Bulletin Ripostes No 67 – Le 10 Octobre 2010

 

      Bonjour,

      Après un peu de léthargie estivale, et une rentrée professionnelle et sociale intense, reprenons le chemin de la réflexion et de l’action idéologique et politique…

 

           Riposter et élargir la contre-offensive à la politique de Sarkozy suppose des ripostes et des offres nouvelles dans tous les champs d’interventions humains, idéologiques, économiques, démocratiques, sociaux et politiques. C’est ce qu’on commencé à faire les électrices et les électeurs aux élections européennes et régionales de 2010. Ces résultats sont à pondérer par une abstention qui doit interpeller toutes les forces politiques. Le mouvement social et syndical est en train de reprendre l’offensive. C’est d’autant plus nécessaire que Sarkozy et son gouvernement sont frappés d’autisme, et envisagent de poursuivre leurs réformes si désastreuses au plan social, économique et démocratique.

Exigeons des forces de Gauche et d’extrême-Gauche, républicaines, socialistes, communistes et écologistes qu'elles se mettent vraiment au service des peuples et d'une transformation sociale progressiste, aidant l'humanité à se dégager de toutes formes d'exploitation, de domination et d'aliénation, en commençant par celle d'une logique capitaliste archaïque et monstrueuse dans les risques qu'elle fait courir à la planète et à l'humanité.» Ne laissons pas les forces de Gauche et écologistes se fragmenter et s'égarer dans des calculs politiciens, des dérives libérales, ou des impasses sectaires. Essayons de construire ensemble les bases d’un Nouveau Front Populaire Majoritaire, le Front de Gauche peut en être la fondation. Des initiatives, notamment du PCF et des formations qui animent le Front de Gauche semblent aller dans cette direction.

           Ouvrons partout des Fronts de résistance et de conquêtes sociales et démocratiques ! Résistons et ripostons à la politique portée par Sarkozy et son gouvernement et construisons les outils politiques, idéologiques et sociaux, nécessaires pour porter un projet de transformation sociale progressiste, permettant de construire une société plus humaine, plus juste et plus solidaire, les uns l’appelant communisme, les autres une République Sociale, d’autres socialisme, d’autres développement soutenable et durable, visant de fait à dépasser le capitalisme, en particulier sa forme financière et mondialisée ! Il y a beaucoup de commun dans tout cela en particulier l’idée et l’expérience de la solidarité qui rassemble et complète qui est plus efficace socialement et humainement que la concurrence qui divise et oppose les êtres humains.

Dominique BELOUGNE.

 

      Si vous souhaitez vous associer aux activités du Collectif Universitaire, transmettez votre intention à l’adresse du collectif Universitaire Bordelais : <Collectif.UnivBx@Gmail.com>

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      Cordialement,

      Dominique BELOUGNE

 

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Au Sommaire de la Lettre N0 67 :

 

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&         Ripostes Politiques              &

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*) « Manifs… et Pacte d’union populaire »  Par Serge Gonzalez, membre du conseil départemental PCF 33

 

*) Cantonales 2011 en Gironde : Rencontre des organisations composant le Front de Gauche

 

*) « Bistrot politique d’Espaces Marx » Le Lundi 25 Octobre à 19h00 au Restaurant « La Rose des Sables » à Talence. (Tram arrêt St Genès) « Quel projet de société partagé voulons-nous ? Comment le construire ? »

 

*) « Notre pays doit rester fidèle à ses valeurs » Par Olivier DARTIGOLLES, Porte Parole du PCF

 

*) [PCF33] UN PACTE D’UNION POPULAIRE POUR CHANGER NOS VIES

 

*) La Fête de la ruralité à Saint-Symphorien a parlé retraites

 

*) Cantonales : Le PS relance les sortants

 

*) Quelles transformations de la société au XXIe siècle ?  « Développer les forces productives hors de la logique du capitalisme »  Par François Houtart, sociologue, fondateur et président du Centre Tricontinental

 

*) Quelle humanité voulons-nous être, et comment voulons-nous vivre ensemble ? « Face à la crise de civilisation, le chaînon manquant du « projet » »  Par Patrice Cohen-Seat, membre du Conseil national du PCF.

 

*) Après l’échec du « socialisme réel » et face à la crise du capitalisme, quelle alternative ? « Les options, que l’on dira socialistes, d’une société de type nouveau »  Par Anicet Le Pors, conseiller d'État, ancien ministre.

 

 

*) « Renationaliser les banques »  Par François Chesnais, économiste, professeur associé à l’université Paris Xiii, membre du conseil scientifique d’Attac (*).

 

*) « Portons des propositions alternatives audacieuses »  Par Paul boccara, économiste communiste (*).

