore le clivage droite-gauche

 

*) TRANSPORTS. Le président du Conseil général s'inquiète de ne voir aucune alternative se mettre en place

 

*) EUROPE. Selon le commissaire européen aux Transports, la France n'a pas encore fait de demande pour financer Tours-Bordeaux

 

*) TRAINS EXPRESS RÉGIONAUX. Neuf mois après la mise en service du cadencement, le bilan montre une nette hausse de fréquentation, malgré quelques défaillances hivernales

 

*) SAINTE-EULALIE, CONSEIL MUNICIPAL. Au terme d'une séance très houleuse, la majorité rejette le projet de convention avec le Conseil général, ce qui remet en cause les 4 millions d'euros d'aides

 

 

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

&         Ripostes Sociales          &

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

 

 

*) « Atelier économie-politique et société d’Espaces Marx et d’Attac33» Le jeudi 16 Avril à 20h30  à l’Athénée Municipal de Bordeaux

 

*) Contributions d’Espaces Marx au Forum Social Local de Gironde  Du Lundi 27 Avril au Samedi 2 mai à l’Athénée Municipal de Bordeaux

 

*) Le séminaire "Femmes et travail, rapports de sexe, rapports de classe", initiative de dimension Européenne, en partenariat avec Espaces Marx Paris et Transform!

 

*) « Nous voulons un 1er Mai exceptionnel »

 

*) 1er Mai. Déclaration intersyndicale du 30 mars 2009.

 

*) Un appel sans précédent à un 1er Mai unitaire

 

*) SNPE : grève victorieuse

 

*) BLANQUEFORT, FORD. Les comités locaux de soutien aux salariés vont perdurer pour alerter l'opinion si la reprise du site ne se déroule pas comme prévu

 

*) MÉDOC. Personne n'est sûr de la sauver. La Poste est au centre de farouches combats. À Montalivet, tout le monde a cru qu'elle allait disparaître cet été

 

*) BÈGLES, LOGEMENT SOCIAL. Les locataires réitèrent leur désaccord face aux charges qui leur sont exigées

 

*) LOT-ET-GARONNE. Ils protestaient contre le « déménagement » du territoire. La majorité des élus du Val d'Albret est partie en convoi pour rassembler les populations

 

*) GEMMAGE. L'ancien résinier Claude Courau est persuadé que la forêt girondine est redevenue compétitive. Il a écrit à deux ministres pour le leur démontrer

 

*) APRES-TEMPETE. Plus d'un millier de sylviculteurs ont défilé aujourd'hui dans les rues de Bordeaux pour exiger une revalorisation de l'indemnisation des dégâts laissés par la tempête Klaus

 

*) PARDIES 64 : « Ceux qui vivent sont ceux qui luttent »

 

*) Le Sénat pousse le pouvoir à légiférer sur les stock-options

 

*) Au coeur de la crise, la spéculation continue. Par Pierre Ivorra

 

*) Gesticulations sarkozystes

 

*) Grenoble : La révolte des Caterpillar contre le roi dollar

 

*) Action syndicale : « Les violences dont sont victimes les salariés »

 

*) « Violence Sociale : La Tarte à la crème gouvernementale » PAR MAURICE ULRICH

 

*) 1 salaire annuel de grand patron = 3 siècles de SMIC

 

*) Social : Un fonds d’Investissement Social (FISO) modestement doté

 

*) Négociations : Premières victoires de la mobilisation à la Réunion

 

*) Salaires : Série de grèves victorieuses chez les gaziers

 

*) Guadeloupe : « L’État prend le risque d’allumer des feux »

 

*) Médecins et Hôpitaux : « On ne discute plus, il faut passer à l’action »

 

*) Énergie : Gaziers et électriciens veulent faire « raquer » le patronat

 

*) BORDEAUX. Forte mobilisation hier de ceux qui aident les sans-papiers. Ils veulent être poursuivis par la loi

 

*) BORDEAUX. Les tentes sont place Pey-Berland jusqu'à demain, en prélude à l'action du 15 mai

 

*) ET AILLEURS, AMAP. De plus en plus de groupes de consommateurs s'abonnent au système des paniers hebdomadaires auprès des maraîchers. La production locale a du mal à suivre

 

*) BORDEAUX. Myriam Eckert a déposé plainte dimanche. Elle affirme avoir été victime de violences de la part des CRS lors de l'expulsion du squat de la rue Saint-Genès

 

*) RAPPORT. Selon Amnesty International, les auteurs de brutalités policières bénéficient en France d'une coupable impunité

 

*) ENQUETE : « A Bordeaux, une police trop zélée qu'il va falloir surveiller » Par Christophe Payet | Etudiant | 07/04/2009 | 14H35

 

*) CENON 33. La FCPE réagit aux propos de Mme Alliot-Marie à l'Assemblée, suite à une charge de CRS qui fait polémique

 

*) Droit d’Asile : La Cimade évincée de dix-neuf centres de rétention

 

*) La LDH dénonce « un recul des droits et libertés » en 2008

 

*) OTAN : La liberté bafouée, des Strasbourgeois sidérés

 

*) Libertés : « Tarnac : la justice au ralenti »

 

*) « Vous avez dit rupture… » de Patrick Apel-Muller

 

*) BNP PARIBAS. Après les stock-options, les retraites chapeaux. La pension du président atteindra 800 000 euros par an

 

*) EVASION FISCALE. Les trous noirs de la finance mondiale sont aujourd'hui dans le collimateur. Mais il est peu probable que les chefs d'État du G20 annoncent leur disparition. Ils rendent trop de services

 

*) SOCIAL. Les séquestrations de patrons ou de cadres divisent les politiques, l'opinion publique y est plutôt favorable. Ces actions dictées par la colère ne sont pas nouvelles

 

 

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

&          Ripostes Idéologiques            &

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

 

 

*) 62éme Opération Clin d’œil en Gironde, Projections/Débats de « Chomsky et Cie » et de  « Let’s Make Money »

 

*) Le 17 avril à Toulouse : colloque Jean Jaurès "Mouvements populaires et révolution"

 

*) [DiversCités] Le film "les 16 de basse-pointe" le 20 avril à Bordeaux en avant-première

 

*) Nouvelle édition du livre "Bordeaux et la Commune" de Jacques Girault. La souscription est terminée, mais le livre est toujours disponible

 

*) Premières Rencontres Actualités de Marx - IEP Décembre 2008 (Textes)

 

*) « Critiques censurées du capitalisme »

 

*) « De l’irréductibilité d’une idée, ou l’hypothèse du communisme » par Dimitra Panopoulos

 

*) Le site National d’Espaces Marx : Derniers articles en ligne

 

*) L'actualité de la fondation Gabriel Péri – Quelques échos

 

*) « Aucune religion ne prône l’égalité entre les hommes et les femmes » Entretien avec Taslima Nasreen, réfugiée en France

 

*) Un pôle public pour financer l’économie

 

*) Le G20 et l’argent de la relance Par Pierre Ivorra

 

*) Pascal Boniface « Certains veulent faire de l’Alliance le bras armé du "monde occidental" »

 

*) Stock-options et fonds spéculatifs, Par Pierre Ivorra, économiste

 

*) « Construire un espace commun de rencontre » PAR JACQUES PERREUX, VICE-PRESIDENT DU CONSEIL GENERAL DU VAL-DE-MARNE.

 

*) « Le Front de gauche et la BCE » PAR MICHEL DE CHANTERAC, ANCIEN AGRICULTEUR DANS LE TARN.

 

*) Alain Masse, secrétaire du syndicat CGT de l’entreprise Celanese (Pardies).

 

*) « Jaurès. Le retour de la question sociale » PAR ALAIN BOSCUS, HISTORIEN

 

*) Jaurès, en penseur de la révolution

 

*) « Transformer le FMI de fond en comble » PAR SEBASTIEN FOURMY, DIRECTEUR DU PLAIDOYER POUR OXFAM FRANCE-AGIR ICI*

 

*) « Le monstre fou des boutiquiers du disque » PAR JEROME RELINGER, INGENIEUR DES TECHNIQUES AVANCEES, ANIMATEUR DU SECTEUR « REVOLUTIONS NUMERIQUES ET SOCIETE DE LA CONNAISSANCE » DU PCF.

 

*) Emmanuel Levinas, philosophe de la signification comme rapport à l’autre

 

*) Flux et reflux de l’histoire américaine entre esprit de religion et esprit de laïcité

 

*) « Notre santé, grand enjeu pour les européennes » PAR CATHERINE MILLS, ECONOMISTE, DR FABIEN COHEN, CHIRURGIEN-DENTISTE DE SANTE PUBLIQUE, RESPONSABLE SANTE PCF ILE-DE-FRANCE, JEAN-LUC GIBELIN, DIRECTEUR D’HOPITAL, RESPONSABLE NATIONAL SANTE PCF

 

*) « Denise Hamouri, Quel joli nom : humanité ! » MERE DU FRANCO-PALESTINIEN SALAH HAMOURI, EMPRISONNE ILLEGALEMENT EN ISRAËL, ET DONT L’HUMANITE EXIGE LA LIBERATION.

 

*) « Bouteflika, dix années après… » PAR MOHAMED BENRABAH, UNIVERSITAIRE, PROFESSEUR A L’UNIVERSITE GRENOBLE-III (*).

 

*) « Du scandale de l’affaire Pérol au discrédit du projet coopératif » PAR JACK POTAVIN, DELEGUE DU GROUPEMENT DES ASSOCIATIONS DE L’ECONOMIE SOCIALE, ET JEAN-PIERRE MILESY, DELEGUE DE RENCONTRES SOCIALES.

 

*) « À l’écoute des territoires et de ceux qui les font vivre » PAR GABRIEL MASSOU, CONSEILLER REGIONAL D’ÎLE-DE-FRANCE, PRESIDENT DU GROUPE COMMUNISTE ALTERNATIVE CITOYENNE REPUBLICAIN ET PARTI DE GAUCHE.

 

*) « Le 1er Mai, principe d’espoir et d’action » PAR DANIELLE TARTAKOWSKY, PROFESSEURE D’HISTOIRE CONTEMPORAINE A L’UNIVERSITE DE PARIS-VIII (*).

 

*) Revues sous camisole : « Le Mouvement Social No 226 »

 

*) LA CHRONIQUE DE CYNTHIA FLEURY : « Alter(s) ego »

 

*) Plongée dans la mémoire du Paris laborieux

 

*) « La vérité sur Strasbourg » PAR PIERRE LAURENT, COORDINATEUR NATIONAL DU PCF.

 

*) « Les trusts anglo-saxons,rois de l’évasion fiscale » PAR JEAN-CLAUDE PAYE, SOCIOLOGUE (*).

 

*) « Gaza : Nous en appelons aux états » PAR UNE AUTRE VOIX JUIVE (UAVJ).

 

*) Le cinéma de l’histoire vivante

 

*) Les normes néolibérales

 

*) « Sarkozy, mythologie coloniale et anciens de l’OAS » PAR OLIVIER LE COUR GRANDMAISON, ENSEIGNANT EN SCIENCES POLITIQUES A L’UNIVERSITE D’ÉVRY-VAL-D’ESSONNE.

 

*) Le présidentialisme états-unien

 

*) « Aidez Madagascar à construire ! » PAR ALAIN-AIME RAJAONARISON, DOCTEUR EN HISTOIRE (*).

 

*) « L’alternative de l’autogestion solidaire » PAR MAURICE DECAILLOT, EXPERT AGREE EN ECONOMIE SOCIALE (*).

 

*) « Leurs bonnes raisons de manifester » PAR ALINE LOUANGVANNASY, SECRETAIRE REGIONALE CGT EDUC’ACTION MIDI-PYRENEES, PROFESSEURE DE PHILOSOPHIE.

 

*) Les écrits inédits d’une grande figure de la conscience martiniquaise

 

*) La sociologie clinique aux prises avec les contradictions du sujet contemporain

 

*) « Des statistiques pour mesurer mais pas pour combattre » PAR ÉRIC FASSIN, SOCIOLOGUE, ENS/IRIS.

 

*) « Un projet qui jette le trouble » PAR CHOUKRI BEN AYED, SOCIOLOGUE (*).

 

*) « La race dangereuse, catégorie trompeuse » PAR DOMINIQUE GUILLO, CHERCHEUR AU CNRS.

 

*) Immigration. Emmanuelle Cosse. Ce ministère qui change tout

 

*) « Jean Jouzel, Une lenteur exaspérante » DIRECTEUR DE RECHERCHE AU COMMISSARIAT A L’ENERGIE ATOMIQUE, VICE-PRESIDENT DU GROUPE SCIENTIFIQUE DU GIEC (*)

 

*) « Un petit coup de peinture sur un monde en ruine » PAR DAMIEN MILLET, PORTE-PAROLE DU COMITE POUR L’ANNULATION DE LA DETTE DU TIERS-MONDE (CADTM FRANCE), ET ÉRIC TOUSSAINT, PRESIDENT DU CADTM BELGIQUE (*).

 

*) La mémoire de la Shoah n’excuse pas les crimes d’aujourd’hui

 

*) « Nous suspendons notre participation au CRIF » PAR TAUBA STAROSWIECKI, SECRETAIRE DE L’UJRE (*), BERNARD FREDERICK, DELEGUE DE L’UJRE AU CRIF, JACQUES LEWKOWICZ, DELEGUE DE L’UJRE AU CRIF.

 

*) « Fret : changeons de stratégie ! » PAR DIDIER LE RESTE, SECRETAIRE GENERAL DE LA FEDERATION CGT DES CHEMINOTS

 

*) Zizek, héritier de Deleuze

 

*) « Redonnons toute leur place aux Nations unies ! » PAR DANIELLE MITTERRAND, PRESIDENTE DE FRANCE LIBERTES.

 

*) « Pour une véritable coexistence éthique » PAR OMAR BARGHOUTI, ANALYSTE POLITIQUE PALESTINIEN (*).

 

*) TRIBUNE LIBRE. « Comparons le coût des élus et les services rendus » par Alain Anziani, sénateur (PS) de la gironde

 

*) PARIS-PROVINCE. « Être libre, un pari solitaire » Par Jean-claude Guillebaud

 

*) « Réduire les inégalités de revenus : une urgence ! » 1 Par Pierre Concialdi, Réseau d’alerte des inégalités (RAI), Vincent Drezet, secrétaire national du Syndicat national unifié des impôts (SNUI), Jean-Marie Harribey, co-président d’Attac. L’Humanité, 11 avril 2009

 

*) PARIS-PROVINCE. « Une odeur de lilas » Par jean-claude guillebaud

 

*) Pour ceux qui ont assisté à la conférence débat : « Culture économique et sortie de crise » et pour ceux qui n'ont pas pu venir

 

*) « Quel Front ? Quelle Gauche ? » par André ROSEVEGUE*, Membre du Conseil d’Orientation d’Espaces Marx Aquitaine-Bordeaux-Gironde.

 

 

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

&              Une autre Europe  est possible              &

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

 

 

*) Déclaration de principes du Front de Gauche pour Changer d’Europe

 

*) « L’Europe que nous voulons » PAR L’INITIATIVE FEMINISTE EUROPEENNE (*)

 

*) John Monks : Une colère des salariés qu’il faut prendre au sérieux

 

*) EUROPE : TOUS DERRIERE L’ONCLE SAM

 

*) Moldavie : La fièvre retombe à Chisinau mais le malaise persiste

 

*) Chisnau : Victoire des communistes moldaves

 

*) Marée rouge contre Silvio Berlusconi

 

*) Prague : Obama maintient le bouclier antimissiles en Europe

 

*) Tbilissi : Montée de la contestation contre le pouvoir géorgien

 

*) Vu du Royaume-Uni : « Comme dans un pays sous-développé… » Par Peter Avis, journaliste.

 

*) Acteurs européens : Gordon Bajnai, premier ministre hongrois et la purge pour seul programme

 

*) Ex-Yougoslavie : Balkan, la potion qui tue

 

*) Mémoire : Poussée de fièvre anticommuniste à Strasbourg

 

*) La Turquie, pièce clé de la stratégie américaine

 

*) Commerce : Le Nicaragua n’aime pas le libéralisme de l’UE

 

*) EUROPE ÉCOLOGIE. La Béglaise et le Brugeais sont candidats

 

*) EUROPÉENNES. Les socialistes ont lancé leur liste du Grand Sud-Ouest hier à Sabres, dans les Landes

 

*) EUROPE. En pleine présidence tchèque de l'Union, la chute du gouvernement Topolanek complique encore la ratification du traité

 

*) EUROPE. Dominique Bussereau souhaite une adaptation progressive

 

 

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

&      Un autre Monde  est possible    &

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

 

 

*) Mumia Abou-Jamal : Mobilisation contre le déni de justice, Plusieurs organisations appellent à un rassemblement le 22 avril.

 

*) [Palestine33] Repas de solidarité avec les sinistrés de Gaza

 

*)  Forum Social Local de Gironde » du 27 au 30 Avril et le 2 Mai à l’Athénée Municipal de Bordeaux

 

*) ENVIRONNEMENT. Le président d'Attac, François Poul, veut intégrer la commission de l'eau

 

*) APPEL AUX AUTORITES MEXICAINES

 

*) ISRAËL : « Pas question d'un État palestinien »

 

*) « G20 : Les pyromanes déguisés en pompiers » PAR PATRICK APEL-MULLER

 

*) G20 : 172 nations absentes de la photo officielle

 

*) États-Unis : L’empire à visage humain

 

*) Le G20 peine à donner le change

 

*) Un autre monde frappe à la porte du G20

 

*) Le plan de « relance » US qui subventionne les spéculateurs

 

*) Paradis fiscaux : encore beaucoup à faire

 

*) « Pour une monnaie commune mondiale »

 

*) Algérie : Réélection de Bouteflika : un triomphe contesté

 

*) « Cette mascarade est un modèle de pacification électorale » Questions à Karim Tabou, secrétaire général du Front des forces socialistes (FFS).

 

*) États-Unis : La Cour suprême veut tuer Mumia Abu-Jamal

 

*) Un partisan de la guerre en Irak à la tête de l’Alliance atlantique

 

*) L’Afghanistan au coeur de l’inflexion vers une stratégie « tous azimuts »

 

*) Colombo : L’armée massacre au Sri Lanka

 

*) Israël : Netanyahou nie le droit des Palestiniens à un État

 

*) ONU : Crimes de guerre à Gaza

 

 

Si vous le souhaitez les Lettres précédentes peuvent vous être envoyées. Si vous souhaitez faire partager un point de vue, un texte publié utile à la réflexion de toutes et de tous, c’est bien entendu possible. Ecrivez à Collectif.UnivBx@Gmail.com

 

      &&&&&&&&&&&&&&&

 

 

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

&          Ripostes Politiques            &

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

 

*) « Bistrot politique d’Espaces Marx » Le Mardi 28 avril à 18h30 à l’Athénée Municipal de Bordeaux (Espace St Christoly) « La créolité et la mondialité : les Antilles et la transformation sociale »

Animé par Dominique BELOUGNE, Secrétaire d’Espaces Marx Aquitaine

Accueillera des responsables et des militant(e)s syndicaux, associatifs et politiques autour du thème : « La créolité et la mondialité : les Antilles et la transformation sociale »

A partir d’une introduction de Vincent TACONET, Président d’Espaces Marx, et la contribution espérée d’autres acteurs associatifs, syndicaux et politiques, nous explorerons la richesse des luttes sociales et politiques qui se développent dans les Antilles, à la Réunion, en Nouvelles Calédonie,… dans ces territoires portant l’empreinte encore vivace de l’impérialisme coloniale français, et où émerge dans le creuset des luttes de libération, des formes culturelles, idéologiques et politiques nouvelles, dont on trouve l’expression dans le « Manifeste » de neuf intellectuels antillais (1)  publié à l’occasion de l’action victorieuse de la  population Guadeloupéenne et de son expression organisée le LKP. (1) Manifeste pour les « produits » de haute nécessité par Ernest Breleur, Patrick Chamoiseau, Serge Domi, Gérard Delver, Edouard Glissant, Guillaume Pigeard de Gurbert, Olivier Portecop, Olivier Pulvar, Jean-Claude William. Écrivains, enseignants, philosophes, plasticiens, sociologues, ils parlent aujourd’hui d’une seule et même voix, partageant la même vision de l’avenir pour les peuples des Antilles, de Guyane et de la Réunion. Bien que des milliers de kilomètres les séparent, entre la Caraïbe, la forêt amazonienne et le golfe du Mozambique, ces « petits pays » partagent une longue et douloureuse histoire commune : ils furent pendant trois siècles terres d’esclavage d’êtres humains déportés d’Afrique. Aujourd’hui, ces peuples souffrent du capitalisme en crise et partagent avec les travailleurs de la France hexagonale le fait de subir les mêmes coups de la droite et de devoir résister à la politique de Nicolas Sarkozy. La vision des auteurs du manifeste part d’un diagnostic radical. Ils dénoncent « une dentition de système où règne le dogme du libéralisme économique ». Ils lancent un appel à l’émancipation plaidant pour un mouvement qui fasse fleurir une vision politique, une force politique de renouvellement dans une perspective postcapitaliste. « Petits pays au coeur nouveau du monde » capables de mettre en oeuvre l’épanouissement humain, comme une contribution à l’avenir du tout-monde.

http://www.humanite.fr/2009-02-17_Tribune-libre_Martinique-Gudeloupe-Guyane-Reunion-Manifeste-pour-les

- Entrée libre – Attention nous avons changé de lieu et d’horaire de réunion. –

 

*) Le Front de Gauche en Campagne en Gironde

--- Mardi 14 Avril à 18h30, Réunion du Comité Universitaire du Front de Gauche en Gironde, au Café de l’Horloge à Talence, Barrière Saint-Genés. Contact : comiteunivfg33@gmail.com ou Tél : 05.56.85.50.96

--- Mardi 28 avril à 20h30, Rencontre/Débat Organisé par le comité local du front de gauche béglais sur le thème : « Quels enjeux lors de l’élection européenne ? » Avec : Cathy Daguerre, Nadhia Kacel, pour le PCF et Des militants du Parti de Gauche, Des syndicalistes, des salariés (éducation, banque, santé, fonction publique territoriale… Le lieu de la rencontre sera précisé ultérieurement – Contact : pcfbegles@orange.fr

--- Comités locaux Front de Gauche

20 : c’est le nombre de comités du front de gauche créés en Gironde.

- Gradignan : Gabriel Brulot (PCF) et Etienne Berges (PG) invitaient à la création du comité de soutien le 6 avril

- Haute Lande : Repas de campagne regroupant les 6 cantons, Samedi 16 mai, 12h, Halle polyvalente de Bazas

--- Le Jeudi 30 Avril à 20h30 à la Maison Cantonale à Bordeaux Rencontre des Comités Locaux du Front de Gauche en Gironde avec Jean-Luc MELENCHON et Cathy DAGUERRE.

--- Le Site national du Front de Gauche : www.frontdegauche.eu

- Article paru dans l'Hebdomadaire "Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest " le Jeudi 9 Avril 2009 - No 1780 - Abonnement 19,90 Euros pour l'année - Contact : nouvelles.SO@numericable.fr - Tél : 05.56.91.45.06 - Adresse : 15, Rue Furtado 33800 BORDEAUX

 

*) Le PCF33 en Campagne

--- Castelnau de Médoc : Sortir de la crise en débat  « Quelle alternative à la crise du capitalisme en Europe et dans le monde ? Comment en sortir ? » le Vendredi 24 avril, 19h, ancienne mairie, pl. A. Briand Organisé par les communistes de Blanquefort, du Haillan, de Parempuyre et du Nord Médoc. Avec la participation de Cathy Daguerre, n°2 sur la liste du Front de Gauche aux européennes et Nadhia Kacel, membre du Comité exécutif national du PCF

--- Sur les marchés du médoc

Samedi 18 avril, marché d’Avensan. 14h, Intermarché de Castelnau

Dimanche 19 avril, Marché de Castelnau et Intermarché

--- Bègles Repas campagnard Dimanche 26 avril, à midi, repas de «campagne», organisé par les communistes béglais, 12, rue du Prêche. Pour les gourmands, le menu (prix 20 €) : Assiette campagnarde au Foie gras, Bourguignon « béglais », fromage ET dessert : Pêche Melba sur son écrin de chocolat… A table ! Réservez dès maintenant au 05 56 49 44 79 ou 12, rue du Prêche (par courrier) et permanence tous les jeudis de 18h30 à 20h30 ou par mail : pcfbegles@orange.fr

- Article paru dans l'Hebdomadaire "Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest " le Jeudi 9 Avril 2009 - No 1780 - Abonnement 19,90 Euros pour l'année - Contact : nouvelles.SO@numericable.fr - Tél : 05.56.91.45.06 - Adresse : 15, Rue Furtado 33800 BORDEAUX

 

*) A La Fête de l’Humanité en Gironde les 22, 23, 24 mai 

--- La chanson du dimanche : Sur la grande scène le Samedi soir «la pêche !»

L’un est prof de maths, l’autre est scénariste. C’est accompagné de Damien derrière la caméra qu’ils lancent La Chanson du Dimanche en février 2007 sur Internet avec un concept simple : composer et mettre en ligne une chanson en vidéo inédite chaque dimanche. 47 chansons plus tard, avec plus de 15 millions de vidéos vues au compteur, le groupe est le phénomène Internet de l’année ! Humour, pêche et rengaine imparable, c’est le cocktail qui fait de la Chanson du Dimanche la nouvelle messe des internautes francophones et un groupe de musique incontournable. http://myspace.com/fetedelhuma33

14 € les 3 jours, 5€ avec la vignette d’entrée, gratuit pour les moins de 12ans

Achetez vos vignettes d’entrée au 05 56 91 45 06 auprès des communistes ou dans vos points de ventes habituels - Article paru dans l'Hebdomadaire "Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest " le Jeudi 9 Avril 2009 - No 1780 - Abonnement 19,90 Euros pour l'année - Contact : nouvelles.SO@numericable.fr - Tél : 05.56.91.45.06 - Adresse : 15, Rue Furtado 33800 BORDEAUX

 

*) 7 juin : Une élection européenne sans débat ?

À cinquante-quatre jours du scrutin pour élire le nouveau Parlement européen, les partis dominants tardent à entrer en campagne, esquivant le débat sur le contenu des traités. Cauchemar ? Ou rêve inavoué d’une partie de la classe politique désireuse de ne pas réveiller les ardeurs citoyennes de la campagne référendaire de 2005 ? Selon une enquête Eurobaromètre-Libération publiée hier, deux tiers des Européens envisageraient de bouder les urnes le 7 juin, à l’occasion du renouvellement du Parlement européen. En France, ils ne seraient que 47 % à songer à aller voter. En cause, une méconnaissance des enjeux de l’élection, mais surtout une forte défiance vis-à-vis des institutions européennes, déjà perceptibles lors des élections précédentes. Comment s’en étonner quand le « non » au traité constitutionnel de 2005 n’a cessé d’être bafoué et quand le modus vivendi qui semble au coeur de la campagne est de ne surtout pas rouvrir les dossiers qui fâchent sur les orientations européennes, pourtant au coeur du débat sur les causes de la crise historique du capitalisme et les moyens d’en sortir ? « Les partis du traité de Lisbonne n’ont pas l’intention de mener un débat sérieux », déplorait ainsi Jean-Luc Mélenchon, lors de la présentation des listes du Front de gauche pour changer d’Europe, dont les candidats sont quasiment seuls à mener une campagne d’explication et de débat sur les traités et les alternatives à leur opposer.

--- La question turque en pare-feu

À l’UMP, le service minimum est en effet de mise. Pour couper court aux critiques, un site dédié vient certes d’être ouvert sous le slogan « Quand l’Europe peut, l’Europe veut », et une conférence de presse aura lieu cette semaine. Mais la présentation des listes a été repoussée du 27 mars à la « fin avril », dixit Jean-Claude Gaudin. « Il n’y a pas d’urgence, nous avons été les premiers à partir en campagne le 24 janvier, avec l’annonce de nos huit têtes de liste », tempère Xavier Bertrand. Contre toute attente, l’UMP bénéficie en effet de sondages porteurs (de 26 % à 27 % d’intentions de vote), loin devant le PS crédité de 23 % à 24 % des voix. L’absence de confrontations autour de réelles alternatives profite donc pour l’instant à la droite, pour laquelle la seule urgence est de maintenir déconnecté le mécontentement social de l’échéance électorale et d’occulter la question du débouché politique aux luttes, de peur que le scrutin ne se transforme en débâcle, comme en 2004 (16,6 %) ou, pire, quant au rejet des orientations libérales en France et en Europe, lors du référendum du 29 mai 2005. Parallèlement, des pare-feu sont dressés pour occulter les vrais enjeux du scrutin. On voit ainsi opportunément reparaître, comme au moment du référendum, la question du refus de l’éventuelle adhésion de la Turquie à l’Union européenne… Au PS, au contraire, on mise tout sur un « vote sanction » qui se veut à double détente : contre Sarkozy en France et contre… José Manuel Barroso, le président ultralibéral de la Commission européenne, soutenu par la droite et les gouvernements socialistes d’Europe. Toute la difficulté de la posture du PS est ainsi résumée : signataire d’une plate-forme commune (« le Manifesto ») avec le PSE qui a voté la plupart des directives libérales avec la droite du PPE, le PS s’inscrit dans le cadre du traité de Lisbonne, qu’il a ratifié au Parlement français. Mais la crise est passée par là, amenant notamment le PS à revoir ses positions sur le libre-échange inscrit dans les traités. On lui préfère désormais le terme consensuel de « juste échange » adopté par tous… par crainte de rouvrir les fractures entre ex-partisans et adversaires du traité constitutionnel. « Les socialistes faisaient entendre des musiques différentes mais, désormais, les paroles sont les mêmes », se félicitait récemment Martine Aubry. Si donc les mots pour le dire sont identiques, certains comme Jean-Louis Bianco, proche de Ségolène Royal, dénoncent un « compromis politique qui, sur le fond, ne veut strictement rien dire ».

--- Le PS ne veut pas « s’aventurer »

Du coup, au PS, la cause est entendue. Pas question de polémiquer avec la droite sur le contenu des politiques européennes dans ce domaine. Les électeurs en attente d’un vrai débat en seront pour leur frais : « Il vaut mieux éviter de trop s’aventurer sur ce terrain, où Nicolas Sarkozy - qui a démontré qu’il était prêt à adopter des positions démagogiques en la matière - souhaite nous entraîner », prévient-on. Reste l’extrême gauche qui, tout occupée à capitaliser sur la dénonciation de la crise et de ses causes, n’entend pas plus connecter cette réalité au débat sur un changement d’orientation en Europe : « Les gens sont davantage préoccupés par la crise, le pouvoir d’achat, l’emploi que par les élections européennes », justifie Guillaume Liégard de la direction nationale du NPA. Comme si tout n’était pas lié ! À cinquante-quatre jours du scrutin, « nos adversaires de droite doivent assumer ce qu’ils font et non jouer la carte du mépris », réclame Jean-Luc Mélenchon. « Mais cela vaut aussi à gauche, avec laquelle nous souhaitons une discussion fraternelle mais publique pour mettre les divergences sur la table et permettre aux électeurs de trancher », estime le sénateur du Parti de gauche. Sébastien Crépel

http://www.humanite.fr/2009-04-14_Politique_Une-election-europeenne-sans-debat

 

*) Élections : Européennes, mode d’emploi

Le 7 juin, les Francais auront à élire 72 députés pour siéger au Parlement de Strasbourg. Du 4 au 7 juin, 375 millions d’Européens doivent élire quelque 736 députés qui siégeront ensuite au Parlement européen. En France, le scrutin aura lieu le 7 juin pour désigner 72 députés français. Lesquels seront élus pour un mandat de cinq ans. Lors des dernières élections européennes, en 2004, les sièges à pourvoir étaient au nombre de 78. Mais en raison de l’élargissement de l’Union européenne à 27 pays (adhésion en 2007 de la Bulgarie et de la Roumanie), une diminution de sièges a été effectuée pour les États déjà membres.

--- chaque pays désigne ses députés

Il existe des règles communes : chaque pays désigne ses députés au suffrage universel direct à un tour, à la proportionnelle, suivant la règle de la plus forte moyenne, sans panachage ni vote préférentiel, durant la même semaine. Mais chaque pays peut s’adapter selon ses traditions. C’est le cas par exemple de l’Irlande du Nord où existe un mode de scrutin permettant de choisir un candidat dans une liste. En France, le scrutin ne se déroule plus depuis 2004 au niveau national, mais dans huit circonscriptions composées chacune de plusieurs régions, et territoires ou collectivités pour l’Outre-Mer. L’objectif affiché était de rapprocher les députés européens des électeurs. Moins avoué, le but était aussi d’atténuer les effets de test politique pour les grandes formations, et le risque de vote sanction. Dans cet esprit, pour éviter l’émiettement de la représentation française à Strasbourg, il existe un seuil fixé à 5 % pour obtenir des élus, privilégiant ainsi les grandes formations. Deux écueils que ne semble pas avoir comblés le nouveau mode de scrutin.

--- nombre de sièges par circonscription

Les sièges sont donc répartis dans la circonscription entre les listes ayant passé le seuil, et attribués d’après l’ordre de présentation (respectant l’alternance entre candidats de chaque sexe) sur chacune des listes. Au regard des données démographiques du dernier recensement général et en application du traité de Nice, le nombre de sièges par circonscription s’établit ainsi : Ile-de-France 13 (- 1) ; Sud-Est (Corse, Provence-Alpes-Côte d’Azur) 13 (=), Nord-Ouest (Basse-Normandie, Haute-Normandie, Nord-Pas-de-Calais, Picardie) 10 (- 2) ; Sud-Ouest (Aquitaine, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées) 10 (=) ; Ouest (Bretagne, Pays de la Loire, Poitou-Charentes) 9 (- 1) ; Est (Alsace, Bourgogne, Champagne-Ardenne, Franche-Comté) 9 (- 1) ; Massif central-Centre (Auvergne, Centre, Limousin) 5 (- 1) ; Outre-Mer 3 (=). Lors des élections européennes de 2004, la répartition politique des sièges s’était effectuée ainsi : PS 31 élus (28,90 %) ; UMP 17 élus (16,64 %) ; UDF 11 élus (11,96 %) ; FN 7 élus (9,81 %) ; Les Verts 6 élus (7,41 %) ; MPF 3 élus (6,83 %) ; PCF 3 élus (5,88 %). Les autres formations n’avaient pas dépassé le seuil des 5 %.

D. B. http://www.humanite.fr/2009-04-07_Politique_Europeennes-mode-d-emploi

 

*) Pierre Laurent : « Le pouvoir redoute une forte sanction de sa politique »

Entretien avec Pierre Laurent, coordinateur national du PCF, qui dénonce l’opération de dépolitisation du scrutin européen du 7 juin prochain.

--- Pourquoi, selon vous, l’UMP et le PS tardent à se mettre en ordre de bataille pour les européennes ?

Pierre Laurent. Ces grands partis redoutent l’élection européenne mais pour des raisons différentes. La situation sociale tendue fait craindre au pouvoir que les salariés ne fassent le lien entre ce scrutin et les enjeux de la crise. Il a peur d’une forte sanction de la politique libérale qu’il mène en France et qui est installée depuis des décennies en Europe. Il pousse donc à la dépolitisation de cet événement. Quant au PS, il a un souvenir cruel de 2005, où il s’est trouvé en porte à faux avec ses électeurs. Ils s’étaient majoritairement prononcés contre le traité constitutionnel alors qu’il avait appelé à voter pour. Le Parti socialiste est d’autant plus embêté aujourd’hui qu’il sait que la question européenne et le traité de Lisbonne continuent de diviser son propre camp et son électorat. Il n’entend pas entrer dans le débat de fond. De ce fait, le risque subsiste que le PS et l’UMP ne minimisent la campagne et le nécessaire débat à avoir.

--- Vous estimez que le pouvoir détourne sciemment le regard sur le scrutin ?

Pierre Laurent. Il n’y a qu’à voir comment le pouvoir préfère mettre en scène la question de la violence et comment il tente de donner un regard inquiet sur l’action sociale, plutôt que d’organiser une confrontation démocratique sur les solutions face à la situation actuelle. Or il n’est prévu aucun débat pluraliste sur les grandes chaînes télévisées. Les listes en présence devraient pourtant être invitées pour mettre en débat leurs solutions à la crise dans le cadre européen. Le pouvoir préfère plutôt multiplier les sondages sur les séquestrations de patrons ou provoquer sciemment la violence, comme il l’a fait à Strasbourg lors de la manifestation contre l’OTAN.

--- La date du 7 juin est-elle inscrite dans la tête des salariés que vous rencontrez lors de vos déplacements dans les entreprises en lutte ?

Pierre Laurent. Non, pas complètement, d’autant que ce silence médiatique pèse. On sait que l’élection européenne est jusqu’ici un scrutin à forte abstention. En 2004, plus d’un Français sur deux n’y avait pas participé. Cela ne signifie pas que les enjeux européens n’intéressent pas les citoyens, puisque le débat sur le référendum, en 2005, les avait particulièrement mobilisés. Une des questions essentielles lors de la campagne est de faire percevoir le lien existant entre cette échéance et le débat sur les solutions à la crise que nous subissons.

--- Comment le Front de gauche, auquel participe le PCF, peut-il agir pour faire identifier le scrutin européen comme un événement important ?

Pierre Laurent. Un énorme travail de proximité devrait être entrepris auprès des salariés engagés dans le mouvement social, auprès des syndicalistes et dans les universités où les enseignants-chercheurs et les étudiants sont dans la lutte. On se doit d’aller à la rencontre de ces citoyens pour alerter sur cette échéance et montrer le poids qu’elle peut exercer si les salariés l’utilisent à bon escient. Le Front de gauche ne dissocie pas les européennes de la question sociale, les deux sont intimement liées. Dans le domaine de la recherche, on sait qu’il n’y aura pas de politique nationale qui ne soit coordonnée avec d’autres politiques européennes…

--- Il se dit pourtant, notamment du côté de l’extrême gauche, que le « Parlement européen n’aurait pas de pouvoir réel »…

Pierre Laurent. C’est faux. Le Parlement possède un réel pouvoir, il est même en capacité de bloquer les directives européennes s’il les refuse, car ces textes doivent maintenant être codécidés par le Conseil et le Parlement européens. Et, grâce à l’action des députés de la Gauche unitaire européenne (GUE), cette assemblée a arrêté au moins à deux reprises des directives (temps de travail et portuaire). Avoir plus de députés qui combattent les politiques libérales dans le Parlement européen, c’est aussi un argument à faire valoir. Il est entendu quand on le met en avant auprès des salariés. Entretien réalisé par Mina Kaci

http://www.humanite.fr/2009-04-14_Politique_Pierre-Laurent-Le-pouvoir-redoute-une-forte-sanction-de-sa

 

*) Européennes : Le Front de gauche veut « viser la gagne »

Hier, les sept listes ont été rendues publiques. Les candidats appellent les électeurs à se saisir de « la seule construction pluraliste à gauche » pour exiger une autre Europe. Première vraie photo de famille pour les candidats du Front de gauche. Hier, à Paris, toutes les têtes de liste (sept candidatures à parité : trois PCF, trois PG, une associative) et les responsables des principales formations ont officialisé leur union, en vue du scrutin du 7 juin.

--- cette « unité fondamentale »

Des listes qui marquent le « début d’un rassemblement à gauche » dans un contexte pourtant difficile de dispersion des forces, et qui se fixent pour ambition de « viser la gagne dans toutes les circonscriptions », a déclaré la secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet. Si les listes sont désormais bouclées à de rares exceptions près (il manque un ou deux noms dans certaines circonscriptions), la porte reste ouverte à un élargissement du rassemblement, dit Christian Picquet, candidat en troisième position en Île-de-France : « Jusqu’au bout, nous essaierons de convaincre nos camarades du NPA de rejoindre la seule construction pluraliste à gauche. » Car c’est bien la marque de fabrique du Front de gauche d’opérer cette « unité fondamentale entre mouvements politiques et mouvement social », estime Jacques Généreux (Parti de gauche), qui conduit la liste dans l’Ouest. « Il y a une aspiration à l’unité, ceux qui manqueront ce train manqueront une chance historique », renchérit Hélène Franco (PG), juriste, syndicaliste, et tête de liste dans l’Est. Car tous s’en disent convaincus : ce rassemblement « peut créer la surprise » le 7 juin. À condition de parvenir à « percer le mur » du silence dans la campagne, où « les partis du traité de Lisbonne (PS et UMP - NDLR) n’ont pas l’intention de mener un débat sérieux » sur leur vision de l’Europe, selon Jean-Luc Mélenchon, tête de liste dans le Sud-Ouest. Pour le sénateur du PG, le Front de gauche doit « faire la démonstration » que « l’ébullition sociale peut s’exprimer politiquement dans le vote du 7 juin ». Militante féministe sans parti, Marie-Christine Vergiat explique son accord pour conduire la liste dans le Sud-Est : « Le Front de gauche est le mieux placé pour faire bouger les choses et reconstruire une autre Europe ». Marie-France Beaufils, tête de liste en Centre-Auvergne-Limousin, évoquant de son côté le « double message » de sanction contre Nicolas Sarkozy et contre les politiques libérales européennes.

--- « ceux qui sont en souffrance »

Jacky Hénin, eurodéputé communiste sortant conduisant la liste dans le Nord-Ouest, a alors invité « ceux qui sont en souffrance à se servir du vote pour le Front de gauche pour porter leur colère et élire au Parlement européen des députés qui résistent et proposent ». Patrick Le Hyaric insistant de son côté sur la réponse aux préoccupations concrètes des populations, comme « le logement social, la précarité de la jeunesse ou les transports en Île-de-France », où il est tête de liste. « Si on crée une dynamique, tout est possible », a estimé Marie-George Buffet, qui s’est adressée aux électeurs socialistes, à ceux du NPA et aux écologistes pour qu’ils « dépassent les consignes de leur organisation pour répondre à leur désir d’unité », comme ils l’avaient fait en 2005 en faisant triompher le « non » au référendum. Sébastien Crépel

http://www.humanite.fr/2009-04-08_Politique_Le-Front-de-gauche-veut-viser-la-gagne

 

*) Européennes : L’unité de la gauche en question

À Suresnes, dimanche, Patrick Le Hyaric et Éric Coquerel ont débattu des moyens de peser à gauche le 7 juin. Mille personnes à Bordeaux, 400 à Périgueux, 230 à La Seyne-sur-Mer, ce week-end… Les échos des meetings du Front de gauche pour changer d’Europe encouragent la prise d’initiatives, petites ou grandes. Les rencontres de proximité se multiplient. Comme à Suresnes, ville des Hauts-de-Seine gérée par la droite, où les communistes ont encore en tête le score de leur liste ouverte et rassembleuse aux municipales de 2008 : près de 17 %, contre un étiage du PCF au-dessous de 8 % aux autres élections. « On a renoué avec la dynamique de la campagne référendaire de 2005 », confie Paule Ballut, secrétaire de la section. Du coup, ils tentent de rééditer l’exploit, en s’engageant dans la campagne du Front de gauche. Lors du banquet organisé, dimanche, autour du directeur de l’Humanité, Patrick Le Hyaric et d’Éric Coquerel, responsable du Parti de gauche, tous deux candidats en Île-de-France, Jacqueline Fraysse, députée de Nanterre, a apporté son soutien au Front de gauche : « J’aurais souhaité un front encore plus large dans le rassemblement anticapitaliste, mais tel qu’il est, il faut s’en saisir. » Dans la salle, un public qui va au-delà des communistes, avec des associatifs, des syndicalistes et de simples citoyens. La tonalité est directe, en prise avec les inquiétudes du moment. Ainsi, une professeure documentaliste, informée du banquet par un tract sur le marché, interpelle les candidats : « Mon souci, c’est de faire élire une gauche unie, et de peser sur le PS. » Deux problématiques au coeur du défi posé à gauche, estime Patrick Le Hyaric, qui engage le dialogue : « L’unité est au centre de nos préoccupations, mais elle doit être au service du peuple. Sur l’Europe, nous sommes proches de l’électorat socialiste, qui, majoritairement, ne partage pas les traités inscrivant noir sur blanc la baisse des salaires, la flexibilité des travailleurs et la libre circulation des capitaux. Si vous voulez peser vraiment sur la gauche et sanctionner la droite, une fenêtre de tir s’offre à vous le 7 juin avec le vote en faveur du Front de gauche. » Même ton chez Éric Coquerel : « Les Français s’appuient sur des propositions proches des nôtres pour remettre en cause le capitalisme, mais il manque un débouché politique aux mobilisations sociales. C’est dans cette situation que se présente le Front de gauche. Notre objectif premier est de battre la droite, et pour cela de se tourner vers les citoyens pour construire un véritable front populaire, comparable au « non » au référendum. » Sébastien Crépel http://www.humanite.fr/2009-03-31_Politique_L-unite-de-la-gauche-en-question

 

*) Le mouvement social très représenté dans les sept listes du Front de Gauche

Nombre d’élus, de personnalités connues pour leur engagement dans le monde du travail et de la création artistique et intellectuelle sont candidats sur les listes. Comportant 43,5 % de candidats issus du PCF, 33,5 % du Parti de gauche et 23 % de candidats issus d’autres mouvements politiques (Gauche unitaire, Alternative démocratie socialisme) et d’animateurs du mouvement social et associatif, les listes du Front de gauche pour changer d’Europe comptent aussi nombre d’élus et de personnalités connues pour leur engagement dans le monde politique, du travail et de la création artistique et intellectuelle. Dans le Nord-Ouest, sur la liste conduite par l’eurodéputé Jacky Hénin, on compte, entre autres, le député du Nord, Alain Bocquet, le syndicaliste européen de chez Renault, Antonio de Almeida, un médecin urgentiste de Creil, Loïc Pen, un syndicaliste de l’enseignement, Nicolas Benies, et la sénatrice et ancienne secrétaire d’État au Tourisme, Michèle Demessine. En Île-de-France, aux côtés de Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité, Raquel Garrido (PG) et Christian Picquet, chef de file de la Gauche unitaire issue du NPA, figurent l’ancienne députée européenne, Yasmine Boudjenah, Djeneba Keita, Franco-Malienne suppléante parlementaire de Montreuil, Rosemay Rousseau, syndicaliste hospitalière à Créteil, Fernand Tuil, responsable d’association de solidarité avec la Palestine, Gérard Mordillat, écrivain et cinéaste… Dans l’Est, outre Hélène Franco (PG), tête de liste connue pour son engagement syndical dans la magistrature, figurent Marc Barthel, responsable syndical de la sidérurgie à Florange, Michel Raque, syndicaliste équipementier du Doubs, Françoise Faitot, militante pacifiste en Côte-d’Or… Dans l’Ouest, aux côtés de l’économiste Jacques Généreux (PG), on trouve sur la liste, entre autres personnalités, Odile Coquereau, syndicaliste de l’électronique du Maine-et-Loire, le philosophe Yvon Quiniou, les conseillers régionaux Gilles Bontemps et Michèle Carmouze… Dans le Centre-Auvergne-Limousin, où la sénatrice Marie-France Beaufils (PCF) est tête de liste, on note les candidatures de Patrick Charles pour l’ADS, d’Évelyne Valentin et d’Yvette Mercier, respectivement syndicalistes de l’énergie et chez Michelin, ou encore du député du Cher, Jean-Claude Sandrier. Dans le Sud-Ouest, Jean-Luc Mélenchon (PG) conduit la liste où sont candidats Cathy Daguerre, syndicaliste de l’énergie en seconde position, l’universitaire Jean Ortiz ou encore l’ancien député François Liberti. Dans le Sud-Est, où la militante féministe et des droits de l’homme Marie-Christine Vergiat conduit la liste, sont candidats l’ex-animateur des collectifs antilibéraux, Claude Debons (PG), la sénatrice Annie David, la syndicaliste universitaire, Anne Mesliand, l’avocate Anne-France Breuillot, le président de conseil des prud’hommes, Bernard Augier, Marc Ferrapie, militant d’une agriculture raisonnée, etc. S. C.

http://www.humanite.fr/2009-04-08_Politique_Le-mouvement-social-tres-represente-dans-les-sept-listes

 

*) L’exigence sociale dans la campagne des Européennes du Front de Gauche

Troisième sur la liste du Front de gauche conduite par Jacques Généreux dans l’Ouest, Gérard Lahellec entend relayer toutes les attentes populaires.

Chef de file des candidats communistes, en troisième position sur la liste du Front de gauche dans la circonscription de l’Ouest derrière Jacques Généreux et la syndicaliste Odile Coquereau, de l’usine Thomson d’Angers, Gérard Lahellec a récemment participé à trois réunions publiques au Mans, à Rennes et à Morlaix. « Lors de ces trois débats j’ai ressenti une montée très forte des exigences sociales. Cela me conforte dans l’idée que nous devons mener cette campagne unitaire en portant très haut et très fort ces exigences », affirme le vice-président du conseil régional de Bretagne qui est aussi secrétaire de la fédération du PCF dans les Côtes-d’Armor. « Avec cette liste, nous sommes la gauche qui porte les exigences de transformation dont l’Europe a besoin, la gauche qui se met au diapason des attentes populaires et de l’exigence d’unité, tandis que le PS et l’UMP veulent entrer en campagne le plus tard possible pour escamoter le débat de fond. Cela, au moment où le pouvoir veut faire payer la facture de la crise financière aux travailleurs une seconde fois, après leur avoir fait payer l’accumulation capitaliste et les salaires indécents des grands patrons », note encore Gérard Lahellec. La circonscription compte trois régions (1), treize départements et neuf sièges à pouvoir. Voilà qui montre bien les limites du mode de scrutin mis en place en 2004 pour, soi-disant, rapprocher les élus européens de leurs électeurs alors que l’objectif inavouable de l’UMP et du PS était de partager un maximum de sièges en éliminant dans la dispersion les formations électoralement moins influentes. De ce point de vue, le chef de file des candidats communistes estime que le Front de gauche est une réponse appropriée, à condition de porter les exigences qui sont à la fois celles des salariés, des paysans, des travailleurs de la mer, sans oublier les retraités dont le pouvoir d’achat est mis à mal depuis de nombreuses années. Qu’il s’agisse de l’industrie, des services, de l’agriculture ou de la pêche, Gérard Lahellec entend montrer aux électeurs que « l’Europe est la matrice dans laquelle se coule la politique nationale. Si on ne met pas en cause cette matrice, il n’y aura pas de débouchés aux problèmes que nous connaissons. Et si, à gauche, on ne met pas en cause cette même matrice, il n’y aura pas non plus de perspective crédible pour battre la droite en France. C’est pourquoi nous disons que le Front de gauche est un atout, qu’il doit jouer un rôle utile pour toute la gauche. Du coup, les communistes sont dans leur rôle pour rassembler, comme nous avons su le faire à l’occasion du référendum sur le traité constitutionnel en 2005 ». Dans cette circonscription de l’Ouest, la Bretagne et les Pays de la Loire sont les deux régions les plus agricoles de France. Qu’il s’agisse du lait, de la volaille, du porc ou des légumes, leurs productions phares sont en crise et provoquent des insécurités de revenus comme jamais auparavant. Or, ces crises sont provoquées par la dérégulation des systèmes de production et des marchés pilotés, au niveau européen, par les réformes successives de la politique agricole commune pour la soumettre aux règles absurdes et dangereuses de l’Organisation mondiale du commerce. Au niveau national, les deux réformes du commerce voulues par Nicolas Sarkozy en 2007 et 2008 pour donner plus de pouvoir de négociation aux distributeurs face à leurs fournisseurs sont venues accentuer la tendance baissière des prix agricoles payés aux paysans à commencer par le lait, retombé au niveau de 1998 en monnaie courante, tandis que les dépôts de bilan se multiplient chez les éleveurs de porcs pour les mêmes raisons. « La question agricole est aussi une illustration de l’Europe que la droite est en train de nous construire. Cette question-là concerne chaque consommateur autant que les paysans. J’en ai déjà parlé avec Jacques Généreux qui découvre un peu l’importance de l’agriculture et de l’agroalimentaire dans nos régions. Nous allons porter des propositions alternatives durant cette campagne », affirme Gérard Lahellec. (1) Bretagne, Pays de la Loire et Poitou-Charentes.

Gérard Le Puill http://www.humanite.fr/2009-04-14_Politique_L-exigence-sociale-dans-la-campagne

 

*) « Un débat public européen sur la sidérurgie est indispensable »

Marc Barthel, délégué CGT chez ArcelorMittal, est candidat sur la liste du Front de gauche en Lorraine. Contre la casse de l’emploi, lutter s’impose.

« Un millier des 2 600 salariés de Florange (Moselle) au chômage partiel pendant au moins cinq mois et la suppression de 575 des 1 100 emplois à Gandrange : tout cela fait très mal. C’est un retour à l’hiver, un retour en arrière, à l’époque du plan « Apollo », où Arcelor (avant la fusion avec Mittal Steel) projetait de fermer les sites continentaux au profit des sites côtiers… Aujourd’hui, le mécontentement des salariés et de la population des villes mitoyennes est en train de monter, comme le montre l’interruption du CE de Florange jeudi dernier par trois cents personnes. Nous nous sommes toujours battus pour la préservation de la « phase à chaud » (les hauts-fourneaux) en Lorraine et nous allons continuer. La totale absence de politique industrielle laisse les mains libres aux patrons financiers. La logique d’ArcelorMittal est simple : quand la conjoncture est montante, il achète. Quand la conjoncture est déclinante, il arrête les machines. Dans cette optique, ils veulent rendre flexibles hommes et installations. Mais cela engendre, avec tous les départs en retraite et les renvois dérimaires, une vraie perte de savoir-faire… Au-delà, le groupe profite de la crise pour baisser sa production de 40 % à 50 %, une chute de l’activité bien supérieure aux 20 % à 30 % de l’industrie automobile, qui est l’un de ces principaux clients. L’objectif du groupe est de maintenir ses prix et ses marges, au lieu de jouer sur les volumes. Les promesses de Nicolas Sarkozy ? On voit le résultat aujourd’hui : le reclassement des ouvriers de Gandrange est un fiasco total. Nombre d’entre eux devaient être envoyés à Florange. Que vont-ils faire maintenant que les installations sont froides pour longtemps ? Voilà ce qu’il se passe quand l’emploi n’est pas la priorité. ArcelorMittal avait parlé de former 200 jeunes et s’est retrouvé avec 20 places à l’arrivée… L’enjeu est européen. À Florange, nous vendons à 400 kilomètres à la ronde. Cela signifie que le Luxembourg, l’Allemagne et la Belgique vont être touchés. Voilà pourquoi nous réclamons un débat public européen sur la sidérurgie, où la question serait posée : « A-t-on besoin d’une industrie de l’acier en Europe ? » Si la réponse est « oui », comme je le crois, alors il faudra en tirer les conclusions et mettre les moyens pour la faire vivre. » Propos par Mehdi Fikri

http://www.humanite.fr/2009-04-14_Politique_-Un-debat-public-europeen-sur-la-siderurgie-est-indispensable

 

*) VILLENAVE-D'ORNON, ÉLECTIONS EUROPÉENNES. Le fondateur du Parti de gauche, qui fait campagne dans le Sud-Ouest avec Cathy Daguerre, veut reconstituer le front du « non ». Il était vendredi à Villenave d'Ornon

Mélenchon : « Peser sur la gauche »

Jean-Luc Mélenchon, le fondateur du Parti de gauche, qui affirme très sérieusement que sa campagne pour les élections européennes « ne se place pas du tout sur le terrain des chicayas à gauche », s'adresse en fait naturellement à ses amis socialistes, trotskistes ou verts dans ses meetings où le PG partage la vedette avec le PCF. On l'a vu vendredi à Villenave d'Ornon, où le « front de gauche » qui les rassemble organisait son deuxième grand meeting aquitain après celui de Périgueux jeudi. Un bon millier de personnes y ont vibré à l'évocation de la « glorieuse révolution de 1917 » et ont repris « l'Internationale » à gorges déployées. S'adressant aux militants et aux électeurs socialistes, dont beaucoup étaient aussi venus l'entendre, il a asséné : « L'Europe n'est pas un projet en soi, le projet c'est le socialisme. Dans toute la tradition européenne on n'a jamais demandé son avis au peuple. »

--- « Vous avez été trahis »

Il essayait en fait de reconstituer le front du « non » de gauche qui s'est disloqué en 2007 au moment de l'élection présidentielle et qu'il n'a pas réussi à reconstituer en novembre 2008, au moment du Congrès de Reims. D'où son départ du PS, son espoir de constituer à sa gauche un nouveau mouvement avec l'appui des anciens alliés communistes qui ne lui marchandent pas leur soutien, en sachant qu'ils retrouveront à d'autres occasions « la tradition républicaine » qui veut que le PS ne fasse jamais élire un candidat de droite. Ce que Jean-Luc Mélenchon dénonce chez le NPA d'Alain Besancenot qui paraît-il ne lui a pas répondu précisément à ce sujet en demandant un accord électoral à long terme. Pour lui, il s'agit de jouer un coup après l'autre et, il l'avoue bien volontiers, « nous voulons faire un coup électoral, nous voulons nous placer en tête de la gauche aux européennes » pour peser sur elle. Il interrogeait l'assistance : « Dans le Sud-Ouest, sur 18 départements, 18 ont voté non au référendum constitutionnel, et tous les députés socialistes européens ont approuvé le traité de Lisbonne qui en est le succédané. Vous avez été trahis ! » Vis-à-vis de José Bové, tête de liste des Verts, il ne dira rien « c'est un ami », mais il s'inquiète : « Qu'est-ce qu'il fabrique avec Daniel Cohn-Bendit, leur tête de liste en Île de France, quel est le sens de cette mascarade, alors qu'il représente le centre-droit ! » Ayant parlé avec sa colistière Cathy Daguerre, membre du PCF, il ne pouvait pas reculer en effet, même si il avait affirmé en préambule que son seul adversaire était Dominique Baudis, la tête de liste UMP, dont on a finalement assez peu parlé, sauf pour rappeler que Nicolas Sarkozy l'avait désigné au détriment d'Alain Lamassoure au bénéfice d'un sondage qui lui était plus favorable. Auteur : Jean-Pierre Deroudille

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/rive-gauche/article/544793/mil/4345017.html

 

*) ELECTIONS. Les communistes veulent créer un front de gauche dans le Médoc

Le PC médocain mise sur les européennes - Stéphane Le Bot, secrétaire de la section PCF Médoc.( photo J.-C.W.) « En temps de crise, le Parti communiste est un repère. » L'antienne n'est pas nouvelle. Mais elle revient dans l'actualité, au gré des mauvaises nouvelles qui s'accumulent sur le front économique.

Dans ce contexte, les élections européennes du 7 juin prochain font figure de test pour le PCF. Et la section Médoc du parti n'a pas l'intention de le rater.

--- Le souvenir du non de 2005

Avec un scrutin qui atteint régulièrement des records d'abstention, le mot d'ordre, c'est mobiliser. « Nous cherchons à attirer l'attention des électeurs en leur disant que c'est la seule élection au suffrage universel sur l'Europe. 80 % des directives votées au parlement européen ont une incidence directe sur les lois françaises. Chaque voix compte », explique Stéphane Le Bot, secrétaire de la section PCF Médoc. Le rendez-vous de juin est donc jugé capital. Et les communistes espèrent rééditer le coup du non au référendum sur la constitution européenne en 2005. « Dans le Médoc, nous appelons à constituer un front de gauche, regroupant les électeurs du PS et des Verts qui ont voté pour le non, les déçus de l'Europe et du Nouveau parti anticapitaliste d'Olivier Besancenot », continue Stéphane Le Bot.

--- Bon accueil

Projet de terminal méthanier au Verdon à cause de l'ouverture du marché de l'énergie à la concurrence, casse des services publics, suppression d'une commune sur six... Les communistes dénoncent la politique européenne. Et semblent trouver écho chez les Médocains. « Il y a un très bon accueil lorsque nous distribuons des tracts sur les parkings de grandes surfaces. On nous encourage, on nous fait des clins d'oeil. On n'avait jamais vu ça. » Pour convaincre les électeurs, les communistes médocains éditent désormais une gazette trimestrielle. Le 24 avril prochain, ils organiseront un débat public à Castelnau-de-Médoc sur la crise du capitalisme en Europe et dans le monde. Auteur : J.-C. W.

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/medoc/article/544651/mil/4343910.html

 

*) FRONT DE GAUCHE. Il tient ce soir sa première réunion publique et préparatoire à Saint-Macaire

De Bazas à Créon, le Front se structure

À la veille d'une nouvelle échéance électorale, Européenne celles-ci, la « dynamique du Non est de nouveau en marche » en Sud-Gironde, à l'initiative du Front de gauche. Fort d'un « terreau favorable », qui en 2005 avait massivement porté sa voix contre la ratification du traité constitutionnel européen, ses opposants entendent aujourd'hui « créer un collectif pour travailler ensemble » et faire prendre la mesure « de l'enjeu du 7 juin prochain ». L'Europe, bien loin des réalités sud-girondines rétorqueront les plus sceptiques ? Loin s'en faut, répliquent les militants, qu'ils soient issus du Parti communiste, du Parti de gauche ou encore de la Gauche unitaire, courant issu du NPA. Puisque besoin en est, Francis Daspe rappelle ainsi que « 80 % de nos lois sont issues de directives européennes ».

--- Repartir de la base

Parce qu'il veut précisément démontrer que « les conséquences des décisions de l'Europe sont en prise directe avec les enjeux locaux », le Front de gauche tiendra ce soir, à Saint-Macaire, sa première réunion publique. Plus qu'une réunion d'information et de campagne, cette rencontre est souhaitée par les organisateurs comme « une réunion de lancement, d'échanges et d'organisation » pour que le mouvement initié actuellement ne soit pas « qu'un coup électoral sur les Européennes ». Mais bien la volonté d'ancrer sur le territoire « une alternative », dans un contexte politique « qui doit porter à réfléchir », et face à « la crise qui nécessite la mise en place d'un bouclier social, écologique et laïc », suggère Michel Hilaire. Loin de vouloir imposer une méthodologie, le Front de gauche invite « à inventer de nouvelles pratiques politiques » dans un « mouvement où la base se réapproprie les décisions ». Une pratique fondée sur l'union et « l'ouverture » qui veut faire de ce Front un front populaire soucieux de proximité et d'éducation. Voilà qui laisse augurer qu'après le premier rendez-vous de ce soir, d'autres réunions cantonales seront envisagées sur l'ensemble de l'arrondissement de Langon et même jusqu'à Créon. Ce soir, 20 h 30 à la salle des fêtes de Saint-Macaire. Auteur : A. M.-R

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/langonnais/article/544456/mil/4343788.html

 

*) UZESTE. Même si la campagne des élections au Parlement européen n'a pas officiellement sonné, le top départ a été donné samedi

Le Front de gauche part en campagne un peu seul - Cathy Daguerre à l'écoute d'un public attentif. (photo C. P.) Le Café du Sport recevait samedi Cathy Daguerre, élue landaise et seconde sur la liste Front de gauche présentée par Jean-Luc Mélenchon. Uzeste, ce n'est pas le Zénith qui, le 8 mars, accueillait la tête de liste avec quelque 6 000 personnes, ni Toulouse. La tonnelle regroupait un public restreint mais attentif aux propos et au programme présenté par la candidate.

--- Monologue du PCF

Une grande majorité de représentants d'organisations rattachées à ce mouvement étant absents, il n'était pas aisé de définir les visées exactes de ce Front de gauche. Le public et les animateurs étaient pour la plupart adhérents ou sympathisants du PCF, transformant le débat en discussion d'initiés. La candidate devait d'ailleurs regretter l'absence d'autres forces de gauche adhérentes ou non à ce front. Le responsable local du mouvement, Francis Daspe, étant lui-même absent, faisait parvenir dans la foulée le communiqué suivant à « Sud Ouest » : « Le Comité Sud-Gironde du Parti de Gauche n'a pu être présent à la réunion de samedi à Uzeste, une partie de ses membres étant pris par une journée de travail de la Coordination départementale, à Bordeaux, en vue des élections européennes de juin prochain ».

--- Au service de l'homme

La candidate a repris les grandes idées développées par Jean-Luc Mélenchon au Zénith avec, en premier, une virulente opposition à l'Europe libérale : « Nous appelons à une insurrection civique contre le programme que vient de rappeler le communiqué commun des chefs d'État européens à Bruxelles : "Plein respect des règles de concurrence", "Souligner que le protectionnisme n'est pas une réponse à la crise actuelle", "promouvoir l'ouverture des marchés au niveau mondial" et "au plan interne, faisant ainsi fi de tout ce qui était considéré comme service public : EDF, La Poste, etc." » Raison de plus, pour Cathy Daguerre, d'insister sur la nécessité d'union et de rassemblement qui permettra d'envoyer à Bruxelles des élus décidés « à défendre une Europe sociale et non une Europe "démagogique ou libérale" et faire en sorte que tout ce qui est service public reste d'abord au service de l'homme et non du profit ». Cathy Daguerre soulignait sa déception de voir le NPA de Besancenot faire cavalier seul, mais la campagne ne fait que commencer, campagne qu'elle veut, d'abord et avant tout, de rassemblement et d'union des forces de gauche. Auteur : Christian Poyti

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/langonnais/article/533251/mil/4296101.html

   

*) PÉRIGUEUX. Le fondateur du Parti de gauche, allié au PCF, a ouvert sa campagne des européennes

Mélenchon lance le Front de gauche - Jean-Luc Mélenchon a lancé un appel aux socialistes. (PH. J.-CH. S.) « Je suis heureux de venir affronter ici MM. Baudis et Lamassoure. Je rappelle que c'est lui qui a négocié le traité de Lisbonne que nous refusons tous. Nous espérons une belle et franche empoignade avec l'UMP dans cette région. » Hier soir, Jean-Luc Mélenchon annonçait la couleur à Périgueux en ouverture d'un meeting où il lançait la liste Front de gauche. Le Parti communiste français, avec qui il s'est allié, avait bien fait les choses et remplissait une bonne partie de la salle avec ses militants. C'est évidemment vers ses anciens camarades socialistes qu'il a lancé les messages les plus forts, en rappelant le niveau très élevé du non de gauche au référendum européen de 2005. « Aujourd'hui, les responsables socialistes ne vont pas aller se faire massacrer pour un traité auquel ils ne croient pas. Je sais que les électeurs socialistes ne veulent pas du traité de Lisbonne. J'espère qu'ils voteront pour le Front de gauche, qui porte leur conviction. » Entouré par la syndicaliste girondine Cathy Daguerre, le porte-parole du PCF le Palois Olivier Dartigolles, et l'ancien du NPA Christian Piquet, il a évoqué « le fort désir de rassemblement de la gauche ».

--- Et le NPA ?

Un rassemblement auquel il manque le NPA d'Olivier Besancenot. Ce qu'il déplore : « Nous avons fait tout ce que nous avons pu pour leur tendre la main. Mais on a eu le sentiment étrange qu'à chaque fois, de nouveaux prétextes surgissaient pour éviter un accord. C'est dommage. Mais nous ne nous trompons pas d'adversaire, le nôtre, c'est Baudis. » Le meeting pouvait commencer, porté par des slogans évoquant les difficultés de vie actuelles ou les choix du gouvernement. Jean-Luc Mélenchon est ce soir en Gironde, à 19 h 30 à Villenave-d'Ornon, salle Le Cube

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/542250/mil/4335091.html

=====> EUROPÉENNES. Jean-Luc Mélenchon a lancé la campagne de l'alliance nommée Front de gauche

À gauche de la gauche - À Bergerac, le candidat est allé à la rencontre des ouvriers de la SNPE. (PHOTO ÉMILIE DROUINAUD) Prévu un moment chez Marbot-Bata à Neuvic, c'est en définitive à la SNPE de Bergerac pour dénoncer les projets de privatisation que Jean-Luc Mélenchon est allé à la rencontre de salariés. Le très médiatique sénateur de l'Essonne est en campagne pour les européennes en menant la liste Front de gauche pour le Grand Sud-Ouest. Hier soir, c'est au centre de congrès de Périgueux qu'il tenait meeting aux côtés de ses alliés, notamment des communistes dont les militants garnissaient une bonne partie de la grande salle. C'est d'ailleurs un élu du PCF qui est le seul Périgordin sur la liste : l'adjoint au maire de Périgueux chargé des sports Vianney Le Vacon. En quinzième place, il n'est pas éligible, mais fera une campagne active. Il a pu rappeler, comme tous les intervenants, que la Dordogne avait largement voté non au référendum de 2005 sur le traité européen. Dans l'après-midi, Jean-Luc Mélenchon avait rencontré de manière « courtoise et détendue » Bernard Cazeau, le président socialiste du Conseil général de la Dordogne.

http://www.sudouest.com/dordogne/actualite/article/542463/mil/4336259.html

=====> EUROPÉENNES. Le leader du Parti de gauche a rencontré les responsables syndicaux

J.-L. Mélenchon à la SNPE - Jean-Luc Mélenchon avant son meeting. (photo émilie drouinaud) Visite en coup de vent sur le site de la SNPE hier pour Jean-Luc Mélechon, du Parti de gauche, avant son meeting à Périgueux. Accompagné de Cathy Daguerre, du PCF, deuxième sur la liste du Front de gauche qu'il mène aux européennes, le sénateur de l'Essonne a rencontré les responsables syndicaux du site, en présence de Laurent Péréa, secrétaire départemental du PCF. Il a écouté les explications des représentants des salariés qui ont exposé leurs craintes face à la privatisation du groupe. « Je suis en campagne mais aussi là pour que vous me disiez de quelle manière nous pouvons vous aider. » Auteur : Ch. L

http://www.sudouest.com/dordogne/actualite/bergerac/article/541989/mil/4335336.html

 

*) COUACH. Le PCF sera présent aujourd'hui au tribunal et samedi devant les chantiers

Le PCF appelle à la manifestation - Le Parti communiste français (PCF, section du bassin d'Arcachon) et ses élus seront au côté des salariés de l'entreprise Couach, aujourd'hui à 14 h 30, pour un rassemblement devant le Tribunal de commerce de Bordeaux qui doit statuer sur le sort de l'entreprise gujanaise. Didier Cazeaux, l'actionnaire majoritaire des chantiers de construction navale, a déposé le bilan lundi (notre édition d'hier). Le PCF appelle à un rassemblement devant les chantiers Couach, à Gujan-Mestras, samedi à 10 heures.

Estimant que « les salariés sont traités par le mépris », il rappelle que le chantier emploie environ 310 salariés et génère au total 900 emplois incluant les sous-traitants. Autant d'emplois menacés sur le bassin d'Arcachon.

--- « La crise a bon dos »

« Depuis plusieurs mois, patron, élus, banques se réunissent entre eux alors que le droit d'alerte aurait pu être prononcé, dès février et qu'il aurait été facile d'interroger le médiateur départemental aux crédits des entreprises et représentant de la Banque de France à Bordeaux », poursuivent les représentants du PCF qui estiment que « la crise financière a bon dos et va permettre à certains capitalistes d'augmenter encore plus leurs profits au détriment des salariés. » Et de rappeler l'attribution de fonds publics très importants (9 250 000 euros). « N'est-il pas scandaleux qu'après avoir profité de cette manne, l'entreprise, suite à une gestion douteuse, menace la pérennité des emplois et, a menacé de s'implanter dans une autre région ou un autre pays, à la recherche d'autres sources de financements publics ? » Auteur : S.M.

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/bassin-darcachon/article/546932/mil/4352676.html

 

*) GUJAN MESTRAS. Seuls les militants ont répondu à l'appel du Parti communiste au rassemblement devant le chantier Couach, samedi. Mais avec détermination

« Contrôler l'argent public »

En 2003, le Conseil général finançait un premier bassin à flots, sur le port de Larros, pour accueillir les bateaux de Couach. (photo archives C. R.) «Je ne comprends vraiment pas, nous devions nous retrouver ce matin devant le chantier... » José Marcalo, salarié de Couach était bien présent, samedi, devant le chantier naval au port de Larros (lire « Sud Ouest Dimanche » d'hier). Mais il était le seul, ou presque, à avoir répondu à l'appel au rassemblement lancé par les communistes du Bassin d'Arcachon. Désintérêt, résignation, personne ne le pensait samedi. Selon les militants du PCF présents, « peut-être un manque d'information, tout simplement... ou la peur de "se montrer", le nom d'un repreneur ayant été évoqué le matin même dans les colonnes du journal "Sud Ouest" » (1). Toujours est-il que les militants communistes n'ont pas été perturbés par cette désaffection des salariés. Témoin Danielle Trannoy, secrétaire de la section PCF du Bassin d'Arcachon, qui n'a pas mâché ses mots sur le « scandale », selon elle, que constitue l'annonce de la mise en redressement judiciaire du chantier.  Avec des mots plus que précis sur l'actionnaire principal (NDLR : Didier Cazeaux), égratigné au plus haut point : « Il faut exiger que sa fortune personnelle, depuis sa prise de contrôle de l'entreprise, soit reversée dans la caisse principale de Couach, afin de permettre à cette entreprise un redémarrage sain, ici, sur le bassin d'Arcachon.»

--- Des fonds publics

Présent au rassemblement, Pierre Augey, conseiller général et maire de Fargues-Saint-Hilaire. L'élu girondin connaît bien le dossier Couach pour avoir été, notamment, vice-président chargé de l'environnement au Conseil régional d'Aquitaine : « Nous avions déjà beaucoup investi pour Couach, en 2000, sous la présidence, déjà, d'Alain Rousset », dit-il. Rappelons que le chantier, alors en pleine restructuration, avait obtenu près de deux millions d'euros pour l'aider à construire de nouveaux bâtiments ; le Conseil général ayant également accordé près de 600 000 euros à l'époque et la Cobas - qui s'appelait encore District, en 2001 - avait, elle aussi, financé l'entreprise à hauteur de 400 000 euros.

--- Demander des comptes

À ces fonds publics des années 2000-2001, il faut ajouter, en 2003, la construction d'un premier bassin à flot sur la digue est du port de Larros pour les bateaux de Couach (quelque 1 000 000 euros supportés par le Conseil général). Samedi, Pierre Augey rappelait que le Conseil régional et le Conseil général ont mis à nouveau la main à la poche pour construire la nouvelle cale de descente, un projet de plus de six millions d'euros, pour l'aménagement d'une nouvelle cale de mise à l'eau : « Il faut demander des comptes à l'actionnaire, disait-il. Faire la somme de l'argent public reçu par l'entreprise. Il n'est pas question de laisser ainsi partir des fonds publics sans que leur utilisation soit contrôlée. » Pour le conseiller général, « il faut bien sûr préserver l'avenir du chantier et de ses salariés, mais aussi rechercher les responsabilités de gestion dans l'affaire Couach ». (1) Lire « Sud Ouest » du samedi 4 avril Auteur : CHANTAL ROMAN c.roman@sudouest.com

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/bassin-darcachon/article/552306/mil/4373348.html

 

*) Appel à soutenir le Front de Gauche à Talence (33), Par Michel CAHEN

Cher(e)s talençais(es), Comme vous le savez sans doute, un Front de gauche est en construction, afin que les antilibéraux et anticapitalistes présentent des listes communes aux Européennes, et si possible aillent, ensemble, plus loin. Il n’est pas fatal que la gauche de transformation sociale soit toujours devancée par l’orientation sociale-libérale de la direction du parti socialiste: cela dépend de notre capacité à nous unir et à convaincre. Ainsi, je reste persuadé que si Besancenot, Buffet et Bové avaient cédé la place à une candidature unique de la gauche de gauche, ce ou cette candidat(e) commun(e) aurait eu plus de voix que Ségolène Royal au premier tour des présidentielles et aurait été le candidat de la gauche au second tour. Nous avons échoué, il faut se remettre à l’ouvrage. Pour l’instant le Front de gauche est constitué par le Parti de Gauche (le nouveau parti fondé par Jean-Luc Mélenchon avec des militants socialistes de gauche, ainsi que des militants venus de divers autres groupes), le Parti communiste, la Gauche unitaire (formation que viennent de créer des membres du Nouveau parti anticapitaliste qui sont pour l’unité), les Alternatifs; très probablement, divers courants écologistes de gauche et d’autres courants alternatifs rejoindront aussi le Front de gauche. Cependant, le Front de gauche ne se développera guère s’il reste seulement un cartel d’organisations. Aussi commencent à apparaître en France toute une série de “comités de soutien au Front de gauche”, afin de réunir aussi bien ceux qui ont la carte d’un parti que ceux (comme moi!) qui n’ont aucune carte politique en poche. Si des centaines de comités de soutien apparaissent en France, cela créera une formidable dynamique!  Malheureusement, la majorité du NPA a décidé de faire cavalier seul, pensant sans doute que la popularité médiatique de Besancenot est suffisante pour battre la droite et le social-libéralisme, et que des divergences possibles pour les régionales de 2011 empêchent de se présenter ensemble aux Européennes de 2010. Cette défection sectaire est une raison de plus pour développer, partout, des comités de soutien au Front de gauche! Alors, pourquoi ne pas le faire à Talence? Si vous êtes intéressé(e)s par l’idée, pouvez-vous me le signaler? Nous organiserons, alors, une réunion, pour se connaître, échanger, et commencer le soutien au formidable espoir que le Front de gauche peut porter. Très cordialement, Michel Cahen  - Ecrire à Michel Cahen. <michel.cahen33@free.fr>

http://frontdegauche.eu/index.php?option=com_content&view=article&id=142:appel-a-soutenir-le-front-de-gauche-a-talence-33&catid=56:soutiens&Itemid=112

 

*) PESSAC, EUROPÉENNES. PC et Parti de gauche ont du mal à fédérer un front de gauche dans un contexte déjà favorable aux grands partis

Le front de gauche veut y aller à fond

De gauche à droite : Michel Deschamps, Didier Sarrat (PC), Jacques Martineau et Odette Eyssautier. ( PHOTO W. D.)A quelque chose malheur devrait être bon. La crise devrait au moins faire avancer la gauche. La communiste, Odette Eyssautier (1), commence à en douter : « La situation est favorable, mais il y a désunion politique. » Sur le terrain pessacais, elle ressent la difficulté de son parti à lancer un front plus à gauche que le PS, pour les Européennes : « Le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon s'est rapproché de nous. Mais les Verts et le NPA préfèrent monter chacun leur liste. Quant aux autres que nous avons contactés, ils ont décidé de ne pas décider, donc de ne pas donner de consignes de vote, ou ils réfléchissent encore. Au plan local, seuls quelques membres de ces partis prennent le risque individuellement de se joindre à nous. » Elle juge cet émiettement « désolant, affolant, irresponsable ». Michel Deschamps, secrétaire de la section locale du PC dit même « suicidaire ». Car, dit-il, « le nouveau découpage électoral en grandes régions fait déjà le jeu des grands partis et les autres risquent de ne plus avoir aucun élu ».

--- Un enjeu majeur

« Dans un front, il faut accepter de faire des concessions », note Jacques Martineau, du Parti de gauche. « Le non au traité européen nous avait déjà rapproché du PC. » « On veut de l'Europe, mais pas celle-là », enchaîne Odette Eyssautier. Et elle nous concerne directement, selon Michel Deschamps : « 80 % des lois votées en France, résultent de directives européennes. »

Les membres du Front de gauche disent vouloir une « Europe citoyenne, s'appuyant sur la démocratie participative, la laïcité, la solidarité, l'égalité hommes-femmes, une autre méthode de production qui respecte le social, l'environnement et l'avenir de la planète ». Pour eux, celui-ci passe par la paix et le contraire de ce qui est fait actuellement : « Il faut sortir de l'Otan, dont la raison d'être est la volonté des USA d'étendre leur zone d'influence en s'affranchissant de l'Onu, où ils sont majoritaires. » À plus petite échelle, ils voient le même déni de démocratie dans le processus actuel de réintégration dans le commandement militaire intégré de l'Otan : « On s'appuie sur des institutions non élues pour contourner les instances démocratiques. »

---- Carton rouge

Donc si les deux partenaires du Front de gauche ne manquent pas « d'idées contre l'idéologie dominante », si on peut mettre à leur crédit leur volonté de « se rendre utile au peuple », en revanche, ça pêche dans le rassemblement, à Pessac comme ailleurs. Si ça continue, le « carton rouge à Sarkozy » risque d'être un peu petit. (1) Odette Eyssautier est adjointe au maire de Pessac. Auteur : wILLY dALLAY w.dallay@sudouest.com http://www.sudouest.com/gironde/actualite/rive-gauche/article/553073/mil/4378011.html

 

*) « L’Europe doit mieux entendre le citoyen » Par La Martiniquaise Madeleine Jouye de Grandmaison

La Martiniquaise Madeleine Jouye de Grandmaison, eurodéputée sortante de la Gauche unie européenne (GUE), estime que l’Europe doit repenser son lien aux peuples d’outre-mer.

--- Comme députée européenne, vous vous êtes penchée sur les questions de développement. Quels obstacles l’actuelle construction libérale oppose-t-elle au développement des pays du Sud et de ses régions les plus défavorisées ?

Madeleine Jouye de Grandmaison. Le problème de la mondialisation telle qu’elle se construit de nos jours (l’esclavagisme, les systèmes coloniaux puis le monde bipolaire de la guerre froide ont été d’autres formes de mondialisation), c’est qu’elle ne vise pas le développement des pays du Sud. Pire, cette mondialisation, sous certains aspects, nous laisse entrevoir qu’elle est au service de l’enrichissement accru des pays du Nord. C’est aussi un système qui ne permet pas d’accélérer le développement des pays les moins favorisés. On veut construire un marché mondial avec des règles communes à tous, quand les économies et les structures économiques sont entre elles des plus inégales.

Un autre obstacle qui vient aussi opposer construction libérale et développement des pays les plus défavorisés réside dans le fait que nombre d’organisations internationales (comme l’OMC et le FMI) faisant la promotion et tentant d’organiser la libéralisation des marchés et la libre circulation des capitaux ont émergé, quand en parallèle des organisations internationales, qui auraient pour but de promouvoir de manière globale le droit des travailleurs et des salariés, la santé, la sécurité au travail, peinent à voir le jour et à bénéficier d’un réel pouvoir. Elles ne retiennent pas l’intérêt des pays riches, ne bénéficient d’aucun pouvoir de redistribution mondiale des richesses et, plus grave, l’aide humanitaire et l’aide au développement ont toujours été un argument pour conclure des contrats commerciaux. Il faudrait pourtant un jour arriver à la redistribution des richesses mondiales !

--- Quel jugement portez-vous sur les négociations autour des accords UE-ACP ?

Madeleine Jouye de Grandmaison. Mon opinion sur les accords de partenariats économiques (APE) entre l’UE et les ACP est négative. Ces accords présument que le développement de ces pays ne se fera que par l’accroissement des volumes des échanges entre eux et les grandes puissances commerciales mondiales, pour autant que l’accroissement du volume de ces échanges permette déjà dans un premier temps aux pays ACP de combler les pertes en collectes de taxes douanières qui naîtront de la libéralisation des échanges. Ajoutons que cela risque de ne pas être simple pour ces pays dans le contexte actuel de récession de l’activité économique mondiale. J’y suis aussi opposée car, une fois encore, la volonté des DOM n’a pas été écoutée en ce qui concerne singulièrement l’APE entre le Cariforum et l’UE. Cet accord préfigure un rendez-vous manqué du codéveloppement d’une région caraïbe réunie au grand complet (DOM inclus). Je regrette qu’un marché intrarégional DOM-Cariforum n’ait été à aucun moment défendu ni par la Commission européenne ni par le gouvernement français, quand bien même nombre de documents stratégiques européens rédigés en consultation avec les DOM français développent explicitement cette idée.

--- Le puissant mouvement social, en janvier et février, dans les DOM, a mis en lumière les limites d’un système économique, mais aussi d’un système institutionnel qui plaque artificiellement sur ces territoires une législation française et européenne qui ne prend pas en compte leur singularité. Quels nouveaux types de lien faudrait-il imaginer ?

Madeleine Jouye de Grandmaison. La crise a effectivement révélé les limites d’un système. Tout en restant dans le cadre de la République, il est temps pour nous (les DOM) de devenir plus autonomes et de décider nous-mêmes de choses qui se décident encore aujourd’hui à Paris : la gestion des fonds de la politique agricole commune (PAC) n’est qu’un exemple parmi de nombreux autres. J’opte en faveur d’une décentralisation qui ne soit pas forcément uniforme sans que la solidarité qui unit notre République en pâtisse. Ce sont ces revendications avant-gardistes de décentralisation non-uniforme qui peinent à être acceptées par les gouvernements français successifs. Nous voulons qu’elles puissent aboutir sans qu’à chaque protestation on nous sorte le carton rouge de l’indépendance. En cela, nous attendons qu’un nouveau lien fondé sur le respect, la dignité et l’égalité prenne vie. Au-delà de la crise et des limites qu’elle a surlignées, nous avons besoin que la France et le gouvernement s’engagent dans le développement effectif de l’outre-mer, afin que nos problèmes puissent trouver à terme une issue ailleurs que dans les subventions. Il faut investir sur notre avenir chargé de potentiel et de ressources. Que l’État fasse sa part en mettant en place les outils législatifs et fiscaux, libérant ainsi l’initiative dans des îles et territoires riches en intelligence et en ressources humaines.

--- Le statut européen de « région ultrapériphérique » (RUP) est-il adapté ?

Madeleine Jouye de Grandmaison. Ce que nous voulons, nous peuples de l’outre-mer, c’est qu’au niveau national comme au niveau européen l’on interagisse avec nous dans le respect de ce que nous sommes, de ce que nous voulons et de ce que nous entrevoyons pour notre avenir. Ce statut pourrait être mieux adapté, car en ce moment il repose d’une part sur des handicaps structurels (éloignement, étroitesse du marché, économie insulaire, vulnérabilité aux intempéries, relief, etc.) et d’autre part sur des dérogations constamment remises en question. Ce n’est pas satisfaisant. Par ailleurs, le fait que nous soyons considérés comme partie intégrante de l’Europe n’autorise pas l’Union européenne, la France ou autres à nous appliquer sans discernement tout ce que l’Europe décide. On ne peut pas nier la géographie, encore moins la culture, éléments qui font qu’aucune RUP n’est réductible à une autre. Nous voulons être considérés comme des partenaires à part entière et non plus comme des territoires auxquels l’on fait la charité et que l’on transforme par tous les moyens en terres de consommation. Nous avons besoin de nous développer, de transformer nos économies et de renforcer notre capacité productive. Il ne s’agit pas pour nous de nier ce qui nous lie à la France et à l’Europe. Notre histoire, pour le meilleur comme pour le pire, nous le rappelle en permanence. Cependant, nous ne parasitons pas le monde, nous disposons d’une richesse naturelle énorme, d’une biodiversité terrestre comme marine caractéristique des écosystèmes insulaires, nous sommes sous des latitudes où les énergies renouvelables ne demandent qu’à être maîtrisées, nos universités ont encore besoin d’être mieux intégrées dans l’espace de recherche européen. Mais nous ne demandons qu’à pouvoir exploiter nos ressources.

--- Comment bâtir une Europe qui prenne en compte les aspirations des citoyens ?

Madeleine Jouye de Grandmaison. Tout d’abord par la voie électorale : les élections européennes sont une chance inespérée pour faire triompher les forces progressistes. Il faut que les citoyens y soient sensibles. Je les appelle à se mobiliser fortement pour participer aux échéances électorales. Pour se rapprocher des peuples, l’Europe doit mieux entendre le citoyen. Pour cela, il faut des relais d’information, des lieux où le citoyen puisse dialoguer, interroger. Il faut des fonctionnaires sur le terrain et non enfermés à produire dans les bureaux des « monstruosités économiques ». Il faut accepter de rencontrer la société civile organisée, surtout quand des commissions et commissaires engagent l’avenir d’un pays, d’une île, en ne trouvant pas une minute pour aller s’expliquer. De cette démarche des uns vers les autres pourrait sortir une Europe plus humaine, plus sociale. Quoi qu’il en soit, je ne crois pas à la philanthropie de l’Europe, mais on pourrait espérer un partenariat gagnant-gagnant entre les forces en présence. Entretien réalisé par Rosa Moussaoui http://www.humanite.fr/2009-04-07_Politique_L-Europe-doit-mieux-entendre-le-citoyen

 

*) Européennes : Lancement de campagne à Saint-Denis

Le maire Didier Paillard lance un appel à la mobilisation pour que le Front de gauche puisse « changer la donne ».

Le comité local de Saint-Denis du Front de gauche tenait, mercredi soir, devant une centaine de personnes, sa première réunion publique avec les trois premiers candidats en Île-de-France : Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité, Raquel Garrido, secrétaire nationale du PG et Christian Picquet, porte-parole de la Gauche unitaire. Le maire de Saint-Denis, Didier Paillard (PCF) qui présidait cette rencontre, a lancé un appel à la mobilisation électorale autour du Front de gauche. « Mon engagement pour le Front de gauche est un acte réfléchi », a précisé Didier Paillard, qui estime qu’un bon résultat de ses listes « fera bouger la donne ». Ce Front, a poursuivi le maire, porte les aspirations à « l’unité et au rassemblement ». D’autres personnalités présentes ont exprimé leur soutien à la liste. Le député européen allemand Helmuth Markov a expliqué, faits à l’appui, l’utilité d’élire le plus grand nombre d’eurodéputés de la gauche qui ne renonce pas. Le groupe de la GUE (Gauche unitaire européenne) est parvenu, en s’appuyant sur le mouvement social et en partenariat avec les syndicats européens, à mettre en échec des directives ultralibérales (privatisation des activités portuaires, ou des transports de proximité, sur le temps de travail). Ziad Mezouk, professeur de français à l’université de Gaza, qui écrivit des chroniques quotidiennes dans l’Humanité lors de l’agression israélienne, a rappelé que Patrick Le Hyaric s’est alors rendu sur place pour témoigner de sa solidarité avec le peuple palestinien. Pour Djilali Mekki, président d’ACLEFEU (Association collectif, liberté, égalité, fraternité, ensemble, unis), qui apporte son soutien au Front de gauche, il est décisif de s’adresser aux jeunes des quartiers populaires. Jacques Cossart, secrétaire général du conseil scientifique d’ATTAC, précisant que l’association n’est pas un parti et ne peut donc être partie prenante du Front de gauche, a déclaré partager la totalité de ses propositions. Hervé Hossant, secrétaire de l’union locale CGT, qui à titre personnel soutient la liste du Front de gauche, a souligné la force des mobilisations unitaires sur les salaires et appelé à un 1er Mai exceptionnel. C’était la première fois de la campagne que les trois candidats faisaient estrade commune. Christian Picquet, figure historique de la LCR (Ligue communiste révolutionnaire), qui pour la première fois depuis quarante ans ne votera pas pour son parti, a affirmé que face à la crise et à la politique de Nicolas Sarkozy, « il faut penser à l’intérêt général du monde du travail, et non pas continuer à cuisiner sa petite tambouille chacun dans son coin ». Raquel Garrido a lancé un appel à un effort collectif et individuel d’explication du traité de Lisbonne. Patrick Le Hyaric s’est élevé contre l’instrumentalisation de la violence et l’autoritarisme. Le directeur de l’Humanité a cité un rapport de l’OCDE préconisant de limiter la hausse des salaires minimum, d’« assouplir » les contrats de travail et d’encourager le travail du dimanche. Ces recommandations découlent du principe de la concurrence libre du traité de Lisbonne, a fait observer le candidat tête de liste.

Jean-Paul Piérot http://www.humanite.fr/2009-04-11_Politique_Lancement-de-campagne-a-Saint-Denis

 

*) Une réunion par canton pour le Front de gauche dans le Lot

Les militants communistes et les amis de Jean-Luc Mélenchon mènent une campagne de proximité pour un maximum de soutien pour la liste d’union.

La campagne du Front de gauche pour le scrutin du 7 juin prend progressivement son essor dans le département du Lot. La journée d’action du 19 mars avait vu 5 000 personnes défiler dans les rues de Cahors et autant à Figeac. Ce succès jamais vu depuis 1968 donne à penser aux communistes lotois que la liste du Front de gauche conduite par Jean-Luc Mélenchon peut faire un bon score dans ce département. Dans le Lot, l’électorat de gauche avait massivement voté non en 2005, lors du référendum sur le projet de constitution européenne. « Nous retrouvons le dynamisme que nous avions connu à l’époque », souligne Gérard Iragnes, secrétaire fédéral du PCF. Récemment, les communistes ont tenu une journée d’étude avec Michel Dauba sur le fonctionnement de l’Europe.

Pour ce qui est de la campagne publique, le Parti communiste et le Parti de gauche ont décidé qu’elle serait commune. Leur premier objectif est de tenir une réunion dans chaque canton, tandis que deux meetings départementaux sont programmés : l’un à Figeac le 21 avril avec Jean-Luc Mélenchon et la deuxième de liste Cathy Daguerre ; l’autre à Cahors à une date non encore fixée. Par ailleurs, deux réunions publiques se sont déroulées les 3 et 4 avril à Leyme puis à Flaugnac. On y a parlé de l’Europe et de l’agriculture avec Gérard Le Puill à partir de l’analyse que produit son livre (1). Chaque débat a duré plus de deux heures, suscitant un vif intérêt. Il a parfois provoqué des échanges dont on avait perdu l’habitude entre les paysans et les autres ruraux. À plusieurs reprises, le réalisme des agriculteurs confrontés quotidiennement aux effets dévastateurs du libéralisme en agriculture est venu tempérer les souhaits parfois trop idéalisés des consommateurs, les uns et les autres étant d’accord sur le besoin d’avoir une agriculture plus durable et plus respectueuse de l’environnement. « Les communistes ont envie de faire de la politique, de sortir de l’état de désunion dans lequel se trouve la gauche face aux mauvais coups du pouvoir. Comme nous l’avons fait sur l’agriculture, nous allons débattre des services publics en milieu rural et de l’emploi. Car ici aucun secteur n’est à l’abri des conséquences de la récession », note Gérard Iragnes. À Souillac l’entreprise Pivaudran multiplie les journées de chômage partiel. À Gramat, un hôtelier-restaurateur fait état d’une chute de son chiffre d’affaires de 22 000 ? pour les trois premiers mois de 2009 par rapport à 2008. Dans le Lot, le tourisme rural irrigue l’économie, via la restauration et l’hébergement, sans oublier la vente des produits fermiers issus d’une agriculture diversifiée. Pour le moment, le Front de gauche est seul en campagne. Le PS peine à démarrer, alors qu’il a laminé et humilié le Parti radical de gauche lors des élections municipales de 2008. Des électeurs radicaux sont disponibles pour un autre vote. Ceux qui suivaient José Bové dans d’autres combats acceptent mal son alliance avec Daniel Cohn-Bendit. La qualité de la campagne électorale du Front de gauche sera décisive dans le département. (1) Planète alimentaire : l’agriculture française face au chaos mondial, Pascal Galodé éditeur. Contact : glepuill@humanite.fr. Alain Trémel http://www.humanite.fr/2009-04-07_Politique_Une-reunion-par-canton-pour-le-Front-de-gauche-dans-le-Lot

 

*) Européennes : Le Front de gauche en campagne pour la paix

Dans le Val-de-Marne, Patrick Le Hyaric a commenté les événements de Strasbourg, invitant les pacifistes à se faire entendre dans les urnes le 7 juin.

À Champigny-sur-Marne, hier, lors d’un banquet en faveur du Front de gauche pour changer d’Europe, Patrick Le Hyaric, tête de liste en Île-de-France, a fait part, devant 500 convives, de sa révolte face au déroulement des événements de Strasbourg, en marge du sommet de l’OTAN, où les affrontements entre casseurs et policiers servent à escamoter la mobilisation pacifique de milliers de manifestants. « Que le pouvoir ne compte pas sur nous pour laisser éclipser ainsi l’exigence d’un monde de paix portée par les peuples, qui doit s’exprimer dans les urnes le 7 juin », a déclaré le directeur de l’Humanité. Vendredi soir, lors d’un banquet dans la ville voisine de Bonneuil-sur-Marne, Patrick Le Hyaric avait déjà rappelé, aux côtés de son colistier Christian Favier, président du conseil général du Val-de-Marne, l’opposition du Front de gauche à l’intégration de la France et l’Europe dans l’OTAN, comme le stipule le traité de Lisbonne. « Nous sommes pour une Europe de paix, qui réoriente l’argent vers les oeuvres de vie et l’éradication de la pauvreté », a-t-il lancé sous les applaudissements. 200 personnes ont décidé de signer l’appel en soutien au Front de gauche. De son côté, Christian Favier a insisté sur la nécessité, le 7 juin, de « ne pas laisser mener à l’échelle européenne les attaques contre la démocratie locale », en référence au projet de réforme Balladur. « On subit de plein fouet les attaques sur les services publics et les finances communales, confirme le maire communiste de Bonneuil, Patrick Douet. Au nom de la concurrence, on nous demande de remplir le vide laissé par la désertification de l’État. Voter pour le Front de gauche, c’est voter pour inverser ces logiques. »

Sébastien Crépel http://www.humanite.fr/2009-04-06_Politique_Le-Front-de-gauche-en-campagne-pour-la-paix

 

*) Campagne : Le MEDEF déboule dans les européennes

Défendant une analyse à contre-courant de la victoire du « non » au référendum de 2005, le patronat joue la même petite musique néolibérale.

Dans la perspective des élections européennes, le MEDEF veut participer aux débats. Hier matin, à l’occasion de la présentation à la presse de son petit opuscule d’intervention, le Réveil de l’Europe ! aux Éditions d’Organisation, Jérôme Bédier, président de la commission Europe de l’organisation patronale, s’inquiète de la tournure de la « précampagne ». « On a toutes les raisons d’être préoccupés, avoue-t-il. On a le sentiment qu’il n’y a pas de projet pour l’Europe. C’est d’ailleurs pour cela, à nos yeux, que la Constitution européenne a été rejetée. On ne peut pas demander aux Européens et aux Français de voter pour de simples statuts. À l’époque, afin de donner un sens à la Constitution, on avait rajouté la partie III au texte pour faire croire que c’était le projet, alors que ça n’était qu’un ramassis des politiques déjà mises en oeuvre. C’était illisible et ça a été sanctionné. » Dans son livre, le dirigeant du MEDEF va même plus loin en admettant au sujet du référendum de 2005 : « Contrairement à ce qu’ont dit et répété les commentateurs, les Français ne se sont pas trompés de débat, et l’omniprésence des thèmes de la mondialisation parmi les pourfendeurs du traité ne se réduit pas à l’éruption d’angoisses irrationnelles. » Partant de cette analyse, le MEDEF propose donc de tout changer… Mais seulement pour ne rien changer, bien sûr. Car, derrière la rhétorique du « projet » absent en Europe, le patronat français encourage à des « grandes actions ambitieuses, un peu utopistes », comme la mise en place d’une « gouvernance économique européenne » ou la création d’une « Communauté européenne de l’énergie ». En revanche, dans ses propos comme dans son livre, Jérôme Bédier se garde bien de dire spontanément quoi que ce soit sur la dimension sociale, pourtant au coeur de la crise de l’Union européenne. « La question du libéralisme, c’est le type même de faux débat, parce que la France est dans l’économie de marché et qu’on ne risque pas d’en sortir, évacue-t-il avec la morgue habituelle des néolibéraux. Pour nous, le social pourra avancer en Europe grâce à la libre circulation des personnes. C’est avec ça qu’on ira vers l’harmonisation, vers un rapprochement social. Nous ne pensons pas que l’Europe doive s’occuper de tout et dépouiller les nations de leurs compétences en la matière. » Thomas Lemahieu

 http://www.humanite.fr/2009-04-10_Politique_Le-MEDEF-deboule-dans-les-europeennes

 

*) Européennes : « Candidat et directeur du journal : osmose plutôt qu’ambiguïté »

Tête de liste du Front de gauche en Île-de-France, Patrick Le Hyaric affiche son engagement dans cette alliance et estime renouer ainsi avec une tradition héritée de Jaurès. Il n’a pas fallu longtemps à l’orateur pour s’imposer dans le brouhaha ambiant. Le silence s’est installé dans le gymnase transformé ce dimanche-là en une immense salle de banquet où 500 convives attendent d’être servis. En ces temps de morosité, le PCF de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) n’entendait pas sacrifier sa traditionnelle rencontre fraternelle de début d’année. Une occasion saisie, à quelques semaines du scrutin européen, pour inviter Patrick Le Hyaric, la tête de liste du Front de gauche en Île-de-France, avant son départ imminent pour la Palestine.

 Il y a là le vieux coco, le jeune qui vient d’adhérer, des hommes, des femmes et des enfants surexcités. Le public connaît certes le nom du directeur de l’Humanité mais découvre un tribun à la voix captivante, aux formules percutantes. « Levons-nous ensemble contre ce système qui produit des SDF quand d’autres deviennent des sans-domicile fiscaux », clame-t-il dans un tonnerre d’applaudissements. Du fond du gymnase, on observe ce candidat susceptible de succéder à l’eurodéputé communiste Francis Wurtz. On regarde cet homme de cinquante-deux ans mettre en avant sa fonction dans cette campagne balbutiante. Et on se souvient que sa candidature avait suscité des réactions diverses parmi les journalistes de l’Humanité. Le quotidien allait-il redevenir l’organe central du PCF ? Ou renouait-il avec la tradition héritée de Jean Jaurès ? s’interrogeait-on. Il n’est certes pas évident de suivre son patron, mais nous avons souhaité l’accompagner pendant quarante-huit heures. Pour comprendre. Patrick Le Hyaric a joué le jeu, a ouvert ses portes, sans formalisme. Notre scepticisme du départ a laissé place à la curiosité : quel est le sens de sa candidature dans le Front de gauche ? Pourquoi s’engage-il en tant que directeur du journal dans cette aventure ? Dans son bureau, au neuvième étage d’un immeuble tourné vers le Stade de France, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), il explique : « Jaurès s’est battu tout au long de sa vie, comme journaliste et comme homme politique, pour transformer la société et réunifier des forces de gauche. Aujourd’hui, nous nous trouvons dans une phase semblable à son époque. » Dans un geste mécanique, il tente de remettre en place une mèche rebelle et poursuit : « Le Front de gauche reste la seule nouveauté dans le paysage politique actuel. J’ai dit oui parce que la liste est unitaire. Je voulais être en conformité avec l’orientation de l’Humanité. » Patrick Le Hyaric est le directeur d’un journal dans la tourmente. Mais qui connaît « un maintien, voire une légère hausse dans la vente en kiosques. C’est extrêmement positif dans cette ambiance de dégradation de la presse en général », souligne-t-il. Le patron militant n’oublie désormais plus de prendre des formulaires d’abonnement à l’Humanité et à l’HD à chacune des rencontres publiques auxquelles il participe comme candidat, tant à la fin de chacune d’elles il se trouve « toujours deux ou trois personnes qui veulent le recevoir, dont certaines sont membres du Parti de gauche », précise-t-il. Qu’est-ce qui pousse des participants à s’abonner ? Est-ce la force de ses discours ? Est-ce la conviction qu’il met à défendre son journal, toujours en survie ? En tout cas, loin d’adopter une position de repli, le directeur monte au créneau et brandit l’Humanité dans cette campagne électorale, la rend visible, entend lui donner toute « l’audience qu’elle mérite ». Et cela se voit. « Je remarque que de la même manière qu’en 2005 le quotidien a été un puissant relais de la lutte du "non" de gauche au traité constitutionnel, cette fois encore il sera le principal organe de presse à couvrir nos initiatives, alors que bien d’autres médias les boycottent », affirme Christian Picquet, en troisième position en Île-de-France. Animateur de la Gauche unitaire issue du NPA, il pose, ce matin-là, avec la tête de liste devant l’objectif des photographes et caméras, à Paris, à la Maison de l’Amérique latine, où les journalistes sont conviés à la présentation des sept têtes de liste régionales du Front de gauche. Il restera peu de traces, dans les quotidiens du lendemain, de l’événement. Après la photo de famille, Patrick Le Hyaric quitte la capitale, se dirige vers Bobigny (Seine-Saint-Denis), où il a rendez-vous avec des salariés du conseil général du département. Il embarque dans sa petite voiture Francis Wurtz, l’eurodéputé sortant. « Je vois que tu n’as pas oublié ta bible », ironise ce dernier. Sur les cuisses du directeur trône le traité de Lisbonne, écorné à force d’être manipulé. « Je n’admets pas que la droite raconte des mensonges lors de mes confrontations avec ses candidats. Alors je leur lis les articles tels qu’ils sont écrits », répond Patrick Le Hyaric, tout en donnant deux ou trois coups de fil au journal : « T’as eu mon édito ? » demande-t-il à son interlocuteur. « La une de l’HD sera-t-elle bien dans les kiosques ? » se rassure-t-il auprès d’un autre. À Bobigny, une cinquantaine de personnes, essentiellement des militants du PCF et du PG, accueillent les deux hommes. La salle prédisposait à un certain type d’échanges, la bonne parole de l’estrade vers le public assis en rangées. La situation se renverse. Ces femmes et ces hommes dialoguent à égalité avec Hayat Dhalfa (PG), Francis Wurtz et Patrick Le Hyaric, très à l’aise également dans ce genre d’initiative. Les uns comme les autres aiguisent les arguments pour lancer une campagne qui soit « aussi populaire que celle que nous avons menée contre le traité constitutionnel », dit une salariée. « On a eu un débat enthousiasmant, je n’ai pas connu un moment aussi intense en démocratie citoyenne. Ça a été un combat magnifique, il ne peut être définitivement perdu », ajoute une autre. À plusieurs reprises, l’Huma est citée comme une référence sur cette période. Une jeune militante du PG appelle même à diffuser largement le hors-série que nous publions le 14 avril sur l’Europe et les enjeux des élections du 7 juin prochain. Dans ce genre de réunion de proximité ou dans les meetings, Patrick Le Hyaric ne prononce pas des discours, mais des éditoriaux. Il invente l’édito déclamé. Le candidat choisit une idée, comme le directeur prendrait un angle pour son article. La rigueur guide chacune de ses interventions. « Je n’aime pas que l’on exagère les situations. Il faut être honnête, y compris quand on dénonce le pouvoir », estime-t-il. Sa spécificité reste l’ancrage de ses discours dans l’actualité quotidienne puisée dans les journaux, essentiellement celle que l’Huma révèle. La magie du verbe opère auprès de Raquel Garrido (PG). Elle ne le quitte plus depuis sa désignation en seconde position sur la liste en Île-de-France. « Il est extrêmement précis dans ses références. Il est plaisant d’entendre un porte-parole dépasser le slogan et argumenter sur la base d’exemples très documentés. C’est l’avantage d’être le matin en conférence de rédaction avant d’aller au meeting. » Patrick Le Hyaric manque en effet rarement les conférences de rédac. « Je m’inspire énormément des débats qui s’y mènent, dit-il. C’est un lieu de réflexion et de confrontation d’idées comme il en existe peu dans mon entourage. » Mais il n’hésite pas dans cet endroit à faire part des remarques ou des informations recueillies lors de ses rencontres électorales. Un va-et-vient permanent qu’il pratique aisément. Directeur de l’Huma et candidat du Front de gauche : une osmose plutôt qu’une ambiguïté.

Mina Kaci http://www.humanite.fr/2009-04-10_Politique_Candidat-et-directeur-du-journal-osmose-plutot-qu-ambiguite

 

*) PS : Sarkozy et Barroso dans un même collimateur

Au PS, Martine Aubry pointe la droite comme seule responsable de la construction libérale de l’Europe. Pas vraiment de meetings nationaux, mais une campagne de proximité, pour expliquer et si possible convaincre. Une certitude martelée par Martine Aubry : « Le PS est prêt » pour la campagne de ces élections européennes qui auront lieu dans deux mois jour pour jour. « Nous avons un projet, des candidats et des leaders socialistes ou sociaux-démocrates qui, dans toute l’Europe, défendent le même texte », celui du Manifesto adopté par le Parti socialiste européen (PSE).

 Ce qui n’explique cependant pas les raisons pour lesquelles le PS a du mal à se lancer de manière visible dans cette campagne, le premier meeting régional ne devant se tenir que le 24 avril à Toulouse. Tactique ou embarras ? La première affiche officielle ne répond que partiellement à la question : sur fond rouge un panneau « Stop », surmonté en lettres jaunes des noms accolés comme pour un tir groupé Sarkozy-Barroso. Dessous, en grosses lettres, « Changeons maintenant ». Changer ? Le tout est de savoir où on met le curseur, étant entendu, pour le PS, que les élections se joueront sur le thème de la place du social dans la sortie de crise, plutôt que sur le contenu des traités européens, même s’il ne s’avoue pas que de la nature des seconds dépend en partie l’espace du premier. De cette conviction découle la cible : Sarkozy et Barroso, président de droite de l’actuel Parlement européen, acteurs centraux de cette Europe libérale que la rue de Solferino récuse. Elle le fait avec une force directement proportionnelle à la conscience politique, difficilement mesurable, du mouvement social. Pour Martine Aubry, les Français qui ont majoritairement voté non, lors du référendum sur le traité, avaient compris que cette Europe était synonyme de « recul, de dérégulation, et s’opposait au progrès social ». « Aujourd’hui, explique-t-elle, ils mettent en cause le système et comprennent que la France seule ne parviendra pas à la changer. » La suite logique du raisonnement conduit le PS à faire coup double : changer en France dans la perspective de 2012 et changer en Europe en battant l’actuelle majorité de droite de Barroso dont la directive Bolkestein contre les services publics est l’un des hauts faits d’armes. Le PS entend asseoir son raisonnement dans l’actualité, en particulier celle du G20 du week-end dernier et celle du sommet de l’OTAN. Elle ne condamne pas les conclusions du premier. « Début d’un processus vers un nouveau modèle ou calfeutrage des difficultés du capitalisme pour mieux perpétuer le système ? » Martine Aubry ne se hasarde pas à un pronostic. « L’histoire tranchera », tout étant affaire de volonté politique. Elle y voit « un pas en avant » en termes de régulation du système, une avancée du « multilatéralisme », du « multipolaire », aussitôt niée par le sommet de l’OTAN réactivant « l’atlantisme ». En revanche, « prise de conscience des seuls excès du libéralisme, mais pas de relance ni nouveau modèle, et rien : il faut donc changer le système, en penser un autre (…) l’Europe y a un rôle majeur à jouer ». Elle ajoute : « Si c’est pour refaire comme avant, ça sert à rien. » Dans cet esprit, le PS se propose de redevenir l’un des acteurs majeurs du PSE avec l’ambition de participer à son évolution. Le PS s’installe ainsi dans le cadre d’un processus dont les ruptures renvoient, pour la France comme pour l’Europe, aux prochaines échéances électorales. Nul ne saurait lui en tenir rigueur, si ce n’est que la phase propositionnelle du changement concret en Europe est renvoyée en fin de campagne. Comme s’il était urgent de s’en tenir à l’étape anti-Sarkozy. Une manière de rassembler en évitant tout émiettement ?

Dominique Bègles http://www.humanite.fr/2009-04-08_Politique_Sarkozy-et-Barroso-dans-un-meme-collimateur

 

*) Européennes : Besancenot s’assigne un rôle majeur

Le NPA tient, ce soir, son premier meeting parisien avec l’ambition pour son leader d’asseoir son parti autour de sa propre notoriété.

Son nom attire l’oeil, efface le patronyme de celui qui est censé conduire la liste du NPA en Île-de-France. Olivier Besancenot trône en haut des affiches et des tracts appelant les Franciliens à assister, ce soir à Montreuil (Seine-Saint-Denis), au premier meeting de campagne européenne, reléguant au second rang, Omar Slaouti. Le leader du parti d’extrême gauche volera ainsi la vedette à chacune des six autres têtes de liste. Olivier Besancenot ne figure pourtant, en région parisienne, qu’à la troisième place, en position non éligible. Une candidature lui permettant « essentiellement d’avoir un congé de La Poste pour mener la bataille », explique Pierre-François Grond, l’un des théoriciens du NPA. « Olivier participera aux 10 à 14 meetings de dimension nationale que nous organisons et il aura une présence médiatique autour des sept têtes de liste, précise-t-il. Il jouera un rôle de premier plan. » Un rôle majeur pour asseoir le Nouveau Parti anticapitaliste, dont la fragilité se heurte paradoxalement à la notoriété de son meneur. Instrumentalisé par Nicolas Sarkozy, porté par les médias, il est, selon les sondages, l’homme de gauche le plus populaire. C’est sur cette embellie que veulent surfer les dirigeants pour consolider leur formation, fondée en février 2009, et la hisser au rang de leadership au sein de la « gauche radicale », comme ils la nomment. « Nous devons arriver à enraciner notre parti à partir de cette fenêtre de tir qui s’est ouverte avec ce qu’Olivier arrive à incarner, commente Pierre-François Grond. Nous devons profiter maintenant de sa popularité, car les phénomènes d’opinion ne durent pas. C’est notre principale préoccupation. » Le leader est donc conduit à être omniprésent dans la campagne européenne, sans toutefois se retrouver prisonnier d’un mandat électif à Bruxelles. « Olivier est plus utile en France pour les deux ans à venir, affirme Daniel Bensaïd. Ce scrutin est important du point de vue des rapports de forces, mais il ne va pas arrêter la machine libérale européenne. » Olivier Besancenot doit donc demeurer un militant de l’Hexagone tout en tentant de faire émerger d’autres visages, d’autres « porte-parole » à travers cette bataille électorale. Une campagne dont le principal sinon l’unique enjeu, pour le NPA, est d’arriver avant le Front de gauche et LO, qu’il estime être ses concurrents le temps des européennes. L’objectif du NPA est d’apparaître « comme le pôle le plus efficace et le plus conséquent », selon le politologue Serge Cosseron (1), dans le cadre de la recomposition politique à gauche qui s’opère dans la société française. (1) Le Journal du dimanche, 5 février 2009. Mina Kaci http://www.humanite.fr/2009-04-02_Politique_Besancenot-s-assigne-un-role-majeur

 

*) Extrême gauche : « Des pratiques indignes »

Christian Picquet et d’autres responsables de la Gauche unitaire écartés du NPA. « Nous considérons que les camarades qui fondent la Gauche unitaire rompent avec l’ensemble du NPA, et il nous apparaît normal de suspendre la participation des camarades qui mènent la campagne du Front de gauche des canaux de discussion et de diffusion du NPA. » C’est par une note interne du comité exécutif du parti d’Olivier Besancenot adressée aux comités locaux que Christian Picquet et les autres responsables de la Gauche unitaire, créée après que leur parti a décidé de faire cavalier seul aux européennes, ont appris qu’ils étaient écartés du NPA. Mais Christian Picquet refuse cet état de fait et estime que le comité exécutif s’assied sur les statuts, qui stipulent que le vote des adhérents est nécessaire à toute exclusion. Dans un courrier à la direction du NPA, ses camarades et lui-même expriment leur inquiétude sur cette procédure d’éviction. « S’agit-il d’exclusions qui ne diraient pas leur nom, parce qu’ignorant les règles démocratiques et de transparence politique codifiées par les statuts du NPA ? » écrivent-ils. La Gauche unitaire s’insurge également contre la note interne comparant leur participation au Front de gauche « à une opération hostile au NPA orchestrée par la direction du PCF et du PG ». Comme si un complot fomenté par ces deux formations « ferait de nous une sorte de cheval de Troie » d’une démarche « manoeuvrière », s’indigne la Gauche unitaire. Elle demande à la direction du NPA de faire cesser « ces pratiques indignes et ces méthodes de traitement des divergences politiques ». M. K. http://www.humanite.fr/2009-03-31_Politique_-Des-pratiques-indignes

 

*) Legislatives : Que cachent les projets modifiant la carte électorale ?