 

*) Rencontre La gauche en débats : Pierre Laurent : "l’intervention populaire peut faire bouger les choses"

 

*) Rencontre La gauche en débats : Jean-Luc Mélenchon « Les différences entre partis ne sont pas anecdotiques »

 

*) Rencontre La gauche en débats : Harlem Désir « Toutes les forces de gauche se sont influencées »

 

*) Rencontre La gauche en débats : Olivier Besancenot « La réforme des retraites doit être enterrée »

 

*) Rencontre « La gauche en débats » : Cécile Duflot « Agir pour raccrocher les citoyens au débat politique... »

 

*) Fête de l'humanité 2010 : « Nous sommes là, ensemble, pour gagner »

 

*) Fête de l'humanité 2010 : Le Front de gauche lance son programme partagé

 

*) Pierre Laurent : oui à une révolution sociale

 

*) Passe d’armes au PS sur les primaires

 

*) A 1 euro le vote, les socialistes rêvent de 4 millions d'électeurs

 

*) PS et PCF pour un « débat approfondi »

 

*) Aubry : une République "attaquée dans ses fondements"

 

*) Benoît Hamon : « Cimenter le paysage à gauche »

 

*) Les Verts parient sur leur métamorphose

 

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&         Enseignement Supérieur et Recherche                  &

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*) [JEUNESSE MOBILISEE] Compte-rendu de la mobilisation sur les retraites au sein de l'IEP Bordeaux le 6 Octobre !

 

*) Réforme des retraites : les lycéens s'en mêlent

 

*) Pour CONTINUER et ELARGIR l’ACTION ! Pour faire céder le Gouvernement !  Tous dans l’action, Tous en grève le Mardi 12 Octobre. Manifestation : 11h Place de la Victoire à  Bordeaux et Assemblée Générale Le MERCREDI 13 OCTOBRE à 12h30 Amphi. 12 à Carreire pour examiner les suites éventuelles à donner au mouvement sur l’Université - Le même jour, les étudiants appellent à une Assemblée Générale à la Victoire Amphi BROCA 2 à 12h30

 

*) Les étudiants, en première ligne le 12 Octobre ?

 

*) Bordeaux : Les facs vont-elles bouger ?

 

*) [SNCS-FSU] Prime au mérite : les chercheurs n’en veulent pas !

 

*) Réforme des retraites : les lycéens s'en mêlent

 

*) Des centaines de lycéens manifestent en Basse-Normandie

 

*) « Qu’est-ce qu’être étudiant ? »  Par Maurice Ulrich

 

*) « Universités/Recherche : La grande manipulation du budget »  Par Pierre Duharcourt, professeur des universités et ancien secrétaire général du Snesup.

 

*) Fusion des Universités : Vous n’aurez pas la fac et la Lorraine

 

*) Modernisation Universitaire : Christophe Charle « La réforme sabote ce qui marchait »  Interview de Christophe Charle

 

*) Le grand bazar des stages en entreprise pour les étudiants et les jeunes en recherche d’emploi

 

*) Rentrée « sereine » dans les facs ?

 

*) « L’enseignement supérieur et l’exclusion des classes populaires »  par Stéphane Beaud, sociologue, professeur à l’École normale supérieure (*).

 

*) En fac, le taux d’échec des premières années reste élevé

 

*) 100 000 étudiants sous le seuil de pauvreté

 

*) « Les facultés de droit et l’inégalité sociale » Par Robert Charvin professeur émérite de droit.

 

*) « L’enseignement supérieur et l’exclusion des classes populaires » Par Stéphane Beaud, sociologue, professeur à l’École normale supérieure (*).

 

*) Qui va bénéficier des ressources mobilisées pour l’Enseignement et la recherche ? : « Le grand emprunt pour les universités, miroir aux alouettes. » Par Daniel Steinmetz, Secrétaire Général du SYNDICAT NATIONAL DES TRAVAILLEURS DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE (SNTRS-CGT).

 

*) Comment résiste L'enseignement supérieur ? : « En septembre, la mobilisation sera décisive » Par Stéphane TASSEL, secrétaire général du SNESUP-FSU.

 

*) « La fin de l’école gratuite » ?

 

*) Le rapport annuel 2009 de l'IGAENR et de l'IGEN est disponible (Documentation française).

 

*) La méritocratie à l’assaut de la fonction publique

 

*) MARIE DURU-BELLAT « Il faut questionner les critères du mérite »

 

*) Le salaire de 5,2 millions  de fonctionnaires sera gelé en 2011

 

*) [SNESup_FSU] DECRET INTERESSEMENT : LA LOGIQUE MARCHANDE A L’ŒUVRE !

 

*) L'avancement des réformes RGPP au ministère de l'Enseignement supérieur

 

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& Collectivités locales, territoriales et Aménagement du Territoire &

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*) Gestion de l’eau : Max Guichard écrit au journal « Sud-Ouest » pour préciser la position et donner l’opinion des élus communistes et apparentés à la CUB

 

*) CUB : Les dossiers récurrents des communistes

 

*) Réforme des collectivités Des élus appellent à manifester le 13 octobre

 

*) La réforme des collectivités réactive l'union des gauches

 

*) Anecr : « Un fort potentiel d’élargissement ». Maire de Champigny, Dominique Adenot a été élu, dimanche, président de l’Anecr.

 

*) Face au délitement du tissu éducatif, comment se saisir des échéances électorales : « Pour des élus territoriaux engagés contre les politiques inégalitaires »  Par Sébastien Laborde, membre du Réseau école, PCF Gironde.

 

*)  « Collectivités : Un nouveau coup de massue » Par Michel Berson, président du conseil général de l’Essonne, trésorier de l’assemblée des Départements de France.

 

*) Les dotations de l'Etat aux collectivités locales vont être gelées pour trois ans

 

*) André Chassaigne « Revivifier la démocratie locale »

 

*) Euratlantique : un projet à grande vitesse

 

*) Bègles : La facture fait fracture

 

*) La politique d'austérité budgétaire prévue pour 2011 déchaîne les critiques de l'opposition

 

*) Euratlantique : La supply chain, un atout pour les territoires

 

*) Juppé vise la construction de 60 000 logements à Bordeaux

 

*) CUB : 50 000 logements à imaginer

 

*) Floirac : Les communistes et le logement social

 

*) Abattoir : éleveurs en attente

 

*) Les ateliers SNCF emportés par la vague Euratlantique

 

*) Les collectivités locales au "pain sec et à l'eau" Par Alain Rousset, Président (PS) du Conseil régional d'Aquitaine

 

 

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&        Ripostes Sociales           &

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*) Manifestations du 2 octobre à Bordeaux : « objectif atteint » pour les syndicats

 

*) Au coeur des cortèges : témoignages de manifestants

 

*) Mais où sont donc passés les profits du CAC 40 ?

 

*) Retraites : un nouveau rendez-vous le Samedi 16 Octobre

 

*) L'UNEF pour la grève dans les universités "si les assemblées générales sont représentatives"

 

*) Interview de Bernard Thibault, secrétaire national de la CGT : « Dans un mouvement exceptionnel »

 

*) Sondage/Retraites: Les Français pour la mobilisation

 

 

*)  « Désinformation et mensonges d’État sur les retraites des femmes »  Par Christiane Marty, Membre du Conseil scientifique d’Attac (*).

 

*) Si on travaille plus longtemps on vivra moins longtemps : « 60-65 ans, nos plus belles années de la retraite.... »  Par Gérard Filoche (*)

 

*) Comment la généralisation de la retraite, À la libération, fut-elle une révolution sociale ? « Une nouvelle étape de la vie »  Par Michel Etievent, Écrivain (*).

 

*)  « Retraite : l’enjeu du financement ! » Par Eric Corbeaux, responsable national de la campagne des retraites pour le PCF.

 

*) Le patronat veut-il faire disparaître un témoin médical qu’il trouve trop gênant ? « Sous la réforme des retraites, la mort du médecin du travail »  Par Dominique Huez, médecin du travail, président de l’association santé et Médecine du Travail (SMT).

 

*) « Articuler recherche de résultats immédiats et visée de civilisation »  Par Yves DIMICOLI, membre de la Commission économique du PCF.

 

*) Comment le mouvement social peut-il s'amplifier ? « La droite joue la montre »  Par René Mouriaux, Politologue (*)

 

*) La manière de se représenter la Retraite est aujourd’hui une des clés de l’affrontement. « Revendication ou enjeu de société ? »  Par Pierre Zarka, Association des Communistes Unitaires, Observatoire des Mouvements de la Société (OMOS).

 

*) Retraites : Pourquoi le texte qui sera discuté début octobre au Sénat ne règle rien ? « Des pistes pour une réforme réaliste, progressiste et pragmatique »  Par Liêm Hoang-Ngoc, Député européen, Secrétaire national adjoint en charge de l’économie au Parti Socialiste.

 

*) Des Associations et des syndicats engagent la construction d’un nouveau vivre ensemble : Nous vous proposons un pacte pour les droits et la citoyenneté

 

*) « Désobéissance civile et démocratie »

 

*) Que nous dit la lutte des « sans » ? « La gauche, le sans-papiers et l’humain »  Par Thierry Blin, maître de conférences à l’Université Montpellier-III.

 

*) « Placer l’éducation au service d’une nouvelle émancipation »  Par François Cocq, secrétaire national à l’éducation du Parti de gauche, et Francis Daspe, secrétaire général de l’Agaureps-Prométhée.

 

*) Le maillon faible du pouvoir et le monde du travail

 

*) « L’affrontement de classes »  Par Patrick Le Hyaric

 

*) Retraites : les grèves deviennent reconductibles

 

*) Les syndicats appellent à hausser le ton

 

 

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&          Ripostes idéologiques            &

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*) « CLERCS-VOYANCE DES INTELLECTUELS ? » Par Vincent TACONET, vice-président d'Espaces-Marx Aquitaine-Bordeaux-Gironde.