Le gouvernement entend redécouper et remodeler les circonscriptions. Inquiétude de la gauche, qui craint un affaiblissement de sa représentation.

Le redécoupage et le remodelage seront-ils une nouvelle fois les deux mamelles d’un déni de démocratie électorale ? La question vaut d’être posée tant les informations contradictoires qui nous parviennent donnent le sentiment que tout cela se construit dans une certaine opacité. Qui croire ? Pour le Monde daté du 13 avril 2009, trente-trois circonscriptions, dont 23 détenues par la gauche et 9 par la droite, seraient supprimées.

--- sujet extrêmement sensible

Le jour même, Alain Marleix, secrétaire d’État à l’Intérieur, affirme que sur les 33 sièges en question, 18 sont détenus par la gauche et 15 par la droite. Quant aux sièges de députés touchés et aux départements concernés, c’est la confusion la plus totale. Alors info ou intox ? D’autant que la réforme pourrait prévoir, pour compenser les suppressions de circonscriptions, d’en créer 22 nouvelles dans une quinzaine de départements métropolitains et trois dans les territoires d’outre-mer. Elle prévoit aussi d’octroyer, comme le dit, en la matière, la Constitution, 11 postes de députés pour les Français résidant à l’étranger ; dont souvent le vote est acquis à la droite ! Enfin, il y aurait des remodelages de circonscription dans une dizaine de départements. Ce qui a conduit parfois, dans le passé, à changer la couleur politique d’un député par le simple retrait ou ajout d’un canton ou d’une localité. Toute modification de la carte électorale est donc un sujet extrêmement sensible. D’autant que tous les découpages électoraux sont perçus d’abord comme le moyen de servir le pouvoir en place. Le plus célèbre d’entre eux fut, de ce point de vue, celui de Charles Pasqua en 1986, appelé « charcutage Pasqua ». C’est pourquoi, dès que les premières informations ont filtré, les réactions n’ont pas manqué, particulièrement à gauche. Ainsi, pour Pierre Moscovici, député socialiste du Doubs, « on a l’impression que la droite est en train de chercher à sanctuariser 200 à 250 circonscriptions pour elle, avec l’intention de rendre extrêmement difficile l’alternance ». Même si Alain Marleix s’en défend, « le redécoupage est conduit selon des critères édictés par le Conseil constitutionnel (écarts limités à 20 % de la population moyenne des circonscriptions), on ne découpe pas en fonction des desiderata des uns ou des autres », il n’en reste pas moins, pour Christophe Borgel secrétaire national du PS en charge des élections, « qu’au vu des propositions qui nous sont faites, il est évident qu’on n’est pas dans le cadre d’un exercice démocratique ». De son côté, Jean-Charles Nègre, au nom de la coordination nationale du PCF, nous indique : « Nous n’admettrons pas que les propositions finales de redécoupage et de remodelage conduisent, où que ce soit en France, à l’affaiblissement de la représentation, notamment législative, à laquelle le PCF peut prétendre. » Il ajoute : « Si Nicolas Sarkozy avait réellement voulu améliorer la démocratie dans notre République, il aurait dû saisir cette occasion pour introduire une dose de proportionnelle dans le mode d’élection. »

--- le débat ne fait que commencer

Alors simple posture de la gauche, comme le dénonce la droite, ou craintes des élus et partis de l’opposition vis-à-vis de propositions déjà élaborées mais non encore rendues publiques officiellement ? Le fait est que celles-ci se construisant dans le secret des cabinets ministériels, qui plus est par l’ancien responsable UMP aux questions électorales qu’est Alain Marleix, ce n’est pas de nature à rassurer les électeurs. Quoi qu’il en soit, le débat est loin d’être fini, il ne fait même que commencer. Dans moins d’une semaine, le 21 avril, sera mise en place la commission permanente composée de six magistrats et personnalités qualifiées. Cette commission examinera les propositions de modification de la carte électorale qui lui seront présentées avant de rendre un avis dans les deux mois. Le Conseil d’État aura alors à se prononcer. Un projet de loi sera présenté au Parlement soit en session extraordinaire cet été, soit à l’automne. Max Staat http://www.humanite.fr/2009-04-14_Politique_Que-cachent-les-projets-modifiant-la-carte-electorale

 

*) Un outil indispensable à l’ouverture du débat sur les Européennes

84 pages de révélations, d’analyses, de points de vue : le nouveau hors-série de l’Humanité, spécial élections européennes, est disponible chez votre marchand de journaux dès aujourd’hui.

Qui ne se souvient du rôle que joua l’Humanité dans la campagne du « non » de gauche à la Constitution européenne en 2004 et 2005 ? Hostile à ce texte qui sacralisait l’orientation politique et économique poursuivie jusqu’alors - « hors du libéralisme, point de salut ! » -, l’Humanité fut le seul quotidien français qui le publia dans son intégralité. Paradoxe ? En aucun cas. Nous avons tout simplement accompli notre mission : informer les citoyens. Ce faisant, l’Humanité a contribué au débat démocratique que beaucoup de prétendus « démocrates » auraient tant voulu éviter, car, chez ces gens-là, la démocratie est chose trop sérieuse pour être confiée au peuple souverain…. Grâce au travail d’explication, aux initiatives les plus diverses (lectures collectives, débats sur les différents points du texte…), l’intelligence, l’esprit civique, l’éducation populaire dans les salles des plus petites communes, tout a convergé pour constituer un mouvement majoritaire. L’Humanité est fière d’y avoir apporté sa pierre. Quatre ans après, les élections européennes vont-elles retrouver un peu de couleur, rencontrer un peu de faveur dans l’opinion publique, alors que la participation au vote n’a cessé de décroître au fil des renouvellements du Parlement européen, de 1979 au dernier scrutin de 2004. Seule note optimiste dans ce climat de déprime, précisément le 29 mai 2005. La participation au référendum - 55 % de « non » - s’est redressée pour atteindre 60 %.

La même démarche nous inspire aujourd’hui. Nous mettons à la disposition des citoyens un nouveau hors-série, qu’ils peuvent se procurer en kiosques, en ce lendemain de week-end pascal.

--- Enjeux du scrutin et alternatives

Éclairer les enjeux du scrutin, c’est l’ambition que se fixe ce numéro exceptionnel de l’Humanité sur 84 pages. D’abord en dressant le bilan des politiques libérales qui ont mené à la crise. Les dogmes qu’on nous présentait comme inaltérables explosent de toutes parts. Une large part du hors-série est consacrée aux alternatives qu’une gauche qui ne renonce pas doit mettre en débat. Comment bâtir une Europe sociale ? Quels droits pour les salariés ? Des salaires décents dans toute l’Europe. Des services publics européens. Changer le statut et les missions de la BCE. Des crédits sélectifs favorisant l’emploi. Mais aussi en finir avec l’Europe forteresse, qui emprisonne et expulse les damnés de la Terre.

--- Le traité de Lisbonne, copie de la constitution

Nicolas Sarkozy a commis un acte grave en piétinant le vote des Français lors du référendum et en faisant adopter par voie parlementaire le traité dit de Lisbonne, qui n’est qu’une copie de la constitution rejetée par le peuple. Ce complot contre la démocratie, dont le président français s’est montré l’exécuteur le plus zélé, a été en réalité concocté par les dirigeants européens, après le rejet de la constitution par les Français et les Néerlandais. Mais le traité de Lisbonne, sur lequel la plupart des forces politiques font silence, n’est pas ratifié. Il figure donc parmi les enjeux du vote du 7 juin. Ne fût-ce parce que les Irlandais, auxquels on n’a pu interdire un référendum pour des motifs constitutionnels, ont voté non au traité de Lisbonne, relayant le « non » de la France et des Pays-Bas sur le traité constitutionnel. Nous invitons les citoyens à juger sur pièces. Nous publions une étude comparative entre le texte du traité de Lisbonne et celui de la constitution. Ce décryptage, l’Humanité est, une fois de plus, le seul journal à le publier. Comme en 2005, nous nous attachons à lancer le débat de fond. À la faveur des élections européennes, peut-on combattre la crise dont les politiques libérales ont accouché ? Peut-on faire respecter les votes des peuples qui ont dit non à l’eurolibéralisme ? Peut-on répondre aux aspirations du monde du travail, exprimées à plusieurs reprises lors de manifestations européennes par la Confédération européenne des syndicats ?

--- Le choix du Front de gauche

Pour toutes ces raisons, l’Humanité a fait le choix du Front de gauche, qui est la seule offre politique unitaire et rassembleuse, portant le « non » au traité de Lisbonne et ouvrant la perspective d’une Europe sociale. Nous dressons, avec Francis Wurtz, le bilan des députés de la Gauche unitaire européenne (GUE) et nous présentons les principaux objectifs que se fixent les candidates et candidats du Front de gauche.

--- Interviews, tribunes, témoignages

Des personnalités politiques, syndicales, scientifiques, associatives de France et du monde contribuent à la richesse de ce hors-série : Pascal Boniface, Giusto Catania, Denis Durand, Jacques Généreux, Gisèle Halimi, Jacky Hénin, Jean Jouzel, Patrick Le Hyaric, Didier Le Reste, Jean-Luc Mélenchon, John Monks, Evo Morales, Christian Picquet, Claire Rodier, Leïla Shahid, Aminata Traoré, Paul Vergès, Francis Wurtz… Puisse le nouveau hors-série Changeons l’Europe être utile aux citoyens, qui veulent s’informer avant de décider, et tout simplement au débat démocratique. Bon de commande en page 24. Jean-Paul Piérot

http://www.humanite.fr/2009-04-14_Politique_Un-outil-indispensable-a-l-ouverture-du-debat

 

*) Europe et Monde : Une autre conception de la défense est possible

Conférence de presse de leaders de gauche. Strasbourg, envoyé spécial.

Le PCF, Die Linke et le gUe ont tenu une conférence de presse à Illkirch-Graffenstaden. Gabi Zimmer, eurodéputée de Die Linke, a indiqué que « l’OTAN est un mauvais instrument pour stabiliser la paix mondiale entre les peuples ». La députée européenne a apporté son soutien aux manifestations qui « constituent le principal acte de construction de la paix ». C’est aussi le combat qu’elle mène, avec son groupe, sur le front parlementaire : « La Gauche allemande est le seul parti à avoir refusé de suivre la chancelière lorsqu’elle a proposé une nouvelle stratégie, pour l’OTAN, d’adaptation et qui doit se plier aux nouveaux défis », a-t-elle déclaré, se plaçant ainsi dans la tradition de « Karl Liebknecht, qui, en Allemagne, en 1914, avait refusé de cautionner la déclaration de guerre ».

Pierre Laurent, coordinateur du PCF, a souligné pour sa part l’inquiétude des populations qui ne se laissent pas duper par les fastes accordés aux célébrations du 60e anniversaire de l’Alliance atlantique. Elles ont bien compris que « l’élargissement actuel envoie au monde un signal guerrier et de militarisation, alors que l’on devrait aller vers le dépérissement de l’OTAN ». Inquiétude aussi sur les nouvelles missions assignées, notamment la sécurisation des voies énergétiques. « Ces décisions enferment l’UE dans les logiques impériales des États-Unis, là où, au contraire, nous aurions besoin d’une nouvelle Europe. C’est un alignement de l’Union européenne sur le leadership américain. » Il a enfin fustigé la décision de Nicolas Sarkozy de procéder à un retour définitif de la France dans le commandement intégré de l’OTAN car elle « va priver la France d’une voix originale dans le monde ». Pour le député européen Tobias Pflüger, qui a été membre du comité international d’organisation de ce contre-sommet, l’analyse est identique : « L’OTAN est un facteur d’insécurité. » Quant à Francis Wurtz, il a expliqué à quel point la question de l’OTAN pose aussi celle de la conception de l’Europe, puisque les traités européens comportent une clause exigeant que la politique de défense européenne soit « compatible avec celle de l’OTAN »… F. P. http://www.humanite.fr/2009-04-04_Politique_Une-autre-conception-de-la-defense-est-possible

 

*) Le Front de gauche pour un nouveau partenariat Nord-Sud

À la Maison de la chimie, mercredi, les candidats aux européennes et leurs invités ont plaidé pour un nouveau rôle de l’UE dans le monde, en rupture avec le libre-échange des traités.

Claquer la porte du G20 ? Mercredi soir, à la Maison de la chimie, à Paris, les participants ont plutôt mis le pied dans la porte, pour dévoiler aux citoyens les vraies responsables de la crise et débattre de véritables solutions alternatives. Organisée par le Front de gauche pour changer d’Europe, le front électoral impulsé par le PCF, le Parti de gauche et des acteurs du mouvement social et politique pour les européennes du 7 juin, le débat, en présence d’intervenants internationaux avait pour but de mettre en question le rôle de l’Europe sur la scène mondiale face à la crise, alors que s’ouvrait le sommet des grandes puissances du monde à Londres. Pour l’un des invités de la rencontre, Bernard Cassen, il n’y a pas grand-chose à attendre du G20 : derrière les effets de manche de Nicolas Sarkozy, « la confrontation USA-UE ne porte pas les véritables causes de la crise, car elle ne touche pas aux vrais responsables qui sont non les traders, mais les politiques ayant mis en place le cadre de libre circulation des capitaux et le libre-échange ». « On va entendre des déclarations d’intention, toujours les mêmes, mais personne ne peut dire ce qui se passera vraiment, car il s’agit d’une crise systémique et non de l’amoralité du capitalisme », résume Christian Picquet, candidat de la gauche unitaire sur la liste du Front de gauche en Île-de-France. Ce double jeu entre envolées sur la « moralisation » du capitalisme et réalité des politiques du G20 était au coeur de toutes les interventions. Janette Habel a ainsi relaté les « espoirs déçus » des Sud-Américains de voir l’Europe faire contrepoids aux États-Unis, la coopération promise se résumant dans les faits à des accords de libre-échange. Douglas Estewam, représentant du Mouvement des sans-terre (MST) du Brésil, a quant à lui exposé les ravages du libre-échange sur les cultures vivrières dans son pays. « L’Europe pourrait être une chance pour l’Afrique, mais nous ne sommes que l’arrière-cour des anciennes puissances coloniales », a dénoncé de son côté l’ancienne ministre du Mali, Aminata Traoré, qui a fait le bilan de « trois décennies de prédation et de paupérisation » sous la domination des pays du G8, et maintenant, du G20. Elle a appelé à « un autre regard de l’Europe sur l’Afrique » porté par « les élus d’une vraie gauche au Parlement européen qui ne soit pas complice du MEDEF ». Raquel Garrido (PG), deuxième de liste en Île-de-France, a revendiqué au nom de la perspective internationaliste du Front de gauche, ce « regard critique sur l’Europe » déconstruisant le « mythe d’une UE s’érigeant en modèle ». La candidate s’est engagée à agir pour « défaire ces règles illégitimes du libre-échange et du marché intérieur inscrites dans les traités, en parallélisme complet avec le FMI et l’OMC ». Détaillant les propositions du Front de gauche pour de nouvelles relations de l’UE avec les pays du Sud, Patrick Le Hyaric, tête de la liste en Île-de-France, a ensuite plaidé pour « un partenariat stratégique avec le Sud pour démocratiser les institutions internationales », la sanctuarisation des « droits d’accès à l’éducation, à l’eau, à l’alimentation, au logement et aux soins médicaux, mais aussi l’accès au crédit pour le développement humain, comme des biens communs humains », la « protection des souverainetés alimentaires et agricoles », « l’annulation immédiate des dettes des pays les plus pauvres », la « réorientation de l’argent vers l’investissement productif et social et l’éradication de la famine », l’élévation de l’aide publique à 1% du PIB, un plan de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose, ou encore la régularisation des sans-papiers et la libre circulation des individus contre la « directive de la honte » et « l’immigration choisie ». Sébastien Crépel http://www.humanite.fr/2009-04-03_Politique_Le-Front-de-gauche-pour-un-nouveau-partenariat-Nord-Sud

 

*) Marie-France Beaufils « Nous entendons construire une campagne de proximité »

Marie-France Beaufils, sénatrice, maire de Saint-Pierre-des-Corps, conduit la liste du Front de gauche dans la région Centre-Limousin-Auvergne.

--- Pourquoi avez-vous accepté d’être tête de liste dans la région Centre-Limousin-Auvergne ?

Marie-France Beaufils. J’étais déjà candidate, en deuxième position, lors des élections européennes de 2004. J’ai accepté de conduire la liste car, pour moi, c’est une façon naturelle de continuer la lutte que j’ai menée au moment du référendum sur le traité de ratification de la constitution européenne. Je me suis battue à la fois pour que les citoyens s’approprient le contenu du projet et pour qu’ils le refusent puisqu’il érigeait la libre concurrence en force de loi.

--- Votre région est-elle particulièrement intéressée par la question des services publics ?

Marie-France Beaufils. Nous sommes très attachés à cette question. La Creuse a été un élément important du démarrage de ce grand débat sur les services publics, mais elle intéresse toute notre région. La réorganisation des services de La Poste, par exemple, a entraîné une réduction du nombre de bureaux qui s’est soldée par une moindre présence dans les petites communes. À certains endroits, ces bureaux ont dû trouver refuge dans des commerces. Mais, au-delà de La Poste, je pourrais multiplier les exemples de services publics qui ont fondu petit à petit. Aujourd’hui, les services à domicile, les services à la personne sont majoritairement assurés par le privé. Or on ne peut accepter que la rentabilité financière domine ces secteurs d’activité. La façon dont on extirpe, de temps à autre, la directive Bolkestein pour tenter de soumettre à la concurrence l’ensemble des services publics nous incite à ne pas lâcher sur cette question. Nous interviendrons également sur la contribution de l’Europe pour que les infrastructures de déplacement, en particulier le chemin de fer, soient mieux intégrées dans l’ensemble des moyens qui doivent être mis à la disposition de la région.

--- Vous êtes une des rares femmes têtes de liste présentées par les différentes formations politiques. La parité est-elle encore un long chemin en politique ?

Marie-France Beaufils. La parité est inscrite dans la loi mais elle a du mal à exister concrètement. Il y a eu, certes, des progrès mais on est encore loin d’une situation d’égalité entre hommes et femmes en politique. Je suis fière de prendre cette responsabilité et j’espère que l’on va voir de plus en plus de jeunes femmes s’engager dans le domaine politique. Mais, pour cela, il faut aussi que l’État mette les moyens leur permettant de le faire. Car malheureusement c’est encore sur elles essentiellement que reposent les tâches domestiques et l’éducation des enfants.

--- Quelles initiatives allez-vous mener pendant votre campagne ?

Marie-France Beaufils. Nous allons mener notre campagne à partir de la question sociale. Elle est bien présente depuis le 29 janvier et surtout le 19 mars. Il y a eu de grandes manifestations chez nous, où les salariés du public et ceux du privé se sont retrouvés ensemble. Nous aurons des rassemblements dans chaque département, mais nous entendons construire une campagne de proximité avec des militants qui iront devant les portes des entreprises, sur les marchés… Ces actions de terrain, de contact avec les citoyens, sont prioritaires pour nous.

--- Pensez-vous avoir des chances d’être élue ?

Marie-France Beaufils. En 2004, notre liste, conduite par Daniel Geneste, avait obtenu un bon résultat, puisque son pourcentage était légèrement supérieur à celui que le PCF avait réalisé en Île-de-France. Hélas, nous n’avons pas eu d’élu à cause du mode de répartition particulièrement complexe. On espère faire mieux le 7 juin prochain, d’autant que l’on va s’appuyer sur les questions soulevées au moment du référendum de 2005. La population a vécu cette expérience et se rend mieux compte, avec la crise actuelle, des méfaits que peut produire dans leur vie une Europe livrée au libéralisme et au capitalisme. Nous pouvons davantage mobiliser des électeurs motivés par la construction d’une autre Europe. Nous allons nous battre pour obtenir des élu(e)s.

Entretien réalisé par Mina Kaci http://www.humanite.fr/2009-03-31_Politique_Marie-France-Beaufils-Nous-entendons-construire-une-campagne-de

 

*) Européennes : Porter la voix des salariés

Yvette Mercier, qui a passé trente-sept ans chez le manufacturier de pneumatiques, est aujourd’hui candidate pour le Parti communiste sur la liste du Front de gauche aux européennes de juin prochain.

Dès ses premiers mots, son accent clermontois trahit ses origines. Yvette Mercier est auvergnate. Sa vie professionnelle porte un nom : Michelin. trente-sept ans d’usine. Quand elle a quitté la manufacture, son salaire d’employée culminait à 1 450 euros net. Aujourd’hui âgée de cinquante-neuf ans, elle est retraitée, tout comme son mari, lui aussi un ancien de Michelin. Signe des temps, leurs trois enfants taillent leur route loin du pneumaticien. Aussi surprenant que cela paraisse, c’est chez « monsieur François », patron de droit divin d’une entreprise marquée par le paternalisme et qu’il voulait emprunte de « catholicisme, apostolique et humaine », qu’Yvette Mercier a forgé son engagement syndicaliste et communiste. Elle garde en tête l’acte qui l’a amenée à d’abord adhérer au PCF puis à se syndiquer à la CGT. Début des années 1970, dans les bureaux, les employées apprennent que les ouvriers se sont mis en grève. Deux femmes se solidarisent avec le mouvement. « Le lendemain, elles n’étaient plus là. J’ai pris conscience qu’il fallait se défendre. » Rares étaient et sont encore ceux qui acceptent de se présenter aux - élections professionnelles. Yvette se lance. Elle est élue déléguée du personnel. Au sein de la CGT, elle endosse des responsabilités, devient membre du Conseil économique et social de la région où elle « prend conscience de la masse d’argent public qui va aux entreprises sans que, pour autant, ces fonds soient contrôlés ». Une vie très engagée qui n’était pas inscrite dans son patrimoine familial. « Je viens d’un milieu paysan, d’une famille de cinq enfants. Mon père était fermier jusqu’à ce qu’il entre à l’usine, à quarante-cinq ans. » Une rupture qui lui laisse quelques souvenirs amers mais qui n’efface pas les heureux moments de l’enfance. « Comme je n’étais pas bonne en maths, mon père m’emmenait avec lui quand il partait en forêt faire du débardage pour des papeteries avec son attelage de boeufs. Je devais « cuber le bois » : avec un décamètre sur le terrain, définir une surface, puis, en fonction du diamètre de chaque arbre, estimer le volume de bois à couper ». Moments privilégiés qu’elle évoque un large sourire aux lèvres. Sourire toujours quand elle évoque la défaite de Valéry Giscard d’Estaing aux élections régionales de 2004. « J’étais une des candidats. Notre liste, autonome, était emmenée par André Chassaigne. Au second tour, en fusionnant avec la liste du PS, nous avons battu la droite. J’en tire une certaine fierté. Le lendemain, à l’usine, des gens qui ne m’avaient jamais parlé traversaient la rue pour venir me saluer. J’étais élue et je faisais partie de l’effectif. » Son engagement, elle le dit et le redit, lui a « beaucoup apporté ». Les expressions « j’ai appris beaucoup de choses », « c’est très intéressant » scandent son discours. Mais ce qui la ravit plus encore, c’est de voir les gens prendre leurs affaires en main : « Je dis toujours à ceux qui discutent avec moi : ce que je fais, vous pouvez le faire. »

Michelin reste au coeur des réflexions d’Yvette Mercier. Trente-sept ans de boîte laissent des traces. Ainsi, « quand je vois un copain dont la voiture n’a pas des pneus Michelin, je lui fais la remarque : et ta sécurité ! » assène-t-elle, ne doutant pas que les produits des concurrents n’arrivent pas à la jante d’une création locale. Mais ce qui lui tient le plus à coeur, c’est l’avenir de l’entreprise et la sauvegarde des emplois. « Michelin a un potentiel de recherche très important. On dit que c’est l’entreprise aux mille brevets. Ce que je demande, c’est qu’on transfère ces technologies sur les territoires pour créer de l’emploi. Demain, on roulera avec des voitures qui ne ressemblent en rien aux nôtres. Le potentiel est important, Michelin doit mettre de l’argent là-dessus. » L’Europe a, elle aussi, sa carte à jouer. S’appuyant sur l’exemple d’Airbus, Yvette Mercier appelle de ses voeux une mutualisation de la recherche entre entreprises privées (Michelin, Valeo, Heuliez, constructeurs…) et avec les laboratoires publics pour créer les véhicules écologiques et intelligents de demain. Mais, pour ce faire, dit-elle, « c’est important pour notre région qu’on ait au moins un élu au Parlement européen qui porte la voix des salariés, qui mette en cause le libéralisme. La concurrence libre et non faussée ne peut plus suffire. Je suis très enthousiaste pour le Front de gauche. » Demain, Yvette Mercier ira à la rencontre des salariés de Michelin à Bourges, au Puy… et à Clermont-Ferrand, bien sûr. D. S. http://www.humanite.fr/2009-03-31_Politique_Porter-la-voix-des-salaries

 

*) DANS le journal L’HUMANITÉ

Le site : http://www.humanite.fr/

--- Un outil indispensable à l'ouverture du débat

84 pages de révélations, d’analyses, de points de vue : le nouveau hors-série de l’Humanité, spécial élections européennes, est disponible chez votre marchand de journaux dès demain. À lire dans l’Humanité de mardi, notre dossier sur les Européennes : à 54 jours du scrutin, pourquoi les partis dominants tardent à entrer en campagne ? Avec l’analyse de Pierre Laurent, coordinateur national du PCF. http://www.humanite.fr/Un-outil-indispensable-a-l-ouverture-du-debat

--- Les 10 mensonges d'Éric Besson

Interrogé sur France Inter mercredi 8 avril, en pleine polémique sur le « délit de solidarité », le ministre de l’Immigration a multiplié les contrevérités. Démonstration. • Contre la solidarité transformée en délit, 80 manifestations mercredi • Notre dossier : Immigration Sans papiers • Dans l'Humanité-dimanche, les nouveaux Justes http://www.humanite.fr/Les-10-mensonges-d-Eric-Besson

--- Les jeunes des banlieues au ban de l'emploi

Le chômage submerge les jeunes des cités. Depuis quelques mois, la situation s’aggrave. Le désespoir gagne du terrain. Le feu couve.  Dans l’Humanité vendredi, reportage : témoignages recueillis à Gennevilliers. Analyse : le plan Hirsch apporte-t-il une réponse ? • Notre dossier : Banlieue Quartiers populaires http://www.humanite.fr/Les-jeunes-des-banlieues-au-ban-de-l-emploi

--- Dernier jour de campagne pour Bouteflika : aux prises avec "la batata"

Le débat autour du prix du tubercule, symbole de la vie chère et des pertes de pouvoir d’achat, ou de la lutte des cheminots, place au second plan les joutes électorales. • Un favori et dix petits lièvres • L’opposition dénonce la présidence à vie de Bouteflika • Quand la pomme de terre éclipse la présidentielle http://www.humanite.fr/Dernier-jour-de-campagne-pour-Bouteflika

--- 1er mai 2009 : ce que souhaitent les syndicats

Retrouvez ici, d’ici le grand rendez-vous, l’intégralité des entretiens accordés par les huit responsables syndicaux interrogés par l’Humanité-dimanche. Cette semaine, Annick Coupé (Solidaires) et Gérard Aschieri (FSU). • L'entretien intégral avec Gérard Aschieri

http://www.humanite.fr/1er-mai-2009-ce-que-souhaitent-les-syndicats

--- Déni de justice pour Mumia

La Cour suprême des Etats-Unis a refusé lde se saisir de la requête de Mumia Abu Jamal pour l’organisation d’un nouveau procès au motif que la sélection du jury qui l’a condamné à mort en 1982 était raciste.• Notre dossier : Mumia Abu-jamal

http://www.humanite.fr/Deni-de-justice-pour-Mumia

--- Le conflit moldave s'internationalise

Le conflit qui met aux prises le pouvoir et l’opposition en Moldavie a pris une tournure internationale mercredi avec l’expulsion de l’ambassadeur de Roumanie, approuvée implicitement par la Russie.

http://www.humanite.fr/Le-conflit-moldave-s-internationalise

--- Les commodes amnésies du petit milieu patronal

UIMM. Alors que le Parisien a révélé une double affaire, un compte suisse et une « réserve » de 100 millions d’euros, personne, au MEDEF, n’est au courant…

• Sarkozy au secours des patrons séquestrés • Les Caterpillar n'iront pas à l'Elysée • Seuls 7% des Français "désapprouvent" • notre dossier Patronat Medef UIMM  http://www.humanite.fr/Les-commodes-amnesies-du-petit-milieu-patronal

--- Manif anti-OTAN : toujours des questions sur l'attitude des policiers

Strasbourg. Pour défendre l’action des forces de l’ordre, le préfet manipule la chronologie des événements lors de la manifestation anti-OTAN de samedi. Alors que des images continuent de montrer des violences injustifiées.

• Comment des journalistes étaient indésirables

http://www.humanite.fr/Manif-anti-OTAN-toujours-des-questions-sur-l-attitude-des-policiers

--- 2009, année Jaurès

L’Humanité s’associe à la décision prise par la municipalité de Toulouse de commémorer l’anniversaire de la naissance du fondateur du journal. Pour cette année Jaurès, premier événement avec un colloque à Toulouse le 17 avril.

http://www.humanite.fr/2009-annee-Jaures

--- Premier procès mondial de l'amiante ?

Notre envoyé spécial à Turin raconte dans l’Humanité de mercredi la première audience préliminaire qui pourrait déboucher sur un éventuel procès des anciens responsables d’Eternit. Pour Alain Guérif, nouveau président de l’Association nationale des victimes de l’amiante (ANDEVA), on est malade dans certaines régions de l’amiante sans le savoir. • « L’explosion de cancers de l’amiante est devant nous » • L’amiante revient par la petite porte

http://www.humanite.fr/Premier-proces-mondial-de-l-amiante

--- Un 1er mai pour quoi faire ?

La perspective d’un défilé unitaire peut-elle faire bouger enfin Nicolas Sarkozy et son gouvernement ? • Vers un 1er mai unitaire • notre dossier : Luttes sociales • notre dossier : Salaires pouvoir d’achat

http://www.humanite.fr/Un-1er-mai-pour-quoi-faire

 

 

         &&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

         &         Enseignement Supérieur et Recherche                      &

         &&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

*) « Table-Ronde organisée par Espaces Marx et le GFEN » Le jeudi 30 Avril  à 20h30  à l’Athénée Municipal de Bordeaux : « Faut-il changer l’école ? »

Animée par Dominique BELOUGNE, Vincent TACONET, Professeur de Lettre Classiques, Président d’Espaces Marx, Syndicaliste et Retraité, Martine ALCORTA, Maître de Conférences en Psychologie Scolaire à l’Université de Bordeaux 2, et Michel DUCOM, Secrétaire National du GFEN, à l’occasion de la sortie d’un livre collectif publié aux éditions « La Dispute » par le GFEN « En finir avec les dons, le mérite, le hasard » auquel a contribué Martine ALCORTA, nous vous proposons une soirée de réflexions nourries par les luttes nombreuses qui secouent l’éducation nationale de la maternelle à l’Université. « Y a t-il des raisons de fond à un changement de l'école? Y a t-il des possibilités de transformations sérieuses dans l'intérêt des enfants, des élèves, des étudiants au delà de la réformite qui agite les derniers ministres et suscite la colère ou le fatalisme ? Quelles stratégies sont envisageables et quel en seront les acteurs possibles ? »

Nous invitons à participer à cette rencontre les responsables et les militant(e)s syndicaux, associatifs et politiques, et en particulier les parents d’élèves, les enseignants, les Universitaires  et les jeunes en mouvement depuis plus de huit semaines pour défendre une réponse éducative, un service publique d’éducation nationale à la hauteur des enjeux de société et d’émancipation humaine du 21éme siècle. - Contact : Espaces.MarxBx@gmail.com  

 

*) Education Nationale : le début de la grande braderie. Sauvons les RASED !

C'est le début de l'école "à deux vitesses"... Une pétition à signer : c'est peu mais c'est déjà "un petit quelque chose" pour essayer de freiner le désastre. Et puis on peut l'envoyer à des amis, à des parents,  cette pétition (qui est accompagnée d'un texte) afin de FAIRE SAVOIR ce qui se trame. Certains "n'y croient pas"... Or ça, c'est un acte clair : supprimer les R.A.S.E.D c'est laisser volontairement à l'abandon les élèves en difficulté à l'école, dont les parents n'ont pas les moyens pour leur fournir une aide par eux-mêmes, à la maison, ou en payant un répétiteur...

http://www.sauvonslesrased.org/index.php?p=4

Actuellement 233.720 signatures

- De : Martine <berthine17@free.fr>

 

*) « Les BIATOSS dans le mouvement » PAR SYLVIE COULMEAU, REPRESENTANTE SYNDICALE (FERC CGT) A L’UNIVERSITE DE PARIS-I SORBONNE

Le personnel non-enseignant victime de la réforme universitaire

Le mouvement de contestation dans les universités, démarré en décembre 2008, ne concerne pas seulement les enseignants-chercheurs. Les personnels BIATOSS (bibliothèques, ingénieurs, administratifs, techniciens, ouvriers, de service et de santé), qui concourent directement au service public de l’enseignement supérieur, sont aussi touchés par les conséquences de la loi LRU (relative aux libertés et responsabilités des universités), votée le 10 août 2007 après un simulacre de concertation. Déjà depuis plusieurs années, alors que les charges de travail se sont accrues, les services des universités connaissent un manque criant de créations de postes, mais aussi un nombre important de postes non pourvus, les obligeant à recourir à des personnels non titulaires. Le passage à l’« autonomie » complète prévu par la loi LRU au plus tard le 1er janvier 2011 va encore aggraver la situation. Car il signifie, notamment, le transfert de la « masse salariale » de l’État aux établissements : concrètement, les universités devront gérer par elles-mêmes leurs « ressources humaines ». Elles doivent donc, d’une part, respecter un « plafond d’emplois » que l’établissement est autorisé à rémunérer ; d’autre part, elles sont incitées à recruter des contractuels (à durée déterminée ou indéterminée), pour occuper des fonctions d’encadrement seulement. Par ricochet, cela induit la suppression progressive des emplois correspondant aux tâches d’exécution, qui sont pourtant utiles pour le fonctionnement quotidien… On sera donc obligé de recourir massivement à l’externalisation, dont on sait par des exemples multiples qu’elle est loin d’être efficace, ni économique. De même, le recrutement prévu de moniteurs-étudiants pour des activités de tutorat ou de service en bibliothèque, sous prétexte d’apporter une aide sociale aux plus défavorisés, n’est qu’une façon pour l’État de se dispenser de la création d’emplois statutaires et qualifiés.

Parallèlement, c’est tout un dispositif de rémunérations au mérite, avec mise en concurrence des agents entre eux, qui tend à être mis en place. Au lieu de prôner la coopération entre agents, favorable à un travail d’équipe au service du public, l’État vise des dispositifs d’individualisation des carrières, contraires aux principes sur lesquels repose la fonction publique. Car il faut bien comprendre ce qui est en train de se passer : nombre de dysfonctionnements quotidiens sont la conséquence concrète d’une politique plus générale de casse des services publics, de suppression des emplois, de déflation des salaires et des dépenses publiques et sociales. Les différentes réformes qui sont en train de bouleverser le paysage de notre société, pour l’hôpital, La Poste, les transports, l’enseignement, sont articulées entre elles. C’est la RGPP (révision générale des politiques publiques), présentée à grand renfort de sites Internet comme « modernisation de l’État » et comme si une large concertation avait été faite auprès des citoyens. L’idée de cette vaste réforme structurelle est d’accroître le champ des activités du privé dans des domaines relevant aujourd’hui de l’État. Parallèlement, il faut réduire les effectifs par le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, voire inciter aux départs volontaires avec le projet de loi « relatif à la mobilité et aux parcours professionnels ». Quels progrès les citoyens ont-ils à attendre des suppressions massives d’emplois, d’une précarité et d’une flexibilité extrêmes qui altéreront les conditions de travail et la qualité du service rendu ? Quelles garanties d’impartialité, de neutralité et d’égalité sur le territoire pour les usagers ? A-t-on pensé à la fonction régulatrice du service public, en particulier en ces périodes de crise aiguë ? Ne peut-on considérer l’action publique et le service public comme une richesse, notamment pour faire face aux enjeux de la crise et aux besoins de notre société ? Sur ces thèmes avaient été lancés, en avril 2008, l’appel pétition intitulé « Le service public est notre richesse » et, pour l’enseignement supérieur, l’« appel des cordeliers », en juillet 2007, qui montrent qu’il est possible de voir les choses autrement que comme on nous les assène. C’est, enfin, ce qui sous-tend la puissance des grèves, manifestations et actions de toutes ces dernières semaines qui appellent des solutions pour une réforme de fond et de progrès de notre université… http://www.humanite.fr/2009-04-10_Tribune-libre_Les-BIATOSS-dans-le-mouvement

 

*) « Université. Cette réforme n’aura pas lieu » PAR DAVID BERRUE, ETUDIANT, GERMAINE DEPIERRE, CHERCHEURE, PASCAL LEVY, BIATOSS, CHRISTOPHE MILESCHI ENSEIGNANT-CHERCHEUR, PATRICIA TUTOY, ENSEIGNANTE, LEA VALETTE, DOCTORANTE, PORTE-PAROLE DE LA COORDINATION NATIONALE DES UNIVERSITES.

Voilà huit semaines que l’université et la recherche françaises se sont arrêtées. Peu ou pas d’enseignements, des manifestations par dizaines, des établissements occupés ou bloqués, des responsables qui démissionnent, des rondes d’obstinés qui marchent sur les parvis, des cours hors les murs… Huit semaines d’inventions, de revendications et de mobilisation au cours desquelles Xavier Darcos et Valérie Pécresse ont choisi de ne rien entendre. Leur combat est perdu d’avance : on ne peut imposer une réforme sans l’assentiment de ceux chargés de la mettre en oeuvre. Cette réforme, parce qu’elle est inutile et dangereuse, parce qu’elle fait l’unanimité contre elle, ne pourra pas s’appliquer. Elle n’aura pas lieu. Les universitaires en grève ? Ritournelle de printemps, que le public voit d’un oeil parfois lointain. Mais le mouvement en cours est inédit : parti des enseignants-chercheurs, il s’est étendu aux étudiants, aux autres personnels, et il ne fléchit pas. Il voit même se développer des signes de contagion dans le secondaire, le primaire, auprès des parents d’élèves, le tout alimenté par les autres secteurs en ébullition (hôpitaux, justice, transports, etc.). Le mois d’avril est déjà là et avec lui une perspective difficile à éluder : la France se prépare un printemps chaud. Et dans nombre de facs, le second semestre est compromis, au grand dam des étudiants et de leurs professeurs. Xavier Darcos et Valérie Pécresse sont responsables du plus long mouvement de protestation qu’ait connu l’université depuis 1968. Arc-boutés sur les termes d’une réforme bâclée, ils n’ont rien écouté, rien compris, ni les avertissements nombreux avant la grève, ni la voix de toute une profession unanime, ni même les alertes issues de leur propre camp. Ils se livrent à de minuscules batailles, dénaturant des textes déjà passablement confus, résistant sur des broutilles et s’accrochant à des formulations incantatoires. Cette intransigeance, que l’on devine idéologique, empêche les universitaires de travailler et compromet les études de centaines de milliers d’étudiants. Et plus le temps passe, plus la communauté universitaire, mesurant les sacrifices faits depuis deux mois, se montre intraitable sur ce qu’elle demande depuis le début, sur tous les tons : le retrait pur et simple de réformes qui consacrent le dévoiement de l’enseignement supérieur et de la recherche. Qui peut penser qu’il s’agit d’un simple mouvement d’humeur ? IUT, IUFM, universités, mais aussi laboratoires, revues ou sociétés savantes… des personnels aux usagers, la mobilisation est générale, quasiment unanime. Les menaces, les intimidations et la répression, policière ou financière, ne suffisent pas à la contenir ; comment pourrait-elle se satisfaire d’une « réécriture » ou d’un « accompagnement » des réformes contestées ? Il est temps d’en finir avec tout cela : décret sur le statut des enseignants-chercheurs, mastérisation, contrat doctoral unique, démantèlement des organismes de recherche, suppressions de postes… Il est temps que ce gouvernement entende que personne n’attend plus de lui qu’il recule, mais bien qu’il renonce. Et que les deux ministres ne touchent plus à rien ; qu’ils retournent à leurs campagnes électorales futures et nous laissent à nos chères études (trop chères, parfois). Pour que les choses rentrent dans l’ordre, de la maternelle à l’université, il suffirait que le gouvernement retire ses projets et désavoue leurs auteurs, assume les affaires courantes, revalorise ce qui doit l’être et donne les moyens pour que l’année se termine dans les meilleures conditions. Alors les cours pourront reprendre et les examens se tenir. Alors nous pourrons poser la question d’une alternative à la loi libertés et responsabilités des universités (LRU), dont chaque tentative d’application soulève un tollé. Qu’il faille réformer le système public d’éducation, l’enseignement supérieur et la recherche, personne ne le nie. Mais tout le monde sait aussi que rien ne pourra se faire sans les acteurs concernés. C’est à la communauté universitaire, dont c’est la vocation et le rôle social, qu’il revient de discuter et de décider de ce que peuvent et doivent être l’autonomie et la responsabilité des universités. Au politique revient la charge d’en donner les moyens et la garantie. Des pistes pour d’autres réformes existent, des idées sont débattues depuis longtemps… Cette réforme n’aura pas lieu, il faut en inventer une autre, plus ambitieuse, intelligente et partagée, pour assurer le futur de la recherche et de l’enseignement, qui sont l’enjeu majeur et le lieu où se joue l’avenir de nos sociétés en crise. http://www.humanite.fr/2009-04-07_Tribune-libre_Universite-Cette-reforme-n-aura-pas-lieu

 

*) TRIBUNE LIBRE. « Universités - grandes écoles, une union pour la recherche »  Par Philipp mclaughlin directeur de BEM (Bordeaux école de management)

Personne ne peut rester indifférent à la crise que traverse l'enseignement supérieur français. D'un côté, les universités ont le blues, affectées par des projets qui semblent les fragiliser. De l'autre côté, les grandes écoles sont l'objet d'attaques incessantes qui stigmatisent un peu vite leur système élitiste. Dans les deux cas, le développement de notre excellence universitaire souffre d'un financement limité pour rayonner sur la scène internationale. Une des causes du mécontentement concerne la recherche et le statut des enseignants-chercheurs. Dans le débat actuel, il semble que la profession d'universitaire ait besoin avant tout de soutien symbolique, opérationnel et financier. Notre défi commun est de répartir équitablement les activités de nos professeurs entre la recherche, l'enseignement et les activités pédagogiques ou administratives. Cette modulation de service doit être transparente, motivante et juste. Nous devons également accepter que la recherche ait un côté « géométrie variable » et qu'elle véhicule des valeurs autres que la simple rentabilité. Évidemment, pour une école de gestion, les liens avec les entreprises et la rentabilité semblent moins menaçants, mais il faut bâtir des projets avec l'enseignant-chercheur et non pas à son corps défendant. Cela suppose de réussir à négocier avec les enseignants-chercheurs pour que la modularité ne soit pas vécue comme une sanction. Le chercheur n'est jamais un simple exécutant. L'opinion publique doit comprendre que la recherche est le meilleur investissement qu'une économie puisse faire en faveur de sa compétitivité. Mais cette activité coûte cher. Dès lors, il serait contre-performant de vouloir la circonscrire aux seuls établissements universitaires. Par nature, la recherche se nourrit de la multiplication des travaux. À ce titre, elle mérite d'être partagée entre les professeurs d'université et ceux des grandes écoles. Depuis plusieurs années, Bordeaux École de management (BEM) assume cette mission universitaire de recherche. Politiquement peut-être, le clivage grandes écoles - universités a un sens en France, mais, sur la scène internationale, de telles postures relèvent de discussions byzantines sur le sexe des anges. L'enjeu dépasse nos frontières et nul ne doit sous-estimer la recherche dans l'excellence internationale. Si, en France, la recherche est encore considérée comme l'apanage des universités, le modèle anglo-saxon a levé les barrières : les « business schools » universitaires internationales sont pleinement considérées comme faisant partie du monde universitaire au sens noble du terme. Le récent classement des programmes de management du « Financial Times » confirme la qualité de l'enseignement dispensé dans le système français. À côté de 17 grandes écoles françaises, un seul établissement dit « universitaire » côtoie une trentaine d'universités étrangères. Ce classement, qui analyse les deux modèles sur les mêmes critères, est donc une réponse intéressante aux visions parfois simplistes qui, en France, opposent grandes écoles et universités. Cette opposition sape l'intérêt de chacun à se rapprocher. À l'heure où les universités françaises sont à la peine sur le plan de la visibilité internationale, la prédominance des grandes écoles de gestion dans les classements internationaux ainsi que leurs excellents progrès réalisés dans le cadre des accréditations internationales (grâce, notamment, à la recherche !) devraient les inciter à faire le pas qui nous sépare. Nous espérons avec impatience un aboutissement productif aux négociations en cours. Une fois leurs esprits libérés, les universitaires pourront poursuivre leurs efforts courageux pour contribuer à la création d'une communauté universitaire diverse. http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/529953/mil/4282545.html

 

*) ANALYSE. Un regard décapant sur le système éducatif français à la lumière des statistiques internationales

L'élitisme républicain, faux nez démocratique - Christian Baudelot et Roger Establet.( photo dr) Depuis plus de trois décennies, Christian Baudelot et Roger Establet, scalpel statistique en main, n'en finissent pas d'explorer le « corps éducatif » français, d'en dévoiler les forces, les faiblesses et les paradoxes. On se souvient du choc provoqué par « Le niveau monte » en 1989, qui analysait les métamorphoses et les glissements du savoir pour déboucher sur une conclusion à contre-courant des idées reçues. En se penchant sur « l'élitisme républicain », ils poursuivent une tâche qui consiste à écarter les préjugés et les interprétations superficielles qui trop souvent empoisonnent la réflexion sur le système scolaire. Ils s'appuient, en dépit des réticences françaises, sur la série d'enquêtes connue sous le nom de Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) et en confirment la fiabilité et l'intérêt. Au premier rang de celui-ci, la possibilité de comparer les systèmes entre eux. Non pour établir de vains et fallacieux classements, mais pour dégager des principes communs, des invariants d'un pays à l'autre. « Les systèmes scolaires sont donc évalués à l'aune de leurs valeurs fondamentales, justice sociale et efficacité qui sont des valeurs universelles indépendamment des formes d'organisation très différentes qui caractérisent chaque pays ». A partir de là, la comparaison peut être un bienfait. Elle permet de sortir du débat français, cette sorte de « huis clos collectif prisonnier des passions politiques et des héritages idéologiques hexagonaux ». Que nous révèle, ou, que nous confirme, cet ensemble statistique particulièrement riche ? Que l'inégalité sociale pèse lourdement sur l'efficacité des systèmes scolaires, mais que malgré cela, il existe des marges de manoeuvres qui peuvent être importantes. Leur utilisation relève alors de la volonté politique autant que de la technique pédagogique. C'est ainsi que Baudelot et Establet célèbrent les vertus du tronc commun et dénoncent les ravages des groupes de niveau.

--- Propositions globales

Dans ce qui reste trop souvent le domaine du chacun pour soi, des stratégies de contournement, ils mettent en valeur la nécessité de propositions globales. Faute de quoi, disent-ils, l'école, de la maternelle au supérieur, ne sera pas plus que ce qu'elle est déjà, une machine à multiplier les laissés-pour-compte. Tronc commun et élévation du niveau général apparaissent alors comme des nécessités économiques. L'élitisme républicain, tel que le décortiquent Christian Baudelot et Roger Establet, montre ici ses limites. Masque commode, faux nez démocratique, non seulement il joue en faveur des inégalités mais au bout du compte, fragilise les élites. Si « laisser faire la "nature" conduit notre système scolaire à accentuer ses défauts », réunir les énergies pour réorienter le projet éducatif exige de la part des acteurs beaucoup de sacrifices. A commencer par le renoncement à ce qui semble « aller de soi ».

« L'Élitisme républicain » par Christian Baudelot et Roger Establet. La République des Idées/Seuil. 130 p., 10,50 ?. Auteur : thomas la noue

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/530231/mil/4280062.html

 

 

*) Les facs veulent un vrai recul

Deux mois de mobilisation et les minces reculades du gouvernement n’ont pas entamé la détermination des enseignants-chercheurs. Ils manifestent aujourd’hui.

Des retouches apportées aux réformes tant contestées ont été arrachées au bout de neuf semaines. Qu’est-ce que le gouvernement a concédé, ou plutôt qu’est-ce que les universitaires ont obtenu ? Jean-Louis Fournel, de Sauvons l’université, admet « quelques nouveautés introduites par le gouvernement sur différents dossiers, mais qui ne modifient pas la logique des réformes. Au fur et à mesure que le mouvement avance, on constate des aménagements à la marge pour calmer les universitaires. »

--- Recrutements en baisse

Exemple, avec le décret sur le statut des enseignants-chercheurs, la première et plus ancienne revendication. Son retrait n’a pas été obtenu. Valérie Pécresse s’accroche et attend la validation d’une quatrième version (impossible à consulter) du CTPU (comité technique paritaire universitaire). Pour SLU, « la mise au secret du projet de décret a pour effet d’interdire de se prononcer en connaissance de cause, de masquer les probables effets de la contradiction entre le maintien à l’identique de la modulation et l’adjonction du paragraphe sur les heures supplémentaires, de laisser dans l’ombre la possible naissance non consentie d’une catégorie d’enseignants-administrateurs ». Autre revendication de taille : le retrait de la réforme sur la formation des enseignants du second degré. À l’instar des lycées, Xavier Darcos a été forcé de reporter la réforme à 2010-2011. Mais là encore, report ne signifie pas retrait, puisqu’un certain nombre de mesures ont été prises pour assurer la transition et la mise en place de la mastérisation comme condition d’accès au concours. Concernant la demande d’un plan pluriannuel de créations d’emplois statutaires et la restitution des 1 030 emplois supprimés en 2009, les réponses sont faibles mais existent. Valérie Pécresse s’était engagée à réduire à un poste pour six départs à la retraite au lieu d’un poste pour deux départs, initialement prévus. À cela s’ajoute la question des 130 postes bloqués pour les chaires d’excellence. Le collectif Sauvons la recherche alertait sur les conséquences néfastes de ce dispositif : « Chacune de ces chaires "consomme" outre un poste de maître de conférences, un poste de chargé de recherche au sein d’un établissement public à caractère scientifique et technologique (EPST). Cela conduit ainsi, dès 2009, à une réduction de 25 % des recrutements de chercheurs au CNRS, qui passent de 400 en 2008 à 300 en 2009. À court terme, cela conduira à l’extinction pure et simple du statut de chercheur EPST. » La ministre a accepté de « discuter des modalités de leur mise en place et de trouver d’autres moyens de financement de ces chaires ».

--- « Des ministres pas à la hauteur »

En revanche, rien sur les suppressions d’emplois en 2009, rien non plus sur la revalorisation des salaires et des carrières, rien enfin sur les BIATOSS. Quant à la question du contrat doctoral, elle sera discutée la semaine prochaine en comité technique. Au final, les ravages annoncés de la LRU restent en place. « Les ministres se refusent à traiter les problèmes de manière politique. Ils ne sont pas à la hauteur des enjeux de ce mouvement inédit », juge Jean-Louis Fournel. Pour l’heure, après l’entrevue du 30 mars avec la ministre, l’intersyndicale (SNESup-FSU, CGT, Solidaires, FO, SLU et SLR) a déclaré que la ministre n’avait « donné aucune réponse satisfaisante à (ses) questions ». Et de constater « avec stupeur et colère, l’immobilisme autosatisfait de la ministre sur l’ensemble des revendications », appelant leurs collègues et les étudiants à « l’amplification de leur mobilisation ». À commencer par la manifestation unitaire d’aujourd’hui (1). Le bras de fer continue. (1) À Paris, le cortège partira à 14 h 30, du Panthéon vers l’Hôtel Matignon. Ixchel Delaporte

http://www.humanite.fr/2009-04-02_Societe_Les-facs-veulent-un-vrai-recul

=====> sous la matraque, profs et étudiants

Etudiants et enseignants sont en première ligne. C’est ce que dénonce le Syndicat national des chercheurs scientifiques de la FSU, citant des violences commises à Toulouse, Paris ou Orléans. Avant-hier, à Tours, les forces de l’ordre s’en sont aussi donné à coeur-joie, la police arrêtant même un professeur à l’hôpital. Le 26 mars au siège du CNRS, une ingénieure a eu 5 jours d’ITT suite à une altercation avec deux policiers en civil. Son crime : avoir voulu se rendre sur son lieu de travail (pour tout témoignage : elianedaphy@ouvaton.org). http://www.humanite.fr/2009-04-02_Societe_sous-la-matraque-profs-et-etudiants

=====> « L’immobilisme autosatisfait » de Valérie Pécresse

À Lyon, on occupe, à Nantes, on débloque. Hier, une cinquantaine de personnes, étudiants et personnel de l’université Claude-Bernard-Lyon-I, ont occupé les bureaux du président de l’université et de la Conférence des présidents d’université (CPU), Lionel Collet, accusé de ne pas assez soutenir le mouvement. À Nantes au contraire, l’AG des étudiants a voté la levée du blocus de l’institution, instauré depuis plus de huit semaines. Les syndicats, eux, restent mobilisés. Lundi soir, plusieurs d’entre eux ont quitté une réunion avec la ministre de l’Enseignement supérieur, dont ils ont dénoncé « l’immobilisme autosatisfait ». Ils appellent à « amplifier la mobilisation », dès ce jeudi.

http://www.humanite.fr/2009-04-01_Societe_-L-immobilisme-autosatisfait-de-Valerie-Pecresse

 

*) Les IUFM maltraités par le gouvernement

L’acharnement du pouvoir sur son projet de mastérisation, malgré les reculs imposés par la mobilisation, fait qu’aujourd’hui ce texte est devenu ingérable.

Dans les IUFM, on ne sait plus à quel saint (Valérie ?) se vouer. Entre ce que proposait, à l’origine, le projet gouvernemental de réforme des universités concernant la mastérisation et ce que ces propositions sont devenues sous les effets des coups de boutoir de la mobilisation universitaire, la situation est devenue ubuesque. Plus personne n’est en mesure de saisir vraiment ce que le gouvernement réserve demain aux futurs enseignants quant à leur formation initiale. Pour Valérie Robert, de Sauvons l’université, le projet est « devenu une usine à gaz invraisemblable. Les reculs, pas à pas, du ministère sur cette question font que nous sommes aujourd’hui dans le grand n’importe quoi. C’est devenu ingérable parce que le ministère n’arrive pas encore à prononcer le mot "retrait" ». Pour l’y pousser, la huitième coordination nationale des universités, qui se tient aujourd’hui à Paris-III, sur le site d’Asnières (Hauts-de-Seine), devrait appeler à poursuivre une mobilisation qui entre dans sa dixième semaine.

--- le constat des directeurs d’IUFM

En attendant, il faut bien que ceux qui sont à la tête des instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) continuent à les diriger et ce n’est pas une mince affaire. En fin de semaine dernière, la conférence des directeurs d’IUFM a fait le constat que « les dispositions transitoires annoncées à l’été 2008 par les ministres pour l’année 2008-2009 ne pourront pas être tenues. Elles prévoyaient des équivalences permettant aux étudiants des IUFM une inscription en deuxième année des masters préparant aux métiers de l’enseignement. Or, presque partout en France, ces masters n’existeront pas à la rentrée 2009 ». La Conférence relève ainsi que, parmi les rares universités qui avaient proposé des maquettes de masters visant les métiers de l’enseignement, « deux ont décidé à ce jour de les retirer ». Si bien que les directeurs d’IUFM demandent la « reconduction en l’état » pour 2009-2010 « des dispositifs de formation et de recrutement existants », sauf à décider de supprimer tout bonnement toute formation des enseignants pendant l’année 2009-2010.

--- urgence à relancer la réflexion

Au-delà de la « confusion », épinglée par la conférence, celle-ci juge les étudiants « lésés » car condamnés à ce « dilemme » : « ou bien ils s’inscrivent en master et ils ont peu de chances de réussite aux concours, ou bien ils s’inscrivent en préparation de concours et ne pourront pas valider leur année de master, validation nécessaire pour être définitivement recrutés ». Toutes mesures qui n’ont qu’un but, selon les directeurs : la mise à mort des IUFM. « Cet acharnement obsessionnel ne nuit pas seulement aux IUFM. Aujourd’hui, ce pouvoir de nuisance retombe sur les étudiants et sur toute la communauté universitaire », dénoncent-ils. Face à cette situation dégradée, la conférence appelle de ses voeux « un processus de relance de la réflexion sur cette question et invite tous les acteurs de ce dossier à rejoindre son initiative d’états généraux de la formation des ensei- gnants ».

Samedi, sur la place de l’Hôtel-de-Ville de Paris, dans le cadre de la ronde infinie des obstinés, qui tourne toujours et qui a même essaimé en province et jusqu’à Fort-de-France en Martinique, les IUFM d’Île-de-France s’étaient donné rendez-vous pour smettre en « formation tortue ». Pour briser les dernières lances de Valérie Pécresse ? Dany Stive http://www.humanite.fr/2009-04-06_Societe_Les-IUFM-maltraites-par-le-gouvernement

 

*) 130 postes « dégelés »

La création de 130 « chaires mixtes » aux universités et aux organismes de recherche ne se traduira pas par une diminution des recrutements dans ces derniers, a annoncé le ministère de l’Enseignement supérieur hier dans un communiqué. « Valérie Pécresse appelle donc les organismes de recherche à rouvrir leur campagne d’emploi dès à présent pour procéder au recrutement de 130 chercheurs supplémentaires », indique ce texte. http://www.humanite.fr/2009-04-03_Societe_130-postes-degeles

 

*) LA CHRONIQUE DE CYNTHIA FLEURY : « L’élitisme scolaire »

Depuis l’annonce du projet de décret du statut des enseignants-chercheurs et celle, moins récente, de la réforme de la recherche, le monde de l’éducation supérieure gronde et se révolte devant tant de mépris et d’ignorance de la part du gouvernement, la seconde causant nécessairement la première - même si l’on ne peut nier la résurgence nauséabonde d’une idéologie anti-intellectuels. Le siège du CNRS s’est même vu exceptionnellement occupé par les chercheurs et, chose plus exceptionnelle encore, par les CRS venus les déloger. La police à la rescousse de l’idéologie de l’évaluation et de projets gouvernementaux singeant la grande idée de réforme, quoi du plus logique ? Ah qu’il est désespérant ce pouvoir ! Ah qu’il serait triste de le laisser faire ! Le gouvernement joue l’usure et la faute. À tort. Le front de la recherche et de l’université est en passe de retrouver le goût de son unité trop délaissée. Mais revenons plus en amont. Avant la recherche, avant l’université… il y a l’école. Christian Baudelot et Roger Establet, dans leur dernier petit opus (1), reviennent à ce fleuron français, tout en soulignant ses failles devenues tristement pérennes. « De quoi souffre l’école en France ? D’abord et avant tout de son élitisme : une culture du classement et de l’élimination précoce, doublée d’une grande tolérance aux inégalités et à leur reproduction. » C’est du moins le constat qu’ils tirent des comparaisons internationales présentées dans leur ouvrage, notamment de l’analyse des tests PISA (Programme international pour le suivi des élèves). La France fait en effet désormais figure de mauvais élève de sa catégorie, celle des pays riches et développés : « Non seulement, soulignent les auteurs, elle compte un taux très élevé de jeunes en échec, mais elle ne parvient pas à fournir des élites assez étoffées pour répondre aux besoins de la donne économique. » L’échec est donc double : d’un côté, le succès de la massification scolaire n’est plus celui qu’il était, de l’autre l’excellence des élites ne dupe plus personne. Tel est en effet l’un des intérêts de ce petit livre : démontrer la dialectique vertueuse entre les défis de massification et d’excellence, l’un alimentant l’autre ou l’appauvrissant. « Les débats français sur l’école présentent souvent comme une contradiction les intérêts de la masse et ceux de l’élite. Celles et ceux qui militent pour la poursuite des politiques de démocratisation scolaire sont ainsi régulièrement accusés de sacrifier l’excellence à la médiocrité, la promotion des talents au souci de la moyenne. Inversement, ceux qui défendent la nécessité d’améliorer l’élite sont également soupçonnés de vouloir abandonner à son sort le plus grand nombre et de faire le lit d’un nouvel aristocratisme scolaire. École de masse contre école de l’excellence : sommes-nous condamnés à choisir ? L’examen attentif des résultats de PISA conduit à une tout autre lecture de la question et fait prendre quelques rides aux plus anciennes convictions de notre modèle républicain. Loin d’être antagonistes, les destins de l’élite et de la masse apparaissent en réalité étroitement liés dans les comparaisons internationales. » Conclusion : élever le niveau de la masse est une condition sine qua non de l’élévation générale du niveau. Autre valeur des tests PISA - qui ne nous étonnera guère -, les résultats mettent en évidence l’inanité - et qui plus est cruelle - du redoublement. En effet, notre chère République détient le triste record de cette sombre coutume, défendue au nom de l’homogénéité des classes et de l’intérêt de l’élève… Résultat : les élèves en retard le restent jusqu’à la fin de leur scolarité et réussissent moins bien que leurs camarades. À cela ajoutez une estime d’eux-mêmes totalement mise à mal, une motivation reléguée aux oubliettes et une orientation vers des cursus jugés non excellents. L’année redoublée est tout bonnement une année perdue. Et pourtant, on continue à faire redoubler, comme un plaisir sadique dont on aurait - hélas ! - trop peu honte. Autre découverte, signe de l’idéologie française et de son inefficacité, la réelle performance d’une jeune élite mathématique… qui jamais n’exercera dans les sciences fondamentales. Eh oui, en France, l’excellence en mathématiques est un passeport pour toutes les destinations, sauf pour les mathématiques… Le grand rêve des affaires et de l’argent reste l’horizon(-mur) fantasmé. Comme quoi des masses à la dérive donnent des élites sans audace. (1) L’Élitisme républicain. L’école française à l’épreuve des comparaisons internationales. Le Seuil, 2009.

http://www.humanite.fr/2009-04-01_Tribune-libre_L-elitisme-scolaire

 

*) Et la palme des manifs revient à…

Du concert de casseroles au défilé aux flambeaux, les personnels de l’éducation ont rivalisé d’imagination, hier, pour dénoncer les réformes Pécresse-Darcos.

Ils avaient promis 1 000 manifs pour l’école. On ne sait pas s’ils ont tenu parole. Mais une chose est sûre : plusieurs dizaines de milliers d’enseignants, universitaires, personnels administratifs et techniques, étudiants ont défilé hier dans toute la France contre les réformes Pécresse-Darcos. Du concert de casseroles à la lecture publique, en passant par le dépôt de cercueils, il y en avait pour tous les goûts (sauf ceux du gouvernement). D’où la tentation de dresser un petit palmarès très aléatoire.

--- La plus grande

Paris décroche la palme. Selon les organisateurs, ils étaient 25 000 (7 000 selon la police…) à défiler entre la place du Panthéon et le métro Sèvres-Babylone. En tête de cortège, le secrétaire général de la FSU, Gérard Aschieri, et celui du SNESup-FSU, Jean Fabbri, ont demandé des « améliorations », non seulement en ce qui concerne la modulation de service des enseignants-chercheurs, mais aussi pour l’emploi et la réforme de la formation des enseignants. « La base de la mobilisation continue de durer », assure Gérard Aschieri. Quelques pas derrière lui, on retrouve Hélène, professeur des écoles en CP, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Calée sous sa banderole, elle n’en est pas à sa première manif. Avec sa copine, « Hélène aussi », elle dénonce la lente suppression des maîtres spécialisés du RASED. « Alors que nous avons plus que jamais besoin d’eux. Dans ma classe, j’ai un élève SDF et plusieurs qui ne mangent pas tous les jours à leur faim. La situation est vraiment compliquée. Les RASED, il faut les développer, pas les supprimer. » Sa collègue soupire : « On est une école qui exclut de plus en plus alors que l’on devrait intégrer. Vivre ensemble, ça s’apprend. » Sarah est professeur d’anglais à l’université du Havre. Et toujours remontée après neuf semaines de mouvement. « Le gouvernement ne nous entend pas. Il rend la situation de plus en plus ingérable. » Pour elle, la plus grande menace vient de la réforme de la formation des maîtres. « Le gouvernement veut développer par ce biais l’emploi précaire et faire des emplois statutaires l’exception. C’est une menace sans précédent sur le fonctionnariat. »

--- La plus rapide

Oh, ils étaient bien une vingtaine, hier, devant le siège de l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES), à Paris ! Il était autour de 14 h 30. Et l’affaire n’a pas duré plus de dix minutes. Mais, promis juré, elle a été remarquée dans ce quartier chic, à deux pas de la Bourse. Pourquoi donc l’AERES ? Tout simplement pour dénoncer les propos ahurissants de son directeur, tenus le 8 janvier dernier. Lors d’une conférence à l’université Paris-Descartes sur l’évaluation de l’enseignement supérieur, Jean-François Dhainaut se serait lâché, aux dires de plusieurs témoins : « Le pouvoir est une affaire masculine. Par ailleurs, les femmes, en plus de leur métier, doivent s’occuper de la maison, des enfants. Elles n’ont donc pas de temps à consacrer à l’AERES. » Les mots ont fait le tour d’Internet en quelques jours. « C’était une goutte d’eau supplémentaire à mettre au crédit de l’AERES, explique Violaine Sebillotte, enseignante-chercheuse à Paris-I et responsable du séminaire genre et histoire. On voulait marquer le coup, surtout qu’aujourd’hui (hier - NDLR) Jean-François Dhainaut est convoqué à 15 heures au ministère pour s’expliquer sur ses dires… » Autour d’elle, on retrouve des membres de l’association Efigies et plusieurs étudiants, certains déguisés en femmes de ménage, avec gants et tablier. Romain, en master 1, prévient : « Comment l’organisme chargé de l’évaluation pourrait être objectif alors que son propre directeur néglige quarante ans de recherches sur le genre. C’est fou ! »

Il est 14 h 40. La banderole est déployée. L’AERES est rebaptisée : « Agence d’encouragement à la recherche sexiste ». Quelques slogans et l’on part rejoindre la grande manif au Panthéon. À son retour du ministère, Jean-François Dhainaut aura le plaisir de retrouver une boîte sur son perron. Dedans, des bidons de lessive. Et l’exemplaire d’un livre qu’il lui faudra bien évaluer : À la maison pour les nuls…

--- La plus morbide

Elle revient à Béziers où une quarantaine d’enseignants et parents d’élèves ont déposé devant la sous-préfecture quelques cercueils symbolisant les suppressions de postes. « Pour parfaire l’ambiance, il pleuvait des cordes ! » raconte Éric Perles, responsable local du SNUIPP-FSU. Sur la ville, « 9,75 postes » doivent disparaître, dont un chez les RASED. « Les parents ne comprennent pas comment on peut justifier une telle mesure… » Une délégation a finalement été reçue par la secrétaire générale de la sous-préfecture. « Elle a pris note et transmettra », sourit Éric Perles. Qui pense déjà à la suite : « Ce vendredi, nous rencontrons le député, et samedi, les parents d’élèves organisent un pique-nique revendicatif… » Bref, la mobilisation dure, dure… Laurent Mouloud

http://www.humanite.fr/2009-04-03_Societe_Et-la-palme-des-manifs-revient-a

 

*) Garder plutôt qu’éduquer

Dès la rentrée prochaine, a confirmé la secrétaire d’État à la Famille, seront expérimentés des « jardins d’éveil » pour les 2-3 ans sans que ceux-ci soient forcément intégrés aux écoles. « Il s’agit bien de substituer à l’école maternelle, lieu d’éducation et d’apprentissage, une garderie beaucoup plus coûteuse pour les familles », dénonce le SNUipp-FSU. Cette annonce « ne peut cacher la baisse régulière de la scolarisation des élèves de moins de trois ans à l’école maternelle ». En plus de remettre en question le principe de gratuité, ce plan met à mal l’école maternelle, « premier lieu de scolarisation des élèves, authentique lieu de prévention et de lutte contre les inégalités ».

http://www.humanite.fr/2009-04-07_Societe_Garder-plutot-qu-eduquer

=====> Petite enfance, grands effets d’annonce

Famille. Les 200 000 offres de garde supplémentaires annoncées par la secrétaire d’État pourraient ne jamais voir le jour, s’inquiètent les associations.

À l’heure où 63 % des enfants de moins de trois ans sont gardés par leurs parents la majeure partie de la semaine, 18 % par une assistante maternelle et 10 % par une structure d’accueil collectif, selon la DREES (statistique des ministères sociaux), un vaste plan pour la petite enfance aurait été accueilli favorablement par les parents. Il n’en est rien. Dans un entretien accordé au Journal du dimanche, Nadine Morano annonçait gaillardement : « Nous tiendrons les objectifs définis par le président de la République de créer 200 000 offres de garde supplémentaires ! L’État fait un effort considérable en augmentant le Fonds national d’action sociale (FNAS) de 7,5 % par an, soit 1,2 milliard d’euros supplémentaires, pour la création de 100 000 places en crèches. » Les 100 000 autres offres de garde naîtront donc des « nouvelles dispositions de diversification des modes de gardes votées par le Parlement », explicitait-elle encore. Des annonces qui n’ont guère convaincu. Ainsi, l’Union des familles en Europe remarque que, depuis 2000, « 176 000 places nouvelles ont été ainsi promises. Mais 42 698 seulement ont vu le jour. Avec un budget diminué de moitié, il y a peu de chance que la promesse aventureuse de Mme Morano soit tenue ».

--- Aucune garantie

Pour résoudre l’équation, le gouvernement compte opérer un regroupement des assistantes maternelles et un passage de trois à quatre enfants par agrément. Un mode de garde qui reste pourtant inaccessible pour nombre de familles. Enfin, Nadine Morano compte sur le « développement de l’accueil collectif : crèches classiques, d’entreprise, création de jardins d’éveil, optimisation des places de crèches hospitalières ». Tout cela, pourtant, sans avoir de garantie de la part desdites entreprises ou des hôpitaux. Et, bien loin de l’annonce des 100 000 places de crèche,le financement de 30 000 places, prévu dans le cadre d’une nouvelle convention d’objectifs et de gestion avec la CNAF, revient en fait à faire supporter aux collectivités locales la charge de ce nouveau plan.

--- « Budget fermé »

« La CNAF participe au financement des équipements, dont 10 000 places en entreprise et 20 000 places créées par les collectivités locales, les intercommunalités ou les associations. Or, avec ce nouveau système, les CAF participeront seulement au financement des équipements qui se créeront. Cela signifie que si les collectivités ne le décident pas politiquement et financièrement, la CNAF se retrouvera avec des crédits qu’elle ne pourra dépenser », explique Jacqueline Farache, administratrice. « Ce système de budget fermé comporte par ailleurs deux écueils : la CNAF peut jouer la prudence et ne pas financer certains projets de peur de manquer d’argent par la suite ; ou encore être trop généreuse au début et ne plus avoir de crédits à la fin des quatre années de la convention ». Si l’on considère qu’une place de crèche coûte 16 680 euros par an et que la Caisse d’allocations familiales n’en finance qu’un tiers, les familles l’autre tiers, il reste… 5 560 euros par berceau à la charge des municipalités. En soumettant, de fait, la création de 100 000 places de crèche aux possibilités financières et à la volonté des communes ou des entreprises, l’État est bien loin du droit opposable à la garde d’enfants évoqué par Nicolas Sarkozy l’an dernier. Lina Sankari

 

*) Stéphane Tassel, nouveau secrétaire général du SNESup-FSU

Stéphane Tassel, trente-sept ans, a été élu nouveau secrétaire général du SNESup-FSU, premier syndicat de l’enseignement supérieur (6 000 enseignants), en remplacement de Jean Fabbri, lors d’un congrès d’orientation du syndicat qui s’est terminé vendredi à Paris. Professeur agrégé en génie mécanique à l’université Paris-Est à Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne), cet élève de l’École normale supérieure de Cachan est responsable de la formation « master génie des systèmes industriels ». Une secrétaire générale adjointe, Michelle Lauton, a également été élue. Interrogé sur la façon dont les universités pourraient sortir de la crise actuelle, Stéphane Tassel a répondu : « La crise, c’est le gouvernement qui en est responsable. Notre objectif n’est pas d’en sortir, mais de gagner sur nos revendications. » http://www.humanite.fr/2009-04-06_Societe_Stephane-Tassel-nouveau-secretaire-general-du-SNESup-FSU

 

*) CAMPUS. Les universités ont besoin de plus de 500 millions d'euros pour ajuster leurs bâtiments à des ambitions en hausse

Une manne pour rajeunir l'université girondine - L'opération Campus devrait permettre à Bordeaux 4 de rénover son long bâtiment central. (Photo archives « SO » / N.T.) C'est une quasi-certitude : après Lyon et Strasbourg, Bordeaux devrait être la troisième agglomération retenue pour de bon dans le cadre de l'opération Campus. Celle-ci a pour but de sélectionner une dizaine de pôles d'excellence universitaires pour les aider à mieux jouer dans la cour des grands, à l'échelle internationale. Retenus en fonction de leur potentiel académique et de leurs ambitions affichées, les pôles sélectionnés auront entre autres l'avantage de bénéficier sur le long terme de fonds publics destinés pour l'essentiel à réhabiliter et à restructurer un domaine bâti qui a souvent fort mal vieilli. La facture totale de cette remise à neuf est estimée par les universités girondines à 538 millions d'euros, soit l'équivalent de quatre ponts Bacalan-Bastide. À quoi il faut ajouter plus de 100 millions du contrat État-Région destinés pour partie à de nouvelles constructions, et plusieurs dizaines de millions que le Conseil régional se propose de consacrer à de nouvelles opérations spécifiques. Présélectionnée en juin dernier, Bordeaux n'attend plus que l'annonce officielle de son élection définitive par la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse. Pour cause de crise universitaire, celle-ci a annulé, il y a quelques semaines, un déplacement destiné à annoncer la bonne nouvelle. Sauf coup de théâtre, ce n'est que partie remise. Le campus devrait recevoir bientôt la promesse de versements étatiques, peut-être supérieurs à 400 millions et provenant d'une fraction des capitaux engrangés lors de la privatisation partielle d'EDF, et dont les intérêts (4,25 %) doivent être distribués pendant vingt-cinq ans aux universités élues.

--- Nouveaux montages juridiques

Tout en invitant les collectivités locales à compléter substantiellement cette enveloppe, le gouvernement subordonne l'octroi échelonné de cette manne à la mise en place de nouveaux montages juridiques dans le cadre duquel les universités céderaient, pendant la durée de l'opération, les droits sur leur domaine foncier à des partenaires tiers (entreprises de travaux publics, banques, etc.). Ces derniers devant s'engager à réaliser des programmes de travaux et de maintenance en échange d'un paiement de loyers pour le règlement desquels les universités utiliseraient, entre autres, les fonds versés annuellement grâce aux intérêts EDF. Pour l'application de ce scénario, le pôle de recherche et d'enseignement supérieur (Pres) de Bordeaux, qui est à la fois une fédération des quatre universités girondines et peut-être la préfiguration d'une université unique, a proposé un schéma original : les droits fonciers appartiendraient pendant la durée de l'opération à des structures regroupant chacune des universités (ou la future université rassemblée), la Caissse des dépôts et consignations et les collectivités locales, le Conseil régional étant jusqu'ici le seul à avoir affiché sa volonté de financer substantiellement l'opération. Cette structure percevrait les loyers et contracterait directement avec les entreprises de bâtiment, sans se dessaisir de la maîtrise de l'essentiel de son foncier. Le choix de ce schéma découle de deux facteurs essentiels : d'une part, le Conseil régional, qui sera l'un des principaux financeurs, ne souhaitait pas voir de grands groupes privés de banque et de BTP s'octroyer une place démesurée dans la maîtrise foncière du domaine universitaire. D'autre part, avant même que l'opération Campus soit lancée, l'université de Bordeaux 1 avait été retenue, tout comme Toulouse-Le Mirail, pour l'étude d'une opération pilote avec la Caisse des dépôts. Celle-ci n'a pas pour principe de gaspiller ses fonds (Livret A, etc.) qui sont le patrimoine des Français. Mais ses exigences de retour sur investissement sont moins importantes que celles des banques privées, ce qui pourrait contribuer à alléger la facture financière totale. Xavier Roland-Billecart, directeur régional de la caisse, et Alain Boudou, président de Bordeaux 1, ont contribué à défricher un dossier qui constituait un enjeu crucial pour l'université scientifique girondine, dont une bonne partie du bâti se trouve dans un état déplorable. Bordeaux 1 a ensuite accepté de se fondre dans l'élaboration d'un processus collectif local pour lequel Bernard Begaud, ancien président de l'université Bordeaux 2 Victor-Segalen (santé, sciences de l'homme) et du Pres, s'est fortement impliqué. Et, malgré sa structure embryonnaire, le Pres, au sein duquel un rôle moteur a été joué par Daniel Hickel, directeur de la stratégie et des grands projets, a su se mobiliser pour monter à vitesse accélérée un dossier qui pourrait permettre à la grande université girondine (60 000 étudiants) d'affirmer son rang européen.

Auteur : Bernard Broustet b.broustet@sudouest.com

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/economie/article/542421/mil/4323210.html

===è Bordeaux 1 : des bâtiments détériorés, un espace à rationaliser Bordeaux 2 se concentre Bordeaux 3, université pauvre Bordeaux 4 accuse sérieusement son âge

Disséminée pour l'essentiel sur Talence et Pessac, l'université scientifique, dont la surface bâtie (220 000 mètres carrés) équivaut à celle d'une quarantaine de terrains de football, a majoritairement fort mal vieilli, faute d'entretien. Ses bâtiments, vieux pour la plupart d'environ un demi-siècle, sont des gouffres énergétiques, avec par exemple des châssis de fenêtres très détériorés. À certains endroits, l'installation électrique fonctionne encore en 110 volts. Le coût estimé du processus de réhabilitation, de mise aux normes et d'amélioration de l'accès des handicapés, est estimé à lui seul à quelque 153 millions d'euros. Il s'agira aussi de rajeunir l'aspect extérieur des bâtiments les plus anciens, l'université ayant déjà commandé sur ce plan des études à l'école architecture (photos ci-dessus) Mais, au-delà de ces onéreuses remises à niveau, le projet prévoit également une rationalisation géographique, avec, par exemple, une concentration des services à l'étudiant aujourd'hui dispersés. Dédiée à la santé, à la biologie et aux sciences de l'homme, l'université va concentrer sur son site de Carreire, mitoyen du CHU, toutes les activités relatives aux deux premières thématiques. L'institut d'odontologie, maintenu jusqu'ici cours de la Marne, devrait migrer à Carreire, pour laisser place sans doute à un espace dédié à la vie étudiante. Le site de Carreire, déjà dense, devrait accueillir l'opération Neurocampus, financée par le Conseil régional, avec la construction de 4 bâtiments abritant entre autres 3 nouveaux instituts de recherche sur le cerveau. L'hypothèse du départ de la cité Léo-Saignat, ensemble de logements enserré par Carreire, est d'autre part toujours examinée par Domofrance et la mairie. Par ailleurs, moins importants qu'à Bordeaux 1, les besoins de rénovation sont cependant copieux. « Nous sommes une université pauvre, et, comme les pauvres, nous nous sommes efforcés de bien entretenir notre patrimoine », souligne Philippe Baudorre, qui occupait jusqu'à la semaine dernière le poste de vice-président chargé des moyens. Les besoins de réhabilitation de l'université littéraire sont sensiblement moins importants que ceux de Bordeaux 1, mais ils s'élèvent tout de même à une grosse vingtaine de millions d'euros. Par ailleurs, le plus important projet de développement ne figure pas dans l'opération Campus, mais dans le contrat de projet État-Région. La Maison internationale des langues et des cultures devrait avoir une superficie de 6 000 m2. Consacrée à la formation et à la recherche dans le domaine des langues et des civilisations, elle devrait inclure un auditorium de 1200 places. Bordeaux 4 Montesquieu (droit, économie) a dépassé la quarantaine, et accuse sérieusement son âge. L'opération Campus devrait lui permettre de rénover son long bâtiment central, d'en finir avec les préfabriqués, et se doter, à proximité des deux actuels petits bâtiments de recherche, d'une Maison de l'économie, qui aurait entre autres pour but de regrouper l'ensemble des équipes et des laboratoires travaillant aujourd'hui dans ce vaste domaine. Pour l'espace compris entre Bordeaux 3 et Bordeaux 4, une réflexion est d'autre part en cours sur la création d'un lieu susceptible d'accueillir un pôle de vie étudiante hébergeant entre autres des commerces le cas échéant.

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/economie/article/541850/mil/4323724.html

 

*) PLAN CAMPUS. Un projet scientifique original

Le grand chantier des diplômes - Trois départements (sciences et techniques, biologie et santé, et sciences humaines) dessineront le campus. (Photo) Le plan Campus, c'est aussi l'occasion de réorganiser l'offre d'enseignement et des diplômes en vue d'une plus grande lisibilité internationale. Les licences seront ainsi délivrées au nom de l'université de Bordeaux et non plus au nom de Bordeaux 1, 2, 3 et 4 dont personne ne sait en dehors des intéressés quel contenu précis elles dispensent. Une petite révolution, qui verra peut-être la fusion des quatre facs bordelaises, quinze ans à peine après la séparation entre les juristes et économistes de Bordeaux 4 et les scientifiques de Bordeaux 1. À tout le moins, il faudra que le ministère accorde rapidement au Pres le droit à l'expérimentation sur ce point... Avantage pour les étudiants : ils pourront plus facilement jongler entre sciences et droit, par exemple pour des parcours croisés qui augmentent les possibilités de recrutement. Mais là où le projet bordelais devient vraiment original, c'est aux niveaux des masters, des doctorats et de la recherche, déclinés autour de trois thématiques incluant les programmes des grandes écoles : sciences et techniques, biologie et santé et sciences humaines. Affranchis des frontières des établissements actuels, ce sont ces trois départements qui dessineront le campus de demain, y compris physiquement.

--- Graduate schools

Aujourd'hui, par exemple, on fait de la biologie à Bordeaux 1, à Talence, mais aussi en médecine à Bordeaux 2. L'idée serait donc de regrouper ces spécialités sur un même site, en l'occurrence à Carreire. Ces trois départements donneront naissance à sept collèges thématiques, sortes de « graduate schools » à la française et à onze « pôles d'excellence ». Il s'agit des matériaux, de l'optique-laser, des technologies de l'information, des sciences de l'environnement, des neurosciences, des biotechnologies, de la santé publique, de l'archéologie, des cultures des pays du Sud, du droit et des sciences politiques et de l'économie-gestion.  On remarquera que certaines de ces spécialités recoupent les pôles de compétitivité labellisés en Aquitaine. Ce n'est pas un hasard, c'est même le but ! Auteur : Catherine Darfay

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/economie/article/542074/mil/4323212.html

 

*) UNIVERSITE. Y aura-t-il une vraie année universitaire 2008-2009 ? La persistance des blocages fait craindre l'absence de diplômes. Voire pire

Les blocages menacent l'année universitaire

Les étudiants de Bordeaux 3 ont voté, lundi, la reconduction du blocage. photo thierry david.

Lire aussi: Bordeaux IV : le vice-président Aubin a «débloqué»

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/547265/mil.html

Bordeaux IV débloquée

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/547265/mil.html

L'assemblée générale sous très haute tension

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/article/548222/mil/4357291.html

Bordeaux III bloque encore

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/article/552878/mil/4378811.html

Depuis huit semaines, peu ou pas d'enseignement, des facs occupées, bloquées, des manifestations un peu partout. Une partie des étudiants et des enseignants qui réclament le retrait d'un projet de décret et d'une loi face à deux ministres à qui le mot même répugne. Une autre partie qui n'est pas forcément d'accord mais ne sait pas comment on va sortir d'une situation que le pourrissement ne rend pas plus claire. Et qui se demande :

--- 1) Y aura-t-il des examens en juin ?

On n'en saura sans doute pas plus avant la fin des vacances de Pâques. Néanmoins, on peut d'ores et déjà se risquer à craindre une année universitaire à un seul semestre. Deux solutions s'offrent. Mettre fin au blocage et rattraper une partie des cours, de façon à organiser les examens sur le second semestre. Les blocages sont le fait de quelque 10 % des étudiants mais, admettent les enseignants qui souhaitent le déblocage, « des étudiants très construits, qui ne se livrent à aucun débordement et sont très déterminés ». Ils sont nombreux dans les facs littéraires parce que ce sont eux qui seront les plus touchés par la réforme de la formation et du recrutement des enseignants du secondaire.

L'autre solution proposée par la coordination des universités consisterait à dupliquer les notes du premier semestre au second et d'accorder l'année sur cette base. Cette proposition doit être validée par les recteurs, ce qui a peu de chances d'être fait. Outre son illégalité, cette solution conduirait à brader les diplômes, à faire chuter les inscriptions et, parallèlement, les financements. Les étudiants étrangers, suivis par certains étudiants français, réclament le remboursement de leurs droits d'inscription et des frais encourus.

--- 2) De quoi les étudiants ont-ils peur ?

En quelques mots, ils craignent de devoir exercer dans des conditions plus précaires un métier dévalorisé auquel ils auront été moins bien formés.

Sur le plan des principes, la reforme prétend conjuguer la maîtrise des savoirs académiques (connaissance de la matière enseignée) aux savoirs professionnels (exercice de la pédagogie). Concrètement, les IUFM (instituts universitaires de formation des maîtres) n'auront plus l'exclusivité de leur formation. Tout master permettra de passer les concours de l'Éducation nationale, et les universités devront proposer des masters à caractère enseignant. Les étudiants avaient peur de la situation de reçus-collés qui ne leur ouvrait que des perspectives d'une carrière de vacataires ou de contractuels. Or il semble désormais acquis que le succès au concours conditionne l'obtention du master 1 éducation et l'accès au master 2. Mais alors que jusqu'à présent le jeune certifié passait une année de stages devant une classe en étant payé 1 400 euros par mois, désormais cette année ne sera pas rémunérée, et le jeune enseignant sera seul dès sa première rentrée.

--- 3) Pourquoi les professeurs restent-ils méfiants ?

Ils subissent un profond sentiment de déclassement que le discours de Nicolas Sarkozy du 22 janvier a avivé. L 'indifférence constatée du gouvernement pour une Université sur le point de se saborder et qui accorde ses moyens et son attention avant tout aux grandes écoles renforce ce sentiment d'abandon et de crainte de voir le modèle français de l'enseignement supérieur disparaître (ici, le site Sauvons l'université) Même si Valérie Pécresse a semblé reculer sur certains points du statut d'enseignant-chercheur, le recours obsessionnel à l'évaluation et les prérogatives accordées aux présidents d'université n'ont pas levé leurs inquiétudes.

--- 4) Et maintenant ?

La loi LRU a été votée durant l'été 2007, dans un contexte où les réformes du président de la République pouvaient paraître légitimes.  Appuyée sur des principes néolibéraux dont la crédibilité paraît moins assurée qu'il y a deux ans, la loi LRU, même votée, a du mal à passer. Il reste donc un risque de voir le mouvement faire tache d'huile vers l'enseignement secondaire, par exemple. Ainsi, hier, des enseignants-chercheurs de Rouen ont décidé de refuser de présider les jurys du bac 2009. Auteur : h.valeinsrouquette@sudouest.com

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/553436/mil.html

 

*) BORDEAUX. Première AG interfacs, hier, pour débattre des réformes qui fâchent toujours

Les facs se réunissent à la tribune, un étudiant québécois a témoigné des dérives d'un système universitaire concurrentiel. (photo stéphane lartigue)

D'habitude, c'est chacun son AG et tous à la manif. Une première assemblée générale a rassemblé, hier à la Victoire, les étudiants des quatre facs bordelaises à deux pas de la fac de psycho et socio qui venait d'être rebloquée pour une semaine supplémentaire. Le tout sous les yeux étonnés de deux étudiantes californiennes en anthropologie qui trouvent le sujet des facs françaises « intéressant mais perturbant ». En fait d'AG, il s'agissait surtout de topos documentés sur la LRU, les réformes qui fâchent, le statut de doctorant et même le processus de Bologne qui prévoit l'harmonisation des systèmes d'enseignement européens. Lire aussi page 8

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/article/554330/mil/4384714.html

 

*) UNIVERSITÉS. Les cours ont repris ailleurs mais, à la fac de lettres, le mouvement se poursuit. Certains souhaitent valider l'année sur les résultats du premier semestre

Bordeaux 3 bloque encore

L'assemblée générale a réuni 1 400 personnes sur le parvis de la faculté. (photo thierry david) catherine darfay Ça sent l'accalmie sur le front des facs : les cours ont repris dès la semaine dernière à Bordeaux 1 et Bordeaux IV, et la majorité (60,5 %) des étudiants de Sciences Po s'est prononcée hier contre le blocage. Le vote avait lieu à bulletins secrets avec, en prime, une question pour ou contre (73 % contre). Les étudiants en psycho et socio de Bordeaux 2, qui tiennent le blocage depuis 15 jours, se prononcent aujourd'hui en AG.

Bordeaux 3 en revanche est toujours bloquée. Jusqu'à mardi. Ainsi en a décidé l'assemblée générale du lundi tenue sur le parvis. Les cours « hors les murs » (qui ont parfois lieu... dans les murs, mais sur des thématiques différentes des cours habituels) se poursuivent en attendant la manif du jeudi qui, cette fois, sera nocturne.

--- À quand les exams ?

Un autre problème se pose toujours aux littéraires : au bout de neuf semaines de mouvement (et un bon mois de « blocage actif »), y aura-t-il des exams à la fin de l'année ? Personne ne sait. Les avis les plus raisonnables plaident pour un retour à la normale le 20 avril dernier délai, qui permettrait un rattrapage des cours, du moins pour l'essentiel, les exams étant organisés fin juin.

Une proposition plus étonnante était hier la nouveauté du jour : faire valider l'année scolaire sur la base des résultats obtenus au premier semestre, quitte à prévoir une session de rattrapage pour les étudiants collés en janvier. Motion acclamée par les étudiants réunis sur le parvis mais qui fait tiquer certains profs. « Quelle que soit votre légitimité, vous ne pouvez pas décider une chose aussi grave, qui risque de plus d'être invalidée par le Recteur, en assemblée générale » est venue dire, sans ciller, Françoise Lainé. « Je ne suis pas pour les réformes du statut d'enseignant-chercheur et des concours d'enseignement mais ma loyauté va aux étudiants et à l'université. On ne peut pas brader les diplômes », souffle la responsable de la licence d'histoire à Bordeaux 3 en sortant de la tribune essentiellement tenue par Sud Étudiant.

--- Contre le gouvernement

Pour d'autres, étudiants ou enseignants, la motion a d'abord une valeur politique « contre le gouvernement », désormais cible essentielle des interventions. Le texte sera d'ailleurs transmis à la Commission nationale des universités pour être débattu par l'ensemble des facs entrées dans le mouvement. « Tout appel à la reprise des cours fait le jeu du gouvernement », expose ainsi Jean-Charles Grandjeat, enseignant en anglais, syndiqué au Snesup. Et de poursuivre : « Défendre les étudiants, ce n'est pas organiser des examens dans l'urgence, c'est défendre une université accessible à tous. »

La fameuse motion a été adoptée par les personnels, puis par l'AG, mais sera à nouveau débattue mercredi par les enseignants, qui tiennent à être cette fois le plus grand nombre.  Auteur : c.darfay@sudouest.com

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/article/552878/mil/4378811.html

 

*)  AG Bordeaux 4 - ambiance électrique. Mercredi 1er avril, l'assemblée générale de Bordeaux 4 pour décider de la poursuite ou non du blocage de l'université a pris une drôle de tournure lorsque le vice-président Aubin est intervenu dans le débat. Images filmées par un étudiant.

=====> Bordeaux IV : le vice-président Aubin a «débloqué» ()

Lire aussi

 » Bordeaux IV : le vice-président Aubin a «débloqué»

 » Une photo très parlante

Mercredi, l'AG des étudiants de Bordeaux 4 pour décider du blocage ou non de l'université a pris une drôle de tournure. Au plus chaud des débats, le vice-président Gérard Aubin (notre photo) a pris possession de la tribune sous les huées. Juste le temps pour lui d'appeler à un vote contre le blocage, « ce qui ferait faire des économies à l'université ». Mais face aux « Démission, démission ! » d'un amphi chaud comme la braise (près de 2 000 étudiants), le vice-président a cédé à la provocation. Il s'en est pris nommément à un enseignant « qui avait plus de courage ici que devant moi » et a lancé un « Les pintades, vos gueules ! » qui en a laissé plus d'un pantois. Pas autant cependant que le bras d'honneur qu'il a fait avant de quitter la salle, d'après les images d'une vidéo réalisée par des étudiants.

--- Une photo très parlante

La photo de cette étudiante indignée a été publiée dans notre édition d'hier. Elle réagissait aux propos du vice-président Aubin mercredi lors de l'AG de Bordeaux IV. Ce dernier reconnaît s'être laissé aller à employer le mot de « pintades » à l'encontre des étudiantes. Et à avoir même fait un bras d'honneur dans le feu de la réunion. « En entendant le mot "facho", prononcé visiblement à mon encontre, je suis sorti de mes gonds. À regret », plaidait-il hier. photo stéphane lartigue

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/549344/mil/4360932.html

======> Réponse blog de SudOuest, de Julien Giudicelli Maître de Conférences en Droit à Bx4

Bonjour, Ne maniant pas tout à fait l'utilisation du compte personnel, je ne suis pas certain d'avoir placé mon commentaire, qui s'adresse à Jacky Sanudo, auteur de l'article l'AG sous très haute tension de l''édition du 2 avril, dans la bonne rubrique. Je me réjouis que des précisions aient été apportées dans l'édition de ce jour sur les propos qu'a tenus le vice-président Aubin.  Par ailleurs, vous avez été interpellé dans un commentaire par un étudiant présent à l'AG qui mentionnait ma présence dans la photographie du bas, en compagnie de M. Aubin. Je suis effectivement un de ses collègues, Julien Giudicelli, Maître de conférences en droit public. Je suis effectivement monté sur la tribune à la suite des propos qu'il avait tenus pour lui exprimer qu'il m'apparaissaient totalement irresponsable, dans une AG qui, comme vous la décrivez parfaitement "sentait la poudre". Et ce d'autant qu'il m'avait directement interpellé, en public, en présence de quelques 2 000 étudiants, dans une évidente tentative d'intimidation, que je lui ai sommée d'éviter formellement à l'avenir.

L'attitude de ce Monsieur me semble en effet complètement discréditer l'institution qu'il est pourtant censé représenter... Ces précisions ne me semblaient pas tout à fait inutiles. Merci en tous les cas de couvrir et vous intéresser à la mobilisation dans nos universités bordelaises.

 

*) BORDEAUX IV. La démission du vice-président après l'AG du 1er avril est réclamée. Le président calme le jeu

Le buzz et la pétition

L'assemblée générale du 1er avril à laquelle le vice-président de Bordeaux IV, Gérard Aubin, a adressé un bras d'honneur, traitant par ailleurs des étudiantes de « pintades », provoque un buzz sur le Net, la scène ayant été filmée. Alors que les cours ont repris hier à Bordeaux IV, une pétition a commencé à circuler pour réclamer la « démission du vice-président Gérard Aubin, des excuses publiques de la part du président Jean-Pierre Laborde en vue de préserver la légitimité de l'université et une prise de position publique et argumentée sur la loi LRU ».

--- « Réconciliation »

La pétition a été proposée à la signature tout au long de la jour- née d'hier devant l'amphi de Bordeaux IV. Ultime baroud des partisans du blocage, désavoués en assemblée générale ? Ou nouveau point de fixation ? Le président Jean-Pierre Laborde, informé de l'existence de cette pétition, cherche à calmer le jeu : « Le temps de la réconciliation est venu, nous a-t-il déclaré hier. Je conçois que certains étudiants se soient sentis attaqués par ces propos. M. Aubin a d'ailleurs fait part de ses regrets et expliqué comment il avait réagi de manière épidermique, en s'entendant traiter de facho. En pareil cas, pour être utiles, des excuses doivent se concevoir dans les deux sens. Il ne faut pas donner à cette affaire une portée plus grand qu'elle n'a. Le vice-président a eu beaucoup de courage de participer à cette assemblée générale impressionnante. Il a été dépassé par son déroulement. Nous vivons dans un état de droit.»

« Je ne suis pas sûr de vouloir vivre dans une société où on se livre à des excuses publiques, ajoute-til. Je m'expliquerai devant les conseils responsables, où figurent des étudiants. Ce sont devant ces instances que je ferai part de mes observations sur la loi LRU. Pour ma part, les premières excuses à formuler doivent s'adresser à tous les étudiants qui n'ont pu avoir cours. Mon vrai souci est de rétablir la situation dans les délais. J'espère y parvenir. Et j'appelle tout le monde à faire désormais preuve de retenue. »

Auteur : Dominique de Laage

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/article/550572/mil/4369584.html

===è COLÈRE DANS L'ENSEIGNEMENT. Des manifs en demi-teinte

à sa neuvième semaine, la résistance aux réformes dans l'enseignement perdure, des milliers d'enseignants, d'étudiants, de chercheurs (13 500 à 31 000 personnes, selon les organisateurs ou la police) ont à nouveau manifesté hier dans les rues des grandes villes françaises. Dans la région, le plus gros cortège a réuni 1 500 personnes à Bordeaux. À Pau, 150 se sont mobilisées. PHOTO STÉPHANE LARTIGUE

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/549167/mil/4365400.html

====è UNIVERSITES. Près de 2000 étudiants de Bordeaux IV ont voté à 57% contre l’occupation active de la faculté Droit-Economie

Bordeaux IV débloquée (PHOTO S.LARTIGUE) Lire aussi » Bordeaux IV débloquée

Hier mercredi lors d’une assemblée générale houleuse,  près de 2000 étudiants de Bordeaux IV (droit, économie) ont voté à 57% contre l’occupation active de la faculté. Le vote qui se tenait pour la première fois à bulletins secrets a également dégagé une forte majorité (74%) pour l’abrogation de la loi Pécresse._

De leur côté les étudiants de Sciences-Po ont décidé du blocage  (120 voix contre 110). Ce jeudi sera marqué par de nouvelles manifestations contre la LRU et dans l’enseignement de façon plus générale. A Bordeaux , le cortège s’élancera de la Place Pey-Berland à 14 heures.

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/547265/mil.html

 

*) ÉDUCATION. Etudiants et enseignants tentent la jonction avec le primaire

Universités : c'est jeudi, c'est manif La manif a réuni 1 500 personnes à Bordeaux. (photo stéphane lartigue) Lire aussi » Une photo très parlante

Plus que la semaine dernière mais bien moins qu'au début : la manifestation des étudiants et enseignants-chercheurs a rassemblé 1 500 personnes hier à Bordeaux, entre Pey-Berland et le rectorat, selon un itinéraire désormais bien balisé.

La nouveauté (relative), c'est que la fameuse « jonction des luttes » avec les problèmes que rencontrent parents et enseignants du primaire et du secondaire a fini par se faire via le réseau Sauvons l'éducation 33. « C'est un ensemble de collectifs qui agissent de la maternelle à la fac et se mobilisent facilement par le biais des mailing-lists », précisent Ninon Duwez, étudiante en histoire et Halima Temagoutt, parente d'élève sur la rive droite, en touillant la soupe populaire offerte aux manifestants. Des lettres flottent dans la marmite pour dire que « l'éducation prend le bouillon ». En fait, les parents du primaire ne sont pas si nombreux, les profs du secondaire encore moins, mais les uns et les autres ont bel et bien l'impression que « c'est tout le service d'éducation qui est attaqué. Les mobilisations locales demeurent sur tel ou tel établissement où il manque des postes, mais on essaie de passer au-delà. »

--- Blocage ou pas ?

Côté étudiants, il y a toujours des tambours, des affichettes renouvelées (« Nicolas, stop au blabla ») et l'envie de ne pas s'arrêter là. Les psycho-socio de Bordeaux 2 attendent mardi pour savoir si le blocage sera renouvelé ou pas. « Mais les antiblocage ne se manifestent pas beaucoup chez nous. Notre souci, c'est d'obtenir des salles que l'administration nous refuse », soutient Léa. Les étudiants de Sciences Po affichent aux côtés de leurs camarades juristes (Bordeaux IV) une mobilisation qui a tardé à venir, mais se traduit par un barrage filtrant, levé le temps de la manif d'hier et qui devra être revoté lundi. En AG ou par consultation électronique ? « Les deux sont légitimes », consent Thomas, en quatrième année de relations internationales.

--- Des enseignants partagés

Côté profs, il y a comme un doute sur la façon de poursuivre le mouvement sans bousiller davantage le semestre. Ceux de Bordeaux 2 ont formé un collectif qui, solidaire des revendications étudiantes, s'oppose à un éventuel recours aux forces de l'ordre, tout en refusant de se prononcer sur l'épineuse question du blocage ou pas blocage, puisque « c'est aux étudiants de faire ces choix ».

Même les enseignants de Bordeaux 3, les plus mobilisés depuis le début, s'avouent un peu désemparés. « Je n'oublie pas que, s'ils ne peuvent pas valider leur année, les étudiants boursiers vont perdre l'an prochain l'essentiel de leurs ressources. J'y pense même tout le temps. Mais comment abandonner maintenant alors que nous n'avons toujours pas été entendus ? » Le nouveau président Patrice Brun est venu sentir la température. Dubitatif. Réponse à la prochaine AG de la fac de lettres, lundi. D'ici là, le week-end devrait être calme.

=====> Une photo très parlante ()

La photo de cette étudiante indignée a été publiée dans notre édition d'hier. Elle réagissait aux propos du vice-président Aubin mercredi lors de l'AG de Bordeaux IV. Ce dernier reconnaît s'être laissé aller à employer le mot de « pintades » à l'encontre des étudiantes. Et à avoir même fait un bras d'honneur dans le feu de la réunion. « En entendant le mot "facho", prononcé visiblement à mon encontre, je suis sorti de mes gonds. À regret », plaidait-il hier. photo stéphane lartigue Auteur : catherine darfay c.darfay@sudouest.com

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/article/549721/mil/4361493.html

 

*) UNIVERSITÉ. à la suite d'une AG marquée par la présence du vice-président de Bordeaux IV, les étudiants ont voté contre l'occupation de la fac mais pour l'abrogation de la loi Pécresse

L'assemblée générale sous très haute tension - Près de 2 000 étudiants partagés sur les blocages de la faculté, dans l'amphi de Bordeaux IV. Ambiance électrique (photo s. lartigue) Lire aussi

 » Les photos de l'AG

 » Bordeaux IV débloquée

Aula Magna était trop petit pour accueillir les 2 000 étudiants de Bordeaux IV qui se sont retrouvés hier, pour une assemblée générale qui sentait la poudre. Après plus de deux mois de conflit, né de l'opposition à la loi Pécresse, les esprits s'échauffent. Le comité de mobilisation qui a emboîté le pas des enseignants-chercheurs en demandant l'abrogation de la LRU se voit, maintenant, confronté à l'opposition d'un très grand nombre d'étudiants qui craignent pour leur année universitaire. Ces derniers demandent en conséquence la fin de l'occupation des locaux. Lors de l'AG du 25 mars, les problocage avaient obtenu 530 votes, les anti, 480. L'écart s'est considérablement réduit par rapport au début du mouvement.

--- Sifflets et huées

Hier, on a frôlé la foire d'empoigne pour ne pas dire les coups de pognes. Cette ambiance délétère a été entretenue par un début de semaine mouvementé en fac de droit et d'économie, mais aussi à Bordeaux 1 où les policiers ont été appelés pour libérer l'accès aux cours. Ici, à l'université Montesquieu, c'est une négociation avortée sur la tenue d'un référendum, voulu par la présidence, et portant sur l'arrêt de l'occupation qui a mis le feu aux poudres. L'intervention à la bombe lacrymogène d'un vigile sur une étudiante, qui se serait introduite par effraction au sein de la faculté, n'a pas calmé les esprits. Pas plus que la fermeture administrative décidée par l'université jusqu'au 30 mars, pendant l'occupation active. Le ton est donné d'entrée sur tract et à la tribune : « les motions votées à bulletin secret lors de l'AG du jour auront valeur décisionnelle et ne seront donc pas soumises à l'avis discrétionnaire de la présidence ». Dans l'amphi surchauffé, il s'agissait de voter sur deux questions : pour ou contre le blocage, pour ou contre la loi LRU. Chaque intervention des deux camps est ponctuée par autant de sifflets que de huées. Les plus modérés, ceux qui estiment que la loi Pécresse à ses défauts mais qui ne veulent pas connaître une année blanche, se taillent aussi leur part de succès.

--- Le passage du vice-président

L'information que les voisins de Sciences Po viennent de décider du blocage tombe. L'ambiance est survoltée. Les étudiants descendent par grappes pour s'agglutiner au pied de la tribune. On chipote sur les temps de parole (3 minutes). Quelques invectives et insultes fusent. C'est le moment que choisit le vice-président Gérard Aubin pour s'inviter à la tribune, à la surprise générale.

« J'ai entendu un tissu de mensonges. Certains professeurs sont plus courageux ici que quand ils sont en face de moi. La présidence organise une consultation par voie électronique avec confidentialité des réponses. Il dépend de votre vote de faire faire des économies à l'université. S'il y a une majorité contre le blocage, cela nous éviterait de nous compliquer l'existence », dit-il, résistant dans un sourire crispé, aux cris de « démission, démission ! ». On échappe à l'échauffourée sur l'estrade. Gérard Aubin quitte l'amphi alors qu'on lui reproche de « mettre de l'huile sur le feu ». Le bras de fer reprend de plus belle avant le morceau de choix qui consiste à faire voter dans le calme près de 2000 étudiants partagés. Les urnes sont aux deux sorties latérales. Le dépouillement prendra quatre heures. Résultats : 952 voix (57 %) contre l'occupation active, 688 pour (42 %). 326 contre l'abrogation de la loi Pécresse (23 %), 1 200 pour (74 %). Aujourd'hui, c'est une nouvelle journée d'action qui s'annonce.

Les photos de l'AG

* En images (20)

* Envoyez un fichier

=====> Bordeaux IV débloquée

(PHOTO S.LARTIGUE) Aujourd'hui mercredi lors d’une assemblée générale houleuse,  près de 2000 étudiants de Bordeaux IV (droit, économie) ont voté à 57% contre l’occupation active de la faculté. Le vote qui se tenait pour la première fois à bulletins secrets a également dégagé une forte majorité (74%) pour l’abrogation de la loi Pécresse._  De leur côté les étudiants de Sciences-Po ont décidé du blocage  (120 voix contre 110). Ce jeudi sera marqué par de nouvelles manifestations contrela LRU et dans l’enseignement de façon plus générale. A Bordeaux, le cortège s’élancera de la Place Pey-Berland à 14 heures.

Auteur : JACKY SANUDO j.sanudo@sudouest.com

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/article/548222/mil/4357291.html

 

*) CAMPUS. Tensions tôt, hier matin, entre bloqueurs et présidence à Bordeaux 1 et Bordeaux IV

De plus en plus tendu, de plus en plus confus

à Bordeaux IV : Louison Cahen-Fourot (à droite) déplore que « la présidence rejette l'occupation active ». (photo thierry david) La fac de droit et de science éco a connu hier une matinée houleuse. La présidence souhaitait la reprise des cours. Rappelons qu'elle avait suspendu les enseignements jeudi et vendredi pour parer au blocage voté mercredi dernier, pour une semaine, par une assemblée générale dont elle conteste la légitimité. De son côté, le comité de mobilisation souhaitait, justement au nom de cette majorité constatée en AG, bloquer jusqu'à demain mercredi. Aux environs de sept heures, les étudiants, entrés dans l'université via la fenêtre d'un amphi, ont réussi à bloquer tous les accès du lieu, hérissés de tables et de chaises. L'intrusion n'a pas eu lieu sans incident : un vigile a utilisé une bombe lacrymo quand, en pleine ronde matinale, il est tombé sur ces étudiants infiltrés dans la fac. Puis, vers 7 h 30, une équipe de la présidence s'est présentée et a réclamé le démantèlement de ces barricades, obtenu sur une partie du site. Après ce premier contact électrique, la présidence et le comité de mobilisation se sont revus en milieu de matinée et se sont entendus sur un compromis : un demi- blocage de l'université. Concrètement, les travaux dirigés ont repris ; les cours magistraux restent à l'arrêt. Prochain épisode demain : la présidence annonce la reprise des cours magistraux, le comité de mobilisation s'en remet à l'AG prévue à midi et un référendum pourrait être organisé. À Bordeaux 1, après huit jours de fermeture, les cours ont repris tôt hier matin. Là aussi, non sans frictions. Une trentaine d'étudiants ont tenté de bloquer l'université de maths et de sciences face à une équipe formée de plusieurs vice-présidents. Les cours ont finalement repris... mais pour combien de temps ?

--- Résultats contradictoires

Coup de théâtre en effet lors d'un vote organisé hier midi en assemblée générale : 216 votants se sont prononcés pour la poursuite du blocage, 192 contre, 31 se sont abstenus. Des résultats qui contredisent ceux de la consultation électronique organisée par mail jeudi et vendredi, où une écrasante majorité des 2 500 votants avait dit non au blocage... La présidence annonçait hier soir que les cours seraient maintenus ce mardi. À Bordeaux 3, enfin, l'AG a reconduit le blocage jusqu'à mercredi. En attendant, la passation de pouvoirs entre Singaravelou et le président Patrice Brun a lieu aujourd'hui.

Auteur : Catherine Darfay et Julien Rousset

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/article/545626/mil/4347448.html

  

*) La police mobilisée hier à Bordeaux 1

Après les crispations survenues lundi à Bordeaux IV, c'est Bordeaux 1 qui a vécu hier une rude journée. 5 h 45 : un coup de fil informe Alain Boudou, le président, que des étudiants du comité de mobilisation entament un blocage de la fac de sciences, montant, « pour certains cagoulés », des barricades de tables et de chaises. Ces étudiants se réclament de la courte majorité qui s'est dégagée lundi en faveur du blocage, au sein d'une assemblée générale de 400 personnes. La présidence fait de son côté valoir les résultats d'une consultation électronique menée jeudi et vendredi auprès des étudiants, où une large majorité des 2 500 votes exprimés a dit son refus du blocage. À leur arrivée sur les lieux, peu avant 8 heures, les étudiants de Bordeaux 1 trouvent un campus verrouillé, si bien que beaucoup d'entre eux rebroussent chemin. Quelques insultes fusent entre partisans et adversaires du blocage. Dans le même temps, la présidence fait appel, via la Préfecture, à la police, qui ouvre, en milieu de matinée, les accès de la fac. Cette intervention a lieu sous tension, mais sans heurts majeurs. En revanche, la présence de policiers, doublée de celle de vigiles, a choqué certains enseignants chercheurs. Et les relations paraissent plus dégradées que jamais entre le comité de mobilisation et la direction de l'université. Direction dont les membres ont dénoncé hier soir une « escalade [...] inadmissible » et assuré que le blocage a « été conduit par une partie significative de personnes extérieures à Bordeaux 1 ». Bref, dans l'action comme dans le ton, le désaccord se radicalise.

--- Référendum annulé

Par ailleurs, une cinquantaine d'enseignants et d'étudiants de Bordeaux 3 ont investi, hier matin, le rectorat, cours d'Albret, avant d'être délogés par la police. Leurs revendications : le retrait de la masterisation et de la réforme du statut des enseignants-chercheurs. Une poignée de ces manifestants a été reçue par le secrétariat général du rectorat. Enfin, on a appris, hier soir, l'annulation du referendum à bulletins secrets qui devait se tenir cet après-midi à Bordeaux IV. Sa légitimité était contestée par le comité de mobilisation et par les enseignants-chercheurs, réunis hier midi. L'assemblée générale organisée aujourd'hui à la fac de droit et de sciences-éco s'annonce houleuse, d'autant que le président Jean-Pierre Laborde, critiqué à la fois par les bloqueurs et les anti-bloqueurs, semble de plus en plus isolé. Auteur : Julien Rousset http://www.sudouest.com/gironde/actualite/bordeaux/article/546865/mil/4354740.html

 

*) UNIVERSITÉ. Vive tension hier à Pau entre des étudiants et le président. Le climat se tend aussi à Bordeaux

À Pau, Jean-Louis Gout sort les poings - Jean-Louis Gout. (photo luke laissac)

L'assemblée générale des étudiants de l'université de Pau s'est déroulée dans une tension extrême hier. Les 1 564 étudiants ont voté en majorité contre le blocage (922 contre ; 573 pour) puis il a été question de blocage partiel mais ce vote s'est déroulé dans le flou. Le président Jean-Louis Gout en a profité pour monter à la tribune, furibard. Il n'a pas eu le moyen de rappeler que l'assemblée générale n'était pas autorisée et que les cours devaient reprendre ; on lui a pris le micro. Du coup, il a montré les poings et menacé des étudiants avant d'être ceinturé. « Démission! démission! » ont scandé les étudiants. Hors de lui, Jean-Louis Gout s'est mis en retrait. « Je veux que les cours continuent. J'avais proposé une alternative, on est en train de fusiller l'année », confie-t-il. Il reconnaît s'être emporté. « En 1998, j'ai fini à l'hôpital et, sur les terrains de rugby, on m'appelait le détonateur. Je n'ai pas un caractère de grande souplesse. » Rappelons que l'université de Pau avait rouvert la semaine dernière, au terme d'un vote en assemblée générale, après un très long blocage de plusieurs semaines depuis le 11 février. Si la fermeture de l'université persistait, le deuxième semestre pourrait être purement et simplement annulé. La date limite pour terminer tous les examens, repêchage compris, est en effet fixée à la fin juin.