 

*) Préparation des Rencontres de Décembre 2010 à l’I.E.P. - Bordeaux : « Actualité de Marx et nouvelles pensées critiques » le Mercredi 13 Octobre  à 12h15  au Resto. La Rose des Sables à Talence

 

*) La lettre trimestrielle No 15 : « Actualités de la pensée de Marx »

 

*)  « Atelier Arts, Cultures & Société d’Espaces Marx » Le Mardi 19 Octobre à 18h30  Au Local de la Compagnie « La Nuit venue » 17, Rue Bouquière à Bx Avec Dominique UNTERNEHR « De l’émergence à l’autonomie des compagnies théâtrales en Gironde »

 

*) Le livre « Chronique des idées reçues – Combattre la domination » Par Gérard Loustalet-Sens*, coédité par Espaces Marx

 

*) Jacques Bidet : « Invoquer la révolte, c’est proclamer le temps de l’insoumission »

 

*) Pourquoi plus de 500 économistes ont-ils signé Un « manifeste d’économistes atterrés » ? « La soumission à la dictature des marchés n’est pas acceptable »  Par Henri Sterdyniak, directeur du Département économie de la mondialisation de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

 

*) « Préserver et promouvoir les biens communs »  Par Jean-Marie Harribey,économiste

 

*) « Aux limites du modèle de la croissance »  Par Jean-Marie Harribey, économiste.

 

*) L’urgence d’un « post-capitalisme »

 

*) Projet de loi sur l'immigration: des responsables catholiques expriment leurs réserves : « Ce qui questionne notre conscience »

 

*) « Pétain et la revanche de l’extrême droite antisémite sur la République »  Par Robert Badinter, Sénateur socialiste, avocat, ancien garde des sceaux.

 

*) Idéologie du libertarisme états-unien : Les Libertariens aux États-Unis.

 

*) Claude Lefort ou la critique du totalitarisme

 

*) « Canguilhem entre nature et culture » Par Simone Mazauric, philosophe et historienne des sciences

 

*) La construction de l’étranger en figure de l’altérité

 

*) Georges Charpak. « Le besoin de justice existe toujours »

 

*) Les citoyens d'aujourd'hui sont-ils prêts à payer le prix de leur liberté pour leur sécurité ? « La peur comme fondement d’un pouvoir autoritaire et répressif »  Par Aline LOUANGVANNASY, Professeure de philosophie.

 

*) « Rousseau, un penseur incontournable »  Par Stéphanie Roza, philosophe

 

*) La loi enfermera-t-elle encore davantage ? « La violence est ailleurs que chez les fous, les étrangers, les Roms… »  Par Pierre Paresys, Vice-président de l’union syndicale de la psychiatrie

 

*) « Le colonialisme passé au crible du « bon sauvage » »  Par Marie-Claude Strigle, américaniste

 

*) « Croyance et certitude au filtre du pragmatisme »  Par Christiane Chauviré philosophe

 

*) « Les théories républicaines des Modernes »  Par Yves Vargas, philosophe

 

*) De l’art de faire surgir le communisme

 

*) Le temps accéléré des sociétés modernes

 

*) Du bon usage de Rosa Luxemburg

 

*) « Repenser l'individualité » Par Robert Charvin, professeur émérite de l'université de Nice

 

*) La culture communiste en de fiers combats

 

*) Interpréter, aimer et agir, selon Paul Ricœur

 

 

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&               Une autre Europe est possible                   &

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*) « L’Europe, et les retraites »  Par Maurice Ulrich

 

*) Euromanifs à Bruxelles : les explications de John Monks

 

*) Notation : l’agence Moody’s veut punir l’Espagne

 

*) Espagne : pourquoi le succès de la grève générale commence à bousculer la donne

 

*) Des dizaines de milliers de manifestants à Bruxelles

 

*) Europe : La Commission sort le fouet

 

*) Un signal pour la social-démocratie européenne

 

*) Tournant à gauche au sein du Parti travailliste ?

 

*) Ceuta et Melilla. Europe forteresse : le « j’accuse » des ONG

 

*) Le yuan en première ligne au sommet UE-Asie

 

 

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&             Un autre monde est possible               &

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*) « Comment inventer un cadre juridique international reconnaissant la dette écologique ? » Par Martine Laplante, Présidente des Amis de la Terre France, et Corinne Arnould, Présidente de Paroles de Nature.

 

*) Lutte contre la pauvreté : Comment Agir pour plus de justice fiscale internationale ? « Arrêter le pillage des pays du Sud » Par Catherine Gaudard, Directrice du plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire.

 

*)  « Colonies : pour une appropriation mutuelle de l’histoire » Par Frédérick Genevée, Membre du Comité exécutif national du PCF, responsable des archives.