--- Évacuation à Bordeaux 1

À Bordeaux, le climat s'est également tendu hier entre étudiants et responsables de l'université. À Bordeaux 1 (sciences), le président a fait appel à la police pour évacuer des étudiants qui avaient bloqué les locaux après un vote obtenu de justesse en assemblée générale. La présidence avait de son côté organisé, quelques jours avant, un vote électronique dont les résultats étaient au contraire largement en faveur de la reprise. À Bordeaux 4 (droit), des étudiants ont bloqué une partie des amphithéâtres et salles de cours, mais les travaux dirigés ont lieu. Enfin, Bordeaux 3 (lettres) est toujours bloquée et une assemblée générale se déroule aujourd'hui pour décider de la suite à donner au mouvement. Des étudiants de cette université ont d'ailleurs tenté hier de pénétrer dans le rectorat de Bordeaux.

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/547254/mil/4351333.html

 

*) PROTESTATIONS DANS LES FACS. Le mouvement de protestation contre la réforme des universités continue. La situation est très tendue à l'université de Pau tandis qu'à Bordeaux étudiants et enseignants ont occupé les locaux du rectorat ce matin...

Le président de l'université de Pau a voulu en découdre avec certains étudiants

Jean-Louis Gout (PHOTO ARCHIVES SO) Le président de l'université de Pau et des pays de l'Adour, Jean-Louis Gout, est intervenu à la tribune de l'assemblée générale des étudiants qui s'est tenue mardi après-midi sur le campus de Pau et qu'il n'avait pas autorisé. Les étudiants lui ont pris le micro avant qu'il ne puisse s'exprimer; il a voulu en découdre avec certains étudiants. Il a été ceinturé par des enseignants dans un climat de tension extrême. Les étudiants ont alors scandé "Démission, démission." Le vote a confirmé la levée du blocage intervenue jeudi dernier mais des blocages partiels étaient à l'ordre du jour. C'est ce qui a mis le feu aux poudres.

--- Bordeaux. Une cinquantaine d'étudiants et d'enseignants chercheurs de Bordeaux 3 ont occupé ce matin les locaux du rectorat, cours d'Albret à Bordeaux.Ils ont été délogés par la police en milieu de matinée, sans heurts mais "dans la tension"; une délégation de ces manifestants a par ailleurs été reçue par le secrétaire général du rectorat. Des étudiants ont bloqué, tôt ce matin, les accès à l'Université Bordeaux 1 (sciences et maths). La Présidence a fait appel à la police qui a démantelé dans la matinée les barrages installés aux entrées des bâtiments.Les cours ont repris, mais une partie des étudiants avait déjà rebroussé chemin.

--- Paris. Les ministères de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur ont précisé mardi dans un communiqué les thèmes des groupes de travail qui vont être mis en place dans le cadre du processus de concertation sur la réforme de la formation des enseignants. Une "commission de concertation" sur la réforme sera mise en place, coprésidée par Daniel Filâtre, président de l'université Toulouse-II, et William Marois, recteur de Bordeaux.

--- Rennes. Le président de l'université de Rennes 2 Marc Gontard a annoncé mardi la fermeture administrative "jusqu'à nouvel ordre" de l'établissement, invoquant notamment les problèmes de sécurité sur le campus. Lundi, une nouvelle assemblée générale de près d'un millier de personnes, qualifiée de "sauvage" par le président de l'université, a de nouveau voté un blocage total de l'établissement. Et mardi matin, les étudiants et personnels arrivant sur les lieux se sont trouvés confrontés à "environ 150 bloqueurs, dont certains cagoulés ou armés de bâtons", a déclaré M. Gontard. "La situation était très tendue et dangereuse, on ne peut pas continuer comme ça", a-t-il dit.

--- Nantes. L'assemblée générale des étudiants de l'université de Nantes a voté mardi la levée du blocus de l'institution, instauré depuis plus de huit semaines mais qui avait progressivement perdu de son ampleur.Lors de l'assemblée générale, qui a réuni près de 2.000 étudiants, 660 personnes se sont prononcées contre le blocage total, 556 personnes pour, et 148 ont demandé un blocage partiel. Un vote salué avec des hourras et des applaudissements dans le gymnase où étaient réunis les étudiants. Si l'Unef a reconnu ce vote, Sud-Etudiants a appelé à continuer le mouvement, estimant qu'il fallait ajouter aux partisans du blocus total des voix qui se sont exprimées pour un blocus partiel.

--- Lyon. Une cinquantaine de personnes, étudiants et personnel de l'Université Claude Bernard Lyon I, occupaient depuis 11H00 mardi les bureaux du président de l'Université et de la Conférence des présidents d'université (CPU), Lionel Collet, a-t-on appris auprès d'un manifestant. "Nous voulons protester contre l'attitude de la Conférence des présidents d'université, nous voulons qu'elle soutienne plus le personnel et les étudiants et nous comptons rester au moins l'après-midi", a déclaré à l'AFP Damien Calaque, maître de conférence en mathématiques, non syndiqué, joint par téléphone. Auteur : Agences SO et AFP

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/546114/mil.html

 

*) BORDEAUX 3. Singaravelou quitte la présidence de la fac. Retour sur un parcours étonnant

De Pondichery à la fac de Bordeaux - La passation de pouvoir a eu lieu hier entre Singaravelou et Patrice Brun. (Photo Stéphane Lartigue)

Lire aussi » Deux successeurs

Même Patrice Brun, qui lui succède aujourd'hui à la tête de Bordeaux, le reconnaît : « C'est un personnage. » En effet. Son nom, Singaravelou, annonce la couleur. Ne point avoir de prénom lui a valu des tas d'ennuis quand il devait prendre l'avion et des interrogations permanentes. Il a fallu un décret au « Journal officiel » pour formaliser la chose, héritée de la tradition tamoule à laquelle il avait juré d'être fidèle à 17 ans. Ses collègues universitaires ont fini par s'y faire. Qu'un coup de Google le confonde aujourd'hui avec son fils Pierre ne fait que le flatter : « C'est un historien qui publie beaucoup ! »

Lui est géographe. Et restera le seul président d'université de religion hindouiste, ce qui ne suffit pas pour autant à résumer une carte de visite. De toute façon, le jeune homme de Pondichery qui faisait ses études au lycée français de cet ancien comptoir situé dans le Tamil Nadu, n'était parti ni pour la géo ni pour la carrière universitaire. Bac en poche, il avait décroché une bourse pour faire de la physique-chimie à Montpellier. C'est la rencontre, en Inde, avec Guy Lasserre, le grand spécialiste bordelais de géographie tropicale, qui a décidé de son destin, en 1962. « J'ai eu un coup de foudre pour la géographie et me suis retrouvé en prépa à Camille-Jullian. Un bonheur. Mon regret, c'est que Bordeaux ait perdu son titre de capitale de la géographie tropicale, spécialité désormais plus dispersée alors que jusqu'à il y a peu, on faisait jeu égal avec Paris », dit aujourd'hui le tout neuf ex-président.

--- Dans les îles

Après ce premier contact bordelais, voilà notre Indien de France aux Antilles pour douze années d'enseignement et de recherche. L'université des Antilles-Guyane était alors rattachée à celle de... Bordeaux et Singaravelou a été de ceux qui lui ont donné son autonomie dans les années 70. Le géographe y a en outre établi une spécialité sur les îles, dont il a publié plusieurs atlas.

Bref, un vrai parcours de mondialisé avant l'heure ! « Justement, dit-il, la mondialisation n'est que la radicalisation de phénomènes anciens. Les contacts et les échanges internationaux sont à l'origine du monde dont l'enfermement signerait la mort », glisse-t-il. De retour à Bordeaux en 1983 pour diriger le centre de géographie tropicale, Singaravelou a rapidement pris des responsabilités, au conseil scientifique dont il a été vice-président. Mais aussi en proposant un DEA et des sujets de thèse sur le développement durable... « C'était il y a quinze ans et tout le monde s'est moqué de moi ! », se souvient-il.

--- Trois crises

En 2004, le voilà candidat à la présidence. Et élu dès le premier tour alors que le scrutin exigeait à l'époque que les trois conseils de l'université, soit 40 personnes, se mettent d'accord... C'est après que ça s'est gâté. Les uns lui reprochent une gestion nonchalante des affaires, d'autres un carriérisme qui le conduirait à l'immobilisme, voire aux contorsions pour se maintenir au pouvoir, l'an dernier. Lui renvoie en guise de bilan aux trois crises qu'il a essuyées, du CPE au mouvement actuel en passant par la LRU l'an dernier. Bordeaux 3 étant par tradition la fac la plus prompte à se mobiliser - et à faire durer les blocages - il lui a fallu prendre des décisions contestées. Son mandat s'achève en plein blocage. Il soupire : « Ma plus grande crainte, c'est que, pour l'an prochain les étudiants aillent s'inscrire soit dans les grandes écoles, soit à l'étranger, à force de voir leur année écourtée. Par ailleurs, je veux bien croire que certains décrets de la LRU aient été mal écrits et mal présentés, mais je suis pour une réforme qui donne davantage d'autonomie aux facultés. Il n'y a pas pour autant à avoir peur des présidents d'université : ils sont élus, entourés d'un conseil d'administration et des contre-pouvoirs peuvent être installés. »

--- Un style paisible

Pour le reste, il fait valoir la réduction du nombre d'UFR (unités de formation et de recherche) pour se mettre en ligne avec le PRES (lire par ailleurs) et un style de relations paisibles qui correspond à sa nature. Une chose est sûre : le géographe reviendra avec bonheur à ce dont les responsabilités l'ont tenu éloigné pendant cinq ans : l'enseignement, d'abord, et aussi les recherches sur la diaspora indienne et sur la géographie des religions. Il accueillera en mai à Bordeaux le congrès de l'agence universitaire francophone qu'il vice-préside et sera le prochain gouverneur du Rotary. « Oui, je sais, ce n'est pas très populaire comme activité. Mais c'est ma nature ». Décidément...

--- Deux successeurs

Patrice Brun. (Photo S. L.) Bordeaux 3... C'est Patrice Brun qui préside désormais la fac de lettres et de sciences humaines (14 000 étudiants). Ce spécialiste de l'histoire de la Grèce antique avait été l'an dernier le chef de file de la liste alternative PAR. Il a cette fois été élu par le conseil d'administration à la majorité, dès le premier tour. C'est désormais à lui de constituer une équipe dirigeante. et le pres Les quatre facs bordelaises, et les quatre grandes écoles sont associées au sein du Pôle de recherche et d'enseignement supérieur (PRES) désormais identifié comme « Université de Bordeaux ». La présidence du Pres revient à tour de rôle à chaque président des structures fondatrices. C'est ainsi que Singaravelou a succédé l'an dernier à Bernard Begaud, l'ancien président de Bordeaux 2. Aujourd'hui, au Pres, il passera le témoin à Alain Boudou, président de Bordeaux 1. Ce n'est donc pas lui qui recevra Valérie Pécresse lorsqu'elle viendra apporter la participation de l'État au Plan Campus. La venue de la ministre de l'Enseignement supérieur était annoncée dans la foulée de ses visites à Lyon et à Strasbourg mais l'accueil reçu dans cette dernière ville a fait qu'elle n'a guère envie de se précipiter à Bordeaux. Auteur : Catherine Darfay c.darfay@sudouest.com

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/bordeaux/article/546737/mil/4351303.html

 

*) BÈGLES, PIQUE-NIQUE CITOYEN. Une centaine de personnes se sont mobilisées hier pour la défense de l'école publique. Avec l'intention de ne pas en rester là...

Mobilisation pour l'école

Noël Mamère a affirmé son soutien au Collectif béglais de défense de l'école publique et dénoncé un projet de réforme qu'il juge « scandaleux ». (photo dr) «Je suis présent sur ce front en tant que maire et en tant que parlementaire. » La semaine dernière Noël Mamère signait la pétition du Collectif béglais de défense de l'école publique. Il pourra désormais porter le gilet jaune fluo des membres du collectif qui lui a été offert mardi. En début de soirée, une centaine de personnes a participé à un pique-nique citoyen organisé dans les jardins de la mairie. Une délégation du collectif a été reçue pendant plus d'une heure dans le bureau du maire.

--- Des banderoles à la mairie

Il s'agissait de présenter les actions menées depuis plus d'un mois sur la commune et de lui demander un soutien accru au mouvement local (la Gironde fait partie des départements les plus mobilisés). Au niveau national, l'aide du député pourrait également s'avérer précieuse afin d'alerter l'opinion publique sur les dangers annoncés des réformes en cours. Pour l'occasion, la mairie a accepté que le collectif installe ses banderoles sur les grilles de l'hôtel de ville. On pouvait y lire notamment : « économiser + régresser = réformer l'éducation selon Darcos ». Le premier magistrat a rappelé qu'il avait « déjà écrit au recteur sur la question des RASED » (réseau d'aide aux enfants en difficulté) et était « intervenu dans de nombreuses émissions », citant l'exemple de l'éducation pour illustrer « l'abandon du rôle régalien de l'Etat ». Selon lui, « l'éducation n'est plus une priorité nationale. A chaque occasion qui m'est donnée dans les médias, je reviens sur ce sujet, sur le recul des aides autour de l'école, l'aide au devoir, mais pas seulement, tout ce qui peut permettre le rattrapage des inégalités. Cette réforme est scandaleuse à tous les niveaux, pour l'université, pour la formation des maîtres. » Dans le but de se faire entendre, les enseignants prévoient des actions plus fortes dès la rentrée des vacances de printemps (blocages d'écoles, grève reconductible avec les sacrifices financiers que cela comporte, etc).

--- Engagements communs

Cependant, le collectif des parents, enseignants, personnels municipaux et acteurs du monde associatif a souligné la nécessité d'un « forcing » commun et d'une « poussée politique » pour une « prise de conscience plus grande dans l'opinion » de ce qui se trame actuellement. Suivant la préconisation du collectif béglais, Noêl Mamère va initier un rendez-vous collectif des maires de la CUB avec le recteur d'académie. Il a également lancé l'idée d'une conférence de presse avec ses collègues de l'agglomération. Les collectifs girondins (Sauvons l'éducation 33, Parents en colère, etc.) seront consultés afin de rédiger ensemble une question qui sera ensuite posée au gouvernement et au ministre Xavier Darcos à l'Assemblée nationale. Il a aussi été question d'une proposition de loi émanant du groupe parlementaire auquel appartient le député de la Gironde, même si elle a peu de chance d'aller jusqu'au débat dans l'hémicycle. Enfin, il a été convenu d'organiser un café citoyen des Verts dans la circonscription, puis une grande réunion publique sur l'école avec des invités de tous horizons géographiques, politiques et professionnels. Elle pourrait avoir lieu sur la commune avant l'été. Frédéric Descoubes

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/rive-gauche/article/555572/mil/4387768.html

 

*) ÉDUCATION. Enseignants et parents d'élèves de Pierre-Dufour continuent leur combat pour garder leur employée de vie scolaire

La colère monte à l'école

Sandrine Boinot, EVS à Pierre-Dufour, lors de la création du collectif national, à Paris. (photo L. P.) Depuis plusieurs semaines, enseignants, élus, syndicats et parents d'élèves se mobilisent dans toute la France pour sauver leurs EVS (emploi vie scolaire), dont les contrats doivent prendre fin en juin. À la consternation générale. À Pierre-Dufour, Jean-Philippe Lambert, le directeur, témoigne : « Sandrine Boinot, notre EVS, reçoit les appels des parents, des partenaires, de l'inspection, accueille les visiteurs, prépare les plannings, les dossiers, les factures, assure le secrétariat. Au bout de trois ans, elle connaît parfaitement les familles, les procédures et arrive désormais à anticiper nos demandes. » Leur importance dans la vie de l'école vient d'ailleurs d'être reconnue, puisque leur poste ne disparaît pas, comme annoncé au départ, mais devrait être proposé à des chômeurs de très longue durée, dès la rentrée. « En juin, résume Sandrine, nous serons mises au chômage et notre poste sera ouvert... à d'autres chômeurs ! Mais pas à nous, qui sommes formées et opérationnelles. C'est absurde ! En outre, quand nous avons signé ces contrats, il y a trois ans, ils étaient présentés comme un tremplin vers un emploi pérenne, avec formation et suivi. Mais nous n'avons reçu aucune formation, aucun suivi n'a jamais été effectué, et nous n'avons même pas droit à la valorisation des acquis de l'expérience, qui nous aurait donné un statut d'agent administratif, puisque la VAE ne concerne que les temps pleins (Ndlr : les EVS sont à temps partiel, soit 26 heures par semaine). « Aucune promesse n'a été tenue. Nous avons fait nos preuves et on nous jette à la rue. Nous sommes très en colère. » Pour garder leur emploi, les EVS se sont organisées : création d'un collectif national qui s'est réuni à Paris le 4 mars dernier, lettres et demandes d'audience aux élus et au gouvernement, questionnaire et pétition auprès des familles, etc. Les EVS de Gironde devraient être reçues par le préfet début mai : « Nous voulons lui demander de pouvoir bénéficier, dès septembre, du nouveau contrat unique d'insertion (CUI), qui sera mis en place en janvier et qui nous permettrait de postuler à nos propres postes. »

--- Importance sociale

Car si, à terme, elles visent des CDI à 35 heures et un salaire décent, pour l'instant, le combat est focalisé sur leur maintien dans l'emploi : « Nous gagnons 800 euros par mois, mais ne revendiquons même pas des conditions de salaire décentes. Pour 70 %, les EVS sont des femmes seules ou avec enfants. Ce travail, plus qu'un salaire, c'est un statut, une place dans la société, un rempart contre la précarité qui nous guette. » Et devant les réponses des ministères, qui se renvoient la balle, le pôle emploi qui ne connaît pas leur métier, les complications administratives propres à chaque contrat, certaines sont aujourd'hui prêtes à tout. Auteur : Laurence Pérou http://www.sudouest.com/gironde/actualite/libournais/article/554209/mil/4381960.html

 

*) AMBARÈS-ET-LAGRAVE, ÉDUCATION. Mobilisation dans trois écoles contre les suppressions de classes et de postes Rased

Parents en colère - Manifestation matinale à François-Auboin.( photo d. g.)

Élus, parents, enseignants et la FCPE de François-Auboin, de La Gorp et de la maternelle du Bourg viennent de manifester leur mécontentement devant la suppression des classes et des postes du Rased, prévue pour la prochaine rentrée scolaire. C'est dans un bruit de casseroles et sous les banderoles des « parents en colère », qu'ils ont envahi les trois écoles publiques ambarésiennes. À l'école François-Auboin, les parents ont expliqué leur présence aux enfants et retardé d'une demi-heure la rentrée matinale. Michel Héritié, le maire, et les parents des autres écoles sont venus dénoncer la suppression des postes Rased et l'augmentation des effectifs d'élèves induite par la suppression de classes. À La Gorp, les parents ont condamné symboliquement les portes des classes avec du ruban adhésif durant une heure. Puis, une quarantaine de parents ont envahi la maternelle du Bourg pour protester là aussi, contre la suppression d'une classe. Dans cette école, les parents ont fait sonner la cloche de récré une demi-heure plus tôt. L'adjoint au maire, Alain Casaurang, déclarait : « Nous en sommes maintenant aux conséquences de la politique actuelle, ainsi fermeture annoncée d'une classe à la maternelle du Bourg et à école élémentaire Victoire et celle de François-Auboin, auxquelles s'ajoutent, un poste spécialisé fermé en Rased et une perte de 40 heures sur la dotation globale horaire au collège Claude-Massé, soit l'équivalent théorique de deux postes ». Auteur : Denis Garreau http://www.sudouest.com/gironde/actualite/rive-droite/article/550756/mil/4366283.html

 

*) ÉDUCATION. L'école primaire, classée en ZEP, est occupée par les parents d'élèves, mobilisés contre la suppression de postes

Colère aux Menuts - Hier matin, devant l'école des Menuts, les parents mobilisés contre la réforme Darcos.( PHOTO éric DESPUJOLS) «A qui profite le flou ? », questionne Nathalie, mère de deux enfants en classe de maternelle et élémentaire des Menuts, dans le quartier Saint-Michel. « Même les enseignants ne savent pas à quoi ressemblera la rentrée prochaine, qui assurera les remplacements ? Des chômeurs ? On sait juste qu'ils seront recrutés par l'ANPE et n'auront aucune formation spécifique liée à la petite enfance. » Le mouvement de grogne généralisé contre la réforme de l'enseignement Darcos se poursuit, l'école des Menuts, classée en zone d'éducation prioritaire, n'y échappe pas. Une quarantaine de parents d'élèves ont occupé l'établissement scolaire hier, pour manifester contre la suppression de cinq postes à la rentrée prochaine.

« Nous avons su en septembre, par les enseignants, que cette réforme nous toucherait et qu'elle ne serait pas ordinaire, poursuit Nathalie. Début février, la liste des postes supprimés était entre nos mains. »

--- Tradition d'accueil

Sur les cinq postes conduits à disparaître, il y a deux Rased (réseau d'aides spécialisées aux élèves en difficulté), un poste d'instituteur remplaçant, et deux administratifs, dont un s'occupe d'enfants ayant des difficultés de lecture. Frédéric, père de trois enfants, également mobilisé pour défendre l'école, précise : « Ici, il y a une tradition d'accueil de la population étrangère. Les enfants arrivent de l'étranger pour être scolarisés, parfois pour la première fois. Ils ne parlent pas français, leur famille ne parle pas français. Ils ont besoin d'une aide spécifique. Ils apprennent ici. À terme, les maternelles seront supprimées pour être remplacées par des jardins d'enfants, sans projet pédagogique. Quelle régression. » L'école des Menuts se réunit avec les écoles en occupation de la rive droite. Selon les parents, l'occupation va durer. « Nous n'allons pas nous arrêter là. Nous avons réalisé un référendum à l'intérieur de l'école pour continuer l'opération. Le oui a été massif. »

Auteur : Isabelle Castéra i.castera@sudouest.com

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/bordeaux/article/550399/mil/4368375.html

 

*) GRÈVE. Après s'être rassemblés place du marché, les manifestants sont allés à l'Inspection départementale de l'académie

Les enseignants « en relais » des parents Les enseignants grévistes, parents d'élèves et enfants sont mobilisés ensemble notamment pour le maintien du Rased (PH. D A) « Cette journée de grève est un relais de l'action menée par les parents contre la suppression du Rased (1) mais pour nous il n'y a pas que ça », déclaraient, hier à midi, des enseignants rassemblés sur la place François-Mitterrand. Ces grévistes sont issus d'écoles occupées par les parents depuis la semaine dernière. Il s'agit de l'élémentaire de Jean-Jaurès et de René-Cassagne dans lesquelles il y avait respectivement « un tiers » et « une moitié » d'enseignants grévistes. L'école Camille-Maumey, où les parents animent tous les soirs des rencontres, comptait « un quart » de maîtres en grève. Au total, ce mouvement bon enfant a rassemblé une centaine de personnes, dont le maire Alain David qui a communiqué notamment le courrier qu'il a adressé au recteur.

L'élu a sollicité auprès de ce dernier une audience, en compagnie d'une délégation de parents d'élèves, pour défendre le maintien du Rased et des postes susceptibles d'être supprimés alors que les prévisions d'effectifs sont à la hausse.

--- Réunion décisive hier soir

Hier, les grévistes disaient « vouloir profiter de cette journée pour discuter des suites à donner » avec leurs collègues. « Dans une enquête réalisée auprès des enseignants des écoles élémentaires de Cenon, Floirac, Lormont et Artigues-près-Bordeaux, 95 professeurs des écoles, sur 119 retours de questionnaire, se disent favorables à une grève reconductible ». Le sujet devait être débattu en assemblée générale, hier soir, à la Maison des associations et si une telle action devait être engagée ce ne serait vraisemblablement qu'après les vacances de Pâques. Les parents d'élèves reprennent ce matin leur mouvement d'occupation des écoles Jean-Jaurès et René-Cassagne. (1) Réseau d'aides spécialisées aux élèves en difficulté. http://www.sudouest.com/gironde/actualite/rive-droite/article/549419/mil/4362341.html

 

*) La peur d'un « enseignement à deux vitesses »

Le Parti socialiste organisait une réunion publique. (photo L. P.) La section locale du Parti socialiste tenait, jeudi dernier, une réunion publique sur le thème : « L'école publique est en danger ». Face à un public quelque peu clairsemé, composé d'élus, d'enseignants, de parents d'élèves, de responsables syndicaux et de membres du collectif « Sauvons l'école 33 », six intervenants spécialistes de l'école (instituteur remplaçant, professeur d'université ou de lycée, étudiant et chercheur), sont venus faire un constat amer : « Nous sommes face à une idéologie de droite qui impose sans complexe une logique violente de rentabilité aux services publics. Mais, une nation qui n'investit plus dans son école n'a pas d'avenir. » Les exemples cités sont nombreux et concrets : « suppression de 3 000 postes de Rased, qui prenaient en charge les élèves les plus en difficulté, suppression annoncée de l'école maternelle au profit de jardins d'éveil publics ou privés, et dont la qualité dépendra des moyens financiers mobilisables. Suppression de postes au collège (plus de remplaçants prévus mais des vacataires sans réel statut, sans formation pédagogique et payés moins cher). Au lycée, suppression de la plupart des CAP et création d'un bac pro en trois ans (quatre auparavant) : pas assez de CAP, un bac pro inaccessible pour beaucoup, près de 140 000 élèves sortiront de l'école sans aucun diplôme.

À l'université, dissociation de l'enseignement et de la recherche, désormais dictée par des applications industrielles et qui fonctionne sur le modèle de l'entreprise, selon des critères de performance immédiate. Quid de la recherche fondamentale ou de la recherche en sciences humaines ? Au final, l'école ne donnera plus les mêmes chances à tous. Nous allons vers une école à deux vitesses, les plus riches trouvant toujours des solutions. Et les autres ?

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/libournais/article/554237/mil/4381954.html

 

 

*) BORDEAUX. Étudiant sans titre de séjour à Bordeaux IV, Mamadou a fait hier l'objet d'un parrainage républicain. Il est soutenu par toute la fac

Avec mention, mais sans papiers

Mamadou a été parrainé par Natalie Victor-Retali (conseillère municipale communiste à Bordeaux), par un enseignant et une étudiante. (photo thierry david) Parrainages en série à la veille du vendredi saint. Sauf que, sur le parvis de l'IUT Renaudel, à Bordeaux, il s'agit de parrainages républicains, avec élus de gauche offrant leur protection symbolique à des familles kosovare, azéri ou russe qui se retrouvent sans papiers après avoir dû quitter leur pays.

Ces familles-là ont des enfants qui vont à l'école de la République où, quand leur condition est connue, parents et instits se mobilisent à coup de pétitions et de démarches administratives jusqu'à l'organisation de ces parrainages en série lancés par RESF. Mamadou, lui, a largement passé l'âge du goûter offert aux plus jeunes filleuls. Il est venu avec ses copains et ses enseignants de Bordeaux IV, où une pétition de soutien a déjà récolté un millier de signatures. Car Mamadou est un étudiant comme les profs aimeraient en voir plus souvent. Assidu, bûcheur et déterminé à obtenir un mastère en ressources humaines pour retourner travailler dans son pays, le Sénégal. « Je ne peux pas rentrer les mains vides : j'ai toujours été premier de la classe. J'ai même obtenu, après mon bac, une bourse d'excellence du gouvernement sénégalais. Tant qu'à faire, je suis venu étudier en filière administration économique et sociale (AES) à Bordeaux, ce qui n'était pas forcément mon projet initial. Mais je me suis bien accroché les deux premières années. »

--- Sans ressources

Mais voilà. Déjà modeste (297 ? par mois), la bourse ne tombe pas avec la régularité souhaitée. Et le père de Mamadou, ingénieur agronome employé par une organisation non gouvernementale, n'a plus de chantier en vue. En 2005-2006, l'étudiant se retrouve avec sept frères et soeurs à aider. Obligé de travailler. « Du coup, j'ai raté ma licence. Et l'année suivante, je suis revenu trop tard des vendanges pour m'inscrire. » Encore une année blanche. Sans bourse, évidemment. Et sans titre de séjour non plus. Mais avec angoisse, assurément.

L'an dernier, Mamadou a pu s'inscrire en bonne et due forme mais la licence lui a échappé de quelques dixièmes de point. Cette année, il s'y est remis pour de bon. Son père peut à nouveau l'aider financièrement. Sans obligation de travailler, il a réussi ses partiels avec mention assez bien. Les examens finaux ont lieu en mai. Mais l'angoisse demeure. Le jeune homme a reçu en octobre un arrêté d'expulsion. Un premier appel a été rejeté le 18 mars. Un recours en appel a été déposé par son avocate auprès de la cour administrative d'appel, mais il n'est nullement suspensif. Parfois, Mamadou va en cours avec la peur au ventre. Il a fini par raconter son affaire aux enseignants. « On a déjà connu ce genre de cas, qui se règle habituellement par une lettre du président de l'université au Préfet. Cette fois, il n'y a pas eu de réponse, alors que Mamadou est un étudiant très méritant. Y aurait-il durcissement ? » constate l'un d'eux, amer... Auteur : Catherine Darfay http://www.sudouest.com/gironde/actualite/article/556395/mil/4389926.html

 

 

*) CENON, ÉCOLE RENÉ-CASSAGNE. Les parents d'élèves poursuivent leur mouvement d'occupation. Leurs témoignages s'ajoutent à ceux des enseignants spécialisés

Ils s'accrochent au Rased - Corinne Dupré, la directrice (à gauche), compose avec les parents envahisseurs (PHOTO D A) Un point de la réforme Darcos, le ministre de l'Education nationale, touche particulièrement Cenon. Il s'agit de la suppression de six postes d'enseignants du Réseau d'aides spécialisées aux élèves en difficulté (Rased). Parmi les parents d'élèves de la rive droite mobilisés depuis novembre, notamment contre cette mesure, les Cenonnais ont durci leur action en occupant en milieu de semaine dernière trois écoles élémentaires (« Sud Ouest » de vendredi). « L'inspecteur d'académie est venu ce matin nous tirer l'oreille parce qu'on avait empêché le déroulement des cours vendredi », confie un petit comité d'accueil de parents qui en était hier à son troisième jour d'occupation de l'école René-Cassagne. Le mouvementest plus aigu ici que dans la voisine de Jean-Jaurès et Camille-Maumey. « Sur 217 élèves, 50 sont en difficultés scolaires, 48 sont pris en charge par le Rased », explique Linda.

--- Concierge, secrétaire

Cette maman poursuit : « Dans la classe de mon fils, en CE1, ils sont huit dont lui. Il est suivi depuis la maternelle et cette année, il y a du mieux, il est le premier à s'en réjouir. Avant il faisait un blocage sur l'école, il boudait, il n'arrivait pas à se concentrer ». Dans leur rôle d'occupants, les parents font tout. En possession d'une clé, ils filtrent les entrées, « campent » alternativement dans la cour de récréation, les locaux administratifs, répondent au téléphone de l'école, ne passent la communication à la directrice qu'en cas d'urgence ». « L'occupation est sur une durée indéterminée, annonce Thierry Nativel- Fontaine. Nous avons adressé un questionnaire aux familles, 79 sont favorables à l'occupation, 3 sont contre ». Une chose est sûre, les parents ne battront pas retraite « au moins tant que le recteur d'académie ne nous aura pas reçus nous et le maire de Cenon ». Ils tiennent impérativement à cette rencontre parce qu'ils sont convaincus que « les décideurs ne mesurent pas les conséquences que la suppression des Rased aura sur les enfants, les familles ». Maryline, une maman, témoigne : « Nous le savons de la bouche de l'inspecteur d'académie, la décision a été prise sans qu'il y ait eu d'évaluation ».

--- « L'enfant, la personne »

Les trois enseignants du Rased apportent un éclairage allant dans le même sens : « L'aspect qualitatif n'apparaît nulle part. Prenons l'exemple du bilan de fin d'année, la seule question que l'on nous pose porte sur le quantitatif ».

Ces professeurs des écoles, qui font par choix, par goût, par conviction une année de spécialisation pour venir en aide à des enfants en difficultés scolaires à l'origine desquelles on trouve « des troubles psychoaffectifs ». « Nous travaillons la prise en compte de l'enfant en tant que personne, l'enfant dans sa singularité », soulignent ces enseignants insistant sur « le travail d'équipe » avec leurs collègues des classes, la psychologue, les parents ». « Chaque semaine, nous avons deux heures de synthèse », ajoutent-ils. Cette aide, qui se fait dans le temps scolaire, par petits groupes, dans une salle différente de la classe, les parents savent la mesurer. Le visage de Malika, cette ex-championne de France de cross- country, en dit long sur ce qu'elle en retire : « Mon fils qui est en CM2 avait des difficultés en maths et en français, maintenant ça va, il n'a plus besoin du Rased. Je sais que, comme lui, beaucoup d'enfants se sentent à l'aise, reprennent confiance en eux ». « Ce n'est pas une question d'intelligence ». Auteur : dominique andrieux

d.andrieux@sudouest.com http://www.sudouest.com/gironde/actualite/rive-droite/article/545692/mil/4347586.html

 

*) POLITIQUE. La section locale a décidé de réanimer le débat citoyen. Première jeudi, avec l'école au menu

Le PS du Cubzaguais sort de sa réserve - De gauche à droite, Jean-Marie Loubradou, Ludovic Mansuy, et Célia Monseigne. (photo s. v.) Les socialistes du Cubzaguais, soulignant leur « visibilité » lors des élections », avaient noté leur « participation couronnée de succès aux résultats locaux que l'on sait ». Était-ce suffisant ? Plusieurs militants, dont le secrétaire de la section, Jean-Marie Loubradou, ont pensé que non. Avec, dans l'idée, de réanimer le débat local, en y participant fortement. Mais avec l'envie toute aussi forte de sortir du cercle interne des militants, des convaincus d'avance, pour aller au-devant des gens en général, des professionnels, des usagers, qui pour n'être pas tous engagés dans l'action politique, n'en restent pas moins disponibles pour le débat, pour l'échange. Bref, le PS Cubzaguais a décidé d'ouvrir la porte, et les fenêtres. Conforme en cela à des initiatives nationales ou fédérales. Mais avec le souci du plaisir partagé.

--- « Écouter les gens »

« Nous avons certes des choses à dire, en tant que socialistes, mais nous avons aussi à confronter nos idées, nos opinions, avec tous ceux qui le veulent bien. Nous avons aussi à écouter ce que disent les gens », confirmaient Jean-Marie Loubradou et Ludovic Mansuy, en préparant le planning des futures soirées débat dont ils cherchent encore le nom. C'est avec des rencontres sur l'éducation, l'école, l'enseignement public et son avenir, que Célia Monseigne ouvrira le bal demain. Adjointe au maire de Saint-André et secrétaire fédérale à l'Éducation, elle sera dans son élément. Tout comme les intervenants invités : Philippe Sappaly, directeur d'école, Christian Sauce, professeur de français et délégué régional du Syndicat de l'enseignement technique, J.-P. Engelibert, universitaire bordelais, spécialiste de littérature comparée à Bordeaux III, et Valery Laurand (sur les enseignants-chercheurs), Jean-Louis Gallis, ancien vice-président de l'université de Bordeaux 1, et Loïc Harriet, étudiant. Tous débattront avec la salle. Au Mascaret, demain, à 20 h 30. Auteur : S. V.

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/blayais/article/546939/mil/4351380.html

 

*) ÉDUCATION NATIONALE. Un millier de parents d'élèves et d'enseignants hier sur le pont de pierre pour la Nuit des écoles

--- Des lumières de colère

Lumignons, flambeaux, lampes électriques ou téléphones ont éclairé la manifestation hier soir sur le pont de pierre à Bordeaux. (photo ASK)

Lire aussi » Manifestation aux flambeaux

La salle de jeux de l'école Jean-Jaurès sent vachement bon. Il est 19 heures à Cenon, on est mardi et l'école élémentaire est occupée depuis ce matin par des parents d'élèves. Comme Léon-Blum un peu plus loin, il y a quelques jours. Comme à Floirac, comme à Lormont. Des gilets jaunes qui veulent attirer l'attention du ministre de l'éducation, Xavier Darcos, dont ils contestent les mesures. Une cinquantaine de parents ont apporté gâteaux, boissons et détermination. Le maire socialiste Alain David passe soutenir la cause. Dans deux heures, ils rejoindront l'avenue Thiers puis le pont de pierre. Le mouvement est né à la fin de l'année sur cette rive droite. Le collectif des parents en colère a été rejoint par le collectif 33 des enseignants. Aujourd'hui, tout le monde est au sein de Sauvons l'éducation 33. Et, hier, c'est d'une cinquantaine d'écoles de toute l'agglomération et des deux rives que les parents et enseignants ont afflué. Un autre défilé lumineux éclairait Langon, un bal gascon se tenait à Cérons.

--- Rased et classes menacés

L'exemple de Jean-Jaurès à Cenon symbolise le tout : trois postes à disparaître sur le Rased (1), et une menace de fermeture de classe. « Trois ou quatre enfants sont concernés par le Rased dans chaque classe », explique Fatima Hda, déléguée FCPE. Pour la classe hypothéquée, l'incompréhension : « On compte 184 élèves pour neuf classes aujourd'hui », souligne Souad Atmani, autre mère d'élève. « On sait déjà qu'à la rentrée prochaine, ils seront 196 ! » « Il y a ici une moyenne de 21-22 élèves par classe et depuis quelques années un équilibre s'est créé, les enseignants restent », ajoute Mme Hda. Dans chaque établissement mobilisé pour cette Nuit des écoles, un apéro/pique-nique s'est déroulé en amont de la descente sur le pont. « Les mesures d'évaluation des élèves et de mise en concurrence des écoles soulèvent aussi l'indignation », précise Brigitte Lopez, directrice de l'école bordelaise de la Benauge. Il est 21 h 15 et le cortège rassemblé arrive sur la place Stalingrad. Parents, instits, mais aussi beaucoup d'enfants. Quelques élus, dont les maires PS de Floirac et Lormont, Conchita Lacuey et Jean Touzeau. On voit des profs des lycées lormontais des Iris et Élie-Faure.

--- Une heure sur le pont

La rive droite est un peu en avance. Au milieu du pont, les manifestants voient arriver de la place de la Bourse les collègues de la rive gauche. Aussi nombreux (500 environ), parents et enseignants sont accompagnés d'étudiants. « On bloque notre IUT et on est venus soutenir l'école », explique Géraldine, flambeau en main. 21 h 40. La jonction se fait au son des cornes de brume, des youyous et d'accordéons révolutionnaires. « C'est un beau symbole, ce pont de la réunion », souffle une mère lormontaise. « Il y a quelques semaines, on empêchait les jeunes de le traverser pour aller manifester. » 22 h 30. Les cortèges se disent au revoir. Les « rive gauche » ont des tentations de balade en centre-ville.

(1) Réseau d'aide spécialisée aux élèves en difficulté. Manifestation aux flambeaux Auteur : yannick delneste y.delneste@sudouest.com

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/article/539531/mil/4324101.html

 

*) « ECOLE, de la Maternelle à l’Université : Logique de ségrégation » par Dany Stive

Pourquoi l’école échapperait-elle au dogme ultralibéral du marché libre et non faussé ? Ce n’est évidemment pas dans ces termes crus que Nicolas Sarkozy et son ministre de l’Éducation, Xavier Darcos, font la promotion de l’abandon de la carte scolaire qui doit être achevé en 2010. Ils savent qu’il est plus prudent de se camoufler derrière la « liberté de choix » des parents pour casser cet instrument, tout imparfait qu’il soit, de la mixité sociale dans l’institution scolaire. Les experts européens de la très influente European Expert Network on Economics of Education, eux, n’ont pas à s’embarrasser de telles précautions : ils recommandent que les pays de la Communauté mettent en place au plus vite « des politiques introduisant la compétition, le libre choix et les forces du marché dans le système scolaire ». La mort programmée de la carte scolaire en France s’inscrit totalement dans cette logique. Il y a du machiavélisme à défendre, au nom de la liberté des choix et de l’égalité des chances, la suppression d’un outil qui joue, même imparfaitement, un rôle non négligeable dans le fragile équilibre de notre société. Les travaux de sociologues, d’historiens de l’éducation et autres spécialistes sont aujourd’hui nombreux pour dire et démontrer que la concurrence, étape logique suivant l’abandon de la carte scolaire, non seulement n’atténue en rien les inégalités mais les renforce. Les constats faits dans les pays d’Europe où cet instrument n’existe plus sont sans appel : il existe une forte corrélation entre le libre choix de l’établissement, la ségrégation scolaire et les inégalités sociales de performance entre établissements. Nos gouvernants jouent un jeu dangereux parce qu’ils surfent sur l’angoisse des parents et sur le fait qu’aujourd’hui le désir de mixité ne fait pas consensus. Ils jouent un jeu dangereux car leur choix ne fait qu’accentuer des processus sociaux destructeurs déjà à l’oeuvre depuis des années. Dans les quartiers de relégation, les élèves qui sortent de l’école sans diplôme sont deux fois plus nombreux qu’ailleurs. Cette politique est d’autant plus destructrice que, parallèlement à l’abandon de la carte scolaire, le gouvernement détruit des dizaines de milliers de postes d’enseignants et cherche à se débarrasser des réseaux d’aide (RASED). Qu’il veut abaisser l’âge du premier palier d’orientation de 14 à 12 ans. Autant de choix qui renforcent la ségrégation au lieu de la combattre. Plus grave encore, en instituant un « marché scolaire », le gouvernement induit un changement radical à l’égard de l’institution scolaire, qui n’est plus considérée comme un service public mais comme un service répondant aux intérêts privés. Plutôt que le marché scolaire libre et non faussé, mieux vaudrait se donner les moyens pour que les familles n’aient plus de raisons de fuir certains établissements. Cela passe bien sûr par des moyens supplémentaires, par des objectifs pédagogiques rénovés, par des professionnels mieux formés, par des effectifs dans les classes diminués… Et pour que la carte scolaire ne se contente pas d’entériner la ségrégation urbaine, cela passe par une politique volontariste de mixité sociale et scolaire au niveau de l’agglomération ou du département. En clair, une politique assurée par l’État plutôt que déléguée aux parents et aux chefs d’établissement.

 http://www.humanite.fr/2009-04-11_Societe_Logique-de-segregation

 

*) Éducation : « Fin de la carte scolaire : quels dégâts ! »

La fin de la sectorisation est présentée par Sarkozy comme le remède à la « ghettoïsation » des écoles défavorisées. Deux ans plus tard, ce sont elles les premières à payer la facture.

Lors des présidentielles, Nicolas Sarkozy l’avait présentée comme l’arme fatale. Celle qui allait mettre fin aux écoles « ghettos » et rétablir miraculeusement la mixité sociale dans tous les établissements. Seulement voilà : deux ans plus tard, l’assouplissement de la carte scolaire, qui rencontre un succès grandissant auprès des parents (lire encadré), produit l’effet… exactement inverse ! Du moins pour tous les établissements mal cotés, à la mauvaise réputation, qui sont les premiers à faire les frais de la « liberté de choix » prônée par le chef de l’État. Selon une estimation de l’Observatoire des zones prioritaires (OZP), les ZEP auraient perdu depuis 2007 entre « 5 % et 10 % » de leurs effectifs. Le ministère ne contredit pas ces chiffres. À la rentrée 2008, les trois quarts des 254 collèges labellisés « ambition réussite » - les plus défavorisés - ont vu fuir des élèves devant entrer en sixième. La rue de Grenelle parle d’un recul moyen de 2,5 %, avec des pointes au-dessus de 10 % dans dix-neuf établissements. Cette hémorragie ne l’inquiète pas. Au contraire. « C’est la preuve que l’ouverture de la carte scolaire a permis à des populations, hier prisonnières de leurs établissements, d’en sortir », se réjouit-on au ministère qui met en avant l’augmentation de « 33 % » du nombre de dérogations - sans la chiffrer précisément - accordées aux élèves boursiers arrivant en sixième. Un enthousiasme que ne partagent pas les syndicats d’enseignants et de nombreux observateurs. Eux savent parfaitement que ce processus de fuite des élèves accélère la ségrégation sociale dans les écoles désertées. « Le gouvernement parle de mixité, mais c’est d’une mixité des élites qu’il s’agit ! s’agace Daniel Robin, cosecrétaire général du SNES-FSU. Le constat est clair : on prend les meilleurs élèves des milieux défavorisés et on les met avec les élèves de milieux favorisés. Ce n’est pas la même chose que de rassembler toutes les couches sociales dans un même lieu… » La perspective n’est guère réjouissante : pour quelques gamins de cités qui accèdent, sous l’oeil ému des caméras, au collège ou lycée du centre-ville, des centaines de milliers d’autres, restées en périphérie, vont devoir en payer le prix. Car, contrairement aux affirmations de Xavier Darcos, la baisse des effectifs dans les établissements boudés s’accompagne bien souvent d’une baisse des moyens et d’une dégradation des conditions d’enseignement.

--- Une entourloupe

De nombreux établissements l’ont découvert en février dernier, lors de l’attribution des dotations horaires pour la rentrée 2009. Une véritable entourloupe. « On s’est aperçu que l’on perdait 51 heures l’année prochaine après en avoir perdu 70 l’année précédente ! », s’étonne encore Éric Watteau, professeur d’histoire-géographie au lycée Robert-Doisneau, à Paris (XXe), situé en ZEP. L’équipe enseignante a demandé des explications au rectorat. La réponse emberlificotée de l’inspecteur d’académie les a scotchés : le maintien des moyens ne signifie pas le maintien de la dotation horaire globale mais le maintien du « coefficient horaire » attribué par élève… Pour Doisneau, l’assouplissement de la carte va donc se traduire par la perte de deux postes. Pour d’autres établissements de ZEP, ce sont des enseignements en demi-groupes qui ne pourront plus être assurés ou des heures de soutien qui s’envolent (lire reportage). « C’est un cercle infernal, souligne Guy Tresallet de la FSU de Seine-Saint-Denis. Le collège de ZEP, victime de sa réputation, perd des élèves, le rectorat supprime des heures, les conditions d’enseignements se dégradent et la réputation de l’établissement baisse encore ! » Jusqu’à menacer son existence. Encore une fois, le constat est partagé par l’Observatoire des zones prioritaires qui ne cache plus son inquiétude. « La situation pose un vrai problème, estime Marc Douaire, secrétaire de l’association. Surtout que depuis la création des « ambitions réussites », le gouvernement ne tient plus aucun discours sur l’éducation prioritaire. Au contraire, avec la fin de la carte scolaire, il ne cesse de dire aux familles de partir de ces endroits si elles le peuvent ! » Et tant pis pour celles qui restent… Laurent Mouloud

http://www.humanite.fr/2009-04-11_Societe_Fin-de-la-carte-scolaire-quels-degats

=====> Carte scolaire. Repères

 115 003 demandes de dérogation ont été formulées à la rentrée 2008 (+ 20,7 % par rapport à 2007). 75 536 pour le collège et 39 467 pour le lycée.

 86 668 dérogations ont été accordées. w Alors qu’environ 10 % des élèves entrant en sixième en 2008 ont fait une demande de dérogation au niveau national, ce taux monte à 20 % pour les élèves habitant dans les secteurs des collèges « Ambition réussite ».

 

*) Carte scolaire : « Quelques exemples en Europe : Les pays du « libre choix total » font machine arrière. »

Nathalie Mons, maître de conférences en sciences de l’éducation à l’université Grenoble-II, dégage deux principaux systèmes de réforme de la carte scolaire en Europe de l’Ouest. Le premier, qu’elle qualifie de « libre choix total », met l’accent sur la liberté des parents de choisir où scolariser leurs enfants. Ils déterminent leur établissement préféré et le chef de celui-ci prend la décision d’accepter l’enfant ou non. La Belgique, les Pays-Bas, l’Irlande et l’Angleterre ont adopté un tel système. Dans le cas de l’Angleterre, elle a supprimé totalement la carte scolaire en 1988. Mais devant les inégalités accrues entre établissements, le pays est finalement revenu sur sa décision pour adopter un modèle moins libéral. La Belgique et les Pays-Bas, historiquement attachés à ce système, commencent eux aussi à remettre leurs systèmes en question au vu des « grosses inégalités de recrutement dans les établissements », explique Marie Duru-Bellat, sociologue de l’éducation. L’autre système de sectorisation est celui que Nathalie Mons appelle « libre choix régulé ». Ce système prend en compte le choix des parents, mais les autorités chapeautent la répartition des élèves afin d’éviter les dérives conduisant à de fortes inégalités. Ce système est celui qu’ont adopté les pays scandinaves (Danemark, Suède et Finlande). Ce système est censé favoriser la mixité sociale, mais pour cela, les chefs d’établissement ne doivent pas avoir le pouvoir de décision, selon Nathalie Mons. « Les systèmes montrés en exemple sont ceux de pays comme la Finlande, où les établissements sont plus homogènes, mais ce sont aussi des pays plus homogènes », explique Marie Duru-Bellat. Selon elle, « il n’y a pas de pays comparables à la France dont le système est enviable ». La solution passe par « une homogénéisation de la qualité » des établissements. Florence Martinache

http://www.humanite.fr/2009-04-11_Societe_Quelques-exemples-en-Europe

 

 

         &&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

         &              Collectivités locales et régionales                        &

         &&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

 

*) Euratlantique et GARE TGV à Bordeaux. Philippe Courtois planche déjà sur ce grand projet de plus d'un milliard d'euros

Les premiers pas du patron d'Euratlantique - Philippe Courtois est l'homme choisi par Vincent Feltesse et Alain Juppé pour porter le projet Euratlantique. (photo éric despujols) L'homme dégage, du haut de son mètre 90, une incontestable assurance. « Sa parole porte, il est écouté » raconte même, un brin admiratif, ce participant au dernier comité de pilotage du projet Euratlantique, le grand projet que l'agglomération engage dans la perspective de l'arrivée du TGV à l'horizon 2016. Il s'agit de faire émerger, sur un vaste périmètre autour de la gare Saint-Jean de Bordeaux jusqu'à Bègles et Floirac, un euroquartier du XXIe siècle. « Ce sera un quartier d'affaires bien sûr mais nous y construirons aussi des logements, des commerces et des équipements qui en feront un quartier de vie à part entière » explique Philippe Courtois. Sur une période qui ira sans doute bien au-delà de 2016, on peut d'ores et déjà estimer que plus d'un milliard d'euros d'argent public et privé pourrait être investi dans ce projet. Si tout va bien.

--- Rien sans le TGV

Car plusieurs conditions devront être remplies. D'abord, il faut que la ligne nouvelle à grande vitesse rapprochant Bordeaux de Paris en un peu plus de deux heures soit construite. « Il n'y aura pas de projet Euratlantique crédible sans un calendrier précis de l'arrivée du TGV » rappelle Philippe Courtois. La crise immobilière et financière qui sévit devra elle aussi être surmontée. « Mais nous travaillons aujourd'hui sur des opérations qui arriveront sur le marché d'ici à 2011 » explique le chef de projet, habitué à la lente maturation des opérations d'aménagement puisqu'il a longtemps dirigé le projet Euroméditerranéen de Marseille avant de prendre la responsabilité du projet Seine Arche en région parisienne.

--- Une équipe resserrée

Aujourd'hui hébergé au 19e étage de la Cité administrative de Bordeaux, Philippe Courtois a pris ses fonctions le 1er février. Séduit par les quais réaménagés, il vit aux Chartrons et sillonne à ses rares heures perdues le réseau de tramway de l'agglomération. Il a constitué une équipe de cinq personnes mises à disposition par la Communauté urbaine, la ville et le ministère de l'Équipement. Il devrait prochainement installer ses bureaux sur le quartier de la gare. D'ici à l'été un premier décret créera l'Opération d'intérêt national (OIN) de 750 hectares, des Capucins à la gare de Bègles en intégrant les terrains Esso et le stade Moga jusqu'à Floirac, en limite de Bouliac, La Benauge et le quartier des Champs. Un autre décret d'ici à la fin de l'année créera l'Établissement public d'aménagement qui portera toute l'opération.

--- Le Frac aux abattoirs

Les collectivités locales et, probablement, l'État, participeront au financement de projets sur le site mais il s'agit bien de libérer du foncier pour permettre aux privés d'investir. S'il n'est pas opposé à l'érection d'une ou deux tours qui marqueront Euratlantique, Philippe Courtois défend avec une conviction très bordelaise la qualité du bâti existant. « On a besoin d'entrepôts et de vieux immeubles réhabilités pour y accueillir les industries culturelles ou les laboratoires universitaires qui marqueront aussi le territoire » estime le chef de projet, qui évoque le terme de tricotage urbain pour définir sa mission.

Il voit un grand avenir au quartier Sainte-Croix, encourage les élus béglais à l'ambition dans leurs projets, prépare déjà avec la région le transfert du Frac aux abattoirs et réfléchit à deux programmes de logement lancés simultanément sur Belcier et sur Floirac. Il va devoir aussi maîtriser un foncier que RFF et la SNCF ne sont pas prêts à céder sans contreparties. Et batailler plus d'une fois avec l'Architecte des bâtiments de France. Le chef de projet a déjà initié des contacts avec des banques et de grands hôtels. À 59 ans, Philippe Courtois a l'énergie d'un jeune homme. Mais pas de temps à perdre. Il est au boulot.

Auteur : Jean-Bernard gilles jb.gilles@sudouest.com

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/bordeaux/article/540972/mil/4327689.html

 

*) CONSEIL GÉNÉRAL. Cet après-midi, l'assemblée départementale votera à la hausse les taux de fiscalité. Le président Madrelle explique le contexte

Impôts revus à la hausse - Philippe Madrelle : « L'état nous doit 150 millions d'euros, c'est le plus mauvais payeur ».( photo alexandre de kersabiec)

---- « Sud Ouest ». Lors de la présentation du budget primitif en décembre dernier, vous espériez ne pas avoir à augmenter les impôts. Or, vous allez demander à l'assemblée départementale de voter une légère hausse des taux. Qu'en est-il exactement ?

Philippe Madrelle. Dans ses déclarations, Yves Lecaudey, le vice-président chargé des finances, avait bien dit que si malheureusement il y avait une dégradation, notamment une dégringolade des droits de mutation perçus lors des tran-sactions immobilières, il pourrait y avoir 1 voire 1,5 % d'augmentation. Les perspectives budgétaires aujourd'hui s'inscrivent dans une conjoncture très difficile. Les dépenses de fonctionnement augmentent plus vite que les recettes et les dotations de l'état sont à la baisse. L'augmentation du taux des taxes d'habitation, du foncier bâti et du foncier non bâti sera de 1 % et celui de la taxe professionnelle de 1,5 % car les entreprises ont bénéficié ces dernières années de divers allégements (1). D'autres départements augmentent beaucoup plus, puisque la moyenne nationale cette année est de +3,6 %.

--- Quelle est l'ampleur de la baisse des droits de mutation ?

Très importante puisque de 182 millions d'euros en 2007, on est passé à 166 millions l'an passé et cette année, les projections donnent seulement 136 millions d'euros. On ne pensait pas que ces recettes diminueraient autant.

--- Et des dotations de l'état ?

Les concours financiers, notamment les allocations compensatrices, accusent une baisse de 9,3 %. Il faut savoir que les compensations liées au transfert des charges sont restées au niveau de 2004, sans suivre l'inflation. Cela touche le RMI, mais aussi l'aide personnali- sée d'autonomie. L'état nous doit 150 millions d'euros. C'est le plus mauvais payeur, tout le monde crie au scandale.

--- Cette hausse des impôts peut-elle compenser un tel différentiel ?

Absolument pas. Un point de fiscalité ne représente que 4 à 6 millions de mieux. Comme annoncé en décembre, le recours à l'emprunt sera plus important cette année. Car il n'est pas question de renoncer aux investissements.

--- Ceux-ci vont cependant diminuer, non ?

Non, il y a 283 millions d'euros d'investissements inscrits contre 265 l'an passé. Mais le taux de réalisation devrait être moindre puisqu'en 2008, année exceptionnelle, il y en a eu 243 millions de réalisés alors qu'on table cette année sur 220. Cela ne signifie pas qu'on freine sur les chantiers prioritaires que sont les travaux dans les collèges, les gros travaux sur les routes et sur les maisons départementales de solidarité. Nos engagements seront tenus.

--- N'y a-t-il pas en ces temps de crise, une inflation de services ?

C'est une fausse idée. Chez nous, franchement non. Quand on a du personnel en longue maladie, les directeurs de services montent vite au créneau. Ce qui interpelle, c'est la montée en puissance des personnels mais elle résulte du transfert de compétences, que ce soit les Atoss, des agents de la DDE... On est à plus de 6 500 salariés. Imaginez si la fusion avec la Région, prônée par le comité Balladur, se réalisait, cela accoucherait d'un monstre!

--- Si vous aviez su que le pays allait traverser une telle crise, auriez-vous construit ce nouvel immeuble Gironde ?

Il ne s'agit que d'une extension qui nous permet de rapatrier des services qui étaient en location un peu partout. Cela nous coûtait très cher. Cette opération est tout à fait sensée et blanche. On allège plus qu'on alourdit.

-- En ces temps de crise, le train de vie du Département n'est-il pas à revoir à la baisse ?

On n'a vraiment pas un gros train de vie. On n'est pas dans la multiplication des fêtes et autres pour faire parler de nous. Je suis contre les coups médiatiques, alors...

--- Sur le Net, certains parlent de votre voiture de fonction...

C'est une voiture qui ne m'appartient pas. Elle est en location. La ou les personnes qui en parlent sont mal renseignées. C'est une voiture hybride qui dégage moins de CO2 et ne consomme pas une goutte d'essence dans les embouteillages, sur le pont d'Aquitaine, sur la rocade ou en ville. Je l'ai à l'essai et je ne suis pas sûr de la reprendre.

--- Les propositions du comité Balladur menacent l'échelon départemental. Pensez-vous que les Départements sont, cette fois, vraiment en danger ?

Franchement, on ne sait pas ce que cela va donner. Certes Balladur veut tuer le département et la commune, mais il ne fait pas l'unanimité, y compris à droite, et il n'est pas certain qu'il y ait une majorité au Parlement. Le président du Sénat a déjà allumé un contre-feu. J'ai un collègue de droite de l'Aube qui a fait un réquisitoire terrible. Balladur, il n'a peut-être pas trop dépassé le périphérique... Il veut sup- primer la clause générale de compétence. Cela veut dire que lorsque le Département voudra aider les concitoyens ou les communes dans la panade, en mal d'équipements publics, il ne pourra plus le faire. C'est la mort de la commune. Que ce soit pour les écoles où on n'est pourtant pas compétents, pour l'adduction d'eau potable, ils ont besoin de nous. Ce n'est pas un hasard si j'ai créé le Fonds d'aide à l'équipement des communes ou engagé il y a dix ou quinze ans une convention d'aménagement des bourgs. Supprimer ces possibilités de financement, de solidarité, est une erreur monumentale, même s'il ne faut pas rester figé non plus.

--- Ne pensez-vous qu'il est nécessaire de renforcer les grandes métropoles ?

Cela nous inquiète, mais cela inquiète aussi Alain Juppé. Une grande métropole qui va jusqu'à Pellegrue, qu'est-ce que cela va donner ? Si cela reste aux dimensions de la CUB, pourquoi pas. Et s'il y a un transfert de compétences entre Département et grande métropole, il faut que cela soit d'un commun accord.

--- Pensez-vous que face à ces enjeux, l'opposition gouvernementale à laquelle vous appartenez est suffisamment pertinente et audible ?

Il ne s'agit pas de s'opposer bêtement. On est aussi pour la réforme, notamment de la fiscalité, mais pas quand c'est baroque. Il reste 16 propositions sur les 20 du rapport sur lesquelles on peut s'entendre. Ceci dit, cette affaire est une ineptie comparée au drame que vivent les Français aujourd'hui. Ils étaient 100 000 à crier leur colère dans les rues de Bordeaux la semaine dernière. Au PS, on travaille en vue de l'alternance. Le contre-plan de relance de Martine Aubry est chiffré et précis. C'est 50 milliards, 26 pour l'investissement, 24 pour la consommation. C'est autre chose que le plan Sarkozy qui ne résout pas les injustices sociales criantes, la montée du chômage...  La taxe d'habitation passera à 7,03 %, le foncier bâti à 9 %, le foncier non bâti à 18,17 % et la taxe professionnelle à 9,87 %.

=====> Savary, Rousset et Juppé vus par Madrelle

- gilles savary. Son éviction de la liste socialiste aux Européennes est, selon Philippe Madrelle, « une faute. Gilles Savary est un homme de grande valeur, reconnu comme un des meilleurs députés européens. Malheureusement, il s'est fait régler son compte par son propre courant ségoléniste. Nous, on a fait, bien qu'on ne soit pas de ce courant, tout ce qu'on a pu pour le défendre. »

- Alain Rousset. Les élections régionales de l'an prochain n'inquiètent pas outre mesure Philippe Madrelle : « Alain Rousset ne me semble réellement pas en difficulté. Merci Darcos. Rousset est un de ceux qui restera toujours proche de moi. »

- Alain juppé. Au sujet de son livre : « Je l'ai commencé. Il écrit très bien. Il est en train de raconter ses années difficiles, de dire ce qu'il avait sur le coeur. Je note qu'il n'est pas toujours d'accord avec Sarkozy. » Quant à l'idée de Jacques Delors de voir le maire de Bordeaux présider la commission européenne, Philippe Madrelle coupe court : « Chacun reste libre de sa parole. »

Auteur : Propos recueillis par Anne-Marie Siméon

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/article/541088/mil/4328278.html

 

*) RÉFORME. Francis Idrac a un an pour réorganiser les services de l'État, réforme qui va toucher plus de 40 000 fonctionnaires dans le département

La création de nouvelles directions signifie aussi des déménagements

Le grand chantier du préfet. La cité administrative pourrait abriter une grande partie des nouvelles directions régionales. (photo archives SO) Pour les préfets de France, dont Francis Idrac, 2009 s'annonce comme une année chargée, très chargée même. Avec cette fichue crise bien sûr qui exige des efforts permanents, mais aussi avec la réforme des services de l'État, une réorganisation entamée l'an passé et qui devra être impérativement bouclée au 1er janvier prochain.

De cette réforme, on parle peu au café du commerce. Pourtant, c'est le grand chambardement. « Le terme de "grand chantier" me paraît beaucoup plus approprié », précise Francis Idrac, avec un petit sourire. Quoi qu'il en soit, c'est l'une des plus grandes refontes des services de l'État engagée en France depuis des lustres et une réforme qui va toucher, dans le seul département de la Gironde, plus de 40 000 fonctionnaires.

--- 41 200 fonctionnaires

Selon l'Insee, la Gironde compte 41 200 fonctionnaires sur les quelque 109 800 affectés en Aquitaine. La réforme engagée va inévitablement faire baisser ces effectifs. Ce n'est ici un secret pour personne, Nicolas Sarkozy le répétant pratiquement chaque jour. Pour le département, le préfet ne le nie pas non plus. Il ne donne toutefois encore aucun chiffre, les nouveaux organigrammes et répartitions d'effectifs n'étant pas définitivement arrêtés. Le nombre de fonctionnaires a déjà chuté ces dernières années. 1,3 % en moins entre 2002 et 2005 (source Insee). « Certes, cela baisse, mais pas dans tous les secteurs », tient à noter Francis Idrac, en faisant remarquer que la fonction publique hospitalière (+4 %) et la fonction publique décentralisée (+7,7 %) ont gagné des postes. Pour l'instant, donc, on n'en est qu'au tableau noir et à la création des nouvelles directions. Il s'agira de regrouper les services travaillant dans des secteurs proches de façon à faciliter les synergies, améliorer l'efficacité et réduire les coûts de fonctionnement. Cette réorganisation se fera sur deux niveaux : le régional et le départemental.

--- Huit directions régionales

À compter de l'année prochaine, il n'y aura ainsi plus que huit grandes directions régionales à Bordeaux :

- La DRFiP, Direction régionale des finances publiques (Direction des services fiscaux et Trésorerie générale) ;

- La Draaf, Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (Direction de l'agriculture et de la forêt, Service régional vétérinaires, offices agricoles) ;

- La Drac, Direction régionale des affaires culturelles (la Drac actuelle avec les services départementaux de l'architecture et du patrimoine) ;

- La Dreal, Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement, (Direction de l'équipement, une partie de la Direction de la recherche et de l'industrie, Direction de l'environnement) ;

- La Direccte, Direction régionale des entreprises, de la concurrence et de la consommation, du travail et de l'emploi (Direction du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle, direction de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, délégation du tourisme, délégation du commerce et de l'artisanat, direction du commerce extérieur, une partie de la direction de l'industrie et de la recherche).

- La DRJSCS, Direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (Direction jeunesse et sports et une partie de la Direction des actions sanitaires et sociales) ;

- Le rectorat (ce qu'il est aujourd'hui) ;

- L'ARS, l'Agence régionale de santé (Direction des affaires sanitaires et sociales, Agence régionale de l'hospitalisation, Union des caisses d'assurance-maladie et caisse régionale).

À l'échelle départementale, enfin, ne seront conservées que trois directions interministérielles : la Direction du développement du territoire (DDE, DDA et les bureaux de l'environnement), la Direction de la protection de la population (concurrence et consommation, services vétérinaires) et la Direction de la population et la cohésion sociale (une partie de la Ddass, un peu de DDE, Jeunesse et Sports).

--- Dans les délais

On imagine facilement l'ampleur du travail à réaliser pour en arriver là. Certaines régions auraient ainsi du mal à respecter le calendrier. Ce qui ne serait pas le cas, au demeurant, en Aquitaine. La préfecture régionale serait dans les délais, voire un peu en avance. Exemple avec la mise en place de la Direccte, la Direction régionale des entreprises, de la concurrence et de la consommation, du travail et de l'emploi. « Ici, on pourrait démarrer avant d'autres », souligne Francis Idrac.

Il reste cependant encore beaucoup à faire, car il ne suffit pas de réunir les services sur le papier, il faut aussi répartir les fonctionnaires dans de nouveaux espaces (lire ci-dessous). Une réorganisation immobilière toute aussi délicate à mener.

--- La réforme, c'est aussi une nouvelle répartition des locaux

Les services ne vont pas seulement se regrouper sur le papier, ils vont également se rassembler sur des sites communs. Pour travailler véritablement ensemble et non par téléphone ou internet interposés. Ce qui veut dire que la grande réforme engagée va s'accompagner d'un certain nombre de déplacements de services et de déménagements. Ceci conduit la préfecture à recenser précisément les mètres carrés dont les services de l'État disposent, en tant que propriétaire ou locataire.

--- 149 500 m² de bureaux

à ce jour, on retrouve des services de l'état à 215 adresses différentes en Gironde. Avec des bureaux plus ou moins grands qui repré- sentent une superficie totale de 149 500 m². « Une fois les services mieux répartis, nous n'aurons vraisemblablement pas besoin de toute cette surface. Avec France Domaines (NDLR : ex-service des domaines), nous sommes donc en train d'évaluer les surfaces absolument nécessaires, et de voir à partir de là, ce qu'il nous faut conserver et ce que nous pouvons céder », précise le préfet. De nombreux locaux en location, comme ceux occupés actuellement par la Drire ou la Diren (face au cimetière de la Chartreuse), devraient être ainsi abandonnés. Un terrain occupé par la Dira (service de l'équipement), en plein coeur de Caudéran, pourrait être également vendu. L'ancien hôtel de police de Castéja, que l'état a cru un moment encore pouvoir conserver, sera lui aussi mis en vente à compter de l'année prochaine. Bref, seuls les mètres carrés nécessaires (et en priorité ceux qui appartiennent à l'état) seront gardés.

--- à la cité administrative

Avec un objectif clair : ne pas trop disperser les nouvelles direc- tions dans Bordeaux pour offrir une meilleure visibilité et une meilleure accessiblité.

Le préfet compte ainsi loger un maximun de services dans les immeubles labellisés depuis longtemps « services de l'état », comme les immeubles de Mériadeck ou les deux tours de la cité administrative. Dans ces deux tours, le préfet compte revoir l'organisation de la cave au grenier, ce qui fait qu'une bonne partie des nouvelles directions pourrait y trouver place.

Auteur : JEAN-paul vigneaud J.-P. V. jp.vigneaud@sudouest.com

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/article/546875/mil/4351186.html

 

*) RENOUVELLEMENT URBAIN. La concertation est ouverte sur la rénovation. Plus apaisée, mais le mail ne convainc toujours pas. Les décisions devront être prises d'ici l'été, au risque de perdre les subventions

Thorez : trois mois pour un consensus - Isabelle Forêt-Pougnet, Yves Bories, André Lassansaa et Jean-Etienne Surlève-Bazeille. (PHOTO « sUD-OUEST ») La mise en place du groupe de suivi de la rénovation des résidences Thorez et Goélands est en bonne voie. Cela n'avait rien d'évident, après les polémiques de ces dernières semaines. Mais le lancement de la concertation, mercredi soir à la Maison partagée de Thorez, s'est finalement déroulé dans une ambiance nettement apaisée. Côté mairie et Saemcib, on est venu en force : Jean-Étienne Surlève-Bazeille, adjoint à l'urbanisme, et André Lassansaa, directeur de la Saemcib, Isabelle Forêt-Pougnet, adjointe à la politique de la ville, deux autres élus et des fonctionnaires sont là. Du côté des habitants, Catherine Lavat de la CNL, Rosa Ould Ameziane, ex-élue municipale occupée à créer une association de quartier, ou la présidente de la copropriété, ont invité amis et voisins : une grosse vingtaine de personnes en tout.

--- Le mail du « kiné »

Yves Borie, l'architecte qui conduit le projet, donne une version rassurante du très contesté projet de mail pénétrant au coeur du quartier. En résumé : cette voie, ou esplanade, pourrait « techniquement » être contrôlée en terme d'accès et de vitesse. Et elle ne servirait qu'à « ouvrir » le quartier à des activités au pied des immeubles. « Un kiné ne s'installera pas si le stationnement ne peut se faire qu'à 100 mètres. » Reste à savoir qui a besoin d'un kiné à cet endroit précis. Rosa Ould Ameziane : « Vous définissez des besoins que nous n'avons pas. Les rez-de-chaussée doivent aller aux associations », dit-elle. Jeames Gadrat, de l'Association des paralysés de France, estime qu'il faut « traiter l'accessibilité en général ». Catherine Lavat dépose une pétition « signée par 374 familles, presque 70 % » contre la rue, et précise : « Ils ne sont manipulés par personne. » Gilles Hervier, un habitant qui suit le projet depuis plus d'un an, pose une question simple : « Ce mail aurait-il un accès de chaque côté de la résidence, ou une seule ? » La réponse reste assez vague. Les loyers et charges à venir, l'entretien des espaces verts, sont aussi évoqués. En filigrane, une question : pourquoi faire une rénovation de riches pour des habitants qui ne le sont pas ? « On n'a pas la moindre intention de se débarrasser de nos logements sociaux », précise Isabelle Forêt-Pougnet.

--- Calendrier

Mais le débat est désormais constructif. Le calendrier du groupe de suivi proposé par l'adjointe au maire n'est pas contesté : une réunion par mois, jusqu'en juin, avec entre-temps des ateliers thématiques et des permanences pour entendre aussi les gens « qui ne peuvent pas se libérer le soir ».

« Le groupe fonctionnera avec tous ceux qui sont là », assure-t-elle. C'est un gage donné aux présents. Il faudra quand même recruter des locataires des Goélands, absents mercredi. Reste que le temps est compté pour trouver « des solutions communes » : fin juin, voire début septembre au plus tard. Jean-Étienne Surlève-Bazeille a rappelé que tout devait être prêt pour début 2010, au risque de voir les deux millions d'euros de financement de l'État passer sous le nez de Bègles. Faut pas gâcher... Auteur : G. G.

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/rive-gauche/article/543510/mil/4339699.html

 

*) COMMUNAUTÉ URBAINE. Opérationnel depuis un an, le réseau haut débit doit s'améliorer

Il reste des trous dans la ceinture numérique La boucle numérique en chiffres

Le réseau de la CUB utilise à la fois la fibre optique (photo) et les câbles en cuivre. (Photo Archives « SO ») Comme l'eau, l'électricité ou les routes, le numérique est devenue un élément basique de l'aménagement du territoire. Une commune qui ne propose pas des accès performants à l'Internet, via une infrastructure capable de véhiculer du haut débit, semblera aussi nue devant les canons de la modernité que si elle ne disposait pas de l'éclairage public. Et il n'est pas nécessaire d'aller aux confins du département pour rencontrer les déserts numériques. Dans la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB), il reste ainsi 1 500 foyers sans aucun accès possible au numérique. Et ce malgré un programme ambitieux lancé en 2004 et visant à doter les 27 communes de la CUB d'une boucle haut débit.

--- Réseau opérationnel

Ce programme porte le nom de « boucle numérique ». Il s'agit en gros de proposer aux entreprises et aux grands sites publics de l'agglomération (comme les hôpitaux ou les universités) une ceinture numérique, sorte d'autoroute capable d'offrir un débit de 100 mégabits par seconde. Pour comparaison, il suffit d'un débit de 10 MB/s pour recevoir chez soi l'Internet et la télévision. Le haut débit, c'est donc une autre dimension, réservée aux très grosses capacités. Ce réseau, confié à l'entreprise Inolia (lire ci-dessous) est maintenant opérationnel. Ce qui n'empêche pas qu'il reste des trous (les fameux 1 500 foyers privés d'Internet) et une foule de questions.

--- Abonnement élevé

En tout cas assez pour que le numérique se retrouve à l'ordre du jour de la quatrième conférence des communes de la CUB, qui s'est tenue hier à Bègles. Chacun est venu porter ses doléances à Vincent Feltesse, le président PS de la CUB et fondateur de ces conférences des communes. Jean-Jacques Benoît, le maire de Pessac, a ainsi expliqué que l'abonnement au haut débit n'est pas à la portée des bourses de toutes les entreprises. Là encore, en effet, rien à voir avec les tarifs grand public : pour du 100 MB/s, il faut débourser environ 1 000 euros par mois. « Nombre de très petites entreprises ne peuvent pas se le permettre », déclare Jean-Jacques Benoît.

--- Trancher d'ici fin 2009

Autre sujet très discuté : comment résorber les « zones blanches » et obtenir une agglomération 100 % haut débit ? Les techniques du wifimax ou du wimax permettent d'accéder là où la fibre optique coûte trop cher, mais elles posent le problème des rayonnements électromagnétiques. Même si cela reste à un niveau très faible, le sujet est épineux. Le maire de Saint-Médard-en-Jalles (Serge Lamaison) a rappelé qu'une partie de sa commune est desservie en wifi, mais l'opinion sera de moins en moins encline à admettre ce type de systèmes.

La CUB attend maintenant le résultat d'une étude sur les zones blanches, avec une cartographie précise. En principe, c'est pour l'été prochain. Et d'ici à la fin de 2009, il faudra trancher sur la méthode de résorbtion des trous numériques. un réseau de 417 km Lancé en 2004, la boucle numérique de la CUB a fait l'objet d'une délégation de service public confiée à la société Inolia. Cette dernière a construit une boucle de 417 km desservant 118 sites économiques (102 zones d'activités, 7 pépinières, 9 barrières) et les 154 principaux sites publics d'enseignement, de santé ou d'administration. La boucle est opérationnelle depuis un an et la délégation porte sur 20 ans.

Auteur : Denis Lherm d.lherm@sudouest.com

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/bordeaux/article/543162/mil/4338314.html?L=0%3Dbcd0bfb745%3Da6fb31d675&cHash=15f63940e5

 

*) TRANSPORTS et CUB. Les salariés ont rencontré les dirigeants de Keolis, leur futur employeur

Dialogue courtois mais serré

Premier contact officiel sur terrain neutre entre les salariés de l'entreprise bordelaise et ceux qui vont la diriger. (photo C. P.) L'entretien a duré deux heures, au premier sous-sol d'un hôtel du quartier Mériadeck de Bordeaux. Il fut courtois mais serré. Pour la première fois, en tout cas officiellement, les syndicats de salariés de l'entreprise bordelaise des transports publics, rencontraient leur futur patron, Bruno Danet. L'occasion était donnée à chaque syndicat d'exprimer ses revendications. Ils sont repartis avec le sentiment d'avoir été écoutés. « Ils sont malins », indiquait Alain Thomas, le secrétaire du Comité d'entreprise qui craignait, en cours de discussion, que l'unité syndicale qui a prévalu au sein de l'entreprise ces derniers mois ne se fissure. Sur le papier, rien ne l'indique toutefois.

--- Semaine de 4 jours

Le point central de désaccord potentiel reste celui d'une évolution des conditions de travail et de la possible mise en place de la semaine de 4 jours avec ce qu'elle implique au quotidien pour les salariés en terme de flexibilité au travail. Le groupe Keolis l'a instaurée sur certains réseaux comme à Angers, Lille ou Cherbourg. Les salariés bordelais n'en veulent pas, Bruno Danet l'a bien compris. « Nous sommes fermes sur cette position », rappelle Pierre Faick, au nom de la CGT. « Keolis doit bien comprendre qu'il doit abandonner cette idée », poursuit Jean-Luc Doucereux représentant de Force Ouvrière. Le passage à la semaine de 4 jours impliquerait une remise en cause d'un accord qui fixe le temps de travail quotidien à 7 h 36.

--- Engagements écrits

Les responsables de Keolis ont renouvelé oralement leur engagement de reprendre tous les accords sociaux de l'entreprise. « Toute évolution de notre organisation sera soumise à discussion et à négociation », indique même Bruno Danet, qui renonce ainsi clairement à introduire ces changements sous la forme du simple volontariat, une hypothèse que certains élus avaient stigmatisée en novembre. « Mais Keolis pourra-t-il honorer ses engagements sans annualiser le temps de travail ? » demande Alain Fermigier, au nom de la CFTC, relayant une crainte réelle de voir « le personnel servir de variable d'ajustement du contrat ». Les salariés attendent une lettre du président de Keolis confirmant ces engagements sociaux pour la fin de la semaine. « Keolis ne peut pas réussir sans nous », résume Éric Hugon pour la CFDT. Les usagers du réseau TBC apprécieraient que cette première prise de contact puisse avoir scellé définitivement cette évidence. Keolis devrait prendre les commandes le 1er mai, jour férié, sans tram et bus, a priori le seul du mois de mai. Auteur : Jean-Bernard Gilles

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/article/552943/mil/4378810.html

 

*) CUB : Rencontre avec l'intersyndicale

Vincent Feltesse. (photo archives t.d.) Traminots et chauffeurs de bus savent qu'il faut toujours négocier un changement de direction...  S'ils n'ont pas freiné pour passer de Veolia à Keolis, ils auront au moins fortement klaxonné. Ils ont donné de la voix ce week-end face à Vincent Feltesse, à la CUB, après les propos que celui-ci avait tenu sur TV7. Il avait souligné que le personnel deTBC (Tram et bus de la CUB) avait emplois et salaires garantis en ces temps de crise. L'intersyndicale (CGT, FO, CFDT, CFTC, CGC) y a vu une façon de leur faire comprendre qu'ils n'avaient rien à réclamer, puisqu'ils avaient encore cette chance. Les communiqués n'ont pas tardé à fuser, de la CGT, FO...

--- Rendez-vous aujourd'hui

Avant de rencontrer les responsables de Keolis, aujourd'hui, à 14 heures, les représentants syndicaux ont « vidé leur sac » au pied du président de la CUB. Ils sont repartis un peu rassérénés : « M. Feltesse s'est engagé à contacter Keolis dans le week-end pour que nos acquis sociaux soient maintenus pendant toute la durée du contrat. » Ils exigent un document « écrit et signé ». « C'était déjà garanti », affirme Vincent Feltesse. Keolis ne dit pas autre chose (lire ci-dessus), mais deux précautions valent mieux qu'une et les salariés redoutaient de « mauvaises intentions ». Le passage éventuel à la semaine de quatre jours les inquiétait, car il aurait fait voler en éclat la limite d'amplitude horaire quotidienne, actuellement fixée à 7 h 36.

---- Keolis en mai

Au-delà de cette 36e minute qui peut sembler anecdotique, c'est selon eux, la sécurité de tous qui est en jeu. L'intersyndicale voulait que les choses soient claires avant le rendez-vous d'aujourd'hui avec leur futur employeur. Car, après la décision du Conseil d'État qui déboute Veolia, le calendrier s'accélère : une délibération sera présentée à la CUB le 10 avril, pour mettre fin au contrat de Veolia le 30 avril. Kéolis prendrait le relais le 2 mai. En effet, le 1er mai, les salariés comptent bien se joindre aux manifestations de la fête du travail.

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/article/552206/mil/4373523.html

 

*) TRANSPORTS. Jean-Michel Ferraris, directeur général de Keolis, veut rassurer les salariés du réseau TBC. Bruno Danet est le nouveau patron du réseau

Keolis se dit prêt à prendre le réseau trams-bus de Bordeaux

Jean-Michel Ferraris et Bruno Danet. (Photo archives Fabien Cottereau)

Sud Ouest.

--- Qu'avez-vous ressenti à la signature du contrat de délégation de service public des transports, mercredi dernier, par Vincent Feltesse, le président de la Communauté urbaine (CUB) ?

Jean-Michel Ferraris. De la joie, d'abord, car nous avons beaucoup travaillé pour gagner ce marché, mais aussi une grande responsabilité. Nous devons maintenant répondre aux attentes du contrat.

--- Le nouveau recours de Veolia Transport vous inquiète-t-il ?

Nous restons sereins. Nous venons de vivre de nombreux épisodes judiciaires sur ce dossier. Nous avons fait le job pour répondre à la demande de la Communauté urbaine.

La justice doit faire son travail. Nous ne sommes pas inquiets. Mais il est vrai que c'est la première fois que nous sommes engagés dans un tel combat. C'est un étonnement pour nous. Veolia Transport a le droit de se défendre par tous les moyens possibles, mais il nous paraît surprenant, d'un strict point de vue commercial, d'assister à une telle remise en cause du choix des élus de la CUB.

--- Qui sera le patron du réseau Keolis à Bordeaux ?

Depuis le vote de la CUB au mois de novembre dernier, nous avons constitué une équipe de direction de six personnes. Elle est opérationnelle. Elle sera dirigée par Bruno Danet, directeur régional de Keolis à Bordeaux depuis deux années, qui sera remplacé à ce poste. C'est un homme expérimenté qui a occupé de nombreuses fonctions dans notre groupe. Il a notamment travaillé sur les réseaux de Lyon et de Rennes.

--- Les salariés s'inquiètent sur la préservation des acquis sociaux.

Que leur répondez-vous ?

Nous nous sommes engagés au cours de la négociation sur ce point. Nous avons confirmé ces engagements par écrit. Il n'y aura pas de remise en cause des acquis sociaux, ni de remise en question des grilles d'ancienneté comme nous l'avons entendu ici ou là ces derniers jours. Nous n'arrivons pas avec une volonté frontale de rupture. Par contre, rien n'est jamais figé dans une entreprise. Il y aura des évolutions. Mais nous avons dit très clairement qu'elles seraient discutées et négociées avec les partenaires sociaux.

--- Quand les habitants de l'agglomération verront les changements apportés par la gestion Keolis ?

Nous allons dans un premier temps nous concentrer sur les ajustements nécessaires sur le réseau de tramway. Nous le ferons avec les conducteurs qui sont ceux qui connaissent le mieux ses qualités et ses défauts. Nous nous sommes engagés à le faire progresser. Ce sera notre priorité à court terme. Nous mettrons le plus rapidement possible une offre de vélos en service sans doute dans le centre de l'agglomération avant de la généraliser. Parallèlement, nous poursuivrons la concertation engagée notamment avec les maires sur les évolutions du réseau de bus. Le réseau ne sera pas restructuré à l'automne comme nous aurions pu le faire en prenant les commandes le 1er janvier dernier. Nous devrions être prêts fin 2009, début 2010. Auteur :

Propos recueillis par Jean-Bernard Gilles

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/article/551915/mil/4372959.html

 

*) TRAMS ET BUS. Le directeur général France Voyageurs de Veolia Transport se montre déçu de la façon de faire de la CUB

Le dernier recours. Francis Grass, directeur général France Voyageurs de Veolia Transport : « Nous avons le sentiment que les choses ne sont pas faites de façon équitable. » (photo dr)Lire aussi » Les acquis sociaux au coeur du débat

La Communauté urbaine de Bordeaux manquerait-elle d'un peu d'élégance ? C'est ce que semble penser en tout cas Francis Grass, directeur général France Voyageurs de Veolia Transport. Depuis jeudi 14 h 30, la CUB a totalement interrompu ses contacts avec Veolia. Comme si l'une et l'autre n'avaient plus rien à se dire.

« Nous prenons acte de la décision de justice, indique Francis Grass. En revanche, nous n'avons aucune information officielle sur la signature du contrat. À l'instant où je vous parle (NDLR : hier 16 h 30), nous n'avons reçu aucun courrier, aucun message nous l'annonçant. C'est par la presse que nous apprenons ce qui se passe à Bordeaux. Une façon de faire un peu surprenante entre des partenaires de très longue date. »

--- Hommage au personnel

Les premiers mots du directeur vont ensuite au personnel : « Avant toute chose, je pense aux salariés et aux cadres de l'entreprise. J'ai envie de leur rendre hommage pour tout ce qu'ils ont fait, car cela n'a pas toujours été facile. À plusieurs reprises, il leur a fallu faire preuve de compétence notamment lors de la mise au point du tramway. » Le directeur général confirme toutefois que Veolia n'abandonnera pas Bordeaux sans un dernier baroud d'honneur. Elle a déposé un recours pour « inégalité de traitement » et « manque de transparence ». « Nous avons des interrogations très importantes [...], le sentiment que les choses ne sont pas faites de façon équitable », résume-t-il sans donner plus de précisions pour ne pas révéler les éléments que la société développera devant le tribunal administratif. La réaction d'un mauvais perdant ? « Nous sommes continuellement soumis à la concurrence, dit-il. Nous savons à quoi on s'expose. On perd, on gagne, c'est le jeu et on a l'habitude. Globalement, ça ne marche pas trop mal pour nous cependant. Nous avons gagné une vingtaine d'appels d'offres, soit une progression de 8 %. Chaque année, depuis cinq ans, nous remportons l'équivalent du marché de Bordeaux » Si Veolia doit partir, elle partira donc. « Nous ne ferons aucun obstacle mais cela ne peut se faire rapidement, précise le directeur. Ce n'est pas simple. Il y a plein de questions techniques, économiques et sociales à régler. Tout cela demande du temps. » Le délai de trois semaines-un mois annoncé dans les couloirs de la CUB lui paraît donc bien juste. Fin juin ? « Je pense que les choses seraient plus gérables. Pour respecter les personnes et régler toutes les questions. Dans l'intérêt aussi du service public. »

=====> Les acquis sociaux au coeur du débat

La Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) a « débriefé » l'affaire Veolia-Keolis hier matin, à l'occasion d'un comité de pilotage. La plupart des élus sont tombés d'accord sur la nécessité de préserver les acquis sociaux obtenus par les salariés de Veolia au fil du temps. Alain Juppé a notamment rappelé que le nouveau délégataire, Keolis, doit maintenir, « au profit du personnel transféré, les acquis sociaux dont celui-ci bénéficiait au sein de la société Veolia Transport ». Ce matin même, le président de la CUB, Vincent Feltesse, reçoit les syndicats de Veolia qui ont d'ores et déjà brandi une menace de grève concernant les acquis sociaux et les conditions de travail. L'attitude du délégataire historique, Veolia, a également alimenté les échanges. Gérard Chausset, vice-président de la CUB (Verts), redoute d'autres épisodes juridiques de la part du perdant, qui risque d'aller « vers un harcèlement juridique de la CUB, ce qui est inacceptable ». D'autres élus se sont aussi élevés contre ce scénario.

Désormais, l'objectif est fixé au 10 avril, jour du conseil communautaire. À l'ordre du jour, plusieurs décisions devront acter la transition Veolia-Keolis. Plusieurs maires de la CUB souhaitent par ailleurs un renforcement de la concertation sur la refonte des lignes de transports en commun structurantes et des lignes de proximité. Autant de points que Keolis devra observer. La prise effective des fonctions, elle, pourrait intervenir dès le 30 avril. Un délai bien entendu trop court pour que le nouveau délégataire puisse mettre en place les changements qui lui ont permis d'emporter le marché. Le réseau nouvelle formule, lui, ne sera réellement en place qu'en 2010. Il doit permettre d'atteindre le seuil des 144 millions de voyageurs par an (trams et bus), contre 91 aujourd'hui. La nouveauté la plus visible devrait être, à partir de juillet, le lancement d'un système de vélos en libre-service comparable au Vélib. 1 545 vélos et 139 stations sont prévus dans le contrat Keolis. L'hypercentre de Bordeaux doit ouvrir le bal cet été, le reste de l'agglomération suivra à l'automne. Auteur : JEAN-paul vigneaud jp.vigneaud@sudouest.com

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/bordeaux/article/550586/mil/4369016.html

 

*) TRAM ET BUS. Les salariés du réseau vont rencontrer le président de la CUB et leur nouveau patron. Une grève n'est pas exclue

TBC : menace de fortes turbulences Les salariés de Veolia ont demandé à rencontrer le président de la CUB. (photo Philippe taris) Lire aussi

 » Veolia ne s'avoue pas vaincu

Ambiance très électrique, hier, sur les sites de Veolia Transport, futurs sites de Kéolis. À 16 heures, les syndicats déterraient leurs revendications et s'engageaient sur le sentier de guerre. « Nous demandons à rencontrer au plus vite le président de la CUB, Vincent Feltesse. S'il refuse ou s'il montre peu d'empressement à nous recevoir, nous plantons le réseau ! » Des propos on ne peut plus clairs. Ou le président de la CUB répondait à leur demande, ou c'était l'arrêt total des activités sur le réseau TBC. Ce vendredi et peut-être tout le week-end dans la foulée. Un risque d'autant plus probable au fil de l'après-midi que Vincent Feltesse faisait savoir, dans un premier temps, qu'il ne pourrait pas recevoir les syndicats avant quelques jours. « En attendant, les salariés ont pu dialoguer avec le directeur de cabinet », précisait-on à cette heure-là, côté CUB. Il a fallu attendre 19 heures pour que l'atmosphère se calme. Le président recevrait finalement les syndicats samedi matin et Keolis ferait de même lundi.

--- Insuffisamment informés

Suffisant pour calmer le jeu ? Cette fin de semaine, c'est certain, mais plus tard, c'est bien moins sûr. Les salariés n'ont pas apprécié la précipitation avec laquelle le contrat a été signé mercredi après-midi. Comme tous, ils savaient que la roue de la justice tournait vite parfois et que le Conseil d'État pouvait à tout moment faire sauter le verrou qui empêchait Keolis de prendre les rênes du réseau. Ce qui s'est produit. Ils auraient toutefois aimé être mis au courant, ne serait-ce que par un petit coup de fil de la CUB. Or, ils ont appris la signature - soit un changement de patron ! - par les journalistes qui sollicitaient leurs avis sur le retournement de situation.

« La direction de Veolia nous a juste informés de la décision du Conseil d'État. Le reste, on l'a lu dans le journal et entendu à la radio » confirment-ils, très amers.

--- Les syndicats font bloc

L'intersyndicale de Veolia (FO, CFTC, CGT, CFTC, CGC) s'est réunie à 14 heures, hier, pour faire le point et évoquer l'avenir. C'est au cours de cette réunion que les syndicats ont décidé de mettre la pression avec menace de grève.

« Un retour quatre mois en arrière ! C'est le contrat de 2008 qui resurgit en 2009 sans que la moindre virgule n'ait été changée. Nous contestions ce contrat, nous le contestons donc tout aussi fortement aujourd'hui, puisque Keolis n'apporte toujours pas la preuve qu'ils ne toucheront pas à nos acquis sociaux », résume Jean-Luc Ducereux (Force ouvrière). Les cadres de Keolis ont pourtant déjà reçu les salariés et leur ont fait un certain nombre de promesses. « Comment les croire ? », s'interroge le représentant syndical. « Ils proposent une réorganisation du réseau avec des lignes nouvelles, un meilleur cadencement, des kilomètres supplémentaires. C'est impossible sans remettre en cause nos conditions de travail et nos acquis sociaux. » Aussi, les salariés ne se contenteront-ils pas de vagues engagements, ils veulent des écrits. Tant de la part de Keolis que de la CUB. Sinon...

--- Veolia ne s'avoue pas vaincu

Aucun communiqué, aucune déclaration officielle sur le dossier Bordeaux, hier, à Veolia Transport. Tant à Bordeaux qu'à Paris. Visiblement ici, le coup a fait mal, mais l'on ne se dit pas pour autant vaincu.

« Tout n'est pas terminé » finit par annoncer le service communication du siège parisien. « Nous attendons maintenant le traitement du recours déposé devant le tribunal administratif de Bordeaux mercredi matin.» Un recours pour « inégalité de traitement » et « défaut de transparence » lors de l'attribution du marché.

Depuis le début de « l'affaire », Veolia affirme, en effet, que Keolis a été favorisé. Dans un entretien qu'il nous accordait en novembre Cyrille du Péloux, directeur général de Veolia disait en avoir les preuves. Il soupçonnait notamment la SNCF d'avoir pesé de tout son poids au profit de sa filiale Keolis en faisant jouer son rôle central dans Euratlantique, le projet d'aménagement du quartier de la gare Saint-Jean. Auteur : JEAN-paul vigneaud jp.vigneaud@sudouest.com

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/bordeaux/article/549639/mil/4362602.html

 

*) CONSEIL D'ÉTAT. La plus haute instance administrative annule la décision du tribunal de Bordeaux. La voie est libre pour Keolis ou presque...

Tramway : Le contrat Keolis est signé - Vincent Feltesse n'a pas mis plus de vingt minutes pour signer le contrat avec Keolis, après la décision favorable du Conseil d'État. Pour déjouer le harcèlement juridique de Veolia, le titulaire du contrat. (photo so) Lire aussi

 » Syndicats : le coup de massue

 » Adieu la régie

Le fax du tribunal administratif de Bordeaux a causé une belle frayeur aux équipes de la Communauté urbaine. Depuis des jours, ils préparaient leur dispositif avec soin. Les couloirs du Conseil d'État véhiculaient il est vrai, avec insistance, la rumeur que la plus haute juridiction administrative française a finalement rendue publique, hier à 14 heures à Paris, et que toute l'Europe des transports attendait. L'arrêt rendu hier fera date. Le conseil d'État a annulé la décision du tribunal administratif de Bordeaux du 10 décembre dernier. Le juge administratif avait alors annulé la procédure de délégation de service public que la Communauté urbaine de Bordeaux s'apprêtait à signer avec Keolis, la filiale de la SNCF, à l'issue d'un mano a mano de plus de seize mois avec Veolia Transport, l'actuel titulaire du contrat.

--- Devant huissier

Le juge bordelais avait donné droit à la société Deutsche Bahn, l'alter ego de la SNCF en Allemagne, qui estimait que l'absence de publicité européenne faite par la CUB l'avait, depuis Berlin, empêchée de concourir. Le Conseil d'État a décidé hier du contraire, considérant que les supports de presse spécialisée choisis par la direction transport de la collectivité, étaient suffisants.

Le fax du jugement est reçu à 14 h 02 à la CUB. À 14 h 20 précises, pour couper court à toute nouvelle procédure précontractuelle, Vincent Feltesse, le président de la Communauté urbaine, pas fâché de cette issue - c'est le mois que l'on puisse dire - signe enfin le contrat avec Keolis. Il en a reçu le mandat de l'assemblée le 18 novembre. Cette signature est symbolique. Elle annonce aussi pour les usagers une vraie nouvelle offre de transports avec plus de bus, plus de liaisons transversales dans l'agglomération, plus de navettes au centre des communes et un budget plus contenu pour la collectivité. Elle signifie aussi que Veolia Transport perd un de ses plus beaux contrats de France, voire d'Europe. Il pèse plus de 750 millions d'euros sur cinq ans.

--- Heure d'hiver

La frayeur de la cellule de crise sur les transports à la CUB vient du fax reçu à 15 h 18. il émane du tribunal administratif (TA) de Bordeaux qui demande au président de la CUB de ne pas signer le contrat. Le référé précontractuel a été déposé par Veolia Transports hier matin, avant même que le Conseil d'État ne rende officiellement sa décision. Il y a dix jours, le TA de Bordeaux a débouté Veolia dans une première tentative d'annulation du contrat. Pas de quoi décourager l'actuel titulaire du contrat. Problème : le fax est daté de 14 h 18, soit deux minutes avant que le contrat ne soit signé devant huissier. Ce qui rendrait la signature caduque. La poisse. C'est en fait l'horaire du fax du tribunal administratif qui était resté à l'heure d'hiver. Ce qu'il a reconnu, par fax, mis à l'heure d'été cette fois ci. Contrat signé dans les temps donc.

Le président Feltesse a informé par SMS - un de ses moyens de communication favori - ses principaux vice-présidents de cette nouvelle étape qui s'annonce sur le front des transports bordelais. Il a aussi informé Alain Juppé en milieu d'après-midi par téléphone. Quelles que soient les nouvelles étapes juridiques de ce dossier (lire par ailleurs), l'affaire Keolis fera date. Elle conforte d'abord les services de la CUB, qui ont mal vécu les revers de procédure de ces derniers mois et qui peuvent goûter avec plaisir la décision du Conseil d'État. « Nous avons bien travaillé » résume Jean-Marc Gauzëre, le vice-président en charge des transports.

--- Troublé

Elle témoigne aussi de la guerre sans merci engagée entre les grands opérateurs de transport. Deutsche Bahn, SNCF, Veolia Transport sont en lutte frontale pour prendre les positions dans une Europe du rail et des transports publics locaux qui s'ouvre. Ils savent à merveille jouer des subtilités du droit, des procédures, des failles dans les législations nationales. Veolia Transport déposera sans doute un nouveau recours, car le contrat bordelais est emblématique, voire vitale pour l'entreprise. Mais elle l'a formellement perdu hier. De façon nette. Hier soir le président Feltesse se disait toutefois « troublé » par l'impact de la stratégie de l'actuel opérateur. Mais les élus en ont choisi un autre. Ce sera Keolis.

=====> Syndicats : le coup de massue !

« Incroyable, tellement que beaucoup d'entre nous ont cru à un poisson d'avril », confie Christian Jaud, délégué CFTC, syndicat fortement représenté chez les traminots. Ce n'est pas la décision du Conseil d'état qui le choque, mais la façon de faire du président Feltesse. « Il y a huit jours, nous avons été reçus par le directeur de cabinet de Vincent Feltesse. À aucun moment, il n'a été question du retour de Keolis et de ce qui se passerait en pareil cas. On nous a surtout parlé de la DSP, demandé notre avis. Pour rien finalement. » Jean-Luc Ducereux de Force ouvrière se montre tout aussi amer. Il préfère cependant reporter ses commentaires à plus tard. « Officiellement nous ne savons rien. C'est par vous que l'on apprend cette signature. Attendons jeudi matin. L'intersyndicale va se réunir et rencontrer la direction. » Des mouvements de protestation possibles ? « C'est chaud ! », répondent tout simplement les responsables syndicaux. J-P.V.

=====> Adieu la régie ?

« Que Vincent Feltesse signe le contrat ne me surprend pas. Il nous avait dit qu'il le ferait si le Conseil d'état prenait cette décision. Mais qu'il le fasse aussi vite m'étonne vraiment. J'espère qu'on ne fait pas trop dans la précipitation. » Max Guichard n'était pas le dernier hier à se poser des questions. Président du groupe des communistes de la CUB, il n'a jamais caché son désaccord avec ses collègues, préférant nettement une régie. Aussi avait-il repris du poil de la bête ces dernières semaines avec la relance de la réflexion sur la DSP transports et le lancement d'une étude sur une éventuelle mise du réseau en régie. « La signature du président me met en situation de questionnement par rapport à tout le travail qui a été réalisé. Par les services de la CUB, par les élus. Je me suis moi-même rendu à Toulouse pour voir comment fonctionnait leur régie. On continue ? Ou on en arrête ? » Proche des salariés de Veolia, Max Guichard se dit aussi déçu et inquiet. Déçu parce qu'il trouve anormal que l'on n'ait pas tenu les salariés informés de la situation, inquiet parce que le retour de Keolis relance le débat sur les acquis sociaux et les conditions de travail. « Je crains que ça passe mal », dit Max Guichard. « Pour avoir des contacts avec quelques salariés, je peux vous dire qu'il y a une forte déception et même de la colère. Tout cela risque fort de se matérialiser par des conflits. » Auteur : Jean-Bernard Gilles jb.gilles@sud

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/article/548100/mil/4359067.html

 

*) LÉGISLATIVES. Le dernier tracé des circonscriptions attise encore le clivage droite-gauche

La nouvelle carte des circonscriptions ne fait pas consensus

Bien sûr, il ne s'agit que du « projet Alain Marleix », secrétaire d'État à l'Intérieur chargé du redécoupage électoral, accessoirement secrétaire national aux élections de l'UMP, il ne revêt donc pas encore un caractère officiel. N'empêche que la nouvelle carte électorale de la Gironde (et des autres départements) est déjà sur les bureaux de tous les partis politiques, comme s'il s'agissait d'un fait acquis. Elle correspond peu ou prou à ce qu'on attendait : une nouvelle circonscription, la douzième, sur l'Entre-deux-Mers (cantons de Créon, Sauveterre, Cadillac, Saint-Macaire, Monségur, La Réole et Targon), une neuvième élargie (cantons de La Brède, Langon, Captieux, Grignols, Villandraut, Podensac, Auros, Saint-Symphorien et Bazas), une huitième concentrée sur le Bassin (Arcachon, La Teste, Audenge, Belin-Béliet) et une septième amputée du canton de La Brède (Pessac 1 et 2, Gradignan). C'est pratiquement la proposition de l'UMP Gironde, si l'on excepte le canton de Pellegrue qui reste rattaché au Libournais (dixième circonscription).

--- Coup de pouce à droite ?

Bien entendu, cette consanguinité ne pouvait que déplaire au Parti socialiste, qui a réagi aussitôt par un communiqué de son secrétaire fédéral, Ludovic Freygefond. Celui-ci « doute que ce redécoupage électoral ait été fait avec objectivité et ce, malgré une commission de contrôle. Cette opération aurait dû être menée en dehors de toute réflexion partisane », indique le secrétaire fédéral du PS, convaincu que le gouvernement « tente de limiter la casse et de donner un coup de pouce à cette majorité bien vacillante ». Toute aussi prévisible est la réaction de l'UMP : « J'y vois une cohérence territoriale et aucun parlementaire ne sera obligé de déménager, ce qui était un des principes de base », dit le secrétaire départemental Nicolas Florian.

--- Deluga seul et fragilisé

Durant les tractations, celui-ci était suspecté par le PS de se voir attribuer une circonscription sur mesure, comprenant Villenave-d'Ornon, La Brède et Créon, territoire proposé par le préfet Idrac : « Personnellement, je n'y voyais aucune cohérence et de toute façon, c'était loin d'être gagné pour nous », dit aujourd'hui Nicolas Florian. En revanche, le projet Idrac aurait bien convenu à Yves d'Amécourt, leader de la droite au Conseil général, « parce que je suis fils d'éleveur, frère de forestier et viticulteur moi-même ». Ceci précisé à ceux qui voient déjà le maire de Sauveterre candidat dans trois ans sur la douzième circonscription... ce que l'intéressé nie à moitié : « Je n'ai jamais participé aux discussions dans aucune commission », jure-t-il. La droite considère donc que ce redécoupage ne lui est pas plus favorable qu'à la gauche. Elle voit déjà Jean-Marie Darmian, conseiller général PS de Créon, candidat en 2012. Elle estime aussi que Martine Faure, députée PS de la neuvième, sort renforcée de la nouvelle donne. Au fond, le seul vrai perdant de l'affaire est peut-être le socialiste François Deluga sur la circonscription arcachonnaise, devenue trop peuplée et privée des ressources du Sud-Gironde. Mais ce sera aux électeurs d'en décider.

--- Réactions

--- Jean-Marie Darmian, conseiller général (PS) de Créon

Tout part du bassin d'Arcachon, qui crée l'onde de choc en étant démembré, comme si on avait voulu éliminer François Deluga. Quant à faire de moi un candidat sur la 12e, rien ne dit que je le serai. En 1995, sur ce territoire, Bernard Castagnet était le candidat du PS et j'étais son suppléant. Il y a aussi Solange Ménival et pourquoi pas Bernard Dussaut alors que d'Amécourt est seul à droite.

--- Nicolas Florian, Secrétaire de l'UMP Gironde

Je pense que ce choix n'est infamant pour personne, à partir du moment où il fallait redécouper la huitième circonscription, qui dépasse les 15 000 habitants alors que le seuil était de 125 000 habitants. Le fait que Pellegrue reste en Libournais ne change pas grand-chose. Quant à la 12e, elle est « open ». Si on se fie aux résultats de 2007, elle penche même un peu plus à gauche qu'à droite, à 52-48, mais c'est jouable pour tout le monde.

--- Yves d'Amécourt, conseiller général UMP de Sauveterre-de-Guyenne

Pour ma chapelle, le choix du préfet regroupant Villenave, La Brède et Créon était préférable, mais je reconnais que ce redécoupage est plus cohérent territorialement. La nouvelle neuvième circonscription a vraiment de la gueule. Je sais que le président Madrelle nous a prêtés des intentions malignes, mais on est loin de certains charcutages d'autrefois. Martine Faure, à qui j'en ai parlé, ne m'a pas paru farouchement hostile à ce redécoupage.

Auteur : HERVÉ MATHURIN h.mathurin@sudouest.com

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/article/556591/mil/4391092.html

 

*) TRANSPORTS. Le président du Conseil général s'inquiète de ne voir aucune alternative se mettre en place

Grand contournement : Madrelle vigilant - Philippe Madrelle. (archives so)

Dix mois après l'annonce de Jean-Louis Borloo mettant fin au projet de grand contournement en Gironde, le président du Conseil général confirme avoir « pris acte ». Il rappelle qu'alors, il s'était comparé à Saint-Thomas pour juger des solutions alternatives lancées ou mises en place : « Je ne crois que ce que je vois ». Et de ce côté-là, il affirme ne pas voir grand-chose aujourd'hui : « Rien ne bouge sur le contournement ferroviaire ». Il se demande s'il est suffisant de « motiver les gens pour moins rouler en voiture ». Et constate : « Que ce soit sur la rocade ou le pont d'Aquitaine, c'est la même pagaille. Le parc automobile continue d'augmenter. » Philippe Madrelle ne croit pas que la raréfaction du pétrole et la crise qui frappe le secteur de la construction automobile seront fatales au phénomène : « Les constructeurs sont des malins. La voiture à pile à combustible sera bientôt prête. Les hybrides sont déjà là... Il y aura donc toujours des autos et il faudra toujours des infrastructures. »

--- Sur le front économique

Alors, « qu'est-ce qu'y est proposé dans l'urgence ? Je poserai de plus en plus cette question et bien d'autres. Car en attendant, deux entreprises du Blayais déménagent à Saint-André-de-Cubzac qui bénéficie de l'autoroute ou de la 2x2 voies vers Angoulême. Et en Médoc, ne croyez-vous pas qu'il y ait de quoi être inquiet ? Quelles perspectives de développement peuvent avoir ces territoires sans infrastructure ? » Le président du Conseil général a d'autres interrogations : « La CCI, le Medef ont exprimé la nécessité de ce grand contournement. Les a-t-on assez entendus ? Les gens qui sont en responsabilité de ce dossier ont des comptes à rendre, à moins que tout le monde accepte que le département, l'agglomération bordelaise s'étiolent, faute de capacité de développement. »

--- Appel aux élus

Et de lancer un appel, afin qu'« on soit un certain nombre d'élus à dire les choses, à ne pas se réfugier dans le clientélisme, à ne pas aller dans le sens du poil. D'autant que ceux qui ne veulent pas d'infrastructures routières chez eux s'élèveront de la même manière contre des infrastructures ferroviaires. »

Bref, Philippe Madrelle n'est pas près de renoncer au débat... Auteur : Anne-Marie Siméon http://www.sudouest.com/gironde/actualite/article/548010/mil/4358791.html

 

*) EUROPE. Selon le commissaire européen aux Transports, la France n'a pas encore fait de demande pour financer Tours-Bordeaux

LGV : Bruxelles attend toujours

Alain Rousset, président de l'Association des Régions de France (ARF) a appris hier à Bruxelles en rencontrant Antonio Tajani, commissaire européen aux Transports, que ce dernier n'avait toujours pas été saisi par la France d'une demande de financement sur la ligne à grande vitesse (LGV) Tours-Bordeaux dans le cadre du plan de relance européen. 500 millions d'euros sont en effet prévus à cet effet pour les LGV européennes, mais c'est en effet aux États concernés d'en faire la demande. Antonio Tajani a rappelé que la question était urgente, puisque la date limite de dépôt des dossiers était fixée au 26 mai prochain.

La délégation de l'ARF, conduite par Alain Rousset, a rendu visite à Maria Fischer-Böll, commissaire à l'Agriculture, qui les a rassurés sur la permanence d'une politique agricole commune (PAC), même amendée, à partir de 2014 et au delà.

--- Surveillance attentive

Avec le président de la Commission, José Manuel Barroso, les présidents de Région ont appris, ce qu'ils ignoraient, que les sommes non dépensées dans le cadre des fonds structurels (Feder et Feader) étaient reversées aux États pour qu'ils les dépensent à leur guise. Selon Alain Rousset, cela pourrait expliquer, d'une certaine manière, pourquoi la France est souvent en retard dans la consommation de ces crédits. Les présidents de Région ont donc décidé de suivre au plus près les taux d'exécution de ces crédits européens, qui sont très bas en France, apparemment beaucoup plus bas que dans les autres pays comparables.

Alain Rousset a pu apprendre également que le gouvernement français n'avait jamais déposé le moindre dossier pour bénéficier du fonds d'adaptation à la mondialisation doté, lui aussi, de 500 millions d'euros. Pourtant, de nombreuses entreprises françaises sont dans une situation qui leur permettrait d'en tirer parti. Auteur : Jean-Pierre Deroudille

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/555524/mil/4387191.html

 

*) TRAINS EXPRESS RÉGIONAUX. Neuf mois après la mise en service du cadencement, le bilan montre une nette hausse de fréquentation, malgré quelques défaillances hivernales

Des TER à flux tendu

La gare de Pessac est celle qui a le plus profité de l'organisation du cadencement avec une hausse de 100 % de la fréquentation. (PHOTO THIERRY DAVID)

Voilà maintenant neuf mois que le cadencement des Trains express régionaux est mis en oeuvre. Rappelons d'abord la définition du cadencement : c'est un train qui part, passe et s'arrête à la même heure, respecte les mêmes arrêts et se caractérise par sa ponctualité et sa régularité. Une véritable révolution ferroviaire, même si elle exclut pour le moment les lignes en provenance du nord de la Garonne. Si l'on en croit Philippe Buisson, vice-président régional chargé des TER, le bilan est d'ores et déjà positif : « De juillet à décembre 2008, nous avons enregistré une hausse de 30 % sur les lignes concernées alors qu'elle est restée à + 10 % sur les non cadencées », indique-t-il. La fréquentation des gares a suivi la même courbe. La palme revient à celle de Pessac, première gare TER avec une hausse de 100 % en six mois. Il est vrai qu'elle accueille à la fois les lignes de Mont-de-Marsan, Pau, Hendaye et Arcachon, sans oublier l'intermodalité avec la ligne B du tram. La gare de Marcheprime, rouverte au mois de mai, est devenue un rendez-vous de voyageurs important avec ses 44 arrêts quotidiens. Quant à la nouvelle station de Ravesies à Bordeaux-Nord, qui relie la ligne SNCF du Verdon à la C du tram, son affluence a augmenté de 11 % : « Mais ce pourcentage ne tient pas compte de la navette de Macau qui a été ajoutée », explique Fabienne Cala, directrice adjointe des infrastructures à la Région, chargée des TER. Moins spectaculaires mais tout aussi signifiantes sont les fréquentations des gares de Bruges (de 3 voyageurs par jour à 25) et de Parempuyre (de 6 à 60) : autant de voitures en moins sur la rocade...

--- Problèmes d'effectifs

Après avoir considéré que le cadencement « s'est mieux passé au début que dans d'autres régions parce que les cheminots aquitains ont joué le jeu », Philippe Buisson reconnaît que la révolution ferroviaire a connu quelques couacs : « La période hivernale reste compliquée à la SNCF où les effectifs sont à flux tendu ; il suffit qu'il y ait plusieurs malades chez les conducteurs pour que le système se dérègle ; nous sortons à peine de la crise après avoir connu une période difficile à partir de début décembre. » Cette appréciation est corroborée par un cadre syndiqué à la CGT, Bruno Tourtoy : « Du fait que nous évoluons dans une entreprise très cloisonnée, il est difficile de réunir en temps et en heure le contrôleur, le mécanicien et le conducteur, comme si nous avions du mal à travailler ensemble, comme si chacun restait dans son coin. »

Le cadencement, qui ne souffre pas la moindre défaillance, a mis en évidence ces défauts structurels, mais il faudra sans doute faire avec quelque temps encore.

--- 400 millions de matériel

Néanmoins, les sondages de satisfaction, menés conjointement par l'intersyndicale de la SNCF, les associations et la Région elle-même laissent apparaître, selon Philippe Buisson, « un taux de satisfaction de 70 % environ, chez les usagers mais aussi chez les non-usagers pour ce qui concerne l'image des TER. Cette appréciation demande toutefois à être affinée, selon que l'enquête a eu lieu en octobre ou en février : « Les retards et les suppressions ont un peu cassé l'effet positif », reconnaît le vice-président régional.

Mais le meilleur sondage vient sans doute des usagers des lignes non cadencées, qui aspirent fortement à bénéficier du même service. Ainsi dans le Blayais, le Libournais ou le Langonnais. « L'objectif était d'obtenir le cadencement partout pour la fin 2010 mais il sera repoussé d'un an, non de notre fait mais de la SNCF qui réorganise tout son dispositif à l'échelle nationale », précise Philippe Buisson. En attendant, la Région va mettre le paquet sur l'achat de matériel, soit 400 millions d'euros, « la plus grosse commande de TER de France, hors région parisienne ». Pour compenser le manque de train sur la ligne de Toulouse, le Conseil régional envisage de commander des wagons à deux étages « dans les deux ans qui viennent ». Et à bord des nouveaux TER, la Région a demandé qu'il y ait systématiquement un contrôleur, même quand la technique permet de s'en passer. Une dépense qui incombera à la collectivité mais le président Rousset y tient.