 

*) Le président sud-africain exhorte ses alliés à « l’unité »

 

*) Victoire du parti d’Hugo Chavez mais…

 

*) Les failles d’une gouvernance mondiale sevrée d’espace démocratique

 

*) Valter Pomar « Une relation politique établie avec les Brésiliens »

 

*) Brésil. Joao Pedro Stedile « Sans lutte sociale, il n’y a pas de changement social »

 

*) La guerre en Afghanistan coûte plus d'un million par jour aux contribuables

 

*) Nouvelle alerte du BIT sur l’emploi

 

*) Lettre ouverte à monsieur Barack Obama, président des États-Unis : « Nous pouvons vivre sans la peine de mort » , Un appel de Ensemble contre la peine de mort (*)

 

*) La guerre des monnaies

 

*) Quand Pascal Lamy s’en prend aux « locavores » : « N’est-il pas urgent de relocaliser les activités agricoles ? »  Par Aurélie Trouvé, coprésidente d’Attac, agronome et maître de conférences en économie.

 

*) Amadou  T.  Touré « Sans développement, l’option militaire est vouée à l’échec »

 

*) Bamako. De nouveaux chemins vers le développement

 

*) Un voilier pour Gaza intercepté

 

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Si vous le souhaitez les Lettres précédentes peuvent vous être envoyées. Si vous souhaitez faire partager un point de vue, un texte publié utile à la réflexion de toutes et de tous, c’est bien entendu possible. Ecrivez à Collectif.UnivBx@Gmail.com

 

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         &         Ripostes Politiques              &

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*) « Manifs… et Pacte d’union populaire »  Par Serge Gonzalez, membre du conseil départemental PCF 33

Avec de nouvelles centaines de signatures recueillies pour soutenir le projet de loi déposé par les parlementaires du groupe communiste et démocrate, des milliers de tracts-pétition distribués, la présence active des communistes, des élus du PCF, a une fois de plus attiré l’attention des manifestants. Beaucoup ont découvert que cette formation « vivait encore » et beaucoup d’autres ont exprimé leur immense joie de la « retrouver ». Lors des deux premières manifs, la présence communiste avait déjà marqué les esprits et attisé les… envies : Entendre des militants, dont parmi eux de nombreux jeunes, crier : « Une autre réforme des retraites permettant un départ à la retraite à 60 ans à taux plein, c’est possible ! » Et aussi : « Un autre financement est nécessaire ! Signez la pétition de soutien au projet de loi alternatif… », avec toujours plus d’enthousiasme comme ils l’ont fait le samedi 2 octobre… Voilà qui contribue à construire de la perspective politique, à dépasser le seul refus, même massif, de l’actuel projet. C’est se placer dans un processus alternatif qui s’attaque vraiment au dogme de l’économie capitaliste. C’est sortir du slogan pour affirmer le réel concret que nous pouvons co-construire avec tous ceux qui savent ce qu’ils ne veulent plus (ce projet et bien d’autres…) mais n’ont pas encore conscience qu’ils ont la force de bâtir des projets de transformation sociale. Ce que les militants communistes retiennent de cette troisième manifestation, c’est d’abord son élargissement patent, avec une foule de gens qui, pour différentes raisons, n’avait pas participé aux précédentes. Ce caractère « élargi » avait une double dimension : la forte présence de jeunes familles entières et aussi, particulièrement remarquable, de personnes de condition modeste et populaire ainsi que beaucoup de femmes. Les militants retiennent aussi l’excellent accueil qui a été réservé par l’immense majorité des manifestants à leur présence et leurs initiatives. Ce qu’il est possible de faire sur les manifs, il est souhaitable et nécessaire de le démultiplier partout où les communistes sont organisés. En donnant cette dimension fondamentale que seule la proximité peut permettre d’obtenir : l’interpellation de chaque personne rencontrée pour lui donner l’occasion de s’engager dans l’élaboration commune du contenu des grandes réformes de progrès social dont notre peuple a besoin : un projet partagé, un véritable pacte d’union populaire. – L’Hebdomadaire « Les Nouvelles de Bordeaux » No 1858 – From : <christine.texier@orange.fr>

 

*) Cantonales 2011 en Gironde : Rencontre des organisations composant le Front de Gauche