--- Une ligne à payer

Faut-il rouvrir des lignes d'intérêt local comme celle reliant Blaye à Saint-Mariens ? Les locaux sont pour, la Région est pour aussi... mais qui va payer ? « Nous sommes prêts à fournir notre contribution, comme nous l'avons fait en Lot-et-Garonne, mais il faut que le Conseil général, la ville de Blaye, les Communautés de commune et le Port autonome participent au financement », dit Philippe Buisson. L'ouverture d'une ligne revient en effet à 50 millions et le vice-président du Conseil régional estime qu'il est hors de question que son administration y aille seule.

--- La grogne d'une usagère

Usagère régulière des TER, une Arcachonnaise, Catherine Ters, a écrit dernièrement une lettre de protestation à la SNCF. Elle constate « une dégradation générale du service avec de plus en plus de "petits" retards, toujours inférieurs à 30 min toutefois (à 28 min, on vous explique que vous n'avez droit à aucune compensation financière...) ; une politique de communication toujours aussi nulle : au mieux, on fait savoir aux voyageurs que le train est arrêté en pleine voie et qu'il serait donc dangereux de vouloir en sortir, mais quant à savoir pourquoi, et pour combien de temps... ; une incohérence totale entre les réseaux TGV et TER ; une tendance systématique, de la part du personnel, à rejeter la faute sur le Conseil régional-qui-gère-désormais-les-TER, en expliquant à qui veut l'entendre que c'est le premier pas vers la privatisation, et que ce sera bien pire quand ladite privatisation sera achevée ». Cette usagère fait écho à d'autres récriminations émanant notamment du sud du département, mal desservi par les TER. Auteur : HERVÉ MATHURIN

h.mathurin@sudouest.com

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/article/556471/mil/4389946.html

*) SAINTE-EULALIE, CONSEIL MUNICIPAL. Au terme d'une séance très houleuse, la majorité rejette le projet de convention avec le Conseil général, ce qui remet en cause les 4 millions d'euros d'aides

Orage sur Les Ruaults

Les Ruaults ont fait une nouvelle fois l'objet d'une nouvelle bataille politique. (photo) C'est bien une séance extraordinaire du Conseil municipal qui s'est déroulée mercredi soir en présence d'un public plus nombreux debout qu'assis. Elle avait pour unique objet de délibérer sur le projet de convention déterminant la participation du Conseil général dans le programme de rénovation urbaine des Ruaults (voir notre édition de jeudi dernier). Le sujet a pris parfois l'allure d'un débat électoral, avec tous les excès de langage que cela comporte et s'est soldé par le vote contre de la majorité et les cinq voix de l'opposition pour. Les Eulaliens sont bien placés pour savoir que le désaccord remonte à mars 2 008, lorsque l'équipe emmenée par Hubert Laporte gagna la mairie pour avoir défendu un projet de construction de logements inférieur en nombre à celui défendu par la gauche.

--- Jean-Michel Minjon

Depuis, les choses se sont concrétisées par la signature d'une convention ANRU (1). Elle acte la démolition de la copropriété des Ruaults. En échange de quoi, une offre diversifiée de logements sera construite dans le périmètre de la ZAC 180 (2), soit le nombre de logements.

--- « Sous la pression »

Le Conseil général de La Gironde est d'autant plus déterminé à participer à cette opération que son président Philippe Madrelle est l'élu du canton. Dans les rangs de l'opposition, Jean-Michel Minjon a saisi toutes les occasions pour rappeler une condition majeure : « Si les 50 logements supplémentaires ne sont pas construits à Sainte-Eulalie, le Conseil général ne participera pas ».

Le maire Hubert Laporte, soutenu par ses collègues de la majorité, estime que ces cinquante logements à implanter hors ZAC, afin de reconstituer le parc actuel des Ruaults, peuvent trouver place sur un ou plusieurs des territoires de la Communauté de communes de Saint-Loubès. Il a rappelé mercredi soir qu'« une délibération a été prise à l'unanimité » en ce sens. Jean-Michel Minjon l'a contesté et s'est attiré les foudres de la majorité. Ce dernier est revenu à la charge en rappelant au maire le courrier qu'il a adressé au président Philippe Madrelle dans lequel il s'engage à « réaliser les 50 logements sur la commune de Sainte-Eulalie ». Réponse du maire : « J'ai effectivement répondu à certaines exigences du président Philippe Madrelle. J'ai confirmé que nous allions nous donner les moyens de nous conformer à l'article 55 de la loi SRU dans le cadre de notre PLU, c'est la loi et j'ai écrit sous la pression que dans ces dispositions il serait possible de réaliser ces 50 logements sur la commune mais je ne me suis pas engagé à le faire ». « J'ai parlé d'une possibilité », maintient le maire sous la pression de l'opposition, avant de dire son intention de « revoir les termes de cette convention car nous avons le droit de choisir ce que nous voulons pour notre commune ». « Un jour vous dîtes noir, un jour vous dîtes blanc », lance Odile Bazieu, hantée par la question « comment allons nous faire pour mener ce projet ? ». Dominique Gaudin qui avait hérité du pouvoir donné par Christian Laur, l'ancien maire, en a glissé une autre : « Que va-t-il se passer avec le Conseil régional ? ». « Une convention est en préparation, a priori il n'y a pas de problème », répondit Hubert Laporte.

--- Un projet d'école fragilisé

Nombre de ses collègues habituellement réservés ont reproché parfois vivement (lire ci contre) au président Madrelle de se mêler de ce qui ne le regarde pas avant de conclure tous par « le respect des engagements donnés aux Eulaliennes et aux Eulaliens ». Frédéric Ventre, l'adjoint aux finances, s'est livré, calmement comme à son habitude, à une analyse très minutieuse de la situation. Il en ressort selon lui qu'« aucun argument rationnel ne justifie la position de Philippe Madrelle, tant sur les plans légal et réglementaire que financier, ou architectural, environnemental ». À propos de la localisation des 50 logements, il a cité une intervention de Michel Delebarre, l'ancien ministre socialiste, reprise par l'ANRU préconisant qu'« une partie des reconstitutions doit être assurée au-delà de la ZUS et de la commune, au risque de reconstituer le ghetto ». Frédéric Ventre voit pour principale conséquence du rejet de la convention avec le Conseil général sur des aménagements et « surtout sur le futur pôle éducatif qui doit remplacer le bâtiment de l'école Montesquieu, de type Pailleron ». « Le projet serait à tout le moins ajourné ». (1) Agence nationale de rénovation urbaine. (2) Zone d'aménagement concertée.

Auteur : dominique andrieux s.andrieux@sudouest.com

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/rive-droite/article/556801/mil/4391136.html

=====> SAINTE-EULALIE. La municipalité d'Hubert Laporte s'oppose au président du Conseil général

Les Ruaults : Madrelle défié sur ses terres

Rien ne va plus entre Philippe Madrelle (président du Conseil général) et Hubert Laporte (le maire eulalien). (Photos Archives A.S.K. et Y. D.) Le thermomètre a viré au rouge, mercredi soir, lorsque le Conseil municipal de Sainte-Eulalie a rejeté le projet de convention précisant l'intervention du Conseil général de La Gironde dans le projet de rénovation urbaine des Ruaults (voir « Sud Ouest » d'hier). Deux bonnes heures de séance au cours desquelles la majorité emmenée par le maire Hubert Laporte (sensibilité de droite) a fait le procès de Philippe Madrelle, le président du Conseil général de Gironde.

--- Pas avec le dos de la cuiller

« Négation de la démocratie, ingérence inacceptable, chantage financier révoltant », Frédéric Ventre, le bras droit du maire eulalien, convenait de la force des propos qu'il utilise pour qualifier l'attitude de M. Madrelle, le conseiller général du canton de Carbon-Blanc incluant la commune de Sainte-Eulalie. Pour faire simple, la majorité municipale n'hésite plus à dire à voix haute que « Philippe Madrelle règle les comptes des dernières municipales », sanctionnées par la défaite très nette de deux listes de gauche réunies au second tour. Jean-Michel Minjon, le conseiller municipal socialiste, a essuyé une bronca mercredi en s'adressant à la majorité : « Vous étiez en tête au premier tour mais si on fait l'addition de nos deux listes... » Le problème se situe sur un point de la convention, le Conseil général assortit sa participation financière (4 millions d'euros) dans le projet de rénovation urbaine des Ruaults à « la réalisation sur la commune de Sainte-Eulalie de 50 logements sociaux ». Un nombre venant en complément des 180 autres faisant l'objet de la convention signée avec l'Anru (1), un nombre encore sur lequel la municipalité s'est engagée face à ses électeurs. Pour elle, « aucun argument rationnel sur le plan légal » n'empêche de réaliser les 50 logements dans une, ou plusieurs des communes proches de Sainte-Eulalie. La règle étant de reconstituer les 230 logements qui seront démolis, Hubert Laporte s'est tourné vers ses collègues de la Communauté de communes de Saint-Loubès. Elle a voté à l'unanimité une délibération actant « le principe que les 50 logements puissent être construits ailleurs qu'à Sainte-Eulalie ».

--- « Sous la pression »

« Le logement n'est pas dans la compétence des communautés de communes », observe Martine Jardiné, la conseillère générale en charge de la commission habitat développement social, urbain et rural. C'est elle que le président Madrelle a sollicitée, hier, pour mettre les choses au point. D'abord pour s'offusquer des propos tenus à l'encontre de Philippe Madrelle par les élus eulaliens, « du jamais vu, même sur les conflits les plus aigus ». L'élue explique la position du président par une politique de logements sociaux. « La reconstitution des 230 logements ne permettra pas à la commune d'éviter une pénalité financière pour carence en logements sociaux », défend-elle.

« Je suis d'autant plus étonnée par ce vote que lors de la réunion que nous avons eue vendredi dernier, sur ce dossier, M. Laporte n'a rien trouvé à redire lorsque j'ai évoqué les points de sa lettre dans laquelle il s'engageait à réaliser ces 50 logements sur sa commune », commente Mme Jardiné avant de préciser que « le président a démontré sa volonté de faire aboutir le projet en débloquant des aides financières ». À propos de sa lettre d'engagement, Hubert Laporte a dit mercredi l'avoir « écrit sous la pression ». (1) Agence nationale pour la rénovation urbaine

Auteur : Dominique Andrieux d.andrieux@sudouest.com

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/rive-droite/article/556724/mil/4393414.html

 

 

         &&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

         &         Ripostes Sociales          &

         &&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

 

 

*) « Atelier économie-politique et société d’Espaces Marx et d’Attac33» Le jeudi 16 Avril à 20h30  à l’Athénée Municipal de Bordeaux

Animé  par Jean-Claude MASSON, Robert PIERRON et Dominique BELOUGNE,

« L’impossible banalisation des industries de Défense : un regard d’économiste sur une industrie atypique »

A partir des travaux et avec la participation de Sylvain MOURA, docteur en économie et spécialiste de l’économie industrielle, nous examinerons l’évolution des industries d’armement dans une perspective de comparaison internationale. Cette approche permettra de débattre des enjeux de ce secteur, notamment pour l’Aquitaine. Nous inviterons à participer à cette rencontre des responsables et des militant(e)s syndicaux, associatifs et politiques. - Contact : Espaces.MarxBx@gmail.com

 

*) Contributions d’Espaces Marx au Forum Social Local de Gironde  Du Lundi 27 Avril au Samedi 2 mai à l’Athénée Municipal de Bordeaux

Au travers de la participation à l’organisation de cinq initiatives :

- « La créolité et la mondialité : les Antilles et la transformation sociale» le Mardi 28 Avril à 18h30

- « L’Etat et la Transformation Sociale » le Mardi 28 avril à 20h30

- « Crises du Capitalisme et Alternatives ? » le Samedi 2 mai à 14h

- « Etre citoyen en Europe ? Quelle Europe pour quel monde ?... » le samedi 2 mai à 9h30

- « Faut-il changer l’école ? » le Jeudi 30 Avril à 20h30

- Contact pour s’associer aux débats : espaces.marxbx@gmail.com

– Entrée Libre -

 

*) Le séminaire "Femmes et travail, rapports de sexe, rapports de classe", initiative de dimension Européenne, en partenariat avec Espaces Marx Paris et Transform!

Nous envisageons de tenir à Bordeaux cette initiative au cours du mois d’Octobre 2009. Un appel à communication est en cours de rédaction. Les Personnes intéressées sont invitées à le faire savoir et peuvent prendre contact dés maintenant avec Marie ESTRIPEAUT-BOURJAC, Vice-Président d’Espaces Marx Aquitaine-Bordeaux-Gironde, et coordinatrice de l’initiative : estrjac@wanadoo.fr ou écrire à Espaces.MarxBx@gmail.com .

 

*) « Nous voulons un 1er Mai exceptionnel »

Les syndicats insistent tous sur le caractère inédit depuis la Libération de leur décision de troisième manifestation unitaire.

L’unité syndicale aura, ce coup-ci, bousculé les traditions et les cultures des organisations, l’histoire même du mouvement syndical français. Les huit organisations manifesteront ensemble le 1er Mai. Elles appellent les salariés, les retraités, les privés d’emploi et les familles à descendre dans la rue pour faire de ce 1er mai 2009 une journée exceptionnelle. Un tel rassemblement ne s’est jamais produit le jour de la Fête du travail. Dans un communiqué publié hier, la CFE-CGC a de nouveau expliqué sa volonté de participer à un défilé qu’elle ignore traditionnellement par crainte des « tentations de récupérations politiques ». Mais, là, juge-t-elle, au nom d’un « malaise social qui est grand et ne se calme pas », il faut manifester « sur les slogans de notre cahier revendicatif ». Première aussi pour la CFTC, qui participera aux manifestations unitaires du 1er Mai pour la première fois de son histoire. « Ce 1er Mai doit être une manifestation très forte de l’unité syndicale pour défendre l’emploi pour tous les salariés », explique sa représentante à l’intersyndicale, Gabrielle Simon. Enfin pour FO qui, à l’exception du 1er mai 2002, l’avant-second tour de la présidentielle marqué par la présence de Le Pen, n’a jamais, depuis sa création en 1948, participé à un 1er Mai avec la CGT, c’est aussi un événement. « Nous réaffirmons en toute clarté notre volonté de maintenir cette intersyndicale », annonce Michelle Biaggi, secrétaire nationale de FO, qui affirme qu’il y aura bien un cortège unique à Paris le 1er mai, même s’il peut y avoir, selon elle, des problèmes dans des localités. « 1er Mai inédit » pour Catherine Lebrun, de Solidaires, « une décision extrêmement rare », pour Gérard Aschieri, de la FSU, « un temps fort exceptionnel pour les revendications et la solidarité », pour Marcel Grignard, de la CFDT. « L’intersyndicale tient à rester unie, précise-t-il, à être une perspective pour l’ensemble des salariés. La CFDT y est très attachée. » « Nous voulons un 1er Mai tellement fort, tellement exceptionnel, qu’il permette aux salariés d’enfoncer encore des angles dans la politique du gouvernement », affirme Maryse Dumas. Et « pour le mois d’avril, il faut se défoncer, insiste la secrétaire confédérale de la CGT, poser la question de l’emploi et du pouvoir d’achat partout, y compris dans les petites entreprises ». Un « feu roulant d’actions », tout le long du mois d’avril, dans les localités, les bassins d’emplois… Ainsi autour des « Caterpillar » à Grenoble, l’UD CGT de l’Isère invite tous les syndicats à une journée d’action le 3 avril. À Gentilly dans le Val-de-Marne, le syndicat CGT des territoriaux organise, le 9 avril, une manifestation pour « enterrer l’injustice sociale ». « Ni fleurs ni couronnes ni regrets », précise le faire-part. Olivier Mayer http://www.humanite.fr/2009-04-01_Politique_-Nous-voulons-un-1er-Mai-exceptionnel

 

 

*) 1er Mai. Déclaration intersyndicale du 30 mars 2009.

L’augmentation du nombre de chômeurs, la baisse significative de la consommation, l’incertitude grandissante sur l’activité des entreprises témoignent de la gravité de la crise qui frappe un nombre croissant de salariés sans que nul ne puisse aujourd’hui en prédire la durée.

Les mobilisations viennent d’obliger le gouvernement à agir sur les stockoptions et les rémunérations exceptionnelles des dirigeants d’entreprise lorsque ces dernières ont reçu des aides publiques directes. Sur la question de la redistribution des richesses produites, le décret annoncé bien qu’insuffisant est un début de remise en cause du système actuel. Elle laisse cependant de côté l’essentiel des revendications du 5 janvier 2009 portées par les mobilisations du 29 janvier et du 19 mars 2009. Gouvernement et patronat doivent rapidement mettre en oeuvre les mesures déjà prises et engager les négociations et les concertations pour répondre à l’ensemble des revendications. C’est pourquoi, dans la suite des journées du 29 janvier et du 19 mars et dans ce contexte exceptionnel, les organisations syndicales s’entendent pour faire du 1er Mai un nouveau temps fort de mobilisation pour peser sur le gouvernement et le patronat. Elles appellent leurs organisations locales à rechercher les modalités appropriées pour réussir cette journée de revendication syndicale en tenant compte des situations locales. Pour préparer le 1er Mai, elles conviennent de faire du mois d’avril un mois de mobilisations ponctué d’initiatives visant à soutenir les actions engagées et à organiser les solidarités. En fonction des réponses du gouvernement et du patronat, les organisations syndicales débattront lors de leur prochaine rencontre des nouvelles initiatives (grève interprofessionnelle, manifestations, mobilisations un samedi…). Une prochaine réunion est d’ores et déjà fixée au 27 avril. http://www.humanite.fr/2009-03-31_Politique_1er-Mai-Declaration-intersyndicale-du-30-mars-2009

 

*) Un appel sans précédent à un 1er Mai unitaire

Les huit syndicats ont décidé hier de lancer un nouvel appel à manifester le jour de la Fête du travail. C’est une première.

Les huit syndicats (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Solidaires, UNSA), réunis hier soir au siège de la CFDT, à Paris, pour discuter des suites à donner à aux journées de grève et manifestations des 29 janvier et 19 mars, ont décidé de lancer un appel sans précédent à manifester ensemble le 1er mai prochain. à l’heure où l’emploi et les salaires sont les variables d’ajustement de la crise économique, les syndicats ont donc décidé de se saisir de la journée de la Fête du travail pour construire une nouvelle étape dans le rapport de forces.

Hier, ils sont parvenus à maintenir leur unité sur cette date, alors que la CFTC et FO ont pris l’habitude de défiler de leur côté. La CFTC n’avait jamais fait cortège commun, même lors de l’élection présidentielle de 2002, contre la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour. FO par contre, avait renoncé à tenir sa propre initiative, pour la seule fois depuis sa scission avec la CGT en 1948. Pour sa part, la CFE-CGC ne manifeste pas ce jour-là. C’est donc une première, qui sera précédée de rassemblements interprofessionnels dans les régions et les départements. « Le mois d’avril doit être placé sous un feu roulant d’actions dans les territoires pour préparer un grand 1er Mai, défendre l’emploi et le pouvoir d’achat », expliquait Maryse Dumas, de la CGT, au sortir de la réunion. Comme ils en ont pris l’habitude, les syndicats ont aussi décidé d’une nouvelle rencontre le 27 avril. Vu l’heure tardive de la réunion, nous rendrons compte plus amplement des décisions dans notre édition de demain.

P. M. http://www.humanite.fr/2009-03-31_Politique_Un-appel-sans-precedent-a-un-1er-Mai-unitaire

 

*) SNPE : grève victorieuse

Le syndicat Sud, largement majoritaire, à l'établissement SME-SNPE de Saint-Médard-en-Jalles, a finalement gagné la bataille salariale, dont il avait livré la dernière phase en compagnie de la CGT. Les deux syndicats estimaient insuffisant l'accord salarial annuel signé la semaine dernière par la CFE/CGT avec la direction nationale de la SME (SNPE Matériaux Énergétiques), dont le site girondin est de très loin la plus grosse unité. Sud et la CGT se plaignaient notamment du montant à leurs yeux insuffisant du talon (augmentation annuelle minimale) de 35 euros bruts accordés par l'entreprise. Ils ont donc recommencé des mouvements la semaine dernière, avant de faire monter la pression lundi, avec un mot d'ordre de grève de 8 heures. Les circonstances les servaient puisque l'établissement procède en ce moment à la coulée d'une charge de propergol pour missiles balistiques, dont l'interruption aurait pu avoir de graves conséquences industrielles et financières. À l'issue d'une longue négociation qui s'est tenue lundi soir, la direction de la SME a donc accordé un talon de 50 euros, qui sera dans une très large mesure financé par les enveloppes initialement destinées aux augmentations individuelles. Après des débats, SUD et la CGT ont signé le protocole qui met fin au conflit. Auteur : Bernard Broustet

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/bordeaux/article/554479/mil/4384312.html

 

*) BLANQUEFORT, FORD. Les comités locaux de soutien aux salariés vont perdurer pour alerter l'opinion si la reprise du site ne se déroule pas comme prévu

Vigilants pour la suite - Un huitième comité est né au Pian-Médoc jeudi soir. Son objectif, comme celui des autres comités aujourd'hui : s'assurer que la promesse de sauvegarder les emplois soit bien tenue. (PHOTO L. B.) «Pour la plupart des gens, la question de Ford est aujourd'hui réglée. Mais beaucoup de choses restent floues. Nous allons rester vigilants. » Marie-Thérèse Flipo est l'une des chevilles ouvrières du comité de soutien et de sauvegarde des emplois industriels du site industriel de Ford. Pas question pour elle et un certain nombre d'arrêter la mobilisation. Petit retour en arrière. Février 2008 : un premier comité de soutien est créé. Face aux menaces de fermeture du site de Blanquefort, les personnels viennent de bloquer l'accès à l'usine pendant dix jours. Son but : accompagner les salariés dans leur mobilisation pour sauver le site en alertant l'opinion publique et les élus.  Dans les semaines qui suivent, une toile d'araignée se tisse. Dans les villes voisines de Blanquefort, où vivent les personnels, des comités locaux voient également le jour.

--- « Un soutien toujours utile »

Février 2009 : la reprise du site par HZ Holding France et la sauvegarde de tous les emplois est annoncée. Mission achevée pour les comités ? « Nous passons désormais à une nouvelle étape en ajoutant une troisième notion à nos comités : celle de vigilance. Dans les deux ans à venir, notre but va être d'interpeller l'opinion publique et les élus si la reprise ne se passe pas bien. Les pouvoirs publics vont investir de l'argent pour les salariés et le site, mais on doit être sûr que la sécurité de l'emploi et de la formation soit bien assurée », poursuit la bénévole. Jeudi soir, un premier comité de vigilance a vu le jour au Pian-Médoc, à l'initiative du groupe d'opposition municipale. « C'est une forme de démocratie participative, note Stéphane Saubusse. Nous n'avions pas créé de comité jusqu'à présent sur la commune. On prend le train en marche, mais cela ne sera sûrement pas inutile. » Depuis la création du premier comité à Blanquefort en février 2008, six autres ont vu le jour à Eysines, Saint-Médard-en-Jalles, Parempuyre, Carbon-Blanc, Castelnau et Ludon. Ils ont financé grâce des lotos, concerts, soirées dansantes mais aussi le soutien des partis politiques, la tenue de forums d'information, l'impression de T-shirts, de pare-soleil et surtout le déplacement des salariés et leurs familles à Paris pour aller manifester au salon de l'automobile début octobre. La pétition qu'ils ont faite circuler a aussi reçu 22 000 signatures. « Au-delà des actions menées, ils nous ont surtout aidés à faire passer un message pour sensibiliser l'opinion publique à notre cause, relève le secrétaire du comité d'entreprise, Francis Wilsius. Ils vont continuer à nous soutenir pour finir le travail commencé : celui de vraiment sauver les emplois dans la même forme de combat intelligent. » Auteur : LAURIE BOSDECHER l.bosdecher@sudouest.com

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/rive-gauche/article/550920/mil/4367922.html

 

*) MÉDOC. Personne n'est sûr de la sauver. La Poste est au centre de farouches combats. À Montalivet, tout le monde a cru qu'elle allait disparaître cet été

La Poste, ou la vie - Michel Bibey, le maire de Vendays-Montalivet : « La population a l'exigence de vivre avec du matériel. La Poste est le premier. » (Photo Alexandre Sioc'Han de Kersabiec) Même Voltaire s'en est mêlé. « La poste est le lien de toutes les affaires, de toutes les négociations. Les absents deviennent, par elle, présents. » L'homme des Lumières avait pressenti l'attachement fondamental du citoyen à la maison commune du courrier, sans toutefois imaginer que ça tournerait vinaigre au XXIe siècle. La Poste est un bien fragile. Plus on l'aime, plus elle s'éloigne. C'est l'idée qui s'enracine quand on quitte les villes. Vendays-Montalivet, dans un bout de Médoc, au large, étale une commune à deux bourgs, Vendays, 1 400 habitants, et Montalivet, à 8 kilomètres, 800 habitants l'hiver, 45 000 l'été. Ce n'est pas la France de Vincent Auriol sédimentée dans les replis dunaires, qui rêve encore du facteur calé dans sa camionnette 2 CV Citroën. Pas vraiment. Le village mondialement connu pour son centre héliomarin accueille des retraités du monde entier, y compris de Corrèze. Montalivet en été c'est 15 000 naturistes, 3 000 résidences secondaires, 11,6 km de front de mer, six fois la préfecture de l'Ardèche, avec une certaine fierté communale d'accorder 100 permis de construire annuels. Alors, évidemment, on a quelques exigences sur l'outillage.

--- La place des postiers

La Poste de Montalivet a déjà perdu ces dernières années. Désormais, c'est une agence postale tenue par Nathalie, l'employée municipale logée sur place. Dix mois par an, il n'est plus possible d'encaisser de mandats, d'acheter de carte téléphonique, d'effectuer un virement de compte à compte, de retirer plus de 300 euros par semaine. Seule compensation, La Poste, en juillet et en août, envoie des renforts au petit fortin attaqué par la foule. Des postiers, des vrais comme ceux qui portaient l'almanach. Lorsque le bruit a couru que La Poste voulait retirer cette équipe de pros, reçue sur tapis rouge, le maire a pris la même couleur. Et quand on a Michel Bibey sur les mollets, cela n'annonce pas du beau temps. Son analyse est simple : « Les Médocains sont présentés comme des tarés un peu fainéants qui boivent et mangent. Mais nous pardonnons à ceux qui nous offensent. Parce que nous avons l'air pur. Il y a un mouvement exceptionnel de jeunes qui reviennent vivre au pays avec des idées bien précises. Ce qui prouverait que la ville a échoué. Toute cette belle population a l'exigence de vivre avec du matériel. La Poste est le premier. »

--- Un phare

La Poste qui nous lâche ? Michel Bibey, en vieux combattant du maquis, l'avait annoncé à l'assemblée générale de l'Office du tourisme. Bronca dans la salle. Le soufflé a monté. Ainsi, par petites touches, est-elle devenue le combat du siècle. Aux « Copains d'abord », l'hôtel-restaurant-bar de l'avenue de l'Océan, une telle perspective reste effrayante. La Poste est un hymne liturgique chanté, façon Médoc. Qu'entend-on ? « Si elle ferme l'été, nous sommes prêts à boycotter les comptes postaux et à tout basculer sur le Crédit agricole. Nous sommes nulle part. Pourquoi nous enlever quelque chose dont on ne peut pas se passer ? Nous serions identifiés par les impôts, l'Urssaf, les gendarmes, et ignorés par La Poste ? Elle n'est pas consciente qu'elle peut perdre ses clients. À la campagne, nous avons les mêmes devoirs de citoyens. Nous voulons les mêmes droits. Autant supprimer les buvettes, la pharmacie, le tabac et créer un camp sauvage. » La Poste est un cordon ombilical, une passion amoureuse, un fantasme d'anachorète. Le Crédit agricole est parti en laissant simplement aux indigènes ses deux distributeurs automatiques. Mais La Poste n'a pas ce droit. À l'endroit de la place du fameux marché quotidien qui ressemble au grand bazar d'Istanbul - près de 10 000 personnes chaque jour se marchent sur les tongs -, elle fait briller la civilisation marine.

--- Attention à l'émeute

Le maire, tacticien, a mobilisé son conseil et distillé les menaces. « J'ai dit aux responsables : "Si vous enlevez les postiers l'été, alors qu'il y a déjà des queues de 100 mètres à Montalivet, nous la fermerons. Et ce sera l'émeute. J'ai également mis l'accent sur la sécurité et ma responsabilité de maire avec des employés communaux." J'ai enfin souligné que La Poste, c'est un métier. » Imparable. Des mots, des échanges, des courriers. Rude et classique bras de fer, entre des élus remontés comme des pendules et une Poste toujours soucieuse de ramener la paix au village. Montalivet aura ses postiers adulés dès le 29 juin.

Le combat fut de même nature à Carcans-Maubuisson, un peu plus bas. « Je voyais mal La Poste négliger une population de 25 000 habitants en été, explique Henri Sabarot, le maire. Il faut toujours s'accrocher et développer des arguments. J'ai mis l'Association des maires de France sur le coup. J'avais dit que si La Poste ne venait plus en été, nous pouvions démonter son distributeur automatique de billets. Au bout du compte, nous avons un contrat de maintien de trois ans, renouvelable par tacite reconduction. Cela fait six ans de visibilité. Si on avait baissé la tête, on l'aurait eu de coupée. » « Même si l'on gagne aujourd'hui, dit Michel Bibey, ils reviendront à la charge un jour. » Mais seule compte la vérité du moment : Montalivet ne sera pas déshabillé cet été.

Auteur : Christian Seguin c.seguin@sudouest.com

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/sos-services-publics/article/548479/mil/4360977.html

 

*) BÈGLES, LOGEMENT SOCIAL. Les locataires réitèrent leur désaccord face aux charges qui leur sont exigées

Le conflit s'accroît entre locataires et SAEMCIB - Pancartes brandies, éclats de voix, ambiance tendue hier soir, rue Calixte-Camelle, dans le centre-ville de Bègles, devant les locaux de la SAEMCIB, le bailleur social. Une cinquantaine de personnes se retrouvaient là, à l'appel de la CNL (Confédération nationale du logement) et de ses deux élues locales, Anny Lartigue et Catherine Lavat. Il s'agissait une nouvelle fois d'interpeller le directeur de la SAEMCIB « avant d'interpeller la mairie, puisque le maire préside le conseil d'administration », expliquaient les manifestants.

--- Agissements innommables

« Ce soir, nous voulons dire à la population que les engagements de tenir une réunion d'explication, sur les sommes qui nous sont indûment demandées, n'ont pas été respectés. Nous contestons les charges de six résidences, qui comportent toutes des erreurs inexpliquées. » Dans le tract distribué à la population on pouvait lire aussi : « Il est urgent de se révolter contre des agissements innommables. Où passe notre argent ? » (lire « Sud-Ouest » du 6 mars). 1 150 personnes sont logées par la SAEMCIB sur la commune de Bègles, les deux sites les plus importants étant les résidences Maurice -Thorez et Yves- Farges.

--- Indélicat

Le directeur de la SAEMCIB, André Lassansaa, est venu à la rencontre des manifestants, mais les propos se sont révélés assez peu amènes de part et d'autre, au point qu'il a perdu son sang-froid en menaçant une locataire véhémente : « Ne me suivez pas, sinon ça va mal se ter- miner ! » On pouvait effectivement s'attendre à mieux, d'autant que notre homme n'a fait que réitéré ses précédentes propositions de recevoir deux personnes et non les représentants des amicales de chacune des sept cités. « Je ne réagirai pas à la pression, je ne veux que de la concertation organisée. » Il accepte donc, à nouveau, de rencontrer les deux élues de la CNL, lundi soir, exigeant qu'on lui envoie l'ensemble des doléances « et je verrai si je peux répondre ». Devant cette mauvaise volonté à peine dissimulée, Anny Lartigue n'a pu que rétorquer : « Je vous recommande fortement d'apporter les réponses. » Auteur : patrick faure

p.faure@sudouest.com http://www.sudouest.com/gironde/actualite/rive-gauche/article/533246/mil/4297386.html

 

*) LOT-ET-GARONNE. Ils protestaient contre le « déménagement » du territoire. La majorité des élus du Val d'Albret est partie en convoi pour rassembler les populations

Le bus des élus en colère - La droite et la gauche ne partagent pas les mêmes stratégies. (photo anne gresser) La bataille fait rage dans le Val d'Albret, une parcelle de Gascogne où l'on pourrait mourir de bien-être, si l'on n'y prenait garde. La carte postale ne répond pas à cette question. Avec quoi voulez-vous vivre ? Comme souvent, c'est parti de la poste. Celle de Barbaste, 1 573 habitants, où Henri IV fut propriétaire. Menace de réduction des horaires, pétitions puis manifestation spectaculaire, écharpes tricolores en tête. À sa poste, le village a ajouté les biens communs du secteur, la perception, les écoles, l'hôpital, la ligne de chemin de fer. Un comité de défense des services publics avait déjà vu le jour. Élus et syndicalistes ont fait corps avec les familles, les enfants à élever et les femmes isolées du cadastre. « Nous avons d'abord refusé de basculer en agence postale », explique Bernadette Jayle, le maire socialiste de Barbaste, une femme déterminée. « C'est-à-dire accepter une diminution du service pour une augmentation de la charge. Le Conseil a voulu garder un service public d'État. »

--- Qui paiera les services ? Jusqu'au jour où le président de la Communauté de communes du Val d'Albret, Bernard Faucon-Lambert, non encarté au PS mais ancré à gauche, a eu l'idée d'affréter un bus, un vrai, qui se voit de tous les voyageurs immobiles. Le bus de la colère avait cette mission : battre le tambour sur l'état des pertes, de mairie en mairie, et passer outre les clivages politiques. Montrer qu'un combat collectif embrasait le Val d'Albret. Le bus s'est ébranlé le 21 janvier vers la campagne, avant de revenir s'immobiliser devant la sous-préfecture de Nérac toujours posée en majesté, quelle que fût la tempête. La Communauté, c'est 16 communes (17 500 habitants), huit à gauche, huit à droite et sans étiquette, qui s'honorent pour la plupart de grossir leur population. Le prix de l'immobilier, la qualité du chant d'oiseau et des outils fiables ont jusqu'ici servi le Néracais. Avec quoi voulez-vous vivre ? Une enquête menée dans l'entité avait donné les priorités : 1. crèche ; 2. halte-garderie ; 3. centre de loisirs ; 4. activités pour les adolescents. Le reste allait de soi. En quoi la structure communautaire était-elle habilitée à porter cet épais dossier de la vie qu'on vit ? « Parce que c'est un instrument créé pour le développement local, explique Bernard Faucon-Lambert. Nous étions dans notre rôle. L'impôt local n'a pas à payer pour La Poste, la SNCF ou la gendarmerie. Sinon, nous allons nous appauvrir. Et qui pourra payer ? On nous montrera du doigt dès lors que nous augmenterons les impôts. Est-ce que tout cela veut dire que la Communauté de communes a été créée pour pallier la carence des services publics ? Pour l'instant, elle paie tout, et nous ne sommes pas d'accord. »

--- Tous ensemble

Le bus voulait montrer la belle photo de famille, qui frappe les esprits, pour fédérer bien au-delà des limites de l'arrondissement. À choix de société, combat politique. Mais tout le monde n'est pas monté. D'autres élus, classés plus ou moins à droite, ne s'associent pas à la révolte. Pas comme ça. Ils reprochent une utilisation de la Communauté de communes à des fins partisanes.

Le maire centriste de Bruch (756 habitants), à qui l'on prête un rôle de premier plan dans la reconstruction de la droite locale, est de ceux-là. Ce solide trentenaire, père de quatre enfants, cadre à l'ANPE d'Agen, maintient une position singulière dans ce paysage de manifs. Voilà trois années qu'il ferraille pour sa poste, sans faire de bruit. Ici, elle payait 190 euros par mois, après avoir demandé la réhabilitation du bâtiment communal qu'elle occupait. Mais La Poste, en recomptant, a estimé que le travail manquait à Bruch pour un guichetier à temps plein. La vieille rengaine de tout le tissu rural:tropcher pour le service rendu, mai inestimable pour une population captive.

--- Contre l'idéologie

Le maire a donc négocié le transfert de la poste en agence postale. Elle ouvrira le 6 avril avec un agent communal volontaire. « Je n'accepte pas le transfert, je le négocie, souligne Alain Lorenzelli. Malheureusement, La Poste est une entreprise privée et elle n'a pas à perdre de l'argent. Je préfère assumer 5 000 euros par an de charges avec l'agence postale, sur un budget de 800 000, que de les jeter par la fenêtre avec les voeux, les pince -fesses et les opérations de communication. À quoi sert-il de mettre un bus devant une perception fermée ? Le monde évolue. Il faut accepter de payer plus cher. Je suis autant contre l'idéologie du tout-État que du tout- privé. Les années qui viennent seront dures. Nous devrons être créatifs. » « Et créatif, ajoute Alain Lorenzelli, c'est de droite ou de gauche ? »  La bataille fait rage dans le Val d'Albret. Comme si les prochaines élections avaient à désigner les meilleurs gardes du corps du territoire et de son intégrité. Avec quoi voulez-vous vivre ? Et avec qui ? Auteur : Christian Seguin c.seguin@sudouest.com

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/sos-services-publics/article/546127/mil/4351047.html

 

*) GEMMAGE. L'ancien résinier Claude Courau est persuadé que la forêt girondine est redevenue compétitive. Il a écrit à deux ministres pour le leur démontrer

Sauver la forêt par la résine - Claude Courau, 73 ans, auprès d'un des pins de Gleyze Vieille, près du Porge, où il explique la technique ancestrale du gemmage aux jeunes. (PHOTO FABIEN COTTEREAU) Reverra-t-on un jour des résiniers dans la forêt girondine ? De ce métier antique qui consistait à récolter la résine des pins, il ne reste plus que des kilomètres de sentiers aménagés en pistes cyclables pour les touristes, alors qu'ils servaient autrefois aux travailleurs du gemmage. L'activité, encore florissante dans les années cinquante, a disparu totalement en 1990 quand l'État favorisa l'entrée de la résine portugaise, meilleur marché, et voua la forêt girondine à l'industrie papetière.

Âgé aujourd'hui de 73 ans, Claude Courau n'a toutefois pas oublié l'époque où, jeune homme, il avait pris la suite de son père pour « piquer » les troncs de la forêt du Porge. Mais le métier payait mal et à 26 ans, comme beaucoup d'autres, il intégra la poudrerie de Saint-Médard-en-Jalles pour un salaire mensuel, inconnu dans le gemmage. Cependant, la passion ne l'a jamais fui. Aujourd'hui, il explique encore aux écoliers et collégiens, dans la clairière de Gleyze Vieille au Porge, comment on fait « saigner » un pin pour le rendre productif. En 1994, il a même inventé un procédé, le gemmage en vase clos, qui a retenu l'attention des industriels : « Avec une poche à bavette en matière plastique, j'ai récolté la résine à l'abri de l'air et de toutes salissures. Puis l'entreprise landaise DRT a mécanisé le procédé manuel que j'avais mis au point », raconte-t-il.

--- Lettres à Barnier et Borloo

Toutefois, ce procédé n'a pas donné lieu à une exploitation à grande échelle, comme l'espérait Claude Courau. L'industrie chimique, qui utilise la résine pour des produits aussi divers que la parfumerie, les encres, les adhésifs et même le chewing-gum, a continué de s'approvisionner dans les forêts lointaines de Chine, d'Amérique du sud et d'Indonésie, en plus du Portugal. Mais l'époque, avec son réchauffement climatique, son pétrole cher et son principe de précaution, va peut-être voir renaître la culture de la résine, comme elle a vu réapparaître le vélo, en attendant les péniches sur les fleuves. C'est en tout cas la conviction de Claude Courau, qui a écrit au ministre de l'Agriculture Michel Barnier pour l'inviter à relancer le gemmage dans la forêt des Landes de Gascogne. Il a aussi envoyé une lettre au ministre de l'Environnement, Jean-Louis Borloo, en exprimant cet argument : « On fait parcourir jusqu'à des dizaines de milliers de kilomètres, soit par bateau, soit par la route, à des produits qui viennent du monde entier, pour être traités par des usines qui se trouvent dans les Landes [...] Pourquoi ne pas extraire ces mêmes produits de nos pins maritimes de Gascogne qui se trouvent aux portes de nos usines ? »

--- Pour la planète

C'est aussi à ce stade qu'intervient l'intérêt de la technique brevetée par Claude Courau, consistant à extraire une résine chimiquement pure : « Nous avons chez nous une matière première de très grande qualité, dont la production participerait au respect de la planète », a-t-il indiqué à Jean-Louis Borloo. De fait, la circulaire européenne Reach impose aux industriels de prouver que les produits chimiques qu'ils produisent et utilisent ne sont pas nocifs, ce qui concerne notamment l'essence de térébenthine et la colophane issues de la résine de pin : « On cherche actuellement des molécules saines et non cancérigènes dont beaucoup étaient sorties du pétrole ». Mais Claude Courau vient de trouver dans l'actualité de quoi mettre un peu plus d'eau à son moulin. Alors qu'on se pose la question de l'avenir de la forêt landaise, hachée par la tempête de janvier, il estime que la récolte de la résine des pins maritimes permettrait une meilleure exploitation de ceux-ci : « Au lieu d'attendre qu'ils aient 40 ans pour être rentables, et éventuellement d'être par terre, on pourrait commencer vingt ans plus tôt à les piquer et les propriétaires forestiers auraient au moins gagné ça. » Il estime même que les travailleurs forestiers pourraient revenir et entretenir les forêts en dehors de la saison de la résine, laquelle fait relâche l'été.  Bref, après avoir eu l'impression d'être un « has been », Claude Courau est peut-être devenu, à 73 ans, furieusement tendance...

Auteur : HERVÉ MATHURIN h.mathurin@sudouest.com

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/article/550801/mil/4368290.html

 

*) APRES-TEMPETE. Plus d'un millier de sylviculteurs ont défilé aujourd'hui dans les rues de Bordeaux pour exiger une revalorisation de l'indemnisation des dégâts laissés par la tempête Klaus

"Pas de replantation sans indemnisation"

Malgré la météo, plus d'un millier de sylviculteurs de la région ont défilé à Bordeaux (photo Fabien Cottereau) Lire aussi - Environ 1.200 professionnels de la forêt des Landes, selon la police, accompagnés d'élus locaux et nationaux, ont défilé vendredi à Bordeaux pour exiger une meilleure indemnisation après la tempête du 24 janvier qui a abattu six ans de récolte, a constaté un journaliste de l'AFP. Précédés de quelques engins agricoles et d'échassiers landais, les manifestants ont parcouru le centre-ville sous de nombreuses banderoles proclamant notamment "Klaus nous a ruiné, Nicolas va nous enterrer", "Sans les sylviculteurs, pas de forêt" ou encore "Pas de maison en bois sans forêt".

--- Indemnités insuffisantes. "Les mesures sont notoirement insuffisantes, nous n'avons pas envie de replanter", a indiqué à la presse Jean-Louis Martres, président du Syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest, alors que l'Etat a annoncé 600 millions d'euros de prêts pour sortir et stocker le bois et 415 millions d'aides au reboisement. "Nous sommes les seuls agriculteurs à pratiquer une culture à risque sans assurances. Maintenant, il faut que nous attendions 40 ans pour avoir une récolte", a poursuivi M. Martres. "Nous sommes dans l'impossibilité de nettoyer (les parcelles) avec ce qu'on nous donne", a confirmé Jacques Faget, propriétaire de 250 ha de pin maritime dans les Landes, dont "70% sont à terre". "Nous avons besoin d'argent", a-t-il résumé, rappelant que seuls "5% des sylviculteurs bénéficient du statut d'exploitants agricole et sont assurés". "Il n'y aura pas de replantation sans indemnisation", a confirmé Henri Emmanuelli, député PS des Landes, pour qui "le dispositif (proposé par l'Etat, ndlr) n'est pas suffisant".

--- Filière importante. Le président socialiste de la région Aquitaine, Alain Rousset, également présent dans le cortège, a insisté sur les "35.000 emplois" que représente la forêt dans sa région. Il a également regretté "les indemnisations inférieures" à celles débloquées après la tempête de 1999 et que les circulaires d'application des mesures annoncées "ne soient pas encore sorties". Tanguy Massart, président de la Fédération des industries du bois d'Aquitaine (Fiba) a confirmé que "rien n'a été versé aujourd'hui" et que "rien ne le sera avant au moins un mois". La suite donnée au mouvement dépendra de "la réaction que nous aurons en face", a-t-il conclu, avant qu'une délégation ne soit reçue en préfecture.

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/556997/mil.html

=====> BORDEAUX. Ils sont déçus par le peu d'aides proposées au regard des dégâts de Klaus

Aujourd'hui, les forestiers sont dans la rue

Deux mois et demi après la tempête Klaus qui a détruit 223 000 hectares de pin maritime à plus de 40 %, les sylviculteurs attendent toujours de la part de l'État une indemnisation à la hauteur de ces dégâts. Ils estiment insuffisants les 415 millions d'euros (sur huit ans), proposés actuellement pour le nettoyage et le reboisement des parcelles sinistrées. Les forestiers considèrent que 630 M? seraient un minimum. « Pas d'indemnisation, pas de reboisement » sera l'un des slogans majeurs de la manifestation qui part ce matin à 9 h 30 des allées de Tourny à Bordeaux. Jusque vers midi, le défilé (accompagné de tracteurs et engins divers) se déplacera à travers le centre-ville avant un rassemblement pique-nique, place Gambetta. Une délégation composée de Jean-Louis Martres (sylviculteurs), Christian Plantier (interprofession du pin maritime), Tanguy Massart (industries du bois) et Gérard Napias (entreprises de travaux forestiers) devrait être reçue par le préfet.

--- Mobilisation forte

Selon les organisateurs, qui annoncent de nombreux bus de toute la région, la mobilisation devrait être importante. Aux forestiers s'ajouteront beaucoup d'élus des communes forestières qui retirent de la vente de bois une part significative de leur budget et attendent aussi des compensations de l'État.

Se greffe là-dessus le projet de réorganisation de l'Office national des forêts (ONF), très controversé, particulièrement dans le s Landes. Alain Rousset, président du Conseil régional d'Aquitaine ; Henri Emmanuelli, président du Conseil général des Landes ; Gérard César, sénateur de la Gironde, ont annoncé leur participation. Les sylviculteurs, les industriels du bois et les élus veulent mettre à profit cette manifestation pour rappeler au grand public l'importance écologique et économique de la forêt d'Aquitaine (le plus grand massif « cultivé » d'Europe) avec ses 34 000 emplois directs et ses 2,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Jacques Ripoche

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/556391/mil/4392721.html

 

*) PARDIES 64 : « Ceux qui vivent sont ceux qui luttent »

Une plaque a été dévoilée hier lors d'une journée dédiée aux femmes

Une stèle pour les Celanese. Un monument de résistance. (photo Guillaume bonnaud) « Nous allons inaugurer ensemble le premier monument dédié à la résistance des salariés », annonce au micro Alain Masse, le représentant CGT de l'usine Celanese de Pardies, un site promis à la fermeture, sacrifiant 354 emplois. 800 personnes se sont déplacées de tout le Béarn, et notamment du proche bassin de Lacq, pour découvrir la plaque en marbre, gravée de ces mots de Victor Hugo : « Ceux qui vivent ce sont ceux qui luttent. » Le moment a tout d'une cérémonie funéraire et pourtant le syndicaliste se veut porteur d'espoir. « Nous refusons d'aller vers cette mort lente et programmée que nous promet Celanese. Qu'il s'en aille mais qu'il vende cette usine ! » Une fois la plaque dévoilée sur la pelouse de l'usine, transformée en cimetière par la présence de centaines de croix, plus de 300 épouses, mères, filles et soeurs de salariés de Celanese, de Yara et Air liquide, concernés aussi par la fermeture du site, déposent une fleur au pied de la stèle. Juste avant, elles ont créé une immense chaîne de solidarité sur le parvis du géant chimique. Sandrine, 27 ans, est venue soutenir son père ; Henriette, la soixantaine, est présente pour son fils Alain, père d'une petite-fille, avec « des crédits, une maison à payer ». Depuis que les employés ont appris que les Américains lâchaient le site de Pardies, les actions des syndicats se sont multipliées. Mais ici point de séquestration de directeur ou de mouvements de violence, les symboles ont avant tout été soignés. La stèle en est un fort « pour tous les salariés de France qui se battent pour sauver leur travail. » Auteur : Odile Faure

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/economie/article/552288/mil/4373702.html

 

*) Le Sénat pousse le pouvoir à légiférer sur les stock-options

Jean Arthuis, sénateur centriste, fait adopter avec l’ensemble de la gauche un amendement interdisant les stock-options dans les entreprises aidées.

Le gouvernement avait mis la loi à la porte ; le Sénat vient de la faire rentrer par la fenêtre. Nicolas Sarkozy et le gouvernement de François Fillon fulminent contre ces patrons qui s’enrichissent en temps de crise. Comme il y a loin des paroles aux actes, pas question pour eux de faire une loi organisant les rémunérations des dirigeants des entreprises. Alors, ils publient un décret, limité dans le temps et touchant moins d’une quinzaine d’entreprises. C’est le service minimum. Au point que des remous se font entendre jusque dans la majorité parlementaire. Publiquement, particulièrement parmi les salariés, personne n’est dupe quant au caractère politicien d’un tel décret. D’autant que les exemples d’entreprises qui licencient, mettent au chômage partiel, refusent la moindre augmentation de salaire, mais versent de gros dividendes aux actionnaires ou leur offrent des bonus… se multiplient. De tels faits, qui alimentent la colère, le sentiment d’injustice et sous-tendent les luttes ne sont pas pour rien dans ce qui s’est passé mercredi, au Sénat. Sur proposition de Jean Arthuis, président de la commission des Finances et membre de l’Union centriste (UC), donc de la majorité présidentielle, le Sénat a adopté, par 182 pour (l’UC, les communistes et Parti de gauche, les socialistes et les radicaux de gauche) et 155 contre (l’UMP), un amendement, dans le cadre du collectif budgétaire 2009, interdisant les stock-options et actions gratuites pour les dirigeants des sociétés aidées par l’État. Pour Jean Arthuis « cet amendement a pour objet que l’argent public, l’argent des contribuables, ne puisse pas partir pour le financement de rémunérations abusives ». Le ministre du Budget, l’UMP Éric Woerth, dont les troupes se sont retrouvées bien esseulées, s’est étonné d’un amendement qui « reprend les mesures du décret déjà en application ». Sauf, explique pour sa part Thierry Foucaud, sénateur communiste, que cet amendement, même avec ses limites puisque son application ne durera que le temps de la crise, va plus loin que le décret « son champ d’application étant élargi, un nombre beaucoup plus important d’entreprises seront touchées ». En effet, l’amendement touche toutes les entreprises auxquelles l’État « a consenti un prêt, accordé sa garantie ou dans lesquelles le fonds stratégique d’investissement a, directement ou indirectement, investi ». Dans ce cadre, par exemple, Valeo, dont le patron est parti avec 3 millions d’euros de bonus, serait touchée. Pour l’élu, « c’est un premier pas », même si « (nous) regrettons que (nos) sous-amendements sur l’interdiction de tout licenciement dans les entreprises aidées par l’État aient été rejetés ». De son côté, la sénatrice socialiste Nicole Picq considère « qu’avec cet acte, (nous) sauvons l’honneur du Parlement et (nous) prouvons que le décret était inacceptable sur une telle question alors qu’il était nécessaire et possible de légiférer ». Et d’ajouter : « C’était le souhait de très nombreux parlementaires », preuve en est aujourd’hui. À l’heure où nous mettons sous presse, cet amendement est débattu par la commission paritaire, regroupant sénateurs et députés, où les élus UMP sont majoritaires. Il semble bien qu’un compromis se construise pour un acte législatif qui réglemente les rémunérations des dirigeants d’entreprise. À suivre… Max Staat http://www.humanite.fr/2009-04-03_Politique_Le-Senat-pousse-le-pouvoir-a-legiferer-sur-les-stock-options

 

*) Au coeur de la crise, la spéculation continue. Par Pierre Ivorra

On pourrait croire, au vu de la chute vertigineuse des indices boursiers et des capitalisations, des énormes pertes affichées, que la spéculation est en sommeil, malade de ses excès, allongée sur ses canapés de dollars, accablée par la « gueule de bois » des lendemains d’ivresse. C’est oublier que, si elle prospère sur les cimes du CAC 40 et du Dow Jones, elle peut aussi faire ses choux gras des malheurs du monde. Bref, contrairement à ce que l’on pourrait penser et en dépit des colères de théâtre de Nicolas Sarkozy, en pleine crise, la spéculation continue de frapper.

Thomson, le groupe de l’audiovisuel, vient de l’illustrer. Aujourd’hui, au bord de la faillite, il doit, avant la fin avril, faire face à une dette de 2,1 milliards d’euros qu’il est incapable de rembourser. La liquidation du groupe risque cependant d’entraîner de lourdes pertes pour les banques créancières. Aussi, les spéculateurs - éventuellement les traders de ces mêmes banques - font-ils l’hypothèse que, plutôt que de demander la liquidation de Thomson, elles vont essayer de convertir la dette en capital, devenant ainsi propriétaires du groupe. Dès lors, ils se sont lancés dans une nouvelle opération : ils ont commencé à vendre leurs titres de dette de Thomson pour acheter des actions du groupe au plus bas prix en espérant qu’après la prise de contrôle, son cours augmentera. Ils n’auront plus alors qu’à vendre. Pour favoriser l’opération, le groupe a annoncé son intention de céder des actifs et de réduire ses charges. Pour les vautours de l’argent, le marché de la dette des entreprises est, dans le contexte de crise actuel, particulièrement intéressant. Les besoins de financement de celles-ci sont de plus en plus difficiles à satisfaire. Les groupes de l’automobile ou de la construction doivent ainsi assurer des primes de risque aux investisseurs et leur servir des taux d’intérêt très supérieurs à ceux du marché. Lafarge, le géant français du ciment, tente de tourner la difficulté en réalisant une augmentation de capital, mais il y a de fortes chances qu’il soit obligé de fixer un prix de souscription inférieur de 40 % au cours de Bourse. Là aussi, ces « primes de risque » ont pour contrepartie des cessions d’actifs et des réductions d’emplois. Cette spéculation est encouragée par le type de relance engagée par les gouvernements des grands pays capitalistes. C’est ainsi que le plan du secrétaire d’État au Trésor des États-Unis, Timothy Geithner, apporte des garanties et des financements publics à tous les investisseurs désireux de réaliser une bonne affaire en acquérant à bon compte les actifs pourris des banques américaines afin de les revendre quand le marché reprendra, en réalisant au passage une plus-value. Les plans européens, le français notamment, engagés sans que soient établis des critères d’attribution des aides aux banques favorables à l’emploi et à la croissance, risquent de donner également de nouvelles munitions aux fauteurs de crise. http://www.humanite.fr/2009-04-14_Politique_Au-coeur-de-la-crise-la-speculation-continue-Par-Pierre-Ivorra

 

*) Gesticulations sarkozystes

Des milliers de manifestants attendaient hier Nicolas Sarkozy dans la Vienne. Le chef de l’État a encore défendu sa politique fiscale.

Nicolas Sarkozy ne peut plus faire un déplacement en province sans que ne l’y attendent des milliers de manifestants venus crier leur colère. Et hier, ils étaient près de 7 000 à Châtellerault, dans la Vienne, à s’être déplacés pour protester contre la politique menée par la droite. Au premier rang, les salariés de l’entreprise Heuliez de Cerizay (Deux-Sèvres), menacée de cessation de paiement en avril. Alors que son premier ministre, François Fillon, appelle la gauche à une « union nationale » pour faire face à la crise, le chef de l’État n’a pas même daigné inviter ses représentants locaux autour de la table ronde organisée, hier, sur la question. « Aucun élu de l’opposition n’a été invité à la table ronde. En fait, c’était une table carrée, réservée aux amis de Nicolas Sarkozy », a commenté dans la foulée Paul Fromenteil (PCF), vice-président du conseil régional de Poitou-Charentes. Le refus du gouvernement de prendre la mesure réelle de la crise, après le décret minimal sur les rémunérations patronales, ne se dément pas. Ainsi, Nicolas Sarkozy s’est-il félicité d’avoir prévu la création de 1 840 nouveaux postes pour Pôle emploi, alors que près de 200 000 salariés sont venus grossir les rangs du chômage depuis janvier, portant à plus de 3,5 millions le nombre officiel de salariés privés d’emploi en France. « C’est une décision que je viens de prendre », a claironné fièrement l’hôte de l’Élysée qui a par ailleurs affirmé, dans un numéro de bonimenteur dont il a le secret : « J’ai appris en recevant les partenaires sociaux hier (lundi - NDLR) que ce qu’on avait décidé le 18 février (…) n’était pas mis en place. (…) Franchement, j’ai tapé du poing sur la table. J’ai dit, ça sera lundi. Et ça sera lundi. » Pour mémoire, il était question lors de la rencontre du 18 février de créer un fonds social doté de 2,5 à 3 milliards d’euros. Un dossier que Nicolas Sarkozy ne semble pas suivre au jour le jour. C’est un sujet plus prestigieux qui retient l’attention du chef de l’État. En l’espèce, le G20, qui doit se réunir aujourd’hui à Londres avec pour ambition, au moins initialement, de « refonder » le capitalisme. « Si ça n’avance pas à Londres, ce sera la chaise vide, je me lèverai et je partirai », aurait déclaré Nicolas Sarkozy en marge du Conseil des ministres le 18 mars dernier. Celui qui voulait, hier, aligner la France sur le modèle anglo-saxon se fait aujourd’hui le chantre de la régulation mondiale. Sans avoir légiféré sur les excès du capitalisme dans son propre pays. Pire, après avoir mobilisé 360 milliards d’euros de garantie pour les banques dont 26 milliards d’aides directes, et renouvelé son opposition à toute remise en cause de son bouclier fiscal pour les plus riches, Nicolas Sarkozy s’est soudainement inquiété hier du déficit, lorsqu’il s’agit de dépenses sociales : « Les dettes, ça se rembourse et je n’engagerai pas la France dans des dépenses répétitives, année après année, qui seront des dépenses d’assistance. » Frédéric Durand http://www.humanite.fr/2009-04-01_Politique_Gesticulations-sarkozystes

 

*) Grenoble : La révolte des Caterpillar contre le roi dollar

Les salariés veulent faire payer très cher à la multinationale, qui n’a jamais versé autant de dividendes à ses actionnaires, son projet de suppression de 733 emplois. Était-ce bien le président de la République ou, pour un triste poisson d’avril, l’un de ses nombreux et talentueux imitateurs qui, au lendemain de l’arrêt de la production d’acier à Gandrange, a déclaré au micro d’Europe 1 hier matin : « Caterpillar c’est une entreprise qui fabrique des engins de terrassement et qui travaille notamment pour les États-Unis. Je vais sauver le site, je recevrai cette intersyndicale puisqu’ils m’ont

 appelé au secours et on ne les laissera pas tomber. » En fait, comme le rappelle Patrick Bernard, responsable départemental des métallos CGT en Isère, « Sarkozy ne serait pas accueilli avec des fleurs s’il venait sur les sites de Grenoble et d’Échirolles. C’est à tous les hommes politiques, depuis l’élu du coin jusqu’au parlementaire européen, que nous avons fait appel. » Un appel du David syndical face au Goliath multinational qu’est Caterpillar, dont la direction américaine vient de décider, au prétexte d’un « trou d’air » dans les ventes en 2009, de la suppression de plus de 22 000 emplois dans le monde dont 733 en France, soit 30 % des effectifs, alors que 2008 été une année record en matière de profits et dividendes versés aux actionnaires (lire ci-dessous). À l’heure du G 20 voilà, en effet, une belle occasion pour certains de mettre en accord leurs beaux discours sur la moralisation du capitalisme et quelques actes politiques concrets… En attendant, les salariés et leurs familles se disent qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes, sur leurs syndicats et ceux qui manifesteront demain matin devant l’établissement grenoblois, mais aussi sur l’appui de l’opinion publique. C’est tout le sens de l’action spectaculaire de séquestration pacifique de quatre cadres dont le directeur local de Caterpillar France qu’ils ont menée dans la nuit de mardi à mercredi dernier après trois journées de grève totale.

--- Colère intacte

Ces cadres de direction qui lundi dernier avaient boycotté un comité d’entreprise ont été relâchés hier dans la matinée, en promettant que les journées de grève seraient payées et surtout que des négociations sur le plan dit social seraient aussitôt ouvertes. Ceci constitue « une première victoire » pour le délégué CGT Pierre Piccarretta, s’exprimant peu après la sortie houleuse des quatre cadres au milieu d’une petite foule de salariés à la colère intacte. À l’entame des négociations dans les locaux de la direction départementale du travail, l’intersyndicale (FO-CFDT-CGT-CFTC) veut placer la barre aussi haut que le préjudice subi par ceux qui devront partir plus ou moins volontairement, soit trois mois de salaire par année d’ancienneté avec un plancher à 30 000 euros. Les syndicats vont aussi se battre pour le maintien de l’outil de production « dont la viabilité est compromise (par le plan social) », selon un rapport, pour le CE, de la société d’expertise comptable Sécafi. Pour ce faire, Nicolas Benoît, élu CGT demande l’intervention du Fonds européen d’ajustement à la mondialisation. Avez-vous bien entendu M. le président ? Philippe Jérôme

http://www.humanite.fr/2009-04-02_Politique_La-revolte-des-Caterpillar-contre-le-roi-dollar

 

*) Action syndicale : « Les violences dont sont victimes les salariés »

Droite et patronat tentent de monter l’opinion contre les « séquestrations » de cadres et de patrons. Les Français ne suivent pas.

« Chaque jour ou presque, désormais, apporte un nouveau cas de patrons ou cadres retenus contre leur gré par des salariés mécontents… » Vendredi matin, France Info ouvrait ainsi son journal sur les trois cadres de Faurecia retenus la veille jusqu’à 23 heures par les salariés en colère. La veille, le Figaro titrait sur « la dérive inquiétante des mouvements de protestation » et sur « les dangereux dérapages des conflits sociaux ». Et le président de la République d’en appeler à « l’État de droit ». « Étonnant, un tel tapage », pour François Chérèque, « une vaguelette, et encore… », selon Bernard Thibault : les leaders syndicaux ramenaient les événements à leur juste dimension. Mais la droite et le patronat continuent d’agiter l’épouvantail.

--- « je les comprends et les défendrai »

Et lorsque Bernard Thibault, après avoir fait observer qu’il s’agissait « d’actions syndicales » en aucun cas « comparables à des prises d’otages », affirme qu’il « les comprend et les défendra dès lors que ce sont des actions qui ne portent pas une atteinte physique à ces dirigeants », c’est le tollé. Pour Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP, Bernard Thibault donne « une piètre image du syndicalisme » et « contribue à abîmer l’image de la France dans le monde », incitant « les multinationales à arbitrer en faveur des fermetures de sites en France plutôt qu’ailleurs ». Rien de moins ! Plus fort dans la caricature, le président de la CGPME, le syndicat des dirigeants des PME, Jean-François Roubaud, invite les chefs d’entreprise à « ne pas commencer les négociations avec le pistolet sur la tempe » et demande au gouvernement de « mettre en place les suites judiciaires qui s’imposent dans ces cas hors la loi ». Plus prudent, le MEDEF, par la voix de Benoît-Roger Vasselin, engage « à ne pas mettre d’huile sur le feu » et « à ne pas se focaliser sur ce point ».

--- le mécontentement s’exprime

Car les enquêtes montrent que l’opinion comprend que le mécontentement s’exprime sous des formes visibles. Témoin, l’éditorial du secrétaire général de la CFTC Philippe Louis, paru dans la lettre de la confédération. « Aux yeux de la CFTC, écrit-il, rien ne peut justifier que l’on s’en prenne impunément aux personnes et aux biens. (…) On peut cependant comprendre que les salariés retournent la violence dont ils sont victimes depuis près de trente ans contre ceux qui, à leurs yeux, en sont responsables. » Il s’étonne que, ceux qui protestent aujourd’hui, « on ne les a guère entendus dénoncer cette autre forme de violence que constituent le chômage, la baisse du pouvoir d’achat, la dégradation des conditions de travail et de vie ». Il rappelle que « fin 2008, deux ministres en exercice sont allés soutenir des patrons qui ouvraient leur magasin le dimanche dans la plus parfaite illégalité ». Il dénonce aussi ceux qui n’ont rien dit « contre cette violence que constitue la trahison de la parole donnée, comme chez Continental à Clairoix ». Olivier Mayer

http://www.humanite.fr/2009-04-14_Politique_-Les-violences-dont-sont-victimes-les-salaries

=====> Des salariés séquestrés par leur patron

Envisager, lors d’un CE, un droit d’alerte déposé par ses salariés inquiets de la perspective de futurs licenciements, monsieur Legrand, PDG de la société du même nom à Baume-les-Dames (Doubs), ne l’a pas supporté. Le patron, blessé par cette éventuelle rébellion, a donc mis au piquet la centaine d’ouvriers de son usine de fabrication de cuisine. Arrivé bien avant l’heure de la mise en route des machines, jeudi dernier, le PDG a tout simplement coupé le courant de l’entreprise et invité ses salariés, selon une indiscrétion d’une radio locale, à une surprenante journée d’information patronale sur les lieux. Le repas de midi a même été offert par la maison. Un barbecue, une forme de brasero patronal ! Une bonne tape amicale sur l’épaule autour d’un sandwich devrait remplacer largement l’usage des droits du Code du travail par les membres du CE pour monsieur Legrand ! Comment, en effet, peut-on imaginer dans cette entreprise familiale, voir débarquer un cabinet d’experts indépendant pour fouiller dans les comptes ? C’est impensable dans cette société quinquagénaire qui ne dispose pas de véritable représentation syndicale. Pour preuve,

les seules informations disponibles proviennent de salariés qui, sous le couvert de l’anonymat, ont osé braver la loi du silence. Combat vain pour cette fois car la petite séquestration d’une journée dans les ateliers sans courant et la pression du boss se sont avérées fort utiles. Le lendemain au CE, toujours selon de vilaines indiscrétions médiatiques, le droit d’alerte a été opportunément abandonné et l’électricité est revenue… Mais chut ! Les pressions patronales, cela n’existe pas. Alain Cwiklinski

 

*) « Violence Sociale : La Tarte à la crème gouvernementale » PAR MAURICE ULRICH

Le feu roulant de la droite sur la violence sociale, la semaine passée, visant à pilonner l’opinion et à souder son électorat, s’accompagne d’un grand rideau de fumée. Manière de masquer les questions politiques d’aujourd’hui. À savoir les choix du gouvernement et l’enjeu du prochain scrutin, les élections européennes. C’est en même temps au prix de très inquiétants amalgames. Ainsi, le Figaro, qui titrait jeudi dernier sur « La dérive inquiétante des mouvements de protestation », fourrait pêle-mêle dans ses pages et dans un éditorial les sabotages de lignes du TGV, les livres du philosophe Alain Badiou, le rap, le film Welcome, tout cela en complément bien sûr de l’action violente des groupes masqués à Strasbourg, des séquestrations de patrons, des grèves dans les universités, etc. Et de dénoncer « les enragés et les sans-culottes d’aujourd’hui ». Si l’offensive a pris un nouveau tour, elle ne date pourtant pas d’hier. N’est-ce pas le candidat Nicolas Sarkozy qui voulait éradiquer le souvenir même de Mai 68 ? La droite modernisée est toujours la vieille droite. Celle qui n’a jamais digéré l’abolition des privilèges. N’est-ce pas Jean-François Copé qui dénonçait voici encore quelques jours une ambiance de nuit du 4 août ? Ce qui est un peu plus nouveau en revanche, c’est la manière de resservir dans les débats d’aujourd’hui la tarte à la crème de l’histoire.

Les Français seraient en somme placés devant un seul choix. Accepter la violence ou la refuser. Choisir la « radicalité », et ceux qui sont censés l’incarner, ou se conformer à l’ordre existant. C’est une manipulation et elle a un objectif immédiat. Réduire le débat à gauche en une sorte de course à l’échalote entre le PS et le NPA, en évacuer tout contenu politique et faire en sorte que le mécontentement populaire s’exprime dans un vote protestataire et sans lendemain parce que sans perspective politique. A-t-on remarqué que le grand absent de ces éclats médiatiques est le Front de gauche ? Parce qu’il ne dit rien, parce qu’il ne fait rien ? Pourtant ses candidats sont bel et bien en campagne, qu’ils s’appellent Jean-Luc Mélenchon, Patrick Le Hyaric ou Jacky Hénin, ils sont aux portes des entreprises, auprès des salariés en lutte, ils tiennent des meetings, des rencontres de proximité, et ils ont la volonté d’ouvrir un vrai et vaste débat politique, celui que nous portons ici même. La France d’aujourd’hui est en mouvement dans ses profondeurs. La nature même du système, le sens des politiques menées sont mis en question comme jamais. Et il ne s’agit pas, comme le voudraient certains, de « la rancoeur » des aigris et du « grondement populiste ». On nous a déjà fait le coup avant le référendum sur le traité européen. Les ringards, les archaïques, voire les beaufs… souvenons-nous. Et si le même plat ou presque revient aujourd’hui, c’est parce que la question de la construction européenne reste entière. Ou bien les forces qui ont soutenu l’Europe de la concurrence libre et non faussée, l’Europe libérale, sortiront confortées du scrutin, ou bien les forces qui veulent une Europe sociale, combattant la dictature des marchés, auront plus de poids. La droite (seulement la droite ?) veut faire l’impasse sur ce débat. Les forces libérales, de quelque nom qu’elles se baptisent, craignent la rencontre du mouvement social avec le scrutin de juin. Le mouvement social, ou plus exactement les mouvements sociaux, les millions de manifestants de janvier et de mars, tous les Français qui prennent la mesure des ravages des politiques actuelles. Universités, hôpitaux, services publics, délocalisations, dumping social, paradis fiscaux, tout cela c’est aussi l’Europe telle qu’elle est aujourd’hui et l’Europe qu’il faut changer. http://www.humanite.fr/2009-04-14_Politique_Tarte-a-la-creme

 

*) 1 salaire annuel de grand patron = 3 siècles de SMIC

La flambée des rémunérations des dirigeants des grandes entreprises est loin d’être récente. Mais elle a pris des proportions gigantesques. Décryptage.

Primes de bienvenue, bonus, actions gratuites, stock-options, parachutes dorés, retraites chapeau… Les sommes astronomiques distribuées sous forme de rémunérations aux grands patrons soulèvent une nouvelle fois l’indignation. À l’heure où, malgré d’abondantes aides publiques, les patrons licencient en masse pour préserver le taux de profit de leur entreprise, la crise prend également des allures de crise des inégalités excessives. Depuis une vingtaine d’années, les formes et les montants des rémunérations des patrons explosent sans aucune justification économique. Et la crise actuelle, la plus importante depuis la Seconde Guerre mondiale, ne semble pouvoir refréner cette spirale inflationniste, qui illustre à la perfection le fonctionnement du capitalisme. Entre 1998 et 2006, le pouvoir d’achat des dirigeants de sociétés anonymes a augmenté de 68 %, alors que le salaire net moyen a seulement cru d’un peu plus de 5 %, selon une étude de l’INSEE. Ceci sans compter d’autres avantages éventuels en nature. Autrement dit : ils ont gagné 2 000 euros de plus par mois alors que, dans le même temps, le salarié moyen n’a obtenu qu’une centaine d’euros supplémentaires. Selon Thomas Picketty, professeur à l’École d’économie de Paris et spécialiste des inégalités de revenus, « depuis trente ans, les États-Unis et, la France depuis dix ans, connaissent une explosion sans précédent des inégalités. C’est un phénomène nouveau et massif, c’est la première fois qu’il y a un tel décrochage entre les très hauts revenus et le revenu médian ». Toujours selon Thomas Piketty, c’est à partir de 1997 que la part des 1 % des salaires les plus élevés, qui était relativement stable depuis 1977, commence à s’élever pour passer de 5,8 à 6,6 % en 2005. Cette évolution dans le monde de l’entreprise concorde avec la mise en place de réductions d’impôts toujours plus favorables aux foyers les plus riches. Dont le bouclier fiscal est l’illustration la plus parlante. L’écart devient insoutenable lorsqu’on décortique la rémunération des patrons du CAC 40. Ainsi, selon l’étude Proxinvest, les PDG du CAC ont en moyenne touché en une journée le salaire annuel d’un salarié payé au SMIC. Au total, en 2007, ils ont perçu une rémunération moyenne de 4,7 millions d’euros, soit 308 années de SMIC. Et sont actuellement les patrons les mieux payés d’Europe. En tête de palmarès, les écarts peuvent atteindre jusqu’à 1 200 SMIC par an. Avec les dividendes, les trois plus riches ont touché jusqu’à 20 000 SMIC, selon le magazine Capital. De quoi faire pâlir un Henri Ford, qui préconisait dans les années 1930 un écart « admissible » de salaires de 1 à 40 dans les entreprises. « À de tels niveaux de rémunération, toutes les études montrent qu’il n’y a pas de lien entre rémunération et performance des dirigeants », affirme Thomas Piketty. Ainsi, l’étude réalisée par Booz Allen Hamilton sur les 2 500 plus grandes entreprises mondiales cotées en Bourse de 1995 à 2007 démontre que la probabilité pour un dirigeant d’être démis pour mauvaises performances n’était que de 2,1 % dans les entreprises ayant eu des résultats boursiers significativement en dessous de la moyenne. Dans la même veine, l’instabilité de leur emploi, souvent revendiquée par les grands patrons pour justifier leur rémunération, tombe à l’eau. En effet, selon les résultats de l’enquête, la durée moyenne du mandat d’un dirigeant serait de six ans, soit la même qu’en 1995. Et ce n’est pas le décret concernant la limitation des rémunérations pour les entreprises aidées par l’État qui viendra réduire les écarts. Clotilde Mathieu

 http://www.humanite.fr/2009-04-07_Politique_1-salaire-annuel-de-grand-patron-3-siecles-de-SMIC

 

*) Social : Un fonds d’Investissement Social (FISO) modestement doté

L’État va mettre 1,5 milliard d’euros dans le FISO. « Insuffisant », répondent les syndicats. Vendredi, devant les dirigeants des cinq centrales syndicales, Nicolas Sarkozy a affirmé que l’État financerait le Fonds d’investissement social (FISO), destiné à la formation et la reconversion professionnelle. « L’engagement financier de l’État est très important puisqu’il se monte à 1,5 milliard d’euros qui n’étaient pas prévus dans la loi de finance initiale », fanfaronne le président de la République qui a distribué depuis des mois des dizaines de milliards d’euros aux banquiers et aux constructeurs automobiles. Selon lui, cette somme se compose de 1,3 milliard d’euros « dégagés dans le cadre des deux collectifs budgétaires », de 150 millions d’euros tirés « du fonds d’expérimentation pour la jeunesse » et de 80 millions supplémentaires issus de « crédits du Fonds social européen ». « L’État a pris ses responsabilités, il attend maintenant que les partenaires sociaux prennent les leurs et mobilisent les fonds dont ils disposent dans des proportions équivalentes », invite instamment le chef de l’État. Selon les syndicats qui devraient être associés au patronat et au gouvernement pour le « pilotage » du dispositif, la mise en place du FISO est plutôt une bonne nouvelle, mais les moyens alloués par l’État sont largement « insuffisants ». « C’est un premier résultat important des mouvements de mobilisation, se félicite François Chérèque (CFDT). Le président de la République nous dit qu’on fera une première évaluation avant l’été et qu’il s’engage à rajouter des moyens si le système fonctionne et qu’il est nécessaire d’en faire plus. » Bernard Thibault (CGT) déplore « beaucoup d’ambiguïtés sur la finalité de ce fonds » : « Nous ne souhaitons pas que, sous couvert de ce fonds, on distribue encore une fois de l’argent public aux entreprises pour qu’elles embauchent de jeunes salariés. » De son côté, Jean-Claude Mailly (FO) estime qu’il « faut jouer sur tous les leviers, y compris celui du soutien à la consommation ». Thomas Lemahieu

http://www.humanite.fr/2009-04-11_Politique_Un-fonds-modestement-dote

 

*) Négociations : Premières victoires de la mobilisation à la Réunion

Des accords sur les prix ont été signés. Le COSPAR propose de faire jouer la solidarité entre entreprises pour aller vers une augmentation de 200 euros.

Correspondance particulière. Mardi et mercredi dernier, les représentants du COSPAR (Collectif d’organisations syndicales, politiques et associatives de la Réunion), de la grande distribution, des petits commerçants, des banques, des bailleurs sociaux et de l’État ont signé trois accords qui pourront faire baisser les prix jusqu’à 20 % à la Réunion. Ces avancées sont une première victoire significative de la lutte menée autour du COSPAR par la population de la Réunion.  Concernant les salaires, le préfet a refusé de signer l’accord proposé. Cet accord prévoyait une modulation de l’aide de l’État (RSTA) et de la contribution des entreprises afin que tous les travailleurs payés en dessous de 1,4 SMIC puissent avoir droit à une augmentation durable de 200 euros net. Pour sa part, le MEDEF accepte le principe de la modulation, les discussions vont donc avoir lieu uniquement entre les partenaires réunionnais, le préfet quittant la table des discussions. Le premier document acté mardi concerne une baisse de 5 à 20 % de 250 produits. Mercredi, le gel des loyers sociaux à leur niveau du 1er janvier 2009 a été signé, ainsi qu’un alignement de l’allocation logement sur la France, soit une hausse moyenne de 50 euros pour plus de 80 000 familles. Dans le même temps, les établissements bancaires ont acté avec le COSPAR une baisse de 10 à 15 % de trois services bancaires de base. Pour le moment, aucun accord global n’est signé car il reste à s’entendre sur les salaires. Depuis le 6 mars, le préfet tente d’imposer une solution calquée sur l’accord Bino, contribution des collectivités en moins, soit une hausse des salaires inférieurs à 1,4 SMIC de 150 euros pendant trois ans dans le privé, et de 100 euros dans le public sur la même période. Cette hausse cumule le RSTA de l’État (100 euros) et 50 euros des entreprises, contribution proposée par le seul MEDEF. À la recherche d’une solution capable d’assurer une augmentation de 200 euros dans toutes les entreprises, le COSPAR a revu sa copie. Son objectif est d’atteindre les 200 euros au bout de trois ans, par le biais d’augmentations successives s’appuyant sur deux modulations : celle du RSTA et celle de la participation de l’entreprise. Autrement dit, c’est le recours à la solidarité entre les entreprises qui est mis en avant. Et si un patron dit qu’il ne peut pas mettre plus de 20 euros par salarié, alors la solidarité entre les entreprises permettra à tous de recevoir 200 euros. Le solde sera assuré par une contribution modulée du RSTA. Mardi, le MEDEF a donné son accord de principe sur la modulation de la contribution patronale et a dit sa volonté d’en discuter. C’est cette porte de sortie que le préfet a refusée, arguant du fait que le RSTA est une allocation individuelle de 100 euros pendant trente-six mois qui n’est pas modulable, et cela avant que la loi créant le RSTA ne soit définitivement adoptée ! Il reste bloqué sur le projet dans lequel il a voulu enfermer les Réunionnais : drôle d’attitude de l’État à moins d’un mois du lancement d’états généraux qui doivent précisément mettre en valeur les propositions locales.

Les Réunionnais vont donc discuter entre eux, sans l’État, afin de trouver ensemble une solution durable qui soit perçue par tous les acteurs comme une avancée positive. Manuel Marchal http://www.humanite.fr/2009-04-06_Politique_Premieres-victoires-de-la-mobilisation-a-la-Reunion

 

*) Salaires : Série de grèves victorieuses chez les gaziers

Arguant les 6,5 milliards d’euros de bénéfice du groupe, les agents de plusieurs filiales de GDF Suez ont obtenu une augmentation de 5 % et des primes variant de 800 à 1 300 euros.

Alors que les syndicats appellent à une journée d’action sur les salaires jeudi 9 avril, le groupe GDF Suez et ses filiales connaissent une succession de grèves sans précédent. Dernière en date, celle qui touche GRDF (distribution) depuis mercredi. « Le mouvement monte en puissance. De plus en plus de sites sont concernés », explique Laurent Langlard, animateur du secteur gaz de la CGT énergie. « Le ras-le-bol est profond. Entre les suppressions d’emplois et le recours toujours accru à la sous-traitance, on assiste à la précarisation d’une partie des salariés de la filière, à une dégradation des conditions de travail et à une remise en cause du service public », précise le syndicaliste. À titre d’exemple, il cite « l’allongement du délai d’intervention » qui, dans certaines villes, « est passé d’un quart d’heure à une heure ». « C’est long et plutôt dangereux en cas de fuite de gaz. » Outre le service public, la question salariale pèse énormément dans le conflit. « Le groupe a réalisé 6,5 milliards d’euros de bénéfice et en a distribué la moitié aux actionnaires. Et pour 2009, le patronat des industries électriques et gazières octroie seulement 0,3 % d’augmentation pour les salariés. C’est de la provocation ! » soutient Laurent Langlard.

--- un mouvement de deux heures

Cette provocation est à l’origine d’un premier conflit qui a touché Storengy, la filiale de stockage souterrain de GDF Suez. « Le 23 mars dernier, nous avions une énième rencontre avec la direction. Elle est encore venue les mains dans les poches, sans proposition. Immédiatement nous avons réuni en assemblée générale les salariés des différents sites. Ils ont voté la grève avec blocage des stockages. 80 % des 850 agents ont participé au mouvement. Plus aucune goutte de gaz ne rentrait ni sortait. Ce conflit pouvait provoquer des difficultés d’approvisionnement. La direction a donc engagé rapidement les négociations », explique Michel Galiana, délégué syndical CGT de Storengy. Mis au courant du conflit, les 450 salariés d’Elengy, la filiale qui regroupe les deux terminaux méthaniers de Fos et de Montoir, entrent à leur tour dans l’action le 25 mars. Ils décident de ne plus assurer le déchargement des bateaux. Ce qui accroît encore les risques de pannes d’approvisionnement. Leur mouvement ne durera que deux heures. « La direction a cédé rapidement. Nous avons obtenu une prime de 1 300 euros pour les salariés. Les salaires des agents d’exécution sont augmentés de 5 %. La négociation se poursuit pour les cadres », précise Michel Galiana.

--- ralentir le debit des gazoducs

La nouvelle de la victoire des salariés de Storengy et d’Elengy à peine connue, les salariés de GRT Gaz, la filiale transport, commencent à cesser le travail. En début de semaine dernière, prenant le contrôle de plusieurs installations du réseau, les agents en grève à 60 %, selon la CGT, décident de ralentir le débit des gazoducs. « Il s’agissait de gêner la direction sans provoquer de coupures », précise Laurent Langlard. Une nouvelle fois, la direction est contrainte de négocier. Jeudi dernier, les agents obtiennent eux aussi une augmentation salariale de 5 %. Ainsi qu’une prime de 800 euros. Pierre-Henri Lab

http://www.humanite.fr/2009-04-06_Politique_Serie-de-greves-victorieuses-chez-les-gaziers

 

*) Guadeloupe : « L’État prend le risque d’allumer des feux »

L’extension de l’accord Bino à environ 40 000 salariés était attendue, mais en écartant l’article 5 et le préambule, le gouvernement réduit cet accord à une prime sur trois ans.

Le déni d’écoute des travailleurs guadeloupéens que l’on pressentait déjà est aujourd’hui réalité. Le gouvernement a étendu à toutes les entreprises l’accord du 26 février relatif à l’augmentation de 200 euros sur les bas salaires. Mais avec des exceptions : l’article 5, qui mettait à la charge des employeurs l’augmentation au terme du délai des aides de l’État (trente-six mois) et des collectivités locales (douze mois) et prévoyait « une augmentation générale des salaires au terme des trois ans de l’accord », n’a pas été étendu. Ni d’ailleurs le préambule de l’accord, qui déclarait que « la situation économique et sociale actuelle résulte de la pérennisation du modèle de l’économie de plantation ». Paru au Journal officiel, l’arrêté d’extension a rejeté le préambule sous le motif qu’il est dépourvu « de tout lien avec l’objet d’un accord collectif au sens du Code de travail ». Déjà violemment contesté par le MEDEF, sous prétexte qu’il sonnait comme « une assimilation des patrons aux descendants des colons esclavagistes ».

--- Une Guadeloupe à deux vitesses

Une décision qui a très vite fait réagir le leader du LKP sur le site du collectif. Pour Élie Domota, « l’État entend maintenir et renforcer l’injustice sociale en créant une Guadeloupe à deux vitesses : celle des travailleurs percevant l’augmentation au-delà de trois années. Et une Guadeloupe où des travailleurs, voisins des premiers, verraient leurs salaires diminuer de 200 euros au terme des trois ans. C’est inacceptable ! ». Pour sa part, l’ancien secrétaire du Parti communiste guadeloupéen (PCG), Christian Celeste, observe que « le pouvoir a cédé à la pression du MEDEF qui ne voulait pas cette extension de l’accord ». Parce qu’une fois n’est pas coutume, le gouvernement, qui n’était pas d’accord avec cette démarche, agit avec une sorte de duplicité. Car l’accord Bino du 26 février a été signé en présence du préfet de Guadeloupe, Nicolas Desforges, et de quatre directeurs du travail dont deux missionnés par le premier ministre. En écartant de l’extension l’article 5 et le préambule de l’accord, le gouvernement montre son refus d’accepter sa défaite.

Après avoir, au début du mouvement, tout fait pour ne pas apporter de solution, l’État a préféré manigancer pour entraîner le mouvement dans une impasse. Une position que Christian Céleste interprète comme « une position de classe, de soutien au système de l’économie de plantation, au système colonial en Guadeloupe ». Selon l’ancien secrétaire général, tout cela « dénote la collusion jamais démentie entre le gouvernement français et les capitalistes. Et les békés en premier lieu ».

--- Les Etats Généraux boudés

Pour le LKP, comme pour tous les Guadeloupéens qui ont fait la grève, cette décision pose un très gros problème. « Il prend, délibérément, le risque d’allumer à nouveau des incendies », estime Christian Céleste. En agissant ainsi, le gouvernement renforce la résistance du MEDEF et des békés locaux. Les patrons, qui font de la résistance, vont se sentir requinqués. Réconfortés dans leur position et ainsi durcir leur position dans les entreprises. « Et ils ne vont pas attendre trois ans puisqu’ils ont le soutien et les encouragements de l’État. » Par ailleurs, après le refus du LKP de participer aux états généraux de l’outre-mer, le Collectif du 5 février contre la vie chère et pour l’emploi (Martinique) vient de refuser à son tour de participer à ces états généraux qui doivent débuter le 18 avril. Selon Philippe Pierre-Charles, l’un des porte-parole du collectif, le mandat est de poursuivre les négociations qui ne sont pas terminées. « C’est ça qui nous préoccupe et nous n’allons pas nous laisser distraire par une opération dont le résultat sera simplement que le gouvernement, après avoir mené sa consultation, va décider tout seul de ce qu’il a peut-être déjà décidé », a-t-il dit. Fernand Nouvet

http://www.humanite.fr/2009-04-11_Politique_-L-Etat-prend-le-risque-d-allumer-des-feux

 

*) Médecins et Hôpitaux : « On ne discute plus, il faut passer à l’action »

Après les personnels paramédicaux, les médecins entrent dans la bataille contre la loi Bachelot. Une grève unitaire est prévue le 28 avril.

C’est un événement sans précédent : les uns après les autres, les médecins de tous les hôpitaux publics de Paris et l’Île-de-France sont en train de prendre position contre la loi réformant l’hôpital. À Henri-Mondor, Bichat, Trousseau, Antoine-Béclère, Tenon, La Pitié-Salpêtrière, Saint-Louis… les communautés médicales ont voté ces derniers jours des motions prenant clairement position contre la politique gouvernementale. À chaque fois reviennent les mêmes résolutions : refus de la suppression des services, refus de la gouvernance non partagée avec les médecins et de l’omnipotence du directeur et enfin, - refus des purges budgétaires entraînant des suppressions de postes. Quasi systématiquement, ces motions ont été - assorties d’actions très concrètes. Parmi elles, notamment, la « menace de démission des chefs de pôles et du président de CCM si aucun changement n’intervenait rapidement ». Et, d’ores et déjà, la plupart des médecins ont décidé de suspendre toutes réunions médico-administratives pour se recentrer sur les soins aux patients.

--- Passer à l’action

Regroupés en un comité de défense de l’hôpital public, quelque trois cents médecins, dont la plupart siègent dans les instances dirigeantes des établissements, ont renouvelé hier, à l’occasion d’une assemblée générale, leur opposition au pouvoir absolu donné par la loi HPST aux directeurs, mais ont aussi dénoncé l’insuffisance des crédits et les suppressions de postes.

Généralement peu enclins à la contestation sociale, les médecins sont particulièrement remontés, rejoignant un large éventail de syndicats de personnels hospitaliers engagés dans cette bataille depuis plusieurs mois. En témoignent les prises de parole. « Depuis dix-huit ans que j’exerce, le projet médical a toujours été porté par les médecins, ce n’est pas un directeur qui reste quatre ans en poste qui va nous dicter sa loi », a déclaré Pierre Taboulet, chef du service des urgences à l’hôpital Saint-Louis. Catégorique, lui se dit même prêt à donner sa « démission si la loi passe ». « On ne discute plus. Il faut passer à l’action », a surenchéri un biologiste. « On est tous en train de mesurer ce qui se passe dans nos services en termes de rendus de postes de soignants. On est à un tournant qui risque de modifier profondément le fonctionnement de nos structures », a lancé pour sa part, Jean-Louis Chabernaud, président du Syndicat national des pédiatres hospitaliers. « On aurait dû le faire depuis longtemps », regrette d’ailleurs ce dernier. Même les internes ont rejoint le mouvement. « Nous avons des inquiétudes sur l’hôpital dans lequel nous exercerons plus tard », a fait savoir Lola Fourcade, la présidente du Syndicat des internes des hôpitaux de Paris.

--- Une première !

La contestation a d’ailleurs passé un cap, puisque les médecins ont carrément décidé de descendre dans la rue le 28 avril prochain, de concert avec tous les personnels hospitaliers. Une première. « Si l’agenda est respecté, que le projet de loi passe au Sénat en mai avant de revenir au Parlement, le vote de la loi n’interviendra pas avant juillet. Une mobilisation de longue haleine se prépare », a averti Bernard Granger. Journée unitaire, le 28 avril verra défiler des médecins non syndiqués, mais aussi syndiqués (FO, CPH, INPH, AMUF, SNPHAR), ainsi que les personnels paramédicaux (CGT, SUD, CFDT, CFTC, FO). « Ce sera un événement historique dans la mesure où l’ensemble de l’hôpital, des agents aux médecins en passant par les infirmières, les aides-soignants et même les cadres défileront, sans oublier les associations de patients », a insisté Bernard Granger. Pour l’instant, le mouvement n’a pas encore gagné la province, mais selon Bruno Devergie, président du syndicat des praticiens des hôpitaux publics, ça ne saurait tarder. « Ça grogne à Rouen et Lille », a rapporté ce dernier lors de l’AG. Alexandra Chaignon http://www.humanite.fr/2009-04-10_Politique_Medecins-On-ne-discute-plus-il-faut-passer-a-l-action

 

*) Énergie : Gaziers et électriciens veulent faire « raquer » le patronat

À Paris, 4 000 salariés des industries électriques et gazières, gonflés à bloc, ont défilé pour l’emploi, le service public et les salaires.

Détonations assourdissantes de pétards, bidons en guise de tambours, klaxon deux tons des véhicules d’intervention, sonos qui scandent du rap… L’ambiance est électrique. Massés devant le siège de l’Union fédérale de l’électricité (UFE, l’organisation professionnelle du patronat), électriciens et gaziers d’Île-de-France s’époumonent « Tous ensemble ! Tous ensemble ! ». Ils sont 4 000, selon la CGT, à manifester ainsi à l’appel de l’intersyndicale CGT, CFDT, FO, CFTC et CFE-CGC dans le cadre de la journée d’action nationale sur les salaires, l’emploi et le service public. 4 000 qui pour la plupart sont des agents d’ERDF ou GRDF, les deux filiales de distribution d’EDF et de GDF, dans lesquelles la mobilisation est massive. Presque un agent sur deux dans la rue. 70 % de grévistes à Paris, plus de 55 % en Seine-et-Marne, des sites bloqués dans tous les départements, des plates-formes téléphoniques qui ne répondent plus…

La colère est palpable. Un rien, semble-t-il, pourrait enflammer la situation. En bas de l’avenue de Friedland, un imposant dispositif de gardes mobiles interdit l’accès au boulevard Haussmann. Le cortège ne cède pas à la provocation et bifurque pour rejoindre la rue de Courcelles et le siège du patronat du gaz, soudain victime d’une coupure d’électricité. Après plusieurs jours de grève, les agents sont gonflés à bloc. Ils ont appris que le patronat n’a pas fait de « propositions sérieuses » mercredi à l’ouverture des négociations. Depuis le matin, ils savent aussi que le PDG d’EDF, Pierre Gadonneix, a été augmenté de 25 % et que le salaire du vice-président de GDF Suez, Jean-François Cirelli, a progressé de 183 %. « On a la rage. Moi j’interviens sur les fuites de gaz. Je ne touche que 1 300 euros par mois. Pas cher pour risquer sa peau ! » raconte Lionel, trente-cinq ans et « onze ans de boîte ». Franck, vingt-huit ans, travaille depuis quatre ans dans une agence pour 1 000 euros. Cédric, même âge et même ancienneté, est « un peu mieux payé avec 1 100 euros », Lucie, vingt-cinq ans, téléactrice « 1 200 euros pour quatre ans d’ancienneté ». « Y a pas à discuter ! Faut que les patrons raquent ! On veut notre part de ces putains de bénéfices ! 5 % d’augmentation et 1 500 euros de prime », hurle Lionel. Il faut que le « patronat raque aussi pour les usagers ». Réseau électrique mal entretenu, boîtes électriques qui explosent dans Paris pulvérisant des plaques de fontes, menaçant ainsi la sécurité des riverains, allongement des délais d’intervention sur les fuites de gaz, erreurs de relevé de compteur qui aboutissent à des prélèvements de sommes faramineuses sur les comptes bancaires des usagers… Cédric Liechti, secrétaire du syndicat CGT de Paris, énumère les exemples de dégradation du service public. « C’est la conséquence de l’externalisation de la plupart des activités. Les sous-traitants emploient une main-d’oeuvre qu’ils sous-paient et précarisent. Il est beau le résultat ! ». « On demande la réintégration des activités dans EDF et GDF. C’est la seule garantie pour les usagers. Il faut aussi utiliser une partie du bénéfice pour faire baisser la facture. C’est ça le service public ! » assène Carlos Corréa de Seine-et-Marne. Dans le cortège, le secrétaire général de la CGT énergie, Frédéric Imbrecht, vilipende le refus du patronat de négocier. Il dénonce aussi l’attitude du gouvernement. « EDF et GDF Suez sont deux entreprises où l’État est soit majoritaire, soit détient encore une part importante du capital. Il devrait agir pour que ces deux entreprises jouent leur rôle en matière de relance économique en préservant et créant des emplois et en améliorant le service public. » En matière de salaire, le responsable syndical exige « la fin du double discours » de Nicolas Sarkozy. « À EDF comme à GDF Suez, il a les moyens de démontrer qu’il est vraiment pour un meilleur partage de la valeur ajoutée. » Pierre-Henri Lab http://www.humanite.fr/2009-04-10_Politique_Gaziers-et-electriciens-veulent-faire-raquer-le-patronat

 

*) BORDEAUX. Forte mobilisation hier de ceux qui aident les sans-papiers. Ils veulent être poursuivis par la loi

« Délinquants solidaires »

Les participants s'étaient ligotés pour rendre l'action plus spectaculaire. (Photo Fabien Cottereau) Ils étaient entre 300 et 500 à se présenter hier à 13 heures place des Droits de l'homme, sur le parvis du palais de justice, pour se constituer prisonniers. Ces « délinquants solidaires » s'accusent d'être dans l'illégalité pour avoir déjà prêté assistance à une personne en situation irrégulière. L'action, d'envergure nationale, a eu lieu simultanément dans de nombreuses villes de France. « Si la solidarité devient un délit, nous demandons à être poursuivis pour ce délit » pouvait-on lire sur des panneaux et des tracts distribués et brandis par la foule. La loi du ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale rendant délictuelle toute action d'aide à un sans-papiers est directement visée par cette mobilisation. Mais c'est son application qui entraîne une véritable indignation dans une grande partie de l'opinion publique. Dans le courant du mois de février dernier, deux cas de figure ont soulevé l'émotion et fait monter associations et élus de l'opposition au créneau.

Le 16, l'interpellation d'Hamid, sans-papiers et compagnon d'Emmaüs, a entraîné une opération policière dans la communauté Emmaüs de Marseille ainsi que la mise en garde à vue de Kamel, un responsable, vraisemblablement soupçonné d'être en situation irrégulière.

--- 5 500 aidants à interpeller

Le 18, Monique Pouille était à son tour placée en garde à vue dans le nord de la France. Cette dame de 59 ans, membre des Restos du coeur et de Terre d'errance, était accusée d'avoir donné nourriture et vêtements et d'avoir rechargé les portables de migrants espérant traverser la Manche. Outre ces interpellations, les objectifs du ministère d'Éric Besson - 28 000 reconduites à la frontière pour 2010 et de 5 500 interpellations d'aidants pour 2011 - sont en grande partie responsables du sentiment d'iniquité qui anime les protestataires.

Très concerné par le sujet, le président des associations Emmaüs de la Gironde, Pascal Lafargue, fut l'un des premiers à se saisir du micro pour dénoncer « une honte, une insulte jetée à la face de nos valeurs, celles du pays des droits de l'Homme ». Une vingtaine d'associations bordelaises étaient mobilisées à ses côtés, ainsi que de nombreux élus de l'opposition. Benoît Hamon a profité de sa venue à Bordeaux, dans le cadre de la campagne pour les élections européennes, pour venir apporter son soutien et celui du Parti socialiste à cette action. La députée Michèle Delaunay était d'ailleurs représentée.

--- « Un zèle excédentaire »

Le porte-parole du Parti socialiste n'a pas manqué de rappeler qu'une proposition de loi visant la suppression du délit de solidarité serait présentée à l'Assemblée nationale le 30 avril. Principalement soutenue par l'opposition, minoritaire, elle a peu de chance d'être votée. Étaient également présents les Verts, notamment en la personne de Noël Mamère et le Parti communiste, avec son conseiller municipal Vincent Maurin. « Éric Besson fait preuve d'un zèle excédentaire vis-à-vis de l'immigration », a déclaré le maire de Bègles. Le ministre n'a cependant pas profité de la journée d'hier pour atteindre ses objectifs de 2011 avec deux ans d'avance, au grand regret des manifestants. Auteur : Barnabé Chaix

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/article/555770/mil/4388577.html

 

*) BORDEAUX. Les tentes sont place Pey-Berland jusqu'à demain, en prélude à l'action du 15 mai

Don Quichotte, tome 2

Augustin Legrand veut réitérer le coup de 2007.( Photo Laurent Theillet)

Une vingtaine de tentes sont apparues hier soir vers 19 heures, sur la place Pey-Berland, en face de l'Hôtel-de-Ville. Les Enfants de Don Quichotte, qui s'étaient illustrés au cours de l'hiver 2006-2007 en plantant des tentes à Paris puis en province, préparent un nouveau coup d'éclat. Le calendrier des promesses faites par les autorités en 2007 - zéro SDF en deux ans - arrive à échéance et les Enfants de Don Quichotte sont loin d'être satisfaits des résultats obtenus. « La loi Boutin sur le logement est une régression. Les centres d'hébergement sont engorgés et les logements vides sont partout », explique Augustin Legrand, représentant du mouvement. Avec le Secours catholique, Emmaüs et la Fondation Abbé-Pierre, les Enfants de Don Quichotte reviennent donc en force, à la tête d'un collectif de 800 associations, pour faire entendre leurs revendications.

En deux ans, celles-ci ont évolué. Si l'association revendique toujours le droit au logement pour tous, son action veut toucher aujourd'hui, outre les SDF, les 70 % de Français ayant droit au logement social. « Étudiants, retraités, classes moyennes, les gens n'en peuvent plus et comprennent que les choses pourraient changer, reprend Augustin Legrand. On a les solutions, mais on fait face à une absence de volonté politique. »

--- Invités à prendre la couverture

Pour recréer un rapport de force avec le gouvernement, le collectif des 800 a décidé de ressortir les tentes et de les installer à partir du 15 mai dans plusieurs villes de France, jusqu'à ce que des résultats satisfaisants soient obtenus. L'opération qui a commencé hier n'est donc qu'une avant-première de l'action du 15 mai. Les tentes disparaîtront demain, mais Augustin Legrand invite les Bordelais à venir se joindre au campement ce soir, pour discuter ou pour dormir : « On a des tentes, il ne leur reste plus qu'à prendre des couvertures. » Infos : www.lesenfantsdedonquichotte.com Auteur : Barnabé Chaix

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/article/554127/mil/4384716.html

 

*) ET AILLEURS, AMAP. De plus en plus de groupes de consommateurs s'abonnent au système des paniers hebdomadaires auprès des maraîchers. La production locale a du mal à suivre

La ruée sur les paniers qui sentent le frais Né au Japon Le système des Amap est né à Tokyo. « 200 000 familles y adhéraient dès 1987 », note Philippe Desbrosses. Il a ensuite essaimé de par le monde. Il est très en vogue en Amérique du Nord, en particulier. La cuisine des paniers à l'honneur, hier, à Belin-Béliet() La première est née en Provence, au tournant des années 2000. Il y en a plus de 800 en France aujourd'hui, selon Philippe Desbrosses, un des pionniers de l'agriculture biologique et des circuits courts de commercialisation (1). Les Amap, ou Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne, connaissent un développement foudroyant qui n'oublie pas la région. En l'espace d'une demi-douzaine d'années, plus de 4 000 familles aquitaines ont adhéré à une Amap. Soit 12 000 consommateurs environ, qui ont pris l'initiative de s'agréger en petits groupes - il y a environ 80 Amap en Aquitaine - pour s'approvisionner principalement en fruits et légumes auprès de 250 producteurs locaux. Ceci sur la base d'un contrat de longue durée, et sans intermédiaires. En est issu le système des paniers. Une fois par semaine, en général, les adhérents passent prendre leur panier de fruits ou de légumes (voire les deux) en un lieu de distribution donné. Ils ont déboursé à l'avance, en une ou plusieurs fois, le montant qui correspond à ce service. En face, un maraîcher du cru s'est engagé sur le volume, la variété des produits et leur qualité. La plupart du temps, tout le monde est content. Le consommateur, qui déguste des produits qui tendent vers le bio - mais ne le sont pas forcément - à des prix compétitifs, et des producteurs qui sont assurés d'un débouché.

« Je n'y trouve que des avantages. Je vends au prix de détail, à l'abri de la fluctuation des cours, les commandes me font de la trésorerie, je ne cueille que ce dont j'ai besoin et je n'attends pas des matinées entières comme sur les marchés », résume Grégory Hullot, un jeune maraîcher installé à Naujac-sur-Mer, dans le Médoc. Il fournit toute l'année trois groupes, à Villenave-d'Ornon, à Montalivet-les-Bains et à Lacanau, pour un total de 120 paniers de légumes de saison par semaine.

--- On sort du baba-bobo

Comme d'autres producteurs, celui-ci était présent hier à Belin-Béliet, en Gironde, où était organisée la cinquième rencontre des Amap d'Aquitaine. Où l'on pouvait se rendre compte que l'adhérent échappe à la typologie baba-bobo dans laquelle l'idée reçue voudrait la cantonner. « On est sur un profil d'employé ou de cadre, en milieu urbain et périurbain principalement. Viennent aujourd'hui des gens moins militants, en particulier de jeunes couples avec enfants. Mais on a aussi des gens sans gros revenus qui ont des convictions sur leur alimentation. Rendre ces circuits accessibles à des publics en état de précarité fait partie des enjeux pour l'avenir », analyse Frank Meymerit, coordinateur à la Fédération régionale des Civam (2) d'Aquitaine, dont le siège est à Pau.

Devenir nouvel adhérent Amap relève plus que jamais d'un acte de foi. « On a l'équivalent des deux tiers des adhérents en liste d'attente », note Gaëlle Bertonèche, qui anime le relais Amap Gironde. Il y avait neuf Amap dans le département il y a deux ans, on en dénombre 29 aujourd'hui, et 10 autres sont en gestation. Mais on manque cruellement de maraîchers pour satisfaire une demande en croissance à deux ou trois chiffres. Ceci s'explique pour partie par la démographie agricole. « Nous avons 1 400 actifs agricoles de moins par an en Aquitaine en l'espace de sept ans, soit la disparition silencieuse d'un Ford Blanquefort par an. Pour nous, il était stratégique de s'attaquer à la ceinture verte de Bordeaux. Il n'est pas possible d'y voir des maraîchers crever la dalle avec un million d'habitants à leurs portes », pose Frank Meymerit. « Dans cette zone, on a encore 90 maraîchers dont les trois quarts partiront bientôt à la retraite. Trois d'entr e eux ont dit oui pour fonctionner en Amap. C'est un début pour conserver un savoir-faire », se réjouit Gaëlle Bertonèche.

Le foncier est également un frein au développement des Amap. Sur le bassin d'Arcachon, trouver du terrain pour y pratiquer le maraîchage tient de l'exploit. La tendance est la même dans les principaux centres urbains du Sud-Ouest. Or le lien producteur-consommateur s'accommode mal de l'inflation des kilomètres à parcourir. « On a besoin des élus, ce sont eux qui élaborent les plans locaux d'urbanisme (PLU) et qui nous ouvrent des salles municipales pour la distribution des paniers », relève Frank Meymerit. Les Amap n'ont pas fini de mettre la pression. (1) Auteur de « Nous redeviendrons paysans » (rééd. 2007) et coauteur de « Terres d'avenir pour un mode de vie durable » (2007), Éditions Alphée. (2) Civam : Centre d'initiatives pour valoriser l'agriculture et le milieu rural. Auteur : jean-denis renard jd.renard@sudouest.com

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/552159/mil/4373699.html

 

*) BORDEAUX. Myriam Eckert a déposé plainte dimanche. Elle affirme avoir été victime de violences de la part des CRS lors de l'expulsion du squat de la rue Saint-Genès

Elle porte plainte pour des violences policières - Myriam Eckert ne comprend pas la violence dont elle a fait l'objet. Selon elle, il n'y a pas eu de provocation de la part des manifestants. (photo Dr) La lèvre éclatée a nécessité sept points de suture. Les deux yeux s'ornent chacun d'un énorme coquard. Si les hématomes sur le nez et sur le front commencent à se résorber, les traces de coups restent encore visibles. Pas de fractures, pas de traumatisme crânien, mais tous les stigmates d'un matraquage en règle. C'était jeudi dernier, à Bordeaux. En fin d'après-midi, une trentaine de militants se rassemblent devant le 147 de la rue Saint-Genès, un immeuble inoccupé, propriété de la ville, « réquisitionné » trois jours plus tôt au nom du « droit au logement » (lire notre édition de samedi). Ils viennent soutenir la douzaine de squatteurs qui occupent les lieux et que la police s'apprête à expulser. Pami eux, Myriam Eckert, connue dans les milieux alternatifs bordelais comme chanteuse du groupe Opa et membre du collectif « culturel et citoyen » hacktivisme.

--- En garde à vue à l'hôpital

La suite, c'est elle qui la raconte : « Les policiers étaient au moins trois fois plus nombreux que nous. Je pensais que tout allait se passer comme d'habitude, c'est-à-dire qu'on allait négocier, puis qu'on laisserait faire l'expulsion en poussant des huées et qu'on rentrerait chez nous en se disant qu'on avait encore perdu... Et puis tout à coup, les CRS ont chargé. Sans sommation ni rien. J'en ai entendu un dire : "Allez, on y va", et ils se sont rué sur nous en brandissant leur tonfa. Je me suis mise à courir, comme tout le monde, et c'est alors que j'ai reçu un grand coup derrière la tête. Après, je ne me souviens plus. Le trou noir. On m'a dit que j'étais restée groggy cinq bonnes minutes. » Myriam Eckert affirme avoir été ensuite menottée puis embarquée dans le fourgon avec d'autres manifestants, direction le commissariat central. « J'avais la bouche éclatée, le nez pareil, j'étais en sang. Mais ce n'est qu'une heure plus tard qu'ils m'ont emmenée aux urgences, à Pellegrin, où l'on m'a soignée, recousue... » Grâce à l'insistance du personnel soignant, dit-elle, c'est à l'hôpital plutôt qu'à l'Hôtel de police que la jeune femme a été placée en garde à vue. Motif ? « Violation de domicile et dégradation de bien public, alors que je ne suis même pas rentrée dans le squat et que je n'ai rien dégradé du tout ! » Elle sera relâchée vendredi en fin de matinée sans que, pour l'instant, une suite judiciaire soit donnée à cette affaire.

--- Silence radio

Très choquée moralement et physiquement, elle affirme qu'il n'y a eu ce jour-là aucune provocation de la part des manifestants, et ne comprend pas la violence dont elle a été victime. Sinon par la consigne donnée aux forces de l'ordre d'intimider tous ceux qui protestent dans la rue. « C'est cela qui m'a décidé à porter plainte pour violences policières. Parce que si on ne peut plus se rassembler pacifiquement sans se faire taper dessus et envoyer à l'hôpital, où va-t-on ? » Dans un communiqué, les services de police expliquent les raisons de l'intervention de jeudi dernier (sur plainte de la mairie et avec le feu vert du parquet) et son déroulement. Selon eux, « plusieurs charges légères de CRS » ont été nécessaires « pour rétablir l'ordre public. » « Parmi le groupe des manifestants qui entravaient épisodiquement la circulation, certains revêtaient des foulards pour se dissimuler le visage, dans un mouvement de progression paraissant vindicatif vers les effectifs de police, interdisant l'accès au squat (...). Il a été décidé de les repousser (...). Myriam Eckert faisait partie des personnes résistant à la progression des CRS visant à libérer la voie (...). Le parquet de Bordeaux a saisi la DDSP de la Gironde pour procéder à l'enquête judiciaire qui est en cours. » Auteur : pierre-marie lemaire pm.lemaire@sudouest.com

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/article/539567/mil/4324711.html

 

*) RAPPORT. Selon Amnesty International, les auteurs de brutalités policières bénéficient en France d'une coupable impunité

Amnesty dénonce « l'impunité » de la police - Le 7 avril 1993, Pascal Taïs était retrouvé mort dans une cellule de dégrisement du commissariat d'Arcachon. Treize ans plus tard, la Cour européenne des droits de l'homme condamnait l'État français, jugé coupable à la fois de ne pas avoir assuré la protection du jeune homme, puis de ne pas avoir diligenté une véritable enquête pour déterminer les causes de son décès. L'affaire Taïs est l'un des exemples qui illustrent le rapport qu'Amnesty International rend public ce matin : « France. Des policiers au-dessus des lois ». Les autres concernent des cas de brutalités, d'injures racistes, de recours abusif à la force, voire de morts suspectes, dont les commissariats hexagonaux, selon l'organisation, seraient trop souvent le théâtre. Point commun à toutes ces affaires : beaucoup concernent des étrangers ou des personnes assimilées comme tels, et aucune n'a donné lieu à sanctions ou à condamnations, sinon bénignes. « La tâche des forces de l'ordre est difficile et dangereuse », reconnaît David Diaz Jogeix, directeur adjoint d'Amnesty International pour l'Europe et l'Asie centrale.

--- Grand écart

« La majorité des agents s'en acquittent dans le respect de la loi. Mais quand des fautes sont commises, elles doivent faire l'objet d'enquêtes exhaustives, indépendantes et impartiales. » Ce qui n'est pas le cas en France selon Amnesty.

Il en veut pour preuve le grand écart entre accusations et punitions : 663 plaintes contre des policiers en 2005 pour 96 sanctions disciplinaires, dont 16 radiations ; 639 en 2006 pour 114 sanctions dont 8 radiations. Et encore, rares sont les victimes de mauvais traitements qui portent plainte, convaincues que c'est peine perdue. L'inertie des autorités crée chez les policiers un sentiment d'impunité. Lequel favorise les dérapages. Les magistrats sont également montrés du doigt pour leur propension à classer sans suite ou à faire traîner en longueur des dossiers impliquant des policiers avec lesquels ils travaillent. D'où la demande d'Amnesty International d'une commission indépendante pour « s'occuper des plaintes et mener des enquêtes exhaustives et efficaces ».

« Personne ne doit être au-dessus des lois, poursuit David Diaz Jogeix. Il est indispensable que le grand public ait confiance en la police. »

Amnesty International avait déjà publié un rapport en 2005 sur le même sujet. Sans succès. Rendez-vous dans quatre ans ? Auteur : Pierre-Marie Lemaire

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/547283/mil/4359437.html

 

*) ENQUETE : « A Bordeaux, une police trop zélée qu'il va falloir surveiller » Par Christophe Payet | Etudiant | 07/04/2009 | 14H35

Pour mesurer les abus policiers, des citoyens créent l'antenne bordelaise de la commission « Citoyens-Justice-Police ». Cyclistes, squatters, même combat ? Quand les premiers passent la nuit en garde à vue, les seconds se font passer à tabac… A Bordeaux, un dangereux durcissement des méthodes policières se fait sentir. Pour le mesurer dans les faits, la Ligue des droits de l'homme, le Syndicat de la magistrature, et le Syndicat des avocats de France viennent de créer une antenne bordelaise de la commission « Citoyens-Justice-Police ».

Marie est une bordelaise BCBG de 49 ans. Miryam est membre du collectif militant « Hacktivismes » et chanteuse du groupe alternatif OPA. Toutes les deux faisaient l'objet d'articles dans Sud-Ouest mercredi 25 mars. Toutes les deux ont été victimes de l'excès de zèle et des méthodes contestables de la police bordelaise.

--- En culotte au commissariat

Interpellée à vélo à la sortie d'une réunion de travail tardive, Marie est contrôlée positive à l'éthylotest. Comme elle l'explique à Sud-Ouest : « je leur ai avoué avoir bu deux ou trois verres de vin ». Résultat : elle se retrouve en culotte dans une cellule du commissariat à se faire fouiller. Elle y passera la nuit, tout comme dix autres cyclistes. Ces interpellations et gardes à vues de « délinquants » à bicyclette s'inscrivent dans une politique : depuis quelques semaines, les contraventions se multiplient à l'excès. La polémique a pris de l'ampleur jusqu'à faire l'objet d'un article dans « The Times ». Myriam, elle, vient de porter plainte pour violences policières. Elle a eu le malheur de soutenir des « squatteurs » militant pour le droit au logement. Jeudi 19 mars, jour de la grève générale, la police tente d'évacuer un squat réquisitionné par divers militants de gauche. Un rassemblement d'une quarantaine de personnes s'est formé pour les soutenir. Myriam est présente. Une dizaine de voitures de police et un fourgon de CRS sont au rendez-vous. Ils ne sont pas venus les mains vides et chargent les manifestants. Myriam se retrouve à terre. Les coups de matraque qu'elle a reçus l'ont défigurée. En sang, elle est menottée et amenée au commissariat, tout comme la dizaine d'autres interpellés. Ce n'est que plus tard qu'elle sera conduite aux urgences, où elle pourra se faire poser sept points de suture. Une enquête judiciaire est en cours.