Dans le cadre de la préparation des élections cantonales de 2011, une première rencontre des organisations composant le Front de Gauche (PCF/PG/GU) s’est déroulée lundi 27 septembre à la fédération du PCF. La délégation du PCF (Josette Durlin, Michel Dubertrand, Serge Gonzalez, Max Guichard et Sébastien Laborde) a souligné qu’elle se félicitait du travail accompli « hors temps électoral » sur le terrain de la bataille des idées, que ce soient les milliers de signatures soutenant le projet de loi alternatif sur les retraites, la campagne sur l’école, ou la lutte contre la réforme des collectivités locales, et la nécessité de mener une campagne électorale en lien avec ces sujets qui touchent la vie des girondines et des girondins. S’appuyant sur le lancement du pacte d’union populaire à la fête de l’humanité et sur l’appel du congrès départemental de juin, la délégation a expliqué sa volonté d’élargir le Front de Gauche sans se limiter aux organisations mais avec le souci d’impliquer réellement notre peuple dans cette démarche de construction alternative. La délégation du PCF à également informé ses partenaires du Front de Gauche de son intention de rencontrer l’ensemble des forces de gauche et écologistes du département pour un échange sur la situation et les échéances électorales de 2011. Les Nouvelles publieront le compte rendu des discussions dans les prochaines éditions.

– L’Hebdomadaire « Les Nouvelles de Bordeaux » No 1857 – From : <christine.texier@orange.fr>

 

*) « Bistrot politique d’Espaces Marx » Le Lundi 25 Octobre à 19h00 au Restaurant « La Rose des Sables » à Talence. (Tram arrêt St Genès) « Quel projet de société partagé voulons-nous ? Comment le construire ? » 

Animé par Dominique BELOUGNE, Secrétaire d’Espaces Marx Aquitaine

Accueillera des responsables et des militant(e)s syndicaux, associatifs et politiques autour du thème : « Quel projet de société partagé voulons-nous ?  Comment le construire ? » Quelle humanité voulons-nous être, comment voulons-nous vivre ensemble ? Les valeurs de gauche ont-elles encore un sens ? Quelle conception de la justice sociale ? Parler de Socialisme, de Communisme est-il encore d’actualité ? Peu-t-on résumer l’avenir et le progrès social et humain à l’écologie ? Quel type société promouvoir hors des logiques capitalistes ?  La concurrence mondiale n’oblige-t-elle pas aujourd’hui à accepter des efforts et des sacrifices? N’est-on pas obligé de travailler plus? Si on prend trop sur le capital, ne fuira-t-il pas ailleurs, et nos emplois avec? La crise écologique ne va-t-elle pas nous obliger à réduire la croissance, et notre niveau de vie, alors que l’emploi y est lié, et que tant de besoins restent insatisfaits? La démocratie a-t-elle encore un sens quand l’essentiel des décisions sont prises «ailleurs», sur les «marchés» ou dans de lointaines et opaques institutions supranationales? Comment gérer les migrations dans un monde-village où mille raisons conduisent les êtres humains à se déplacer de plus en plus? Etc., etc. Le débat s’intensifie avec comme point de mire la reconstruction d’une gauche traversée par de fortes contradictions. L’attente, en effet, est grande, à en juger par l’ampleur et le nombre des mobilisations. Mais celles-ci, et la gauche avec elles, butent sur un mur pour l’instant pas encore franchi : celui de l’absence d’un projet de société identifiable et crédible au remodelage ultralibéral du pays engagé par Nicolas Sarkozy, qui permette de les faire converger autour d’une vision de société partagée.» - C’est pourquoi dans la tradition qui est la notre, nous avons jugé utile d’ouvrir le bistrot d’Espaces Marx à la connaissance et à la confrontation des propositions des différentes forces sociales et politiques sur différentes questions qui préoccupent les citoyens. Entrée libre.

Voir sur le site des échos des précédents Bistrots Politique :

http://espacesmarxbordeaux.apinc.org/rubrique.php3?id_rubrique=43

 

*) « Notre pays doit rester fidèle à ses valeurs » Par Olivier DARTIGOLLES, Porte Parole du PCF