--- Un sentiment d'insécurité qui progresse

Ce type de faits divers se multiplient dans la presse locale, et le sentiment d'insécurité par rapport aux abus de la police semble progresser. Pour Brigitte Duraffourg, présidente de la Ligue des droits de l'Homme en Gironde, cette inquiétude s'amplifie à Bordeaux : « La police devrait être là pour assurer la sureté, et non pour nous agresser ou faire de la provocation. Il y a une exaspération et une violence qui monte chez les policiers, et je crains qu'ils ne soient plus vraiment en mesure d'assurer l'ordre public. Je commence à penser que cela se généralise : dans les quinze derniers jours, il y a eu les gardes à vues de cyclistes, l'affaire de Myriam, et les violences contre les lycéens de Cenon. De plus en plus de cas remontent. On sent qu'à tout moment la situation peut basculer. » Elle présente néanmoins le cas bordelais comme le symptôme particulièrement visible d'un phénomène d'ampleur nationale, une « dégradation des libertés publiques ». Elle cite, parmis les événements inquiétants, la fusion de la DST et des RG (« qui va dans le sens de l'assimilation des citoyens militants à des ennemis intérieurs ») ; la création du fichier Edvige ; à Strasbourg, l'interdiction d'afficher des drapeaux « Peace » aux fenêtres ; le tout sur fond de durcissement de la police : « L'époque est difficile, ils sont moins nombreux en effectifs et n'ont pas de formation suffisante. On a l'impression que c'est le citoyen qui n'est plus en sécurité, et ça c'est problématique. »

--- Des instructions qui vont dans le sens d'une culture du résultat

Au syndicat UNSA-Police, on considère également qu'il y a là l'expression d'un phénomène national et politique. C'est ce qu'explique Philippe Rolland, secrétaire départemental : « Ce sentiment provient avant tout de la volonté politique nationale, avec des instructions qui vont dans le sens d'une culture du résultat. Nous sommes par ailleurs dans un contexte qui rend le maintien de l'ordre de plus en plus difficile. Les conditions de travail se dégradent, et les policiers ont de plus en plus de mal à rester sereins. » Il reconnaît néanmoins l'expression particulièrement forte de cette politique à Bordeaux : « Il est vrai qu'à Bordeaux, nous avons un directeur qui prend les instructions particulièrement au sérieux. Il applique tout à la lettre. Il est très ferme avec tout le monde, y compris avec les collègues policiers. »

Albert Doutre, directeur départemental de la Sécurité publique, un officier trop zélé ? Il déclarait dans Sud-Ouest du jeudi 2 avril, ne pas comprendre la « stigmatisation » dont ont fait l'objet ses services lors de la polémique des cyclistes, ajoutant que la garde à vue est « une mesure de sureté ».

Ses services nient aujourd'hui tout dérapage. Le Commandant Pallas, chargé de la communication de la Direction Départementale de la Sécurité Publique de Bordeaux affirme ainsi : « Nous refusons de communiquer au sujet d'une hypothétique augmentation de la répression policière à Bordeaux, qui, pour nous, n'existe pas. Il n'y a eu que des épiphénomènes, donc pas de raisons pour nous de nous exprimer à ce sujet. »

--- Un nouvel outil citoyen

Face à ce sentiment généralisé, la Ligue des droits de l'homme, le Syndicat de la magistrature, et le Syndicat des avocats de France sont en train de mettre en place une antenne girondine de la commission « Citoyens-Justice-Police ». Ils entendent l'annoncer publiquement dans les jours qui viennent. Cette commission a été crée au niveau national en 2002, faisant le « constat d'une dégradation des rapports entre les citoyens et les forces de sécurité ». Elle a pour objet de mener des enquêtes sur saisine des citoyens. Chaque enquête est menée par des juristes chargés de mission, qui rendent par la suite un rapport public. L'objectif, explique Brigitte Duraffourg, de la LDH, est de créer une « force de dissuasion » :  « Mais personnellement, cela m'a fait énormément de peine d'avoir à créer une tele antenne sur Bordeaux. » Photo : Des agents de police en septembre 2008, à Bayonne (Olivier Pon/Reuters). http://www.rue89.com/2009/04/07/a-bordeaux-une-police-trop-zelee-quil-va-falloir-surveiller

 

*) CENON 33. La FCPE réagit aux propos de Mme Alliot-Marie à l'Assemblée, suite à une charge de CRS qui fait polémique

--- Collégiens bousculés : « C'est du mépris »

La députée socialiste de la rive droite de Bordeaux a interpellé Michèle Alliot-Marie, hier à l'Assemblée nationale, à la suite des blessures contractées par des élèves du collège Jean-Jaurès de Cenon lors d'un assaut donné par des CRS à la gare Montparnasse (« Sud Ouest » de mercredi). La ministre de l'Intérieur dit « pouvoir comprendre » que la situation a pu être « perturbante » pour ceux qui ont subi les faits.  Dans l'attente des résultats d'une enquête, elle estime qu'« il y a pu avoir contact » avec les collégiens et enseignants cenonnais lors du « mouvement de foule ». Les intéressés, qui ne partagent pas forcément cet avis, ont réagi encore plus vigoureusement quand ils ont appris que Mme Alliot-Marie avait réitéré ses propos tenus la veille. Se référant à son passé d'enseignante, elle dit que « dans des cas comme ceux-là, les adultes et les enseignants ont la responsabilité d'encadrer et de protéger ces jeunes ». « C'est du mépris », réagit Wilfrid Winter, président de la FCPE du collège Jean-Jaurès. « C'est donner du grain à moudre au collectif enseignants parents pour continuer une action plus forte », poursuit-il.

--- Soutien psychologique

L'intervention de Michèle Alliot-Marie marque en tout cas un décalage certain avec l'attitude de l'inspection d'académie de la Gironde.

En fin d'après-midi, le secrétaire général a reçu une délégation de professeurs et parents, à Bordeaux. Il a confirmé la mise en place d'une cellule de soutien psychologique et juridique, demandée par la principale du collège, vendredi.

La délégation a demandé à l'inspection d'académie d'être présente vendredi de façon à « reconnaître le statut de victimes aux élèves et professeurs ».

« De la même façon que Mme Alliot-Marie prend la protection de ses CRS, nous avons fait demander à M. Darcos, le ministre de l'Éducation, d'en faire autant avec ses fonctionnaires enseignants. » L'inspection devrait donner les deux réponses ce matin. Manifestation gare Montparnasse. Manifestation et blocage de la gare Montparnasse le 05 mars 2009 à Paris. Des collégiens de Cenon se retrouvent pris dans la charge des CRS contre les manifestants. Images d'Axelle Piot, vidéo réalisée par Sudouest.com

Manifestation gare Montparnasse - college cenon envoyé par journal sudouest

http://www.dailymotion.com/video/x8mk5g_manifestation-gare-montparnasse-col_news Auteur : Dominique Andrieux

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/527150/mil/4274378.html

 

*) Droit d’Asile : La Cimade évincée de dix-neuf centres de rétention

L’appel d’offres concernant l’aide aux étrangers retenus attribue le marché à six associations, dont le mystérieux collectif Respect, proche de l’UMP.

Le couperet est tombé hier. Après huit mois de polémiques, d’actions judiciaires et d’annulations, le ministère de l’Intérieur a rendu public le résultat de l’appel d’offres pour l’aide juridique aux étrangers retenus. Le 30 octobre 2008, le tribunal administratif avait annulé le premier appel d’offres, demandant notamment une meilleure définition des compétences juridiques des candidats. Ce deuxième appel d’offres avait été lancé en décembre 2008. Il divise la France en huit lots, premier écueil selon les associations qui s’inquiètent de la cohérence nationale d’une mission ainsi divisée. La Cimade qui était, depuis vingt-cinq ans, la seule association autorisée à pénétrer dans les centres de rétention et rédigeait chaque année des rapports très critiques sur la politique d’enfermement du gouvernement, ne conserve que trois lots : l’Ouest, une partie du Sud et les trois centres du Mesnil-Amelot. L’ordre de Malte récupère le Nord ; l’association lyonnaise Forum réfugiés interviendra dans les centres de Lyon, Marseille et Nice ; France Terre d’asile à Palaiseau, Plaisir, Coquelles et Rouen-Oissel. Enfin, le mystérieux Collectif respect aura la charge de l’aide juridique dans les centres d’Outre-Mer. Créé en 2003 en réaction au match de foot France-Algérie au cours duquel la Marseillaise avait été sifflée, ce collectif veut « promouvoir le respect dû à l’autorité légitime, et en particulier aux institutions et au président de la République ». On est loin, très loin, de l’aide juridique aux étrangers retenus. Par ailleurs, son ancien président, Frédéric Bard, militant UMP, est, depuis deux ans, chargé de mission sur la question du développement solidaire, qui dépend donc du ministère… de l. « Je ne suis plus président depuis que je travaille au ministère », répondait-il hier au téléphone, visiblement gêné. Ce collectif, proche du ministère et de l’UMP, aura donc la difficile tâche de venir en aide aux sans-papiers retenus dans les quatre centres de l’Outre-Mer, notamment à Mayotte, que la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) avait estimé en avril 2008 « indigne de la République ». L’attribution effective de ces marchés est prévue le 2 juin 2009. Marie Barbier http://www.humanite.fr/2009-04-11_Societe_La-Cimade-evincee-de-dix-neuf-centres-de-retention

 

*) La LDH dénonce « un recul des droits et libertés » en 2008

« Une société de surveillance ? » C’est le titre du rapport annuel que la Ligue des droits de l’homme a rendu public hier (le texte est également publié aux éditions La Découverte). Pour Jean-Pierre Dubois, son président, la réponse est claire : « Le recul des droits et libertés qu’avait accéléré l’arrivée au sommet du pouvoir de Nicolas Sarkozy en mai 2007 a continué sans désemparer tout au long de l’année 2008. » Et l’organisation de dénoncer « l’ère des miradors invisibles », la surveillance qui frappe « tout particulièrement les défenseurs des droits et les lanceurs d’alertes ». En clair : plus « l’État pénal avance », plus « l’État social recule ». http://www.humanite.fr/2009-04-10_Societe_La-LDH-denonce-un-recul-des-droits-et-libertes-en-2008

 

*) OTAN : La liberté bafouée, des Strasbourgeois sidérés

À Strasbourg, les habitants ne sont pas dupes de la stratégie déployée par les autorités, y compris en matière de communication.

Strasbourg, envoyé spécial. Lundi matin, l’émotion était palpable dans Strasbourg. Les habitants étaient atterrés par les images vues de manifestants pacifistes empêchés de défiler, de haines attisées par les comportements des forces de l’ordre… Le titre des Dernières Nouvelles d’Alsace synthétisait une de leurs interrogations : « Qui paiera ? » Mais plus encore, les Strasbourgeois, notamment ceux qui habitent le quartier du Neuhof où était situé le campement des anti-OTAN, se demandaient : « Pourquoi un tel déploiement des forces de l’ordre, et autant de casse ? » Plus de 24 000 membres des forces de l’ordre étaient déployés dans la ville. Pas dupes, les habitants mettent en cause la pertinence des manoeuvres de la police, de la gendarmerie, de la BAC et des CRS, qui, disent-ils, « ont survolé en hélicoptère, sans cesse, la manifestation et le camp et empêchent tout le monde de dormir, mais qui contrôlent quand tout le monde part… » Surtout, il semble que la presse n’ait pas été la bienvenue. Au regard de ce qui est arrivé à Hugo Hayat (voir entretien), on peut même dire que c’est un euphémisme. C’est, en réalité, toute la pensée alternative qui n’avait pas le droit de s’exprimer. Ainsi, alors que les anti-OTAN quittaient le camp, ils étaient fouillés, au corps, même. Et ils devaient abandonner certains de leurs effets, comme ces jeunes clowns venus d’Allemagne qui durent laisser leurs Opinels. Mais aussi leurs journaux : Junge Welt, journal de la gauche allemande. Ou encore ce jeune Français ayant l’Humanité dans son sac : à la poubelle ! Elle était, d’ailleurs, avant tout remplie de journaux, tracts, et autocollants qui véhiculaient une pensée commune : « Non à l’OTAN ». Une conviction qu’il fallait apparemment cacher. Toutes ces humiliations, répétées des centaines de fois dans la journée, ont amené certains gendarmes à déclarer, à voix basse : « À quoi ça sert ! ? » Un autre avoue : « C’est ridicule, j’en ai marre. » Un habitant d’une soixantaine d’années regarde les fouilles. Il affirme : « J’ai honte de ce qui se passe. » Pourtant, Michèle Alliot-Marie, la ministre de l’Intérieur, a déclaré ce matin sur LCI : « Les forces de l’ordre avaient trois missions : permettre que ce sommet existe, il s’est tenu ; protéger les habitants et les personnes, il n’y a pas eu de blessés ; permettre que la manifestation existe, il y a eu manifestation même si elle a été perturbée. » Ces déclarations, répétées à l’envi, n’ont pas réussi à faire croire que la stratégie fut la bonne. D’ailleurs, sur cette même chaîne, on pouvait entendre, dimanche : « À Strasbourg, des pacifistes ont paradoxalement semé la violence. » L’amalgame : voilà l’intention poursuivie, pour essayer de jeter le discrédit sur ceux qui, malgré toutes les difficultés leur barrant la route, avaient réussi à se rassembler. Comme l’indique le Mouvement de la paix, « le débat a été refusé aux Français à propos de la réintégration de la France dans le commandement militaire de l’OTAN. Il aurait pu s’exprimer et s’organiser à Strasbourg. Le gouvernement a fait un autre choix en entretenant un climat de tension et une stratégie provocatrice qui illustre le rôle dévolu à l’OTAN ». Une fois encore, la stratégie est la même : criminalisation des manifestants, désinformation, entrave aux libertés publiques et individuelles. Mais des questions restent en suspens, qui appellent une réponse rapide : pourquoi interdire à un journaliste de filmer ? comment imaginer qu’en trois points, les flammes partent, alors que les forces de l’ordre sont aux alentours ? qu’en est-il des déclarations de certains témoins affirmant que « le matériel lacrymogène n’était pas celui réglementaire ? » Certes, il n’y eut - heureusement - pas de morts comme sur d’autres lieux. Mais la voix d’Alliot-Marie n’apporte pas de réponse à la question de fond : « Peut-on manifester sans être criminalisé ? »

Fabien Perrier http://www.humanite.fr/2009-04-07_Politique_La-liberte-bafouee-des-Strasbourgeois-sideres

 

*) Libertés : « Tarnac : la justice au ralenti »

Les défenseurs de Julien Coupat montent un comité pour l’abolition des lois antiterroristes.

Depuis sa cellule de la Santé, Julien Coupat, le principal mis en examen dans l’affaire de Tarnac, enrage. « Depuis le 15 novembre, mon client est maintenu en détention parce qu’il serait apparemment nécessaire qu’il soit à nouveau interrogé, nous explique son conseil, Me Irène Terrel. J’ai donc demandé à ce que ce soit fait une bonne fois pour toutes. Résultat ? Les juges d’instruction préfèrent entendre ceux qui, dans cette affaire, sont libres. C’est surréaliste ! » D’autant que les proches de Coupat ont prévenu : tant qu’il restera en prison, tant que l’antiterrorisme continuera à gérer ce dossier, ils ne répondront plus à aucune question. Après Manon Glibert vendredi, ce sera aujourd’hui au tour de Gabrielle Hallez, l’ancienne compagne de Coupat, de dire… qu’elle n’a rien à dire. De fait, des deux côtés, les positions se durcissent.

Ainsi, vendredi, la demande d’allègement du contrôle judiciaire de Benjamin Rosoux, le gérant de l’épicerie de Tarnac, a été rejetée : « En lui interdisant de retourner à Tarnac et de rester - à trente ans passés - chez sa mère, à 800 kilomètres du lieu où il travaillait, on le maintient de force au chômage et on met en péril un beau projet, s’insurge Me Terrel. C’est un dévoiement du contrôle judiciaire, symbolique du durcissement actuel. » Est-ce aussi une réponse à la demande de dessaisissement du juge antiterroriste, à la démonstration de la vacuité du dossier et à la mobilisation des politiques ? Peut-être. En tout cas, l’avocate ne nous aura pas caché avoir été « abasourdie » en apprenant que la sous-direction antiterroriste (SDAT, un service de police spécialisé) avait entendu, jeudi dernier, Éric Hazan, l’éditeur de L’insurrection qui vient. Un ouvrage collectif, signé par le « comité invisible », que la police veut attribuer à Coupat. « Le but ? Faire l’amalgame entre Julien, le livre et les actes de sabotage, nous explique l’éditeur. En matière d’antiterrorisme, pas besoin de faits, il suffit de criminaliser des intentions. Ne sachant pas ce que je faisais là, j’ai donc répondu que je n’étais pas là pour combler les vides du dossier. Que le livre, Julien et les actes de sabotage étaient des choses bien distinctes. Et que s’en prendre à un livre et à un éditeur était une attaque contre la liberté d’expression. » Voilà pourquoi se monte un comité pour l’abolition des lois antiterroristes avec, entre autres, Alain Badiou, Jacques Rancière, l’avocat des Irlandais de Vincennes, Antoine Comte, Michel Tubiana… En attendant, d’après ses proches, Julien Coupat va bien. « Il se demande juste pourquoi, sourit Hazan, avec tout ce qui se passe en ce moment, la révolution n’a pas commencé. »

Sébastien Homer http://www.humanite.fr/2009-04-14_Societe_Tarnac-la-justice-au-ralenti

 

*) « Vous avez dit rupture… » de Patrick Apel-Muller

La collision de certaines images agit comme un révélateur. De Paris à Marseille, de Lisieux au Creusot, des foules immenses ont défilé pour refuser que le Medef et le pouvoir facturent la crise aux salariés et pour exiger que l’emploi soit défendu, les salaires augmentés et les services publics confortés. A Bruxelles, Nicolas Sarkozy s’était réfugié parmi ses pairs, lors d’un Conseil européen consacré à une relance que personne ne voit. Les libéraux qui – dans un délicat nuancier - gouvernent notre continent, déversent sans trêve des fortunes dans le puits sans fonds des marchés financiers et des multinationales sans que la situation des peuples s’améliore. Au Palais-Bourbon, la scène était cocasse. Les hommes du président mobilisaient chaque député de droite pour faire échec à un amendement… cosigné d’un UMP et d’un Nouveau Centre ! Les sieurs Méhaignerie et Courson sont pourtant des libéraux avec pédigrée et fait d’armes. Mais l’orage social qui gronde les poussaient à écorner le bouclier fiscal, privilège trop scandaleux accordé à la minuscule caste des très très riches. Pas question, a tonné l’Elysée, qui a fait repousser également un amendement communiste visant à restaurer une plus grande progressivité de l’impôt sur le revenu, en créant huit tranches. Les dispositions de complaisance à l’égard des grandes fortunes paraissent en effet comme une marque de fabrique, la signature au bas d’un contrat passé avec les oligarques français. Enlever ces moellons serait mettre à bas ce mur d’argent qui est dressé face à toutes les revendications populaires. « Tenir » est l’ordre du jour des Etats-majors de la droite, quand déjà le front se fissure et que des stratèges rêvent de retraite en bon ordre. Alain Juppé qui sait ce qu’il coûte de rester planté « droit dans ses bottes » appelle cependant à ne « pas prendre de haut » cette nouvelle journée de grève et de manifestation. Il alerte sur « l’opinion publique » et estime qu’il faudrait « se remettre autour de la table ». C’est la raison. Le printemps s’ouvre dans un climat de colère populaire que l’intransigeance du pouvoir ne ferait qu’aviver. Cette dernière – tellement calquée sur les consignes du Medef ! – fait tomber à sa suite toutes les illusions qui survivaient encore deux ans après la campagne présidentielle. C’est contre la France qui se lève tôt, les ouvriers de Continental, de Sandouville ou de Gandrange, contre le principe-même de dialogue social que Nicolas Sarkozy dresse ses plans. Cela se voit et la facture politique en sera lourde. Les syndicats, forts des 3 millions de manifestants dans les rues hier, continueront « à se mobiliser » si la porte reste fermée, ont annoncé hier, chacun à sa manière, Bernard Thibault et François Chérèque.  Le gouvernement, avant de choisir l’épreuve de force, ferait de réfléchir qu’elle n’a de sens que lorsqu’on est le plus fort…  L’est-il encore aujourd’hui ? Patrick Apel-Muller http://www.humanite.fr/L-edito-de-Patrick-Apel-Muller

 

*) BNP PARIBAS. Après les stock-options, les retraites chapeaux. La pension du président atteindra 800 000 euros par an

Un très beau « chapeau » Michel Pébereau. (PHOTO AFP) La pension de retraite du président de BNP Paribas, Michel Pébereau, atteindra 800 000 euros par an, dont 700 000 seront versés par la banque. La révélation que le président de la Société générale Daniel Bouton aurait droit à une retraite de 730 000 euros par an avait suscité une polémique, la banque ayant bénéficié d'une mise de fonds publics de 1,7 milliard. BNP Paribas a bénéficié elle aussi d'une injection, d'un montant de 5,1 milliards d'euros, dans le cadre du plan de soutien au secteur bancaire.

--- Depuis 2002

Face à l'émoi provoqué par la révélation de parachutes dorés ou de plan de stock-options dans des entreprises aidées par l'État, le gouvernement a pris un décret qui encadre les rémunérations variables des dirigeants, mais ne formule aucune recommandation sur les retraites chapeaux. Âgé de 67 ans, M. Pébereau a acquis ces droits depuis 2002, année de son soixantième anniversaire. Pour couvrir la retraite complémentaire de ses quatre mandataires sociaux, BNP Paribas a constitué une provision qui n'a plus été alimentée depuis 2000. Elle se montait à 28,6 millions d'euros fin 2008 et a été calculée en prenant comme estimation une espérance de vie de 85 ans. Les mandataires sociaux perdront le bénéfice de ce complément de retraite s'ils démissionnent ou s'ils sont licenciés. Leurs successeurs bénéficieront d'un nouveau régime moins favorable.

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/economie/article/549692/mil/4365174.html

 

*) EVASION FISCALE. Les trous noirs de la finance mondiale sont aujourd'hui dans le collimateur. Mais il est peu probable que les chefs d'État du G20 annoncent leur disparition. Ils rendent trop de services

Les paradis fiscaux dans la cible du G20 - Un tiers des paradis fiscaux dépendent étroitement de l'Angleterre, Londres étant la première place financière du monde. (photo afp) Lire aussi

 » L'axe historique Bor deaux-Genève

 » L'argent a toujours mené le monde »

Le 2 avril prochain, le procès des paradis fiscaux figure à l'ordre du jour du sommet du G20, la réunion des chefs d'État des pays les plus riches de la planète. Jusqu'à présent, ces pavillons de complaisance de l'économie casino n'avaient essuyé que des grains de faible importance. Qu'ils soient utilisés pour recycler l'argent du crime organisé, blanchir les pots-de-vin du commerce international ou dissimuler les détournements des dictateurs n'était manifestement pas de nature à remettre leur existence en cause. Aujourd'hui, ce n'est plus la morale qu'il faut sauver mais une économie capitaliste au bord du précipice. Les paradis fiscaux qui abritaient nombre de fonds spéculatifs gorgés d'actifs toxiques ont amplifié la crise et ses effets en cascade. Leur opacité, l'absence totale de régulation ont empêché les autorités de prendre la mesure de la lame de fond qui a manqué submerger les marchés. Une aubaine pour leurs détracteurs. L'occasion est propice pour ne pas se contenter de mettre seulement un peu de lumière dans ces trous noirs de la finance sans frontières.

--- Hémorragie fiscale

À l'heure où, de New York à Berlin, les déficits publics n'en finissent pas de se creuser, l'évasion fiscale dopée par les centres offshore a franchi la limite du supportable. Les USA chiffrent leurs pertes de recettes à 100 milliards de dollars par an. De quoi financer le programme de santé et d'éducation promis par Barack Obama pendant sa campagne. L'offensive des États-Unis contre l'Union des banques suisses, sommée de donner le nom de 52 000 clients fraudeurs américains sous peine d'être interdite d'activité, a fait l'effet d'un électrochoc. Notamment en Angleterre, dont les paradis fiscaux et judiciaires de Jersey, de Guernesey et de l'île de Man passent pour être les plus verrouillés du globe.

Sous les coups de boutoir de l'Allemagne et de la France, l'Europe vient de contraindre la Suisse, le Luxembourg, l'Autriche, Monaco, Andorre et le Liechtenstein à abaisser leurs ponts-levis. Le secret bancaire, socle de la prospérité de ces territoires, ne sera plus opposable aux administrations fiscales étrangères en cas de suspicion de fraude. Le G20 devrait entériner cette petite révolution. Sous peine d'être mis au ban de la communauté internationale, les paradis fiscaux devront se plier à cette nouvelle gouvernance. Aussi bien les îlots des Caraïbes, jusqu'alors choyés par les USA, que les lointains confettis du Pacifique.

--- Tout le CAC 40

« Il faut les pourchasser totalement et les faire disparaître », affirme Dominique Strauss-Kahn, le directeur du Fonds monétaire international (FMI). Cela supposerait d'interdire aux banques et aux sociétés d'assurances toute relation avec ces territoires. Mais aussi d'imposer une déclaration systématique de tous les revenus de placement aux fiscs des pays d'origine des épargnants. Il est peu probable que la réunion du G20 accouche d'une telle feuille de route. Les paradis fiscaux ne sont plus intouchables. Mais leur dernière heure ne pourrait sonner que si le capitalisme mondial se réformait profondément. Les centres offshore lessivent l'argent du crime organisé, gèrent les grandes fortunes mondiales allergiques à l'impôt, mais ils permettent surtout aux multinationales d'échapper aux prélèvements sociaux des États providences. La crème des entreprises françaises cotées au CAC 40, celles invitées par Nicolas Sarkozy au Fouquet's le soir de son élection, toutes les grandes sociétés américaines et britanniques utilisent les centres offshore pour maximiser leur rentabilité. 60 % des échanges mondiaux passent par les filiales des multinationales installées dans ces territoires par lesquels transite la moitié des flux financiers internationaux.

--- Le Sud grand perdant

Boostée par la libération effrénée des mouvements de capitaux, la délocalisation fiscale permet aux grands groupes de fixer le niveau d'imposition qu'ils souhaitent. Par un subtil jeu sur le prix des prestations facturées entre le siège et ses filiales, ils font apparaître l'essentiel des bénéfices dans ces territoires où ils sont peu taxés. Le système s'est développé avec l'accord des grandes puissances. Des conventions signées entre les États et les paradis fiscaux interdisent toute double taxation des profits. La pression des décideurs économiques sur la classe politique des pays du G20 risque fort de contrarier toute véritable refondation. D'autant que les paradis fiscaux comptent d'inattendus alliés parmi les chefs d'État des pays pauvres. En 2006, une commission britannique avait estimé que les élites africaines détenaient près de 500 milliards d'euros dans ces centres financiers. Depuis dix ans, le continent noir est confronté à une hémorragie croissante de capitaux que ne compensent pas, tant s'en faut, les montants alloués au titre de l'aide au développement. Incroyable cynisme d'un système sans boussole où l'argent du Sud, au lieu de servir à éradiquer la pauvreté, garnit les comptes à numéros des coffres-forts de la planète.

--- L'axe historique Bordeaux-Genève

Une habitude ancienne. (photo afp) La Suisse n'est pas le plus opaque des paradis fiscaux. À l'inverse du Luxembourg ou de l'Angleterre, il lui arrive de collaborer avec des magistrats étrangers comme ce fut le cas lors de l'affaire Elf. Mais ces incursions judiciaires n'ont jamais affolé les détenteurs de capitaux en quête de discrétion. 2 115 milliards d'euros. Le tiers de l'épargne mondiale gérée hors du pays de résidence est déposé dans ce pays de 7,5 millions d'habitants qui punit d'emprisonnement la violation du secret bancaire. De quoi rassurer la vieille bourgeoisie girondine, qui, depuis des décennies, place ses liquidités sur les bords du lac Léman. Les banquiers helvétiques étaient des habitués de la ligne aérienne Bordeaux-Genève bien avant que l'Union des banques suisses (UBS) n'ouvre, en 2002, une agence à Bordeaux pour séduire les gros patrimoines de la région. « L'habitude de disposer de comptes à l'étranger remonte au XVIIe siècle, époque où des familles venues de différents pays d'Europe se sont installées dans le quartier des Chartrons, relève un avocat d'affaires bordelais. Les fonds ont commencé à migrer vers la Suisse dans l'entre-deux-guerres, poussés par les événements. Il y a eu la peur du Front populaire, puis la peur des Allemands et, enfin, la grande peur des résistants à la Libération. » Ces comptes quasi clandestins surgissent parfois brutalement dans l'actualité lors d'un fait divers. Il y a dix ans, un boucher industriel, inquiété par la justice pour des fraudes, avait été interpellé alors qu'il était en possession d'espèces qu'il venait de retirer en Suisse. Plus récemment, l'instruction ouverte pour abus de faiblesse sur la personne d'une octogénaire a révélé l'existence de comptes secrets à Genève. La vieille dame les avait hérités de son compagnon, un ancien professeur de médecine. « Les banquiers suisses déconseillent toujours de se servir de cartes de crédit », raconte un conseiller financier. Le plus souvent, les clients se déplacent après avoir pris rendez-vous par téléphone. Guère philanthropes, les banques prélèvent une commission sur chaque retrait. Depuis une dizaine d'années, le Luxembourg et l'île de Saint-Martin aux Antilles revendiquent une part du gâteau bordelais. En dépit des aléas du voyage, les vieilles familles restent fidèles à la Suisse. « Les capitaux placés là-bas sont encore considérables », assure un banquier bordelais.

--- « L'argent a toujours mené le monde »

Pierre Lasserre. (photo archives « SO ») Pierre Lasserre est resté trente-quatre ans au Crédit lyonnais, où il a terminé sa carrière au milieu des années 90 comme directeur du centre d'affaires entreprises de Bayonne. À l'époque, les grandes banques françaises proposaient déjà à leurs clients des placements dans les paradis fiscaux. Mais c'est certainement ce qu'il a connu en Afrique, plus particulièrement au Sénégal, où il est resté en poste pendant huit ans, qui l'a le plus marqué. « J'étais le correspondant local du Crédit lyonnais pour la clientèle désireuse d'ouvrir un compte à l'étranger. Chaque fois que quelqu'un souhaitait sortir des fonds, je le mettais en contact avec les commerciaux de notre succursale de Monaco qui sillonnaient l'Afrique. Les demandes venaient de différents horizons : chefs d'entreprise, expatriés, politiques... » Les Libanais qui tenaient le commerce local brassaient des sommes en liquide considérables. « Au départ, ce n'était pas de l'argent sale, poursuit Pierre Lasserre. Les gens voulaient simplement échapper au fisc et aux prélèvements sociaux. Toutes les banques présentes à Dakar offraient de tels types de services. Que les paradis fiscaux soient aujourd'hui dans le collimateur, c'est plutôt une bonne chose. Mais je ne me fais guère d'illusions. Les lampistes trinqueront, quelques lampistes de bon niveau peut-être. Mais cela n'ira pas bien loin. L'argent a toujours mené le monde. » Auteur : Dominique Richard d.richard@sudouest.com

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/article/543351/mil/4337616.html

 

*) SOCIAL. Les séquestrations de patrons ou de cadres divisent les politiques, l'opinion publique y est plutôt favorable. Ces actions dictées par la colère ne sont pas nouvelles

Combats le dos au mur. 200 à 300 ouvriers de l'usine ArcelorMittal de Florange ont fait irruption, hier, en plein comité d'établissement présidé par Henri Blaffart, directeur de cette unité mosellane. (photo afp) «Qu'est-ce que c'est que cette histoire d'aller séquestrer les gens ? On est dans un État de droit, il y a une loi qui s'applique, je la ferai respecter. » Le rappel de Nicolas Sarkozy intervient dans un contexte tendu au moment où les séquestrations de patrons et de cadres d'entreprise se multiplient sous l'oeil relativement bienveillant de l'opinion publique. Guy Groux, professeur à Sciences Po Paris et spécialiste des mouvements sociaux au Cevifop (Centre d'étude de la vie politique), analyse une situation « où les individus sont confrontés à la colère, au désespoir, et dans laquelle la séquestration devient un moyen de faire pression sur les négociations ».

--- Se battre en creux

Gontran Lejeune, qui préside le Centre des jeunes dirigeants, estime que « les récentes séquestrations sont surtout le signe que le dialogue social ne fonctionne pas ». On l'a vu chez Sony, à Pontonx-sur-l'Adour, chez 3M à Pithiviers, chez Caterpillar à Grenoble. « Dans ces conflits, note Guy Groux, les salariés et leurs syndicats se battent en creux. » Autrement dit, ils essaient d'être liquidés le moins durement possible. De négocier un bon plan social. Ce qui fait dire à Nathalie Arthaud, porte-parole de Lutte ouvrière, que « les travailleurs utilisent les moyens qu'ils ont pour se défendre. La suppression de leur emploi, ça veut dire qu'on les prive de leurs moyens de vivre et que pour des mois et des mois c'est l'angoisse totale. » Guy Groux assure comprendre que derrière tout cela « il y a de véritables drames familiaux », mais rappelle aussi que « nous vivons dans un État de droit ».

Ces actions menées par des salariés durement touchés « ne sont pas nouvelles », précise Lilian Mathieu, sociologue au centre de recherches politiques de la Sorbonne. « Elles débutent dans les années 1970, après l'explosion des chiffres du chômage. » Guy Groux prévoit d'ailleurs que « l'enfoncement dans la récession et l'envolée du chômage risquent d'entraîner à nouveau une multiplication des actions radicales ».

--- Le soutien de Villepin

Très classiquement, le gouvernement et l'UMP accusent la gauche et en particulier Ségolène Royal de « jeter de l'huile sur le feu » en disant comprendre les salariés. Elle a d'ailleurs reçu le soutien verbal de Dominique de Villepin. De leur côté, les patrons de PME redoutent la détérioration de l'image de l'employeur dans un contexte où sont mises en avant les rémunérations excessives des patrons du CAC 40. « Les syndicats, observe Guy Groux, restent très prudents. D'ailleurs, ils n'organisent des actions que toutes les six semaines alors qu'en 1995, 2003 et 2006, c'était tous les quatre ou cinq jours.»

--- Deux sondages

Deux sondages récents montrent une opinion publique pas vraiment hostile mais elle aussi prudente. D'après le sondage CSA, 45 % des personnes interrogées jugent acceptable l'action de séquestrer des patrons et 50 % pas acceptable. Dans le sondage Ifop, 63 % des interviewés disent « comprendre » la séquestration sans pour autant l'approuver, mais ils sont 30 % à « l'approuver pleinement ». Attention, prévient Guy Groux, l'opinion publique est soumise à des retournements. Et de rappeler mai 1968 quand, après le grand week-end de Pentecôte, l'opinion, jusqu'alors très favorable aux ouvriers et étudiants en grève, a basculé. Un mois après c'était la marée bleue à l'Assemblée nationale. Et l'année suivante le général de Gaulle organisait sa sortie. Auteur : Hélène Rouquette-valeins h.valeinsrouquette@sudouest.com

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/556430/mil/4392722.html

=====> SOCIAL. Quatre cadres à nouveau séquestrés. Les Caterpillar refusent d'aller à l'Élysée.

Malgré la mise en garde de Nicolas Sarkozy, ce type d'action semble toléré par l'opinion. Retours de bâton en série. Chez Scapa, quatre cadres, dont le directeur (au centre), ont été retenus par les ouvriers. (PHOTO AFP)

Pendant les polémiques, les séquestrations continuent. Mardi soir, quatre cadres, dont une femme, ont été bloqués à Bellegarde-sur-Valserine (Ain) dans une usine qui emploie une soixantaine de personnes, actuellement menacée de fermeture. Hier en début d'après-midi, ils ont été autorisés à sortir du site pour se rendre à pied à une réunion à la mairie en présence du sous-préfet. Ils ont été libérés à l'issue de cette rencontre. Les quatre cadres travaillent à Valence (Drôme) où se trouve le site principal du fabricant britannique d'adhésifs Scapa qui doit faire face à « une chute de 50 % du marché » des adhésifs pour l'automobile, spécialité de l'usine de Bellegarde. « Ç'a été un retour de bâton pour la direction, qui avait décidé de contourner le comité central d'entreprise pour négocier directement avec les salariés de cette usine peu syndiqués », expliquait hier le délégué FO du groupe. Le groupe britannique a quant à lui exprimé sa déception d'être victime de cette pratique, selon lui « très française ».

--- Les Français divisés

Cette nouvelle séquestration est intervenue alors que les responsables politiques avaient multiplié les déclarations ces derniers jours, suite aux propos tenus par Ségolène Royal dans « Le Journal du dimanche ». Même si Nicolas Sarkozy a assuré mardi qu'il ne « laisserait pas faire », ces opérations semblent être - au moins - comprises par une partie des Français. Deux sondages ont récemment été publiés sur le sujet. Dans l'un, 45 % disent les trouver acceptables. Dans l'autre, 63 % les comprennent sans les approuver. Sur l'échiquier politique, seule l'UMP - à l'exception notable de Dominique de Villepin - est clairement montée au créneau contre la présidente de Poitou-Charentes, en l'accusant « d'encourager des actes violents ». La mise en garde du président de la République visait, entre autres, les salariés de Caterpillar Grenoble qui avaient séquestré quatre dirigeants la semaine dernière. Leur réponse ne s'est pas fait attendre. Invités à se rendre à l'Élysée jeudi après-midi, ils ont décidé de refuser cette rencontre. « On n'accepte pas de passer pour des voyous. On n'ira pas le voir. Il n'a qu'à venir ici », a déclaré le délégué CGT à l'issue d'un vote en assemblée générale. Auteur : pierre tillinac p.tillinac@sudouest.com

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/555627/mil/4388059.html

 

         &&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

         &          Ripostes Idéologiques            &

         &&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

 

*) 62éme Opération Clin d’œil en Gironde, Projections/Débats de « Chomsky et Cie » et de  « Let’s Make Money »

- « Chomsky et Cie » Du 15 au 21 Avril

Avec Jean BRICMONT et Christophe PAYET

http://espacesmarxbordeaux.apinc.org/IMG/pdf/CO62_Chomsky.pdf

- « Let’s Make Money » Du 22 Avril au 5 Mai 2009

Avec la Participation d’Eric BERR, Bernard CONTE, Ali DOUAI, Bernard FRIOT, Jean-Marie HARRIBEY, Patrick MIGNARD, Matthieu MONTALBAN, Michel ZERBATO

http://espacesmarxbordeaux.apinc.org/IMG/pdf/CO62_Let_s-1.pdf

=====> L’opération Clins d’oeil, soutenue par le Conseil général de la Gironde et la Direction régionale des affaires culturelles d¹Aquitaine, vise à diffuser des oeuvres récentes ou inédites dans une vingtaine de villes de la Gironde. Ces films vous donneront, au travers de la fiction ou du documentaire, un point de vue différent sur les grands sujets de notre époque ou plus simplement vous révéleront un cinéma singulier, accessible à tous. Certaines séances seront suivies de rencontres-débats, en présence d’intervenants divers, d¹universitaires, de réalisateurs...

====> Pour tout Contact :

* Association des cinémas de proximité de la Gironde [ACPG] Place de la Ve République - 33600 Pessac – Renseignements tél. 05 56 46 06 55 - Email : cine-proximite@wanadoo.fr

* Coordination départementale - Jean-Louis Ribreau  ribre@wanadoo.fr - 18, rue de Freycinet - Tél. 05 56 80 10 28  -  06 61 12 23 00

- From: elmorand elmorand@wanadoo.fr

 

*) Le 17 avril à Toulouse : colloque Jean Jaurès "Mouvements populaires et révolution"

Le Vendredi 17 avril 2009, le journal l'Humanité organise dans le cadre du 150e anniversaire de la naissance de Jean Jaurès, en partenariat avec la Mairie de Toulouse, une série de tables rondes doublées de débats sur la pensée de Jean Jaurès.

- 14 h/16 h : Table ronde Jaurès et la Révolution française

* Michel Vovelle : Jaurès historien, auteur de l'Histoire socialiste de la Révolution française.

* Claude Mazauric : l'influence de l'Histoire socialiste sur l'historiographie  de la Révolution.

* Raymond Huard : Jaurès et le déclenchement révolutionnaire : forces sociales  et pouvoirs à l'épreuve de l'événement.

* Jean-Numa Ducange : la réception de l'Histoire socialiste par le mouvement ouvrier allemand.

- 16 h 30/19 h : Table-ronde Jaurès, les mouvements populaires et les perspectives révolutionnaires en son temps

* Rémy Cazals : Jaurès et la grève de 1909 à Mazamet : comment faire évoluer des ouvriers très traditionalistes et politiquement conservateurs.

* Bruno Antonini, philosophe : institutions démocratiques et citoyenneté sociale.

* Alain Boscus : Jaurès et le syndicalisme révolutionnaire.

* Jean-Paul Scot : Jaurès et le rôle du combat laïque.

- 20 h30/ 23h : Soirée-débat : L'actualité de la pensée de Jaurès, peut-elle aider aujourd'hui la gauche à réfléchir aux changements du monde, à la révolution du XXIe siècle ?

* Patrick Le Hyaric, directeur de l'Humanité.

* Paul Quilès, maire de Cordes-sur-Ciel.

* Stéphane Rozès, politologue et enseignant à Sciences-Po, Paris.

La librairie de la Renaissance mettra à disposition les ouvrages consacrés à Jaurès.

- Informations pratiques

Vendredi 17 avril, de 14h à 23h

Lieu : Salle du Sénéchal - 17, rue de Rémusat

- Site du journal l'Humanité

http://www.humanite.fr/2009-annee-Jaures

=====> COLLOQUE JEAN JAURES A TOULOUSE : 2009, année Jaurès

Par Patrick Le Hyaric, Directeur de l’Humanité

L’Humanité s’associe à la décision prise par la municipalité de Toulouse de commémorer l’anniversaire de la naissance du fondateur du journal. Pour cette année Jaurès, premier événement avec un colloque à Toulouse le 17 avril. L’Humanité se fait un devoir de perpétuer par la publication de textes originaux, de colloques, de prises de position, d’ouvrages, la connaissance par le plus grand nombre des idées et de l’œuvre de son fondateur. Nous veillons tout autant à valoriser les travaux de recherche des historiens et des philosophes qui étudient et approfondissent sans cesse la pensée féconde et révolutionnaire de Jean Jaurès. Dans ce but, nous nous félicitons pleinement de la décision prise par la municipalité de Toulouse de commémorer par un ensemble de manifestations, pour la plupart éducatives et culturelles, le 150ème anniversaire de la naissance de Jean Jaurès. Comme partenaire, « l’Humanité » s’associe pleinement à « Toulouse 2009 : Année Jaurès », en organisant plusieurs initiatives dont une première, le colloque du 17 avril prochain, salle du sénéchal à Toulouse. A partir du thème « Jean Jaurès, mouvements populaires et révolutions », des historiens de renom, spécialistes de l’œuvre considérable de Jean Jaurès feront part de leur travaux. Ouvertes au public, ces tables rondes se poursuivront par un débat sur l’actualité des idées développées par le grand penseur socialiste. Ce colloque, ainsi que tous les autres moments forts programmés dans le cadre de l’Année Jaurès, apparaissent d’autant plus justifiés dans la période actuelle, que des provocations de l’extrême droite et de la droite extrême visent à salir la mémoire de Jean Jaurès. Ils cherchent à briser les acquis historiques du mouvement ouvrier et à brouiller les repères progressistes pour les nouvelles générations. Puis, et c’est essentiel, à l’heure où le système capitaliste connait une crise sans précédent dans son essence même, où la mondialisation est au service des seuls profits pour les nantis, où les va-en-guerre redoublent d’une dangereuse agitation, les idées et les combats pour l’émancipation humaine, la justice, la démocratie sociale et politique, la paix et le désarmement, pour la maîtrise collective des richesses, pour la laïcité et la culture, l’internationalisme, portés haut et fort par Jean Jaurès apparaissent d’une brulante actualité. Non pour être bêtement plaqués sur une réalité chamboulée en un siècle, mais comme contribution fort utile à la réflexion de tous ceux qui refusent de se laisser tromper par « une prétendue moralisation » du système, qui ne se résignent pas et veulent agir pour un autre possible, pour des transformations profondes de la société, et la révolution post-capitaliste du 21ème siècle qui sera démocratique, sociale, écologique. -From : <librairie.renaissance@wanadoo.fr>

 

*) [DiversCités] Le film "les 16 de basse-pointe" le 20 avril à Bordeaux en avant-première

Dans le cadre du 11ème Mémorial de la traite des noirs qui aura lieu du 7 au 8 mai, DiversCités organise en soirée d’annonce une PROJECTION-DEBAT « LES 16 DE BASSE-POINTE» LE FILM AVANT-PREMIERE NATIONALE En compagnie de la réalisatrice Camille Mauduech et de Michel Dubertrand responsable national du PC Lundi 20 avril à 20h 30 au cinéma utopia Bordeaux (réservez vos places dès maintenant)

--- SYNOPSIS

En 1948, en Martinique, dans un climat de grève sur une habitation sucrière, un géreur, blanc créole, est assassiné de 36 coups de coutelas et retrouvé mort dans un champ de cannes de la plantation qu'il administre. Après une chasse à l'homme de plusieurs semaines, 16 coupeurs de cannes noirs sont arrêtés et maintenus en détention préventive pendant trois ans. En 1951, leur procès, renvoyé à Bordeaux, ancien port négrier, avec l’assurance d’un verdict exemplaire et sans appel, deviendra le premier procès du colonialisme français aux Antilles, jugé devant “ses pères”.

--- NOTE D’INTENTION

Que se passe-t-il le 6 septembre 1948, sur un chemin isolé, à l’abri de presque tous les regards ? Comment en est-on arrivé à un tel degré de violence ?

Comment la justice française traite-elle cette affaire et son instruction ?

Comment le lieu du procès, Bordeaux, va être déterminant dans la stratégie médiatique de soutien aux 16 de Basse-Pointe ? Pour quelles raisons le Parti Communiste soutient-il les 16 et déploie-t-il tout son arsenal pour médiatiser le procès ? Comment la presse et la situation internationale vont peser sur l’issue du procès ? Pourquoi ce meurtre, un geste historique à part, et le procès qui en découle, une “victoire” contre le colonialisme, sont-ils passés sous silence ? Les assassins étaient-ils sur le banc des accusés ? Le film prend la forme d’une investigation au coeur de l’affaire des 16 de Basse-Pointe, à la fois du drame et du procès qui en découle. Je la revisite, poursuivie par son exemplarité historique en même temps que par sa violence et ses secrets, 60 ans plus tard. Je me positionne parfois comme un enquêteur sans obligation de résultat, parfois comme une glaneuse de souvenirs, parfois comme un guide, pas à pas, et fondamentalement en tant que narrateur dans les méandres d’une histoire à tiroirs. Ma voix, mes questionnements, mes interrogations, mes suppositions, jamais mes certitudes, jalonnent la narration comme un liant, un ciment entre les pièces d’un puzzle. Je raconte une histoire basée sur une investigation solide et documentée, entre la Martinique, Paris et Bordeaux, mais je tente aussi de saisir l’histoire des 16 de Basse-Pointe telle qu’elle s’inscrit dans la mémoire des “ gens ”, parfois proche de l’histoire officielle, parfois plus officieuse et secrète, parfois déformée, avec ses contradictions, ses non-dits, ses “on dit ”, ses scénarios, ses regrets, ses fiertés, ses héros. Quant à la dramaturgie, elle s’inscrit d’elle-même dans l’histoire vraie. L’histoire singulière du meurtre de Guy de Fabrique et le procès qui en découle soutiennent, dans ma démarche, le portrait d’un pays résolument français, qui s’est fondé sur le système de plantation, la division raciale, la suprématie coloniale, l’exploitation et la manipulation. Camille Mauduech

-- A PROPOS DE DIVERSCITES

Basée à Bordeaux, DiversCités est une organisation engagée dans le travail de mémoire pour rendre la démocratie plus forte en partageant nos mémoires afin d'ouvrir le futur à tous. Par son combat contre l'oubli de la traite des noirs, DiversCités affirme la nécessité d'une Nouvelle Conscience par la valorisation de l'apport des populations issues de l'histoire coloniale à la liberté et aux droits humains. Mouvement d'Education Populaire, reconnue par l'UNESCO, l'organisation propose, depuis une dizaine d'années, diverses publications, des interventions en milieu scolaire et extra-scolaire, des résidences par le biais de l'Ecole des Mémoires, un parcours-mémoire dans les sites, ainsi que l'organisation de manifestations scientifiques et culturelles. Vous recevez ce message parce que vous avez soutenu un de nos programmes. Si vous ne désirez plus en recevoir merci de le signaler. Adresse: 37, rue du Colonel Grandier Vazeille 33000 Bordeaux Nouveau site internet: www.diverscites.eu

Tél: 05 56 99 14 62 - Email: diverscites@gmail.com

"Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir"

-From : <fondationdumemorial@gmail.com>

 

*) Nouvelle édition du livre "Bordeaux et la Commune" de Jacques Girault. La souscription est terminée, mais le livre est toujours disponible

- La société bordelaise au miroir de la Commune

Jacques Girault étudie l’écho populaire du mouvement parisien en province et ses répercussions durables sur l’idéal républicain en France. Bordeaux et la commune 1870-1871, de jacques Girault. Editions Fanlac, 2009, 392 pages, 24 euros.

Jacques Girault revient dans ce livre sur une de ses premières recherches, publiée en 1971 aux Éditions sociales, qu’il a largement remaniée et enrichie. La question des communes de province traverse l’historiographie de la Commune de longue date. La recherche avait toutefois été plutôt restreinte aux villes classiquement reconnues comme ayant connu une Commune (Marseille, Le Creusot, Limoges…), c’est-à-dire une insurrection quelque peu durable. Mais les historiens ont maintenant recensé des dizaines de villes grandes ou petites où des formes fortes et parfois massives de sympathie voire d’adhésion à la Commune de Paris se sont manifestées. C’est bien le cas de Bordeaux. La déjà très grande ville (200 000 habitants) avait certes une population sensiblement moins ouvrière que Paris mais son attachement à la République n’y était pas moins marqué comme le montre le résultat de toutes les élections de la période. Aussi le peuple de Bordeaux n’a aucune sympathie pour l’Assemblée monarchiste de Versailles et le montre en toutes occasions ; en particulier l’armée, ses officiers et ses casernes sont l’objet de manifestations fréquentes et hostiles en avril 1871. Les Bordelais regardent aussi, comme nombre d’habitants des grandes villes, favorablement les libertés communales arrachées par Paris le 18 mars. La dimension fédéraliste de la Commune y rencontre un large écho.

Cependant cet unanimisme républicain masque des divisions. Les républicains modérés s’opposent à la Commune au nom de l’ordre, les radicaux sont partagés entre l’inquiétude des notables et l’enthousiasme de leur électorat populaire. Si dans ces conditions se développe un fort mouvement de soutien à la Commune de Paris, en particulier dans une puissante section de l’AIT (où milite en particulier le jeune Paul Lafargue) et dans un journal éphémère, la Fédération, l’idée d’une stratégie conciliatrice domine, en particulier au conseil municipal, dominé par les républicains et où siègent quelques internationaux. Les manifestations les plus vives en faveur de la Commune ont lieu en avril ; chaque nuit des dizaines d’affiches communardes sont placardées sur les murs des quartiers populaires, des groupes de jeunes gens et d’ouvriers occupent les rues de la ville. L’attitude de la municipalité républicaine freine l’élan des manifestants. Sans doute le plus significatif des limites du mouvement reste l’incapacité des six bataillons de la garde nationale à créer une fédération véritablement indépendante de la ville alors même que de nombreux gardes nationaux sont partisans d’une commune bordelaise. Au bilan, le beau livre de Jacques Girault, joliment illustré et agrémenté de riches annexes, confirme que les répercussions de la Commune en province ont été grandes et que son écho a, malgré une connaissance déformée par la presse, conduit à un approfondissement de la conscience sociale dans les sections de l’Internationale. Il ouvre à une réflexion sur le sens du mouvement républicain (et ses limites) et du mouvement fédéraliste. Jean-Louis Robert, Historien http://www.humanite.fr/2009-03-17_Tribune-libre_La-societe-bordelaise-au-miroir-de-la-Commune

Jacques GIRAULT était l’invité de l’Escale du Livre de Bordeaux le vendredi 3 Avril à 18h où il a participé à un Café Littéraire. Son livre est toujours disponible à Espaces Marx. Il y a la possibilité de récupérer le livre au siège de l’association (café de l’horloge, 2 cours Gambetta, 33400 Talence) Ajouter cinq euros pour frais de port si vous demandez à le recevoir par la poste. Vous trouverez ci-joint le bon de commande à nous retourner avec votre règlement, ainsi que la couverture et la présentation de l’auteur et du livre. Voir aussi les éléments sur le site d’Espaces Marx

http://espacesmarxbordeaux.apinc.org/article.php3?id_article=340

Vous êtes dors et déjà plus de deux cent à l’avoir déjà fait. Nous vous en remercions. Après le 1er Février le livre est vendu au prix librairie, soit 24€, plus 5€ de frais de port si vous souhaitez un envoi par la poste. Jacques GIRAULT sera présent à la Fête de l’Humanité 33 qui se déroulera les 22, 23, et 24 mai prochain, à Villenave d’Ornon, Parc de Courregean, notamment à 18h30 le samedi 23 mai, à l’occasion d’un Café Littéraire qu’animera Alexandre FERNANDEZ, Maître de Conférences en Histoire à l’Université Michel de Montaigne Bordeaux3, à l’Espace du livre de la Fête qui sera suivi d’un Apéro offert par la Direction de la Fête de l’Humanité aux auteurs, libraires et éditeurs présents sur l’Espaces du livre.

 

*) Premières Rencontres Actualités de Marx - IEP Décembre 2008 (Textes)

Interventions des participants aux premières rencontres "Actualités de la pensée de Marx" qui se sont tenues les 5 et 6 décembre 2008 à Sciences-Po Bordeaux, organisées par Espaces Marx Aquitaine-Bordeaux-Gironde. Les textes des interventions commencent à arriver sur le site.

- « Marx et l’économisme » Par Bernard Traimond, Professeur d’Anthropologie à l’Université Victor Segalen Bordeaux2

http://espacesmarxbordeaux.apinc.org/IMG/doc/marx08_Traimond.doc

- « Crises, contre-tendances, impérialisme et rapports sociaux : actualité et limites de la pensée de Marx » Par Matthieu MONTALBAN, Maître de Conférences en Sciences économiques à l’Université Montesquieu Bx4

http://espacesmarxbordeaux.apinc.org/IMG/pdf/ESPACE_Marx_Matthieu.pdf

- « Marx : statut, statue, ou  stature ? » Par Vincent TACONET, Professeur Agrégé de Lettres Classiques,  Président d'Espaces Marx Aquitaine

http://espacesmarxbordeaux.apinc.org/IMG/doc/Texte_Vincent_TACONET.doc

- TABLE RONDE : « Comment parler de l’homme aujourd’hui ? » avec Lucien SEVE (Philosophe), Yvon QUINIOU (Philosophe), Bernard DORAY (Psychiatre)

http://espacesmarxbordeaux.apinc.org/IMG/doc/TABLE_RONDE_L_Homme_Seve-Quiniou-Doray.doc

- « Derrière la crise, retour aux fondamentaux de Marx » Par Jean-Marie HARRIBEY, Maître de Conférences en Sciences économiques

http://espacesmarxbordeaux.apinc.org/IMG/pdf/derriere-la-crise.pdf

- « Marx, la terre et les paysans » Par Dominique JOBARD, Professeur de Philosophie

http://espacesmarxbordeaux.apinc.org/article.php3?id_article=347

- « Avec Marx, revisiter le rapport individu/collectif » par Dominique BELOUGNE, Secrétaire d’Espaces Marx Aquitaine

http://espacesmarxbordeaux.apinc.org/article.php3?id_article=341

- "Le communisme est-il une utopie ?" Par Yvon QUINIOU, Philosophe

http://espacesmarxbordeaux.apinc.org/IMG/doc/Le_communisme_Texte_Quiniou-2.doc

===è Les prochaines rencontres pourraient se tenir, nous l’espérons pour la seconde année à Sciences-Po Bordeaux les 2, 3, 5 et 5 décembre 2009, Sur le thème : « Actualités de Marx écologiste, Sociologue, Historien, économiste,... et nouvelles pensées critiques ». Les premières rencontres de décembre 2008 ont montré tout à la fois par les contributions que par le public nombreux, tout l’intérêt porté à cette initiative. Si vous souhaitez apporter une contribution écrite, ou orale, être tenus informés, recevoir le programme et les actes de ces rencontres, écrire à Espaces.MarxBx@Gmail.com 

 

*) « Critiques censurées du capitalisme »

Des textes d’économistes, de sociologues et de philosophes refusés par le Nouvel Observateur réunis en recueil par les Éditions La Dispute. Peut-on critiquer le capitalisme ? Ouvrage ollectif, Éditions La Dispute, 2008, 190 pages, 14 euros.

On conseille la lecture de cet ouvrage intelligent et incisif, quoique pluriel. Mais pourquoi « peut-on » critiquer et non « doit-on » ? En raison de l’histoire du recueil. Figurez-vous que le Nouvel Observateur, pris d’une acné juvénile, s’avise d’éditer en 2006 un hors-série sur le capitalisme. La raison finit par revenir, il renonce, sans rien dire aux auteurs, qui protestent. Le journal décide alors d’exclure certaines contributions, et de solliciter, en bonne déontologie, l’avis de la banque (Peyrelevade), de l’assurance (Bébéar), de la publicité (Rohatyn), de la politique (Rocard). Manque le marchand d’armes. Quelques collaborateurs acceptent, la majorité refuse, d’où le livre. S’émouvoir, c’est passer pour naïf. Ricaner, pour cynique. Disons qu’ainsi va le monde, et qu’il n’empêche pas le Nouvel Observateur de dormir en paix. Les auteurs, pour la plupart jeunes chercheurs, ouvrent de nombreuses pistes. On peut distinguer des études de cas : les salariés des centres d’appels téléphoniques, l’exclusion bancaire, et donc sociale, l’alternative peu connue des systèmes d’échange local, fondés sur la solidarité et la confiance en face-à-face. Des perspectives historiques riches d’implications actuelles : les socialismes français avant Marx, Sade et l’esprit du capitalisme, Auschwitz comme rationalité capitaliste. Des problématiques théorico-politiques de grande ampleur : faut-il identifier capitalisme et marché ? qu’est-ce qu’une économie économe et solidaire face à l’explosion démographique et la raréfaction ou la perversion des ressources naturelles ? que penser de l’utopie du travail flexible ? Y a-t-il un rapport entre marché, démocratie et totalitarisme, autrement dit, ne faut-il pas penser un avenir du fascisme, qui pourrait prendre un autre visage que le racisme nazi ?, etc. L’intérêt de toutes ces contributions, outre la diversité des auteurs, c’est leur brièveté et leur effort de clarté. Et aussi le souci d’allier l’histoire et le concept, le concret et le théorique, l’économico-social et le politico-éthique, la critique et la proposition. Il va de soi que l’ouvrage, tourné vers la concision journalistique, ne peut répondre à toutes les questions du lecteur. Mais il les aiguise, et donne accès à la riche pluralité de la pensée critique. Jean Goldzink, universitaire http://www.humanite.fr/2008-02-08_Tribune-libre_Critiques-censurees-du-capitalisme

=====> Renseignements : Espaces Marx, 6 avenue Mathurin Moreau – 75167 Paris cedex 19 (métro Colonel Fabien) Tél. : 01 42 17 45 10 - E-mail : espaces_marx@espaces-marx.org - Site : www.espaces-marx.org

- From: "Patrick Coulon" <pcoulon@internatif.org>

 

*) « De l’irréductibilité d’une idée, ou l’hypothèse du communisme » par Dimitra Panopoulos

Tout roi a son théâtre, tout philosophe écrit le sien. Du philosophe-roi, Platon dit qu’il s’emploierait toujours à bannir le théâtre de la Cité. Sartre fixa un autre paradigme philosophique, dont le théâtre allait devenir partie intégrante. Et Badiou, en digne héritier de Sartre, irait bientôt, après s’être exposé aux ouvrages de pure littérature, s’abandonner aux charmes du théâtre. À l’Écharpe rouge (écrite en 1972, jouée en 1984), succédèrent l’Incident d’Antioche (1982, inédit et non joué), Ahmed le Subtil (1983, joué en 1993), puis, commandés par la Comédie de Reims, Ahmed se fâche (1995), Ahmed philosophe (1995), les Citrouilles (1996). Fruits d’un compagnonnage décisif, avec François Regnault depuis toujours en ce qui concerne la pensée de la théâtralité, ces pièces n’eurent peut-être pas eu le destin mérité ni même existé pour certaines sans le discernement d’Antoine Vitez et de Christian Schiaretti. Après les fresques épiques et tragiques, vinrent ainsi les farces et les comédies. On dit de Platon qu’il brûla, inauguralement, l’ensemble des tragédies qu’il avait écrites. Badiou, tout platonicien qu’il se déclare et si attaché à combattre les sophistes, peut quant à lui conjoindre philosophie et théâtre dans la postérité de Brecht, car celui-ci « rend théâtralement actives les dispositions anti-théâtrales de Platon », dès lors que la mimesis peut être écartée de la définition du théâtre, via la distanciation. Badiou entend continuer d’oeuvrer à un théâtre dialectique et d’émancipation, où le matérialisme dialectique cédera bientôt le pas à la dialectique matérialiste telle que Logiques des mondes en déploiera bien plus tard la pensée dans l’ordre de la philosophie. De l’Écharpe rouge qu’il venait de porter à la scène, Antoine Vitez déclarait : « Enfin le communisme peut être un matériau pour l’art. » Produites au creuset de la matérialité théâtrale, les Idées-Théâtre relèvent d’un théâtre de la dialectique, selon ce que la langue est en mesure d’envelopper des situations. Aussi l’Écharpe rouge et l’Incident d’Antioche ne sont-elles pas la simple narration, pour l’une, du devenir du communisme assumant la figure du Parti, pour l’autre, d’un devenir plus militant du communisme, qui en surmonte les désastres. Elles sont, plus essentiellement, à l’épreuve de leur propre invention de langue, une pensée de sa dialecticité, langue épique d’un temps où le collectif consiste encore, fût-ce aux limites, selon une figure d’Un.

Platonicien du multiple, Alain Badiou cherchera ensuite à conjoindre, dans la trame d’une nouvelle écriture, ces exigences dialectiques héritées d’une politique d’émancipation, et celles d’une prise sur le multiple pur des situations, ouvertes à leur aléa, et non plus restituées dans la figure totalisante d’une langue qui l’enveloppe selon l’idée de sa synthèse et de sa résolution ultimes. C’est en ce point que surgit la figure d’Ahmed. Création d’un type théâtral inédit, accordé à la comédie comme à la farce, il est cette figure générique de l’étranger dont la présence inventive et diagonale à toutes les situations viendra jeter sur elles un jour incalculable. Il n’est, ainsi qu’il le déclare en conclusion d’Ahmed se fâche, ni Xanthias, ni Arlequin, ni Sganarelle, ni Figaro, mais tous à la fois, « corps immortel des vérités successives », étant celui dont la maîtrise de la langue vient, par le travers des situations, selon l’expression d’Antoine Vitez, produire « une élucidation de l’inextricable vie ». Cette maîtrise de la langue, dont l’intégrale invention est soulignée de ce qu’elle appartient à celui qui d’ordinaire est désigné comme n’y ayant nulle part, rejaillit ainsi sur toutes les impasses mises en jeu par la farce : langue de part en part affirmative, elle dessine ce qu’Alain Badiou appelle un théâtre de la capacité. Rendu nécessaire par la conjoncture politique et théâtrale, qui conviait aux formes compassionnelles et chorales, un tel théâtre ne l’emporte pas sur elles du simple fait d’une combativité accomplie, mais aussi parce qu’il est appelé à donner vie à l’hypothèse communiste restée refoulée au flanc du théâtre d’émancipation. Car si un privilège semble conféré à la langue sur toute vérité, le théâtre ne vient pas s’y abolir, pour cette raison qu’il ne voisine à aucun moment avec cette sophistique des puissants dont la langue reste l’instrument de domination : pour retourner les logiques de domination contre les puissants qui en usent ainsi, le maniement virtuose de la langue française par Ahmed ne travaille pas à l’inversion du rapport de forces entre dominants et dominés. Car il oeuvre plutôt à cette capacité qui consiste à se soustraire à cette emprise, d’y être insurpassable. Il ne suffirait pas encore cependant qu’Ahmed l’emporte sur tout autre par le génie qui est le sien de dénouer ainsi les situations les plus inextricables. Car la position d’Ahmed reconduirait alors la solitude caractéristique de tout personnage de farce, et mettrait à mal l’ambition première d’un théâtre d’émancipation, abandonnant toute autre figure à sa dépendance à l’égard de cette capacité d’Ahmed. Mais l’invention d’Alain Badiou réserve une échappée magnifique à cette solitude par ailleurs évidente. Car si Ahmed use toujours du langage qui convient selon les circonstances sans prendre en rien les allures d’un sophiste, c’est que, loin d’en tirer le moindre bénéfice et sans pour autant entrer dans une disposition sacrificielle, il devient ainsi la scène de ce qui change une liberté axiomatique en vecteur d’égalité. Car il est alors, en situation, ce qui éclaire cette Idée décisive entre toutes, l’Idée de ce que peut le désintéressement. Ahmed ne joue de cette puissance qui est la sienne que pour s’effacer et susciter la parole, allant jusqu’à faire semblant d’être mort pour qu’enfin l’on se déclare, avant de se relever et de rappeler tout un chacun (« debout les morts ! ») à cette vie que confère l’égalité retrouvée. Car c’est là une définition générique et essentielle du communisme dans les termes d’Alain Badiou : « La politique est de masse, non parce qu’elle prend en compte les "intérêts du plus grand nombre", mais parce qu’elle s’édifie sur la supposition vérifiable que nul n’est asservi, dans sa pensée ou son acte, au lien que lui inflige d’être, à sa place, intéressé. » Ainsi le théâtre des Idées d’Antoine Vitez, si cher à Alain Badiou, peut-il effectivement jouer son rôle d’un théâtre « élitaire pour tous ».

 

*) Le site National d’Espaces Marx : Derniers articles en ligne

--- Le Site National : http://www.espaces-marx.org/

--- Réflexions et pistes de travail sur les structures de la CGT

La Commission ad hoc, a à la demande du Secrétaire général, mis à la disposition de la CGT un premier document « état des lieux » de l’organisation au printemps de 2008, qui a servi de base à la discussion du CCN des 27 et 28 mai 2008.

http://www.espaces-marx.org/spip.php?article494

--- La France : autopsie d’un mythe national

Note de lecture rédigée par Dina Bacalexi Philologue / CNRS

Sociologue et formateur de travailleurs sociaux, intéressé d’une part par des sujets spécifiques comme la prostitution et ses clients, de l’autre par des sujets de portée plus générale, comme la citoyenneté et les droits civiques notamment des résidents étrangers, ou des sujets liés à l’actualité comme les banlieues et l’immigration (mais dont l’étude est motivée par la rigueur scientifique et non par le sensationnalisme médiatique), ayant également abordé la question de l’éducation populaire et de ses acteurs, Saïd Bouamama nous présente aujourd’hui un livre sur un sujet qui, si nous en croyons aux médias et aux discours divers, souverainistes, compassionnels ou xénophobes, revient en force sous les feux des projecteurs : l’identité nationale, qui, dès le titre, est caractérisée comme "un mythe", donnant d’emblée le ton de l’ensemble de cet essai. http://www.espaces-marx.org/spip.php?article493

--- Une enquête sur les acteurs de la transformation sociale

La difficulté de recruter de nouveaux militants est largement partagée par beaucoup d’organisations françaises : partis politiques, syndicats, associations de la société civile, etc. Pour tenter de mieux comprendre le phénomène et, si possible, proposer des idées susceptibles d’aider à surmonter les difficultés, Espaces Marx a commencé un travail d’enquête auprès de divers militants et responsables d’associations et de syndicats confrontés à ces questions. Article paru dans la revue Transform !

http://www.espaces-marx.org/spip.php?article487

--- Acteurs de la transformation sociale. Présentation des travaux (Rome, novembre 2007)

Ce texte est le tout premier essai de synthèse de diverses interviews réalisées avec des responsables d’organisations (CGT, Crid, Ligue des droits de l’Homme, Ligue de l’enseignement). Des résumés de certaines de ces interviews figurent en annexe http://www.espaces-marx.org/spip.php?article486

====> Espaces Marx 6 avenue Mathurin Moreau – 75167 Paris cedex 19 Tél. : 00 33 (0)1 42 17 45 10 – Fax : 00 33 (0)1 45 35 92 04 e-mail : Espaces_Marx@espaces-marx.org - Web : http://www.Espaces-Marx.org -From : <elgauthi@internatif.org>

 

*) L'actualité de la fondation Gabriel Péri – Quelques échos

===è Le site : http://www.gabrielperi.fr/

===è L'agenda:

--- Partenariats - Postcolonialisme et utopie de l’émancipation

15 - 17 avril - Colloque organisé en partenariat avec l’Observatoire Socioculturel de la Mondialisation et le Centre d’Études et Recherches Sociales (CEIS) à Bogota, (Colombie). En savoir plus >>

http://www.gabrielperi.fr/-Postcolonialisme-et-utopie-de-l-

--- Séminaires - Nouveau salariat du capitalisme informationnel : l’enjeu des recompositions politiques

Jeudi 16 avril - « Vers une nouvelles sécurité sociale professionnelle ? Les accords Thales », avec Alain Culnard, responsable CGT chez Thales.

En savoir plus >>

http://www.gabrielperi.fr/-Nouveau-salariat-du-capitalisme-

--- Partenariats - Left Forum 2009

La Fondation Gabriel Péri organise un panel intitulé : « L’élection de Barack Obama : une perspective européenne », au Left Forum 2009, à New York, du 17 au 19 avril 2009. En savoir plus >>

http://www.gabrielperi.fr/-Left-Forum-2009-

--- Les rencontres de la Fondation - Réflexions autour des 4 premiers mois de la présidence américaine

Mardi 5 mai - Rencontre avec Mark Kesselman, professeur de sciences politiques à l’université Columbia de New York (Etats-Unis), et membre du Conseil scientifique de la fondation. En savoir plus >>

http://www.gabrielperi.fr/-Reflexions-autour-des-4-premiers-

--- Les rencontres de la Fondation -  Quel Tibet ? rural, clérical ou mythique ?

Jeudi 14 mai - Rencontre avec Jean-Paul Desimpelaere et Elisabeth Martens.

En savoir plus >>

http://www.gabrielperi.fr/-Quel-Tibet-rural-clerical-ou-

--- Partenariats -  Nation, État et gouvernance démocratique de l’économie mondiale

La fondation Gabriel Péri accueille les 28 et 29 mai 2009, le 4ème forum de l’association mondiale d’économie politique (WAPE).

En savoir plus >>

http://www.gabrielperi.fr/-Nation-Etat-et-gouvernance-

===è Les publications :

--- Livres - Karl Marx, le capital, les crises

224 pages, sortie juin 2009. Prévente au tarif préférentiel de 8€.

En savoir plus >>

http://www.gabrielperi.fr/-Marx-et-la-crise-

--- La Pensée - La Pensée Numéro 357 - Janvier-Mars 2009

La Pensée Numéro 357 - Janvier-Mars 2009. Dossier spécial sur l’école.

En savoir plus >>

http://www.gabrielperi.fr/-La-Pensee-Numero-357-Janvier-Mars-

--- Actes de colloques - L’OTAN, une légitimité en question

Actes du colloque « L’OTAN, une légitimité en question », organisé le 6 juin 2008 par la Fondation Gabriel Péri, en partenariat avec l’Institut de documentation et de recherches sur la paix (IDRP) et la revue Recherches Internationales. En savoir plus >>

http://www.gabrielperi.fr/-L-OTAN-une-legitimite-en-question-

===è Nouveau sur le site :

--- Bibliothèque en ligne - L’OTAN, pourquoi faire ?

Un article de Jacques le Dauphin

En savoir plus >> http://www.gabrielperi.fr/L-OTAN-pourquoi-faire

--- Séminaires - L’énergie comme idée politique

La conférence de Laure Dobigny.

En savoir plus >> http://www.gabrielperi.fr/L-energie-comme-idee-politique

--- Bibliothèque en ligne - Que sont les biens publics mondiaux ?

Un article de François Lille.

En savoir plus >> http://www.gabrielperi.fr/Que-sont-les-biens-publics

--- Colloques - Allocution de Robert Hue à l’ouverture du colloque « OTAN : Une légitimité en question ». En savoir plus >>

http://www.gabrielperi.fr/Allocution-d-ouverture-au-colloque

======> Fondation Gabriel Péri

22 rue Brey - 75017 Paris - France / T +33 (0) 1 44 09 04 32 F +33 (0) 1 45 74 06 78 http://www.gabrielperi.fr - Mél: fondation@gabrielperi.fr - Abonnement à la liste : envoyer un mail à liste-subscribe@gabrielperi.fr

- From: « Fondation_Gabriel_Péri » <fondation@gabrielperi.fr>

 

*) « Aucune religion ne prône l’égalité entre les hommes et les femmes » Entretien avec Taslima Nasreen, réfugiée en France

Taslima Nasreen, réfugiée en France, appelle les forces de gauche, partout dans le monde, à réinvestir les combats laïque et féministe pour élever une digue face aux fondamentalismes.

Contrainte de quitter son pays, puis l’Inde où elle avait trouvé refuge, sous la pression des fondamentalistes, l’écrivaine bangladaise Taslima Nasreen, figure du combat contre l’intégrisme, participait, samedi dernier, aux Rencontres laïques internationales, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).

--- Votre combat contre le fondamentalisme ne s’arrête pas à l’islamisme. Vous dénoncez également les intégrismes chrétien, juif, hindou. Quels sont leurs points communs ?

Taslima Nasreen. Je m’élève en effet contre les intégrismes de tous bords. En ce qui me concerne, j’ai souffert toute ma vie du fondamentalisme musulman. Je suis née, j’ai grandi dans un pays musulman. Lorsque je critique les fondamentalismes, mais aussi les religions en tant que telles, qu’il s’agisse de l’hindouisme, du christianisme, du judaïsme, du bouddhisme, parce qu’elles oppressent les femmes, personne ne me menace de mort. Mais lorsque je parle de l’islam, alors les fondamentalistes musulmans profèrent des fatwas demandant mon exécution, ma pendaison. Ma tête est mise à prix. C’est ainsi que j’ai été expulsée de mon propre pays, le Bangladesh. Après avoir vécu dix ans en Europe, je suis partie en Inde, à Calcutta. Là encore, j’ai été visée par des fatwas. Mes livres ont été brûlés sur la place publique. Lors de la présentation de l’un de mes livres, j’ai été agressée par des fondamentalistes musulmans à Hyderabad. À Calcutta, ils sont descendus dans la rue pour exiger mon expulsion. En réponse, le gouvernement indien de gauche m’a placée en résidence surveillée à New Delhi, avant de m’expulser. À cause de ces intégristes, je suis aujourd’hui contrainte à un nouvel exil. C’est difficile à vivre. Je suis une écrivaine bangladaise. Je vis douloureusement cet éloignement de mon pays, où je pourrais encourager les femmes à poursuivre leur combat pour le droit à la liberté.

--- Pourquoi les fondamentalistes font-ils des droits des femmes leur cible privilégiée ?

Taslima Nasreen. Dans leur vision, le pouvoir des hommes se mesure à l’oppression exercée sur les femmes. La religion est la source du fondamentalisme. Or aucune religion ne prône l’égalité entre les hommes et les femmes. Toutes sont hostiles aux femmes. Ce sont bien les religions qui encouragent l’oppression des femmes, qui les empêchent de jouir des mêmes droits que les hommes. Elles pérennisent le système patriarcal, incompatible avec la liberté des femmes.

--- Quel jugement portez-vous sur les confrontations, ces dernières années, en France et en Europe, sur le port de signes religieux à l’école et dans la sphère publique ?

Taslima Nasreen. Je suis très favorable à la loi française qui interdit le port de signes religieux dans l’enceinte des écoles publiques. Il est essentiel, pour une société laïque, de préserver l’école comme espace de liberté de conscience où les signes religieux n’ont pas leur place. Quant au voile, sur lequel se sont focalisés ces débats, il est pour moi un symbole d’oppression. Les femmes devraient refuser le port du voile. Si toutefois elles acceptent de le porter, ce devrait être une affaire privée. Toute société laïque devrait préserver l’école et plus largement la sphère publique de tous les signes religieux.

--- Les tentatives de reprise en main des sphères publique et politique par le religieux, en Europe, vous surprennent-elles ?

Taslima Nasreen. Cela prouve que cette question ne se pose pas uniquement dans les pays musulmans. Les fondamentalistes progressent aussi en Europe. Pas seulement les intégristes musulmans, mais aussi les intégristes chrétiens. Aux États-Unis, ceux-ci n’hésitent pas à agresser, à menacer de mort les médecins pratiquant l’IVG. Dans la première puissance mondiale, les chrétiens évangéliques se sont infiltrés jusque dans les sphères du pouvoir. En Angleterre, les fondamentalistes musulmans revendiquent la possibilité d’appliquer la charia (la loi islamique - NDLR) aux citoyens de confession musulmane. Des évêques anglicans et des hommes politiques ont indiqué qu’ils n’y étaient pas opposés. Si nous ne mettons pas un frein à cette expansion des fondamentalistes, si nous les laissons agir sans contrôle, si la gauche et les progressistes n’apportent pas leur soutien au combat laïque et humaniste contre toutes les formes d’intégrisme, alors de grands reculs de civilisation deviendront possibles.

--- Jugez-vous les forces de gauche trop complaisantes vis-à-vis des fondamentalistes ?

Taslima Nasreen. Les citoyens de confession musulmane sont minoritaires en Europe. Dès lors, certains, à gauche, s’interdisent toute critique de la religion musulmane et font même preuve de complaisance envers les dérives fondamentalistes, croyant assurer ainsi la défense de minorités victimes de discriminations. C’est à mon avis une très lourde erreur. Sans la gauche, comment serait-il possible de mener le combat laïque, le combat pour les droits des femmes ? Laisser la droite se saisir de ces questions et nous soutenir serait mortifère. La droite déteste l’islam et les musulmans. Elle tente d’instrumentaliser les laïques pour conforter ses visées racistes. Mais nos convictions sont de gauche. Nous voulons une transformation progressiste des sociétés. Nous ne pouvons donc pas laisser la droite dévoyer notre combat laïque.

--- Pensez-vous que la prétendue « guerre contre le terrorisme » conduite ces dernières années par les États-Unis a renforcé les fondamentalistes musulmans en leur offrant des arguments ?

Taslima Nasreen. Les fondamentalistes ne sont jamais à court d’arguments. Lorsque l’URSS existait, leur croisade était dirigée contre les communistes, accusés d’être les ennemis de la religion. Après la chute de l’URSS, ils se sont retournés contre les États-Unis, accusés d’être les ennemis de l’islam.

Les fondamentalistes, quelle que soit leur cible, ne méritent aucune sympathie. Ils doivent être combattus sans relâche, sans considération des raisons qu’ils invoquent pour justifier leur idéologie destructrice. Au fond, les ennemis qu’ils désignent importent peu. Les justifications de leurs visées et de leurs actes, ils les puisent dans la religion elle-même. C’est la religion qui inspire leur intransigeance, c’est au nom de celle-ci qu’ils menacent et tuent ceux qui ne partagent pas leur vision du monde. Ce n’est pas la guerre menée par les États-Unis qui pousse les intégristes à opprimer les femmes. Cette oppression existait déjà auparavant. C’est donc bien la religion qui est en cause comme source du fondamentalisme. La guerre américaine relève d’un autre débat. On peut la contester, s’y opposer. Mais l’activisme des fondamentalistes serait une réalité même sans les guerres d’Irak et d’Afghanistan. Ils n’ont pas attendu ces guerres pour combattre les droits des femmes, les frapper, les torturer, les flageller, les lapider à mort au nom de l’islam. Dans les pays musulmans, les femmes souffrent depuis très longtemps.

--- Croyez-vous qu’une négociation avec les talibans puisse rendre la paix possible en Afghanistan ?

Taslima Nasreen. Si c’est possible, pourquoi ne pas essayer ? Mais aucune solution durable n’émergera sans un changement radical du système qui fabrique les talibans. Il faut fermer ces madrasa, qui sont des usines à fondamentalistes, et promouvoir une éducation laïque, scientifique. C’est primordial. Que l’on négocie avec les talibans ou qu’on les traque revient au même, si ce système reste en place. Il faut saisir le problème à la racine. En réalité, je ne rejette pas la responsabilité du chaos afghan sur les talibans. Lorsque vous envoyez des jeunes garçons dès l’âge de deux ans dans des madrasa (écoles coraniques - NDLR) où ils apprennent le maniement des armes, avec pour seul horizon éducatif la récitation du Coran, les prêches exhortant à l’instauration d’un État islamique ou au meurtre des femmes et des non-musulmans, il n’est pas étonnant qu’ils deviennent des extrémistes. Ces enfants n’ont aucune autre fenêtre sur le monde. Ils n’ont aucune possibilité de bénéficier d’une instruction publique et laïque. Ce n’est donc pas à eux que j’en veux, mais aux promoteurs de ce système qui transforme des innocents en talibans. Dans le monde musulman, les madrasa poussent comme des champignons, avec la complicité de gouvernements qui veulent s’assurer l’appui électoral des fondamentalistes. Il faut cesser d’abandonner l’éducation des enfants à des imams radicaux qui les endoctrinent. Les États doivent assumer leur mission, en créant des écoles où les enfants entendent parler d’égalité, de démocratie, de liberté d’expression. Si personne ne leur transmet ces valeurs, comment pourraient-ils un jour s’en réclamer ? L’éducation laïque est la seule arme efficace contre les fondamentalismes. Entretien réalisé par Dominique Bari et Rosa Moussaoui http://www.humanite.fr/2009-04-09_International_-Aucune-religion-ne-prone-l-egalite-entre-les-hommes-et-les

 

*) Un pôle public pour financer l’économie

Les banques accusent les pertes et les États jettent l’argent public par les fenêtres. Et si la solution était la création d’un pôle public bancaire ?

Le Royaume-Uni a déjà nationalisé des banques. L’Allemagne entame le processus de nationalisation, pour sauver de la faillite Hypo Real Estate (HRE). Aux États-Unis, l’État détient 36 % de Citigroup, alors que la France va entrer à hauteur de 20 % dans le nouvel ensemble Caisses d’épargne-Banques populaires. Au jour d’aujourd’hui, les États-Unis et les États européens ont injecté environ 400 milliards de dollars (316 milliards d’euros) d’argent public au capital des banques, en grande partie sans droit de vote. Selon Barclays Capital, les banques américaines et européennes détiennent encore de 2 000 à 3 000 milliards de dollars de titres « pourris », pour lesquels il n’existe plus de marché. La semaine dernière, le plan public-privé du secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, ajoutait 1 000 milliards de dollars pour apurer les comptes des banques de leurs actifs toxiques. Un plan qui laisse au prix Nobel d’économie, Paul Krugman, « un sentiment de désespoir ». « Le vrai problème de ce plan c’est qu’il ne marchera pas, écrit-il dans un éditorial du New York Times. L’État doit intervenir, et s’il injecte tant d’argent dans les banques, il devrait aussi en prendre le contrôle. » Autrement dit, « c’est le contribuable qui endosse une nouvelle fois les risques, et l’économie de marché n’en tire que les bénéfices. C’est comme un socialisme pour les riches et un capitalisme pour les pauvres ». Faut-il, comme le suggère Paul Krugman, nationaliser les banques pour qu’elles puissent à nouveau jouer leur rôle de poumons de l’économie mondiale ? Altermondialistes, syndicalistes, partis de gauche, tous revendiquent la création d’un pôle public bancaire. En France, l’association ATTAC milite pour une « nationalisation à l’échelle européenne de l’ensemble du secteur bancaire et financier, et cela de manière permanente et non transitoire ». En Allemagne, Die Linke avance l’idée d’une nationalisation large du secteur bancaire, permettant de compenser les pertes par les profits. Le PCF propose un pôle public bancaire, qui serait armé d’un principe de gestion simple : le crédit sélectif. Les banques devront distribuer un crédit très bon marché, quand celui-ci favorise les investissements productifs vraiment utiles à la société (emploi, formation, recherche), et un crédit très cher, quand il sert au contraire à des opérations purement financières. Pour les promoteurs d’un pôle public bancaire, celui-ci doit répondre non seulement à l’État, mais surtout aux usagers des banques. C’est-à-dire aux entreprises, aux collectivités territoriales et aux particuliers. De même, des droits nouveaux d’intervention des salariés dans la gestion de leurs entreprises seront la meilleure garantie du respect des nouvelles règles. De telles dispositions inciteraient les entreprises à se financer auprès des banques du pôle public plutôt qu’auprès des marchés financiers. Clotilde Mathieu

 http://www.humanite.fr/2009-04-02_International_Un-pole-public-pour-financer-l-economie

 

*) Le G20 et l’argent de la relance Par Pierre Ivorra

Le G20, qui vient de se tenir, a promis beaucoup d’argent pour relancer la croissance. L’addition est impressionnante : au total plus de 1 100 milliards de dollars devraient être injectés dans l’économie mondiale au travers des institutions financières internationales et du financement du commerce. S’il y a là une part d’effets de manches pour impressionner l’opinion et donner le sentiment qu’un tournant historique est pris dans la maîtrise du capitalisme et de ses crises, il y a aussi la volonté de mobiliser encore plus de ressources faute d’avoir été capable d’empêcher l’effondrement de la croissance et de l’emploi. Qui va fournir cet argent ? Les États. Où vont-ils le chercher ? Sur les marchés financiers. Justement, là est le problème. Pour financer leurs propres plans de relance, les grands États capitalistes ont déjà fait appel à eux, empruntant à tour de bras. Mais les ressources des investisseurs n’étant pas infinies, les différents pays en viennent à se les disputer et parfois n’arrivent pas à les attirer. Le gouvernement britannique n’a-t-il pas essuyé fin mars une sérieuse déconvenue ? Il a émis un emprunt afin de financer un nouveau plan de relance et il n’a pas trouvé preneur pour la totalité de son émission. Cette mésaventure illustre les tensions qui règnent sur les marchés de l’argent entre les pays les plus puissants. En Europe, des pays comme la Grèce, l’Espagne, l’Italie et même la France sont obligés de servir des taux d’intérêt supérieurs à ceux de lpour obtenir que leurs emprunts soient honorés. Cela maintient le loyer de l’argent à un haut niveau au point que l’on peut craindre qu’il y ait un krach obligataire. Les États-Unis continuent de jouer « perso » grâce à l’arme du dollar. Ils émettent des bons du Trésor à « en veux-tu, en voilà », misant sur le fait que le billet vert est la principale monnaie de réserve et que son effondrement serait un cataclysme mondial. Cependant, afin de ne pas trop tenter le diable, ils font jouer aussi la planche à billets, leur banque centrale rachète des bonds du Trésor émis par l’État fédéral. Il y a un véritable risque de surenchère entre les principaux participants au sommet de Londres. C’est ainsi que l’Europe est tentée de copier le plan américain de traitement des actifs toxiques très généreux pour les banques et les institutions financières qui ont cédé à l’ivresse de la spéculation et très coûteux pour les finances publiques. Partout, la dette publique explose. En France, elle s’est accrue de 10 %, s’élevant fin 2008 à 68 % du PIB. Apparaît désormais une question qui n’a pas été abordée au G20, et qui, avec la question du dollar, est un véritable baril de poudre : celle de la maîtrise de la dette des pays avancés. Elle est d’autant plus explosive que cet endettement vise davantage à soutenir les capitaux, à relever leur rentabilité qu’à relancer la croissance. Plus d’endettement pour moins de croissance, sacré cocktail !

http://www.humanite.fr/2009-04-07_Politique_Le-G20-et-l-argent-de-la-relance-Par-Pierre-Ivorra

 

*) Pascal Boniface « Certains veulent faire de l’Alliance le bras armé du "monde occidental" »

Pascal Boniface, directeur de l’IRIS (1), s’inquiète des nouvelles missions de l’OTAN, comme la « sécurisation des approvisionnements énergétiques ».

--- Comment analysez-vous le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, décidé par Nicolas Sarkozy ?

Pascal Boniface. Nicolas Sarkozy reprend un projet lancé par Jacques Chirac en 1996 : le retour de la France dans l’OTAN en échange d’une européanisation de l’Alliance. Cela ne s’était pas fait pour plusieurs raisons. Les Américains refusaient le principe d’une européanisation et, en 1997, la gauche au pouvoir avait mis fin à cette démarche. Nicolas Sarkozy a donc repris et accéléré le processus, car il a fait du rapprochement avec les États-Unis un axe prioritaire de sa politique étrangère. La réintégration de la France dans l’OTAN en fait partie. Il veut montrer aux États-Unis que la France est, de nouveau, une alliée fidèle et loyale. Est-ce qu’en retour la France obtiendra l’européanisation de l’OTAN ? Cela reste la grande interrogation. Si les effets de la réintégration sont immédiats, l’européanisation, qui était une condition de la réintégration, n’est maintenant qu’une hypothétique résultante future du retour dans le commandement intégré de l’OTAN. Au fond, il faut, sur ce dossier, séparer la réalité du symbole. La réalité, c’est que la réintégration ne changera pas grand-chose. Mais ce qui compte énormément, en matière diplomatique, ce sont les symboles. Celui qu’envoie la France est perçu comme un alignement sur les États-Unis.

--- La France risque-t-elle donc de perdre de l’influence dans le monde ?

Pascal Boniface. La France était perçue comme un pays occidental mais différent des autres. Elle risque de perdre cette spécificité d’image. Certes, elle va gagner en sympathie aux États-Unis, mais elle risque d’apparaître moins autonome dans d’autres régions du monde. Je pense bien évidemment aux pays arabes, mais pas uniquement. Dans des pays comme la Chine, cette « fin de la différence » peut être coûteuse en termes diplomatiques.

--- L’élection de Barack Obama à la présidence des États-Unis ne peut-elle pas modifier la nature même de l’Alliance ?

Pascal Boniface. En ce qui concerne la France, je rappelle que le projet de réintégration était en chantier alors que Barack Obama n’était pas encore candidat. L’élection de ce dernier rend simplement beaucoup plus vendable la réintégration qu’à l’époque où George W. Bush était président. C’est une chance pour Nicolas Sarkozy que cette réintégration se déroule en ce moment.

On espère bien évidemment que l’élection de Barack Obama changera la politique étrangère américaine et que les États-Unis seront moins autistes que sous la présidence précédente. Mais ces affaires-là sont de très long terme. Il faut bien mesurer que, maintenant que la France est réintégrée, il sera très difficile de ressortir de l’OTAN une nouvelle fois. Barack Obama change de manière positive la vision du monde des États-Unis par rapport à la présidence Bush. Mais, paradoxalement, le fait que la France réintègre le commandement intégré de l’OTAN fait apparaître la « famille occidentale » comme encore plus monolithique. Ce qui me paraît plus fondamental que la réintégration de la France dans l’OTAN, c’est la question des futures missions de l’Alliance. On sait qu’il existe chez certains le projet de faire de l’OTAN le bras armé du « monde occidental ». L’an dernier, cinq chefs d’état-major ont signé un article expliquant que l’OTAN devait pouvoir mener des guerres préventives sans aucun aval de l’ONU. Ce qui est nécessaire aujourd’hui, c’est une réflexion globale sur les missions de l’OTAN, aujourd’hui perçue par les pays membres comme une alliance défensive, mais qui apparaît dans certaines régions du monde comme une coalition offensive. Particulièrement lorsqu’on évoque comme l’une de ses missions futures la sécurisation des approvisionnements énergétiques.

(1) Institut de relations internationales et stratégiques www.iris-france.org, www.affaires-strategiques.info Entretien réalisé par Stéphane Sahuc

http://www.humanite.fr/2009-04-03_Politique_Pascal-Boniface-Certains-veulent-faire-de-l-Alliance-le-bras

 

*) Stock-options et fonds spéculatifs, Par Pierre Ivorra, économiste

Une stock-option est une forme de rémunération à la mode dans nombre de sociétés, qui ouvre la possibilité aux hauts cadres d’acheter à terme des actions de l’entreprise à un cours fixé à l’avance. Une stock-option est donc une option d’achat que le titulaire peut réaliser ou pas. Leur généralisation dans les grands groupes vise à motiver les cadres dirigeants en les incitant à tout mettre en oeuvre pour que le prix de l’action de l’entreprise grimpe, leur permettant ainsi, le moment venu, de réaliser personnellement une belle plus-value. En effet, si à la date fixée pour exercer leur droit, le cours de l’action est supérieur au prix fixé au préalable, ils ont tout intérêt à acheter puis à revendre les titres. C’est le bingo ! Au contraire, si le cours est inférieur au prix de l’option, ils perdraient de l’argent en exerçant leur droit d’achat. Autrement dit, avec les stock-options, les dirigeants à la tête des groupes ne peuvent que gagner, le goût du risque est ainsi laissé aux autres, aux salariés des étages inférieurs. C’est d’ailleurs dans la mesure où les stock-options ont quelque chose du bonneteau que le Prix Nobel américain Joseph Stiglitz les a définies comme un jeu où « face je gagne et pile tu perds ».

En 2002, une mission d’information de l’Assemblée nationale relevait déjà que « les dirigeants des sociétés du CAC 40 (1) ont vu leurs émoluments augmenter en moyenne de 36 % en 2000, de 20 % en 2001 et de 13 % en 2002 » alors que la France traversait une sérieuse récession économique et un krach boursier. Les stock-options y étaient en partie pour quelque chose. Le scandale ne s’arrête pas là. Les stock-options sont en outre assorties d’avantages fiscaux, ceux mis en place à la fin des années 1990 par Dominique Strauss-Kahn et que Laurent Fabius contribua ensuite à élargir. L’indignation morale, si nécessaire soit elle, ne suffit cependant pas en la circonstance si l’on veut s’attaquer à la racine du mal. La généralisation des stock-options est contemporaine de l’explosion de marchés financiers mondialisés et de l’avènement de puissants investisseurs, anglo-saxons pour une grande part. La montée en puissance des fonds de pension, des organismes de placements collectifs (en France, notamment les sicav et fonds communs de placement) puis des hedge funds (fonds à risques) a joué un rôle essentiel. Les fonds de pension disposent d’une « force de frappe » financière de près de 8 000 milliards d’euros. Ils sont devenus les premiers investisseurs des fonds à risques spéculatifs qui ont joué un rôle important dans le déclenchement de la crise. L’ensemble de ces fonds est aujourd’hui géré selon une obligation de moyens et non plus de résultat. Dans le cadre d’une obligation de résultat, le risque est assumé par le gestionnaire, ce qui incite à une gestion relativement prudente. Avec l’obligation de moyens, les fonds s’engagent à tout mettre en oeuvre pour obtenir le meilleur résultat possible et, dès lors, ont une gestion à risque. L’objectif des investisseurs est désormais d’extraire le maximum de valeur pour l’actionnaire, ce qui favorise une modification de la gestion des entreprises et de leur stratégie. Ces nouvelles pratiques aboutissent à opérer des transferts de risques massifs sur les entreprises, les pays, ceux que l’on qualifie d’émergents notamment (pays d’Asie, Inde, Brésil, Mexique, etc.), et sur le monde du travail.

Cela permet de remettre à sa juste place les indignations morales contre les bénéficiaires de stock-options de la part de ceux qui ont poussé les feux de cette accumulation financière et qui sur le fond continuent de la soutenir. C’est le système qui fait scandale, pas seulement l’une de ses expressions.

(1) L’indice de référence de la Bourse de Paris qui rassemble les principaux groupes français. http://www.humanite.fr/2009-04-03_Politique_Stock-options-et-fonds-speculatifs-Par-Pierre-Ivorra-economiste

 

*) « Construire un espace commun de rencontre » PAR JACQUES PERREUX, VICE-PRESIDENT DU CONSEIL GENERAL DU VAL-DE-MARNE.

Je représentais le conseil général du Val-de-Marne et son service public de l’environnement et d’assainissement au Forum mondial de l’eau à Istanbul. Ayant participé essentiellement au Forum des autorités locales et au forum alternatif, je n’ai qu’une vue partielle de l’événement, au regard de son gigantisme. J’en retire néanmoins des impressions qui me font dire que les idées qu’avec beaucoup d’autres nous défendons contre la marchandisation et pour la gestion de l’eau en service public sont très partagées et plutôt en progression par rapport au précédent Forum de Mexico. Évidemment, je ne méconnais pas le poids des multinationales de l’eau coorganisatrices du forum, mais il est significatif qu’à plusieurs reprises et de façon défensive, le président du Conseil mondial de l’eau, Loïc Fauchon (1), ait eu besoin de déclarer : « Public-privé, ce n’est pas le problème. » Il n’y a pas si longtemps le discours était plus arrogant et érigeait en modèle unique le privé. Les militants altermondialistes sont loin d’être les seuls à percevoir que les expériences de privatisation ne sont pas probantes et positives pour les peuples. Les multinationales de l’eau ne bénéficient plus d’un a priori favorable, d’autant que beaucoup d’élus constatent que lorsqu’ils délèguent la gestion de ce bien commun au privé, la collectivité perd progressivement les savoirs, les savoir-faire, et les capacités d’ingénierie qui sont indispensables au contrôle du service.

Dans ce forum mondial, la grande majorité des dizaines de milliers de participants sont eux-mêmes issus du service public, porteurs de ces valeurs et finalités. Ceci n’est pas pour nous étonner, puisque s’il y a des tentatives forcenées de privatisation c’est bien parce que l’eau est massivement gérée dans le monde par des services publics locaux. D’ailleurs, la ville hôte de ce forum, Istanbul, dispose elle-même d’un service public de l’eau potable et de l’assainissement qui dessert près de 15 millions d’habitants. Les salariés de celui-ci étaient très présents dans la multitude de débats. Le Forum des autorités locales, organisé par les Cités et gouvernements locaux unis (CGLU) s’est conclu par une déclaration finale : « Le pacte d’Istanbul », qui affirme dans son premier point que l’accès à une eau de bonne qualité et à l’assainissement est un droit fondamental pour tous les êtres humains et joue un rôle essentiel dans la préservation de la vie, de la santé publique et dans la lutte contre la pauvreté ; et dans le deuxième point que l’eau est un bien public qui devrait donc être sous contrôle public, même si sa gestion est partiellement ou totalement déléguée au secteur privé ; certes tout n’est pas « bordé » comme on pourrait le souhaiter, mais entre la première version de cette déclaration et celle-ci, je dois reconnaître qu’elle s’inspire fortement des amendements que le conseil général 94 avait portés et que la notion du droit à l’eau comme droit fondamental y est actée. D’ailleurs l’ultime amendement que nous avons déposé lors de l’assemblée de clôture du Forum des autorités locales et qui renforce le besoin d’un véritable contrôle public a été adopté. D’autre part, le sénateur UMP français Jean-François Legrand, qui était le rapporteur de la séance des parlementaires, a commencé son compte rendu devant 1 millier d’élus locaux (maires, conseil régionaux, départementaux…) en disant que les députés considéraient que le droit à l’eau devait être inscrit dans les constitutions. C’est là une revendication portée depuis des années par le mouvement altermondialiste ! Cependant, on apprenait en clôture du forum que la déclaration interministérielle ne faisait plus - du fait du lobbying des délégués américains - référence à l’eau comme un droit mais comme un besoin. Une autre impression de ce forum, c’est que le drame que connaissent plusieurs milliards d’êtres humains du fait de leur non-accès à l’eau potable et à l’assainissement est quasiment délégué par les États aux autorités locales. Devant l’insuffisance criante des moyens consacrés par les États les plus riches à cet enjeu, l’idée est même avancée d’une généralisation ou d’une « mondialisation » de la loi Oudin. Cette loi permet en France aux services publics d’eau et d’assainissement de consacrer 1 % de leurs recettes à des actions de solidarité dans ce domaine. Nous pourrions, comme nous l’avons évoqué devant le forum alternatif, proposer qu’en écho à ce 1 % des collectivités locales, il y ait un 1 % national pris sur les dépenses militaires et pourquoi pas un 10 % des bénéfices tirés de l’eau affectés à la lutte concrète pour l’accès à l’eau et l’assainissement. Les sommes ainsi collectées seraient suffisantes pour que le droit à la vie de chaque être humain soit respecté.

Il n’y a pas un fossé entre les débats et les convictions portées par les forces altermondialistes, associatives et une grande partie des élus locaux. Cela crée une possibilité d’un front convergent pour demander et obtenir que ce soit l’ONU qui organise le prochain forum mondial et pour que les pouvoirs locaux et les ONG soient fortement représentés dans toutes les instances de préparation et de décision de cet événement. Il y a également un espace commun de rencontre à construire dans le domaine de l’eau entre la CGLU et les militants alternatifs. En tous les cas, certaines déclarations d’Istanbul peuvent être utilisées comme des points d’appui dans le combat qui se mène en France, pour gérer le service public de l’eau en régie. Enfin, la solidarité avec la Palestine s’est très fortement exprimée dans le Forum des autorités locales. Ce serait un formidable signe pour CGLU de répondre favorablement à l’invitation qui a été faite par le maire de Gaza d’accueillir une prochaine réunion de CGLU en Palestine.

(1) Loïc Fauchon est aussi président de la Société des eaux de Marseille dont le capital est à 50 % détenu par Veolia et 50 % par la Lyonnaise des eaux.

http://www.humanite.fr/2009-04-14_Tribune-libre_Construire-un-espace-commun-de-rencontre

 

*) « Le Front de gauche et la BCE » PAR MICHEL DE CHANTERAC, ANCIEN AGRICULTEUR DANS LE TARN.

Il y a, dans la déclaration de principe du Front de gauche pour changer l’Europe, peu de chose sur les missions réelles de la Banque centrale européenne (BCE) et une position assez formelle pour qu’elle « soit mise au service des populations et soumise à un contrôle démocratique ».

Tout le monde dit ça et ça ne mange pas de pain. Il faut rappeler certains faits. Le contrôle public des banques centrales est une conquête du Front populaire (contre l’oligarchie de l’époque, les « 200 familles ») et cela a été confirmé dans le programme du Conseil national de la Résistance à la Libération. Cette filiation historique mérite d’être rappelée dans la campagne des européennes. Après la guerre, le financement de l’État par la Banque de France a permis de reconstruire le pays. La création monétaire a été mise au service de la reconstruction. Une loi du 3 janvier 1973, à l’initiative de Pompidou et Giscard d’Estaing, interdit à la Banque de France d’accorder des crédits à l’État qui… abandonne aux banques son pouvoir régalien de création monétaire. À l’époque, cela a peu d’incidence parce que le système bancaire est majoritairement nationalisé, l’équilibre des comptes publics étant assuré par la croissance des Trente Glorieuses. Par contre, dès les années 1980 et à partir des présidences Reagan-Thatcher déclarant la guerre à l’impôt, en particulier des plus riches, les déficits publics se creusent, l’endettement de l’État se substitue progressivement au prélèvement public. En 1992, pour garantir la viabilité des institutions financières et la lutte contre l’inflation - manière courtoise de désigner la protection des rentiers contre les travailleurs -, l’un des principaux objectifs du traité de Maastricht fut de détacher les banques centrales (la BCE et le système européen des banques centrales) des pouvoirs politiques pour les arrimer aux marchés financiers. Désormais, institutionnellement, ce sont les intérêts financiers et non la démocratie et le peuple qui définissent l’intérêt des États. La loi no 93 du 31/12/1993, votée en application de l’article 104 dudit traité, « interdit à la BCE et aux banques centrales nationales d’autoriser des découverts ou d’accorder tout autre type de crédit au Trésor public ou tout organisme public ou entreprise publique », éliminant toute possibilité pour l’État d’émettre du crédit pour des projets d’infrastructures (tous les investissements publics essentiels pour assurer le « bien public » : transports, éducation, santé, énergie…). Ce système, en place en Europe, aux États-Unis et dans le monde entier, oblige les États à payer des intérêts à des acteurs privés qui ont de l’argent à placer… pour l’usage de leur propre monnaie qu’ils pourraient émettre eux-mêmes sans intérêts ! Ce dispositif confirmé dans le TCE (article III 181) est repris - on s’en serait douté - dans l’article 123 du traité de Lisbonne. Cette règle scandaleuse a contraint l’État français à payer 1 176 milliards d’euros d’intérêts depuis 1980 au détriment des besoins sociaux et des investissements publics. Face à la crise écologique que connaît le monde et qui nécessitera, si on veut la résoudre dans l’intérêt de l’humanité et des générations futures, des investissements colossaux, une véritable reconstruction écologique dans les domaines des transports, de l’énergie, de la recherche, de l’habitat, des infrastructures rurales du tiers-monde… il est impératif de revenir sur l’interdiction faite aux États d’emprunter auprès des banques centrales, dont elles sont l’émanation, pour des investissements d’intérêt public. Actuellement, les États empruntent comme des fous sur les marchés financiers. La bulle de l’endettement public va remplacer les bulles financières immobilières, sur les matières premières, avec les mêmes conséquences. Et ce n’est pas le G20 (qui crée des moyens financiers fictifs pour tripler les ressources du FMI) qui modifiera si peu que ce soit ces règles mortifères. La rente potentielle auprès de créanciers, mus comme les conquistadors par l’horrible soif de l’or, sera payée si on n’y met pas bon ordre par les générations futures. La situation est d’autant plus scandaleuse que les banques sont recapitalisées par des États surendettés et leurs prêts interbancaires garantis à hauteur du montant du budget de l’État (20 % du PIB en France). Dans sa déclaration de principe, le Front de gauche donne la priorité à l’impératif démocratique et écologique. L’un et l’autre ne peuvent voir le jour dans l’Europe telle qu’elle est avec les pouvoirs oligarchiques d’une BCE indépendante de la démocratie et limitant, dans les faits, les investissements indispensables à un nouveau mode de développement, réellement durable. Si on ne met pas en cause ces dogmes, la BCE restera en Europe l’outil de la déflation salariale et du fondamentalisme néolibéral d’où le progrès social ne peut qu’être absent. http://www.humanite.fr/2009-04-14_Tribune-libre_Le-Front-de-gauche-et-la-BCE

 

*) Alain Masse, secrétaire du syndicat CGT de l’entreprise Celanese (Pardies).

 « Le rêve américain » Celanese est une entreprise chimique de trois cent cinquante salariés située à Pardies, en Béarn, à proximité du fameux gisement de Lacq. Issue de Rhône-Poulenc, groupe nationalisé puis privatisé, vendue en 1995 à un privé canadien avec des fonds de pension. Dix ans plus tard et un plan social de cent personnes toujours avec des fonds de pension, rachat de l’usine par le chimiste mondial Celanese. Il faut voir comme elle est belle, cette usine qui tourne à plein régime. Nouvelles technologies, procédures, organisations, nouveau système informatique, un seul leitmotiv : adaptation. Le rouleau compresseur avance sans états d’âme. Début du formatage des salariés à la méthode, à la culture américaines. Toujours à plein régime, Celanese la belle semble généreuse. Intéressement, participation, augmentations de salaire, tout le monde y croit, s’investit, se donne à fond. Que peut-il lui arriver ? Rien. Une entreprise utile pour la pharmacie, les textiles, peintures, colles, filtres à cigarettes… Rentable, très rentable, 20 % par an ! Nécessaire, 90 % de la production d’acide acétique alimente l’Europe. Puis la première ride apparaît. Réorganisation, suppressions de postes, externalisation en Hongrie des services comptabilité des usines européennes. Tout s’accélère et le maquillage disparaît. Un nouveau plan de réorganisation est envisagé : réduction de 20 % des effectifs. Non-remplacement des départs en retraite, préretraites et zéro intérimaire. À huit mille kilomètres de la France, depuis Dallas, on presse, on compresse toujours pour que l’or sorte du pressoir. Premières escarmouches avec la CGT, le syndicat largement majoritaire, et report de mois en mois de la présentation officielle du même plan pour arriver à l’automne 2008 avec les signes avant-coureurs d’une crise financière qui ne nous concerne pas, ne peut pas nous atteindre puisque les salariés viennent de toucher une participation record aux bénéfices. Fin novembre, arrêts techniques. L’arrêt se prolonge, la direction impose la prise de congés de RTT. La tension monte avec la CGT et les salariés contre la direction. Les fêtes de fin d’année approchent et le redémarrage est prévu pour le 2 janvier 2009, après six semaines d’arrêt technique prolongé. Mais que fait la CGT dans tout ça ? Depuis plusieurs années, elle a tissé avec les salariés un climat de confiance. Elle ne les a jamais trahis, ni bercés d’illusions. Une belle équipe CGT, soudée, organisée, proche des salariés, qui depuis des mois sans relâche dénonce, explique tous les dangers des réorganisations, délocalisations. Celanese annonce pour le 21 janvier de cette année une déclaration sur sa stratégie mondiale. Inquiétudes, angoisses ressurgissent.

http://www.humanite.fr/2009-04-14_Tribune-libre_Alain-Masse-secretaire-du-syndicat-CGT-de-l-entreprise

 

*) « Jaurès. Le retour de la question sociale » PAR ALAIN BOSCUS, HISTORIEN

Dans la période actuelle, la rencontre organisée par l’Humanité est particulièrement intéressante. La crise et ses malheurs poussent à des interrogations qui n’avaient plus cours et obligent à être plus incisif. Et si nous devons être inventifs et audacieux, cela ne se fera pas sans apprécier les luttes passées. De ce point de vue, Jaurès est un continent à lui seul parce qu’il était à la fois homme politique et journaliste, historien, philosophe… Et parce qu’il avait choisi de consacrer sa vie à un engagement militant total destiné à changer radicalement la société. Il a sans cesse relié la pensée et l’action ainsi que le présent, le passé et l’avenir, l’ici et l’ailleurs, se situant toujours avec courage du côté des exploités, des déshérités, des opprimés. C’est en partie pour cela qu’il mérite d’être lu avec attention. Les oeuvres en cours de parution (1) y contribueront mieux, de même que la relecture des travaux réalisés dans le giron de la Société d’études jaurésiennes, aujourd’hui présidée par Gilles Candar. La mémoire de Jaurès a longtemps été ensevelie sous un magma consensuel qui ne correspond pas vraiment à la réalité du personnage. Et, ces dernières années encore, « l’éviction du social » dans la recherche universitaire et la relative marginalisation de la pensée critique ont empêché de mettre à jour les thèmes les plus radicaux de son engagement politique et intellectuel. Beaucoup ont même oublié que, lorsqu’il fut assassiné, il se situait à la gauche du Parti socialiste issu de l’unité de 1905. Pour s’en tenir aux thèmes les plus importants de ce que l’on nommait alors « la question sociale », Jaurès reste encore de nos jours un des dirigeants du mouvement ouvrier les plus à même d’éclairer l’avenir. Ce qu’il a écrit sur la propriété privée et le collectivisme, sur la lutte des classes et les alliances politiques, sur le caractère à la fois révolutionnaire et barbare du capitalisme… nous aiderait à y voir plus clair à l’heure où l’on sent de toute part l’impérieuse nécessité de changer de système, et rapidement. De même, sans nul doute, ce qu’il a répété à maintes reprises sur la nécessaire intégrité et autonomie de pensée et d’action de la classe ouvrière, sur l’extension des droits sociaux et l’intervention de l’État, sur la « méthode de l’évolution révolutionnaire », sur « l’internationalisme prolétarien »…, et sur bien d’autres sujets encore. Moderne, Jaurès ? Oui, me semble-t-il, parce qu’il a réfléchi en partant de la réalité, sans se raconter d’histoire, avec beaucoup d’honnêteté intellectuelle et en gardant toujours pour horizon l’idéal collectiviste. Oui aussi parce qu’il a sans cesse relié la République et le socialisme, le collectif et l’individu, la réforme et la révolution, l’idéal et le réel, le national et l’international, la liberté et l’égalité… sans jamais perdre de vue le but ultime et sans récuser a priori les méthodes et les contenus les plus radicaux (qu’il n’avait aucune envie, d’ailleurs, d’imposer a priori…). Des thèmes traités ces jours-ci par les médias font écho à nombre de ses réflexions et propositions. Moraliser ou amender le capitalisme ? C’était pour lui impossible. La violence sociale ? C’est d’abord celle du patronat et des conseils d’administration, celle du système économique et social ainsi que celle de l’État qu’il faut considérer. Nationaliser la grande industrie, la banque et les transports ? C’est certes nécessaire mais cela ne constituera qu’une faible partie de l’oeuvre à accomplir. Unir toutes les forces de gauche contre la réaction ? Oui encore, mais à condition de ne pas abdiquer son programme et ses principes, si nécessaires à la transformation sociale…

Non vraiment, Jaurès n’était pas l’homme de consensus tant vanté ! Et nous avons avant tout besoin à présent d’idées fortes pour sortir l’humanité (quel beau mot jaurésien !) du gouffre dans lequel des idées précisément trop consensuelles nous ont précipités. Ce qui se cherche depuis déjà trop longtemps, à gauche et à la gauche de la gauche, notamment pour donner le débouché politique aux luttes qui montent, renvoie sur bien des points à des thématiques qui ne sont pas nouvelles. Mais, bien sûr, il ne suffira pas de s’en remettre à Jaurès et à l’histoire pour trouver les réponses adéquates. C’est ici et maintenant qu’il faut oeuvrer à la transformation économique, sociale, politique et culturelle. Car cela apparaît de plus en plus évident, tout doit être révolutionné. Puissent nos interrogations d’historiens sur Jaurès, les mouvements populaires et la révolution nous y aider un peu… (1) Éditions Fayard. http://www.humanite.fr/2009-04-14_Tribune-libre_Jaures-Le-retour-de-la-question-sociale

 

*) Jaurès, en penseur de la révolution

Pour l’anniversaire de la naissance du fondateur de l’Humanité, notre journal organise en partenariat une rencontre d’envergure.