Les choses se sont passées très vite. Le temps d'un été. Un été bien pourri qui restera celui de la honte, de l'ignominie. De la haine, de la calomnie, des amalgames, des stigmatisations et des mensonges. Celui où la droite sarkozyste a fait le choix de livrer à la vindicte populaire des catégories de la population en pratiquant une politique du bouc émissaire visant les plus fragiles et les plus démunis.  Le débat sur l'identité nationale avait déjà permis de mesurer les basses eaux d'un libéral-populisme qui se fixe l'objectif d'opposer les uns aux autres, de créer un climat de peur et de tension pour diviser.  Depuis le discours de Grenoble du président Sarkozy, les vannes sont grandes ouvertes. Cet été, tous les chemins devaient conduire aux Roms. Où va la France ? Par des paroles et des actes, un torrent de boue vient de souiller les valeurs universelles inscrites au fronton de nos mairies et de nos écoles.  Revient à ma mémoire une photo de presse : un vieux monsieur, digne, sur une aire d'accueil pour les gens du voyage, tenant très fermement ses deux petits-enfants, apeurés, encerclés par les forces de l'ordre. Lors d'une évacuation, les femmes ont été séparées des hommes, et les enfants des mères.  Honte à jamais à celles et ceux qui ont soutenu de telles pratiques, pour certains avec zèle comme Brice Hortefeux, condamné le 4 juin dernier pour injure à caractère raciste, ou encore Christian Estrosi qui ferait mieux de s'occuper de politique industrielle alors que, en une seule année, 168 200 emplois industriels ont été détruits dans notre pays.  Il ne faudra pas non plus oublier les très nombreuses voix, d'horizons très larges, qui se sont exprimées pour condamner et appeler à ce que notre pays, celui des Lumières, de la Révolution française, reste fidèle à ses valeurs.  Personne ne doit aujourd'hui ignorer l'extrême gravité de ce qui vient de se produire. Que les choses soient dites le plus clairement possible pour caractériser la nature de cette politique. C'est du racisme. À juste raison, le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale de l'Organisation des Nations unies a réagi. Les principes de la République, forgés par la Révolution de 1789, ne reconnaissent que des citoyens et en aucun cas des groupes ethniques, des communautés fondées sur des critères, qu'ils soient religieux ou autres.  Comment en sommes-nous arrivés là ? J'y vois deux raisons. Bien évidemment, il s'agit pour le pouvoir sarkozyste, en échec sur sa politique économique et sociale, d'opérer un détournement de l'opinion, d'en finir avec le feuilleton de l'affaire Bettencourt-Woerth et d'affaiblir le front de riposte sur la question des retraites après les puissantes manifestations du 24 juin dernier et avant la journée de mobilisation de ce 7 septembre.  Mais prenons bien en considération une donnée essentielle : cette ultra-droite vient de faire un choix de société. Elle veut la suspicion entre les individus, le morcellement de la nation par la juxtaposition de communautés dont les droits seraient différents. Il s'agit d'en finir une bonne fois pour toutes avec l'indivisibilité et l'unité de la République. En lien avec le démantèlement des droits sociaux, hérités du meilleur de ce qui a fait la France, cette offensive sans précédent contre les valeurs d'égalité et de fraternité est très dangereuse. C'est la dignité humaine qui est aujourd'hui attaquée - et donc nous tous -, tout comme le droit à la différence et à la tolérance.  Face à une telle situation, les forces progressistes se trouvent en cette rentrée au pied du mur.

Dégager une perspective d'espoir, de progrès social et démocratique est aujourd'hui une urgence. « C'est lorsque l'ancien se meurt et que le nouveau ne parvient pas à voir le jour que surgissent les monstres », écrivait Gramsci.  On ne pourra pas dire que l'on ne savait pas.

http://www.sudouest.fr/2010/09/07/notre-pays-doit-rester-fidele-a-ses-valeurs-178796-4688.php

 

*) [PCF33] UN PACTE D’UNION POPULAIRE POUR CHANGER NOS VIES

Retraites, crise financière, crises institutionnelle et politique ... les communistes vous invitent à ouvrir des perspectives politiques et construire la France du 21e siècle. Arrogant et autoritaire, telle est la réalité du pouvoir de Nicolas Sarkozy. Méprisant les attentes populaires, ce pouvoir a un seul objectif : répondre aux exigences des puissances de l’argent. La société qu’il nous construit avec l’UMP, c’est celle de la soumission aux marchés financiers. Pour y parvenir, ils ont une règle: casser tout ce qui constitue une avancée sociale ou un espace démocratique. Cette société-là, nous n’en voulons pas! Nous sommes déterminés à résister à cette politique, à la mettre dès maintenant en échec, comme par exemple sur les retraites. En 2012, nous sommes déterminés à débarrasser notre pays de Sarkozy et de la politique qu’il porte. Détermination tout aussi grande de voir – enfin – la gauche mettre en oeuvre une véritable rupture avec les logiques libérales que prônent le Medef, la Commission européenne ou bien encore le FMI... Contribuer à construire cette alternative pour répondre au besoin de notre peuple, c’est l’ambition que porte le Parti Communiste avec le Front de Gauche. Nous vous proposons de le faire ensemble. Nous sommes des millions à vouloir retrouver un espoir en l’avenir. Construire cette alternative, c’est possible si nous relevons ensemble ce défi. Partout dans le pays, dans nos communes, nos entreprises, nos quartiers, ensemble, nous décidons de nous rencontrer pour renforcer la résistance à la politique de Sarkozy. Ensemble, décidons de nous rencontrer pour débattre et élaborer le contenu des grandes réformes de progrès social dont notre peuple a besoin, d’un projet partagé, d’un véritable Pacte d’Union Populaire sur lequel la gauche devrait s’engager pour 2012.

Ensemble, nous avons un pouvoir considérable,

Utilisons-le pour construire un nouveau front populaire!