Toulouse, correspondance particulière. L’Humanité organise vendredi 17 avril à Toulouse deux tables rondes publiques réunissant historiens, spécialistes d’histoire moderne et contemporaine, et philosophes, suivies d’un débat en soirée sur la modernité de la pensée de Jean Jaurès. Ce colloque ouvert à tous figure parmi les premières manifestations prévues dans le cadre du 150e anniversaire de la naissance de Jean Jaurès, le 3 septembre 1859. Partenaire, la municipalité de gauche toulousaine est à l’initiative en cette année 2009 d’un ensemble d’actions éducatives, culturelles et populaires pour souligner l’héritage progressiste et universel du grand penseur socialiste. Clin d’oeil historique. La rencontre se déroule salle du Sénéchal, rue de Rémusat. Dans l’amphithéâtre même (jusqu’en 1892, siège de la faculté des lettres) où Jean Jaurès enseignait la philosophie à ses étudiants et, en soirée chaque semaine, donnait des cours suivis par un large public, y compris d’ouvriers. Jaurès est maître de conférences à l’université de Toulouse d’octobre 1883 à 1885. Élu cette année-là député de Castres dans le Tarn, il ne reprend son poste à la faculté qu’après l’échec du renouvellement de son mandat, en septembre 1889. Il est élu conseiller municipal de Toulouse en 1890. Occupe la responsabilité d’adjoint à l’instruction publique jusqu’en 1893, avant d’être appelé par les mineurs de Carmaux à devenir leur candidat et être élu député en janvier 1893.

Retour au colloque de l’Humanité. Pour la première table ronde, Michel Vovelle, Claude Mazauric, Raymond Huard, Jean-Numa Ducange analyseront plus particulièrement la portée et les prolongements du travail historien de Jaurès sur la Révolution française. Avec les contributions de Rémy Cazals, Bruno Antonini, Alain Boscus, Jean-Paul Scot, la deuxième table ronde abordera les luttes sociales et syndicales, les mouvements populaires auxquels Jaurès participa comme acteur ou témoin et les perspectives révolutionnaires en son temps. Le débat public du soir permettra de réfléchir sur la modernité des idées de Jaurès et de ses combats pour comprendre le monde d’aujourd’hui et tenter ainsi de le changer. Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité, qui participe comme intervenant à cette soirée avec Paul Quilès, ancien ministre, et Stéphane Rozès, spécialiste de l’opinion, considère comme essentiel ce travail de réflexion. « À l’heure où le système capitaliste connaît une crise sans précédent dans son essence même, où la mondialisation est au service des seuls profits pour les nantis, où les va- t-en-guerre redoublent d’une dangereuse agitation, écrit-il dans une invitation au colloque de Toulouse, les idées et les combats pour l’émancipation humaine, la justice, la démocratie sociale et politique, la paix et le désarmement, pour la maîtrise collective des richesses, pour la laïcité et la culture, l’internationalisme, portés haut et fort par Jean Jaurès, apparaissent d’une brûlante actualité. » Non pas, poursuit-il, pour « être bêtement plaqués sur une réalité chamboulée en un siècle », mais comme « contribution fort utile à la réflexion de tous ceux qui refusent de se laisser tromper par une prétendue moralisation du système, qui ne se résignent pas et veulent agir pour un autre possible, pour des transformations profondes de la société, et la révolution postcapitaliste du XXIe siècle qui sera démocratique, sociale, écologique ». Alain Raynal http://www.humanite.fr/2009-04-14_Tribune-libre_Jaures-en-penseur-de-la-revolution

 

*) « Transformer le FMI de fond en comble » PAR SEBASTIEN FOURMY, DIRECTEUR DU PLAIDOYER POUR OXFAM FRANCE-AGIR ICI*

Pourquoi le G20 n’a pas touché aux privilèges des Etats du Nord ?

L’histoire ne relèvera probablement pas cette ironie. C’est à Londres que Margaret Thatcher martelait dans les années 1980 « qu’il n’y avait pas d’alternative » au recul de l’État, aux privatisations, à la déréglementation… Et c’est dans cette même ville que les pays riches ont admis leur responsabilité dans la crise actuelle et appelé à reconstruire le système financier international. Si l’on s’arrête à ce symbole, le G20 peut être vu comme une réussite. Lutte contre les paradis fiscaux, contrôle des banques et des fonds spéculatifs, réorganisation des institutions multilatérales… Après des années de sommets internationaux insipides, le fait que les pays du G20 tentent d’accorder leurs violons pour relancer l’économie mondiale et réguler la finance internationale est déjà une petite révolution en soi. Face à l’absence quasiment totale de règles multilatérales contraignantes, l’embryon de régulation internationale annoncé par le G20 ressemble à un succès. Mais, face à l’ampleur de la crise et à ses conséquences sur les populations aux conditions de vie précaires, au Nord comme au Sud, le G20 ne pouvait faire moins. Et comme toujours lors des sommets, ce ne sont pas les déclarations qui comptent, mais bien leur mise en oeuvre. Surtout, les mesures annoncées pour lutter contre les paradis fiscaux et le premier rôle donné au Fonds monétaire international (FMI) montrent que le chemin à parcourir est encore bien long pour assister à une véritable reprise en main de la finance et de l’économie mondialisée et à un rééquilibrage des rapports de forces internationaux en faveur des pays en développement. « L’ère du secret bancaire est derrière nous », ont ainsi affirmé en coeur les dirigeants du G20. Il a suffi d’un minimum de gages pour que plus aucun paradis fiscal ne figure sur la « liste noire » de l’OCDE. Le secret bancaire a encore de beaux jours devant lui : il ne peut être levé que si la fraude fiscale est prouvée. De fait, la nature des paradis fiscaux, avec leurs comptes anonymes, leurs millions de sociétés écran, empêche toute transparence. Le G20 doit soutenir le principe d’un échange d’information automatique au niveau multilatéral. D’ores et déjà, les pays du G20 pourraient exiger une complète transparence de la part de leurs multinationales et de leurs banques présentes dans ces territoires de non-droit, qui, pour la plupart, dépendent administrativement directement des pays riches. Sur les questions de coordination des plans de relance et de surveillance financière, les pays du G20 ont également tranché  : le FMI sera le superviseur international. Belle victoire pour cette institution, symbole du « consensus de Washington », qui n’a pas vu venir la crise, trop occupée à surveiller les pays les plus faibles, et dont les ressources financières pourraient être triplées. Avec des finances dans le rouge, elle était pourtant encore en train de couper dans ses effectifs en 2008. Les pays émergents se détournaient du Fonds ; même des pays pauvres parvenaient à prendre leurs distances vis-à-vis d’une institution qui exerçait une véritable tutelle sur eux. Avant de revenir sur le devant de la scène, le FMI aurait dû être réformé de fond en comble. Le FMI doit tout d’abord abandonner les conditionnalités d’ajustement structurel en contrepartie de l’accès à ses ressources. Ce n’est toujours pas le cas pour l’ensemble de ses prêts. Ensuite, la réforme du fonctionnement du FMI doit être immédiate et bien plus ambitieuse, en donnant aux pays en développement enfin une vraie place au sein de l’institution. Les dernières réformes entreprises pour renforcer la légitimité du FMI n’ont pas véritablement changé la donne. Pas question de toucher aux fondamentaux comme le droit de veto des États-Unis, ni de remettre en cause le pouvoir des Européens au conseil d’administration (8 sièges sur 24 pour les pays de l’Union européenne). La France y pèse plus que 43 pays d’Afrique subsaharienne, la Belgique plus que l’Inde et l’Italie à peine moins que la Chine… La mondialisation appelle des institutions internationales fortes et légitimes. Les petits arrangements entre amis doivent cesser. N’oublions pas que la crise est bien partie des pays riches et que ce sont aujourd’hui les pays émergents qui sont les créditeurs des pays du Nord. Les recommandations du G20 ne semblent pas avoir pris toute la mesure de ces faits. (*) Oxfam France-Agir ici est membre d’Oxfam International. http://www.humanite.fr/2009-04-11_Tribune-libre_Transformer-le-FMI-de-fond-en-comble

 

*) « Le monstre fou des boutiquiers du disque » PAR JEROME RELINGER, INGENIEUR DES TECHNIQUES AVANCEES, ANIMATEUR DU SECTEUR « REVOLUTIONS NUMERIQUES ET SOCIETE DE LA CONNAISSANCE » DU PCF.

Avec la loi dite Hadopi (Haute autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur Internet), le gouvernement tente d’imposer la « riposte graduée », c’est-à-dire le droit accordé aux industriels du divertissement de faire la police et de rendre la justice sur les réseaux numériques.

Voté au Sénat en mars, adopté dans la nuit du 2 avril par une Assemblé nationale déserte, le texte revenu après la commission mixte paritaire a finalement été recalé mercredi dernier grâce à une irruption surprise de députés de gauche, et face à une UMP mal à l’aise devant un texte que beaucoup jugent, y compris à droite, comme « la loi de trop ». Cela n’est qu’un incident de parcours, qui n’empêchera pas la loi d’être formellement adoptée. Les députés réexamineront le texte précédent ; il repassera en commission et sera réexaminé en séance publique, probablement le 28 avril. Toutefois, cette cacophonie, qui rappelle les péripéties de la précédente DADVSI (droit d’auteur et droits voisins dans la société de l’information), en dit long sur l’absurdité du projet. Quel est donc cet étrange objet législatif, unique au monde et qui a bien du mal à voir le jour ? Une autorité instaurée par le texte, l’Hadopi, agira sur dénonciation d’acteurs privés travaillant pour les industries du divertissement (syndicats professionnels, enquêteurs privés), chargés de traquer les internautes qui téléchargent. Elle enverra des courriers d’accusation menaçant les internautes de sanctions. En cas de « récidive », leur déconnexion d’Internet sera ordonnée, sans possibilité de se reconnecter pour une durée allant jusqu’à douze mois. Ce dispositif est propulsé par une obstination gouvernementale sans faille. Malgré l’impossibilité de la preuve : il est très facile d’usurper l’adresse IP (l’identité Internet) d’un autre. Malgré le caractère expéditif du jugement : face à une justice privée qui doit délivrer mille condamnations par jour, le condamné ne pourra pas contester la sanction. Malgré la non-conformité au droit européen (amendement 138 du paquet Télécom). Malgré l’échec total de la précédente loi DADVSI (voir l’Humanité des 20 décembre 2005, 3 février 2006 et 12 octobre 2007). Malgré un étonnant front de refus unissant Parlement européen, associations de consommateurs, députés de gauche, quelques parlementaires UMP rescapés du libre-arbitre, les acteurs économiques du logiciel libre, de très nombreux artistes, et bien sûr une majorité de l’opinion publique et notamment des 20 millions d’internautes concernés. Cette loi n’apporterait pas un centime de plus aux auteurs ou aux artistes. Elle ne ferait pas baisser le téléchargement non autorisé, ceux qui en sont à l’origine disposant de tous les moyens techniques de la contourner. Elle ne ferait pas acheter plus de disques aux internautes intimidés, ni n’augmenterait leur pouvoir d’achat. Elle serait facteur de frustration culturelle, techniquement inapplicable, légalement douteuse (comme le confirmera probablement le Conseil constitutionnel), économiquement inepte, socialement pénalisante par la menace de mort numérique qu’est la coupure de l’accès. Qu’est-ce qui motive donc ceux qui en sont à l’origine et la défendent coûte que coûte - majors musicales, industries du loisir, éditeurs de logiciels ? Avant tout sécuriser les fonctionnements archaïques d’une industrie culturelle remise en cause par la dématérialisation des supports, sans toucher à la rémunération a minima des artistes. En répétant mécaniquement que les téléchargements sans autorisation sont la cause de la baisse des ventes de disques et de films, les majors tentent de sauver un système où la moitié du prix payé par le consommateur est encore consacrée à la rémunération de la production de supports matériels ou de licences inutiles. Le téléchargement est tout simplement la réaction du corps social au constat de l’inutilité réelle de ces intermédiaires, seuls bénéficiaires d’une économie du racket construite au détriment du droit d’auteur, de l’abondance de l’offre et de la diminution des coûts d’accès. On croit mourir pour la création et on meurt pour les marges de Fnac et de Vivendi. M. Olivennes, à l’origine de la loi, n’a-t-il pas écrit dans son dernier livre*, « la culture est un objet de commerce » ? L’intérêt des artistes est en réalité le dernier souci des majors, qui se partagent, à quatre dans le monde, 75 % du marché de distribution de la musique et qui gonflent leurs marges par la diminution de la part reversée aux ayants droit : sur les 99 centimes du prix de vente d’un morceau d’une plate-forme commerciale en ligne, ceux-ci en touchent moins de 3 ! Seconde motivation de la loi, instaurer un climat d’insécurité juridique propice à la normalisation des contenus et des comportements. Peu importe que la loi Hadopi soit inapplicable et, à l’exception de quelques exemples éloquents livrés au 20 heures, serait certainement inappliquée. Elle créerait l’ombre du doute sur les pratiques quotidiennes et serait un puissant incitateur préférentiel au bénéfice des contenus dits « légaux ». Elle canaliserait ainsi l’acquisition de la culture et du savoir en maintenant à l’écart les contenus citoyens, les labels autoproduits, les encyclopédies collaboratives, les logiciels libres, les médias participatifs… Frappés de suspicion, il leur serait préféré la normalisation de la diffusion des contenus « approuvés ». L’intérêt néolibéral pour les affaires de l’esprit n’est pas seulement marchand. Désormais assaillis par le numérique et l’Internet, les majors et le gouvernement réagissent en cassant le thermomètre du téléchargement pour ne pas voir la fièvre, celle des différences radicales dans la façon de produire, distribuer, acquérir et partager les richesses numériques. Une occasion manquée de plus de légiférer, enfin, sur l’inéluctable révolution du droit d’auteur nécessaire pour garantir aujourd’hui l’intérêt collectif, celui du public comme celui des artistes. La véritable « crise » de l’industrie du disque est bien une crise de l’offre, et non de la demande, dont la responsabilité incombe à ceux qui refusent de partager les progrès de la révolution informationnelle. (*) La gratuité, c’est le vol, Grasset, 2007. http://www.humanite.fr/2009-04-11_Tribune-libre_Le-monde-fou-des-boutiquiers-du-disque

 

*) Emmanuel Levinas, philosophe de la signification comme rapport à l’autre

L’Un-pour-l’autre, Levinas et la signification, de Didier Franck. Éditions PUF, 2008, 290 pages, 27 euros. S’il s’est d’abord fait connaître, dans les années 1980, par deux essais consacrés à Husserl et à Heidegger, le philosophe Didier Franck mène depuis plus de dix ans un travail qui l’a progressivement conduit hors des limites de la seule phénoménologie. Après Nietzsche et l’ombre de Dieu, paru en 1998, et Heidegger et le christianisme, sorti en 2004, c’est du côté de l’oeuvre de Levinas qu’il poursuit son dialogue têtu et érudit avec une transcendance qu’il affronte textes en main comme l’objet persistant de la philosophie. Comment faut-il entendre le mot Dieu après sa double mort, en tant que Dieu moral chez Nietzsche et en tant qu’être, que substrat ontologique dans la critique de l’onto-théo-logie menée par les phénoménologues au début du XXe siècle ? C’est un des fils directeurs d’un ouvrage qui ne se veut pas une introduction à l’oeuvre philosophique, dans la mesure où le livre suppose une familiarité réelle avec les textes de Levinas, abondamment cités et mis en réseau. Mais cette problématique, qui renvoie dos à dos ontologie et théologie sans renoncer à penser ce qui les relie à travers l’idée d’un « être » tout à fait autre, n’épuise pas son contenu intellectuel et critique. Didier Franck interroge le rapport complexe que Levinas ne cesse d’approfondir entre trois notions fondamentales de la philosophie moderne : le sens, le discours et autrui. Reprenant et assumant le mouvement même de la pensée levinassienne, seule manière à ses yeux de répondre avec rigueur à des interrogations qu’il partage avec d’autres penseurs contemporains comme Jacques Derrida (qui fut l’un des premiers à prendre au sérieux Levinas dans les années 1960), il s’intéresse particulièrement à ce qu’il appelle « l’ambiguïté de la proposition ». Toute proposition est de fait prise et déchirée entre le « dire », en tant qu’acte et proposition faite à autrui, et le « dit », comme contenu et sens d’un discours sur l’être. La signification est donc par avance habitée et hantée par la figure, Levinas parle du « visage », de l’autre - dont on comprend qu’il porte la « trace de l’infini ». La parole se donne ainsi comme le vecteur par lequel le signe prend corps à la fois comme sens et comme communauté, soit ce par quoi s’ouvre pour chaque homme l’espace d’un « l’un-pour-l’autre » qui le relie à tous les autres hommes et, pour qui veut le croire, à ce qui « est » tout autre que les hommes.

Stéphane Floccari, philosophe http://www.humanite.fr/2009-04-11_Tribune-libre_Emmanuel-Levinas-philosophe-de-la-signification-comme

 

*) Flux et reflux de l’histoire américaine entre esprit de religion et esprit de laïcité

Politique et religion aux États-Unis, de Camille Froidevaux-Metterie. Éditions La Découverte, 2009, 126 pages, 9,50 euros.

L’auteure, politiste et enseignante à Sciences-Po, conteste la thèse selon laquelle les États-Unis seraient une théodémocratie, une démocratie ayant intégré la religion comme composante essentielle de la sphère publique. Par un retour rapide sur l’histoire et une étude juridique poussée, elle affirme que la république américaine repose toujours sur les deux grands principes laïques de garantie de la liberté religieuse et de neutralité de l’État à l’égard de toutes les religions. Certes, la constitution américaine reconnaît la liberté religieuse comme la première des libertés, mais le premier amendement de 1791 dit bien que « le Congrès ne fera aucune loi relativement à l’établissement d’une religion ou en interdisant le libre exercice ». Jefferson et les pères fondateurs des États-Unis ont voulu dresser un « mur de séparation » entre l’État fédéral et les religions relevant de choix personnels pour éviter de diviser la nouvelle nation. L’histoire américaine connut cependant des flux et reflux contradictoires de l’esprit de religion et l’esprit de laïcité. La séparation est restée lettre morte dans nombre d’États fédérés jusqu’en 1947. Néanmoins, face à la croyance très répandue de l’élection par Dieu du peuple américain, la Cour suprême réussit à maintenir la législation séparatiste et même à consolider le dispositif laïque dans les années 1960. Mais, depuis 1985, des acquis de la laïcité ont été remis en cause sous la pression des groupes protestants fondamentalistes. Au nom de l’égalité de traitement entre croyants et non-croyants et de la nécessaire prise en compte des besoins religieux des citoyens par les autorités civiles, les juges suprêmes ont légitimé des « accommodements raisonnables » et des aides publiques aux groupes religieux. Les mouvements « pro-life » ont même prétendu placer la société sous les prescriptions de la loi divine. Cependant, si des brèches ont été ouvertes dans le « mur de séparation », l’administration Bush n’a pas réussi à traduire dans la loi sa politique « basée sur la foi ». La société américaine a continué à se séculariser et à se libéraliser. La spécificité des États-Unis réside en effet dans la religion civile. Si l’État et les églises y sont séparés, la politique et la religion ne le sont pas. S’il n’y a pas de religion de la République, il y a de la religion dans la République. Depuis 1956, la devise officielle est In God we Trust et les discours politiques multiplient les références religieuses. La plupart des Américains opèrent sans conflit une surprenante synthèse entre l’esprit de religion et l’esprit de laïcité ; ils partagent une religiosité oecuménique exaltant la nouvelle nation élue de Dieu et un nationalisme messianique en adhérant plus ou moins à une destinée commune. En fait, si les Américains n’ont pas été anticléricaux, ils ne sont pas encore laïques : aujourd’hui, 95 % d’entre eux croient en Dieu et seuls 52 % refusent les interventions politiques des églises. Jean-Paul Scot, historien http://www.humanite.fr/2009-04-11_Tribune-libre_Flux-et-reflux-de-l-histoire-americaine-entre-esprit-de

 

*) « Notre santé, grand enjeu pour les européennes » PAR CATHERINE MILLS, ECONOMISTE, DR FABIEN COHEN, CHIRURGIEN-DENTISTE DE SANTE PUBLIQUE, RESPONSABLE SANTE PCF ILE-DE-FRANCE, JEAN-LUC GIBELIN, DIRECTEUR D’HOPITAL, RESPONSABLE NATIONAL SANTE PCF

Quelle alternative à la marchandisation des services sociaux ?

L’accélération des réformes libérales dans l’UE plonge l’hôpital public et les systèmes de santé dans la crise. Pour les élections européennes, le choix est clair : inscrire durablement la doctrine libérale, responsable des effondrements actuels et de l’exacerbation de la crise systémique, ou rompre avec cette logique en construisant l’alternative. La loi Bachelot, hôpital, patients, santé, territoires, vise l’intégration de la santé dans la mondialisation libérale. Les luttes en France pour défendre la Sécurité sociale, l’hôpital public, les services publics et l’accès de tous à la santé ne sont pas un phénomène isolé en Europe. Pourtant la Commission européenne considère que le programme de Lisbonne apporte « des réponses appropriées à la crise économique et financière actuelle », « en modernisant les marchés du travail et les systèmes de protection sociale », « en renforçant la politique de concurrence », et souhaite « la mise en oeuvre complète et dans les délais de la directive sur les services ». Or celle-ci vise la soumission des services de santé aux lois du marché capitaliste, avec des entreprises de santé appliquant la législation sociale du pays d’origine du salarié pour faciliter le dumping social et fiscal. Ainsi la Générale de santé qui gère 147 cliniques en France, dépendant de capitaux italiens, profitant de la Sécurité sociale française, pourrait délocaliser son siège en Pologne et prospérer sur tous les tableaux ! Les réformes des systèmes de santé dans l’UE visent la marchandisation, la mise en concurrence et la privatisation des services. Le marché de la santé a été évalué à 3 500 milliards de dollars par an. Les réformes de l’hôpital en cours tendent à transférer sur le privé les activités rentables. Les recherches coûteuses seront concentrées dans les pôles d’excellence. Les populations non solvables devront se contenter de soins au rabais. Roselyne Bachelot déclare imprégner « la politique de santé française d’une couleur européenne ». Son Europe est celle du traité constitutionnel européen (TCE), repris en 2008 dans le traité de Lisbonne, où la santé reste subordonnée à une logique économique libérale dans « un marché intérieur où la concurrence est libre et non faussée ». Une UE qui rationne l’offre publique, réduit le nombre de personnels hospitaliers et offre de nouveaux secteurs rentables aux capitaux privés. Leur Europe, c’est celle du capital, elle refuse le droit à la protection sociale. Elle prétend « reconnaître et respecter le droit d’accès aux prestations de Sécurité sociale et aux services sociaux » sans préciser si on y accède par un système solidaire et public ou un prestataire assurantiel privé. Nous sommes loin du droit à la protection sociale de la Constitution française (article 11 du préambule) et en deçà de la Déclaration universelle des droits de l’homme (article 25) qui affirme que toute personne « a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance à la suite de circonstances indépendantes de sa volonté ». L’Europe libérale abandonne la notion de service public pour celle « de service d’intérêt général » dont les missions peuvent être assumées par des opérateurs privés, entérinant la primauté de l’objectif de rentabilité financière sur celui d’utilité sociale. De Maastricht jusqu’au nouveau traité de Lisbonne, bloqué par les Irlandais, le rationnement comptable des dépenses publiques devient la règle, contraignant les États, dans leur recherche de financement, à se tourner vers les marchés financiers. C’est la Banque centrale européenne (BCE) qui régit la politique monétariste de l’Union, tandis que le Conseil et la Commission surveillent la réduction des déficits publics, donc des dépenses publiques et sociales par les États. Cette Europe nous éloigne du progrès social, elle installe l’Europe des patrons et de la rentabilité financière, responsables de l’explosion de la crise financière et de la déflation des salaires et des dépenses publiques et sociales comme de l’enfoncement dans la récession ! L’Union européenne préconise une gouvernance technocratique de l’hôpital et du système de santé au détriment des syndicats, des médecins et des acteurs sociaux comme des instances élues. Ainsi les conseils d’administration des hôpitaux verront leur rôle limité tandis que les décisions seront prises par des commissions nommées par le pouvoir, comme dans la loi Bachelot. La campagne des élections européennes doit permettre d’amplifier le rassemblement pour le retrait de cette loi, et d’oeuvrer à une politique sociale européenne alternative favorable aux peuples d’Europe et non aux multinationales. Une politique de santé alternative en Europe comme en France exigerait à l’hôpital, comme dans tous les services sociaux, de substituer à la logique marchande la logique de la personne. La charte de Barcelone sur la précarité et la santé, exigeant un travail digne pour tous, peut constituer un point d’appui vers la construction d’une sécurité d’emploi et de formation au lieu de la flexisécurité ; d’autres indicateurs de santé devraient être intégrés comme la lutte contre la pollution, contre les inégalités de santé ou pour de meilleures conditions de logement pour tous. Un droit explicite à la Sécurité sociale solidaire doit être reconnu. Son développement, en dynamique du financement, doit être garanti, alors que sa fiscalisation conduit à rationner les financements tout en les reportant sur les ménages. Le principe de l’accès gratuit et précoce aux soins, pour tous, le développement de la prévention, de la coordination des soins devraient être promus. La convergence des luttes pourrait oeuvrer à des réformes de progrès afin de développer l’efficacité sociale des systèmes de santé. Cela exigerait notamment la création d’un pôle public européen du médicament. (*) En Île-de-France, Patrick Le Hyaric et le Front de gauche proposent le 11 mai à Paris, un débat public « Santé, protection sociale et Europe », avec notamment Rosemay Rousseau, dirigeante syndicale de l’APHP, Kartika Liotard, député européen des Pays-Bas, François Autain, sénateur, … http://www.humanite.fr/2009-04-10_Tribune-libre_Notre-sante-grand-enjeu-pour-les-europeennes

 

*) « Denise Hamouri, Quel joli nom : humanité ! » MERE DU FRANCO-PALESTINIEN SALAH HAMOURI, EMPRISONNE ILLEGALEMENT EN ISRAËL, ET DONT L’HUMANITE EXIGE LA LIBERATION.

On comprendra que je tienne aujourd’hui, et en tout premier lieu, à remercier, en mon nom mais aussi au nom de toute ma famille et de Salah qui est informé de tout, le journal l’Humanité dans son ensemble. Nous remercions ses reporters, en particulier Pierre Barbancey, et son directeur, Patrick Le Hyaric, qui m’a fait l’honneur et l’infini plaisir de m’inviter à la dernière Fête de l’Humanité où je l’ai rencontré et où il m’a donné la chance de parler sur la scène centrale le dimanche après-midi. Merci Patrick, permettez-moi de vous appeler par votre prénom ! Je sais tout ce que vous faites pour mon fils qui n’a qu’une hâte au sortir de son calvaire : venir lui aussi à la Fête remercier toutes celles et tous ceux qui le soutiennent ! Merci pour ce que vous réalisez, avec ce journal qui porte si bien son nom, pour les prisonniers palestiniens, pour Marwan Barghouti, mais aussi pour votre engagement pour la cause palestinienne. Mes voeux sincères et mon soutien vous accompagnent dans vos entreprises. Mes remerciements s’adressent également à toutes celles et tous ceux qui se sont mobilisés, venant de tous les horizons, pour Salah et qui depuis le début ne lâchent pas prise et multiplient les initiatives. Je pense ici au Comité national de soutien à Salah Hamouri, qui mène un combat obstiné que je tiens à saluer. Quel réconfort pour notre famille que de recevoir, jour après jour, des courriels qui m’annoncent telle ou telle initiative. Par exemple l’envoi de cartes postales anniversaire à Salah où, en prison, il aura vingt-quatre ans le 25 avril prochain. Par exemple encore, dans mon « pays » de Bourg-en-Bresse où ce sont 600 personnes de cette ville, de toutes les couleurs politiques, qui se sont déjà regroupées pour Salah. Ce soutien qui fait chaud au coeur est plus nécessaire que jamais. Car aujourd’hui, en plus de l’attitude tiède et souvent méprisante des autorités françaises, c’est maintenant en Israël la droite extrême qui domine. Ses volontés ne font aucun doute quant à la Palestine et la paix. Ils ne veulent ni de l’une ni de l’autre. Le rabbin Yossef Ovadia, du parti Shass, est dans ce mouvement, il coule des jours heureux. Mon fils ne lui a rien fait tandis que lui a pu dire, sans que cela ne lui soit reproché, que « les Arabes étaient des vipères qu’il fallait exterminer à coups de missiles ». Ce combat qui passe par un incontournable : briser le mur du silence, un mur de plus, qui entoure le sort de mon fils. Ce mur est comme sa seconde prison. Ensemble nous le ferons tomber ! J’ai confiance. Et j’en suis sûre : Salah viendra vous remercier en personne à la prochaine Fête de l’Huma ! http://www.humanite.fr/2009-04-10_Tribune-libre_Denise-Hamouri-Quel-joli-nom-humanite

 

*) « Bouteflika, dix années après… » PAR MOHAMED BENRABAH, UNIVERSITAIRE, PROFESSEUR A L’UNIVERSITE GRENOBLE-III (*).

Bouteflika arrachera-t-il l’Algérie à son enfermement ? C’est la question que nous posions il y a moins de dix ans (1). À l’heure d’un scrutin présidentiel sans surprise, revenons sur cette interrogation.

Bouteflika est devenu président en 1999. Si les islamistes ont rendu les armes bien avant son accession au pouvoir, la violence a bien diminué durant son règne, sans disparaître complètement. Il a pu écarter les généraux ombrageux pour les remplacer par des militaires moins portés sur la chose politique, mais dont le goût pour les affaires reste intact chez la plupart. Après des décennies de dirigisme, il accélère la transition vers l’économie de marché dont l’Algérien ne connaît aujourd’hui que le bazar et la vie chère. Avec la hausse des recettes pétrolières, le président rembourse la dette extérieure du pays mais la corruption explose : selon Transparency International, l’Algérie appartient au groupe des pays les plus corrompus du monde. La rue algérienne s’amuse ainsi de cette situation : « Celui qui, dit-on, n’a pas étudié du temps de Boumediene (années 1960-1970) n’étudiera jamais, et celui qui ne s’est pas enrichi du temps de Bouteflika ne s’enrichira jamais. » Cette boutade rappelle aussi que Bouteflika n’a pas arraché à l’enfermement le système éducatif qui nous renseigne sur la santé intellectuelle de la société algérienne. Sous la pression de l’étranger, conscient de l’intégrisme que ce système produit et exporte, le président décide de le réformer. Les nationalistes-islamistes, tout-puissants dans l’Éducation nationale, refusent d’être dépossédés de leur fonds de commerce. Bouteflika fait marche arrière pour s’allier ce courant, préparer son deuxième mandat de 2004, modifier la Constitution et briguer un troisième mandat, voire une immunité à vie. C’est chose faite : il y est presque… Au départ, en 1999, le discours du président surprend : contre l’identité monocolore arabo-musulmane, il déclare « notre culture est plurielle » ; il admet la dimension francophone de l’Algérie et parle français en public au mépris d’une loi qui interdit de telles pratiques ; il « réhabilite des mémoires » (harkis, juifs de Constantine, saint Augustin) et déclare : « Le chauvinisme et le repli sur soi ne sont plus de mise. Ils sont stériles. Ils sont destructeurs. » Mais son discours n’est pas fondateur : dès qu’il s’agit de prendre des décisions importantes qui engagent l’avenir du pays, il préfère l’immobilisme. En voici quelques signes dans le désordre : l’école algérienne demeure inchangée, le coffre-fort du pays reste le pétrole, la corruption ne recule pas, le clanisme se porte bien, la frontière avec le Maroc reste fermée, chômage et mal-vivre accablent la majorité alors que les caisses de l’État sont pleines, la justice harcèle les convertis au christianisme et les journalistes critiques, etc. Deux années après sa réélection en 2004, Bouteflika désigne comme premier ministre un nationaliste-islamiste pour renouer avec l’autoritarisme et le nationalisme exclusif. Désormais, la religion occupe presque tous les espaces et, chose inédite, des imams se réunissent dans certaines régions du pays pour dresser la liste des débauchés - ceux qui refusent le suivisme ou se déclarent athées, par exemple. Lors des prêches du vendredi, ces derniers sont désignés à la vindicte populaire par ces imams inquisiteurs. C’est dans cette atmosphère qu’est apparu en 2006, le phénomène « harraga », des desperados qui traversent la Méditerranée à bord d’embarcations de fortune pour rejoindre l’Europe. Chaque année, près d’une vingtaine de harraga trouvent la mort en mer (chiffres officiels). Le slogan de ces désespérés est : « Vaut mieux être dévoré par les poissons que par les vers de terre. » Ils disent à un journaliste : « Pour nous, l’espoir est ailleurs qu’ici, seule la mort nous en dissuadera. » Lorsque ce même journaliste leur demande pourquoi ils ne votent pas pour élire des représentants capables de résoudre leurs problèmes, ils répondent : « Voter ? ? ! Plutôt mourir au fond de l’océan ! On se sent plus citoyen en prenant le large qu’en allant voter ! » D’ailleurs, ce qui obsède aujourd’hui Boutefilka, ce n’est pas tant sa réélection, puisqu’elle est acquise, mais plutôt le taux de participation.

En définitive, après dix années, Bouteflika n’a pas arraché l’Algérie à son enfermement. Il est surtout resté fidèle à lui-même : ce scrutin n’est là que pour sauver le régime dont la nature reste inchangée et pour répondre au souci obsessionnel de durer qu’il partage avec d’autres dirigeants du tiers-monde.

(*) Dernier ouvrage à paraître : Devenir langue dominante mondiale. Un défi pour l’arabe, éditions Droz, 2009. (1) Libération, 13 septembre 1999.

http://www.humanite.fr/2009-04-09_Tribune-libre_Bouteflika-dix-annees-apres

 

*) « Du scandale de l’affaire Pérol au discrédit du projet coopératif » PAR JACK POTAVIN, DELEGUE DU GROUPEMENT DES ASSOCIATIONS DE L’ECONOMIE SOCIALE, ET JEAN-PIERRE MILESY, DELEGUE DE RENCONTRES SOCIALES.

Après le regroupement Caisse d’"Epargne - Banques populaires

L’« affaire Pérol » a fait la une de l’actualité. Il est scandaleux de voir cette personne, qui en tant que dirigeant de la banque Rothschild a participé à la mise en place de Natexis pour le compte des Caisses d’épargne et des Banques populaires, qui a ordonné depuis son poste de secrétaire général adjoint de l’Élysée ce regroupement bancaire, se retrouver à la tête de ce nouvel ensemble. Le montant faramineux des émoluments perçus lors de la création de Natexis, révélé par Médiapart, ne fait qu’ajouter au scandale. Mais l’affaire Pérol, comme l’écrivait Jean-Marc Salmon (1), est « l’arbre qui cache la forêt ». C’est en fait le regroupement autoritaire à partir des conceptions libérales de gestion, voulu à l’Élysée et accepté par leurs présidents, de deux banques au statut coopératif qui, piétinant les principes coopératifs de l’économie sociale, pose un problème majeur. Les Caisses d’épargne, longtemps établissements financiers au statut particulier, ne se sont constituées comme « banque coopérative » que « par décret » il y a une dizaine d’années. Mais les caisses locales sont en principes régies par la première des « lois » coopératives : la gestion démocratique selon la règle « une personne, une voix ». Il en est de même, toujours en principe, pour les Banques populaires. La fusion a visiblement été organisée à partir des structures de tête de ces banques dont le caractère coopératif est plus difficile à définir. Au sein de ces structures « états-majors », les sociétaires ont peu à voir, leurs possibilités d’interventions sont quasi inexistantes. Pourtant c’est dans ces lieux et en leurs noms que se prennent les décisions stratégiques les concernant. Mais cette fois-ci, il n’y aura même pas eu un simulacre de consultation des instances de base : sept millions de sociétaires ont été méprisés. Ce jeu de Monopoly capitaliste, favorisé par l’Élysée, jette un discrédit sur l’image des banques coopératives et de l’économie sociale en général. Comme l’écrivait Jean-Claude Detilleux, président du groupe Crédit coopératif, à propos de la crise des deux banques regroupées (2), « la crise ne remet pas en cause les principes coopératifs, mais leur non-application, ou leurs applications insuffisantes… » Il précise : « C’est la raison pour laquelle à l’heure du bilan des opérations en cours je dis aux banques coopératives : restons sur nos fondamentaux, ou revenons-y !… Il faut résister à l’idée reçue selon laquelle plus on est gros, plus on serait solide, et aux tentations centralisatrices françaises. » Il appelle à « travailler à l’actualisation et à l’approfondissement du projet coopératif dans les structures de groupe vraiment coopératives ». Nous partageons ce point de vue. Militants de l’économie sociale, nous considérons que son existence est conditionnée par la poursuite de projets émancipateurs pour l’homme et transformateurs pour la société. C’est dans ce contexte que l’affaire Caisse d’épargne - Banques populaires doit être considérée avec gravité : elle interpelle tous les acteurs du secteur. La constitution de Natexis, organisée par Pérol et les présidents Milhaud et Dupont, a signé la dénaturation du projet coopératif. Cette création inscrit les banques coopératives universelles dans le jeu insensé de la financiarisation et de la prédation, elle a conduit à la crise actuelle. Autant que les pertes de Natexis, c’est la nature même de ses activités qu’il faut critiquer. Cette banque d’affaires participait à des fonds spéculatifs dont la seule préoccupation était la spéculation pour la maximalisation du profit de court terme au détriment des entrepreneurs et des salariés. À l’heure où se mettent en oeuvre d’importants regroupements entre entreprises de l’économie sociale, les principes énoncés par le président Detilleux sont d’une brûlante actualité. L’association des sociétaires à tous les niveaux, l’exercice effectif de la démocratie coopérative, mutualiste ou associative sont non seulement une question de principe, mais aussi une condition d’efficacité économique et sociale et donc de réussite. Les dirigeants des trois grands groupes d’assurances mutuelles MACIF, MAIF, et MATMUT viennent d’engager un tel processus et prévoient une forte implication des sociétaires dans cette démarche. Compte tenu de l’importance des enjeux, une grande attention sera portée à cet engagement. Plus généralement, les instances des entreprises de l’économie sociale ne doivent pas placer les sociétaires devant le fait accompli, par la pratique d’une démocratie au mieux censitaire, mais doivent désormais, avec les moyens que leur offrent les évolutions technologiques, donner aux sociétaires les outils leur permettant d’être les réels acteurs de leur avenir. C’est en ignorant cette « vérité » fondamentale que les dirigeants des deux grandes banques ont failli et ont été amenés à cette dénaturation des structures dont ils avaient la responsabilité. La gouvernance libérale ne peut être la solution d’avenir pour l’économie sociale. L’expérience est amère pour tous ceux qui, au sein des caisses locales de ces deux banques, portent encore des valeurs et un projet coopératif. Elle doit être assimilée par tous ceux qui, au sein de l’économie sociale, refusent le primat de la dictature des actionnaires et de l’obsession des dividendes et veulent faire valoir une gestion démocratique et de réel partage des richesses entre sociétaires, salariés et investissement responsable. (1) Dans Libération. (2) Dans le Monde.

http://www.humanite.fr/2009-04-09_Tribune-libre_Du-scandale-de-l-affaire-Perol-au-discredit-du-projet

 

*) « À l’écoute des territoires et de ceux qui les font vivre » PAR GABRIEL MASSOU, CONSEILLER REGIONAL D’ÎLE-DE-FRANCE, PRESIDENT DU GROUPE COMMUNISTE ALTERNATIVE CITOYENNE REPUBLICAIN ET PARTI DE GAUCHE.

Le débat politique sur l’aménagement de la région Ile-de-France

Après le travail collectif produit pour élaborer le schéma régional de développement économique (SRDE) et le schéma directeur de la région Île-de-France (SDRIF), l’approche des dix équipes d’architectes sur le devenir de la métropole parisienne de l’après-Kyoto complète utilement ce travail, le bouscule et séduit par l’originalité et la qualité des idées. Il est question de valeurs, de sens, de projets régionaux, de visions globales, de la vie dans les quartiers, de la diversité des populations, de développement durable, de crise climatique. En un mot, un discours très politique pour un résultat qui marie projets concrets et rêve. Les questions du développement urbain, de l’aménagement de notre territoire doivent entrer en force dans le débat politique. Les travaux des architectes y participent. Je m’en félicite.

Si les questions posées sont politiques, inévitablement elles s’imposeront dans l’affrontement entre la gauche et la droite, elles deviendront de plus en plus lisibles dans la confrontation entre une autre logique de développement, que nous portons, et les forces qui s’inscrivent dans le cadre capitaliste indépassable. La droite ne s’y trompe pas. Le 7 avril, à Vincennes, pas moins de dix ministres pour lancer les assises de l’Association des maires d’Île-de-France. Annonce d’une inauguration très médiatisée, le 29 avril, de l’exposition présentant les travaux des architectes par le président de la République lui-même ! L’offensive est totale, globale, et tous les moyens seront utilisés. L’enjeu est de taille. Le capitalisme en crise cherche les moyens de relancer sa domination. Les États sont au coeur du dispositif : plus d’intervention pour mettre tous les moyens : finances, hôpitaux, justice, université, recherche, transports, territoires et individus au service des logiques privées et spéculatives. Le projet du gouvernement pour l’Île-de-France n’est lisible que dans cette recherche de cohérence globale. Création d’établissements publics, dotés de tous les pouvoirs, sur les territoires « porteurs » permettant aux logiques de rentabilités capitalistes de se déployer sans entrave, laissant aux collectivités le soin de s’occuper des territoires délaissés. Création d’un établissement public spécifique aux infrastructures de transports desservant ces territoires, laissant le réseau du « peuple » au Syndicat des transports d’Île-de-France et permettant une entrée en force du privé via les partenariats public-privé. Sous une apparence d’intervention publique forte, ces choix sont cohérents avec ceux de ce gouvernement dans tous les domaines : se servir de la puissance publique pour dégager le maximum de terrain aux appétits privés. C’est cette logique qui est à l’origine de la crise. C’est une autre logique qui est à l’ordre du jour ici et dans le monde. Nous refusons un développement « inégal » se résignant à la constitution de territoires ghettos, les pôles d’excellence technologique et résidentielle côtoyant des zones de relégation sociale et de sous-emploi. Une telle conception n’est plus tenable. Elle laisse de côté une grande partie du potentiel de créations d’emplois et de richesses de la région. Elle a un coût élevé, y compris pour les acteurs « performants ». Elle s’est retournée définitivement contre la croissance. Nous portons d’autres choix, d’autres logiques économiques, universitaires, sociales et écologiques, plus ambitieux pour le devenir de notre territoire car solidaires de tous nos territoires, de toutes les populations. La chance de notre région c’est que toutes ses filières, transports et mobilité (dont automobile, transports collectifs, et aéronautique et spatiale), optique et systèmes complexes, sciences de la vie (dont biotechnologies et santé), industries de la création (dont image et multimédia, mode, design, métiers d’art et industries culturelles), éco-industries, services à la personne, services financiers, tourisme et loisirs (dont hôtellerie et restauration), agroalimentaire, s’engagent sur tout le territoire dans un nouveau type de croissance. Conjuguer ambition économique, justice sociale, enjeux environnementaux et nouveaux pouvoirs des salariés et citoyens constitue le défi que nous relevons pour un projet partagé d’aménagement et de développement. Car le coeur du débat est là. Le potentiel de notre région, c’est la mise en mouvement de toutes ses énergies, capacités, intelligences, de tous ses territoires avec leur identité, leur histoire, leur force dans le respect des populations et des élus. Toute volonté, sous prétexte d’efficacité, d’éloigner les lieux de décisions des populations, de remettre en cause la richesse que représentent les milliers d’élus en Île-de-France est réactionnaire. De ce point de vue, les propositions du comité Balladur pour l’Île-de-France vont totalement à l’encontre des besoins actuels. L’aspiration des territoires au « tous ensemble » pour penser leur devenir commun, pour créer des activités utiles, pour se former, pour partager les richesses, pour permettre à tous de répondre aux attentes des populations, est révélée par toutes les enquêtes d’opinion. L’heure n’est pas à la construction de nouveaux murs, fussent-ils institutionnels, mais au contraire à rendre nos territoires, tous nos territoires, à ceux qui les font vivre : les populations et leurs élus. L’heure est à un vaste débat démocratique pour qu’ensemble, population, élus, experts, nous mettions l’avenir de l’Île-de-France, l’avenir de la métropole parisienne au coeur du débat politique. Si de la région Île-de-France à Paris, aux départements, communes, intercommunalités et lieux de travail nous en avons la volonté, je suis certain que nous pouvons engager un mouvement de résistance porteur d’enthousiasme, d’engagement, pour changer la vie des habitants ici et maintenant. Un mouvement porteur d’espérances pour les générations futures. http://www.humanite.fr/2009-04-09_Tribune-libre_A-l-ecoute-des-territoires-et-de-ceux-qui-les-font-vivre

 

*) « Le 1er Mai, principe d’espoir et d’action » PAR DANIELLE TARTAKOWSKY, PROFESSEURE D’HISTOIRE CONTEMPORAINE A L’UNIVERSITE DE PARIS-VIII (*).

Le 30 mars, toutes les organisations syndicales (1) ont décidé de donner suite aux puissantes journées de grèves et manifestations des 19 janvier et 19 mars en lançant un appel à manifester ensemble le 1er mai prochain. Le choix d’une telle date est de nature à permettre à ceux pour qui la grève est difficile de se joindre au mouvement. Il est propre à élargir la mobilisation en diversifiant son assise. À telle fin, il convient de faire en sorte que « ce 1er mai ne soit pas banal » déclare Bernard Thibault, qui suggère de travailler son « caractère familial » pour en faire une « mobilisation familiale et intergénérationnelle ».

Le 1er Mai, cette fête dont l’historien britannique Eric Hobsbawm écrit qu’elle est seule à « ne rien commémorer pour ne parler que du futur », s’est affirmé de façon constitutive, en 1890, comme un mythe social de libération collective. Il s’est imposé pour un principe d’espoir, porteur d’une vision du devenir et du monde à laquelle se sont longtemps identifiées la classe ouvrière et la CGT. Il s’est ainsi chargé d’un caractère identitaire marqué qui lui valut longtemps d’être tenu à distance par celles des confédérations ouvrières qui étaient étrangères à cette histoire ou à son héritage, contribuant à expliquer que celles qui, majoritairement, s’en réclament aujourd’hui préfèrent, du moins souvent, déployer à sa faveur des cortèges identitaires spécifiés, propres à construire et affirmer leur propre image. Que le 1er Mai s’organise en ordre dispersé, y compris dans des phases d’unité d’action telles qu’advenues, par exemple, après l’accord CGT-CFDT de janvier 1966, au risque d’apparaître parfois pour un « miroir grossissant de la désunion syndicale », est dès lors moins paradoxal qu’il n’y pourrait paraître. L’unité prévaut aisément à l’échelle locale, dès lors que des syndicats d’obédiences diverses sont engagés dans un conflit d’ampleur, pour la sauvegarde de l’emploi en premier lieu. Jusqu’à ce jour, elle s’est révélée plus exceptionnelle à l’échelon confédéral et, quand elle advenait, limitée dans son assise, ainsi que souvent surdéterminée par la conjoncture politique. Les années 1973-1979, qui se confondent peu ou prou avec la séquence du programme commun de gouvernement, ont ainsi été marquées par des cortèges de 1er Mai unitaires à l’appel de la CGT et de la CFDT qui s’interrompirent ensuite pour longtemps. En 1995, 1996 et bien sûr en 2002, c’est l’appropriation du 1er Mai par le Front national et la volonté de contre-attaque face à Le Pen qui ont suscité d’autres 1ers Mai unitaires, de plus large assise. Le front commun réalisé en vue du prochain 1er Mai est de nature singulièrement différente. L’assise de l’unité est sans précédent dès lors qu’elle intègre la CFTC, qui n’avait jusqu’alors jamais fait cortège commun avec d’autres syndicats en pareille circonstance, pas même en 2002, et la CFE-CGC, qui ne manifeste jamais à cette occasion. De surcroît, et à la différence de ce qui s’est passé depuis plus d’une décennie, l’unité ne s’opère pas sur une base politique défensive, mais au nom des principes convergents de riposte à la crise énoncés le 5 janvier par les huit confédérations et fédérations. Pour préparer ce « nouveau temps fort de mobilisation » destiné à « peser sur le gouvernement et le patronat », celles-ci ont convenu de « faire du mois d’avril un mois de mobilisations ponctué d’initiatives visant à soutenir les actions engagées et à organiser les solidarités ». Dans la continuité de la stratégie déployée depuis début janvier, il s’agit donc de prendre appui sur la conflictualité grandissante qui contraint le pouvoir à la défensive pour amplifier l’importance des journées d’action qui scandent le mouvement. Ces journées qui participent à la construction de la convergence sur la base des principes adoptés le 5 janvier permettent à chacun de prendre la mesure du mouvement et libèrent, par là même, les énergies locales face aux suppressions d’emploi, menaces sur les garanties collectives et atteintes aux services publics. En renforçant, à leur tour, la combativité dont elles se nourrissent. Le 1er mai, journée de lutte et de solidarité internationale, constitue, dans ce cadre, un atout supplémentaire, autorisant l’affirmation d’aspirations convergentes face à la crise à l’échelle européenne et au-delà. L’imaginaire social et la puissance d’évocation dont il demeure chargé peuvent de surcroît lui permettre de distiller un parfum de mai, chargé de rêve et, par là, propre à faire mouvement. (*) Auteure notamment de la Part du rêve. Histoire du 1er Mai en France (éditions Hachette, 2005). (1) La CFDT, la CFTC, la CFE-CGC, la CGT, FO, la FSU, Solidaires et l’UNSA.

http://www.humanite.fr/2009-04-09_Tribune-libre_Le-1er-Mai-principe-d-espoir-et-d-action

 

*) Revues sous camisole : « Le Mouvement Social No 226 »

Revue le Mouvement social, n° 226, janvier-mars 2009, 144 pages, 16 euros.

Trois dossiers ordonnent la livraison de cet hiver de la revue le Mouvement social.Le classement des revues de sciences sociales en Europe, sujet d’apparence plus qu’aride, mais qui recouvre des enjeux d’importance pour la pérennité de ces vecteurs précieux pour « l’animation des champs intellectuels », la connaissance et l’évaluation de la production des auteurs. Des normes de recensement, voire de classement, dépendent les aides publiques, la domination exclusive ou non de la langue anglaise, ainsi que des « camisoles invisibles » sur les auteurs. Éclairé par une étude de Patrick Fridenson, le sujet comprend aussi une déclaration du comité éditorial de la revue. Il plaide pour l’établissement d’une liste unique des publications reconnues comme scientifiques en Europe, à l’exclusion de tout classement. Un regard vers l’actualité de l’Amérique latine, avec une étude de Valentine Gauchaud-Mayaud, mise en perspectives des relations à Cuba entre le régime et le renouveau chrétien, ainsi qu’une contribution de Carlos Rafael Rea Rodriguez sur les mobilisations au Mexique contre la crise d’endettement. Un troisième ensemble, Jeux d’usines, traite du sport entre patronat et organisations ouvrières, à travers l’exemple du Creusot et de Montceau-les-Mines (1879-1939), par Karen Bretin-Maffuiletti, tandis que Nicolas Hatzfeld, Gwenaëlle Rot et Alain Michel signent une étude sur l’irruption de l’ouvrier dans le cinéma documentaire. À remarquer, la qualité des nombreuses notes de lecture. Nicolas Devers-Dreyfus

http://www.humanite.fr/2009-04-08_Tribune-libre_Revues-sous-camisole

 

*) LA CHRONIQUE DE CYNTHIA FLEURY : « Alter(s) ego »

Le mur du sang est franchi… Désormais, il est possible de modifier génétiquement le sang et de réenchanter notamment les perspectives des transfusionnés qui présentent un phénotype Kidd négatif. Certes, les maladies neurodégénératives - Alzheimer, Parkinson - forment toujours les défis immenses de demain, mais chaque jour l’homme progresse dans sa quête d’éternité et de santé infinie. Le post-humain comme nouvel horizon de la métaphysique ? Dans son dernier ouvrage (1), Jean-Michel Besnier, professeur de philosophie à l’université Paris-IV-Sorbonne, s’interroge très simplement et intelligemment sur cette honte toute humaine de n’être qu’un homme. Nous voilà à l’aube de la version dite 2.0 du corps humain, celle-là même qui nous transformera en cyborgs aux émotions - espérons-le - plus développées que celle d’un Terminator. « Le scénario en est à présent tout tracé : nous aurons d’abord les moyens de transformer radicalement nos corps, grâce à des milliards de nanorobots qui circuleront dans notre sang, dans nos organes, dans notre cerveau. Ces nanorobots détruiront les agents pathogènes, corrigeront les erreurs de notre ADN, élimeront les toxines et effectueront toutes sortes d’autres tâches pour améliorer notre bien-être physique - Ray Kurzweil ». Alors bien sûr, les questionnements éthiques et symboliques sont immenses. « Le scandale, poursuit l’auteur, du posthumanisme survient lorsque s’impose l’idée que la transformation du corps, autorisée par la puissance biotechnique, risque de transformer l’esprit dans des proportions que l’éducation seule n’a jamais pu imaginer, ce, de manière irréversible. » Les technophiles apprécieront cette tendance quelque peu anxiogène de présenter la chose car, chaque jour, il est très certain que se jouent sans cesse - de manière insoupçonnée - des irréversibilités. Le biologique n’a pas le monopole de l’irréversible… mais reconnaissons que les nouveaux chemins de l’humanité qui se présentent à nous sont bien mystérieux. Gageons qu’Alvin Toffler n’aura pas raison lorsqu’il envisageait dès 1970, dans son livre, le Choc du futur, la fin de l’estime de soi. Il expliquait alors que « la société allait imposer de plus en plus la mobilité et exiger de la flexibilité, du précaire et de l’hyperchoix, c’est-à-dire l’obligation d’avoir continuellement à décider et anticiper sa trajectoire. La fatigue qui devrait en résulter conduit inexorablement à la dépression qui nous habite aujourd’hui ». Nous voilà donc, pauvres humains que nous sommes, aux confins de la vulnérabilité et de l’hyperpuissance, prônant l’idéal d’autonomisation de l’esprit ou encore celui de l’autoproduction (« celle qui nous délivrerait de la nécessité de la naissance, par le moyen du clonage ou de l’utérus artificiel »). Aux prises contradictoires ( ?) de l’hygiénisme et du réquisit de jouissance, du déni du corps ou de son hyper-attention. Un homme dit « augmenté » et pourtant qui n’a jamais été spirituellement aussi démuni. La technique ne créerait-elle que des orphelins ? Le grand horizon des NBIC (programme américain de convergence des nanosciences, des biotechnologies, des sciences de l’informatique et des sciences cognitives) s’ouvre… à moins que ce ne soit un spectre. L’humain sera-t-il demain dispensé de ce qui faisait de lui un homme, à savoir la naissance, la maladie (les épreuves) et la mort ? On reconnaîtra, écrit Jean-Michel Besnier, les trois ingrédients des prophéties transhumanistes (…) : fin de la naissance, grâce aux perspectives ouvertes par le clonage et l’ectogenèse ; fin de la maladie, grâce aux promesses des biotechnologies et de la nanomédecine ; fin de la mort non voulue, grâce aux techniques dites d’« uploading », c’est-à-dire au téléchargement de la conscience sur des matériaux inaltérables dont les puces de silicium ne sont que la préfiguration. Le transhumanisme dessine un avenir où le corps n’aura plus sa part, ni non plus aucun des déterminismes (psychologiques ou sociaux) qui nous enchaînent à la nécessité et font de nous de simples données naturelles. Le fantasme de l’homme remodelé, puis intégralement autofabriqué, fait plus que jamais partie de l’imaginaire d’aujourd’hui. Il est dans la stricte continuité des illusions générées par la modernité.

Triste(s) modernité(s) diraient les anthropologues d’aujourd’hui, ou plutôt, à en croire Sloterdijk ou Hottois, les anthropotechniciens… (1) Demain les posthumains. Le futur a-t-il encore besoin de nous ? Hachette Littératures, 2009. http://www.humanite.fr/2009-04-08_Tribune-libre_Alter-s-ego

 

*) Plongée dans la mémoire du Paris laborieux

À l’appui de nombreux témoignages, un ouvrage collectif interroge les traces de la diversité professionnelle et sociale de la capitale. Mémoires du travail à Paris, sous la direction de Michel Pigenet, éditions Créaphis, 2008, 318 pages, 28 euros.

Cet ouvrage est le résultat d’une enquête collective menée auprès de plusieurs dizaines d’habitants et d’actifs de trois sites parisiens fortement marqués par la mémoire du travail : le faubourg des métallos dans le 11e arrondissement, le secteur Austerlitz- la Pitié-Salpêtrière dans le 13e et l’emprise des usines Renault à Boulogne-Billancourt (sur l’île Seguin et la zone du Trapèze). Le livre, richement illustré, est dirigé par Michel Pigenet, l’un des meilleurs connaisseurs actuels de l’histoire du travail. Dans une ample introduction, l’historien souligne combien les enjeux des mémoires du travail sont révélateurs des contradictions sociales contemporaines. Il s’est plus particulièrement intéressé à un véritable fief de la mécanique et du mouvement ouvrier, constitué principalement à partir des années 1880 dans le 11e arrondissement. Les effets déstructurants de la décentralisation industrielle et de la rénovation de l’habitat ont contribué à la remise en cause de l’identité de ce secteur métallo à partir des années 1950-1960 avec l’affirmation des services puis l’irruption des start-up. En l’absence d’ouvrage synthétique sur l’histoire socio-économique de la capitale au XXe siècle, le recours aux témoignages s’imposait d’autant plus qu’il pouvait s’appuyer sur un environnement associatif favorable, l’existence d’un Comité métallos. Les remémorations ouvrières soulignent l’hétérogénéité des conditions de travail selon la taille de l’entreprise. Il existe cependant des lacunes mémorielles, notamment celle concernant le travail à domicile, rarement évoqué, ou les petits métiers dont on ne retrouve guère de traces matérielles (livreurs de glace, chanteurs de rue…). Les souvenirs sont aussi là pour rappeler certaines heures tragiques comme l’époque de la Résistance. De manière générale, les témoignages soulignent les dimensions politiques, sociales et culturelles de la lutte contre l’oubli. Avec le secteur Austerlitz-Salpêtrière, confié à Christian Chevandier, on aborde un quartier fortement constitué autour des activités ferroviaires et hospitalières. Mais alors que les premières ont souffert du transfert à la gare Montparnasse du trafic lié au TGV, les secondes n’ont fait que se développer, de l’hôpital général du XVIIe siècle à la création de l’école d’infirmières et aux premières leçons de Charcot à la fin du XIXe siècle. L’ensemble hospitalier représente aujourd’hui plus de six mille emplois. L’auteur évoque les mémoires spécifiques liées à ces pôles majeurs. Il suggère aussi que d’autres mémoires mériteraient d’être approfondies, notamment celle des ports, des anciennes verreries, de la raffinerie de sucre, de l’usine Panhard ou des Grands Moulins. Les différentes traces d’un passé qui a pu être très militant se mêlent à travers les témoignages recueillis. Avec le troisième volet, consacré à Renault-Billancourt, on pourrait s’attendre à la prédominance de l’activité automobile. En réalité, la mémoire ouvrière, depuis la fermeture des usines Renault de l’île Seguin en 1992, est l’objet d’une entreprise d’occultation marquée par le battage médiatique fait autour de l’échec de l’implantation de la Fondation Pinault d’art contemporain. Il s’agit donc pour les auteurs (Nicolas Hatzfeld, Jean-Charles Leyris, Alain P. Michel et Laure Pitti) d’effectuer une enquête pluridisciplinaire sur les mémoires du travail mais aussi d’envisager les formes possibles de leur pérennisation dans la ville. Ils y réussissent dans une grande unité d’écriture. Les multiples facettes de cette mémoire ouvrière de l’automobile s’en trouvent en quelque sorte réactivées. Là encore, on perçoit bien les enjeux des traces du passé, l’un des apports importants d’un ouvrage à la fois rigoureux et militant. Yannick Marec, historien http://www.humanite.fr/2009-04-08_Tribune-libre_Plongee-dans-la-memoire-du-Paris-laborieux

 

*) « La vérité sur Strasbourg » PAR PIERRE LAURENT, COORDINATEUR NATIONAL DU PCF.

Que l’on ait vécu les événements de Strasbourg de près, avec douleur et colère, comme ce fut mon cas avec des milliers d’autres manifestants pacifistes, ou qu’on les ait suivis de loin par télévision interposée, il me paraît impossible de laisser courir sans réagir le mensonge gouvernemental et médiatique qui a été spectaculairement mis en scène tout au long du week-end.

Ce mensonge, on pourrait le résumer ainsi : tandis que les chefs du monde capitaliste, Barack Obama, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel en tête célébraient la paix et la naissance d’un nouveau monde sous l’égide du G20 et de l’OTAN, Strasbourg était livrée à la violence aveugle de hordes de militants baptisés « anti-OTAN » par la plupart des bulletins d’information. Il importe donc de rétablir la vérité qui est tout autre. Un mot d’abord sur le déroulement de ces événements, en réalité très bien contrôlé par les autorités. Depuis des semaines, tout était fait pour entraver le bon déroulement de la manifestation pacifiste prévue. Les autorités ont multiplié les entraves à son déroulement normal et pacifique. À l’approche du sommet, un dispositif policier démesuré a été mis en place dans Strasbourg, prenant littéralement en otage la vie quotidienne des habitants. Le jour même, les manifestants accédaient à une ville en état de siège, hérissés de barrages policiers à tous les coins de rue. Les contrôles d’identité étaient omniprésents, dès la gare de l’Est à Paris. Des dizaines de cars de militants pacifiques ont été empêchés d’accéder au lieu prévu de la manifestation. Les accès à ce lieu ont été bouclés des heures durant, multipliant les points de tension devant ces barrages, à partir desquels les forces de l’ordre ont usé sans retenue de bombes lacrymogènes pendant plusieurs heures. Le rassemblement des manifestants n’a en fait jamais pu se réaliser, certains entrant dans une souricière policière aussitôt refermée derrière eux, tandis que les autres restaient à l’extérieur du dispositif, sans parler des pacifistes allemands qui ne purent jamais nous rejoindre. Nous avons assisté à une interdiction de fait de la manifestation prévue, au mépris de la sécurité de toutes celles et de tous ceux qui y participaient. Ensuite, il est évident que la provocation policière n’a été rendue possible que grâce aux agissements de groupes ultraviolents, dont la responsabilité est lourdement engagée. Paraît-il bien connus des services de police, ils étaient subitement insaisissables. Il faudra par exemple nous expliquer comment plusieurs incendies successifs ont pu être allumés par ces groupes à deux pas des CRS en surnombre. C’est la question que se posent avec juste raison les habitants de ce quartier. Les militants pacifistes que nous sommes condamnent fermement ces violences, qui ont permis aux dirigeants de l’OTAN de s’accaparer une image de paix à rebours des images de violence diffusées. D’autant qu’au-delà du sommet de l’OTAN, ces violences sont un fier service rendu à Nicolas Sarkozy, pour qui toute image susceptible de criminaliser l’action collective, tombe en ce moment à point nommé. Enfin, et c’est presque le plus important, la mise en scène des violences de Strasbourg sert à cacher le contenu des graves décisions prises par le sommet de l’OTAN. Non, ce n’est pas le club de la paix qui s’est réuni à Strasbourg, c’est le club des pays capitalistes les plus riches, qui sous la tutelle américaine, fût-elle incarnée par un Barack Obama au sourire de rock star, organise sa domination militaire sur le monde. C’est, dans le même mouvement, un alignement historique de toute l’Europe, qui consacre ainsi la subordination de toute doctrine militaire européenne à la stratégie de l’OTAN. C’est enfin l’abandon par la France, via la réintégration du commandement militaire intégré, d’une voie originale dans le monde. Ce n’est pas un hasard si le sommet de l’OTAN a suivi celui du G20. Le capitalisme en crise cherche les moyens de relancer sa domination. Ce n’est pas un nouveau monde qui émerge mais un capitalisme plus dangereux encore, à l’inverse de tout ce que les peuples de la planète seraient aujourd’hui en droit d’attendre pour résoudre la crise. Oui, la vérité sur Strasbourg reste plus que jamais à dire.

http://www.humanite.fr/2009-04-07_Tribune-libre_La-verite-sur-Strasbourg

 

*) « Les trusts anglo-saxons,rois de l’évasion fiscale » PAR JEAN-CLAUDE PAYE, SOCIOLOGUE (*).

Le G20 a présenté un programme de 1 100 milliards de dollars destiné à soutenir le crédit. Cependant, aucun plan de relance global coordonné n’est annoncé. L’objectif n’est pas d’entraîner une relance de la machine économique par une augmentation de la demande des ménages, mais de promouvoir une redistribution des revenus, principalement vers le secteur bancaire. Ce processus s’accompagne d’une hiérarchisation accrue du système financier international. L’essentiel a porté sur « la lutte contre les paradis fiscaux ». L’action se fonde à partir de trois listes qui viennent d’être établies par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). La première, la liste noire, ne comprend que quatre États, tels le Costa Rica et l’Uruguay, des pays n’ayant aucun rapport de force au niveau international. La deuxième, la liste grise, qui regroupe les pays « ayant des efforts à faire en matière de coopération fiscale » tels la Suisse et le Luxembourg. La troisième, la liste blanche, celle des pays coopératifs, réunit le Royaume-Uni ainsi que quatre de ses « territoires dépendants » : Jersey, Guernesey, l’île de Man et les îles Vierges. Les États-Unis en font évidemment partie et cela sans aucune note désignant les pratiques opaques d’États tels que le Delaware ou le Wyoming.

L’offensive s’est focalisée sur le secret bancaire, présenté comme étant le moyen privilégié de l’évasion fiscale. Cependant, actuellement, la moitié du marché offshore se concentre dans les trusts, des créations juridiques anglo-saxonnes, qui ne nécessitent pas de secret bancaire pour pouvoir se mettre à l’abri du fisc. Ce n’est plus un marché de la discrétion bancaire, mais celui des techniques juridiques en ingénierie fiscale. Le trust est un véhicule de droit anglo-saxon qui permet à une personne fortunée de se dessaisir de sa fortune, afin de ne pas en apparaître comme le propriétaire aux yeux du fisc. S’il est « discrétionnaire et irrévocable », la banque qui ouvre le compte peut ne pas exiger l’identité du bénéficiaire. Une personne qui a constitué un tel trust à l’étranger n’est nullement taxée, car elle n’est plus considérée comme propriétaire de ses biens. Quant au bénéficiaire du trust, qui est en principe imposable, son identité n’est pas exigée lors de l’ouverture du compte. Les îles de Jersey et Guernesey, toutes deux territoires britanniques, sont des juridictions spécialisées dans la constitution des trusts. C’est également le cas du Delaware et des Caraïbes, qui servent de refuge à l’argent « gris » en provenance des États-Unis, ainsi que de Miami, qui accueille aux États-Unis les capitaux latino-américains qui veulent échapper au fisc de leur pays. Singapour, en traitant des fortunes asiatiques ou européennes, a la même fonction.

Les banques anglo-saxonnes ne retiennent que des informations sur le contractant, le « trustee », la société de gestion et d’administration du trust. Ce qui leur permet, dans les faits, d’obtenir une opacité complète de la personne désirant échapper au fisc. Elles arrivent ainsi à une confidentialité encore plus grande, sans secret bancaire au sens formel du terme. La Suisse, l’une des principales places financières mondiales, est la cible principale de ce G20. Il s’agit en fait d’une réorganisation du système financier international à ses dépens. Les États-Unis et leur satellite des Caraïbes, ainsi que les centres offshore sous pavillon britannique, contrôlent chacun un marché de l’« argent gris », presque égal à celui de la Suisse. À la suite de l’offensive états-unienne, la Suisse, qui détient encore 27 % du marché du marché de l’épargne mondiale, gérée hors du pays de résidence, pourrait rapidement abandonner le terrain à ses concurrents principaux : le Royaume-Uni et ses îles Anglo-Normandes, l’île de Man et Dublin qui traitent 24 % de ces capitaux, ainsi que New York, Miami, les Caraïbes et Panama qui détiennent 19 % des 7 300 milliards de dollars placés hors frontières. La moitié de cette somme ne serait pas déclarée. À la suite de la menace d’être inscrite sur la liste des paradis fiscaux de l’OCDE, la Suisse a ouvert une brèche dans son secret bancaire. Elle va consentir à l’échange de renseignements, au cas par cas, en réponse aux demandes, concrètes et fondées, des administrations fiscales de pays tiers. Le Luxembourg et l’Autriche, les deux derniers membres de l’Union européenne désirant garder leur secret bancaire, ont fait de même. Cependant, il n’a jamais été question, par exemple, d’inclure sur cette liste des États américains comme le Delaware dont les LLC (Limited Liability Compagnies) sont soustraites à toute forme d’imposition. Placée dans le contexte de la crise financière, cette opération, sous hégémonie états-unienne, « de lutte contre la fraude fiscale », apparaît bien comme une tentative de la part des États de récupérer des capitaux destinés à financer en partie les aides consenties aux banques et aux assurances. Cependant, tous les fraudeurs du fisc ne sont pas appelés à apporter leur contribution, les plus aisés auront toujours la possibilité de faire appel à l’ingénierie fiscale des trusts afin d’échapper à l’impôt. Cette opération de soustraction fiscale leur sera d’autant facilitée s’ils placent leurs capitaux dans des centres offshore états-uniens ou anglo-saxons, dans des territoires placés sous contrôle direct de la puissance dominante. (*) Auteur de la Fin de l’État de droit. éditions La Dispute.

http://www.humanite.fr/2009-04-07_Tribune-libre_Les-trusts-anglo-saxons-rois-de-l-evasion-fiscale

 

*) « Gaza : Nous en appelons aux états » PAR UNE AUTRE VOIX JUIVE (UAVJ).

Solidarité avec tous ceux qui luttent pour une paix juste et durable entre Israëliens et palestiniens

En 2003, plus de 1 100 citoyens français juifs ou d’origine juive apposaient leur signature au bas du manifeste publié par Une autre voix juive (*). Depuis, à plusieurs reprises, ces citoyens, fidèles à leur engagement de faire entendre leur voix de démocrates attachés à l’universalité des droits humains et des droits des peuples, ont massivement approuvé l’expression d’UAVJ sur la guerre du Liban, sur la condamnation du mur, et, tout récemment, sur l’agression israélienne à Gaza. L’accumulation des difficultés sur la voie d’une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens, le succès électoral, en Israël, d’une droite appuyée sur les mouvements extrémistes, l’affaiblissement des forces laïques et l’influence de l’intégrisme religieux en Palestine, nous incitent à réaffirmer la validité essentielle de nos analyses antérieures.

Si les changements politiques survenus aux États-Unis peuvent apporter un certain espoir, de la nomination de George Mitchell en tant qu’émissaire spécial, à la réaffirmation par Obama de sa volonté de faire pression en faveur d’un État palestinien, rien n’indique une détermination de l’administration des États-Unis d’oeuvrer en faveur d’une paix juste et durable, telle que nous la définissons plus bas. Les positions récentes des pays de l’Union européenne, comme la France, qui appuient et renforcent la politique guerrière israélienne au fil d’oscillations velléitaires, apparaissent totalement inadaptées et inacceptables. Nous en appelons aux États pour contraindre le nouveau gouvernement d’Israël à respecter les lois internationales et les engagements pris par les gouvernements israéliens. UAVJ réaffirme son soutien à la seule perspective concrète de paix : celle de la reconnaissance du droit de chaque peuple du Proche-Orient à disposer de son État et à vivre dans la paix et la sécurité. L’État d’Israël existe. Conformément aux résolutions des Nations unies, les droits nationaux palestiniens, qui impliquent un État palestinien vivant aux côtés d’Israël, avec les frontières de 1967, l’évacuation des colonies, Jérusalem comme capitale partagée, et une solution négociée juste du problème des réfugiés, doivent être reconnus. Plusieurs textes issus des négociations de Taba, de l’initiative de Genève, et de l’initiative de la Ligue arabe montrent qu’une telle solution est réaliste. UAVJ réaffirme l’existence, en France, d’un courant d’opinion juive significatif qui ne reconnaît ni à Israël, ni à la direction actuelle du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) le droit de parler au nom des citoyens français juifs, et encore moins celui de les identifier à la politique israélienne criminelle et destructrice. UAVJ salue la protestation publique de l’UJRE (Union des juifs pour la résistance et l’entraide) - fondatrice du CRIF pendant la Résistance - contre l’alignement inconditionnel du CRIF actuel sur le gouvernement israélien. UAVJ, qui a manifesté en janvier 2009 aux côtés de milliers de citoyens, s’indigne des attaques scandaleuses de la direction du CRIF contre les organisations démocratiques qui ont mobilisé pour exiger la fin de l’agression israélienne à Gaza. Comme tant d’autres démocrates, UAVJ réclame la levée du blocus, des sanctions contre Israël pour les crimes de guerre commis à Gaza, et la traduction des responsables devant un tribunal international. UAVJ condamne les tirs de roquettes sur des villes israéliennes. Indéfendables moralement, ces actes ont contribué à radicaliser l’opinion publique israélienne en faveur de la guerre, et à affaiblir l’autorité palestinienne et les forces démocratiques palestiniennes. UAVJ dénonce ceux qui, en Europe, tentent d’importer le conflit israélo-palestinien pour alimenter des idéologies communautaristes et racistes. UAVJ considère que les slogans « antisionistes » sont dangereux, car ils sont récupérés actuellement par tous les antisémites - que ces derniers viennent d’extrême droite ou de mouvements qui utilisent la solidarité avec le peuple palestinien pour exprimer la haine des juifs. Ils sont à proscrire sans appel, et ceux qui les portent, à écarter des cortèges de soutien au peuple palestinien et en faveur de la paix. UAVJ combat toute expression qui pourrait laisser planer un doute sur la légitimité de l’État d’Israël, sur son droit à exister dans la sécurité, quels que soient les crimes de ses dirigeants actuels ou passés. La moindre ambiguïté sur ce sujet est de nature à affaiblir la lutte pour la réalisation des droits nationaux palestiniens. UAVJ réaffirme sa solidarité avec tous ceux qui en France, en Israël, en Palestine et dans le monde, luttent pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens. Elle souligne l’importance pour cette lutte d’une vigilance active contre toute forme de racisme, d’antisémitisme, ou de discrimination fondée sur l’origine ou la croyance religieuse. UAVJ combat tous les intégrismes - qu’ils soient juif, chrétien ou musulman. Quels que soient les difficultés, les attaques et les faux procès, UAVJ fera entendre, obstinément, la voix de Français juifs ou d’origine juive qui soutiennent les idéaux de démocratie, de liberté, d’universalité des droits humains et des droits des peuples. (*) http://uavj.free.fr http://www.humanite.fr/2009-04-07_Tribune-libre_Gaza-Nous-en-appelons-aux-etats

 

*) Le cinéma de l’histoire vivante

Réalisés à partir du fonds audiovisuel des archives départementales de Seine-Saint-Denis, des livres DVD inaugurent une collection consacrée à la mémoire des luttes. Le Dos au mur, film DVD de Jean-Pierre Thorn, livre de Tangui Perron, 2007, 29 euros.

 Étranges Étrangers, film DVD de Marcel Trillat et Frédéric Variot, livre de Tangui Perron, 2009, 29 euros. Avant même de devenir département, le territoire de la Seine-Saint-Denis a entretenu des liens féconds avec le cinéma : studios et laboratoires s’y installaient dès le début du siècle dernier, suivis par de nombreuses maisons de production, y stockant fréquemment leurs films ; enfin, plusieurs municipalités, pour certaines au début des années trente, ont développé une politique originale de productions cinématographiques. D’autre part, la Seine-Saint-Denis étant terre de travail et donc de luttes ouvrières, de multiples conflits y ont été « couverts » par des cinéastes, en particulier courant des années soixante-dix. D’où la richesse et la diversité du fonds audiovisuel, conservé par les archives départementales de la Seine-Saint-Denis. Et la création, voici une quinzaine d’années, de l’association Périphérie, se donnant pour tâche le soutien à la création documentaire avec notamment des « Rencontres » devenues, au cours de la dernière décennie, un rendez-vous incontournable tant pour les professionnels que pour les amateurs. Dernière initiative, la mise en place, en 2003, d’une mission patrimoine se focalisant notamment sur la « mémoire militante ». Animée par l’historien Tangui Perron, cette mission a lancé la collection « Histoire d’un film, mémoire d’une lutte », dont chaque livraison est constituée d’un DVD et d’un ouvrage historico-critique l’accompagnant (1). La première parution a eu lieu en mars 2007 avec le film le Dos au mur, réalisé par Jean-Pierre Thorn en 1979-1980 et consacré à la longue grève du site Alstom à Saint-Ouen (1979). La seconde sort ces jours-ci, avec le moyen métrage de Marcel Trillat et Frédéric Variot, Étranges Étrangers (1970), reprenant le titre d’un poème de Jacques Prévert, et qui suscita en son temps la fureur de la direction du groupe Bouygues (dont le PDG regrettait visiblement la maladresse paternaliste de certains de ses propos au cours d’une interview, qui apparaît effectivement comme un morceau d’anthologie patronale). Un portrait de Marcel Trillat et trois courts métrages accompagnent cette réédition : deux consacrés à Penarroya, de style très « néo-soixante-huitard », témoignent de l’éphémère flambée d’un cinéma militant plus ou moins improvisé avec les moyens du bord, qui marqua, de façon parfois naïve, le début des années soixante-dix ; le dernier, Est-ce ainsi que les hommes vivent, fut réalisé par le photographe Claude Dityvon à partir de ses propres clichés. Confrontant un ensemble de mobilisations ayant alors permis l’émergence d’une représentation nouvelle des travailleurs immigrés et de leurs luttes, ce deuxième livre DVD atteint pleinement l’objectif que s’était fixé Périphérie dans sa nouvelle livraison : permettre de « mieux comprendre aujourd’hui des phénomènes parfois caricaturés, fantasmés ou occultés - l’immigration, la banlieue, les mobilisations politiques et syndicales »… (1) Ces deux documents sont notamment disponibles au siège de Périphérie, association-loi de 1901 soutenue par le conseil général de la Seine-Saint-Denis, 87, bis rue de Paris, 93100 Montreuil. Tél. 01 41 50 01 93. Mail : contact@peripherie.asso.fr. Jean Chatain http://www.humanite.fr/2009-04-06_Tribune-libre_Le-cinema-de-l-histoire-vivante

 

*) Les normes néolibérales

La Nouvelle Raison du monde. Essai sur la société néolibérale, de Pierre Dardot et Christian Laval. Éditions La Découverte, 2009, 502 pages, 26 euros.

Qui le savait ? Le néolibéralisme n’est pas une politique du laisser-faire et il n’est pas né dans les pays anglo-saxons avec Thatcher et Reagan au début des années 1980, mais en Europe, et même en France, à la fin des années 1930, lorsque certains intellectuels ont pris conscience que la seule manière de sauver le capitalisme était de l’organiser par le moyen de l’État. Le colloque Walter Lippmann, qui s’est tenu à Paris en 1938, représente le moment fondateur. Son maître d’oeuvre fut un philosophe français, aujourd’hui oublié, Louis Rougier. C’est lui qui introduisit le terme de néolibéralisme. Pas de liberté de circulation sans Code de la route : cette image sera récurrente chez les néolibéraux. Autre idée promise à bel avenir : l’être humain est un inadapté chronique qui doit être l’objet de politiques spécifiques de réajustement.

Ainsi le néolibéralisme représente-t-il réellement, en concurrence avec le keynésianisme de l’État providence, une troisième voie entre le libéralisme du laisser-faire et le dirigisme de l’État socialiste. Le néolibéralisme n’est pas limitatif comme le libéralisme classique, qui veille à ce que l’État n’empiète pas par son administration le fonctionnement du marché, mais incitatif. Le modèle néolibéral, c’est celui de l’entreprise qui est parvenue à gagner à soi la sphère politique et la sphère subjective. Désormais, l’État et l’individu doivent eux aussi fonctionner comme des entreprises, mieux, c’est-à-dire pire, être des entreprises. Le droit privé devient le modèle du droit public et finit par l’absorber. Un chapitre de cet exemplaire livre de Pierre Dardot et Christian Laval est consacré à cette « fabrique du sujet néolibéral ». Le marché n’est plus seulement un espace social, extérieur, il devient processus de formation de soi. Études payantes, emprunts, placements à long terme, constitution d’une épargne retraite individuelle - cette capitalisation de la vie individuelle fait de chacun l’entrepreneur de sa vie et, en même temps, érode les logiques de solidarité. Le néolibéralisme n’est pas une idéologie passagère condamnée à s’effondrer avec les Bourses. Il est, disent les auteurs, une norme de vie. Ceux-ci ne croient pas du tout que la crise actuelle sonne le glas du capitalisme néolibéral. Pire, ils pensent que cette croyance est funeste car elle invite au fatalisme. Que faire alors ? Face à cette situation, il n’y a pas de solution frontale, unique, globale, mais des issues. Car la rationalité néolibérale a son contraire, que les auteurs appellent « la raison du commun ». Certes, il n’est pas facile de sortir d’une rationalité - mais il est possible de promouvoir des contre-conduites : refuser de considérer son existence comme une entreprise, refuser de se conduire vis-à-vis des autres selon la norme de la concurrence. Pour commencer. Le pire n’est pas impossible. Restent les capacités de résistance. Christian Godin, philosophe

 http://www.humanite.fr/2009-04-06_Tribune-libre_Les-normes-neoliberales

 

*) « Sarkozy, mythologie coloniale et anciens de l’OAS » PAR OLIVIER LE COUR GRANDMAISON, ENSEIGNANT EN SCIENCES POLITIQUES A L’UNIVERSITE D’ÉVRY-VAL-D’ESSONNE.

Les manipulations historiques, un des fils rouge du sarkozysme.

Le président de la République, lit-on souvent, aime l’histoire, en use, voire en abuse, dès qu’il a la possibilité d’honorer sa promesse faite avant sa victoire à l’élection présidentielle : « Si je suis élu, je ne cesserai d’affirmer notre fierté d’être français. » De là, un discours de réhabilitation du passé colonial, notamment, qui ne relève pas de l’histoire en tant que discipline, mais de la restauration politiquement intéressée d’une mythologie nationale de la grandeur, mobilisée à des fins démagogiques et électoralistes. À preuve, le discours prononcé par Nicolas Sarkozy à Toulon le 7 février 2007, dans lequel il rappelait que le « rêve de Bonaparte en Égypte, de Napoléon III en Algérie, de Lyautey au Maroc » ne fut pas « tant un rêve de conquête, qu’un rêve de civilisation ». Inspiré par son conseiller Henri Guaino, ce « crayon qui se prend pour une plume » selon le bon mot d’un député de la majorité, le même ajoutait : « Faire une politique de civilisation comme le voulaient les philosophes des Lumières, comme essayaient de le faire les républicains au temps de Jules Ferry. Faire une politique de civilisation pour répondre à la crise d’identité, à la crise morale, au désarroi face à la mondialisation (…), voilà ce à quoi nous incite la Méditerranée. » Eu égard à la personnalité de l’orateur et aux responsabilités qui sont aujourd’hui les siennes, de telles déclarations sont sans précédent depuis la fin de la guerre d’Algérie, en 1962. Jamais le candidat de la principale formation politique de la droite parlementaire n’avait entrepris de restaurer ce passé en de semblables termes. Stupéfiante régression qui, sous couvert de lutte contre « la pensée unique » et la « tyrannie de la repentance », réhabilite un discours impérial républicain convenu et forgé au temps de l’Empire triomphant. Grossière écholalie et véritable réaction.

À cela s’ajoutent certaines promesses électorales de N. Sarkozy, bien faites elles aussi, pour parvenir au but qu’il s’est fixé : « Aller chercher les électeurs du Front national un par un », puis les maintenir dans le giron électoral de l’UMP en multipliant les signes politiques indispensables à la réalisation de cet objectif. Faisant droit aux revendications du comité de liaison des associations nationales de rapatriés, auquel participe l’ADIMAD - association d’anciens activistes de l’OAS dont les membres saluent chaque année la mémoire de Jean Bastien-Thiry, l’organisateur de l’attentat du Petit-Clamart perpétré contre le général de Gaule, le 22 août 1962 -, N. Sarkozy a promis, dans une lettre adressée au président de ce comité, le 6 avril 2007, d’associer à la journée des « morts pour la France » en Afrique du Nord, les « victimes civiles et les familles de disparus ». Derrière cette phrase sibylline se cache, notamment, la réhabilitation des partisans de l’Algérie française tués lors de la manifestation organisée par l’OAS, rue d’Isly à Alger, le 26 mars 1962. Là encore, il s’agit d’une revendication ancienne de l’ADIMAD, entre autres, qui a coutume de faire célébrer des messes « pour les victimes » en l’église intégriste de Saint-Nicolas-du-Chardonnet à Paris. Dans la même missive et pour être bien entendu de ses interlocuteurs, l’actuel président écrivait aussi : « Notre passé outre-mer fait partie du patrimoine culturel des Français. Ce patrimoine doit être transmis dans son intégralité aux futures générations. »

Dans ce contexte, la loi du 23 février 2005, qui sanctionne une interprétation officielle, apologétique et mensongère du passé colonial de la France - seul son article 4 a été retiré, à la suite de protestations de nombreux universitaires et historiens -, offre de multiples avantages. Outre qu’elle manifeste « la reconnaissance par la nation de l’oeuvre matérielle et culturelle accomplie par nos compatriotes en outre-mer, en Indochine comme en Afrique du Nord », comme le soutenait l’ex-ministre délégué aux Anciens Combattants, M. Hamlaoui Mekachera, elle contient aussi une disposition fort précise mais trop souvent ignorée. En effet, l’article 13 de cette loi, toujours en vigueur, prévoit l’octroi d’une « indemnité forfaitaire » et non imposable - délicate attention - aux « personnes (…) ayant fait l’objet, en relation directe avec les événements d’Algérie (…), de condamnations ou de sanctions amnistiées ». Apparemment technique et anodine, cette disposition a été votée pour satisfaire une revendication défendue depuis longtemps par d’anciens partisans de l’Algérie française condamnés à des peines de prison en raison de leurs activités. Et, comme deux précautions valent mieux qu’une, on découvre que l’arrêté du premier ministre, en date du 29 décembre 2005, « relatif à la composition de la commission de l’indemnité forfaitaire », établie en application de l’article de la loi précitée, inclut dans la liste des membres appelés à siéger un certain Athanase Georgopoulos. Ancien membre de l’OAS et créateur, début 1961, de la zone 3 de cette organisation à Oran, il s’est par la suite exilé en Espagne, avant de rentrer en France en 1969. Pour les amateurs d’exceptions françaises, en voilà plusieurs remarquables, mais sinistres au regard des principes politiques supposés limiter les pouvoirs de la puissance publique. À ce jour, la France est le seul État démocratique et la seule ancienne puissance impériale européenne où des dispositions législatives qualifient de façon positive l’histoire coloniale. Sans précédent, mais pas sans conséquences, car l’existence même de la loi du 23 février 2005, qui est l’aboutissement d’une offensive d’ampleur menée sur le terrain mémoriel par la droite parlementaire et gouvernementale, a contribué à libérer comme jamais des discours et des écrits apologétiques du passé impérial du pays. Quant aux anciens activistes de l’organisation terroriste - OAS, responsable de l’assassinat de 2 300 personnes, parmi lesquelles une majorité d’Algériens -, ils sont « de facto et de jure » réhabilités par les dispositions législatives mentionnées et par les engagements plus récents du président de la République. Le 26 mars 2008, encouragés par cette nouvelle conjoncture et par les promesses du chef de l’État, ces militants et quelques autres ont pour la première fois osé organiser un rassemblement devant l’Arc de triomphe à la mémoire de « leurs victimes » tombées à Alger, lors de la manifestation du 26 mars 1962. De même cette année, avec l’accord de la préfecture et du pouvoir politique. Drôle d’époque. (*) Dernier ouvrage paru : la République impériale : politique et racisme d’État. Éditions Fayard, 2009. http://www.humanite.fr/2009-04-06_Tribune-libre_Sarkozy-mythologie-coloniale-et-anciens-de-l-OAS

 

*) Le présidentialisme états-unien

Le Président des États-Unis. Un pouvoir impérial ?, de Vincent Michelot. Éditions Gallimard, 128 pages, 14 euros.

Au fil du temps, depuis l’indépendance proclamée au nom du peuple, « We the People », jusqu’à l’installation d’une présidence élue au suffrage indirect, les institutions qui gèrent la démocratie américaine ont fait l’objet de multiples adaptations aux crises nationales et internationales, dont les présidents ont été quasiment les maîtres absolus. Sous le couvert d’une histoire et d’une culture qui en rendent ici la lecture difficile. L’interprétation de la Constitution et des lois est variable selon le rapport de forces établi entre les deux partis à l’issue des élections, ou par la pression populaire. Elle peut être contournée par le pouvoir d’un président, chef de l’État fédéral, chef de gouvernement, chef de l’armée. Il peut, surmonter l’opposition au Congrès par son droit de veto, ou par l’appel direct à l’opinion ou encore par les moyens que lui fournit la possibilité de créer directement des organismes qui vont mettre le Parlement devant le fait accompli. Franklin Roosevelt en fut le champion pour affronter les résistances aux transformations sociales indispensables à la sauvegarde du système. Le livre de Vincent Michelot, avec son approche historique critique, donne les clés de cette évolution au gré des crises traversées par les États-Unis. Le pragmatisme d’une présidence impériale prend alors le pas sur des textes fondateurs qui servent d’appui aux ruptures sociales rendues indispensables, -abolition de l’esclavage, aide sociale aux victimes de la crise-, ou aux engagements impérialistes dans des guerres meurtrières pour assurer l’hégémonie américaine. Le mécanisme, si l’on peut dire, est mis à nu dans un ouvrage de poche, très bien illustré, ce qui ne gâche rien, indispensable aujourd’hui pour saisir les complexités de l’affrontement entre un Obama qui symbolise l’espoir d’un changement, l’homme et la fonction se confondant plus que jamais, et les conservatismes qui freinent jusque dans son propre parti. Jacques Coubard http://www.humanite.fr/2009-04-06_Tribune-libre_Le-presidentialisme-etats-unien

 

*) « Aidez Madagascar à construire ! » PAR ALAIN-AIME RAJAONARISON, DOCTEUR EN HISTOIRE (*).

La grave crise politique actuelle, qui n’est pas terminée et qui affecte Madagascar, est la conséquence de facteurs à la fois politiques et économiques, qui trouvent leurs racines dans des périodes lointaines et immédiates.

Cette crise de 2009 est beaucoup plus violente qu’on ne le dit. Des pillages de magasins ont eu lieu. La radio nationale malgache a été saccagée, puis brûlée. Il y a eu des blessés et des morts. À chaque crise, on détruit le peu de biens « nationaux » qu’on possède. En brûlant les usines, en détruisant les appareils de production ou en semant les troubles, on appauvrit davantage nombre de compatriotes, qui déjà survivent socialement et économiquement. Certes, les dirigeants de l’opposition qui sont aujourd’hui au pouvoir ne sont pas directement responsables de ce désastre : ils s’en nourrissent. Ce désordre leur fait une belle publicité tant sur le plan local qu’au niveau international. L’opposition fait son travail (1), elle est censée être un des piliers d’un système démocratique. Cependant, aucun responsable de l’opposition d’hier n’a condamné ces actes de vandalisme, peu dignes d’un « démocrate ». Or, la démocratie repose sur quelque chose de fondamental : la responsabilité politique. La pauvreté extrême qui touche ce pays, et principalement les habitants des centres populaires urbains, fragilise le fonctionnement et la pérennité d’une vie démocratique toujours en phase d’apprentissage.

Les diverses négociations menées par la communauté internationale et par le conseil des Églises chrétiennes de Madagascar, pour instaurer le calme et la réconciliation entre les partisans de l’ex-président Marc Ravalomanana et ceux de l’ancien maire de Tananarive, Andry Rajoelina, n’ont pas abouti. Elles ont toutes été refusées par le camp des opposants, qui sont devenus à présent les gouvernants. La mise en place des assises nationales élargissant le dialogue aux forces vives de la nation a échoué. La volonté du président Ravalomanana d’organiser un référendum a reçu une fin de non-recevoir. Andry Rajoelina, aidé par une partie de l’armée, veut une chose : le départ à tout prix du président élu, Marc Ravalomanana. Exigence qui est devenue réalité depuis le 17 mars 2009 : le président Marc Ravalomanana a décidé de donner les pleins pouvoirs à un directoire militaire qui, hélas, a été suivi d’un coup d’État. Andry Rajoelina est, depuis, devenu le président de la haute autorité de transition. Les luttes politiques actuelles (2) masquent les raisons réelles de cette crise « cyclique ». Est-il nécessaire de dire que Madagascar fait partie des pays les plus pauvres au monde ? (3) Au-delà des faits politiques immédiats qui affectent cette île, celle-ci a besoin de se construire économiquement et politiquement. Ce qui se passe à Tananarive n’est pas qu’une affaire entre Malgaches. La pression politique et économique des pays amis ou investisseurs dans l’île peut être déterminante pour amener les deux parties (dirigeants et opposants) à privilégier l’intérêt du pays. Il faut agir vite car les populations souffrent, elles sont les victimes directes de ces luttes politiques souvent stériles empêchant la construction du pays et laissant la place à ce constat accablant : la distribution des richesses ou la répartition des fruits de la croissance est limitée à un groupe de personnes influentes et à leurs protégés. Au-delà des intérêts économiques et des stratégies politiques, il y a des valeurs humaines à défendre. Ces valeurs sont universelles. Il faut les entretenir, il faut les promouvoir. L’idée républicaine, le principe démocratique sont l’affaire de tous, républicains comme démocrates. L’avenir de l’île dépend également de la volonté des Malgaches à travailler ensemble pour construire leur pays. La classe politique regorge d’hommes d’expérience comme Albert Zafy, Norbert Ratsirahonana, Manandafy Rakotonirina, Richard Andriamanjato, Manassé Esoavelomandroso, Tovonanahary Rabetsitonta, Pierre Tsiranana, Pierrot Rajaonarivelo, Gisèle Rabesahala, Marson Évariste, et la liste n’est pas exhaustive. Ils sont d’accord sur l’essentiel : ils sont républicains, ils aspirent à la démocratie, tous considèrent leur patrie comme « sacrée », tous veulent le développement politique et économique de la nation malgache. Leur manière d’y parvenir diverge parfois. En dépassant les clivages, en laissant les « dogmes », en gardant leurs convictions, en se dépassant, ils pourraient travailler ensemble, ils pourraient concilier leur capacité à relever, à construire ce pays si cher à tous les Malgaches, qu’ils soient du Sud, de l’Est, de l’Ouest ou du Nord. Réunir tous les talents de haut en bas de l’échelle sociale aiderait à asseoir l’avenir économique et politique immédiat et celui à long terme de l’île. La construction peut rassembler, la distribution des « richesses » divise. Les Malgaches doivent parcourir un long chemin ensemble pour espérer réduire les inégalités et améliorer à la fois l’individu et la société. Toutes les forces vives de la nation sans exception et, avec l’aide des pays « démocrates », doivent assumer cette responsabilité pour sortir de cette crise « structurelle ». L’objectif à atteindre est identifié : la lutte contre la pauvreté et le développement de l’instruction. Les dirigeants de la haute autorité de transition sont maintenant confrontés aux mêmes problèmes que le gouvernement précédent : plusieurs milliers de manifestants s’opposent au coup d’État d’Andry Rajoelina et de ses amis. La manifestation des « légalistes » du samedi 28 mars 2009, à Tananarive, a été violemment réprimée par l’armée. Une grande incertitude politique demeure. Aidez Madagascar à construire, à construire, à construire. Tant que la pauvreté et le manque d’instruction persistent, il ne peut y avoir une démocratie politique pérenne. Oui, les Malgaches doivent se parler, doivent mieux se connaître afin d’oublier les rancoeurs et d’arrêter ce « cycle » infernal. Aidez Madagascar à construire à long terme !

(1) Atteintes à la liberté d’expression, confiscation des richesses ou ventes de terrains aux étrangers sont les principales raisons invoquées par l’opposition pour justifier sa défiance à l’égard du gouvernement de Marc Ravalomanana.

(2) Les principaux protagonistes en 2009 étaient déjà les partisans de l’ancien président Didier Ratsiraka et ceux de Marc Ravalomanana en 2002. La différence est que, cette fois, la « guerre tribale » à laquelle on voulait faire croire à l’époque est éclipsée par une lutte directe entre deux personnalités Merina, issues des hauts plateaux.

(3) En 2007, Madagascar se trouvait au 143e rang mondial sur l’échelle de l’indicateur de développement humain (IHD) du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

(*) Vient de publier, les Associations sous la colonisation à Madagascar (1896-1960), tome I et tome II. Éditions l’Harmattan.

http://www.humanite.fr/2009-04-04_Tribune-libre_Aidez-Madagascar-a-construire

 

*) « L’alternative de l’autogestion solidaire » PAR MAURICE DECAILLOT, EXPERT AGREE EN ECONOMIE SOCIALE (*).

Comment le mouvement populaire peut-il éviter de reproduire les erreurs passées du socialisme autoritaire ? Comprendre les causes de l’effondrement des pays appelés alors socialistes est très important. Aussi convient-il de ne pas répéter les erreurs passées, et pour cela les reconnaître. C’est pourquoi, au nom même des avancées sociales dont l’Humanité se veut porteuse, des éclaircissements de fond sont à mes yeux nécessaires. Commençons par l’analyse de cet effondrement. Selon un certain tableau développé dans les colonnes du journal (le 19 mars dernier), la racine de l’autoritarisme stalinien serait le retard historique de la Russie arriérée. Cet autoritarisme serait la cause du ralentissement économique des années soixante. Ce ralentissement serait à l’origine de la démotivation des personnes, et cette dernière serait à son tour l’explication de l’insuffisance des richesses créées, elle-même responsable de l’effondrement des pays socialistes. Rien dans cette série ne correspond aux faits historiques. Pour s’en tenir à l’essentiel, disons que l’autoritarisme soviétique, favorisé par les circonstances brutales de la révolution et de ses suites, a été cristallisé pour deux raisons : d’une part, les distorsions, notamment dans le monde paysan, dues au rétablissement du trafic marchand à travers la NEP, d’autre part, la situation des travailleurs maintenus, dès le début (par le principe du commandement unipersonnel) dans un statut de salariés, certes rémunérés, mais privés de réelles prérogatives économiques et sociales. L’autoritarisme des instances bureaucratiques érigées de ce fait en sources de décisions, autoritarisme aggravé, à mesure de l’ampleur croissante de leurs tâches, par la crainte des désordres qu’elles ne peuvent qu’attiser elles-mêmes, est le résultat, et non la cause, d’une dépossession économique et sociale de la classe ouvrière, dès lors bien éloignée d’une position hiérarchique dominante. C’est cette dépossession qui a engendré la démotivation des travailleurs. C’est elle aussi qui est à l’origine de profonds travers de gestion des activités économiques, et notamment du gaspillage bureaucratique d’investissements, non pas insuffisants, mais au contraire outranciers, non pas seulement techniquement retardataires mais conçus hors de l’efficience économique réelle. Le système souffrait effectivement d’un grave manque. Ce manque était-il celui du « marché » ? L’erreur à ne pas répéter est la suivante : ne confondons plus le marché, qui est, dès ses lointaines origines, inégalitaire, ennemi de l’équité, nourrissant, au fil des positions dominantes ou concurrentielles, les partenaires forts de la spoliation des partenaires faibles, tel qu’il ravage actuellement la planète, avec l’échange, transaction équitable, arbitrée d’un commun accord pour ne léser personne. Ce n’est pas la vente sur le marché qui fait naître la valeur ajoutée. Celle-ci naît du travail des travailleurs, dans la production. Et le marchand, en l’accaparant, y ajoute tant qu’il le peut la rente marchande prélevée par le fort sur le faible, et lorsqu’il ne le peut plus, il détruit cette même valeur ajoutée en soldant ses marchandises aux dépens du travail qui les a produites. Non, le marché n’est en rien garant de ce que les produits répondent à la demande sociale. En déformant les prix et les salaires, il biaise la demande profondément et conduit à la dépression et à l’insatisfaction des besoins réels et publics. Il est vrai que lbureaucratique, même prétendument « optimisée », conduit à la scission sociale. Mais ni le marché créateur d’affrontements ni le plan d’État ne sont la clé de l’avenir. L’erreur à ne plus commettre est de prétendre supprimer l’échange, alors que, dans l’équité garantie, il constitue un gage réel de réciprocité et d’adaptation sociale. En même temps, et c’est vrai tout autant, cet échange, équitable, arbitré, démocratique, doit s’écarter définitivement de la sauvagerie du marché, permettre une vraie réponse aux besoins sociaux, une vraie rémunération équitable du travail libéré du salariat démuni. Oui, la sortie du salariat assujetti, libérant l’homme de toute position de moyen pour d’autres hommes, pourra à la fois rémunérer le travail et favoriser une vraie autogestion créative, conduisant, par le bon usage des ressources, à l’efficience économique, sociale, environnementale, reconnaissant vraiment le travail intellectuel. Une telle autogestion populaire et solidaire serait le vrai fondement pour une démocratie informée barrant la route à l’arbitraire autoritaire. La situation mondiale actuelle est sérieuse, et des chemins nouveaux s’ouvriront nécessairement. Il faut dès maintenant s’écarter des erreurs passées, de façon fondamentale, créative, en visant l’équité, la réciprocité, la solidarité plus que jamais nécessaires.

 (*) Dernier ouvrage publié : Demain l’économie équitable (Éditions L’Harmattan 2003). http://www.humanite.fr/2009-04-04_Tribune-libre_L-alternative-de-l-autogestion-solidaire

 

*) « Leurs bonnes raisons de manifester » PAR ALINE LOUANGVANNASY, SECRETAIRE REGIONALE CGT EDUC’ACTION MIDI-PYRENEES, PROFESSEURE DE PHILOSOPHIE.

A quoi tiennent la paupérisation et le déclassement des fonctionnaires ?

Les partisans d’une économie libérale craignent probablement que, sous la pression du mouvement social, le gouvernement ne soit obligé de reculer sur certaines de ses « réformes », notamment en matière de suppressions de postes dans la fonction publique, ou de faire des concessions en matière de pouvoir d’achat, en revalorisant au moins les bas salaires. C’est pourquoi, dans l’arsenal idéologique du patronat et du gouvernement, les réquisitoires visant à assimiler les fonctionnaires à des privilégiés, voire à les accuser de profiter de la crise (*) figurent toujours en bonne place. Qu’en est-il ? Avec la crise, la situation du fonctionnaire qui n’aurait pas de souci, dit-on, à se faire pour son emploi peut paraître enviable… Pourtant être fonctionnaire est un droit, accessible à tous. Le système de recrutement par concours permet à tout Français, qui possède le niveau d’études requis, de pouvoir prétendre au statut, quelle que soit son origine sociale ou la couleur de sa peau. Lorsque le statut de la fonction publique a été créé, en 1946, il était le coeur d’un projet de société égalitaire, dans laquelle chacun aurait sa place, en fonction de ses capacités et non de son origine sociale. Ce statut protecteur et garant de droits devait alors s’étendre au plus grand nombre. Aujourd’hui, la réduction des postes dans la fonction publique diminue les chances d’accès au statut. L’impossibilité dans laquelle est mise l’école d’accomplir ses missions rend de plus en plus difficile aux classes populaires l’acquisition du niveau de connaissances permettant d’espérer réussir les concours. La réforme du concours d’entrée dans l’éducation nationale exige désormais un niveau bac+5. Autant dire que cela élimine la majeure partie des jeunes issus des classes populaires qui, même s’ils ont les capacités de réussir, ont rarement les moyens de financer leurs études sur des périodes aussi longues. Cela peut expliquer que le fonctionnaire soit perçu comme représentant d’une élite porteuse de privilèges. Il suffit donc de le cibler habilement pour qu’il apparaisse, aux yeux du salarié sous contrat, comme un adversaire de classe. On peut comprendre combien il importe au pouvoir d’entretenir cette illusion. Le niveau de salaire du fonctionnaire avait été calculé en 1946 de telle façon qu’il permette une vie décente dès le début de la carrière. Aujourd’hui, beaucoup de fonctionnaires sont dans des situations matérielles difficiles. Pendant longtemps, ils avaient eux aussi intériorisé l’argument liant statut et privilège. Ce qui les a conduits à laisser de côté la revendication salariale, subissant depuis des années un blocage de leurs rémunérations, non indexées. La conséquence en est la paupérisation et le déclassement de cette catégorie sociale. La CGT estime que le salaire minimal (SMIC) pour être décent devrait atteindre au moins 1 600 euros. Après quatre ans d’études, un enseignant débute avec moins de 1 500 euros. Il faut aussi parler de la dégradation des conditions de travail. Car si le nombre de fonctionnaires diminue, les besoins sociaux ne baissent pas. Avec la crise ils risquent même d’exploser. Il faut souligner le retard considérable qui persiste dans la reconnaissance des droits en matière de santé et de sécurité au travail, comme il faut aussi dénoncer l’extension des contrats de droit privé qui font de la précarité une réalité de la fonction publique. Manifester aux côtés des salariés du privé pour la revalorisation d’un salaire qui ne permet pas de vivre mieux que la plupart des Français, pour la reconnaissance de sa qualification et de ses compétences, et pour la conquête de nouveaux droits, ce n’est donc ni indécent ni coupé des préoccupations des autres salariés, bien au contraire. Les fonctionnaires se battent pour une amélioration de leurs conditions de travail parce que leur bien-être conditionne la qualité du service rendu aux usagers. La qualité des services publics est l’une des conditions de la qualité de vie de chacun dans la cité. Aujourd’hui le manque de fonctionnaires au ministère du Travail rend impossible le traitement des dossiers de milliers de chômeurs en attente du paiement de leurs droits. Contrairement à ce que peuvent penser certains, il n’y a pas d’opposition entre les intérêts défendus, mais complémentarité. Le service public est l’outil de la redistribution des richesses dans notre société. Sa construction et sa défense engagent un projet collectif. Il faut une réforme de l’État. Mais une réforme qui place l’émancipation de l’individu au coeur du projet collectif. C’est pour cela que nous serons de nouveau tous ensemble dans la rue le 1er Mai, pour défendre, non pas une compilation d’intérêts particuliers, mais un projet de société fondée sur la justice et la solidarité. (*) Voir le face-à-face publié dans l’Humanité des débats du samedi 28 mars.

 http://www.humanite.fr/2009-04-04_Tribune-libre_Leurs-bonnes-raisons-de-manifester

 

*) Les écrits inédits d’une grande figure de la conscience martiniquaise

Pour l’émancipation et l’identité du peuple martiniquais, de René Ménil, Éditions L’Harmattan, 2008. 45 euros. Ce précieux ouvrage réunit, à l’initiative de Geneviève Sézille-Ménil, des poèmes, des articles, des entretiens, des textes théoriques, des correspondances du philosophe René Ménil, décédé en 2004. Autant d’écrits qui retracent une traversée du XXe siècle et restituent la pensée de l’intellectuel, du dirigeant communiste, du militant anticolonialiste. Poète surréaliste, ami d’André Breton et de Louis Aragon, René Ménil fut à l’origine de l’éphémère revue Légitime Défense. Dans les années 1930, il fut, avec Georges Gratiant, Léopold Bissol, Jules Monnerot, de ces militants fondateurs des premiers cercles politiques qui donnèrent naissance à la fédération communiste de la Martinique, affiliée au PCF, qui devait se transformer, en 1957, en Parti communiste autonome. En 1941, alors que le régime pétainiste étend sa férule jusque sur l’île, dirigée de main de fer par le sinistre Amiral Robert, il fonde, avec son ami Césaire, la revue Tropiques, l’une des matrices du combat pour la reconnaissance et l’appropriation de l’identité martiniquaise.

Ce recueil, qui compile de nombreux articles parus dans le journal communiste Justice, dont il fut directeur, témoigne de sa passion du débat politique et de la critique littéraire et artistique. De sa lecture du Discours antillais, d’Édouard Glissant, au passionnant entretien conduit par Daniel Maximin reproduit ici, chaque page fait revivre l’une des préoccupations majeures de l’auteur d’Antilles déjà jadis : l’émergence d’une identité martiniquaise libérée du joug de l’assimilation. Précis dans l’analyse, redoutable dans la controverse, tenant d’un marxisme vivant, fidèle, jusqu’à son dernier souffle, à l’idée communiste, René Ménil porta tout au long de sa vie un regard aigu sur les soubresauts du monde. Des convictions qu’il paya cher, comme en 1960, où il fut chassé du lycée où il enseignait, en vertu de l’ordonnance coloniale de l’époque, qui frappa de nombreux militants. Ménil était un précurseur. « L’action idéologique et pratique doit viser la triple opération de rétablir la conscience des Antillais dans la vérité de la vie, de procéder à l’appropriation de notre économie qui est une partie de nous-mêmes, de nous approprier le pouvoir politique sans lequel nous sommes des jouets aux mains des autres », écrivait-il. Un propos dont l’écho retentit encore dans une Martinique « debout ». Rosa Moussaoui http://www.humanite.fr/2009-04-04_Tribune-libre_Les-ecrits-inedits-d-une-grande-figure-de-la-conscience

 

*) La sociologie clinique aux prises avec les contradictions du sujet contemporain

Qui est « je » ? Sociologie clinique du sujet, de Vincent de Gaulejac, Éditions

du Seuil, 2009. 17 euros. Les questions du sujet, des rapports entre individu et société, de l’importance de la reconnaissance sociale dans la construction des personnes ont déjà suscité de nombreux ouvrages. « Puisqu’il n’y a dans la société que des individus, ce sont eux et eux seuls qui sont les facteurs de la vie sociale », avançait Durkheim, dès 1885. L’un des mérites du livre de Vincent de Gaulejac est de mettre en perspective ce riche patrimoine de réflexions, avec la volonté manifeste d’en renforcer l’efficacité. C’est, au fond, tout l’enjeu scientifique de la « sociologie clinique », cette démarche « à l’écoute du vécu », que pratique l’auteur, notamment dans des « groupes d’implication et de recherche ». Les méthodes développées dans ces collectifs visent tout autant, si ce n’est plus, l’appui aux individus concrets dans leur quête existentielle de sens que le recueil de données pour la réflexion du sociologue. La forte complémentarité de ces deux dimensions semble refléter l’impossibilité de dissocier radicalement l’individu et le social. Certains participants expriment admirablement ce lien : « être sujet, c’est agir selon le sens du devoir que l’on m’impose, le faire à ma manière », lâche notamment une enseignante en arts plastiques. N’est-ce pas finalement cette unité dialectique que la société actuelle, néolibérale (Vincent de Gaulejac parle pour sa part de société « hypermoderne »), fait voler en éclats ? Nos sociétés exacerbent en tout cas les contradictions dans lesquelles se constitue le sujet. Elles interpellent chaque individu « dans la nécessité de s’affirmer comme singulier et autonome, tout en l’obligeant à se conformer à des codes sociaux stricts et à une normalisation intense des comportements ». Ce hiatus croissant fait émerger des identités de plus en plus précaires, éclectiques dans leurs références. « Condamné à être mobile, flexible, adaptable, l’individu devient flottant, instable, à la limite de l’insaisissable », souligne Gaulejac. Il peut aussi se raidir et basculer dans la destruction, lorsqu’il ne parvient pas à s’adapter aux normes dominantes et désespère d’y parvenir. Le sociologue revient notamment sur le cas de Richard Durn, qui tua huit conseillers municipaux de Nanterre, dans la nuit du 26 au 27 mars 2002, avant de se suicider quelques jours plus tard. L’analyse de telles « figures tragiques » fait particulièrement ressortir toutes les difficultés inhérentes à la « sociologie clinique », prise entre une posture compréhensive face aux sujets et besoin d’une critique de la société dans laquelle ceux-ci évoluent. « Comme clinicien, on ne peut que se réjouir de constater que la subjectivité n’est plus considérée comme une dimension qu’il convient de neutraliser pour accéder à la connaissance. Comme sociologue, on doit s’interroger sur ce phénomène en se demandant s’il n’y a pas là une nouvelle idéologie. » En effet, la « sollicitation permanente du sujet » n’est-elle pas avant tout l’expression d’une société de plus en plus individualiste ? Dès lors, le travail clinique peut-il s’effectuer sans participer de la reproduction d’une telle société ? Ces questions invitent à se méfier d’une certaine sociologie académique. C’est tout à l’honneur de Vincent de Gaulejac de les avoir pointées. Laurent Etre http://www.humanite.fr/2009-04-04_Tribune-libre_La-sociologie-clinique-aux-prises-avec-les-contradictions

 

*) « Des statistiques pour mesurer mais pas pour combattre » PAR ÉRIC FASSIN, SOCIOLOGUE, ENS/IRIS.

À quoi servent les statistiques ethniques ?

Statistiques ethniques, ou raciales, ou encore de la diversité : l’hésitation du vocabulaire est le symptôme de la polémique actuelle. On brandit tel mot pour faire peur, tel autre pour rassurer. De quoi s’agit-il ? Mesurer la diversité, c’est mesurer des discriminations, et leur effet, l’absence de diversité. En l’occurrence, il s’agit bien de discriminations raciales plutôt qu’ethniques, fondées sur l’apparence, et en particulier la couleur de peau, plutôt que sur l’origine ou la culture. C’est pourquoi ce débat accompagne l’émergence de la question noire en France, depuis 2005 : les Noirs n’ont pas tous la même origine, ni la même culture. En revanche, qu’ils viennent d’Afrique ou des Antilles, qu’ils soient issus de l’immigration ou citoyens français de longue date, ils sont exposés aux mêmes discriminations et victimes de la même ségrégation en raison de leur couleur de peau, dans l’accès au logement, au travail, aux loisirs. Mais de quelles statistiques parle-t-on ? Dans la grande majorité des pays du monde, le recensement comprend des questions sur l’identité ethnique ou raciale. Ce n’est pas le cas en France. De fait, aujourd’hui, nul ne propose d’y toucher. Ainsi, François Héran, no mmé par Yazid Sabeg à la tête d’un comité « pour la mesure de la diversité », commence sans ambiguïté par fermer « la voie au “référentiel ethno-racial” ». Il ne s’agit donc pas du recensement, dont les catégories sont (presque) gravées dans le marbre, mais seulement d’enquêtes ponctuelles et partielles. Peuvent-elles légalement, et légitimement, prendre en compte la diversité racialisée des apparences : de la peau, de l’accent, du nom ou du prénom  ? La réponse n’est pas simple. Distinguons d’abord entre les enquêtes selon qu’elles sont privées ou publiques : paradoxalement, celles-ci sont moins libres que celleslà. On laisse faire aux entreprises ce qu’on interdit à l’INED et à l’INSEE  : les études scientifiques sont ainsi soumises à des contrôles plus restrictifs que celles du marketing. Ensuite, notons que les opposants au développement de telles statistiques ne refusent pas réellement le recours aux catégorisations raciales, comme dans le testing, ni même au comptage, à condition d’utiliser des indicateurs indirects comme le patronyme. Enfin, ne l’oublions pas, la statistique publique utilise déjà certaines données, comme le pays de naissance des parents, soit une manière indirecte (et approximative) d’approcher les discriminations. Il n’est donc pas question de passer d’une statistique « aveugle à la race » à une autre, qu’on pourrait dire racialiste. Finalement, l’enjeu ne serait pas si grand : il porterait seulement sur l’amélioration des outils d’enquête. Reste pourtant la question essentielle, que masque la controverse médiatique : non pas « pour ou contre ? », mais « pour quoi faire ? ». Après tout, c’est parce qu’on a pris conscience des discriminations que le débat a lieu. Mais à quoi bon ces querelles, si la mesure ne doit rien nous apprendre que nous ne sachions déjà ? En fait, les statistiques de la diversité n’auraient de sens que pour fonder une politique de lutte contre les discriminations. On voit le piège que la droite a tendu à la gauche, et dans laquelle celle-ci s’est empressée de tomber. Que dit le président, dans son discours du 17 décembre sur la diversité ? « Si la question des statistiques pour mesurer les inégalités et les discriminations liées à l’origine est ouverte, la question d’une action publique volontariste fondée sur des critères ethniques ou religieux doit être close. » Autrement dit, rassurezvous  : ces statistiques ne serviront qu’à mesurer, pas à combattre. Quelle est donc la fonction réelle, sinon des statistiques, du moins des controverses sur les statistiques, dans le dispositif sarkozyen ? À donner l’illusion de l’action, pour masquer son inaction, et à souligner celle de la gauche, prise au piège d’un débat métaphysique. (*) Dernier ouvrage publié (avec Clarisse Fabre) : Liberté, égalité, sexualité, Éditions 10-18, 2008. http://www.humanite.fr/2009-04-04_Tribune-libre_Des-statistiques-pour-mesurer-mais-pas-pour-combattre

 

*) « Un projet qui jette le trouble » PAR CHOUKRI BEN AYED, SOCIOLOGUE (*).

À quoi servent les statistiques ethniques ?

Comme si les sujets de controverse ne manquaient pas, le gouvernement s’apprête à relancer le chantier des statistiques ethniques. Dans un climat d’altération profonde de la confiance, il est de plus en plus illusoire d’aborder un tel sujet avec la sérénité nécessaire à l’expression de l’intérêt républicain, notamment si le mode opératoire est identique à celui appliqué en d’autres cas : absence de réelle concertation, précipitation et opacité sur les finalités réellement visées. Car la question posée n’est pas anodine : faut-il légaliser en France le recours à des statistiques et catégories ethniques ? Ces deux notions recouvrent des sens différents. On pourrait considérer les statistiques comme un objet technique permettant d’objectiver certains faits : inégalités, ségrégations, discriminations. Les catégories sont des taxinomies, c’est-à-dire des façons de voir, de se représenter et de classer le monde. En matière ethnique, les catégorisations sont le fait d’un tiers et constituent souvent une propédeutique au racisme ou tout au moins à la construction de l’altérité. Attardons-nous un instant sur les statistiques en tant qu’objet technique. Certes, nous ne disposons pas en France de tels dispositifs, contrairement à d’autres pays, notamment anglo- saxons. Dans le cadre d’une recherche récente sur l’école, les auteurs étaient contraints de recourir aux patronymes des élèves pour mesurer les ségrégations ethniques (1). Sur un plan strictement technique, ce type de statistiques comblerait donc un manque. Mais quelle serait la fiabilité de ces données ? Il convient en effet de ne pas confondre nationalité et ethnicité. L’ethnicité renvoie à un sentiment d’appartenance à des codes culturels, ou à une assignation identitaire par un tiers. Comment mesurer un phénomène aussi complexe ? De deux choses l’une, soit il faudrait procéder à des enquêtes autodéclaratives, soit une tierce personne procéderait au codage. Les deux options posent problème. Qu’est-ce qui autoriserait à demander à certains individus de quelle « ethnie » ils se prévalent et pas à d’autres ? Si la déclaration est du fait d’une tierce personne, qu’est-ce qui peut autoriser cette dernière à classer ethniquement les individus et à partir de quels critères ? Un autre problème concerne l’usage de ces statistiques. Dans la version officielle, elles ne seraient réservées qu’à l’objectif louable de mieux connaître les phénomènes discriminatoires pour mieux les combattre. Admettons, mais comment garantir que cet usage n’irait pas au-delà ? La question mérite d’être posée. Dans la période récente, mille fois hélas, la question des statistiques, des repérages et fichages en tout genre a soulevé l’indignation. Deux exemples emblématiques l’illustrent : le débat sur la détection des élèves violents dès l’âge de trois ans ou encore celui sur la « base élèves » de l’éducation nationale. Jamais statistique scolaire n’a déclenché pareil émoi démontrant bien qu’il y a une politisation des statistiques publiques. Ce que contestent les opposants à ce fichier, c’est précisément qu’il multiplie les références aux attributs « étrangers  » dans un climat de durcissement de la politique migratoire. Ce qui inquiète également, ce sont les possibilités de croisement et de mise en commun avec d’autres sources (allocations familiales, délinquance, mairies). Comment juguler alors la tentation de croiser les statistiques ethniques avec celles de la délinquance, de l’échec scolaire ou du chômage ou d’autres sujets encore ? Si le projet de créer des catégories statistiques de l’ethnie peut apparaître séduisant, notamment pour les chercheurs, il convient de bien peser les enjeux éthiques et déontologiques d’un tel objectif en tenant compte du contexte dans lequel il émerge aujourd’hui. Ce dispositif servirait-il à renforcer l’idéal républicain ou au contraire à instituer des références communautaristes sur le modèle anglo-saxon, modèle déjà largement mis en exergue dans différentes dispositions politiques visant l’école, la santé, le travail ou la défense nationale ? (*) Dernier ouvrage paru : le Nouvel Ordre éducatif local. Mixité, disparités, luttes locales. Éditions PUF, 2009. (1) L’Apartheid scolaire : enquête sur la ségrégation ethnique dans les collèges, par G. Felouzis, F. Liot, J. Perroton. Éditions du Seuil, 2005 http://www.humanite.fr/2009-04-04_Tribune-libre_Un-projet-qui-jette-le-trouble

 

*) « La race dangereuse, catégorie trompeuse » PAR DOMINIQUE GUILLO, CHERCHEUR AU CNRS.

La législation sur les chiens suffit-elle à responsabiliséer les maîtres ?

Samedi dernier, une fillette de six ans a été tuée par les deux chiens de sa famille. De tels drames reviennent régulièrement alimenter les faits divers. Aussi peut-on se demander si les mesures prises pour les éviter ciblent toujours parfaitement le problème. Les lois votées ces dernières années dans la foulée de tragédies semblables ont renforcé l’arsenal répressif dans ce domaine. Ces textes ont visé essentiellement les races considérées comme dangereuses et, plus ou moins indirectement, certaines personnes qui rendent volontairement leur chien dangereux, notamment une catégorie de délinquants. Tout serait simple si ces races pouvaient être effectivement rangées en deux groupes : les bons chiens de compagnie, affables et joueurs, d’un côté, et les mauvais chiens, de l’autre. Tout serait également plus simple si le phénomène était limité à quelques maîtres délinquants ou irresponsables. Mais la réalité est beaucoup plus complexe. La tragédie survenue samedi dernier l’illustre de façon exemplaire. Les animaux qui ont attaqué la petite fille sont des dogues allemands, race qui n’est pas classée dans la catégorie des chiens dangereux. Et ils appartenaient à la famille de la victime. Les chiffres le démontrent : aujourd’hui, les morsures sont bien loin d’être uniquement le fait des quelques races régulièrement montrées du doigt en pareille occasion : pitbulls ou encore rottweiller. Certes, ces races sont très souvent impliquées dans les cas de blessures mortelles. Mais d’autres peuvent l’être aussi, comme ces deux bergers allemands qui ont attaqué, semble-t-il avec un autre chien, un adolescent à Sarcelles mardi dernier. Et dès que l’on examine le nombre global de morsures non mortelles, phénomène d’une beaucoup plus grande ampleur statistique, on voit apparaître en bonne place les races les plus diverses, y compris celles qui ont la meilleure réputation, comme les labradors. Et les blessures surviennent le plus souvent dans le cadre familial. La tentation pourrait être forte, pour le législateur, de se contenter d’accroître le contingent des races considérées comme dangereuses, et de les soumettre à des contraintes juridiques plus drastiques. Des voix s’élèvent déjà pour que l’on fasse entrer les dogues allemands dans la catégorie des chiens dangereux. Mais cette logique peut avoir des effets contre-productifs de déresponsabilisation des propriétaires de chiens appartenant à d’autres races. Car de telles classifications peuvent les inciter à penser que les chiens « non dangereux » ne nécessitent pas de dressage rigoureux, que tout est affaire de race, non d’éducation et de surveillance. Cette logique peut également conduire à une fuite en avant : si, demain, un labrador, puis un cocker agressent un enfant, faudra-t-il faire entrer ces races parmi celles des chiens dangereux ? Poussée jusqu’au bout, elle pourrait donc conduire à sévèrement contraindre et, pourquoi pas, un jour, à interdire la présence de tous les chiens dans les foyers, car on ne peut pas être absolument sûr qu’un chien ne mordra jamais. Mais le remède serait alors sans doute bien pire que le mal. Dans les sociétés actuelles, un animal comme le chien apporte assurément des bienfaits psychologiques considérables. Il est sage de sévèrement restreindre la possession d’exemplaires de certaines races, comme les pitbulls qui sont sans doute potentiellement beaucoup plus dangereux que d’autres, ne serait-ce que pour des raisons morphologiques. Il faut toutefois se convaincre que l’éducation et le dressage jouent un rôle capital. Et que le risque zéro n’existe pas. Si l’on veut conserver les chiens dans les foyers, il faut accepter cette part de risque et la réduire au minimum. Mais, après tout, il en va de même de bien des objets qui nous entourent, si utiles par ailleurs, qui occasionnent de nombreux accidents domestiques, les outils ou encore la voiture. Pour réduire les risques, il est indispensable d’inscrire la logique pénale appliquée à la détention de certaines races, sans doute inévitable, dans une politique préventive plus globale d’information, de sensibilisation et de responsabilisation des propriétaires de chiens et, plus largement, du grand public. Par exemple, prendre conscience que cet animal a une vie sociale fondée sur une forme de hiérarchie éviterait bien des mésinterprétations de la conduite canine, donc bien des morsures. Le meilleur ami de l’homme a une psychologie différente de la nôtre, dont il est capital de connaître les grandes lignes lorsque l’on acquiert un chiot. (*) Auteur de Des chiens et des humains. Éditions Le Pommier, 2009. http://www.humanite.fr/2009-04-04_Tribune-libre_La-race-dangereuse-categorie-trompeuse

 

*) Immigration. Emmanuelle Cosse. Ce ministère qui change tout

ENTRETIEN AVEC EMMANUELLE COSSE (*), L’UNE DES AUTEURS DE CETTE FRANCE-LA.

--- Y a-t-il une véritable rupture dans la politique migratoire de Nicolas Sarkozy ?

Emmanuelle Cosse . Le mot « rupture » est un peu fort, mais une innovation, c’est certain. Par exemple, l’autonomie donnée aux préfets est totalement nouvelle. Le renforcement de l’autorité préfectorale est la clef de voûte de la mise en oeuvre de la politique de Nicolas Sarkozy. Les préfets sont aussi davantage contrôlés : leur action est quantifiée. On se souvient qu’en septembre 2007 Brice Hortefeux convoque les préfets qui ne remplissent pas leurs quotas d’expulsions. Dans la lettre de mission de Brice Hortefeux, Nicolas Sarkozy expose toute sa politique : augmenter les objectifs de reconduite à la frontière, l’immigration choisie plutôt que subie, etc. Cela démontre un véritable changement dans la conception même de la politique.

--- En quoi la création du ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale marque-t-elle un tournant ?

Emmanuelle Cosse. Le rapprochement entre identité nationale et immigration est inédit. Le nom de ce ministère signifie que le contrôle de l’immigration va permettre de protéger l’identité nationale. C’est un discours extrêmement violent. Il y a un avant et un après la création du ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale. Sarkozy utilise l’immigration comme preuve de sa capacité à agir.

--- Dans Cette France-là, vous concluez justement à l’irrationalité économique de cette politique…

Emmanuelle Cosse. Nicolas Sarkozy insiste sur l’aspect rationnel et pragmatique de sa politique : il faut faire le tri entre les étrangers et donner des droits à ceux qui répondent à nos besoins. En plus du côté humain intolérable de cette politique, économiquement ce n’est ni viable ni rationnel. La stratégie d’expulsion se révèle très coûteuse pour mettre dehors des personnes qui produisent des richesses. Le mouvement des travailleurs sans papiers le prouve. Ces gens qui travaillent ici depuis dix ou quinze ans, sont une des clefs de voûte de l’économie française.

--- Brice Hortefeux justifiait sa politique d’expulsion par un avertissement donné aux pays de départ. Ces menaces sont-elles efficaces ?

Emmanuelle Cosse. Depuis les années 1970, les politiques de fermeture des frontières n’ont jamais montré leur capacité à juguler l’immigration. L’accent mis sur les policiers pour qu’ils expulsent plus a eu une certaine efficacité : davantage de personnes ont été expulsées. Cette politique d’expulsion a un effet sur les sans-papiers, qui vivent encore plus dans la précarité, mais ça ne joue certainement pas sur les flux. Les immigrés continueront à venir en France tant qu’on aura besoin d’eux, quelles que soient les politiques. Même le rapport Attali dénonçait cette stratégie de fermeture des frontières. La France a besoin d’une main-d’oeuvre apportée par les flux migratoires. Cette politique a aussi un effet sur nous, en tant que citoyens français détenteurs de l’identité nationale. Car c’est bien au nom de notre identité qu’on fait cette politique.

--- Comment expliquez-vous le peu de réactions associatives et politiques face à cette politique migratoire ?

Emmanuelle Cosse. Il y a un tournant en 2004 avec la création du Réseau Éducation sans frontières qui sort des réseaux militants habituels. À gauche, seuls les Verts ont développé un discours sur l’immigration depuis longtemps. Où sont les socialistes sur les questions migratoires depuis trois ans ? Il faut rappeler la nullité et l’inconsistance du programme de Ségolène Royal en 2007, qui rejoint même celui de Nicolas Sarkozy sur certains points… La gauche de gauche est un peu en train de bouger. Le discours de la LCR allait rarement au-delà de la dénonciation de l’exploitation des sans-papiers. Le Parti communiste a un engagement assez fort, notamment législatif. Mais on ne l’a pas entendu très fortement dénoncer l’ampleur de cette politique dans sa globalité. Mais il est vrai que les Verts, le PCF et le NPA n’ont pas les mêmes marges de manoeuvre que le PS pour se faire entendre. Propos recueillis par Marie Barbier (*) Rédactrice en chef du mensuel Regards. http://www.humanite.fr/2009-04-03_Tribune-libre_Immigration-Emmanuelle-Cosse-Ce-ministere-qui-change-tout

 

*) « Jean Jouzel, Une lenteur exaspérante » DIRECTEUR DE RECHERCHE AU COMMISSARIAT A L’ENERGIE ATOMIQUE, VICE-PRESIDENT DU GROUPE SCIENTIFIQUE DU GIEC (*)

Comme beaucoup d’autres, je me suis investi, plein d’enthousiasme, dans le Grenelle de l’environnement. J’en ai apprécié l’état d’esprit constructif qui a permis d’aboutir à un ensemble solide de propositions. Ainsi, celles mises en avant par notre groupe climat-énergie me semblent de nature à mettre notre pays sur les rails de l’objectif qu’il a, en 2005, inscrit dans une loi : la division par quatre ou cinq des émissions des pays développés d’ici à 2050. Cela va dans le bon sens. Les pays développés se doivent d’avoir des objectifs plus ambitieux que les pays émergents ou en voie de développement. Mais nous sommes loin du compte. Avec une division par deux des émissions mondiales, objectif rappelé dans cette loi, l’ambition louable affichée par l’Europe - réchauffement ne dépassant jamais 2 ºC par rapport au climat préindustriel - n’a que très peu de chances d’être atteinte. C’est une division par trois qu’il faudrait viser pour préserver cet objectif. Et cela n’évitera pas des conséquences déjà très dommageables dans beaucoup de régions. Le message que nous, scientifiques, avons du mal à faire passer est celui de l’urgence. Nos émissions sont liées à la production d’énergie, aux infrastructures de transport, à la forme de nos villes, aux pratiques agricoles, toutes choses qui ne se modifient pas en quelques années. Et une division des émissions par trois d’ici à 2050, ou même par deux, requiert que celles-ci arrêtent d’augmenter d’ici à 2015. Au risque, sinon, de laisser aux jeunes un monde auquel ils ne pourront pas s’adapter. Immense défi, d’autant que les émissions ont augmenté très rapidement au cours des dernières années. Dans ce contexte, la lenteur de la mise en oeuvre des mesures prônées par le Grenelle est exaspérante, même si certaines - bonus-malus, prêt à taux zéro - ont vu le jour. Et puis, nombre de nos propositions sont pour le moins édulcorées. Inutile aussi de redire l’importance de la réunion que tiendra la convention climat à Copenhague. Il faudrait qu’elle aboutisse à un accord extrêmement ambitieux, mais les négociateurs ne semblent pas en prendre le chemin. Malgré une administration américaine désormais consciente du problème climatique et des vertus d’une société sobre en carbone. C’est pourtant dans cette voie porteuse de développements technologiques, de créations d’emplois, et de changement de nos comportements, que nous devrions nous engouffrer. Les pays qui ne feront pas ce choix le regretteront dans une dizaine d’années. De plus en plus de voix s’élèvent : pour sortir de la crise économique, il faut parier sur un développement écologique. Je suis pleinement de cet avis. Groupe intergouvernementald’experts sur l’évolution du climat.

http://www.humanite.fr/2009-04-03_Tribune-libre_Jean-Jouzel-Une-lenteur-exasperante

 

*) « Un petit coup de peinture sur un monde en ruine » PAR DAMIEN MILLET, PORTE-PAROLE DU COMITE POUR L’ANNULATION DE LA DETTE DU TIERS-MONDE (CADTM FRANCE), ET ÉRIC TOUSSAINT, PRESIDENT DU CADTM BELGIQUE (*).

Les effets d’annonce ne manquent pas autour du sommet des 20 pays industrialisés et émergents (G20) réunis à Londres pour apporter des solutions à la crise. Mais bien avant la clôture du sommet, les conclusions sont connues : le G20 ne sera pas à la hauteur de l’enjeu. Au-delà de la publication dans la presse spécialisée d’un projet de communiqué final très insuffisant, la raison en est simple : le sommet n’a pas été mis en place pour apporter de véritables solutions, il a été convoqué à la va-vite une première fois en novembre dernier pour sauver la mise des puissants et tenter de colmater les brèches d’un capitalisme en pleine crise. Impossible, dès lors, qu’il apporte aux peuples du monde entier des alternatives suffisamment radicales pour inverser la tendance. Initié par ceux qui profitent du rapport de forces actuel, le sommet est structurellement incapable de choisir des pistes de nature à modifier en profondeur ce rapport de forces. Comme la situation est intenable du fait de la crise financière internationale, le G20 va chercher à limer les dents de ce système prédateur au lieu de le mettre hors d’état de nuire. L’opinion publique va donc être priée de regarder dans deux directions qui doivent servir à cristalliser l’exaspération : les paradis fiscaux et les rémunérations des dirigeants de grandes entreprises. Il faut abolir les paradis fiscaux, cela va de soi. C’est facile à décider. Il suffit d’interdire aux entreprises et aux résidents d’avoir des actifs dans ou d’entretenir des relations avec des partenaires situés dans des paradis fiscaux qui sont tout à fait identifiables. Les pays de l’Union européenne qui fonctionnent comme des paradis fiscaux (Autriche, Belgique, Grande-Bretagne, Luxembourg…) et la Suisse, qui est signataire des accords de Schengen, doivent lever le secret bancaire et mettre fin à leurs pratiques scandaleuses. Mais telle n’est pas l’orientation prise par le G20 : quelques cas emblématiques seront sanctionnés, des mesures minimales seront demandées aux pays concernés, et une liste noire des territoires « non coopératifs » soigneusement épurée (la City de Londres, le Luxembourg ou l’Autriche ont obtenu de ne pas y figurer) sera dressée. D’ailleurs, une telle liste existait déjà, mais au fil du temps la quasi-totalité des pays en avait été rayée. On va donc reprendre les mêmes et recommencer. Par ailleurs, les rémunérations des dirigeants des grandes entreprises, incluant parachutes dorés et bonus divers, sont proprement scandaleuses. En période de croissance, le patronat affirmait qu’il fallait récompenser ceux qui prenaient des risques et apportaient tant de profits aux sociétés (nous ne parlons pas là des travailleurs, vous l’aurez compris !) afin qu’ils ne partent pas ailleurs. Maintenant que la crise est solidement installée et que les entreprises creusent leurs pertes, les mêmes continuent de justifier des revenus faramineux. Le G20 va « encadrer » ces rémunérations, pour une durée limitée (jusqu’à fin 2010 en France). La logique elle-même n’est pas remise en cause, on en gomme juste l’aspect insupportable pour la faire perdurer. Au-delà des questions des paradis fiscaux et des super-bonus des patrons, pour lesquels aucune sanction éventuelle n’est spécifiée, les pays du G20 vont continuer de renflouer les banques, mais sans en prendre le contrôle pour imposer d’autres orientations que celles qui ont échoué depuis plusieurs décennies et qui ont conduit à la crise actuelle. Le G20 ne manque pas de rappeler qu’il va lutter contre le protectionnisme, comme s’il était inadmissible de vouloir protéger les secteurs vitaux de son économie. Le libre marché et la dérégulation forcenée ont conduit au fiasco, le G20 en tire des conclusions que les populations ne peuvent accepter : il cherche à sauvegarder coûte que coûte ce libre marché, apanage des puissants qui ne veulent rien lâcher de leur domination face aux plus faibles. Peu importe au G20 que le FMI ait été un acteur central dans l’imposition des politiques d’ajustement structurel depuis les années 1980, au contraire, on veut le remercier d’avoir été le grand ordonnateur des privatisations à outrance, de la libéralisation de l’économie, de l’ouverture des marchés et de la réduction drastique des budgets sociaux. Le FMI, bien que discrédité et délégitimé au niveau mondial, va être remis au centre du jeu politique et économique grâce à un apport de fonds d’ici 2010. Un petit coup de peinture sur un monde en ruine, voilà la démarche du G20. Seule une forte mobilisation populaire pourra permettre de bâtir des fondations solides pour construire enfin un monde dans lequel la finance soit au service des êtres humains, et non l’inverse. Les manifestations du 28 mars furent importantes : quarante mille personnes à Londres, des dizaines de milliers à Vienne, Berlin, Stuttgart…, sur le thème « Que les riches paient pour la crise ! ». La semaine d’action mondiale convoquée par les mouvements sociaux du monde entier lors du Forum social mondial (FSM) de Belem en janvier a donc eu un écho de tout premier ordre. En France, les 29 janvier et 19 mars derniers, les salariés, les sans-emploi, les jeunes ont affirmé avec force qu’ils veulent d’autres solutions à la crise. En contrepoint du G20, le président de l’Assemblée générale des Nations unies, Miguel d’Escoto, a convoqué une réunion générale des chefs d’État pour le mois de juin et a demandé à l’économiste Joseph Stiglitz de présider une commission qui fera des propositions pour répondre à la crise globale. Selon certains documents préparatoires, les solutions proposées sont inappropriées, mais elles auront le mérite d’être soumises à la discussion de l’Assemblée générale des Nations unies. Pourquoi la presse fait-elle le silence autour de cette démarche ? Une nouvelle crise de la dette est en préparation au Sud, elle est la conséquence de l’explosion de la bulle de la dette privée immobilière au Nord. La crise qui touche aujourd’hui l’économie réelle de tous les pays du Nord a provoqué une chute des prix des matières premières, ce qui a réduit les recettes en devises avec lesquelles les gouvernements des pays du Sud remboursent leur dette publique externe. De plus, le « credit crunch » a provoqué une hausse du coût des emprunts des pays du Sud. Ces deux facteurs provoquent déjà des suspensions de remboursement de la dette de la part des gouvernements des pays les plus exposés à la crise (à commencer par l’Équateur). D’autres suivront.

La situation est absurde : les pays du Sud sont des prêteurs nets à l’égard du Nord, à commencer par les États-Unis qui ont une dette extérieure totale de plus de 6 000 milliards de dollars (le double de la dette externe des pays du Sud). Les banques centrales des pays du Sud achètent des bons du Trésor des États-Unis. Ils devraient au contraire former ensemble une banque du Sud démocratique afin de financer des projets de développement humain. Ils devraient quitter la Banque mondiale et le FMI qui sont des instruments de domination. Ils devraient développer des relations de solidarités Sud-Sud comme le font les pays membres de l’ALBA (Venezuela, Cuba, Bolivie, Nicaragua, Honduras, République dominicaine). Ils devraient réaliser un audit des dettes qu’on leur réclame et mettre fin au paiement des dettes illégitimes. Le G20 va veiller à préserver l’essentiel de la logique néolibérale : il est déterminé à rétablir la sacro-sainte croissance, dont le contenu n’est jamais interrogé, et à « résister au protectionnisme ». Les principes erronés sont de nouveau martelés : le G20 réaffirme son attachement à « une économie mondiale ouverte basée sur les principes de marché », donc son soutien au dieu marché n’est pas négociable. Le reste n’est qu’illusion. (*) Auteurs de 60 Questions, 60 réponses sur la dette, le FMI et la Banque mondiale (CADTM/Syllepse) . www.cadtm.org. http://www.humanite.fr/2009-04-02_Tribune-libre_-Un-petit-coup-de-peinture-sur-un-monde-en-ruine

 

*) La mémoire de la Shoah n’excuse pas les crimes d’aujourd’hui

Une lettre ouverte d’universitaires américains à propos de l’antisémitisme et des appels au boycott d’Israël

Nous sommes des militants et militantes pour la paix d’origine juive. Certains parmi nous s’identifient de cette façon, d’autres pas. Mais nous nous opposons tous et toutes à ceux qui prétendent parler au nom de tous les juifs ou qui utilisent des accusations d’antisémitisme pour essayer de réprimer la contestation légitime. Nous avons été indignés par les accusations à l’encontre de Hermann Dierkes, un syndicaliste et dirigeant du Parti de gauche (Die Linke) dans la ville allemande de Duisburg. En réaction à l’attaque israélienne récente contre Gaza, Dierkes a exprimé l’avis qu’une des façons dont les Palestiniens pourraient être aidés à obtenir justice serait de soutenir l’appel du Forum social mondial au boycott des marchandises israéliennes, de sorte à exercer une pression sur le gouvernement israélien. Dierkes a été soumis à grande échelle à des dénonciations au vitriol l’accusant d’antisémitisme et d’appeler à une répétition de la politique de boycott des produits juifs prônée par les nazis dans les années 1930. Dierkes a répondu en affirmant que « les mots d’ordre du FSM n’ont rien à voir avec les campagnes racistes antijuives de type nazi, mais visent seulement à changer la politique d’oppression des Palestiniens exercée par le gouvernement israélien ». Personne n’a accusé Dierkes d’antisémitisme pour autre chose que son soutien au boycott. Et pourtant, il a été accusé de « pur antisémitisme » (Dieter Graumann, vice-président du Conseil juif central), de prononcer des mots équivalant à « une exécution de masse à la lisière d’une forêt ukrainienne » (Achim Beer, éditorialiste du Westdeutsche Allgemeine Zeitung) et de faire de la « propagande nazie » (Hendrik Wuest, secrétaire général de la CDU). Nous, signataires, avons des points de vue différents sur l’opportunité et l’efficacité de l’appel au boycott des produits israéliens. Certains et certaines parmi nous pensent qu’un tel boycott est une composante essentielle d’une campagne de boycott, désinvestissement et sanctions qui peuvent mettre fin à quarante ans d’occupation israélienne ; d’autres pensent que le meilleur moyen d’exercer une pression sur le gouvernement israélien est un boycott plus sélectif, centré sur les institutions et firmes qui soutiennent l’occupation. Mais nous sommes tous d’accord sur le fait qu’il est essentiel d’exercer une pression sur le gouvernement israélien si l’on souhaite que paix et justice l’emportent au Moyen-Orient, de même que nous sommes tous d’accord sur le fait qu’un appel au boycott d’Israël n’a rien à voir avec la politique nazie : « N’achetez pas chez les juifs. » Il n’est pas plus antisémite de boycotter Israël pour mettre fin à l’occupation qu’il n’était anti-Blanc de boycotter l’Afrique du Sud pour mettre fin à l’apartheid. Les mouvements pour la justice sociale ont souvent appelé au boycott ou au désinvestissement, que ce soit contre le régime militaire en Birmanie ou contre le gouvernement du Soudan. Qu’ils soient opportuns ou pas, ces appels ne sont nullement discriminatoires.

La violence au Moyen-Orient a conduit, en effet, à certains actes d’antisémitisme en Europe. Il y a même eu à Rome un appel au boycott des boutiques appartenant à des juifs, qui fut largement et adéquatement condamné. Nous déplorons un tel fanatisme. Les crimes d’Israël ne sauraient être attribués aux juifs dans leur ensemble. Mais, en même temps, un boycott d’Israël ne saurait être présenté comme l’équivalent d’un boycott des juifs dans leur ensemble. Une forme aiguë et inquiétante de racisme qui se développe aujourd’hui en Europe est l’islamophobie et la xénophobie dirigées contre des immigrants de pays musulmans. Dierkes a été au premier plan des militants et militantes pour la défense des droits des immigrés et immigrées, tandis que certains de ceux qui accusent tous les critiques d’Israël d’être antisémites participent souvent eux-mêmes, à l’instar du gouvernement et de l’État d’Israël, à ces formes de racisme. La Shoah a été un des événements les plus horribles de l’histoire contemporaine. C’est faire déshonneur à ses victimes que d’utiliser sa mémoire comme un gourdin pour réduire au silence ceux et celles qui critiquent à juste titre le traitement inqualifiable des Palestiniens par Israël.

--- Premiers signataires : Michael Albert, ZNet, USA ; Phyllis Bennis, Institute for Policy Studies, USA ; Ellen Cantarow, writer, USA ; Noam Chomsky, professor emeritus MIT, USA ; Lawrence Davidson, West Chester University, USA ; Louis Kampf, professor emeritus MIT, USA ; Joanne Landy, Campaign for Peace & Democracy, USA ; Marvin Mandell, co-editor, New Politics, USA ; Stephen R. Shalom, William Paterson University, USA ; Stephen Soldz, co-founder, Coalition for an Ethical Psychology, USA ; Howard Zinn, professor emeritus Boston University, USA. (Les institutions sont mentionnées uniquement à des fins d’identification.)

 http://www.humanite.fr/2009-04-01_Tribune-libre_La-memoire-de-la-Shoah-n-excuse-pas-les-crimes-d-aujourd

 

*) « Nous suspendons notre participation au CRIF » PAR TAUBA STAROSWIECKI, SECRETAIRE DE L’UJRE (*), BERNARD FREDERICK, DELEGUE DE L’UJRE AU CRIF, JACQUES LEWKOWICZ, DELEGUE DE L’UJRE AU CRIF.

Monsieur le président,

Voilà déjà quelque temps que nous nous inquiétons d’un positionnement politique du CRIF en rupture avec ses valeurs fondatrices. Lors de l’assemblée générale de l’automne dernier, nous avons indiqué que, s’il était essentiel de maintenir des relations constructives avec le pouvoir politique, ce ne pouvait se concevoir que dans la plus stricte indépendance et dans le respect du pluralisme des opinions caractéristique de notre société, de notre République. Notre inquiétude s’est trouvée, hélas ! renforcée avec l’annonce que le CRIF, rompant avec sa propre tradition démocratique, n’invitait pas à son dîner annuel le parti Les Verts et le Parti communiste français, au prétexte qu’ils avaient participé à des manifestations de solidarité avec les Palestiniens au moment de l’intervention militaire d’Israël à Gaza. Alors même que ces deux partis se prononcent clairement, comme nous le faisons nous-mêmes, comme le font nos amis pacifistes en Israël, pour une revendication simple et humaniste : « Deux peuples, deux États, une paix. » Nous considérons que la décision que vous avez prise est contraire à l’esprit d’ouverture de ce dîner traditionnel, tel que l’avait conçu Théo Klein et après lui vos prédécesseurs. Qu’elle est contraire aux valeurs de tolérance et de respect du pluralisme qui ont animé les fondateurs du CRIF, parmi lesquels l’Union des juifs pour la résistance et l’entraide qui joua un rôle essentiel dans l’unification des organisations et institutions juives, laïques et religieuses. Monsieur le président, permettez-nous, à ce propos, de rappeler ici les paroles prononcées par Léon Meiss, alors président du CRIF et vice-président du consistoire central, devant le premier congrès de l’UJRE, en avril 1945 : « Il y a un an, à cette heure-ci, nous vivions traqués, cachés et dans nos espoirs les plus audacieux, nous ne pouvions penser qu’un an après, nous assisterions à une grandiose réunion de l’UJRE. Cette Union (…) nous l’avons connue lorsque, dans la clandestinité, nous nous sommes réunis, Lederman (notre regretté ancien président), d’autres et moi, pour établir le programme qu’aujourd’hui votre rapporteur (…) nous a présenté. Ce programme (…) contient beaucoup de choses auxquelles j’applaudis. Comment nserait il pas ainsi ? Votre Union a été une des premières à adhérer au CRIF (…). » Beaucoup plus tard, en 1993, Jean Kahn, alors président du CRIF, écrivait à l’occasion du 50e anniversaire de l’UJRE : « Parmi les fondateurs du CRIF, les représentants de l’UJRE ont joué un rôle déterminant. Ils ont tenu la place qui, de par leur action, leur dynamisme, leur efficacité leur revenait. Au-delà des options politiques, nous avons su ensemble (…) lutter pour préserver des valeurs qui nous étaient communes et jeter les bases d’un renouveau qui s’est inscrit dans la liberté retrouvée. » C’est bien parce que ces valeurs continuent de nous guider que le bureau de l’UJRE prend aujourd’hui, à regret, la grave décision de suspendre notre participation au CRIF ; jamais depuis 1943, en dépit des divergences profondes que nous avons pu avoir avec la majorité du CRIF, nous n’avons cru devoir nous retirer d’une organisation conçue comme représentative, donc forcément plurielle. Cette fois, c’est au caractère représentatif et pluraliste du CRIF que vous vous en prenez, qu’il s’agisse de sa vie interne ou de sa place dans la société française. Croyez, Monsieur le président, que nous ne prenons pas cette décision de gaieté de coeur. Mais alors qu’une des plus graves crises économiques frappe la France, l’Europe et le monde, et qu’elle fournit le terreau dans lequel, nous le savons tous, s’enracinent extrémismes, nationalismes, antisémitisme et racisme, nous jugeons que l’ostracisme que la direction du CRIF manifeste à l’égard de partis démocratiques risque d’être lourd de conséquences. Issue directement de la lutte antifasciste et de la Résistance, l’UJRE est fondée d’en alerter les juifs de France. Nous voulons croire que le CRIF saura abandonner son positionnement partisan et la proclamation d’anathèmes relevant d’autres temps pour retrouver son rôle et sa représentativité dans la société française ; pour défendre les intérêts moraux des juifs de France et contribuer, à partir des valeurs qui le fondent, au processus de paix au Proche-Orient, seul moyen de garantir la sécurité et le développement d’Israël et le droit, jadis reconnu par le CRIF lui-même, du peuple palestinien à un État. Veuillez agréer, Monsieur le président, l’expression de nos sentiments attristés. (*) Union des juifs pour la résistance et l’entraide. http://www.humanite.fr/2009-03-31_Tribune-libre_Nous-suspendons-notre-participation-au-CRIF

 

*) « Fret : changeons de stratégie ! » PAR DIDIER LE RESTE, SECRETAIRE GENERAL DE LA FEDERATION CGT DES CHEMINOTS

Malgré la situation préoccupante dans laquelle se trouve l’activité fret, la direction de la SNCF refuse toujours de procéder à une évaluation sérieuse des stratégies qu’elle a imposées ces dernières années au pas de charge. Pire, cette même direction invoque aujourd’hui comme alibi la crise économique pour poursuivre le démantèlement de l’activité et tenter de masquer les mauvaises décisions qu’elle a prises ces dernières années. Trop c’est trop ! L’heure est venue de rendre des comptes et de faire un bilan ! Certes, la crise aggrave la situation mais les raisons essentielles des difficultés sont dues à une stratégie vouée à l’échec, consistant à rechercher l’équilibre financier par le bas via la réduction des coûts et le recentrage sur quelques trafics réputés rentables. La réduction drastique des coûts, réalisée notamment par la suppression en cinq ans de près de 10 000 emplois de cheminots, la fermeture de près de 500 gares fret « au wagon isolé », de triages, de milliers de dessertes, a entraîné un manque de réactivité et de souplesse et une dégradation de la qualité des acheminements. Aujourd’hui, la SNCF transporte moins de marchandises et moins bien ! Cette politique a conduit à jeter depuis 2004 plus de deux millions de camions supplémentaires sur les routes. L’ouverture à la concurrence n’a pas été synonyme de développement du fret ferroviaire puisque sa part dans le marché des transports est passée de 14,04 % en 2003 à 11,41 % en 2008 (rappelons qu’elle était de 20,6 % en 2000 !). Les 8 à 10 % de trafics récupérés par les nouveaux entrants (opérateurs privés) ne sont en fait que des trafics abandonnés par Fret SNCF ou gagnés dans le cadre d’appels d’offres où la variable d’ajustement financier porte exclusivement sur les charges de personnel. Quand on voit que le poids moyen d’un train de fret SNCF est aujourd’hui inférieur à 400 tonnes, c’est la démonstration que l’on ne sait plus remplir les trains. Ce n’est donc pas en tentant d’abaisser les conditions sociales des cheminots comme essaie de le faire croire la technostructure que l’on va redresser durablement l’activité fret. De ce point de vue, signalons que les chemins de fer allemands (Deutsche Bahn) ont un coût du travail supérieur aux autres opérateurs et ils sont plus performants ! Contrairement à la SNCF qui réduit la compétitivité à la concurrence des salariés entre eux, la Deutsche Bahn a réinvesti dans ses métiers de cheminots, optimise mieux ses moyens et l’effet réseau qui demeure un atout pour les opérateurs historiques. La stratégie de « simplification » de la direction, qui empêche toute mutualisation de moyens, désorganise la production et rigidifie le système, est dans une impasse. Plutôt que tirer les enseignements des mauvais résultats, la direction veut pousser sa logique au bout en externalisant son activité fret. Ce serait une erreur lourde de conséquences sociales, économiques et environnementales.

La CGT a élaboré des propositions concrètes de développement au sein de l’établissement public industriel et commercial SNCF. Le fret ferroviaire ne peut pas se développer sans la SNCF, entreprise publique. La concurrence intramodale imposée par Bruxelles offre aux chargeurs un nouvel outil de baisse du prix du transport, elle contribue à affaiblir les opérateurs historiques et à concentrer les acteurs sur les flux les plus profitables. Pour la CGT, des convergences entre industriels peuvent ainsi être développées autour de :  l’intérêt général qui vise à limiter la quantité de déplacements pour un même flux et à orienter ces déplacements vers des modes respectueux de l’environnement ;  l’intérêt des chargeurs qui peuvent bénéficier de ces mises en commun en matière de fiabilité notamment. Seule, la SNCF est en capacité de regrouper ces flux et les massifier. Mais pour réussir, elle doit avoir une réelle volonté de coopération. Politique de volume et wagon isolé. La CGT propose une politique de volume permettant d’amortir le poids des charges fixes et d’améliorer les marges nettes, plutôt que la concentration sur quelques trafics rentables. Comme nous l’avons fait acter dans les débats du Grenelle de l’environnement, il est essentiel que le gouvernement reconnaisse que le transport ferroviaire fret répond de l’intérêt général, plus particulièrement le wagon isolé, et que la SNCF doit rester engagée dans son exploitation. La CGT propose, à partir du dispositif existant, de structurer un réseau de gares assurant le maillage et la capillarité du territoire, alimenté par des plates-formes de distribution locales reliées par des tapis roulants à un réseau de 9 hubs de dimension internationale connectés aux réseaux voisins et entre eux à haut débit. Réancrer Fret SNCF dans les territoires et les ports. La CGT propose de travailler la dimension géographique et multiproduit comme vecteur de développement, en créant un pôle d’affaires multisectoriel et des agences commerciales régionales multiproduits implantées dans le tissu économique local. La CGT propose également de renforcer la position de Fret SNCF dans les ports français en positionnant : des représentants aux compétences technico-commerciales multiproduits, dans chaque grand port ;  une plate-forme ferroviaire par grand port sur des sites aisément accessibles. Pour conclure, la fédération CGT des cheminots rappelle qu’elle est disponible, en appui de ses propositions alternatives pour contribuer par la négociation au redressement durable de Fret SNCF. Cela à condition que la direction de l’entreprise procède à une évaluation sérieuse des politiques engagées notamment depuis 2006 et en tire les enseignements utiles pour mettre en oeuvre une nouvelle stratégie. On ne peut pas continuer d’aller de réorganisations en restructurations, d’échecs en mauvais résultats ! La CGT n’accompagnera pas la direction dans la spirale du déclin ! . http://www.humanite.fr/2009-03-31_Tribune-libre_Fret-changeons-de-strategie

 

*) Zizek, héritier de Deleuze

Organes sans corps, de Slavoj Zizek. Éditions Amsterdam, 256 pages, 2008, 21 euros. Un oxymore est une figure de style qui rapproche deux termes que leur sens devrait éloigner dans une formule d’apparence contradictoire. La littérature française classique en est pleine. Et l’« obscure clarté (qui tombe des étoiles) » de Corneille dans le Cid en est un exemple. Le positivisme, qui fait de la sécheresse des chiffres et de la rigueur des figures géométriques le modèle de la pensée, domine encore notre monde occidental. Mais le philosophe slovène Slavoj Zizek, qui n’est plus depuis les années 2006-2008 un inconnu pour les lecteurs de l’Humanité (huit articles en moins de deux ans, dont un dans les Lettres françaises), produit pour sa part des oxymores philosophiques à répétition. Son oeuvre a notamment le mérite d’attirer fortement l’attention sur le fait que Marx et Engels, dans l’Idéologie allemande, ont insisté sur l’absence d’idéal communiste (« le communisme n’est pas un idéal ») sans pour autant gommer les valeurs qui émanent de son aspect essentiel qui est de s’auto-révolutionner en permanence.

 Le capitalisme n’a pas besoin de se manifester pour être, tandis que le communisme n’existe qu’à condition que les peuples le fassent leur. Si l’oxymore révèle, avant toute révolution considérée comme un processus de longue durée, un tremblement de la langue et un déficit des mots par rapport aux choses, on peut affirmer que le temps n’est plus à la répétition de l’ancien régime mais à l’invention d’un nouveau qui ne peut pas préfigurer en tant que tel dans l’ancien. Il n’y a pas d’îlot de socialisme dans le capitalisme mondialisé. La généralisation des crises financières, industrielles et sociales suscite une impatience langagière qui promet aussi bien des conservations (par exemple la noblesse d’Empire) que des restaurations (l’aristocratie monarchique). Dans cet ouvrage éblouissant, le philosophe, devenu la « coqueluche » des marxistes en temps de crise, repense sa dette au philosophe français Gilles Deleuze, dont il faudrait retenir la conclusion posthume rapportée par Claire Parnet : « La question de l’avenir de la révolution est une mauvaise question parce que tant qu’on la pose, il y a autant de gens qui ne deviennent pas révolutionnaires, et qu’elle est précisément faite pour cela, empêcher la question du devenir révolutionnaire des gens, à tout niveau, à chaque endroit. » En dehors de ses joutes habituelles avec son ami Alain Badiou, philosophe à succès depuis qu’il a publié De quoi Sarkozy est-il le nom ?, Zizek confronte la trajectoire deleuzienne à celle de Lacan, de Freud (Malaise dans la civilisation) et de Hegel (la Science de la logique). Cet enfant terrible des désillusions philosophiques, malgré ses démêlés originels avec le stalinisme, élucide l’infirmité de la pensée critique contemporaine. Il va même au-delà de son défunt maître Deleuze, en montrant qu’il ne saurait y avoir de dialectique sans ontologie, ni d’unité des contraires sans globalisation excessive de l’objet. Organes sans corps tire les conséquences de la pensée deleuzienne (tout a un sens mais ce sens est toujours à découvrir) et expose une ligne de divergence sans précédent : peut-on ne pas être spinoziste aujourd’hui (la vérité est à elle-même son propre signe - « verum index sui - et Dieu ou la nature, c’est la même chose - « Deus sive natura ») ? La question qui ne contient pas sa solution est plus importante que la réponse car elle permet d’appréhender le bouleversement produit par sa dernière assertion : dans une révolution radicale, « le peuple ne fait pas que réaliser ses vieux rêves (émancipateurs, etc.), il doit aussi réinventer les modes mêmes du rêve ».

Arnaud Spire http://www.humanite.fr/2009-03-30_Tribune-libre_Zizek-heritier-de-Deleuze

 

*) « Redonnons toute leur place aux Nations unies ! » PAR DANIELLE MITTERRAND, PRESIDENTE DE FRANCE LIBERTES.

Pourquoi le dernier forum d’Istambul a-t-il renoncé à agir pour le droit inaliénable d’accès à l’eau potable ?

La participation ou non de France Libertés au Forum et aux contre-forums d’Istanbul a fait l’objet de longues concertations et échanges avec nos partenaires, acteurs de l’eau, différentes ONG, faisant débat jusqu’en interne. Mais, d’expérience, j’étais intimement convaincue qu’il était vain de rebondir sur cet événement qui revêt les habits d’un forum ouvert à des fins philanthropes alors qu’au fond il s’agit bien d’une réunion factice que notre présence ne ferait que cautionner, même involontairement. C’est ainsi que le 10 mars dernier, nous avons annoncé publiquement notre refus de participer à ce Davos de l’eau. À l’instar des quatre forums précédents, l’événement d’Istanbul est organisé par le Conseil mondial de l’eau, institution contrôlée par des organismes privés, et dont le président n’est autre que le président de la Société des eaux de Marseille (qui appartient pour moitié à Veolia et pour moitié à… Suez (sic)). Cette institution est porteuse d’une idéologie fondamentalement néolibérale et peu à même de répondre aux problématiques vitales de l’ensemble de l’humanité et aux enjeux provoqués par la crise mondiale de l’eau. Est-il nécessaire de rappeler qu’un milliard et demi de personnes n’ont toujours pas accès à l’eau potable dans le monde et deux milliards et demi d’individus sont privés d’assainissement ? Dans le système qui nous gouverne (la pensée unique capitaliste), que cette instance existe, soit ! Mais alors qu’elle se désigne pour ce qu’elle est : une organisation de marchands d’eau qui proposent leurs produits dans une foire commerciale.

Lors du Forum de Mexico en 2006, nous nous sommes associés à la formidable mobilisation des mouvements sociaux pour la défense et la revendication du droit à l’eau. Celui-ci a permis en effet d’établir un pont avec l’institution et faire entendre notre résistance à la marchandisation de cette ressource vitale à des fins de profits. La déclaration issue de ce contre-forum a eu le mérite de dégager trois principes fondamentaux : que l’eau, sous toutes ses formes, était un bien commun et que l’accès à l’eau potable était un droit inaliénable de l’homme et du vivant ; que chaque être humain devait avoir accès à une eau de qualité en quantité suffisante ; que la gestion de l’eau devait relever du domaine public et être gérée dans l’intérêt général. Trois ans après, le 5e Forum aboutit à une déclaration suffisamment vague pour être appliquée à discrétion, et exclut surtout le principe que l’accès à l’eau potable et à l’assainissement est résolument un « droit » humain fondamental et non pas seulement un « besoin » comme cela a été retenu. Or un besoin, aucun État n’est tenu de le satisfaire, à l’inverse du droit qu’il doit respecter. La nuance n’est pas mince. Nous entendons aujourd’hui l’amère déception des ONG et des militants unanimement reconnus de l’eau (je pense notamment à Maud Barlowe, présidente nationale du Conseil des Canadiens, le plus important groupe de défense des intérêts publics du Canada et qui participait activement aux discussions), celle aussi de certains pays (l’Espagne, la France mais aussi de nombreux pays d’Afrique et d’Amérique latine ont réclamé la reconnaissance de la notion de droit) qui ont fait, il faut le reconnaître, preuve de détermination en se rendant à - Istanbul. Mais je veux positiver cette déception, peut-être nous permettra-t-elle enfin de cesser de s’aligner sur le rendez-vous de ces marchands d’eau, de contribuer à réclamer un autre organisme de gestion mondiale de l’eau, qui devra offrir des garanties de transparence, de démocratie et qui serait placée sous l’égide des Nations unies. J’invite tous les déçus à se mobiliser pour contribuer à élaborer un « protocole mondial de l’eau » (coordonné notamment par Riccardo Petrella, fondateur de l’Institut européen de recherche sur la politique de l’eau), protocole qui sera porté à la connaissance des responsables de l’United Nations Frame Work à l’occasion de la conférence sur le changement climatique prévue à Copenhague en décembre prochain.

J’invite également les élus, les usagers, les militants, les citoyens à clamer haut et fort que l’eau est un bien commun de l’humanité qui ne peut appartenir à personne, et de fait ne peut être une marchandise. http://www.humanite.fr/2009-03-28_Tribune-libre_Redonnons-toute-leur-place-aux-Nations-unies

 

*) « Pour une véritable coexistence éthique » PAR OMAR BARGHOUTI, ANALYSTE POLITIQUE PALESTINIEN (*).

Pourquoi préconiser un boycott international des relations avec Israël ?

Les crimes commis à Gaza ont donné une impulsion aux campagnes de la société civile internationale pour obtenir qu’Israël soit traité comme l’Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid. Sans s’en rendre compte, Israël a déclenché le commencement de la fin pour son régime d’occupation coloniale et sa version particulière d’apartheid. L’appel de la société civile palestinienne pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions (BDS) a été lancé en 2005, mais jusqu’en 2008 son écho est resté pour l’essentiel limité à des églises, des syndicats et des associations dans des pays comme l’Afrique du Sud, la Grande-Bretagne, le Canada, l’Irlande, la Norvège, où l’influence de groupes soucieux de morale est importante. Mais l’Occident dans son ensemble, les grands partis, les syndicats et les réseaux de la société civile sont restés indifférents ou ouvertement hostiles au BDS, soit par crainte d’être accusés d’antisémitisme – accusation sans aucun fondement mais crainte bien enracinée –, soit par le réflexe paternaliste de croire qu’on sait mieux que les Palestiniens ce qui est bon pour eux. Mais devant le large soutien obtenu par le BDS à la suite du terrorisme d’État israélien à Gaza, qu’il s’agisse du blocus ou des violations de la loi internationale, les avocats d’une juste paix en Palestine sentent que le « moment sud-africain » est enfin arrivé. Israël est désormais largement considéré comme un paria international qui commet impunément des crimes de guerre et qui doit en être tenu responsable. En Europe, en particulier, on voit de grandes organisations et des mouvements sociaux qui protestent contre la complicité des gouvernants avec les crimes israéliens et qui réclament la suspension de l’accord de coopération entre l’Union européenne et Israël. En 2008, pour protester contre la célébration des soixante ans d’Israël, des artistes et des figures importantes de la culture ont décidé de ne pas y participer, répondant à l’appel pour le boycott d’Israël, lancé par plus de cent soixante-dix syndicats, partis politiques, mouvements de masse et organisations sociales palestiniennes. Parmi eux, Bono, Björk, les Rolling Stones, Jean-Luc Godard et Snoop Dogg. Parallèlement, nombre d’universitaires et d’artistes ont observé ce qu’on peut appeler un boycott silencieux, en ne participant pas aux festivités sans annoncer publiquement leur soutien au boycott. Avec les événements de Gaza, le mouvement pour le BDS s’est répandu dans le monde à un rythme sans précédent. Le mois dernier, le conseil municipal de Stockholm a annoncé que la société française Veolia, actuel exploitant du métro de la ville, avait perdu un contrat de trois milliards et demi d’euros – Veolia est impliquée dans le projet de construction du tramway reliant Jérusalem-Ouest aux colonies illégales en territoire palestinien. À Durban, le syndicat des dockers a refusé de décharger un cargo israélien, ce qui rappelle des mesures analogues prises autrefois contre des navires sudafricains. Un syndicat de dockers australien, un groupe de dirigeants syndicaux progressistes américains ont décidé d’appuyer l’action du BDS. Le Hampshire College a pris une décision historique en annonçant qu’il cessait son investissement dans six compagnies tirant profit de l’occupation israélienne : ce collège a été le premier à se désinvestir d’Afrique du Sud dans les années 1970. Même en France, où le boycott a été fortement combattu pendant des années, des universitaires de renom ont signé un texte soutenant explicitement le BDS (1). Ces récents succès de la campagne pour le BDS nous font espérer qu’on verra un jour la fin de l’impunité d’Israël et de sa collusion avec l’Occident, les Nations unies et les pays arabes, ce qui permettra à une paix juste de s’établir en Palestine et dans toute la région. C’est seulement ainsi qu’on donnera une véritable chance à une coexistence éthique. (*) Membre fondateur de la campagne pour le BDS (www.BDSmovement.net). (1) Voir l’Humanité du 3 mars 2009. http://www.humanite.fr/2009-03-28_Tribune-libre_Pour-une-veritable-coexistence-ethique

 

*) TRIBUNE LIBRE. « Comparons le coût des élus et les services rendus » par Alain Anziani, sénateur (PS) de la gironde

La commission Balladur entend remettre à plat l'organisation territoriale de notre pays. Nous pouvons en admettre la nécessité et partager certaines de ses conclusions. Mais, nous devons refuser cette campagne insidieuse qui parfois sert de justification à la réforme : il y a trop d'élus qui coûtent trop cher... Depuis longtemps, les socialistes souhaitent une organisation territoriale plus simple, plus claire, plus efficace et donc moins coûteuse en argent public. En 1982, contre la droite, nous avons mis en place les lois de décentralisation pour rendre plus efficace la dépense publique et la rapprocher du contrôle de nos concitoyens. Aujourd'hui, nous demandons que l'État aille jusqu'au bout de la décentralisation. Il est temps qu'il arrête de se défausser sur les collectivités locales, tout en les sollicitant pour financer des dépenses qui relèvent de ses compétences comme la LGV ou les autoroutes. Il est urgent que ce grand accumulateur de dette publique supprime les services qui doublonnent ceux des collectivités. Bref que l'État se recentre sur ses missions régaliennes parmi lesquelles figure l'aménagement du territoire. Le rapport Balladur se montre parfois schizophrénique. D'un côté, il confirme que les collectivités locales réalisent 73 % des investissements publics et ne représentent que 10 % des déficits. Il contredit aussi les pourfendeurs de prétendues gabegies locales : « Les besoins de la population en termes d'équipements publics et de services de proximité sont, d'une manière générale, mieux satisfaits que dans le système centralisé qui a longtemps prévalu en France », « la gestion des finances locales est globalement saine et la décentralisation n'a pas provoqué les errements graves redoutés par ceux qui s'alarmaient de la suppression de la tutelle préfectorale. » Mais pourquoi, flattant le poujadisme qui dort chez certains électeurs, instiller cette argumentation, reprise avec gourmandise par le gouvernement : les élus et les collectivités locales coûtent chers.

Soyons précis : l'indemnité mensuelle d'un maire d'une commune de 1 000 à 3 500 habitants est fixée par la loi à 1 613,57 ? et celle de son adjoint à 619,16 ?. À l'autre extrémité, celles d'un président de Conseil général ou régional, déterminée par référence à l'indice 1 015 de la fonction publique, ne peut dépasser 5 441 euros. Ces sommes sont soumises à impôt et aux prélèvements sociaux. Elles représentent moins de 0,75 % de l'ensemble des dépenses des collectivités. Est-ce trop ? Pour l'évaluer, il convient d'apprécier le service fourni. Corvéables jour et nuit comme on l'a vu lors de la tempête, les élus sont le lien de milliers de personnes en difficulté recherchant un emploi, une aide, un logement ou parfois plus simplement un conseil ou un soutien. À un autre niveau, les élus locaux assument les lourdes responsabilités de l'urbanisme, du développement durable, de l'action sociale, des écoles, collèges et lycées, de la formation professionnelle, ou du développement économique...

En Gironde, sans leur engagement aux côtés des salariés, les batailles de la Sogerma ou de Ford auraient certainement pris un autre tour. Ce travail, sans horaire, sans garantie d'avenir, impliquant de reléguer au second rang sa vie personnelle, soumis à la sanction des électeurs coûte-t-il trop cher ? Il est en tous les cas moins bien rémunéré que celui d'un cadre supérieur ou des élus de la plupart des grandes démocraties. Une réforme est nécessaire. Elle a besoin de vérité et de clarification. Non de démagogie. Loin d'affaiblir les élus du suffrage universel, la réforme doit renforcer les pouvoirs locaux, notamment en renforçant le triangle de proximité « communes-intercommunalités-départements » et en consacrant le trio stratégique « Région-État-Europe ». Avec une règle simple : chacun son métier, chacun sa responsabilité devant les électeurs. Et une inspiration forte : dans un monde où la loi du marché montre ses limites, il est urgent de réhabiliter l'action politique, une des formes du service public.

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/546092/mil/4347633.html

 

*) PARIS-PROVINCE. « Être libre, un pari solitaire » Par Jean-claude Guillebaud

Des lecteurs me demandent parfois : « Êtes-vous libre de tout écrire ? » Ma seule réponse est celle-ci : « J'essaie de l'être, voilà tout. » En effet, même quand elle est garantie par la loi, la liberté du journaliste n'est pas toujours vivante dans les têtes ou les pratiques. Il faut toujours s'y atteler. La vraie liberté de pensée, par exemple, ne peut en aucun cas être tribale, collective, moutonnière. Par essence, elle est solitaire. Elle se méfie des consensus et des idéologies invisibles. Elle fait un pas de côté. Elle procède de la dissidence. Elle s'obstine à dire ce qu'on tait, à vendre la mèche. Elle est « incorrecte ». Il n'est pas très difficile - même si c'est parfois héroïque - d'avoir l'esprit libre face à un adversaire ou une menace politique. Il est plus compliqué d'être libre à l'égard des siens, des proches, des amis, des gens de son camp ou de sa tribu. Le verbe vrai, en d'autres termes, est toujours détonnant. Chacun, à ce sujet, garde en tête un ou deux textes emblématiques. Le mien, c'est le pamphlet qu'écrivit Bernanos au moment de la guerre d'Espagne, sous le titre « Les Grands Cimetières sous la lune ». Je ne connais pas de pages plus libres que celles-ci. Bernanos - « le grand d'Espagne », dira de lui Roger Nimier - y dénonce les horreurs, les meurtres et les ignominies commises par les franquistes. Dans une langue admirable, il hurle son dégoût et sa révolte. Or, faisant cela, Bernanos s'insurge d'abord et principalement contre les siens. Il scandalise son propre camp, celui des catholiques bien-pensants qui préfèrent, quant à eux, dénoncer les « horreurs » imputables aux républicains. Chaque mot, chaque ligne, chaque page de ces prodigieux « Cimetières » sont à comprendre comme une insurrection de l'âme préférée aux fidélités claniques. Bernanos choisit résolument la solitude. Il sera injurié, méprisé, exclu du cercle des gens fréquentables. Il sera, si j'ose dire, provisoirement banni de sa paroisse. Il n'écrit pourtant qu'au nom de la vérité. Tout simplement. La vérité comme un ouragan qui doit - qui devrait ? - balayer toutes les prudences de plume et de langage. Apprenons donc, jour après jour, à nous libérer de nos propres prudences. Refusons la douce injonction de nos amis. Écartons-nous des tiédeurs de la troupe. Résistons à ce que les Grecs appelaient la doxa, c'est-à-dire l'opinion majoritaire. Ce n'est pas si facile. L'opinion dominante, c'est comme une vapeur qu'on respire. C'est une intoxication indolore. Elle tord le vocabulaire, piège les mots eux-mêmes. On est souvent conformiste de bonne foi, sans même avoir fait l'effort de s'en rendre compte. C'est ainsi qu'écrivent les perroquets. Ils sont foule, comme on le sait. Face à eux et à ces mille et une recommandations ou préjugés, il y a des gens plus têtus. Je connais peu de substantifs aussi précis, appliqués au journalisme, que celui de dissident. Celui que les pressions de la foule ne parviennent pas à mettre au garde-à-vous. Celui qui n'est pas marxiste quand c'est la mode (années 60), gauchiste quand il faut (années 70) et néolibéral bon teint comme tout le monde (aujourd'hui). La liberté d'expression est une emmerdeuse. Elle n'est jamais tendance. Mais attention ! Ces règles ne sont pas seulement applicables sur le terrain des idées. Elles valent, et peut-être plus sûrement encore, pour les enquêtes de terrain. La liberté de tout enquêteur passe, elle aussi, par le refus de la meute, du groupe. Il se détourne résolument des autobus et des bavardages collectifs. Mieux vaut cavaler vers les marges, les recoins, tout ce qui - dans un événement ou un pays - apparaît subalterne, et ne l'est pas. Aux salons et aux antichambres, aux briefings et aux parades, l'enquêteur préférera la poussière des villes et les quartiers lointains. La liberté d'expression, en somme, est seulement un projet. Et un pari. Il est très solitaire mais carrément magnifique. Auteur : jean-claude guillebaud

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/opinions/article/543882/mil/4335183.html

 

 

*) « Réduire les inégalités de revenus : une urgence ! » 1 Par Pierre Concialdi, Réseau d’alerte des inégalités (RAI), Vincent Drezet, secrétaire national du Syndicat national unifié des impôts (SNUI), Jean-Marie Harribey, co-président d’Attac. L’Humanité, 11 avril 2009

En pleine crise, l’opinion ne peut que se scandaliser devant la distribution maintenue de stock-options, de parachutes dorés et de bonus exorbitants. Devant le scandale, les responsables politiques ont multiplié les déclarations, en France et au-delà de nos frontières, mais de fait, aucune mesure concrète de portée générale n’est prise pour endiguer le phénomène. Et ce n’est pas le récent décret gouvernemental, limité tant dans sa durée que dans sa portée, qui pourra répondre aux enjeux. Alors que le chômage et la précarité explosent, les « affaires » continuent, une minorité s’obstinant manifestement à accaparer une part croissante des richesses. Rappelons quelques chiffres qui montrent que le scandale vient de loin. Entre 2000 et 2007, les profits des entreprises du CAC 40 ont progressé de 97 %, les dividendes qu’elles ont distribués ont augmenté de 255 % tandis que l’investissement reculait de 23 %... En 2007 les dirigeants des entreprises du CAC40 ont gagné, en moyenne, 6,2 millions d’euros chacun. De 2000 à 2006, les revenus dits de « capitaux mobiliers » (dividendes d’actions, revenus d’obligations…) déclarés à l’impôt sur le revenu sont passés de 14,5 milliards d’euros à 18,8 milliards d’euros, soit une progression de 29,6 %. Les gains en plus-values ont également progressé de 68 % en 4 ans. Entre 1998 et 2005, selon les travaux de l’économiste Camille Landais, les 0,1 % des foyers les plus riches ont vu leur revenu progresser de 32 % alors que, pour 90 % des foyers, la progression globale n’était que de 4,6 %. Plus globalement, le baromètre des inégalités et de la pauvreté (BIP 40) montre que celles-ci n’ont cessé de s’aggraver depuis le début des années 1980, hormis de brefs intermèdes en 1989-90 et 1998-2000. Les mesures fiscales de ces dernières années ont amplifié les écarts. En allégeant les impôts directs qui imposent plus fortement les hauts revenus et patrimoines, elles ont créé un effet boule de neige qui alimente mécaniquement les inégalités : l’économie d’impôt est réinvestie et génère des revenus supplémentaires eux mêmes imposés à taux réduit, etc. Que faire ? Le levier le plus durable consiste à réduire les écarts de rémunération dans les entreprises. Cela peut passer par une transparence totale des rémunérations, par un relèvement des minima sociaux et des allocations chômage (dont le faible niveau tire les salaires vers la bas), et par un renforcement du pouvoir de négociations des salariés dans l’entreprise. Cela nécessite surtout un changement profond de la logique « managériale » actuelle : il faut briser le cercle infernal qui fait de la performance financière et boursière le seul objectif des managers, dont dépend leur rémunération. Il est temps de mettre en discussion dans la société le niveau de rémunération maximum qu’une entreprise peut verser à ses dirigeants; nous considérons qu’une échelle allant, par exemple, de 1 à 10 constituerait un objectif souhaitable pour amorcer la réduction des inégalités de revenus. À court terme, la fiscalité doit être mobilisée. Il faut d’abord bien sûr supprimer le bouclier fiscal, et restaurer la progressivité de l’imposition des revenus financiers : la technique du « prélèvement libératoire » et le taux d’imposition proportionnel pour les plus-values, profitent aux plus hauts revenus. Il faudrait aussi élargir l’assiette de l’imposition en éliminant la plupart des niches fiscales et renforcer la progressivité de l’impôt sur le revenu en augmentant le nombre de tranches et en relevant le taux marginal du barème. Par exemple, dans l’immédiat, un taux de 90 % au-delà du revenu maximum acceptable devrait être débattu. Il faut aussi refondre l’imposition du patrimoine en élargissant son assiette. Enfin, au-delà de la redistribution monétaire, mentionnons le rôle des services publics qui jouent un rôle majeur dans la réduction des inégalités puisqu’ils permettent à chacun d’avoir un égal accès à l’enseignement, à la santé…

(1) L’Humanité a titré « D’inacceptables inégalités de revenus ! ».

La question des inégalités n’est pas qu’un scandale moral. La crise actuelle provient d’un surendettement et d’un emballement financier spéculatif, qui trouvent leurs racines dans la stagnation ou la baisse du pouvoir d’achat de la grande majorité et l’explosion des revenus des plus riches. La consommation ostentatoire des privilégiés accroît les pressions sur la biosphère. Réduire les inégalités est nécessaire pour des raisons économiques, sociales et écologiques. Cela suppose non pas un replâtrage superficiel du néolibéralisme mais son abandon complet.

http://harribey.u-bordeaux4.fr/travaux/travail/reduire-inegalites.pdf

 

*) PARIS-PROVINCE. « Une odeur de lilas » Par jean-claude guillebaud

Le printemps me ramène à la douceur charentaise. Chez moi. Dans notre course vers le multiple, le créole et le nomade, nous laissons trop souvent en chemin une dimension de l'être qui, parfois, se rappelle à nous. Aussi tenace qu'un parfum, aussi familier qu'une musique, mais plus lancinant qu'un point de douleur, ce besoin de patrie nous ramène, penaud, à la question qui hante la modernité : celle de l'identité véritable, de la « maison » terrestre où les hommes rêvent d'installer leurs pénates. Qui sommes-nous, au juste ? Dans quels pays, tribu, famille, communauté, généalogie, mémoire, culture, paysage, s'inscrit notre vie ? D'ordinaire, on juge volontiers de haut ceux qui gardent les pieds posés sur le sol et tiennent leur esprit à l'abri des « anciens parapets » (Rimbaud). On voudrait les arracher à la glèbe, symbole de la servitude. La mondialisation fait prévaloir une vulgate cosmopolite qui, sans toujours l'avouer, affecte de ridiculiser les « pays », les coutumes et, du même coup, les peuples qui s'y cantonnent. On préfère exalter le nomadisme, le virtuel et les appartenances plurielles, en se désintéressant des « ploucs », qui n'y ont pas - encore - accès. On a tort. Pareille étourderie débouche sur des politiques uniformisatrices ou des mondialisations autoritaires dont le premier résultat est d'exacerber les particularismes qu'on voulait atténuer. Là, se situe la vraie sottise de l'idéologie « mondialiste », qui se surajoute à la mondialisation elle-même. Ainsi dogmatisé, le mondial marche à rebours de l'universel. Il fabrique mécaniquement de la différence, du tourment identitaire, du repli, du tribalisme, là où devait triompher l'ouverture. Envers et contre tout, de telles interrogations continuent - et continueront longtemps - d'assaillir les humains. La revendication identitaire demeure. Elle est têtue. Elle est plus charnelle que toutes les théories du monde. Elle est carrément physique comme peuvent l'être la faim et la soif. Elle meuble notre mémoire d'une quotidienneté de gestes, de bruits domestiques, d'un assortiment de rites appris et de temps rythmés par l'habitude. En nous, le désir de conserver tout cela est impérieux. Le nomadisme ? L'ouverture mondiale ? Oui, bien sûr, mais nous avons besoin d'être de quelque part, d'habiter pour de bon le « pays du père », comme l'appelaient les latins, expression que nous traduisons par le mot « patrie ». Certes, il faut tenir à l'oeil cette revendication identitaire. Elle peut conduire à la clôture haineuse, au refus de l'autre, à l'enfermement craintif et à l'intolérance. Par les temps qui courent, les identités se font plus meurtrières que jamais. Ce sont elles qui nourrissent les micro-nationalismes obtus et les sectarismes armés. En elle-même, cependant, l'identité n'est pas criminelle. Bien au contraire, elle est au commencement de la conscience. Sa tiédeur, comme le sein d'une mère, permet à la sensibilité humaine d'éclore. Je touche le monde du bout de mes doigts avant même d'avoir une idée de sa vastitude. Le particulier, et lui seul, m'ouvre un chemin vers le général. D'un simple point de vue statistique, nous ne devrions d'ailleurs pas oublier que, sur la terre, plusieurs milliards d'hommes vivent encore dans le particulier. Ils demeurent à l'ombre du clocher, du minaret ou de l'arbre à palabres. Ils trottinent leur vie durant autour de la même rizière ou du même champ, naissent et meurent dans une patrie minuscule qu'ils n'échangeraient pour rien au monde. On aura du mal à les convaincre que cette façon de vivre est une arriération. L'enracinement et la fixité territoriale induisent au contraire ce qu'on pourrait appeler une ferveur apaisée. Le « local » est un bivouac à la lisière de l'universel. C'est ainsi que je goûte mes horizons charentais, comme Mauriac goûtait ceux de Malagar en avril, un mois qui sent le lilas...

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/opinions/article/551197/mil/4366825.html

 

*) Pour ceux qui ont assisté à la conférence débat : « Culture économique et sortie de crise » et pour ceux qui n'ont pas pu venir  

Si l'on en croit les tenants de la " nouvelle " économie, le planteur africain n'obtient pas un prix rémunérateur pour ses productions parce qu'il est mal informé, il est victime d'une asymétrie de l'information (Akerlof, Stiglitz…). En fait, si le planteur recevait tous les jours en temps réel les cours internationaux du cacao, du café, du coton…, étant parfaitement informé sur l'état de la demande, il pourrait obtenir un prix rémunérateur de la multinationale qui lui achète sa production. En conséquence, il faut abonner le planteur aux journaux financiers et même, le doter de l'Internet à haut débit, mais pour cela le planteur devra fouiller sa case pour dénicher les prises électrique et du téléphone. Même bien informé, ledit planteur peut ne pas obtenir un prix suffisant parce qu'il manque de capital social (ses " liens sociaux sont insuffisants ") (Coleman, Bourdieu, Putnam…). Autrement dit, les planteurs n'ont qu'à se regrouper, créer ou participer à des réseaux pour pouvoir négocier efficacement avec les multinationales, ils peuvent aussi, pour acquérir du capital social, adhérer à une confrérie ou à une secte, se convertir, envoyer leurs enfants dans les mêmes écoles que les dirigeants des multinationales, fréquenter les clubs de dirigeants, jouer au golf, fumer des havanes, passer leurs vacances à Cannes… Lorsque leur capital social accumulé sera suffisant notamment grâce aux réseaux bien établis, les planteurs pourront discuter d'égal à égal avec la multinationale qui achète leur production, même si le chiffre d'affaires de ladite multinationale représente un multiple du PIB du pays dans lequel les planteurs vivent. Ainsi, l'échange sera équitable.

En fait, les raisons de la pauvreté au Sud proviennent de l'asymétrie de l'information ou du défaut de capital social, les multinationales n'y sont pour rien ! http://blog-conte.blogspot.com/2009/04/asymetrie-de-linformation.html

-From : bernard.conte@free.fr 

 

*) « Quel Front ? Quelle Gauche ? » par André ROSEVEGUE*, Membre du Conseil d’Orientation d’Espaces Marx Aquitaine-Bordeaux-Gironde.

Angoisse de l'éditorialiste qui écrit « avant » et qui sera lu « après ». J'écris ce texte au matin du 19 mars, sans savoir encore quelle foule se pressera place des Quinconces à Bordeaux pour la manifestation unitaire pour l'emploi, les salaires, les services publics.

Rêve général(e)

Déjà, il me semble que l'on perçoit un découplage dangereux entre  la sympathie (énorme et croissante)  pour le mouvement de grève et la participation (peut-être stagnante) à celui-ci; peut-être même un découplage entre la participation (croissante et s'approfondissant) au mouvement dans l'Université, étudiants et personnels, et un « tassement » du nombre de grévistes dans les services publics, non compensé peut-être par les bataillons des licenciés du privé. Obligation de réfléchir à la stratégie syndicale, avec au coeur en premier lieu la question de l'unité. Le niveau de mécontentement des salariés est tel que toutes les organisations syndicales appellent aux journées du 31 janvier et du 19 mars. Mais la réalisation de cette unité et son maintien deviennent semble-t-il la condition absolue pour qu'une décision d'action soit prise. En conséquence l'alignement se fait sur les positions des plus timorées, sur les directions qui sont le moins décidées à faire rendre gorge aux exploiteurs et à leurs affidés au Pouvoir. Ce n'est pas nouveau : la succession de grèves de 24 heures sans que les grévistes se voient proposer autre chose que d'appuyer des directions syndicales qui vont une nouvelle fois demander un rendez-vous aux patrons et au gouvernement pour qu'ils veuillent bien, s'il vous plaît  messieurs-dames, écouter les revendications, ça épuise. Les salariés en reviennent à penser qu'il vaut mieux se bagarrer dans sa boîte, son service, son atelier, au niveau où on contrôle l'action. Le résultat est dramatique : pour Bernard Thibaut, si Sarkozy n'entend pas les manifestations d'aujourd'hui, il nous faudra réussir l'unité... le 1er Mai. En entendant cela, Shrek doit boire du petit lait. Sommes-nous vraiment condamnés à cette paralysie : de peur de montrer une régression du mouvement, s'en remettre à ceux qui veulent en finir le plus vite possible avec l'action ? Le dépassement de la contradiction est théoriquement simple : faire confiance à la base, mais sans la laisser dans l'émiettement. Favoriser la construction par le bas d'une mobilisation contrôlée par ses acteurs même. Je ne dis pas que c'est simple de le réussir. Incontestablement c'est d'autant plus difficile que la direction de la principale organisation syndicale tourne le dos à cette construction. On ne peut m'empêcher de penser que les leçons venues des Antilles sont mieux comprises à la base qu'au sommet. La grève générale, démocratiquement contrôlée par ses acteurs, n'est pas qu'un mythe du XIX° siècle pour nostalgiques soixante-huitards.

Oui mais, quelle alternative politique ?

J'entends déjà Francis ou Dominique me dire : face à Sarkozy et Parisot, face à la banque Européenne et au traité de Lisbonne, répondre « grève générale » sans que s'esquisse un début d'unité d'une gauche de gauche, quelle illusion ! En s'enfermant dans son splendide isolement parce qu'il a un leader chouchou des médias, le NPA prend la responsabilité de décourager Ford et les sans-logis. Bref, qu'en est-il de la possibilité d'offrir une alternative, en commençant par les européennes ? Même si on n'est pas d'accord sur tout, pourquoi ne pas repartir de ce que nous avons fait pour la campagne du NON au TCE ? C'est tentant en effet. Il faut répondre à l'aspiration unitaire, et pourquoi sur les européennes ne pas partir de ce que nous avons pu dire ensemble sur l'Europe ! Maintenant que Mélenchon a su quitter le PS, donnons sa chance à une gauche résolument républicaine.  Au risque d'être caricatural, je vais dire en quelques mots pourquoi l'offre unitaire qu'a faite le NPA* me semble mieux correspondre aux besoins, et pourquoi il me désole que les autres organisations dites de la gauche de gauche, dont je retrouve (avec plaisir) beaucoup de militants dans Espaces Marx notamment, n'y aient pas répondu favorablement. Vu la place, je vais même me limiter à deux :

- « durable » est un mot qui fait flores. Développement durable. Pour une paix juste et durable. Oui, je crois qu'après les désillusions des présidentielles il est logique de vouloir construire une unité non pour les siècles des siècles, mais pour la période politique que nous sommes en train de vivre. Parier sur une unité sur les européennes en sachant déjà que les partenaires lorgnent sur le maintien de leur alliance avec le PS dans d'autres instances, est-ce raisonnable ? Or le Parti de Gauche comme le PCF non seulement continuent d'administrer régions, départements, mairies et syndicats de communes en alliance avec le PS sur l'orientation sociale-libérale de celui-ci, mais ils nous disent qu'ils se refusent à « exclure » la reconduction de tels accords l'an prochain pour les régionales. Soyons clairs : je n'ai pas été ébloui par la démocratie participative et la construction des programmes de ces collectivités à partir des délibérations des citoyens à la base. Plus, je n'ai pas été ébloui par la façon dont PCF et PG auraient tenté d'innover en ce sens autrement qu'à la marge. Bref, proposer une unité durable en toute indépendance d'un PS fondamentalement rallié à la construction d'une économie de marché gentiment régulée, cela ne me semble pas une preuve de sectarisme.

- nucléaire. Répondre à l'urgence écologique serait l'objectif que nous aurions en commun, mais la question du nucléaire sera renvoyée à nouveau à des débats ultérieurs (notons que depuis les présidentielles ce débat n'a pu s'instaurer). Ce n'est pas sérieux. Pendant les campagnes les travaux continuent. Et le PCF se réjouit avec la Mairie de Dieppe de la décision de Sarkozy d'implanter à Penly la deuxième centrale EPR (contrairement au PG qui semble s'en inquiéter enfin). Des solutions fiables contre les risques majeurs encourus seraient-elles apparues ces derniers temps ?  Idem pour le stockage des déchets pendant des millénaires ? Demander que la campagne pour les européennes pose l'objectif d'une Europe sortant du nucléaire, cela ne me semble pas un prétexte pour faire capoter l'unité, mais une exigence pour la planète.

J'aurais voulu aussi parler de l'interdiction des licenciements – après les cadeaux aux banques, cela semble moins absurde qu'il n'y parait, non ?-; et même du fait qu'avec la crise anticapitalisme n'est plus un gros mot pour personne; mais je n'ai plus la place. Allons, ce n'est qu'un début, continuons le débat.

(*) Disons les choses clairement : je suis membre du NPA après l'avoir été de la LCR, n'y exerce pas de responsabilité et n'en suis aucunement le porte parole; mais pour moi, la classe ouvrière, c'est pas du cinéma.

 

 

         &&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

         &              Une autre Europe  est possible              &

         &&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

 

 

*) Déclaration de principes du Front de Gauche pour Changer d’Europe

Les élections européennes vont se dérouler dans un contexte de crise historique du capitalisme. Celle-ci se traduit par de graves menaces pour nos concitoyennes et nos concitoyens et pour la planète : chômage grandissant, aggravation des inégalités Femmes/Hommes, difficultés financières pour des millions d’entre nous, démantèlement des services publics, crise d’importants secteurs industriels, dérèglement climatique, mise en cause des milieux naturels et des écosystèmes, recul des libertés publiques et de la démocratie, atteintes à l’indépendance des médias et de la justice, criminalisation des luttes sociales et dérive sécuritaire…Dans un tel contexte, les tentations autoritaires et les extrêmes droites peuvent à tout moment resurgir, les risques de guerre renaître.

Tous ces dangers sont le résultat d’une déréglementation généralisée menée sous la pression des firmes multinationales et de choix politiques qui placent la rentabilité financière des capitaux et la concurrence au dessus de toute considération humaine. Une véritable dictature de l’actionnariat et une mondialisation capitaliste-libérale ont abouti à la multiplication des délocalisations et à la compression des salaires. Cette dérégulation, principalement portée par les Etats-Unis, a été accompagnée par des interventions militaires à l’étranger, comme en Irak et au Moyen-Orient. Multidimensionnelle, la crise est celle de tout un modèle de développement, source d’inégalités monstrueuses, de gaspillages incommensurables des ressources de la planète, de tensions et de conflits dans le monde. Elle est le résultat d’une logique capitaliste qui déconnecte toujours plus la sphère financière de la production créatrice de valeur sociale,  qui prône le productivisme au mépris de l’environnement, qui étend la marchandisation et le consumérisme au mépris de l’humain et de l’intérêt général.

L’Union européenne est totalement engagée dans ce modèle néolibéral capitaliste en échec, particulièrement au fil des vingt dernières années. Il imprègne ses traités, ses structures, ses politiques. Il est réaffirmé dans le traité de Lisbonne. Cette crise est donc aussi l’échec de l’« Europe libérale » : celle de l’ « économie de marché ouverte où la concurrence est libre » ; celle de « l’interdiction de tout entrave à la libre circulation des capitaux » ; celle du libre-échange généralisé et de son corollaire : la mise en concurrence des territoires et des peuples pour tirer les acquis sociaux vers le bas ; celle d’une banque centrale européenne (BCE) échappant à la souveraineté populaire et totalement dévouée aux marchés financiers ; celle d’un « pacte de stabilité » visant à faire baisser les « coûts » salariaux et à rationner les dépenses sociales ; celle de l’interdiction d’interventions publiques de l’Etat notamment en faveur de politique industrielle favorisant l’emploi et les salaires; celle de la privatisation des services publics, de la déréglementation, des privatisations; celle de la concentration des pouvoirs loin des citoyennes et des citoyens ; celle qui au nom de la « compétitivité » fragilise en même temps que le tissu social, l’environnement et le « vivre ensemble » lui-même. En réalité, cette crise fait exploser toutes les règles libérales imposées par les textes européens.

Une exigence émerge de cette expérience: « il faut changer d’Europe ! ». Cette exigence est majoritaire en France depuis 2005 et elle ne cesse de grandir à travers le continent.

Des millions d’hommes et de femmes se mobilisent pour faire entendre leur colère, leur soif de justice et de changement. Ces mouvements sociaux sont en plein essor. Les grandes mobilisations sociales que nous connaissons partout en Europe et en France, récemment en Guadeloupe, Martinique et à la Réunion, prouvent que l’unité peut faire plier gouvernants et possédants.  Ces mouvements appellent des réponses politiques à la hauteur des exigences de l’heure.

Les forces de gauche sont ainsi confrontées à un triple défi : celui de se montrer utiles aux peuples dans une situation qui s’annonce comme devant être de plus en plus dramatique ; celui d’être capables de gagner la bataille des idées sur les choix stratégiques à faire pour s’attaquer aux racines de la crise, celui de réussir à rassembler autour de ces choix suffisamment de femmes et d’hommes pour ouvrir une perspective de changement.

C’est dans ce contexte que vont se tenir les élections européennes du 7 juin prochain. Elles constituent l’occasion par excellence pour nos concitoyennes et nos concitoyens d’exprimer avec force et dans la clarté quelle politique ils entendent sanctionner et quelle Europe ils souhaitent construire. C’est pour créer les conditions d’une telle dynamique que les organisations signataires de la présente déclaration ont décidé d’unir leurs efforts dans un « Front de gauche  pour changer d’Europe ». Ce Front reste ouvert à tout autre parti de gauche partageant ces objectifs et cette démarche. Il s’inscrit dans le meilleur des traditions du mouvement ouvrier, des combats républicains, des mouvements sociaux et de l’écologie politique. Il vise à rassembler l’ensemble des forces qui entendent promouvoir une véritable politique de gauche, les acteurs et actrices  du mouvement syndical, social, altermondialiste et associatif qui sont disposés à s’engager dans cette démarche, les citoyens et citoyennes qui partagent cette ambition.

Ce que nous voulons, c’est d’abord faire de ce scrutin un bras de fer entre notre peuple et Nicolas Sarkozy. Celui-ci incarne, en effet,  parfaitement ce modèle « libéral-capitaliste » et autoritaire prôné par le MEDEF, et entend - si on lui en laissait le loisir - le pousser jusqu’à l’extrême.

Chaque vote pour le Front de Gauche, le 7 juin prochain, sera, en premier lieu, un «carton rouge » à Nicolas Sarkozy.

Ce que nous voulons, dans le même mouvement, c’est faire de ce vote l’expression du NON de gauche au traité de Lisbonne - cette réincarnation de l’ex-traité  constitutionnel - au sujet duquel le Président de la République a prétendu priver notre peuple de la parole, avec l’appui des parlementaires de droite (UMP et Modem) et hélas la complicité de la majorité des parlementaires socialistes, verts et radicaux de gauche lors du Congrès de Versailles.

Ce que nous voulons, c’est indiquer une autre voie pour la gauche que celle qui accompagne en France et en Europe, la construction libérale de l’Union européenne en soutenant les traités actuels.

Ce que nous voulons, c’est affirmer une vision nouvelle de la société et de l’Europe fondée sur l’intérêt général et la souveraineté populaire à l’échelle nationale comme à l’échelle européenne.

Nous affirmons, dans cette vision nouvelle, la place centrale du Féminisme comme un élément constitutif de toute transformation sociale. Changer l’Europe passe par la reconnaissance de l’égalité des droits entre les femmes et les hommes dans toutes les sphères de la vie. Pour obtenir une égalité réelle, il faut tirer vers le haut TOUS les droits, et adopter une clause de l’européenne la plus favorisée pour permettre à Chaque femme de pouvoir bénéficier des lois les plus avancées pour les femmes dans les pays de l’Union. L’Europe doit être contre la domination patriarcale : les femmes doivent pouvoir se faire entendre et participer à égalité aux prises de décisions, avec des lois contraignantes. Les associations féministes doivent être reconnues comme des partenaires sociétales. Nous demandons que l’Europe lutte contre les violences sexistes, au moyen de loi-cadre contre les violences faites aux femmes. Nous voulons qu’elle fasse respecter le droit des femmes à l’IVG et à la contraception libre et remboursée et qu’elle légifère contre la prostitution.

Dans cette campagne nous mettons l’accent sur quelques idées clairement de gauche:

o - L’impératif social: Au niveau de chaque nation comme sur le plan européen, tous les instruments disponibles doivent être mis prioritairement au service de l’emploi, de sa qualité et de sa sécurisation, de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes et de l’éradication de la précarité; au service de la promotion des capacités humaines: formation, éducation, santé, culture, recherche, logement, salaire décent, conditions de travail humaines, retraites dignes. Cela vaut tout particulièrement pour les moyens financiers et les pouvoirs d’intervention dont doivent disposer les citoyennes et les citoyens, les salariées et les salariés dans l’entreprise, sans lesquels ces priorités resteraient des vœux pieux. Une logique de gauche doit viser à impulser un autre type de production alliant développement humain, social et écologique ce qui implique notamment une mise en œuvre des fonctions d’anticipation, de prévision et de programmation de la puissance publique indissociables de pratiques démocratiques, citoyennes et populaires. Cela implique, surtout dans la phase actuelle, la maîtrise du crédit pour orienter la gestion des entreprises dans le sens de ces nouvelles priorités, et ce depuis les régions jusqu’à la BCE. Elle doit également tendre vers une maîtrise publique du système bancaire pour parvenir à une politique européenne coordonnée en matière monétaire qui mette au centre de la construction européenne une stratégie de l’emploi et de lutte contre le chômage.

A cette fin la BCE doit être transformée dans ses missions pour être mise au service des populations et  soumise à un contrôle démocratique. Ce qui nécessite aussi, au niveau des Etats un processus de réappropriation publique des systèmes bancaires et de crédit. Face à la crise il faut mettre en œuvre un vrai bouclier social au plan européen. Celui-ci doit notamment permettre de s’opposer aux plans de licenciements  comme aux délocalisations, d’augmenter les salaires les minimas sociaux et les pensions. Il faut engager une harmonisation sociale par le haut, remettre en cause le dogme du libre échange, développer des services publics démocratisés et refuser leur libéralisation ; soutenir une politique industrielle respectueuse de l’environnement et  créatrice d’emplois de qualité. On se doit aussi  d’œuvrer à une large redistribution des richesses au moyen notamment des dispositifs fiscaux

o - L’impératif écologique: les engagements réclamés par la communauté scientifique mondiale pour lutter contre le réchauffement climatique doivent être tenus. L’appel aux mécanismes de marché, privilégié par l’union européenne, montre ses effets pervers. La crise ne doit pas servir de prétexte pour retarder les transformations nécessaires. Un nouveau type de développement doit promouvoir les investissements dans les énergies renouvelables et propres; les économies d’énergie; le développement du transport ferroviaire et de la voie d’eau; la protection des milieux naturels. L’Europe doit promouvoir une agriculture paysanne non soumise à la logique productiviste qui garantisse aux agriculteurs des prix rémunérateurs. Il faut tarir les subventions à «l’agrobusiness», maintenir un moratoire sur les cultures OGM et inscrire la politique agricole dans une logique de souveraineté alimentaire.

o - L’impératif démocratique: la démocratie c’est le pouvoir du peuple. Or les institutions européennes actuelles organisent le contournement des peuples, des citoyennes et des citoyens en confiant des pouvoirs essentiels à des instances non élues. Cela affaiblit la souveraineté populaire à l’échelle nationale. Et cela ne construit aucune souveraineté populaire à l’échelle européenne. Cette construction politique est à rebours de tout fondement républicain. A l’inverse, nous estimons que la démocratie repose sur la citoyenneté, avec la parité comme moyen pour les femmes de participer à égalité à l’exercice des responsabilités politiques Dans l’Union européenne, aussi bien les politiques de coopération entre les Etats que les politiques intégrées doivent être contrôlées par les citoyens et soumises à la souveraineté populaire. Nous nous battons pour une Europe laïque. C’est une des conditions indispensables pour construire un espace démocratique européen qui garantisse la liberté de conscience et l’égalité des citoyennes et des citoyens quelques soient leurs convictions philosophiques et religieuses. C’est aussi le fondement d’une vision solidaire et pacifique des relations internationales à l’opposé du prétendu «choc des civilisations».

o - L’impératif solidaire: Il vaut à l’intérieur de chaque société: lutte contre l’exclusion sociale et la précarité, contre les discriminations et la xénophobie, et pour l’égalité effective des droits; respect des droits fondamentaux des personnes issues de l’immigration, à commencer par le droit d’asile, le droit à la scolarisation des enfants et le droit du travail; droit de vote et d’éligibilité aux élections locales et européennes pour tous les résidents au même titre que les citoyens de l’Union Européenne ; régularisation des «sans papiers» avec la mise en place d’une stratégie de co-développement. Il vaut naturellement au sein de l’union européenne: à la fois entre les nations qui la composent et vis à vis des autres peuples du monde. A cet égard, la «directive retour» mérite bien le nom, qui désormais l’affublera jusqu’à sa nécessaire abrogation, de «directive de la honte».

Nous défendrons, au parlement européen, un vrai projet de coopération et de solidarité avec les peuples de la Méditerranée et avec l’Afrique.

o - L’impératif de la paix: L’Union européenne doit refuser de se laisser embrigader dans la politique militariste des Etats-Unis. Elle ne doit pas tolérer l’installation d’un «bouclier antimissile» sur son territoire, mais doit, au contraire, s’engager fermement en faveur de la relance du désarmement. Les troupes européennes doivent être retirées d’Afghanistan et l’aide au développement doit être renforcée. L’Europe doit rompre avec l’atlantisme et l’alignement sur les Etats-Unis notamment dans le cadre de l’OTAN. Une politique extérieure européenne indépendante doit se fonder sur le droit international, en particulier au Proche Orient: elle doit s’engager de façon résolue - en usant de tous les instruments politiques et économiques à sa disposition y compris le traité d’association Union Européenne / Israël et le statut d’Israël dans le cadre de «la politique de voisinage» - en faveur du respect du droit imprescriptible du peuple palestinien à un Etat viable, souverain et démocratique, sur les frontières d’avant juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale, à côté de l’Etat d’Israël dans une reconnaissance mutuelle de ces deux Etats et par tous les Etats de la région.

En tant que représentants de la France au parlement européen, nous ferons entendre - à l’opposé de la politique de Nicolas Sarkozy -  le projet d’une Europe indépendante, récusant les logiques de mise en concurrence des peuples et au service de la paix et du désarmement.

Sur la base de ces objectifs, nous voulons faire élire, le 7 juin, un grand nombre de parlementaires du « Front de Gauche pour changer d’Europe » qui siégeront au sein du même groupe de « la gauche unitaire européenne » du Parlement de Strasbourg.

En un mot nous voulons contribuer à changer la donne en Europe et en France, nous mettre en situation d’agir en faveur des transformations profondes que la situation de crise requiert, nous voulons agir pour une Union européenne aussi  utile à notre peuple qu’aux citoyennes et aux citoyens de l’ensemble de l’Europe, utile au monde, utile à la paix.

http://soutiens.frontdegauche.eu/projet/declaration-de-principes-du-front-de-gauche-pour-changer-deurope/#more-5

 

*) « L’Europe que nous voulons » PAR L’INITIATIVE FEMINISTE EUROPEENNE (*)

Les élections au Parlement européen vont se dérouler en juin 2009 dans les vingt-sept pays de l’UE. L’Union européenne se présente comme un projet dont la paix, la démocratie et les droits humains sont les valeurs dominantes. Est-ce la réalité que nous vivons ? Comment analyser les politiques européennes aujourd’hui au regard des conséquences qu’elles ont dans la vie des 250 millions de femmes qui vivent dans les pays de l’UE ? Dans quelle Europe souhaitons-nous vivre ? Quels représentants ? Quelles représentantes souhaitons-nous avoir au Parlement européen et pour y soutenir quels choix politiques ? Peut-on construire une société juste et égalitaire sans rupture avec les choix actuels d’une Europe capitaliste et patriarcale qui ont produit crise mondiale, précarité, chômage renforcement des intégrismes religieux et de la militarisation, en premier lieu au détriment des femmes. L’Initiative féministe européenne s’attache à donner un nouveau contenu aux mots démocratie, pouvoir, paix, sécurité, en dévoilant les structures de pouvoir qui régissent les relations entre hommes et femmes et constituent le vecteur le plus important de discrimination et d’oppression en lien avec le racisme, l’homophobie et les autres formes de discrimination liées à l’appartenance sociale, l’origine ethnique, le handicap ou l’âge. L’Initiative féministe européenne plaide pour une nouvelle conception de la démocratie : la capacité des hommes et des femmes à peser ensemble sur les décisions qui sont prises en leur nom, à permettre leur participation et leur droit de contrôle. En d’autres termes, il s’agit d’évaluer la démocratie à l’aune de l’égalité entre les hommes et les femmes. Cela signifie accorder la priorité à des politiques qui donnent aux femmes et aux hommes droits et responsabilités égaux, dans la sphère publique comme dans la sphère privée. Nous, femmes et hommes qui vivons en Europe, avons droit à une véritable paix qui soit plus que l’absence de guerre dans nos foyers comme dans l’espace public et nous rendons nos élu(e)s européen(ne)s et les institutions européennes comptables des mesures prises pour atteindre cet objectif. Nous avons droit à une juste redistribution des ressources qui permette aux femmes une meilleure vie, une vie dont elles soient véritablement partie prenante.

Il est urgent d’intégrer, à tous les niveaux, nos représentant(e)s et nos analyses féministes dans la construction de l’Europe pour qu’elles soient entendues.

Les prochaines élections au Parlement européen nous donnent l’occasion de soutenir et d’élire des député(e)s qui s’engageront pour :

1. L’égalité entre les hommes et les femmes comme principe fondateur de la construction de l’Europe, et des mesures qui traduisent concrètement cet engagement.

2. La laïcité comme principe de base de la future Europe, garantissant la non-interférence de toute religion et de toute structure religieuse dans les affaires des États.

3. Une démocratie réelle dans laquelle les femmes et les hommes partagent le pouvoir d’intervenir sur les priorités d’action et les décisions qui sont prises en leur nom.

4. Le droit des femmes à un emploi garanti et stable à égalité de salaire pour un travail similaire, la priorité donnée à la protection sociale, à la santé, à l’éducation et à la culture et assurant la possibilité pour les hommes et les femmes de concilier vie professionnelle, vie personnelle et familiale.

5. La libre circulation des personnes et la pleine citoyenneté aux personnes qui vivent sur le territoire européen ainsi que le droit d’asile pour les victimes de violences sexuelles.

6. L’harmonisation des droits des femmes sur la législation la plus avancée incluant le droit à disposer de son propre corps et la libre orientation sexuelle, le droit à l’avortement libre et gratuit et la reconnaissance des violences masculines à l’encontre des femmes comme un problème social majeur.

7. La réduction des dépenses militaires et l’élimination de toutes les armes de destruction massive. La fermeture des bases de l’OTAN en Europe, la dissolution de cette structure et le retrait des troupes d’Irak et d’Afghanistan.

La réorganisation des structures militaires en unités civiles d’aide humanitaire, l’engagement politique de l’Europe à renoncer à toute forme d’agression ou de contrainte à l’encontre d’un autre pays afin que l’Europe devienne une force décisive de promotion de la paix et de la sécurité, pour les hommes et les femmes, sur l’ensemble de la planète. Seule cette perspective politique peut promouvoir une Europe sans violence et sans violence contre les femmes, une Europe où nous ne serons enfin plus en situation d’exiger nos droits mais en situation d’en bénéficier.

L’Initiative féministe européenne appellera à soutenir :

 tous les candidats, femmes et hommes, qui se présentent sur la base de nos exigences politiques et qui ont le courage de proposer une véritable alternative à la construction européenne pour l’avenir de l’Europe et du monde ;

 les partis et les listes dont les programmes sont en accord avec nos propositions, nos exigences, notre conception d’une autre Europe et qui donnent sur leurs listes des places aux féministes en position éligible ;

 les femmes organisées sur des bases féministes, selon les formes de leur choix en fonction de leurs différents contextes dans les pays de l’Union.

Nous appelons toutes les citoyennes et tous les citoyens d’Europe à voter en juin et à porter leurs voix sur les candidat(e)s, partis et listes qui soutiennent ces exigences. Ensemble nous pouvons construire une autre Europe, une Europe laïque et solidaire, une Europe de paix et de sécurité, une Europe fondée sur l’égalité et le développement. (*) ife@efi-europa.org et www.ife-efi.org. http://www.humanite.fr/2009-04-01_Tribune-libre_L-Europe-que-nous-voulons

 

*) John Monks : Une colère des salariés qu’il faut prendre au sérieux

John Monks, secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats (CES), estime que les mesures européennes sont très insuffisantes face à l’ampleur d’une crise aux conséquences désastreuses pour l’emploi.

--- Comment jugez-vous les réactions des décideurs européens face à la crise ?

John Monks. La Commission européenne et le Conseil de l’Union européenne n’avancent pas assez vite et je considère que leurs actions sont trop prudentes. Certes, il était nécessaire de décider la mise en oeuvre d’un plan de relance comme l’a fait la Commission, tout comme le sauvetage des banques a été nécessaire. Si toutes ces mesures vont dans la bonne direction, elles ne suffisent pas pour affronter une crise d’une telle ampleur et répondre aux inquiétudes rencontrées par l’ensemble des salariés. À ce jour, le plan de relance européen représente environ 0,9 % du Produit intérieur brut (PIB). Ce montant est loin d’être suffisant pour faire face aux licenciements massifs qui plombent un peu plus chaque mois les statistiques du chômage. Un chômage qui aggrave une précarité déjà existante et creuse les inégalités. Nous assistons à une avalanche de sommets et de réunions de haut niveau montrant, certes, que la crise est le souci numéro un des décideurs européens. Mais, lorsqu’on analyse au final les décisions prises, force est de constater que l’ambition politique n’est pas à la hauteur des enjeux. L’emploi est la préoccupation majeure des citoyens. Il doit donc être au coeur des priorités de toutes les politiques actuelles. Alors, que penser de la décision de changer le format du sommet pour l’emploi, censé se dérouler à Prague le 7 mai, pour le rétrograder au rang de troïka sociale ? Ce sommet devait réunir les chefs d’État et de gouvernement des 27 États membres et les partenaires sociaux européens. Je regrette que le Conseil ait décidé de le déclasser. J’estime que c’est un très mauvais signal donné à tous ceux qui, en Europe, craignent pour l’emploi. De là à tomber dans l’autosuffisance, il n’y a qu’un pas. Cela dit, nous assisterons à ce sommet « réduit » pour rappeler nos revendications, nos propositions. Autosuffisance encore, lorsqu’on entend que les systèmes de protection sociale de certains pays jouent le rôle d’amortisseurs à la crise pour se dédouaner de faire davantage. Or, nous savons que les États membres ne sont pas tous pourvus de systèmes de protection sociale.

--- Des mouvements sociaux se développent eu Europe, qu’en pensez-vous ?

John Monks. Ces mouvements de protestation sociale traduisent une détresse et une colère qu’il faut prendre au sérieux. Des travailleurs à qui l’on a demandé de faire des efforts voient aujourd’hui des milliards s’envoler pour renflouer des banques qui ont fait preuve de la plus grande irresponsabilité en prenant des risques inconsidérés. Six mois après le début de la crise, certains grands patrons s’octroient des bonus quand leurs entreprises ou institutions licencient alors même qu’elles ont reçu des aides de l’État. C’est intolérable. On ne peut que comprendre ces mouvements de protestation qui expriment un sentiment d’injustice sociale face à ces inégalités criantes. Nous avons d’ailleurs soutenu la journée d’action unitaire des syndicats français du 19 mars, tout comme nous avions apporté notre soutien à la manifestation du syndicat irlandais qui avait réuni 120 000 manifestants le 21 février. La CES alerte depuis plus de deux ans sur les dangers que fait peser le capitalisme financier sur l’économie réelle. Nous menons actuellement une campagne, Combattre la crise : priorité aux citoyens, dans le cadre de laquelle quatre euromanifestations auront lieu à la mi-mai (le 14 à Madrid, le 15 à Bruxelles, le 16 à Prague et Berlin). Lors du dernier sommet européen, nous avons averti les dirigeants européens qu’ils devaient être attentifs à ces mouvements sociaux. Rappelons encore que cette crise intervient sur un marché du travail déjà fragile parce que très précaire, d’où cette vive inquiétude chez un nombre croissant de citoyens européens.

--- Vous dites que le moment est venu de passer à l’action. Que propose la CES ?

John Monks. En proposant un nouveau deal social, nous demandons que l’accent soit mis sur des politiques et des mesures à court terme en faveur des travailleurs et de tous ceux qui paient le prix fort de cette crise. Celle-ci est grave, mais pas insurmontable si certaines mesures sont prises et si l’ensemble des États membres font preuve d’une réelle volonté politique.

Tout d’abord, il est indispensable de mettre le cap sur l’emploi. Cela implique des mesures permettant de garder les travailleurs dans leurs entreprises. Il est primordial de maintenir les salaires, la protection sociale et les retraites afin que les gens aient de l’argent à dépenser et soutiennent par là même l’économie. Les jeunes sont également une priorité : ceux qui terminent leur scolarité vont entrer sur le marché du travail à un moment très difficile. Pour faire face à ces difficultés, ils auront besoin d’un soutien particulier. Nous voulons encore des services de formation professionnelle permettant de se préparer aux nouveaux emplois du futur, comme les « emplois verts » dans le cadre d’une politique industrielle à bas carbone. Enfin, les fonds européens, tels que le Fonds européen d’ajustement à la mondialisation, devraient être débloqués d’urgence afin de contribuer aux projets de créations d’emplois à l’échelle européenne. Entretien réalisé par Olivier Mayer

http://www.humanite.fr/2009-04-02_International_John-Monks-Une-colere-des-salaries-qu-il-faut-prendre-au

 

*) EUROPE : TOUS DERRIERE L’ONCLE SAM

Alignement. Mise en place d’un conseil économique UE - États-Unis, projet de zone de libre-échange, de structures politiques communes, d’aucuns font le forcing pour une intégration transatlantique. G20, OTAN, sommet UE - États-Unis, la « relation transatlantique » a été au coeur de l’actualité la semaine dernière. Si l’Alliance atlantique est avant tout une organisation militaire, certains aimeraient la voir doublée d’une organisation politique et économique. Le projet n’est pour l’heure qu’à l’état d’idée, mais certains milieux poussent en ce sens, et certaines politiques déjà à l’oeuvre pourraient permettre d’aller vite vers cet objectif. Il s’agirait de voir l’Union européenne intégrée dans le sillage du leadership des États-Unis. Au nom d’une vision commune et libérale de l’économie, et d’une vision géopolitique qui n’est pas sans rappeler celle de George W. Bush : le choc des civilisations. En avril 2007, lors d’un précédent sommet, les deux « partenaires » avaient fondé un Conseil économique transatlantique (CET). « Il s’agit de parvenir, en ce qui concerne les normes réglementaires, à une plus grande harmonisation entre l’Union européenne et les États-Unis », avait commenté la chancelière Angela Merkel, alors présidente allemande du Conseil européen. Et de dévoiler l’arrière-pensée : « Compte tenu de la concurrence avec la Chine et l’Inde, (…) c’est une nécessité urgente. » Avec un produit intérieur brut (PIB) correspondant à 57 % de celui de la planète, les deux ensembles veulent maintenir ainsi leur domination économique.

Si les deux parties ont instauré ce CET, c’est qu’elles souhaitent la mise en place d’ici 2015 d’une zone de libre-échange transatlantique. Une exigence répétée par le Parlement européen le 26 mars, à l’occasion du vote sur le rapport sur « L’état des relations transatlantiques suite aux élections aux États-Unis. » Rapport adopté par 503 voix contre 51, donc avec l’assentiment du Parti socialiste européen (PSE). La libéralisation du marché intérieur au sein de l’UE, l’alliance entre les deux zones commerciales seront autant d’arguments dans les négociations commerciales avec les pays tiers, notamment ceux du Sud, pour les pousser à ouvrir leurs propres marchés. Derrière cette union transatlantique, c’est l’indépendance de l’Europe qui est atteinte. Ainsi, le Parlement de Strasbourg prête allégeance à l’OTAN, la « pierre angulaire de la sécurité transatlantique ». Pis, les députés appellent de leurs voeux un conseil politique transatlantique, où les dirigeants de l’UE et des États-Unis coordonneraient leurs politiques, notamment les affaires étrangères. Ainsi, États-Unis et UE pourraient avoir « une stratégie commune (…) dans le cadre de la politique européenne de voisinage ». Celle-ci est le programme que poursuivent l’UE et ses pays voisins, pour bonne part frontaliers de la Russie. Une extension à l’est qui n’est pas sans rappeler les velléités d’élargissements de l’OTAN. Dès lors il n’est pas anodin que le texte des députés veuille enrôler les États-Unis dans la façon dont l’UE gère ses relations à ses frontières.

Certains eurodéputés se prennent même à rêver de transformer le « dialogue transatlantique des législateurs » en « assemblée transatlantique ». De quoi faire baver d’envie Édouard Balladur, qui dans son opuscule de 2007 Pour une union occidentale entre l’Europe et les États-Unis appelait à la création d’institutions communes. Gaël De Santis http://www.humanite.fr/2009-04-10_International_Tous-derriere-l-Oncle-Sam

 

*) Moldavie : La fièvre retombe à Chisinau mais le malaise persiste

Les violentes manifestations du 7 avril révèlent le désarroi de la jeunesse du pays le plus pauvre d’Europe. Quarante-huit heures après la prise d’assaut du Parlement et de la présidence moldave par une foule de 15 000 jeunes manifestants, composée en majorité de lycéens et d’étudiants, le calme semblait revenu dans les rues de la capitale Chisinau. Hier, ils n’étaient plus que quelques centaines devant le siège du gouvernement à protester pacifiquement contre la victoire du Parti communiste aux élections législatives du 5 avril, un scrutin validé par les observateurs internationaux de l’OSCE. Après avoir repris le contrôle de la situation, la police a dressé un premier bilan d’une journée qui a failli tourner à l’émeute. Une femme est décédée lors de l’incendie d’une partie des locaux du Parlement, plus de 200 personnes ont été blessées parmi les civils et les policiers, et 193 manifestants ont été arrêtés. Le parquet a ouvert une enquête pour tentative de coup d’État. Aussi soudaine qu’imprévue, cette explosion de colère apparemment spontanée a pris de court aussi bien le pouvoir que l’opposition. Les Moldaves tentent de comprendre ce qui s’est passé. « C’est avant tout une protestation sociale. Les jeunes en ont marre de la pauvreté, de l’absence de perspective d’une vie digne. Ils ont conscience de ce qui se passe à l’étranger (…) », a expliqué à l’AFP Mihaï Fusu, un célèbre metteur en scène de théâtre. « Les jeunes ici veulent simplement le même niveau de vie, les mêmes opportunités que les Roumains : vivre de manière plus civilisée, plus européenne. Ils ont une autre mentalité que leurs aînés », a-t-il ajouté. Plus qu’une fracture Est-Ouest entre les roumanophones (deux tiers des 4,3 millions d’habitants) et les russophones (principalement répartis dans la région séparatiste pro-russe de Transnistrie), les manifestations du 7 avril révéleraient une fracture générationnelle entre les jeunes en quête d’avenir et les plus âgés. Les actifs, eux, travaillent en grande partie à l’étranger. En 2008, pas moins de 350 000 d’entre eux ont encore quitté leur pays, soit un quart de la population active. La Moldavie serait davantage touchée par un syndrome « grec » (la génération à 700 euros) que par un syndrome « ukrainien » ou « géorgien » (les révolutions de couleur). Pour preuve, une opération « Cache le passeport de ta grand-mère », destinée à empêcher les retraités de voter, a été lancée via des SMS lors des élections du 5 avril. Un nouveau rassemblement devrait avoir lieu aujourd’hui à Chisinau. Le président Vladimir Voronine a prévenu qu’on ne l’y reprendrait plus : « Hier (mardi), j’étais à la limite (de recourir à la force). Si ça se répète, des mesures appropriées pourront être prises. » Damien Roustel http://www.humanite.fr/2009-04-10_International_La-fievre-retombe-a-Chisinau-mais-le-malaise-persiste

=====> Moldavie. Et de trois ! Porté au pouvoir en 2001, puis reconduit en 2005, le Parti communiste de Moldavie a progressé dimanche lors des élections législatives, en passant de 45 % à 50 %. Cela fait de cette ancienne République soviétique le seul pays du continent où les communistes dominent la Chambre des députés. La Moldavie partage avec Chypre la « particularité  » d’avoir un président communiste. Cette victoire, avalisée par les observateurs internationaux de l’OSCE, a entraîné le mécontentement d’une partie de la jeunesse de Chisinau, la capitale, qui a envahi mardi le Parlement.

 

*) Chisnau : Victoire des communistes moldaves

Le Parti communiste moldave remporte haut la main les élections législatives. Il obtiendrait 61 des 101 sièges. Au pouvoir depuis 2001, le Parti communiste moldave (PCM) a remporté une victoire écrasante lors des élections législatives organisées le 5 avril. Selon des résultats quasi définitifs, la formation du président Vladimir Voronine obtiendrait 50 % des voix, soit la majorité absolue au Parlement avec 61 des 101 sièges. Les partis d’opposition de droite, des formations pro-européennes favorables à un rapprochement avec la Roumanie, arrivent loin derrière. Le Parti libéral (12,75 %), le Parti libéral démocrate (12,26 %) et Notre Moldavie (9,82 %) vont se répartir les sièges de députés restant. Malgré quelques réserves, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a validé ces élections. « Le scrutin est conforme à de nombreuses normes et obligations internationales, mais des améliorations sont nécessaires afin de s’assurer qu’il n’y a pas d’interférence administrative indue dans le processus électoral et d’accroître la confiance publique », a indiqué l’OSCE dans un communiqué. Par rapport aux dernières élections, le PCM enregistre une progression significative de près de quatre points. En 2005, le PCM avait recueilli 46,1 % des voix (55 sièges). Pro-russes au départ, les communistes moldaves ont opéré un virage radical en 2005 et se sont tournés vers l’Union européenne. « Les communistes, qui ne demandent pas l’adhésion à l’UE, se disent pro-européens pour des raisons assez pragmatiques, la Moldavie percevant une aide assez importante de l’UE pour le développement économique », a expliqué Arcadié Barbarossié, analyste au centre de recherche indépendant Invisible College. Le PCM n’a pas pour autant rompu ses liens avec le Kremlin, acteur incontournable dans la résolution du conflit gelé de la Transnistrie, une région séparatiste pro-russe. La première priorité des nouveaux députés sera d’élire à la tête de l’État un nouveau président. Élu en 2001, puis réélu en 2005 pour un mandat de quatre ans, Vladimir Voronine ne peut plus se représenter. La Constitution lui interdit de briguer un troisième mandat. Son successeur devrait rester un communiste, puisque le PCM disposerait des 61 voix nécessaires pour élire le nouveau président moldave. Le mandat de Vladimir Voronine expire le 7 juin. Damien Roustel http://www.humanite.fr/2009-04-07_International_Victoire-des-communistes-moldaves

 

*) Marée rouge contre Silvio Berlusconi

Troisième journée nationale de mobilisation syndicale depuis l’automne : des centaines de milliers de manifestants contre le plan anticrise du gouvernement.

Décidément non, les salariés français ne sont pas les seuls. Samedi, le premier syndicat transalpin, la Confédération générale italienne du travail (CGIL), a mobilisé contre le plan anticrise du gouvernement. Et en masse : par bus, train et même par bateau, ce sont 2,7 millions de salariés, retraités, jeunes et migrants qui ont rejoint Rome pour s’engouffrer dans pas moins de cinq cortèges, selon la CGIL. La préfecture de police de Rome n’en a compté elle que 200 000.

C’est donc un test réussi pour la CGIL qui a mobilisé seule. Les deux autres syndicats, la Confédération italienne des syndicats de travailleurs (CISL, chrétienne) et l’Union italienne des travailleurs (UIL, ex-socialiste), n’étaient pas des cortèges. En effet, le gouvernement italien est parvenu à briser l’unité syndicale le 22 janvier, en faisant adopter par ces deux dernières forces syndicales de nouvelles règles sur l’adoption des contrats nationaux, c’est-à-dire des conventions collectives. Cette mesure isole la CGIL, jugée trop remuante. Les partis de gauche ont lancé la saison des manifestations en octobre dernier, mais leur faiblesse ne les aide pas. Le Parti démocrate, lui, a joué à l’équilibriste interclassiste en mettant sur le même plan revendication du monde du travail et aspirations patronales. C’est donc la CGIL qui est, de fait, la principale force d’opposition. Le 12 décembre, elle avait mis dans la rue 1,5 million de manifestants dans toute la Péninsule. Et le 13 février, sa seule fédération de la métallurgie (FIOM) revendiquait 700 000 marcheurs. La confédération a cette fois-ci appelé à la mobilisation sous le mot d’ordre : « Futur, oui ! En arrière, non ! » La CGIL réclame un plan anticrise élargi avec 4 milliards d’euros de plus, le plan actuel s’apparentant à un catalogue de mesures déjà programmées. Car la situation est grave. Selon le syndicat, un million d’Italiens pourraient perdre leur emploi cette année. Satisfait de la mobilisation, le secrétaire confédéral Guglielmo Epifani a appelé le gouvernement à « écouter les salariés », et à l’adresse des autres syndicats, il a lancé : « La crise réclame l’unité et non la division. »

Ces fortes mobilisations ont fait évoluer un Parti démocrate (PD) en profonde crise interne. à la suite de la défaite de l’élection régionale en Sardaigne, les 15 et 16 février, le secrétaire d’alors, Walter Veltroni, avait laissé la place à son bras droit, Dario Franceschini. Celui-ci, contrairement à son prédécesseur, n’est pas issu des rangs du Parti communiste italien, mais de la Démocratie chrétienne. Pourtant, alors que le PD n’avait pas officiellement apporté son soutien à la manifestation du 12 décembre dans le but de ménager la droite du parti, Dario Franceschini a cette fois franchi le cap, en participant à la manifestation. « C’est un devoir pour le PD que d’être dans la rue aux côtés des travailleurs qui ont peur de perdre leur travail », a-t-il déclaré. Le secrétaire de Refondation communiste, Paolo Ferrero, s’est réjoui de la participation de Dario Franceschini et l’a appelé à aller plus loin, en s’opposant à « l’accord sur la contractualisation ». Ce qui n’est pas gagné.

La droite italienne a répondu à la mobilisation par son mépris habituel. Le ministre de la Fonction publique, Renato Brunetta, a estimé que cette manifestation était « un fait positif pour la reprise économique ». Et d’expliciter : « Si quelqu’un fait une excursion de plus, ça ne fait évidemment pas de mal à l’économie parce que ça mobilise des ressources, fait tourner les restaurants et les autobus. » Gaël De Santis http://www.humanite.fr/2009-04-06_International_Maree-rouge-contre-Silvio-Berlusconi

 

*) Prague : Obama maintient le bouclier antimissiles en Europe

Devant 30 000 personnes, le président américain a appelé à un monde sans armes nucléaires, tout en justifiant la mise en place du bouclier.

Le président américain, Barack Obama, a rassuré hier les pays de l’Union européenne (UE) les plus hostiles à la Russie, en confirmant l’installation du bouclier antimissiles. Si ce bouclier est officiellement tourné contre l’Iran, Moscou estime au contraire qu’il est une provocation à son encontre. L’annonce du maintien du bouclier a été faite hier, devant une foule de 30 000 personnes à Prague. Il s’agit là du seul discours en public prévu lors de la tournée européenne du président Barack Obama, qui était dans la capitale tchèque à l’occasion, hier, du sommet informel UE-États-Unis. « Tant que la menace présentée par l’Iran persistera, nous continuerons de travailler à ce système antimissiles », a justifié Barack Obama. « Si la menace iranienne est éliminée, nous disposerons d’une base plus solide en faveur de la sécurité et le besoin de constituer un bouclier en Europe ne se fera plus sentir. » Ce n’est pourtant pas la peur de Téhéran qui motive les gouvernements tchèque et polonais à accueillir sur leur territoire des éléments du bouclier antimissiles. En marge du G20, les présidents Obama et Dmitri Medvedev avaient annoncé une reprise du dialogue sur le désarmement et un réchauffement des relations entre les deux grandes puissances. Les libéraux tchèques et polonais craignaient que le bouclier ne fasse les frais de ce dialogue. Les voilà rassurés pour le moment. Cependant, Barack Obama prend soin de ne pas préciser que ce bouclier antimissiles doit être installé en République tchèque et Pologne. Ces derniers mois, Washington avait même proposé à Moscou d’accueillir une partie du bouclier sur son territoire. Cette déclaration risque de refroidir à nouveau le dialogue avec les dirigeants du Kremlin, réentamé la semaine dernière. Il reste que l’annonce d’un bouclier antimissiles rend plus difficile la concrétisation de ce qui a constitué l’ossature de son propos à Prague : l’appel à un monde sans armes nucléaires. « Je souligne clairement avec conviction l’engagement des États-Unis et son désir d’oeuvrer en faveur de la paix et de la sécurité d’un monde sans armes nucléaires. » Cela passerait par une réduction des stocks d’armes, l’arrêt des essais, et la lutte contre la prolifération nucléaire. Le président américain souhaite notamment promouvoir un traité qui mette fin « de manière vérifiable à la production de matériaux fissiles » à des fins militaires.

Par ailleurs, pour signifier une rupture avec son prédécesseur, Barack Obama a annoncé que les États-Unis étaient prêts à « prendre la tête » des efforts contre le changement climatique. Et pour bien préparer le sommet UE-États-Unis qui s’achevait hier soir, il a appelé l’UE à accueillir la Turquie parmi ses membres. « J’ai toujours été opposé à cette entrée et je le reste. Je crois pouvoir dire qu’une immense majorité des États membres est sur la position de la France », a déclaré Nicolas Sarkozy, deux jours après la rencontre entre les deux hommes à Strasbourg, célébrée comme des retrouvailles franco-américaines. La diplomatie est un slalom. Gaël De Santis http://www.humanite.fr/2009-04-06_International_Obama-maintient-le-bouclier-antimissiles-en-Europe

 

*) Tbilissi : Montée de la contestation contre le pouvoir géorgien

Des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues de la capitale pour réclamer le départ du président Saakachvili, dénonçant son aventurisme militaire et sa politique libérale. Une grande manifestation (1) organisée par l’opposition contre le président Mikhaïl Saakachvili a mobilisé plus de 70 000 personnes hier dans les rues de Tbilissi, la capitale géorgienne. Une dizaine de mouvements divers (politiques, associations syndicats) se sont unis pour dénoncer la politique du président géorgien qui est arrivé au pouvoir en 2004 après la révolution des roses. Sa responsabilité dans la guerre déclenchée en août dernier contre la Russie constitue l’un des principaux reproches pointés par l’opposition. Huit mois après le conflit, rien a été réglé. Moscou a reconnu l’indépendance des deux régions séparatistes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud où des tensions (échanges de tirs, présence massive de troupes russes et géorgiennes, forces paramilitaires) restent palpables malgré la présence d’observateurs européens.

---L’économie et le sociale en question

Parmi les manifestants présents hier dans les rues de la capitale géorgienne, figurent des anciens alliés de Mikhaïl Saakachvili dont Nino Bourjanadze, l’ancienne présidente du Parlement, pour qui « le président est responsable de la perte de 20 % du territoire ». Considérée comme l’une des figures emblématiques de l’opposition, Nino Bourjanadze déplore : « Ce gouvernement est incapable de bâtir la confiance » (2). Avec d’autres membres de l’opposition, elle réclame l’ouverture d’une enquête sur les origines de la guerre car, malgré des auditions lancées par le Parlement, rien n’a été tiré au clair.

Les Géorgiens tiennent également responsable le chef de l’État des persécutions exercées sur des opposants, du contrôle exercé sur les médias et des conséquences de sa politique libérale sur leur quotidien, le pouvoir ayant totalement délaissé le terrain social. Déjà, à l’automne 2007, le président géorgien avait dû faire face à une coalition des divers partis géorgiens mécontents de ces réformes économiques, ce qui avait conduit à de fortes mobilisations violemment réprimées. Après avoir décrété l’état d’urgence, Saakachvili avait finalement cédé en organisant un nouveau scrutin présidentiel en janvier 2008, qu’il a remporté avec 53 % des voix dès le premier tour. Et en mai 2008, le parti au pouvoir sortait victorieux des élections législatives.

La nécessité de véritables réformes économiques et sociales est omniprésente dans les revendications des manifestants. « Nous allons voir si le président veut écouter son peuple, s’il a tiré une leçon des erreurs du passé », relève Irakli Alassania, ex-ambassadeur de Géorgie à l’ONU et autre figure clé de l’opposition. En effet, les incidents de 2007 restent aussi dans tous les esprits et, même du côté des autorités, tout semble fait pour éviter un dérapage alors que des pompiers et policiers antiémeutes étaient déployés hier le long du Parlement.

--- Dénonciation de la rÉpression

Les manifestations pourraient « se poursuivre », promet l’opposition, tant que Saakachvili ne démissionne pas ou ne convoque de nouvelles élections. « Nous nous sommes fixé l’objectif de chasser du pouvoir l’actuel président illégitime, et nous y parviendrons », a promis l’opposante Salomé Zourabichvili, ancienne ministre des Affaires étrangères et présidente du mouvement La Voie de la Géorgie. Avant la manifestation, Khatouna Ivanichvili, porte-parole du Mouvement démocratique-Géorgie unie, parti de Nino Bourdjanadzé, ancien allié de Saakachvili dénonçait la répression et informait qu’une soixantaine de militants avaient été arrêtés à leur domicile près de Tbilissi.

(1) Le rassemblement a été organisé le 9 avril, date symbole car il y a vingt ans, le même jour, une manifestation indépendantiste avait fait vingt morts.

(2) Le Monde diplomatique d’avril 2009. Vadim Kamenka

http://www.humanite.fr/2009-04-10_International_Montee-de-la-contestation-contre-le-pouvoir-georgien

 

*) Vu du Royaume-Uni : « Comme dans un pays sous-développé… » Par Peter Avis, journaliste.

La récession économique en Grande-Bretagne touche tout le monde (sauf les riches, bien entendu) et le sort des plus pauvres commence à préoccuper sérieusement les associations caritatives. Cette semaine, l’ONG Oxfam, si présente sur le plan international, a pointé que la vie allait devenir encore plus dure pour les 20 % de la population britannique qui se trouve déjà officiellement du mauvais côté du seuil de pauvreté, et que ce pourcentage va augmenter avec le taux de chômage qui continue à grimper. Une autre ONG, Save the Children (Sauvez les Enfants), vient de verser pour la première fois une aide financière d’urgence à des milliers de familles au Royaume-Uni en difficulté pour nourrir leurs enfants. Les indemnités chômage peau de chagrin d’un côté, le montant de plus en plus élevé des factures de chauffage et de l’alimentation de l’autre ont conduit de nombreuses familles à la débâcle, affirme cette association. Depuis un an, le prix des produits alimentaires a augmenté de 11 % et celui des légumes de 18 %. Selon les recherches de Save the Children, 35 % des familles ont été obligées de réduire leur consommation alimentaire (48 % des familles pauvres). Le fait de manger trop peu, ou trop mal, a créé un phénomène de malnutrition, observé généralement uniquement dans les pays sous-développés. « Nous savons que beaucoup de familles achètent des produits coupe-faim mais qui n’ont pas de valeur nutritive », a déclaré Colette Marshall, directrice des programmes en Grande-Bretagne. « Le manque de bonne nourriture pour les femmes enceintes a pour corollaire que de plus en plus d’enfants ne naissent pas avec un poids normal. » Pour combattre la pauvreté en Grande-Bretagne, Oxfam recommande au gouvernement de prendre une série de mesures. Parmi elles : de rendre le système d’impôts plus juste ; d’investir plus dans les infrastructures ; de renforcer les droits au travail et d’aider davantage ceux qui n’arrivent pas à payer leur loyer ou à rembourser l’emprunt souscrit pour l’acquisition de leur logement. http://www.humanite.fr/2009-04-10_International_Comme-dans-un-pays-sous-developpe

 

*) Acteurs européens : Gordon Bajnai, premier ministre hongrois et la purge pour seul programme

Il a été désigné pour succéder au premier ministre socialiste démissionnaire, Ferenc Gyurcsany, qui avait atteint un degré d’impopularité record, pris qu’il fut en flagrant délit après avoir sciemment trompé l’opinion pour faire passer ses réformes néolibérales. Parfaite incarnation du « changement dans la continuité », Gordon Bajnai est soutenu par la coalition des partis socialiste (MSZP) et libéral (SZDSZ) qui appuyait aussi le cabinet sortant. Lui qui y fut ministre des Finances a aussitôt prévenu : « mon programme va faire mal : Il demande des sacrifices à toutes les familles hongroises. » Économiste, ex-homme d’affaires comme son prédécesseur, dont il est l’un des très proches amis, Bajnai annonce donc sans complexe la couleur en promettant d’amplifier encore la « purge » antisociale engagée par son prédécesseur. Celle-ci est destinée également à satisfaire aux conditions drastiques d’un prêt accordé par le FMI pour éviter la banqueroute au pays très rudement secoué par la crise. Les salaires des fonctionnaires ont déjà baissé et les dépenses publiques vont être encore réduites, a promis le jeune quadra. Il incarne si parfaitement le type du jeune-homme-d’-affaires-qui-a-réussi que le Parti libéral lui-même a hésité à lui apporter sa dévotion, affirmant qu’il n’était pas prêt à favoriser « la promotion d’un clone » de l’ex-premier ministre socialiste. Il affirme n’avoir « aucune ambition politique », ne pas vouloir rester en poste après le prochain scrutin législatif prévu au printemps 2010 et se moquer de sa cote de popularité. Autrement dit : l’homme est en mission, prêt à sacrifier sa propre carrière politique pour aligner son pays sur la voie unique désignée par le patronat, l’Union européenne et les institutions financières internationales. Tel un samouraï de la normalisation libérale qui assume fièrement sa volonté d’aller jusqu’au hara-kiri politique. Bruno Odent http://www.humanite.fr/2009-04-10_International_Gordon-Bajnai-premier-ministre-hongrois-et-la-purge-pour

 

*) Ex-Yougoslavie : Balkan, la potion qui tue

Les populations qui se relevaient à peine des guerres des années quatre-vingt-dix sont doublement frappées, par la crise et par les « cures » d’austérité associées à « l’aide » du FMI. Belgrade, correspondance particulière. Au Monténégro, en Macédoine ou en Bosnie-Herzégovine, l’État est au bord de la faillite. Les budgets publics sont grevés par l’effondrement des recettes fiscales, notamment les revenus de la TVA et des taxes sur les importations. Le chômage monte en flèche et nombre d’entreprises ferment leurs portes : la crise n’épargne pas les Balkans et pourrait avoir des conséquences particulièrement sévères pour des économies qui commençaient à sortir de l’effondrement des années 1990. En Serbie, grèves et manifestations se multiplient, alors que nombre d’entreprises ferment leurs portes. Dans plusieurs grandes entreprises, on a commencé à négocier une réduction de la semaine de travail à 32 heures pour limiter les suppressions d’emplois, mais les syndicats redoutent les conséquences de cette mesure sur les salaires. Ces dernières années, plusieurs zones minières avaient retrouvé une forte activité en Serbie, en Macédoine ou en Bosnie, du fait du niveau des cours des matières premières. Leur effondrement a déjà entraîné la fermeture des mines de cuivre de Bucim, en Macédoine, tandis que les mines de nickel de Glogovac, au Kosovo, ont arrêté toute activité. Le combinat d’aluminium de Podgorica, principale entreprise du Monténégro, grevé de lourdes dettes, a aussi arrêté la sienne. Les aciéries de Zenica, en Bosnie, rachetées il y a deux ans par ArcelorMittal, ont été placées en chômage technique.

--- un prêt de trois milliards d’euros

Ces dernières années, la forte croissance de la Serbie avait largement reposé sur les investissements étrangers, qui se font de plus en plus rares. La seule bonne nouvelle des derniers mois reste la reprise des usines automobiles Zastava de Kragujevac par la Fiat, après une négociation bouclée fin 2008. Les premières Punto produites en Serbie ont été présentées fin mars, mais l’entreprise italienne vient d’annoncer qu’elle renonçait à un investissement complémentaire prévu de 200 millions d’euros. Depuis le début de l’année, les investissements annulés ou « repoussés » forment une longue litanie. Dans ce contexte, le FMI a conclu le 26 mars un accord avec la Serbie pour un prêt de trois milliards d’euros. Or cette aide reste toujours conditionnée à de sévères mesures sociales. Ainsi, le gouvernement serbe a annoncé mardi un plan drastique, prévoyant d’économiser un milliard d’euros. Cela passe notamment par des coupes dans les budgets de tous les ministères, mais surtout par des réductions de salaire dans la fonction publique, au moins jusqu’à la fin de l’année : celles-ci seraient « modulées » de 10 à 15 %, en fonction du niveau des salaires et ne frapperaient que les salaires supérieurs à 40 000 dinars (450 euros), un niveau déjà plutôt élevé pour la fonction publique serbe. Cependant, ces mesures risquent d’être insuffisantes et le quotidien Blic, citant des sources confidentielles, annonçaient lundi que les réductions de salaire pourraient être portées à 30 %. Le plan du gouvernement prévoit aussi un gel des retraites, qu’il avait précisément promis d’augmenter. Par ailleurs, les sommes avancées doivent être remboursées un jour ou l’autre, ce qui risque de paralyser les économies des Balkans quand la reprise montrera enfin le bout de son nez. Le Monténégro a déjà engagé des négociations avec le FMI, restées discrètes jusqu’aux élections du 29 mars dernier. Le recours au Fonds risque aussi d’être la dernière ressource pour la Macédoine et surtout la Bosnie-Herzégovine, où l’État est au bord de la banqueroute. Dans la Fédération croato-bosniaque, l’une des deux « entités » d’une Bosnie toujours divisée, les caisses des administrations publiques sont vides, ce qui risque de compromettre le versement des salaires et des retraites. Pour les pays les plus pauvres de la région, le Kosovo et l’Albanie, la crise se manifeste par un biais indirect, qui touche une très large part de la population : la diaspora a déjà sensiblement réduit ses apports financiers. « J’ai deux frères en Suisse, explique Ismet, un Kosovar de quarante ans, qui ne peut pas vivre des revenus qu’il tire de la petite épicerie qu’il exploite dans un village proche de Mitrovica. L’un vient de perdre son emploi, l’autre m’a dit qu’il devait faire des économies. Ils n’ont pas envoyé d’argent depuis l’automne, alors que nos parents sont âgés et malades et ne touchent que 40 euros de retraite. Maintenant, j’ai peur qu’ils soient expulsés de Suisse et qu’ils reviennent au Kosovo. Jusqu’à présent, ils nous permettaient de vivre mais, s’ils reviennent, c’est nous qui devrons les aider. »

--- la disparition des classes moyennes

La crise risque aussi d’avoir une autre conséquence, aux lourdes implications sociales et politiques : la disparition des classes moyennes, qui commençaient à peine à renaître, après avoir été laminées dans les années 1990. « Dans un contexte de guerre et de sanctions internationales, le prisme social se réduit : il y a quelques immenses fortunes qui apparaissent, celles des profiteurs de guerre, et une immense masse de gens qui deviennent très pauvres », explique l’économiste Bojko Radic. « Or, depuis quelques années, en Serbie, il devenait à nouveau possible de vivre de son salaire. Un couple de jeunes diplômés, des fonctionnaires, des médecins, mais aussi des cadres d’entreprise, pouvaient avoir un revenu mensuel de 1 000 euros. Avec ça, on peut vivre et emprunter pour faire des projets. Mais les crédits vont devenir encore plus chers, beaucoup d’emplois vont disparaître, notamment dans la fonction publique, et l’effondrement de la monnaie aura des conséquences directes sur le niveau des salaires. » En Serbie, comme dans les autres pays de la région, le rêve de reconstituer des sociétés « normales » risque d’être englouti par la crise.

Jean-Arnault Dérens. http://www.humanite.fr/2009-04-10_International_Balkan-la-potion-qui-tue

 

*) Mémoire : Poussée de fièvre anticommuniste à Strasbourg

Au nom d’une vision tronquée de l’histoire européenne, les eurodéputés amalgament communisme et nazisme

« Conscience européenne et totalitarisme », c’est le nom de la résolution que le Parlement européen a adoptée le 2 avril. Sous ce vocable de « totalitarisme », plus que discuté parmi les historiens, la résolution met sur le même plan nazisme, communisme et fascisme. Elle réclame la proclamation d’une Journée européenne du souvenir, le 23 août, date anniversaire du pacte germano-soviétique entre Hitler et Staline, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Le texte a été adopté par 553 voix, contre 44 et 33 abstentions. « Les interprétations politiques officielles de faits historiques ne devraient pas être imposées par les décisions majoritaires des parlements », croit savoir la résolution. Le texte, issu de résolutions présentées par tous les groupes de droite et les Verts, estime pourtant que « l’Europe ne parviendra à l’unité que si elle est capable de se retrouver sur son histoire, si elle reconnaît le nazisme, le stalinisme et les régimes fascistes et communistes comme faisant partie de son héritage commun ». Cette résolution s’inscrit donc dans la volonté d’écrire une histoire commune, qui fasse le ciment de l’UE. Les députés amalgament ici deux processus politiques qui, jusque dans leur expérience de pouvoir, sont différents, par leurs objectifs et leurs résultats. Ainsi, les députés ne voient la mémoire du communisme que par le biais des expériences de gouvernement. Sans tenir compte de l’implantation du communisme dans les pays nordiques ou du pourtour méditerranéen, avec leur héritage de luttes et de conquêtes sociales et démocratiques. De même, les parlementaires ne tiennent pas compte des tentatives de rénovation du socialisme, comme lors du Printemps de Prague en 1968. Cet acte politique tente de construire le mythe d’une UE faite de régimes de « démocraties libérales », rempart contre la dictature. C’est oublier également que l’accord d’association entre l’Union européenne et la Grèce, en 1961, n’a en rien empêché l’avènement de la dictature des colonels, de 1967 à 1974. D’autres résolutions (celle du 26 mars sur les relations UE/États-Unis, voir article ci-dessus) estiment que l’OTAN a été un rempart pour la démocratie et la paix. Pourtant, la Grèce y a adhéré en 1951 et cela n’a pas empêché les États-Unis, en 1954, d’installer une base militaire dans l’Espagne franquiste. Par ailleurs, la construction européenne n’a en rien empêché les guerres coloniales. Un travail d’histoire est bien sûr à réaliser. À ce titre, la résolution appelle à la cessation des limitations à « l’accès aux documents » des périodes dictatoriales. À qui s’adressent là les députés ? Aux gouvernements nationaux. En oubliant que ce sont leurs propres familles politiques qui sont à la tête des États membres. G. D. S. http://www.humanite.fr/2009-04-10_International_Poussee-de-fievre-anticommuniste-a-Strasbourg

 

*) La Turquie, pièce clé de la stratégie américaine

Pour sa première visite d’État en Europe, Obama a privilégié Ankara, qui est une plaque tournante décisive vers le Moyen-Orient. « Paix à la maison, et paix dans le monde ». La citation est de Mustafa Kemal Ataturk. Elle a été reprise par le président Obama. Celui-ci l’a inscrit au livre d’or du mausolée du fondateur de la république laïque de Turquie, première étape de sa visite d’État à Ankara. Il souhaite « consolider les relations entre les États-Unis et la Turquie et renforcer la vision et l’héritage d’Ataturk », a-t-il complété. Car Barack Obama aime à picorer dans l’histoire des pays qu’il visite, quand elle correspond à son projet d’affirmation d’un « nouveau leadership américain ». Il avait déjà joué le même tour la veille devant 30 000 Praguois, en exaltant le printemps de Prague et la révolution de velours qui ont fait vaciller l’URSS. Cette fois-ci l’objet de l’opération est d’arrimer une Turquie laïque aux ambitions états-uniennes. Voilà pourquoi c’est Ankara qui a été l’objet de la première visite d’État en Europe du président états-unien. Les déplacements à Kehl, Strasbourg et Prague s’effectuaient à l’aune de sommets internationaux. Car la Turquie est au centre de toutes les ambitions américaines. En cela, Barack Obama ne rompt pas avec la politique de son prédécesseur, George W. Bush, qui voulait faire d’Ankara une tête de pont de son projet de Grand Moyen-Orient. Une série d’intérêts réciproques existe entre les deux États, faisait valoir au début de la visite à l’AFP un membre de la délégation états-unienne : « La menace terroriste, la guerre en Afghanistan, les relations avec l’Iran et l’objectif partagé d’une paix durable entre Israël et ses voisins. » Plus prosaïquement, Washington voit dans la Turquie un îlot dans la région, sinon de laïcité depuis l’accession des islamo-conservateurs de l’AKP au pouvoir à Ankara en 2002, au moins de modération. La Turquie est en effet un des seuls États de la région à reconnaître Israël. Elle est également la deuxième armée de l’OTAN. Barack Obama entend faire de la Turquie une vitrine de la coopération des États-Unis avec ce qu’à Washington on appelle « le monde musulman ». Cette visite officielle se superpose d’ailleurs avec la tenue à Istanbul du 2e Forum de l’alliance des civilisations, initiative lancée par l’Espagne avec le soutien de la Turquie en 2004, après les attentats de Madrid. « C’est un membre de l’OTAN et aussi un pays majoritairement musulman. Cette position unique lui permet de porter un regard très fin sur toute une série de défis régionaux et stratégiques auxquels nous pourrions être confrontés », a ainsi expliqué Barack Obama. Pour aller dans ce sens, le président Obama a besoin d’améliorer les relations entre les deux pays, quelque peu refroidies après la guerre en Irak en 2003. Les Turcs, eux, souhaitent voir avancer plusieurs dossiers comme l’adhésion à l’Union européenne (UE). Sur ce point, Barack Obama a répondu aux attentes d’Ankara, prenant de cours les dirigeants français et allemand Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Au cours du déjeuner avec les Vingt-Sept, à l’occasion du sommet UE - États-Unis dimanche, Barack Obama s’est déclaré favorable à ce que la Turquie rejoigne l’UE. Une proposition qui a suscité l’opposition d’autres dirigeants européens, mais qui semble aussi être une contrepartie à Ankara. En effet, les président et premier ministre turcs, Abdullah Gul et Recep Tayyip Erdogan, bloquaient vendredi et samedi la nomination au poste de secrétaire général de l’OTAN du Danois Anders Fogh Rasmussen, du fait de son rôle lors de l’affaire des caricatures de Mahomet dans son pays. Le New York Times croyait d’ailleurs savoir hier que l’UE était prête à ouvrir deux nouveaux chapitres des négociations d’adhésion avec la Turquie. Gaël De Santis

http://www.humanite.fr/2009-04-07_International_La-Turquie-piece-cle-de-la-strategie-americaine

 

*) Commerce : Le Nicaragua n’aime pas le libéralisme de l’UE

Le président Ortega se retire des négociations économiques entre l’Amérique centrale et l’Europe. Le président nicaraguayen a claqué la porte des négociations avec l’Union européenne (UE). Daniel Ortega a annoncé, mercredi, que son pays se retirait des rounds de discussions entre l’Amérique centrale et les Vingt-Sept censés aboutir à la création d’un accord d’association (AdA) entre les deux régions. Les pourparlers de l’AdA ont été officiellement lancés en juillet 2007 entre Bruxelles et les pays centre-américains (Costa Rica, Guatemala, Honduras, Nicaragua et Salvador) autour de trois grands axes : le dialogue politique, les échanges commerciaux ainsi qu’un volet de zone de libre-échange. « On ne peut pas à discuter avec une arme sur la tempe », a fulminé le chef d’État frondeur, en dénonçant un libre marché qui ne favoriserait que le grand, en l’occurrence, l’UE, assimilée à « un requin » qui souhaite « avaler la sardine ». « Le Nicaragua a une position constructive dans ce processus de négociations, a-t-il expliqué. Nous sommes en train de défendre tous les producteurs nicaraguayens et centre-américains. » Lors des précédentes étapes, plusieurs associations et organisations non gouvernementales de développement et de coopération avaient fait part de leur inquiétude quant aux déséquilibres des futurs échanges en raison de clauses unilatéralement favorables aux Vingt-Sept. L’asymétrie en matière d’aides, de prix et de débouchés des produits agricoles était également fortement pointée du doigt. Aujourd’hui encore, les débats butent sur les marchés du sucre et de la banane. Le président nicaraguayen a par ailleurs justifié sa décision de quitter la table des négociations face à l’absence d’entrain, voire le refus du Costa Rica, de créer un fonds commun de financement économique pour lutter contre la pauvreté dans la région, à l’image des mécanismes de coopération à l’oeuvre sur le continent. L’AdA est censé voir le jour en 2010, selon le calendrier retenu. Cathy Ceïbe

http://www.humanite.fr/2009-04-03_International_Le-Nicaragua-n-aime-pas-le-liberalisme-de-l-UE

 

*) EUROPE ÉCOLOGIE. La Béglaise et le Brugeais sont candidats

Alcorta et Desclaux avec Bové (photo fabien Cottereau)

Martine Alcorta, cette ancienne élue « alternative » de l'opposition de gauche à Bègles, a trouvé sa voie pour les européennes : elle est en quatrième position sur la liste Europe écologie, conduite par José Bové dans la circonscription Sud-Ouest, en compagnie de Pascal Desclaux, conseiller municipal de Bruges.

Si la première était orpheline de courant politique depuis un bon moment, le second est Vert, mais tendance « alter écolo ». Elle est maître de conférence en psycho à Bordeaux 2, lui est employé de banque, et tous deux étaient des militants du « non » lors du référendum sur le traité constitutionnel européen de 2005.

--- 12 % des voix espérés

Ils représentent la version « alternative » et « écologie politique » des listes Europe écologie. Celle de Bové. « Si Cohn-Bendit m'avait demandé d'être sur la liste, j'aurais dit non. C'est Bové qui l'a fait, j'ai dit oui », résume la Béglaise. Ils pensent que « l'écologie est contradictoire avec le système capitaliste », que le G 20 ne fait que « chercher à perpétuer le système financier », alors qu'il faut au contraire « traiter ensemble, une crise qui est économique, financière et écologique au premier chef ». Histoire de peser dans la campagne face aux Verts et aux amis de Nicolas Hulot, ils ont annoncé officiellement hier la constitution d'un « collectif Europe solidaire, Europe écologie », en compagnie de Bernard Péré, de la Confédération paysanne, leur colistier Lot-et-Garonnais. Martine Alcorta estime qu'Europe Écologie « peut faire 12 % dans le Sud- Ouest » lors des élections européennes. Et même Noël Mamère a posé avec son ancienne adversaire sur la photo. Auteur : Gilles Guitton

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/article/554637/mil/4388798.html

 

*) EUROPÉENNES. Les socialistes ont lancé leur liste du Grand Sud-Ouest hier à Sabres, dans les Landes

Le PS en campagne (photo TH. D.) Kader Arif, député européen sortant qui est la tête de liste du PS dans le Grand Sud-Ouest (qui comprend l'Aquitaine, le Midi-Pyrénées et le Languedoc-Roussillon), n'en a pas fait mystère : si sa campagne aquitaine a été lancée hier dans les Landes, c'est bien à cause des problèmes qui ont opposé la Fédération de la Gironde à la direction du parti. Les Girondins n'ont vraiment pas apprécié qu'aucun d'entre eux n'ait été retenu parmi les candidats, d'autant plus que Gilles Savary, député sortant, avait déjà fait la preuve de ses capacités.

--- Bouderie

La bouderie de la Gironde ne devrait pas durer trop longtemps, estime Kader Arif, qui assure « qu'il n'y a pas un problème girondin, et nous aurons bientôt une journée entière de campagne consacrée à ce département ». La Gironde, qui compte le plus d'adhérents à jour de leur cotisation, ne peut en effet faire défaut. C'est au prix de « l'engagement de ce département que l'Aquitaine sera représentée au Parlement européen ». La liste, malgré tous ses défauts, a fait l'objet d'un ciselage au scalpel pour tenir compte de la parité obligatoire, des différents courants du PS, puisque Kader Arif avait suivi Bertrand Delanoë, la deuxième, Françoise Castex, s'est rangée derrière Benoît Hamon, et le troisième, Éric Andrieu, est un partisan de Ségolène Royal. Comme le PS a quatre sortants dans le Grand Sud-Ouest, la quatrième, Frédérique Espagnac, ancienne attachée de presse de François Hollande, avait suivi Bertrand Delanoë, tandis qu'en cinquième position, Renaud Lagrave, premier secrétaire de la Fédération des Landes, est un « hamoniste » pur jus qui part avec la mission d'emporter ce siège supplémentaire qui avait échappé de peu au PS en 2004. Auteur : J.-P. D.

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/554292/mil/4384062.html

 

*) EUROPE. En pleine présidence tchèque de l'Union, la chute du gouvernement Topolanek complique encore la ratification du traité

Menace tchèque sur le traité de Lisbonne - Mirek Topolanek, fragilisé à la présidence de l'Union. (photo AFP) En temps normal, la chute du gouvernement libéral au pouvoir à Prague n'aurait pas fait l'actualité. Qui s'est aperçu ces derniers jours que la chose s'était produite en Hongrie et en Lettonie ? Mais, en mettant en minorité le gouvernement de Mirek Topolanek en pleine présidence tchèque de l'Union, les députés tchèques ont semé une belle panique dans les milieux européens. Hier, solennel, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a demandé aux dirigeants de la République tchèque « de ne pas prendre le traité de Lisbonne en otage ». Car c'est ce qui se passe, et au plus mauvais moment. Mi-février, les députés de la Chambre basse avaient voté - au forceps - en faveur du nouveau traité européen sur lequel repose l'espoir de faire avancer l'Europe. Mais le Sénat tchèque ne s'était pas prononcé, et la chute du gouvernement va « compliquer » sa ratification, comme l'a reconnu hier à Strasbourg Alexandre Vondra, vice-Premier ministre tchèque chargé des Affaires européennes. Déjà suspendu à un nouveau référendum en Irlande, le traité de Lisbonne est menacé d'une seconde épée de Damoclès. Mirek Topolanek, lui, avait déjà quitté les députés européens pour Prague, où il doit présenter aujourd'hui sa démission du poste de Premier ministre. Certes, le chef du parti libéral ODS devrait rester chargé des affaires courantes jusqu'à des élections anticipées, mais sa chute fragilise une présidence tchèque de l'Union déjà critiquée pour sa mollesse par de nombreux responsables.

--- « Endommagée »

Depuis qu'elle a succédé à la France à la tête du Conseil européen, la République tchèque est plombée par l'euroscepticisme militant de son président Vaclav Klaus. Certes, c'est son Premier ministre, jugé plus « européen », qui mène la danse. Mais Mirek Topolanek n'a pas convaincu sur le seul front qui compte en ce moment, celui de la crise économique. À Strasbourg, un député français du PPE, Joseph Daul, a résumé ce sentiment : « L'Europe a besoin d'un leadership fort en temps de crise. Et un gouvernement privé de confiance ne peut l'assumer. » Quant à Bernard Kouchner, qui ira vendredi à Prague pour une réunion diplomatique européenne, il parle d'une présidence « endommagée ».

La méfiance des Tchèques ne porte d'ailleurs pas seulement sur l'Europe. Elle touche aussi le chapitre des relations avec l'Amérique : alors que Barack Obama s'annonce à Prague le 5 avril, le projet de traité américano-tchèque sur le radar antimissiles a été retiré de l'ordre du jour du Parlement tchèque début mars. Auteur : christophe lucet c.lucet@sudouest.com

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/international/article/541019/mil/4329330.html

 

*) EUROPE. Dominique Bussereau souhaite une adaptation progressive

--- TER : concurrence ouverte en 2010

Le fret ferroviaire est déjà ouvert à la concurrence européenne, les transports internationaux de voyageurs le seront au 1er janvier 2010. Les TER devraient bientôt leur emboîter le pas. Dans cette perspective, Dominique Bussereau, secrétaire d'État chargé des transports, souhaite que les nouveaux exécutifs régionaux, qui seront élus au printemps prochain, soient à même de pouvoir décider sereinement avec quels opérateurs ils souhaitent travailler. C'est pour cela qu'il a mis en place hier un comité des parties prenantes. Il s'agit de préparer de façon ordonnée cette ouverture, au moment où l'ensemble des régions négocie les conventions qui les lient pour les prochaines années avec la SNCF. Ce comité, présidé par le sénateur UMP du Bas-Rhin, Francis Grignon, rassemblera l'ARF (Association des régions de France), le Syndicat des transports de l'Île-de-France, l'État, la SNCF, RFF, les usagers, le Conseil économique et social et toutes les entreprises ferroviaires. Il travaillera pendant un an sur tous les problèmes posés par cette ouverture : propriété du matériel roulant, transferts de personnel, calendrier.

--- Enjeu électoral

Selon Dominique Bussereau, « une fois tout cela réglé, les régions pourraient démarrer sur la base de l'expérimentation ». Selon lui, ce serait soit l'ensemble des TER d'une région ou bien un groupe de lignes ou une seule ligne. Pour le secrétaire d'État, il s'agit seulement de « mettre en oeuvre au niveau français une décision qui a déjà été prise au niveau européen, en vérifiant s'il sera nécessaire de modifier ou non la Loti (loi d'orientation sur les transports intérieurs) du 3 décembre 1982 » : « Au lieu de dire, comme on le fait souvent en France, on fait tout à la même heure, partout, de la même façon, il vaut mieux procéder de manière progressive et expérimentale avec des gens qui sont volontaires. » Face à l'incertitude juridique, face aux décisions européennes, faut-il modifier la Loti ? Faut-il prendre la décision tout de suite ? Le transport va donc devenir un enjeu capital des prochaines élections régionales et Dominique Bussereau avoue en avoir pleinement conscience. Pour lui, ce ne sera pas forcément l'affrontement d'une gauche « très transports publics et d'une droite plus réservée, mais un débat projet contre projet ».

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/554495/mil/4383688.html

 

 

 

         &&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

         &      Un autre Monde  est possible    &

         &&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&

 

 

*) Mumia Abou-Jamal : Mobilisation contre le déni de justice, Plusieurs organisations appellent à un rassemblement le 22 avril.

Le collectif unitaire Ensemble sauvons Mumia appelle à un rassemblement, le mercredi 22 avril, devant l’ambassade des États-Unis (1), contre le déni de justice fait à Mumia. Les 80 organisations françaises s’insurgent contre « l’exception » qui frappe le journaliste afro-américain après que la Cour suprême a rejeté le recours de la défense demandant la tenue d’un nouveau procès. « La plus haute juridiction américaine entérine définitivement le déni de justice (…) et ce au mépris de la Constitution des États-Unis qui garantit à chaque citoyen le droit à un nouveau procès dès lors qu’un candidat est écarté de la sélection d’un jury selon des critères raciaux », dénonce le collectif. Face à l’urgence de la situation, les organisations interpellent le président des États-Unis : Barack Obama laissera-t-il bafouer si gravement les droits humains et les lois de son propre pays ? L’heure n’est-elle pas venue pour les États-Unis de tourner la page du crime d’État qu’est la peine de mort comme l’y invite la résolution de l’ONU appelant à un moratoire universel ? »

Dans un communiqué, le PCF, membre du collectif unitaire, insiste pour que « la longue mobilisation pour Mumia prenne plus de force (…) aux côtés des nombreuses organisations (…) de soutien à Mumia et aux côtés de toutes celles et tous ceux attachés à la justice et à l’abolition de la peine de mort ». Une mobilisation des opinions publiques, en Europe et outre-atlantique, qui lui ont sauvé la vie à deux reprises par le passé. (1) Le rendez-vous aura lieu à 18 heures, place de la Concorde (face au consulat des États-Unis). Une délégation de personnalités et d’élus se rendra à l’ambassade des États-Unis. C. Ce

http://www.humanite.fr/2009-04-08_International_Mobilisation-contre-le-deni-de-justice

===è Une délégation, avec un rassemblement est envisagé à Bordeaux devant le Consulat des Etats-Unis 10, Place de la Bourse à Bordeaux – Tél : 05 56 48 63 80

 

*) [Palestine33] Repas de solidarité avec les sinistrés de Gaza

Repas de solidarité en faveur des victimes des bombardements de Gaza le 25 avril - 19h - Salle Point du Jour-Bordeaux-Bacalan. En ce début 2009, les événements criminels à Gaza nous rappellent avec force à quel point notre soutien au peuple palestinien est indispensable. C’est pourquoi Palestine 33 propose, comme en 2008 à l’occasion de la Journée de la terre, un Repas de solidarité en faveur des victimes des bombardements de Gaza. NB : Pour des raisons d'organisation, date et lieu ont été modifiés. Repas de solidarité en faveur des victimes des bombardements de Gaza Samedi 25 avril  2009 à 19h Salle  Point du jour 44 rue Joseph Brunet, 33300 Accès : Tram B : Brandenburg à l'angle de la rue Joseph Brunet et de la rue Henri Collet par le Tram B direction Claveau ou les bus 31 ou 9. Parkings. Prix : 15€ (adultes) Réservation indispensable avant le 20 avril : par mail à palestine33@laposte.net - par téléphone au 06 88 22 14 87 (Samia Mallié) ou au 05 57 68 08 67 (Marie-Thérèse Cavignac)

Ou par internet : palestine33@laposte.net -From : <palestine33@laposte.net>

 

*)  Forum Social Local de Gironde » du 27 au 30 Avril et le 2 Mai à l’Athénée Municipal de Bordeaux

Demandez le programme : Pour le recevoir écrire à fsl33.Infos@gmail.com

- Le Programme :

http://espacesmarxbordeaux.apinc.org/IMG/jpg/FSL-2009---verso-1.jpg

- Les Organisations Participantes :

http://espacesmarxbordeaux.apinc.org/IMG/jpg/FSL-2009---recto-1.jpg

– Pour contacter le FSL33, et recevoir les comptes rendus écrire à FSL33 c/o ATTAC 33 8, Rue de la Course 33000 BORDEAUX et pour le Forum : fsl33@ml.free.fr  Pour s'inscrire fsl33-request@ml.free.fr avec en objet subscribe.  - La lettre d'Informations du FSL33 (Ce n'est pas un Forum) : L'URL pour s'inscrire est : mailto:fsl33infos-request@ml.free.fr?subject=subscribe ou encore écrire à < fsl33infos-request@ml.free.fr> avec en objet subscribe.  – Contact : "FSL33" <fsl33.Infos@gmail.com> – Entrée Libre –

 

*) ENVIRONNEMENT. Le président d'Attac, François Poul, veut intégrer la commission de l'eau

« La gestion de l'eau ne peut pas être privée » François Poul : « La Charte sur l'eau n'est pas assez contraignante et devra être encadrée ». (ph. A. M.) La question du choix de la gestion de l'eau (1), soit en délégation de service (DSP) soit en régie municipale, va se poser avec acuité dans les prochaines semaines. Les propositions des futurs délégataires vont être en effet confrontées à l'étude, commandée par les élus, sur les conséquences d'un retour en régie. Sachant que la date butoir du renouvellement du contrat de l'eau est fixée à la fin juin. François Poul, président d'Attac en Libournais dont l'association a participé aux différentes conférences consultatives, est favorable à la régie municipale. Il attend de la mairie un geste politique fort en ce sens, en rapport avec la Charte de l'eau (2).

« Sud Ouest ». Tout d'abord, pourquoi Attac ne fait pas partie du collectif Eau en Libournais qui se réunit, ce soir, à 18 h 30, place Abel-Surchamp ?

François Poul. Parce que ce collectif se compose de représentants de partis politiques, le Parti communiste, le Nouveau Parti anticapitaliste, le Parti de gauche ou Alterlib, et de syndicats. Or, Attac est une association citoyenne qui n'a pas de candidats à soutenir notamment aux élections régionales. Ce n'est donc pas notre place. Cela dit, on salue cette initiative et j'ai signé en mon nom, et Attac également, la pétition distribuée par le collectif Eau en Libournais. Et nous serons ce soir place Abel-Surchamp.

Revenons à la Charte sur l'eau. Pourquoi ne la cautionnez-vous pas ?

Nous avons largement contribué à son écriture : son préambule a été repris intégralement mais son contenu a été considérablement allégé. Il ne reste que l'eau du bain : où est passé le bébé ? Nous demandions notamment la gratuité pour les premiers 15 m³ et exigions du délégataire son engagement de diminuer de 5 % les fuites d'eau sur le réseau. La Charte ne prendra son sens que si la gestion de l'eau revient en régie municipale. Dans le cas contraire, cet engagement moral ne suffira pas.

Quelle est la solution et quelles sont vos revendications ?

La Charte n'est pas assez contraignante et devra être encadrée par des règles précises : élaboration d'un rapport annuel de gestion et présentation des comptes prévisionnels, une sorte de « business plan » si le gestionnaire est une entreprise privée. Par ailleurs, quel que soit le choix de la majorité, nous demandons à participer à la commission consultative des services publics pour la gestion de l'eau et ne plus être cantonnés à seule la conférence consultative élargie. Une association d'usagers pourrait également y siéger.

Qu'attendez-vous de la réunion du 5 mai avec la commission ?

Qu'elle nous informe des conclusions de l'audit et du contenu des dossiers des futurs délégataires. J'espère cette fois-ci que la commission consultative prendra en compte nos remarques. L'eau est effectivement un bien commun indispensable et sa gestion ne peut être confiée à des intérêts privés. Lors de la réunion à la salle du Verdet, on en a vu les conséquences financières à Bordeaux (3). On lance d'ores et déjà un appel aux élus. Je suis étonné d'ailleurs par le silence de certains d'entre eux. Je note que les Verts, par exemple, n'ont pas rejoint le Collectif eau en Libournais » (ndlr : lire la réaction de Joël Rousset ci-dessous). (1) Concernant l'assainissement, la municipalité a d'ores et déjà choisi : la gestion se fera en délégation de services publics. (2) La Charte poursuit trois axes : maîtrise de l'usage de la ressource, meilleur rendement des réseaux et lutte contre la pollution. (3) Lire notre édition du 3 février. Auteur : Alain Montanguon a.montanguon@sudouest.com

http://www.sudouest.com/gironde/actualite/libournais/article/549744/mil/4361445.html

 

 

*) APPEL AUX AUTORITES MEXICAINES

Dans la nuit du 25 juillet 2008, alors qu’il rentrait de Xochistlahuaca à Chilpancingo (Guerrero), l’anthropologue Miguel Angel Gutiérrez Avila a été sauvagement assassiné. Son corps mutilé a été retrouvé, sur le bord de la route, à proximité de San Marcos. Il a fallu plus de sept mois, après plusieurs demandes, déplacements, interventions auprès des autorités de l’Etat, pour que la famille obtienne enfin, de la police d’Acapulco, le dossier concernant les premières constatations. Ce document est notoirement incomplet car il y manque les photos et diverses autres pièces. En outre, l’avocate, saisie par la famille, fait état de contradiction, d’erreurs de procédures et d’absence d’une enquête véritable. Le fait que la famille, lorsqu’elle a été avisée du décès le 26 juillet, ait eu droit à deux (au moins) versions différentes, - l’une, celle de l’accident de voiture et du corps projeté à travers le pare brise (lequel était curieusement intact), puis l’autre, celle du crime -, laisse planer le doute sur le sérieux de l’enquête, sur le rôle de la police et sur la volonté réelle des autorités à faire la clarté sur ce qui s’est passé. Miguel Angel Gutierrez Avila était né en 1955 à Mexico DF. Depuis 1976, il enseignait à l’Université autonome de Guerrero (UAG). Anthropologue, il avait fait du Guerrero sa terre d’adoption et en aimait passionnément la culture. Il s’était consacré à l’étude des traditions culturelles des groupes afrométis de la Costa Chica de Guerrero, puis au droit traditionnel et au droit positif et à leur impact sur les droits humains dans les groupes indiens de la même région. Depuis plus de dix ans, il travaillait particulièrement sur Xochistlahuaca et les mouvement indien amuzgo et avait publié, entre autres, un livre sur les « Despotes et les caciques de la Costa Chica de l’Etat de Guerrero ». Il était engagé dans les luttes sociales pour la dignité, la justice et la reconnaissance des droits indiens et avait, notamment, participé à la fondation de la radio amuzga, Radio Ñomndaa.

LES SOUSSIGNES, DEMANDONS AUX AUTORITES DE L’ETAT DE GUERRERO, ET PARTICULIEREMENT A SON GOUVERNEUR, QUE TOUTE LA LUMIERE SOIT RAPIDEMENT FAITE SUR CE CRIME, QUI, MAHEUREUSEMENT, N’EST PAS LE SEUL A TOUCHER, DANS CET ETAT ET AILLEURS, LES DEFENSEURS DES DROITS HUMAINS.

NOM et PRENOM      PROFESSION       ADRESSE

A renvoyer à Françoise Escarpit

20, rue de Freycinet, 33400 Talence ou fescarpit@yahoo.fr

-From : <elmorand@wanadoo.fr>

 

 

*) ISRAËL : « Pas question d'un État palestinien »

Benyamin Netanyahou, en présentant son gouvernement, a évoqué de possibles négociations de paix. Mais rejeté l'idée d'un État

Passage de relais, hier à la Knesset, entre Ehoud Olmert et Benyamin Netanyahou. (Photo afp) Il s'est dit prêt à négocier la paix avec les Palestiniens mais a refusé de parler d'un État palestinien indépendant. En présentant hier son gouvernement à l'investiture du Parlement, le prochain Premier ministre israélien de droite, Benyamin Netanyahou, a livré le discours offensif attendu, dans lequel il s'en est également pris violemment à l'Iran. Le chef du parti de droite Likoud a essentiellement affirmé, s'adressant aux dirigeants de l'Autorité palestinienne : « Si vous voulez vraiment la paix, il est possible d'arriver à la paix. Le gouvernement sous ma direction agira pour arriver à la paix sur trois volets : économique, sécuritaire et politique. » M. Netanyahou a même promis de mener des « négociations de paix permanentes avec l'Autorité palestinienne en vue de parvenir à un accord final ». « Nous ne voulons pas gouverner un autre peuple. Nous ne voulons pas contrôler le destin des Palestiniens », a-t-il ajouté.

--- « Pas encourageant »

Dans le cadre d'un « accord définitif », a poursuivi M. Netanyahou, les Palestiniens « disposeront de tous les droits pour se gouverner eux-mêmes, sauf ceux susceptibles de constituer un danger pour la sécurité et l'existence de l'État d'Israël ». Il s'est bien gardé de parler d'un État palestinien indépendant. Fortement dominé par les partis de droite et l'extrême droite, le nouveau cabinet de Benyamin Netanyahou, qui fut déjà Premier ministre de 1996 à 1999, suscite l'inquiétude quant à la poursuite du processus de paix avec les Palestiniens. La création d'un État palestinien indépendant en Cisjordanie et à Gaza, que rejette M. Netanyahou, est une idée soutenue par les États-Unis et l'Europe. « Ces déclarations constituent un début qui n'est pas encourageant », a déclaré Nabil Abou Roudeina, porte-parole du président palestinien, Mahmoud Abbas. « L'administration américaine doit faire pression sur le gouvernement de Netanyahou pour qu'il s'en tienne aux fondements du processus de paix, à savoir la paix contre la terre. Cela signifie la restitution de tous les territoires palestiniens occupés en 1967, y compris Jérusalem-Est », a-t-il ajouté.

--- 30 ministres

« Le plus grand danger pour l'humanité et pour Israël provient de la possibilité d'un régime radical doté de l'arme atomique », a également lancé M. Netanyahou sans citer l'Iran, clairement désigné dans ces propos. « Le peuple juif a tiré les leçons (de la Shoah), il ne peut pas baisser la tête devant des dictateurs qui menacent de le détruire. Contrairement au siècle dernier, nous avons aujourd'hui les moyens de nous défendre. Nous savons comment nous défendre », a-t-il ajouté. Avec 30 ministres, ce gouvernement est le plus pléthorique de l'histoire d'Israël. Il s'appuie sur une assise parlementaire de 69 députés sur les 120 de la Knesset. Il comprend au poste clé des Affaires étrangères l'ultranationaliste Avigdor Liberman, chef du parti Israel Beytenou, aux déclarations antiarabes fracassantes. La coalition réunit le Likoud (27 députés), Israel Beytenou (15), les travaillistes (gauche, 13), le Shass (orthodoxe séfarade, 11) et le Foyer juif (colons, 3).

http://www.sudouest.com/accueil/actualite/international/article/547243/mil/4354504.html

 

*) « G20 : Les pyromanes déguisés en pompiers » PAR PATRICK APEL-MULLER

Ils avaient un monde à reconstruire et ils se sont contentés d’achalander les grandes institutions internationales, en faisant du FMI, de la Banque mondiale, du FSF et de l’OMC les garants de l’avenir. Ce n’est plus l’histoire du pompier pyromane, c’est celle des pyromanes faits pompiers. Ces organisations ont en effet organisé la dictature des marchés financiers et imposé la mise en coupe réglée des économies du tiers-monde, saignées à blanc par le règne des multinationales. Elles ont infligé à des pays en développement de telles purges libérales qu’ils ont été secoués par des émeutes de la faim. Si les Pays baltes et d’autres pays de l’Est sont aujourd’hui au plus mal, c’est d’avoir suivi leurs prescriptions. Tout ce dont ces institutions s’étaient faites les apôtres ou les mercenaires vient de s’écrouler, en ensevelissant sous les gravats des économies entières, mais les voilà récompensées et leurs pouvoirs de nuisance élargis. Car, en effet, la gouvernance de ces institutions, le cadre de leur action sont à peine changés. Même la Chine, dont le poids dans les échanges mondiaux ne peut plus être négligé, n’a pas obtenu d’assurance ferme sur sa représentation. Les dirigeants du G20 acceptent que leurs économies et leur secteur financier soient surveillés par le FMI de façon « équitable et indépendante »… Instruits par expérience, les patrons du CAC 40 et les autres géants de l’économie mondiale savent qu’ils n’ont rien à craindre. Un plan de soutien au commerce mondial de 250 milliards de dollars a été décidé, au grand plaisir de la fédération patronale européenne BusinessEurope, présidée par le baron Seillière, qui sait que « ces fonds (iront) aux entreprises qui en ont un besoin urgent ». Ne serait-ce que pour payer de copieux dividendes à leurs actionnaires et autres bonus ou stock-options qui seront à peine réglementés. On allait voir ce qu’on allait voir, avait promis Nicolas Sarkozy, qui avait endossé pour l’occasion le pourpoint du matamore ! Il annonçait qu’il claquerait les portes, prendrait ses cliques et ses claques si le G20 ne décidait pas d’une régulation ferme et rigoureuse de l’économie mondiale et si les paradis fiscaux n’étaient pas pourchassés sur terre et mer. Il aura suffi que ses collègues décident qu’ils publieront la liste - elle est dans tous les journaux ! - de ces paradis pour fortunes en mal de fraude fiscale pour qu’il proclame devant la presse que les décisions sont allées « au-delà de ce qu’on pouvait imaginer »… Décidément, l’imagination n’est pas au pouvoir. Le sommet de Londres ne se résumait cependant pas à une mise en scène destinée à endormir les peuples. D’ici à 2010, 5 000 milliards de dollars auront été jetés dans le brasier de la crise par les pays du G20. Toutes ces sommes, ponctionnées sur l’argent des contribuables, ont pour objectif de remettre d’aplomb le système financier afin qu’il fonctionne à nouveau comme un gigantesque aspirateur des richesses mondiales. Il s’agit de changer juste ce qu’il faut pour que tout continue comme avant. Mais cela n’a rien à voir avec un nouvel ordre économique qui mettrait l’argent au service du travail humain, qui soutiendrait le développement du Sud, ou qui cesserait de faire financer par le monde les dettes et les frasques des États-Unis. Hier soir, Mme Parisot a dormi sur ses deux oreilles : Nicolas Sarkozy et ses homologues ont fait le travail qu’elle attendait d’eux.

http://www.humanite.fr/2009-04-03_International_Les-pyromanes-deguises-en-pompiers

 

*) G20 : 172 nations absentes de la photo officielle

Le G20 laisse de côté l’immense majorité de la planète contrainte de payer la facture de la crise. Les absents seront plus nombreux que les présents. Tandis que s’ouvre le sommet des chefs d’État et de gouvernements des 20 principales économies mondiales, à l’exception d’une poignée de représentants symboliques, l’immense majorité des nations n’a pas été conviée à Londres. « Les pays en développement et émergents (…) n’ont pas contribué à créer cette crise, et pourtant leurs peuples sont en train de la payer comme le reste du monde », a fait remarquer, il y a quelques jours, à la BBC, la coordinatrice de l’ONG Action Aid, Claire Melamed. Selon la Banque mondiale, 44 millions de personnes sont menacées de malnutrition. L’Organisation internationale du travail estime que « plus de 200 millions de travailleurs pourraient tomber dans la plus grande misère, et cela principalement dans les pays en développement et émergents, où le système de protection sociale n’existe pas », indique la déclaration syndicale internationale de Londres. « Le nombre de travailleurs pauvres - gagnant moins de 2 dollars (…) - pourrait ainsi s’élever à 1,4 milliard », poursuit le document. Tandis que les États sont refoulés des tables d’honneur, leur population est priée de payer l’addition. Et le principe « un pays, une voix » est méprisé au prétexte que les économies des 172 seraient obsolètes. Un état de fait qui a le don d’agacer Nicolas Sersiron, vice-président du Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde de France : « Si l’on s’en tient aux chiffres d’analyse de type PNB, l’Afrique n’a pas de poids économique, lance-t-il, mais si l’on prend le temps d’observer ce qu’elle produit en matière de minerais, de métaux, d’uranium, c’est-à-dire des ressources indispensables pour la viabilité des technologies du Nord, sans ces ressources, il n’y aurait pas de développement des pays riches. » Et d’insister sur la responsabilité des puissances économiques dans l’asservissement du Sud : « En République démocratique du Congo (RDC), ces pays passent des contrats léonins qui leur permettent d’exploiter les ressources naturelles et de les sous-payer. Le gouvernement de la RDC ne touche que 5 % des exportations de ses minerais, qui sont par ailleurs vendus à des paradis fiscaux en dessous de leur prix pour être revendus beaucoup plus chers. » Les « 20 » vont certainement se limiter à taper sur les doigts de certains paradis fiscaux. En revanche, pas un mot sur la dette des pays du Sud. C’est pourtant ce corset qui hypothèque le développement de ces nations. Son annulation serait également une bouffée d’oxygène et un matelas pour amortir les effets du cyclone crise, notamment dans la région subsaharienne de l’Afrique. Quant au rôle du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, « depuis toujours, ces institutions sont dominées par les États-Unis qui y possèdent un droit de veto, explique Nicolas Sersiron. Ce sont des outils de domination des pays riches à leur profit ». Mais une quelconque réforme de ces instruments de chantage économiques n’est pas non plus envisagée. Quant aux objectifs du millénaire inventoriés par les Nations unies pour éradiquer « les tragédies » humaines et sociales dont souffrent les trois quarts de la planète, il y a fort à parier qu’ils finissent aux oubliettes. Face à cet unilatéralisme, « l’Amérique du Sud trace un chemin original », avance Nicolas Sirseron. « L’alternative bolivarienne pour les Amériques, qui va se doter aussi d’une banque, est une transformation du paradigme ultralibéral : on remplace la compétition par la coopération », analyse le vice-président de (CADT). Le Sud au chevet du Sud. Cathy Ceïbe http://www.humanite.fr/2009-04-02_International_172-nations-absentes-de-la-photo-officielle

 

*) États-Unis : L’empire à visage humain

La diplomatie de la séduction mise en oeuvre par la nouvelle administration vise à relégitimer le leadership de Washington, autour du sauvetage de la planète capitaliste. À l’occasion de sa tournée européenne, du G20 à Ankara en passant par le sommet de l’OTAN à Strasbourg et Kehl, Barack Obama a fait avancer tout ce qui constitue les nouvelles priorités géostratégiques de son administration. Le moins qu’on puisse dire est que tout cela avance à un rythme rapide. Même s’il est vrai que la dimension de la crise invite à l’urgence. Le message, le style et le contenu changent tout aussi abruptement, au point de créer la surprise. Même s’il est vrai que le moindre signe d’intelligence ou d’aptitude au dialogue ne peut que jurer positivement avec l’habitude de l’arrogance à laquelle George W. Bush avait habitué le monde. Pour autant, l’ambition à étendre les prérogatives de l’hyperpuissance demeure intacte. Comme le prouvent les résultats concrets obtenus par le président Obama au G20 puis au sommet de l’OTAN : les grands dirigeants de la planète se mobilisent pour voler au secours d’un système capitaliste dominé par Washington. Ils s’entendent pour déverser plus de 1 000 milliards de dollars pour une relance pleinement conforme aux désirs exprimés préalablement par les pays anglo-saxons.

--- Obama, véritable pop star politique

Les malheureux gages sur la régulation des paradis fiscaux et du monde de la finance ne trompent personne. Encore moins la pseudo-résistance mise en scène à Londres par la France et l’Allemagne. La moindre contradiction a d’ailleurs disparu entre Sarkozy-Merkel, l’hôte bicéphale du sommet de l’OTAN à Strasbourg, et un Barack Obama poursuivant son chemin en véritable pop star politique, qui n’a rien négligé dans son entreprise de séduction à l’égard de ses interlocuteurs et des opinions publiques. Conformément à la volonté de Washington, la mutation d’une OTAN, volet militaro-sécuritaire du plan de sauvetage du capitalisme élaboré à Londres est sur les rails. La France réintègre pleinement l’Alliance. L’Europe va prendre une plus grande part dans les investissements militaires pour soutenir, comme en Afghanistan, l’effort militaire des États-Unis. Et la défense européenne ne se conçoit que dans cette logique « en complémentarité avec l’OTAN », répètent tous les dirigeants de l’UE. Le Français Édouard Balladur qui milite ouvertement pour une « Union transatlantique » (1) peut être comblé. Ce qui importe c’est de rétablir le « leadership américain », ne cesse de souligner le nouveau président. Pour « vendre » cette ambition-là en dépit de l’image dégradée des États-Unis sur la planète, toute l’habileté du nouveau - locataire de la Maison-Blanche consiste à rassurer et à la « jouer modeste ». « Je ne suis pas là, a-t-il ainsi affirmé, pour dicter des conditions mais pour écouter, apprendre et éventuellement donner une direction. »

--- des propos ambivalents

L’annonce de vrais changements d’orientation conforte cette image. Comme le retrait d’Irak - même s’il ne concerne que « les forces combattantes » et prévoit le maintien de bases américaines entre le Tigre et l’Euphrate. La volonté d’un rapprochement avec Moscou, enclenché à Londres par la reprise de pourparlers autour de la réduction des arsenaux nucléaires des deux pays ou bien encore le souhait, formulé à Prague, de débarrasser, à terme, la planète des armes atomiques, confirment cette diplomatie new look. Ces intentions, porteuses d’une vraie inflexion en faveur de la paix, contredites cependant, au même moment, par la confirmation de la mise en place du - bouclier antimissiles sur les frontières orientales de l’UE. Elles se révèlent aussi très ambivalentes quand sont brandis simultanément « l’ouverture, le dialogue » et la menace de sanctions, voire de nouvelles interventions militaires. La promesse de « sortir de l’Afghanistan » est ainsi associée à l’envoi sur le terrain de 26 000 hommes supplémentaires (21 000 dépêchés directement par les États-Unis et 5 000 par leurs alliés de l’OTAN) en dépit du fiasco des surenchères militaires successives pratiquées depuis 2001. Surtout elle est explicitement reliée à la montée en puissance des bombardements et autres opérations déjà engagés sur le Pakistan voisin, sous couvert de poursuivre « des éléments d’al Qaeda ». Et cela est d’autant plus préoccupant que l’évolution de diplomatie états-unienne sur le Proche-Orient se fait toujours attendre.

Quant à l’ébauche de rapprochement avec Moscou il vise aussi d’évidence à poursuivre la politique de confinement (containement) de la Chine. Au risque d’aggraver des tensions déjà perceptibles entre les deux puissances, notamment à propos de la domination du dollar, avant le G20. Mais le risque majeur de cette nouvelle stratégie réside d’abord dans les objectifs mêmes fixés par le G20 : serrer les rangs de la planète sous l’hégémonie confortée des États-Unis pour sauver le capitalisme. Les plans dits de relance orchestrés, au niveau national et international, souffrent en effet d’un défaut majeur : ils volent au secours de la rentabilité - financière sans se pré- occuper vraiment d’investir dans l’emploi, la formation, le développement du Sud. Comme si l’on pouvait soigner le krach en relançant la spéculation. Le retour de bâton pourrait bien toucher très vite et dans son propre pays un Barack Obama confronté à une hausse vertigineuse du chômage et de la précarité (630 000 demandeurs d’emplois supplémentaires en mars). (1) Pour une Union occidentale, Édouard Balladur. Fayard, novembre 2007. Bruno Odent http://www.humanite.fr/2009-04-07_International_L-empire-a-visage-humain

 

*) Le G20 peine à donner le change

Sommet. Triplement des fonds du FMI, liste noire des paradis fiscaux, création d’organismes de supervision financière, les Vingt veulent sauver le vieil ordre économique… Londres (Grande-Bretagne), envoyé spécial.

Des centaines de milliards de dollars pour les institutions financières internationales, gonflement des plans de relance et de sauvetage des banques, création d’un bureau superviseur du système financier international, le moins qu’on puisse dire est que le G20, réuni hier à Londres, a mis le paquet pour tenter de ranimer le capitalisme aux urgences. Il s’agit coûte que coûte de retendre ses ressorts intimes, ceux de la rentabilité financière, tous très fortement affectés par le formidable krach de ces derniers mois dont les effets sont en train de se diffuser à toute la planète économique.

--- « résister au protectionnisme »

Pas question de remises en cause fondamentales du système : l’objectif proclamé par les Vingt dans l’introduction de leur déclaration finale est on ne peut plus clair : « Nous pensons qu’une économie ouverte fondée sur les principes du marché » est le moyen d’assurer « une globalisation soutenable ». Pour assurer le sauvetage il faudrait « résister au protectionnisme, réformer nos marchés et nos institutions futures ». Dans le rôle de super-docteur, le Fonds monétaire international (FMI) va se voir tripler ses fonds qui devraient passer à 750 milliards de dollars (530 milliards d’euros). Dans le cadre de prêts bilatéraux, le Japon et l’Union européenne (UE) lui avaient déjà accordé chacun 100 milliards de dollars (75 milliards d’euros) avant même l’ouverture du sommet. D’autres dispositions du même type devraient être prises par des pays comme le Canada ou la Norvège. Des accords d’emprunts créés en 1998 seront réactivés pour compléter ces nouveaux moyens. Et l’institution se voit autorisée à recourir à un montant de 250 milliards de dollars (190 milliards d’euros) de droits de tirages spéciaux (DTS), sa propre unité monétaire, pour financer ses prêts aux pays les plus touchés par la crise.

--- Et pour les pays les plus pauvres ?

Le besoin de recours à une démarche de ce type se faisait sentir de plus en plus fortement compte tenu précisément des besoins de financement nés des conséquences dramatiques de la crise pour les pays les plus pauvres. Les critères d’attribution de ces crédits sont souvent très restrictifs en matière de dépenses publiques et sociales, ce qui, jusqu’à aujourd’hui, avait pour effet de « plomber » les pays récipiendaires de l’aide. La contradiction est devenue toutefois si manifeste que le G20 recommande de faire preuve de davantage de flexibilité en allégeant les conditions d’octroi de ses prêts.

--- le dollar et ses prérogatives

Il n’est pas question pour autant d’élargir le recours aux DTS pour leur faire jouer le rôle d’une véritable monnaie commune mondiale, se substituant peu à peu au dollar. Ce défi avait pourtant fait irruption dans les débats d’avant G20. Pékin, premier détenteur de bons du Trésor US et inquiet de voir les États-Unis laisser filer le billet vert de façon à réduire mécaniquement leur endettement, avait ainsi évoqué la semaine dernière l’idée de transformer les DTS en monnaie internationale. Barack Obama, qui a misé sur des gigantesques plans de relance et de sauvetage du système bancaire, financé par de très lourds déficits, s’y est opposé fortement. Il a défendu les prérogatives du dollar qui permet aux États-Unis de s’endetter à bon compte sur le dos du reste de la planète.

Décidé à tenir compte de la colère qui affleure si fortement au sein des opinions publiques quand les citoyens s’étonnent partout des efforts grandioses déployés pour les banques alors que l’on continue de rationner les dépenses sociales, le G20 a donné des gages en matière de régulation. Il va rendre public une liste noire de paradis fiscaux ne respectant pas les normes exigées en matière de contrôle et de transparence par l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE). Des sanctions sont prévues contre ceux qui continueraient de refuser de coopérer avec les instances internationales. Un bureau chargé de la supervision financière et de « prévenir les risques systémiques » est créé. Les agences de notation sont promises à une surveillance beaucoup plus étroite. Cette panoplie de mesures a été accueillie triomphalement par le président Sarkozy (voir ci-contre). Il avait certes soigneusement préparé le terrain, sur ce thème de la régulation, en se livrant, la veille du sommet, à une minutieuse dramatisation avec la complicité de la chancelière Angela Merkel.

--- Les traders sabraient le champagne, hier

On ne regrettera naturellement pas que certains îlots sulfureux puissent y laisser, à terme, quelques plumes. Mais la mécanique est globalement préservée. Les traders britanniques sabraient d’ailleurs le champagne hier soir, la Bourse de Londres bondissant à l’annonce des conclusions du G20. Pourtant la City est, elle-même, l’un des plus grands paradis fiscaux du monde. Depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, des milliers de riches contribuables français ne s’y sont-ils pas délocalisés ?… Une autre régulation, une vraie, reste donc à faire. Le défaut majeur de celle que le G20 annonce est de rester totalement aux mains d’organismes situés dans son périmètre - ignorant donc la majorité de l’humanité qui habite les pays les moins développés. Ces organismes-là sont présentés comme « indépendants ». Traduisez : inaccessibles à l’intervention du commun des citoyens. Ce sont pourtant eux qui payent le plus lourd tribut à la crise et qui seraient les meilleurs garants d’une véritable transparence, d’un contrôle des fonds publics, comme de ceux de leurs entreprises. Mais cette régulation-là induirait l’ébauche d’un dépassement du système, de l’accès à un autre âge de la démocratie, alors que le G20 n’avait en tête hier que la préservation du vieil ordre économique et financier. Bruno Odent http://www.humanite.fr/Le-G20-peine-a-donner-le-change

 

*) Un autre monde frappe à la porte du G20

Sommet. Les pays les plus puissants de la planète se retrouvent aujourd’hui à Londres pour tenter de rafistoler le capitalisme alors que la crise appelle un dépassement du vieux système. Londres, de notre envoyé spécial.

Comment soigner une économie mondiale malade, contaminée par une crise systémique qui met donc en cause les fondements même du capitalisme moderne ? Les vingt pays les plus puissants de la planète (les membres du G8 et les grands pays émergents, voir encadré) qui s’étaient réunis une première fois à Washington le 15 novembre se retrouvent aujourd’hui à Londres en clamant leur volonté d’avancer des décisions concrètes, coordonnées, pour la relance de l’économie comme pour la régulation financière. En l’espace de six mois l’urgence des défis à relever n’a fait que s’accentuer. Toutes les institutions ont revu successivement leurs prévisions à la baisse et sont désormais d’accord sur une plongée dans la récession à l’échelle planétaire. Pour la zone euro, l’Organisation pour la coopération économique et le développement (OCDE) prévoit désormais - 4,1 % de croissance. Du jamais-vu depuis 1945. Le rythme des charrettes de licenciements s’accélère partout et le flux vital du crédit reste paralysé.

--- un nouveau leadership des États-Unis

Face à l’ampleur des défis posés, « la cohérence des décisions et la cohésion des Vingt » sont indispensables, souligne-t-on dans l’entourage de Nicolas Sarkozy, qui a menacé de pratiquer la politique de la chaise vide s’il n’y avait « pas suffisamment de résultats concrets ». D’autres paroles « fortes » ne manquent pas. « Il faut que la planète entière se mobilise pour la relance », affirme-t-on du côté de Washington. « On va inventer des nouvelles règles », clame-t-on à Bruxelles. La rhétorique est inhabituelle. Les dispositions déjà avancées, les idées généralement émises pour affronter les défis posés à l’humanité le sont beaucoup moins. Elles visent toutes à tenter de rafistoler le système (« refonder le capitalisme », plastronne le président français) tout en restant plus soumises que jamais aux critères des marchés financiers, ceux-là même qui sont à l’origine de la débâcle d’aujourd’hui. Barack Obama est arrivé hier soir à Londres avec la volonté d’affirmer « un nouveau leadership » des États-Unis. Pas question de remettre en cause une organisation du monde, fondée, de fait, sur la domination conjointe du roi dollar et de l’US army. Et on saisit là toute la cohérence de la proximité immédiate du sommet du G20 et de celui de l’OTAN qui aura lieu dans la foulée. Et pourtant ce monde-là se fissure. Les guerres épuisent l’empire. Et la dette phénoménale accumulée par Washington aux crochets du reste de la planète suscite de plus en plus d’inquiétudes. Au point que la Chine, premier détenteur de bons du Trésor US, avance ouvertement l’idée d’une autre monnaie de réserve internationale, fondée sur les droits de tirage spéciaux du FMI. Illustration de la montée en puissance de Pékin, incontournable désormais avec les autres « émergents » dans les réunions au sommet, l’irruption de ce débat souligne aussi combien le besoin d’une véritable monnaie commune mondiale qui ne soit plus le billet vert frappe à la porte (lire notre entretien avec Paul Boccara). Et comment, à moins de sombrer dans une bien étrange Obamania, s’extasier de l’exemplarité des plans de relance made in USA ? Le dernier plan de sauvetage des banques du secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, parie sur… la spéculation. Il entend en effet rendre attractifs les millions de titres pourris qui pèsent toujours aussi lourdement sur le bilan des banques US en les subventionnant massivement. Dans l’espoir que des financiers de Wall Street, à l’affût de la bonne affaire, les rachètent à bon compte (lire ci-contre notre éclairage sur le contenu du plan Geithner).

--- 50 millions de chômeurs supplémentaires

Autrement dit : moyennant quelques arrangements à la marge, on reprend les mêmes et on recommence. Alors que tout commanderait au contraire de s’émanciper des marchés spéculatifs pour pouvoir mobiliser enfin le crédit au service de l’emploi et de la formation. Conformément aux attentes qui se manifestent avec de plus en plus de force dans les opinions publiques, parmi les syndicats. Un rapport du Bureau International du travail estime à 50 millions le nombre de chômeurs supplémentaires sur la planète cette année si l’on reste soumis au seul jeu du marché du travail, et appelle à un « pacte mondial pour l’emploi ». Et dans ce contexte les aspirations à la sécurisation des parcours professionnels montent en France comme dans d’autres pays. La véritable audace face à de tels défis serait d’avancer non pas des mesures de replâtrage du capitalisme mais des remèdes bien plus efficaces car capables d’impulser son dépassement progressif. Il en va ainsi des paradis fiscaux, si consubstantiels du système. Les Vingt ont amorcé une sorte de danse du scalp autour d’eux dans l’espoir de fournir au moins quelques gages à des opinions très remontées. Certains de ces « centres off shore non coopératifs », comme il est convenu de les appeler dans le communiqué final du G20 en préparation, pourraient même être inscrits sur une « liste noire ». Mais quid des autres et que penser de la « levée du secret bancaire » quand celle-ci reste strictement limitée à des individus ou à des sociétés qui font « déjà l’objet d’une enquête » dans leur pays d’origine ? Et quelle mesure mettre en oeuvre quand certains hauts lieux du capitalisme financier, comme ici même la City de Londres, portent toutes les caractéristiques des îlots « paradisiaques » les plus suspects. La véritable témérité recommanderait de soigner le mal à la racine en maîtrisant les flux du crédit afin de les orienter vers l’emploi et les dépenses utiles à la communauté humaine, tout en coupant par contre l’alimentation des circuits des « paradis » de la spéculation sur lesquels sont installées les multinationales et les grandes banques. Les Vingt semblent affectés de la même pusillanimité à l’égard du Fonds monétaire international. Alors qu’une réforme profonde de l’institution serait nécessaire, il n’est que très peu question, pour l’heure, de remettre en cause les conditions d’attribution des aides, de contester les privilèges du dollar ou même cette minorité de blocage dont disposent les États-Unis au sein de l’institution. Bref de revoir tout ce qui fait du FMI un instrument clé de la domination de Wall Street sur l’économie mondiale.

--- le fmi souhaite superviser les risques financiers

Dominique Strauss Kahn, le président du Fonds, et la plupart des dirigeants du G 20 revendiquent certes un nouveau rôle de supervision pour un FMI doté de davantage de moyens et appelé à devenir une sorte de garant suprême de « la transparence » et du contrôle des « organismes de notation » chargés de l’évaluation des risques financiers. Mais plusieurs dirigeants membres du G20, dont Barack Obama, ont prévenu : ils n’iront pas plus loin. On ne touchera pas à l’essentiel : la « sphère financière » doit être maintenue la plus éloignée possible du commun des salariés et des citoyens. Pourtant ce sont eux qui subissent les formidables détournements de fonds par la spéculation, la confiscation des ressources par des patrons prompts à se saisir de toutes les ficelles de l’industri financière pour s’assurer des revenus astronomiques. Dotés de pouvoirs réels d’intervention, ces salariés citoyens seraient les seuls garants d’une vraie régulation fondée sur un contrôle et une transparence effectifs. À condition d’oser sortir enfin de l’âge de pierre de la démocratie à l’entreprise. Bruno Odent http://www.humanite.fr/2009-04-02_International_Un-autre-monde-frappe-a-la-porte-du-G20

 

*) Le plan de « relance » US qui subventionne les spéculateurs

Les mesures adoptées pour purger le système bancaire de ses titres pourris font la part belle aux plus gros agioteurs de Wall Street. Le plan présenté le 23 mars dernier par le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, pour tenter d’apurer les comptes des banques américaines mise sur un étrange procédé, à la fois très coûteux pour le contribuable et fondé sur les logiques mêmes qui ont conduit à… l’enflure financière de ces dernières années. Pour tenter de racheter jusqu’à 1 000 milliards de dollars (650 milliards d’euros) de ces actifs dits toxiques qui encombrent les bilans des établissements et tétanisent les échanges interbancaires, un dispositif d’intervention public-privé doit être mis en place. Sa principale caractéristique : les opérateurs de Wall Street - des plus classiques comme les fonds de pension aux plus sulfureux comme les hedge funds (fonds spéculatifs) - doivent être incités, grâce à un complexe système de subventions publiques, à racheter à très bon compte les titres pourris, ceux issus des crédits immobiliers subprimes ou d’autres produits financiers dérivés. L’objectif est que les spéculateurs jouent sur l’aubaine pour parier sur de futures plus-values importantes, une fois que les actifs, rachetés pour quasiment rien avec le soutien de l’État, auront repris un peu de valeur. Montant des subventions directes aux opérateurs privés : entre 75 et 100 milliards de dollars (entre 47 et 68 milliards d’euros). Et l’État fédéral doit aussi intervenir massivement à travers les garanties apportées par la FDIC (Federal Deposit Insurance Corp.). Plusieurs centaines de milliards supplémentaires sont ainsi mobilisables. Le schéma retenu constitue ainsi une assurance tout risque pour les spéculateurs : si la valeur des titres pourris augmente, ils gagnent. Si elle baisse, ils pourront échapper à la dette souscrite pour réaliser leur opération, grâce à la garantie de l’État. Au-delà d’une rechute prévisible sur le front de la crise financière, la méthode pourrait lourdement entamer, à terme, la crédibilité politique de Barack Obama, qui surfe encore sur un état de grâce. Même le prix Nobel d’économie, Paul Krugman, qui avait pourtant publiquement soutenu jusqu’ici toutes les initiatives du nouveau président, n’hésite pas à faire part de son « désappointement » et se dit même « empli de désespoir ». Il se prononce, lui, en faveur d’un processus de nationalisation temporaire du secteur bancaire et il dénonce la démarche de l’équipe économique de la Maison-Blanche, « engluée, dit-il, par ses liens excessifs avec Wall Street ». B. O. http://www.humanite.fr/2009-04-02_International_Le-plan-de-relance-US-qui-subventionne-les-speculateurs

 

*) Paradis fiscaux : encore beaucoup à faire

La lutte contre les centres offshore a suscité quelques changements d’attitude. Mais les fiscs continueront d’avoir du fil à retordre pour obtenir les informations recherchées. Correspondance particulière. Opération « Naming and shaming » : nommer et stigmatiser. Quelques heures après la fin du sommet du G20, l’Organisation de coopération et de développement en Europe (OCDE, le club des 30 pays riches du monde) a sorti une liste des « paradis fiscaux » à travers le monde. En fait, une triple liste composée d’une partie noire mais sans importance et de deux listes « grises » où figurent pratiquement tous les paradis fiscaux importants de la planète (Liechtenstein, Monaco, Andorre, Luxembourg, Suisse et Autriche, les territoires liés à l’Angleterre comme Gibraltar ou des îles des Caraïbes ainsi que Singapour, Bahrein, des micro-États du Pacifique, etc.). L’organisation répondait ainsi à la demande des pays du G20 de faire la preuve de leur volonté de mettre la pression sur ces places financières appelées « non ou peu coopératives » dans le langage juridico-diplomatique. La France et l’Allemagne triomphent déjà sur l’air de « la fin des paradis fiscaux ». Ce qui est sûr, c’est que certaines attitudes ont bougé. Il est vrai que donner des gages aux opinions publiques sur la mise sous surveillance de ces places financières, dont plusieurs se situent en Europe même, constituait un point d’accord entre les pays du G20 avant même leur arrivée à Londres. Dans les semaines précédant le sommet, pratiquement tous les paradis fiscaux avaient pris les devants déclarant leur intention de collaborer en matière d’échanges d’informations fiscales (c’est pourquoi ils figurent désormais sur les listes grises). Bref, on a assisté à un alignement général sur les recommandations de l’OCDE. Lesquelles n’ont d’ailleurs rien d’incendiaires, loin de là : à ce stade, il n’est nullement question d’échanges automatiques d’informations sur l’épargne des non-résidents mais plutôt de répondre au cas par cas à des demandes formulées par les autorités financières et fiscales d’un autre pays. Cette possibilité représente toutefois une sérieuse brèche ouverte dans le secret bancaire et fiscal pratiqué par nombre de places financières, souvent justifié par une distinction rhétorique entre « évasion » et « fraude » fiscale (maquiller ou présenter de faux documents au fisc). On se souvient que dans le scandale, l’année dernière, des fonds allemands cachés au Liechtenstein, le fisc germanique avait littéralement dû acheter les services d’un informateur interne, employé d’une banque locale, pour obtenir, illégalement, des renseignements… Quelle sera la suite désormais ? Concrètement, pour sortir de la liste grise, les 43 centres financiers désignés devront signer, pour l’instant sans calendrier, des accords d’échanges d’informations et de coopération fiscale avec les pays qui le demandent. Il faut en parapher au moins douze pour quitter la zone grise, un critère contesté par nombre d’États. Les grands pays et l’OCDE vont pousser à la tâche en gardant un oeil sur l’avancée des signatures avant la prochaine réunion du G20 en automne. Reste que tous savent que la voie de la « transparence » sera longue… Ramine Abadie http://www.humanite.fr/2009-04-06_International_Paradis-fiscaux-encore-beaucoup-a-faire

 

*) « Pour une monnaie commune mondiale »

Paul Boccara, économiste marxiste, est auteur de Transformations et crise du capitalisme mondialisé. Quelle alternative ? Il revient sur les enjeux d’une autre construction monétaire. Au G20, on va parler relance de la croissance et régulation du système financier. Derrière ces deux problèmes se pose la question du dollar. D’ailleurs, le rôle du Fonds monétaire international (FMI) va être abordé. Derrière la relance, il y a son financement. Outre tous les financements publics, la Réserve fédérale des États-Unis (banque centrale - NDLR) a décidé d’acheter massivement des bons du Trésor pour la relance. D’où le risque d’inflation très grave du dollar. Du côté européen, les gouvernements ne veulent pas augmenter leurs plans de relance, notamment pour que l’euro ne descende pas par rapport au dollar. Et la régulation du système concerne principalement des fonds et des opérations en dollars. Toute l’alternative, face aux insuffisances du G20, débouche sur la proposition d’une autre monnaie mondiale que le dollar.

Pour le FMI, on veut qu’il augmente son soutien aux États en difficulté, avec davantage de moyens. Le Japon et l’UE ont déjà annoncé une contribution de chacun de 100 milliards de dollars. Au-delà d’une augmentation limitée, la question est posée d’une monnaie commune mondiale pour créer de la monnaie, à partir des droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI (droits de tirer des devises des autres pays, donnés à une banque centrale sans contrepartie, installés au début des années 1970). Face au risque d’inflation très grave du dollar, et au fait que le circuit financier mondial est fondé sur lui, on a la très importante proposition du gouverneur de la Banque centrale de Chine, le 23 mars : fonder une monnaie internationale autre que le dollar sur un paquet de devises comme celui des droits de tirage spéciaux du FMI, dont la composition serait élargie. Avec 2 000 milliards de réserves de dollars, dont environ la moitié en bons du Trésor des États-Unis, les Chinois ont une crainte sur leur valeur, et un moyen de pression. Cette proposition en rencontre d’autres analogues, dont celle que je propose depuis vingt-cinq ans, précisée dans mon livre sur la crise de 2008. Un comité d’experts des Nations unies vient de proposer, lui, de remplacer le dollar comme monnaie de réserve par un panier de devises. D’autres, comme la Russie, ont évoqué cette question, mais sans faire cette proposition pour le G20. Les États-Unis ont immédiatement répondu. Timothy Geithner, secrétaire au Trésor, s’est dit prêt à discuter d’un usage accru des DTS. Mais dans sa déclaration et dans celle d’Obama, il est hors de question que la monnaie de réserve ne soit plus le dollar. La proposition est néanmoins lancée.

Les Chinois proposent une monnaie internationale de réserve, à partir des DTS élargis. Il y a cet aspect commun des DTS avec ma proposition. Pour le moment, la différence est qu’on parle seulement de monnaie de réserve. Cela concerne les réserves des banques centrales, à la place du dollar pour garantir l’émission monétaire et pour les relations internationales. Pour moi, une véritable monnaie commune mondiale doit avoir toutes les fonctions monétaires. Elle doit permettre la création monétaire d’un FMI radicalement démocratisé, notamment pour refinancer les banques centrales. Dans mes propositions, partagées par les économistes communistes et adoptées par le PCF, il y a aussi l’idée d’autres critères d’utilisation de la monnaie. C’est une question décisive. Pour les crédits bancaires, grâce au « refinancement » des banques par les banques centrales (comme la BCE) et le FMI, les taux d’intérêts seraient abaissés, jusqu’à 0 % ou même à des taux négatifs (diminution des remboursements), pour les investissements réels (non financiers), et d’autant plus abaissés qu’on crée de l’emploi et de la formation. Une autre monnaie commune peut aussi financer les services publics et les biens communs de l’humanité. L’enjeu est que la création monétaire mondiale serve à un codéveloppement, favorisant les hommes et non les capitaux, pour une autre civilisation de toute l’humanité.

Entretien réalisé par Gaël De Santis http://www.humanite.fr/2009-04-02_International_-Pour-une-monnaie-commune-mondiale

 

*) Algérie : Réélection de Bouteflika : un triomphe contesté

Le président sortant l’a emporté avec 90,24 % des voix, ses poursuivants et les partis démocrates dénoncent la fraude et contestent le taux de participation.

Alger, envoyé spécial. Sans surprise, Abdelaziz Bouteflika a été réélu par 90,24 % des voix, soit 12,9 millions de votants s’étant prononcés en sa faveur. Un score à la Ben Ali en augmentation par rapport à ce qu’il avait obtenu en 2004 (85 %). Dans une déclaration, il a salué « le sens civique des Algériens ». Ses poursuivants, dont certains ne se faisaient aucune illusion, ont obtenu des scores dérisoires : la candidate trotskiste, la seule à n’avoir pas contesté le taux de participation record de 74,11 %, a obtenu 4,22 % (604 000 voix) alors qu’elle en espérait plus, suivi par Moussa Touati du Front national algérien (FNA, 2,31 %), l’islamiste Djahiz Younsi d’El Islah (1,37 %) les deux autres, Faouzi Rebaïne et Mohamed Saïd ont obtenu chacun 0,93 % et 0,92 % !

--- « les choses ont été décidées à l’avance »

Le taux de participation, qualifié de manipulation à l’ampleur d’un « tsunami » par le Front des forces socialistes (FFS) (lire également notre entretien ci-dessous), ou de « stratégie centralisée de la fraude » par le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), a également été contesté par des candidats à cette élection. « J’ai visité des bureaux de vote à Médéa et Djelfa ce matin, a déclaré Moussa Touati (FNA), il y avait à peine une dizaine de personnes dans chaque bureau », ajoutant qu’il avait l’impression que « le peuple était désespéré ». Pour lui, le taux de participation n’a pas dépassé les 40 %.

Pour le directeur de campagne du candidat, Faouzi Rebaïne, « les choses ont été décidées à l’avance ». Et de désigner la participation comme une « mascarade ». Même réaction du candidat islamiste. Les trois opposants ont fait état d’irrégularités, de fraudes et d’entraves de l’administration envers leurs militants les empêchant d’assister au dépouillement. Le FFS avance une participation de 18 %, tandis que le RCD l’estimait à 16,73 %, jeudi aux environs de 16 heures. À Alger, par exemple, le taux de 64 % de participation dans une ville où il n’a jamais dépassé les 35 % lors des précédents scrutins alimente le doute. Il n’y avait pas affluence dans les bureaux de vote que j’ai pu visiter, sauf dans quelques-uns, comme à Dely Ibrahim sur les hauteurs de la capitale, ou à El Biar où des électeurs ont été amenés par bus afin de créer, face aux caméras de télévision, une impression d’afflux massif devant les urnes.

--- « Bouteflika ne veut pas être mal élu »

En Kabylie également, les 30,75 % obtenus à Tizi-Ouzou, les 29 % à Bejaïa, théâtre de manifestations imposantes contre le vote, où les 56 % à Boumerdès, voire à Bouira, où traditionnellement la participation se situe entre 3 % et 10 % étonnent. En fait, comme l’a expliqué le directeur de campagne du président candidat, « Bouteflika ne veut pas être mal élu », il veut une majorité absolue qui lui permettra de passer à la vitesse supérieure » et « renforcer la position du pays sur le plan international ». Autrement dit, tout a été fait pour qu’il obtienne une majorité écrasante. Jeudi soir, les partisans de Bouteflika, sillonnant les artères de la capitale, ont tenté de créer une ambiance de fête. Une tentative qui a laissé les Algérois de marbre. Hassane Zerrouky

http://www.humanite.fr/2009-04-11_International_Reelection-de-Bouteflika-un-triomphe-conteste

 

*) « Cette mascarade est un modèle de pacification électorale » Questions à Karim Tabou, secrétaire général du Front des forces socialistes (FFS).

Envoyé spécial.

--- Comment interprétez-vous un taux de participation aussi massif ?

Karim Tabou. Écoutez, il était attendu que le pouvoir annonce un taux aussi invraisemblable. Mai cela dépasse l’entendement, c’est une élection coup de force contre les Algériens. On est face à une vision politique unique, un retour du système à parti unique, de la pensée unique et d’un dirigeant unique. Cette mascarade est une opération et un modèle de pacification politique et électorale. Ces chiffres confirment la politique de mépris des Algériens et même envers la communauté internationale. À mes yeux, la participation n’a pas dépassé les 18 %.

--- Sur quoi vous appuyez-vous pour dire que les chiffres de participation ont été gonflés ?

Karim Tabou. Nous avons mené une opération de contrôle sur un échantillon de 38 wilayas (départements) sur les 48 que compte le pays. Et on a choisi 200 à 300 communes représentatives de l’opinion nationale. On s’est rendu compte, ce sont des faits, qu’il y a eu dans de très nombreux endroits des bourrages d’urnes.

--- Avez-vous des exemples concrets ?

Karim Tabou. Des tas ! Dans la commune de Bougaa, département de Sétif, le taux de participation était de 2 % à 10 heures et a atteint 75 % à midi. Le chef de centre du scrutin de cette localité a organisé un bourrage au vu et au su des autorités. Des communes connues pour être des fiefs de l’opposition ont connu le même type d’opération. Par exemple à Guenzet, dirigé par le FFS, toujours dans le département de Sétif, le taux de participation est passé de 12 % à 77 % en deux heures ! Du jamais-vu. On veut nous faire croire à un séisme citoyen qui aurait provoqué une telle participation… Dans d’autres localités, on a laissé des personnes voter quatre à cinq fois, d’autres ont voté pour toute la famille… On peut citer de multiples autres cas. C’est par de tels procédés qu’ils ont fait gonfler la participation.

--- Que comptez-vous faire pour l’avenir ?

Karim Tabou. Depuis le début, on s’était fixé un cap et des objectifs. On est le seul parti à avoir organisé d’imposantes manifestations populaires alors qu’elles étaient interdites par le pouvoir. Nous avons montré que nous sommes capables de mobiliser, de faire sortir la politique dans la rue et de prouver qu’il y a des Algériens qui refusent une telle mascarade. En 2004, on a été les seuls à boycotter le scrutin présidentiel. On a réussi des avancées qui font que les Algériens considèrent que notre parti est décidé à contrer la glaciation politique annoncée. Pour le reste, on est ouvert au dialogue et à toute idée avec les autres forces démocrates pour construire une alternative et pour la modernité. Le mouvement démocratique ne peut se confiner aux seuls FFS et RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie) pour la bonne raison que l’opinion démocratique est majoritaire dans ce pays. Il y a les acteurs de la société civile, des syndicalistes, des intellectuels, la jeunesse qu’il faut mobiliser contre cette mise au pas. Nous pensons donc que c’est sur le terrain, autour d’objectifs précis, qu’il faut créer les conditions du changement et non à travers une alliance d’appareils. Entretien réalisé par H. Z.

http://www.humanite.fr/2009-04-11_International_-Cette-mascarade-est-un-modele-de-pacification-electorale

 

*) États-Unis : La Cour suprême veut tuer Mumia Abu-Jamal

En rejetant le recours de la défense du journaliste, la haute juridiction le met à nouveau à la merci d’une exécution de la sentence.

Mumia Abu-Jamal est en danger de mort. Lundi, la Cour suprême a annoncé qu’elle opposait une fin de non-recevoir à la requête qui lui était soumise par la défense de Mumia Abu-Jamal, condamné à la peine capitale en 1982. Le recours de son avocat, Me Robert Bryan, portait sur la violation des droits constitutionnels du journaliste afro— américain : les critères racistes à partir desquels le jury a été composé. La plus haute juridiction états-unienne, qui donne rarement suite aux recours déposés (de 2 % à 3 %), a refusé de se prononcer sur cette atteinte à l’impartialité. Le sort de Mumia Abu-Jamal reste toujours suspendu à une décision de cette cour réputée pour son conservatisme. La haute juridiction doit en effet encore se prononcer sur une autre requête, déposée celle-là par l’accusation, et qui exige le rétablissement de la peine capitale à l’encontre de la « voix des sans-voix », suspendue en mars 2008, par la cour d’appel fédérale de Philadelphie (Pennsylvanie). Cette dernière, par deux voix contre une, avait annulé la condamnation à mort de Mumia Abu-Jamal (après avoir reconnu la partialité du jury) mais confirmé sa culpabilité. Si la Cour suprême se range à cet avis, un nouveau jury pourrait être sélectionné mais exclusivement pour requalifier la peine : condamnation à mort ou prison à vie. Si, au contraire, elle penche en faveur du recours de l’accusation, Mumia Abu-Jamal serait alors exécuté. La mort ou la mort… Mumia Abu-Jamal a été condamné au terme d’un procès raciste pour le meurtre d’un policier blanc, sous la houlette d’un juge membre de l’Ordre fraternel de la police, un syndicat d’extrême droite. L’ONG Amnesty International a relevé pas moins de 60 problèmes dans le dossier. Au sein même des Nations unies, un rapporteur spécial de la commission des Droits de l’homme de l’ONU s’est prononcé en faveur d’une révision. L’acharnement de la justice confirme le caractère politique de l’affaire, Mumia Abu-Jamal n’ayant jamais cessé de dénoncer les inégalités d’un système corrompu et violent. Son cas met également à jour les rouages d’une justice à double vitesse, miroir d’une société qui ne l’est pas moins, où l’accusé doit prouver son innocence, s’il en a les moyens financiers. Le président Barack Obama a d’ailleurs reconnu qu’il existait une différence de critères, lors des arrestations, des condamnations et des sentences, selon que l’on soit blanc ou afro-américain. Mais sans plus. Pour les 80 organisations du collectif unitaire qui soutiennent la « voix des sans-voix », l’affaire Mumia Abu-Jamal est emblématique du déni des droits de l’homme aux États-Unis où il incarne le combat abolitionniste. Il y a quelques semaines, Bill Richardson, le gouverneur du Nouveau-Mexique, a promulgué une loi abolissant la peine de mort dans son État. « Quelle que soit mon opinion sur la peine de mort, a-t-il expliqué, je n’ai pas suffisamment confiance dans le système judiciaire dans son fonctionnement actuel, pour être l’arbitre final lorsqu’il s’agit de décider qui meurt et vit après un crime. » Ce serait là la voix de la raison. Barack Obama l’entendra-t-il ? Cathy Ceïbe http://www.humanite.fr/2009-04-08_International_La-Cour-supreme-veut-tuer-Mumia-Abu-Jamal

 

*) Un partisan de la guerre en Irak à la tête de l’Alliance atlantique

Anders Fogh Rasmussen, l’actuel chef du gouvernement danois qui a été désigné comme secrétaire général de l’OTAN, est très à droite et très libéral.

Envoyé spécial. La désignation d’Anders Fogh Rasmussen comme nouveau secrétaire général de l’OTAN est très lourde de signification. L’actuel chef du gouvernement danois qui devrait prendre ses nouvelles fonctions en août prochain est sans doute l’un des dirigeants européens les plus à droite. Chef du parti libéral danois, Venstreet, il est arrivé au pouvoir fin 2001 à la tête d’une coalition avec le parti conservateur et le soutien de l’extrême droite ouvertement xénophobe de Pia Kiaersgaard. Il a été ainsi le premier dirigeant européen, après le conservateur autrichien Wolfgang Schüssel, à passer un accord avec l’extrême droite pour gouverner. Depuis lors, le parti populaire (Dansk Folkparti) de Kiaersgaard n’a fait que croître et prospérer sur le flan du gouvernement. Lequel a pris depuis huit ans des mesures très restrictives contre l’immigration, rendant la vie impossible aux ressortissants de pays n’appartenant pas à l’espace européen et en particulier aux demandeurs d’asile.

D’où les tensions que sa désignation a suscitées du côté de la Turquie. Ankara faisant de la résistance jusqu’au bout - en échange de quelle contrepartie ? - pour contester cette décision. La délégation turque a longtemps argué que le gouvernement Rasmussen portait des responsabilités dans le climat d’hostilité régnant au Danemark à l’égard des musulmans. Et de pointer, non sans arrière-pensées en termes de politique intérieure, l’épisode des fameuses caricatures de Mahomet. Il reste que l’ambiance délétère entretenue par une extrême droite danoise confortée par son alliance au sommet se fait aujourd’hui de plus en plus prégnante. Et ce climat est exacerbé par l’aggravation des souffrances populaires sous l’effet des multiples réformes néolibérales du pouvoir.

Car Rasmussen est aussi l’un des fers de lance de l’euro-libéralisme. Il a taillé singulièrement dans l’État providence danois, jadis l’un des plus développés d’Europe, et a fait la promotion du modèle dit de flexicurité qui a contribué à accentuer l’exploitation des salariés dans toute l’UE.

Enfin et surtout, Rasmussen fut, en Europe, l’un des hommes liges d’un certain George W. Bush. Il a soutenu très fortement sa guerre en Irak, dépêchant promptement des troupes danoises entre le Tigre et l’Euphrate à la rescousse de l’Oncle Sam. « La page irakienne est tournée », affirmait Jean-David Lévite, l’un des sherpas de Nicolas Sarkozy avant les deux sommets du G20 et de l’OTAN. Assurément. Mais dans quel sens ? B. O. http://www.humanite.fr/2009-04-06_International_Un-partisan-de-la-guerre-en-Irak-a-la-tete-de-l-Alliance

 

*) L’Afghanistan au coeur de l’inflexion vers une stratégie « tous azimuts »

Le volet militaro-sécuritaire du plan de sauvetage du navire capitaliste adopté au G20 suppose la multiplication des missions du type Afghanistan.

Strasbourg, envoyé spécial. L’Alliance atlantique a décidé de s’engager dans un « processus de transformation » afin de se mettre « à la hauteur des défis du XXIe siècle. » Le sommet de Strasbourg-Kehl appelle ainsi l’organisation issue de la guerre froide à devenir beaucoup « plus souple » et à être capable de « projeter des troupes » dans n’importe quelle partie du monde. Traduisez : l’Alliance a décidé de s’adapter pour mieux être ce volet militaro-sécuritaire du plan de sauvetage du navire capitaliste adopté quarante-huit heures plus tôt au G20 de Londres. Barack Obama est apparu déterminé à exercer plus que jamais le rôle du capitaine de cette embarcation atlantique-là, déployant un savoir-faire politique subtil, fait d’écoute et de pédagogie, en contraste singulier avec l’arrogance de son prédécesseur. Objectif immédiat : obtenir de l’Alliance qu’elle s’implique davantage en Afghanistan, là où le nouveau locataire de la Maison-Blanche, qui a annoncé le déploiement de 21 000 soldats supplémentaires, considère qu’il faut aujourd’hui porter le fer. Les alliés européens se sont mis d’accord à Strasbourg pour envoyer des renforts sur le théâtre d’opération afghan (5 000 hommes supplémentaires). Parmi lesquels environ 150 gendarmes français destinés à former les services de sécurité afghans, souligne-t-on dans l’entourage de Nicolas Sarkozy. Une partie de ces renforts devraient être opérationnels durant l’été pour « sécuriser » le déroulement de l’élection présidentielle afghane. L’accord intègre aussi de nouvelles contributions matérielles ou financières des alliés. Il revêtait d’autant plus d’importance aux yeux des dirigeants de l’Alliance que le déploiement en Afghanistan constitue précisément, de longue date, un laboratoire de la mutation de l’organisation. Celle-ci est intervenue en effet sur le théâtre afghan pour la première fois, loin de son périmètre « légitime » originel. Et la mission afghane pourrait préluder à d’autres opérations au caractère délibérément offensif sur n’importe quel point du globe. Pour remplir des objectifs, énumérés dans le relevé des conclusions du sommet à Strasbourg : « lutte contre le terrorisme, la piraterie », d’éventuelles cyber-attaques ou encore - et c’est sans doute le point le plus préoccupant - en faveur de la « sécurisation des sources d’énergie. » Barack Obama ne s’y est d’ailleurs pas trompé. Rendant hommage à Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, coorganisateurs du sommet, il a déclaré que leur engagement à l’égard de l’Afghanistan était « un signe de la détermination avec laquelle ils abordent les défis de l’OTAN ». Le sommet s’est à peine troublé de la promulgation d’une loi par le président Karzaï niant les droits des femmes au point de déclarer légitime le viol marital (voir l’Humanité du 3 avril) comme au pire moment de la domination talibane. « Il faut respecter les cultures locales mais il faut aussi respecter les principes des droits humains », s’est contenté de faire observer le président Obama, qui avait théorisé sur la possibilité de négocier avec des « talibans modérés ». L’Alliance devrait demander à Karzaï de retirer son texte. L’affaire et le redoublement de la violence illustrent toutefois l’impasse de la stratégie guerrière, choisie par les États-Unis et leurs alliés depuis 2001. La fuite en avant dans la surenchère militaro-sécuritaire décidée samedi à Strasbourg a toutes les chances de rendre la situation toujours plus explosive. Bruno Odent

http://www.humanite.fr/2009-04-06_International_L-Afghanistan-au-coeur-de-l-inflexion-vers-une-strategie

 

*) Colombo : L’armée massacre au Sri Lanka

Les militaires auraient utilisé des bombes au phosphore et à fragmentation contre les civils. Que s’est-il passé ces dernières heures au Sri Lanka ? Alors que les forces gouvernementales mul- tiplient depuis des semaines des communiqués de victoire contre la rébellion séparatiste des Tigres tamouls (LTTE), des informations les plus inquiétantes parviennent du nord de l’île où les populations civiles sont prises en otages dans les combats. Depuis vendredi dernier, l’armée a intensifié ses raids, selon les rares travailleurs humanitaires encore sur place, s’en prenant aux civils réfugiés à l’intérieur d’une zone dite « de sécurité » où la guérilla maintient ses dernières poches de résistances dans une étroite bande côtière du district de Mullaittivu, dans le nord-est de l’île. Colombo affirme depuis que plus de quatre cents combattants du LTTE ont été tués dans l’offensive militaire. Faux, archifaux rétorquent à Paris les associations tamoules, qui assurent que ce sont bien des massacres en règle de civils qui viennent d’avoir lieu : « Il y a eu au moins 2 000 morts dans les bombardements aériens où ont été utilisées des bombes au phosphore blanc, à fragmentation. Ce matin encore nous avons eu des informations selon lesquelles plusieurs bombes ont été larguées », dénonçait hier au cours d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale Sakthithasan Kirushanthi, secrétaire générale du Comité de coordination tamoul de France. Organisateurs de cette rencontre, les députés communistes Marie-George Buffet et François Asensi ont fait part de leur « indignation face au calvaire que vivent les populations tamoules dans une guerre oubliée par la communauté internationale » et ont appelé à une action immédiate pour un cessez-le-feu. « Nous allons agir en ce sens, a déclaré la secrétaire nationale du Parti communiste. Il doit y avoir un cessez-le-feu sans condition qui doit être le fait des deux parties, les Tigres et l’armée sri-lankaise, pour permettre à l’aide humanitaire d’arriver dans les plus brefs délais. Nous appelons à une issue politique du conflit parce qu’il ne peut y en avoir d’autre. » Marie-George Buffet a fait savoir qu’elle demanderait à la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée qui se réunit ce matin d’organiser une table ronde sur la question et une mission parlementaire d’urgence au Sri Lanka. « Il est temps que la communauté internationale se saisisse du problème et que l’Union européenne et la France prennent leurs responsabilités pour un retour à la paix via des négociations. » Les élus qui veulent « briser le mur du silence » ont également apporté tout leur soutien aux manifestants tamouls qui depuis lundi après-midi se sont installés sur l’esplanade des Invalides à Paris à proximité du ministère des Affaires étrangères pour que le gouvernement réagisse aux massacres de leurs parents dans l’île. « Il y a une très forte émotion et une grande colère », rapporte la représentante du Comité de coordination tamoul. « Nous subissons un conflit qui est le plus vieux d’Asie et qui comporte trois causes », expliquait hier le professeur S. J Emmanuel, prêtre catholique sri-lankais, président de la Fédération internationale des Tamouls. « L’héritage du colonialisme britannique, qui a spolié le peuple tamoul de son État en le réunifiant à l’État cinghalais ; l’extrémisme nationaliste bouddhiste, qui veut imposer sa religion sur toute l’île ; et toutes les discriminations dont sont victimes les Tamouls depuis l’indépendance puisque le pouvoir cinghalais dicte sa loi et que l’armée l’applique. Nous ne voulons que la paix et vivre dans une fédération qui reconnaisse nos droits. » Dans cette guerre à huis clos, si l’on excepte les témoins employés de la Croix-Rouge, des organisations humanitaires et l’ONU estiment que 150 000 à 200 000 civils tamouls sont pris au piège des combats. Ils ne sont que 70 000 et servent de « boucliers humains » à la rébellion, rétorque Colombo. Le président sri-lankais Mahinda Rajapakse, un ultranationaliste, a déclaré lundi devant des partisans de son parti rassemblés à sa résidence que les forces de sécurité étaient sur le point d’écraser totalement les combattants du LTTE et a rejeté toute idée de trêve. Dominique Bari http://www.humanite.fr/2009-04-08_International_L-armee-massacre-au-Sri-Lanka

 

*) Israël : Netanyahou nie le droit des Palestiniens à un État

Le nouveau premier ministre a présenté à la Knesset une équipe pléthorique mais inquiétante pour la paix. Il a beau être affublé par ses concitoyens d’un sobriquet gentiment ridicule - Bibi -, le nouveau premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, n’a rien de rassurant. Son discours à la Knesset, mardi soir, a confirmé les craintes nées d’une campagne électorale où il avait annoncé son intention de rompre avec l’attitude des gouvernements précédents qui, depuis les accords d’Oslo, en 1993, avaient tous, avec plus ou moins de sincérité, maintenu au moins un semblant de dialogue avec l’Autorité palestinienne, dialogue qui, a-t-il souligné, « n’a servi à rien ». Netanyahou, lui, avait voté contre les accords d’Oslo en 1994, et il avait quitté le gouvernement Sharon en 2005 pour protester contre l’évacuation de la bande de Gaza. C’est lui qui, fidèle à l’idéologie du Grand Israël qui fut toujours la sienne (1), donna un coup d’accélérateur à la colonisation de la Cisjordanie et commença à la tronçonner par les routes de contournement et les barrages militaires lorsqu’il fut une première fois à la tête du gouvernement israélien, en 1996.

--- La guerre en filigrane

Il n’a pas changé d’attitude. Dans son discours d’investiture, le nouveau premier ministre n’a pas mentionné une seule fois la possibilité de mettre fin au conflit en acceptant la création d’un État palestinien aux côtés d’Israël, solution pourtant prônée par l’ONU, par l’Union européenne, par les États-Unis depuis 2002, acceptée par Israël aux termes de la « feuille de route » signée en 2003, et de la conférence d’Annapolis réunie en 2007. Certes, il a affirmé que « la paix est possible avec les Palestiniens s’ils la veulent vraiment ». « Nous ne voulons pas régner sur les Palestiniens », a-t-il dit, leur proposant de « négocier sur les questions économiques, diplomatiques et de sécurité pour arriver à un accord final où les Palestiniens auront tous les droits de se gouverner sauf dans les domaines dangereux pour la sécurité d’Israël ».

Autrement dit, il a resservi la vieille proposition d’une autonomie interne, sans souveraineté sur la terre, que toutes les forces politiques israéliennes un tant soit peu conscientes des réalités ont dû abandonner. Toutes, sauf l’extrême droite d’Avigdor Lieberman, son ministre des Affaires étrangères, qui a déjà réagi aux critiques faites un peu partout dans le monde au discours de Netanyahou. Selon lui, « aucun gouvernement israélien n’a jamais accepté la solution des deux États ni le gel de la colonisation, car ni le cabinet précédent ni la Knesset n’ont ratifié les accords d’Annapolis ». « Toute concession aux Palestiniens conduirait à la guerre », a-t-il ajouté.

La guerre, une guerre qui pourrait embraser le Moyen-Orient et au-delà, était en filigrane dans le discours de Netanyahou. Il s’en est pris très directement à l’Iran, désigné comme « centre du fanatisme et du terrorisme ». « Il est de l’intérêt d’Israël et du monde musulman de bloquer le programme nucléaire iranien, a-t-il dit. Israël ne laissera personne menacer son existence », en proposant au monde arabe de s’allier à lui « contre l’obstacle fanatique qui nous menace tous ».

--- Méfiance internationale

Un langage qui semble confirmer les craintes des progressistes israéliens, comme Michel Warschawski, qui, dimanche à Bruxelles, disait craindre de voir le nouveau gouvernement « lancer une attaque contre l’Iran pour obliger les États-Unis à se ranger du côté d’Israël ». C’est en effet au niveau international que le bât blesse. La méfiance à l’égard de ce gouvernement où les extrémistes racistes et religieux ont la part belle est palpable. Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a d’ailleurs lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle fasse pression sur « ce gouvernement qui ne croit pas à la paix ».

(1) Né en 1949, à Tel-Aviv, Benyamin Netanyahou est le fils du secrétaire de Zeev Jabotinsky, leader nationaliste que l’on qualifiait dans les années trente de « fasciste sioniste ». Il a passé son enfance et fait ses études aux États-Unis. Françoise Germain-Robin http://www.humanite.fr/2009-04-02_International_Netanyahou-nie-le-droit-des-Palestiniens-a-un-Etat

 

*) ONU : Crimes de guerre à Gaza

Une commission d’enquête a été désignée par la commission des Droits de l’homme de l’organisation. Genève, correspondance particulière.

Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies (CDH) vient de mettre sur pied sa commission d’enquête sur les crimes de guerre et les violations du droit humanitaire dans le conflit meurtrier de Gaza du début de cette année, qui avait coûté la vie à plus d’un millier de civils palestiniens et à une dizaine d’Israéliens. Cette commission d’experts avait été demandée par le Conseil lors d’une session spéciale consacrée, ce même mois de janvier, au conflit. La commission d’enquête sera composée de deux femmes spécialistes de droit international (la Pakistanaise Hina Jilani et l’Anglaise Christine Chinkin) et d’un expert militaire, le colonel irlandais Desmond Travers, de l’Institut pour les investigations criminelles internationales (IICI). Elle sera présidée par le Sud-Africain Richard Goldstone, ancien juge à la Cour constitutionnelle de son pays et procureur général pour les tribunaux internationaux pour le Rwanda et la Yougoslavie. Il y a quelques jours, ce dernier s’était d’ailleurs associé à des personnalités internationales (le prix Nobel Desmond Tutu ou l’ex-haut commissaire aux Droits de l’homme, Mary Robinson…) pour exiger de l’ONU le lancement d’une investigation, « étendue, approfondie et impartiale » pour Gaza. « L’enquête sur les allégations de violations de droit humanitaire et de crimes de guerre commises par les belligérants est dans l’intérêt aussi bien des Palestiniens que des Israéliens. J’espère que cela va aider à obtenir la justice pour les victimes et contribuer au processus de paix », a déclaré Richard Goldstone en acceptant la mission. Ramine Abadi http://www.humanite.fr/2009-04-07_International_Crimes-de-guerre-a-Gaza

 

 

      &&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&