Intéressé pour rejoindre le parti communiste français, et/ou pour s’engager à construire le Projet d’union populaire, n’hésitez pas à contacter le parti communiste français - 15, rue furtado - Bordeaux contact@gironde.pcf.fr

 

*) La Fête de la ruralité à Saint-Symphorien a parlé retraites

Des débats très conviviaux.  La Fête de ruralité organisée par le PCF ce samedi 4 septembre à Saint-Symphorien a connu un réel succès. Plus de 80 personnes d'horizons très divers y ont participé, ainsi que des élus locaux. La thématique du débat (la ruralité face à la crise et les moyens d'y résister et de changer les choses) a suscité une multitude d'interventions. Julien Ruiz, responsable local du PCF et élu a Hostens, pointait les spécificités du territoire : une pression démographique plus forte que la moyenne girondine, des inégalités sociales et territoriales qui se creusent avec une forte précarisation, d'où la nécessité de redonner une place structurante aux services publics pour le développement du territoire…

--- Vaste tour d'horizon

La réforme des retraites sera particulièrement débattue et critiquée par son « caractère injuste et inefficace ». Un appel à la mobilisation pour la manifestation du 7 septembre a été lancé. L'emploi a aussi été évoqué, « c'est la question centrale », dira un intervenant en mettant en cause le modèle actuel qui met en concurrence les pays, les peuples. Le conseiller général du canton, P. Carreyre dira ses inquiétudes pour l'avenir de la forêt et du pin, pointant les faibles aides de l'État après la tempête de 2009 et dénonçant aussi comment peu à peu, la puissance des grands industriels papetiers aidant, on ne permet plus à ceux qui travaillent la forêt d'en vivre dignement.  Pierre Augey, conseiller général, insistera lui aussi sur les conditions à créer pour y parvenir.  En conclusion, Julien Ruiz rappelle que pour battre la droite, la gauche devra savoir se rassembler et construire son projet non plus au sommet, entre états-majors, mais en puisant dans ce qui bouillonne et se construit dans le mouvement social et citoyen. « Il nous faut repenser les processus de transformation, et c'est possible : possible que les hommes vivent mieux, possible de changer l'Europe, possible une alternative au capitalisme et à la droite.

Enfin au cours du repas, les convives ont rendu hommage au regretté Jean Ferrat en entonnant en cœur « La Montagne » et « Ma France ».  La Fête de la ruralité 2010, un événement original de débat citoyen et de convivialité de rentrée.

http://www.sudouest.fr/2010/09/09/la-fete-de-la-ruralite-a-parle-retraites-179952-2757.php

 

*) Cantonales : Le PS relance les sortants

Les socialistes ont désigné, hier soir, leurs candidats pour l'élection de mars 2011. Pas de grosses surprises, avec une prime à l'expérience et des femmes en minorité.

De gauche à droite et de haut en bas : Béatrice Desaigues, Vincent Nuchy, Jacques Respaud et Isabelle Dexpert.

Masculine (22 hommes pour 7 femmes), expérimentée (20 conseillers sortants relancés) et quasi complète (seuls manquent les candidats de Libourne et Saint-Laurent de-Médoc) : telles sont les grandes lignes de la liste des candidats socialistes pour les cantonales de mars 2011, pour ce qui concerne la moitié renouvelable (31 cantons).  Ainsi en a décidé, hier soir, le conseil fédéral du PS au terme d'une procédure interne qui a permis aux militants de se prononcer le 30 septembre dernier.  S'agissant de la parité, le PS a encore quelques progrès à accomplir pour féminiser le Conseil général, ce qui est paradoxal dans un parti qui met souvent cette thématique en avant. L'exemple d'Auros en fait foi : la députée Martine Faure, vice-présidente sortante, ne se représente pas mais c'est le maire de Pondaurat, et président de la Communauté de communes, Francis Zaghet, qui est promu.

--- LA LISTE

Arcachon : Marlène Peyrutie ; Audenge : Christian Gaubert (Sortant) ; Auros : Francis Zaghet ; Bègles : Jacques Raynaud ; Belin-Beliet : Vincent Nuchy (S) ; Bordeaux 2 : Michèle Delaunay (S) ; Bordeaux 6 : Jacques Respaud (S) ; Bordeaux 8 : Béatrice Desaigues ; Bourg : Max Jean-Jean (S) ; Branne : Christian Mur (S) ; Cadillac : Guy Moreno ; Captieux : Jean-Luc Gleyze (S) ; Carbon-Blanc : Philippe Madrelle (S) ; Castelnau : Pascale Got ; Cenon : Alain David (S) ; Floirac : Jean-Pierre Soubie (S) ; Guîtres : Alain Marois (S) ; La Brède : Bernard Fath (S) ; Libourne : en réserve ; Mérignac 2 : Jacques Fergeau (S) ; Monségur : Bernard Dussaut (S) ; Pauillac : Sébastien Hournau (S) ; Pessac 1 : Edith Moncoucut (S) ; Pujols : Marie-Emilie Salette ; Saint-Ciers-sur-Gironde : Philippe Plisson (S) ; Saint-Laurent-de-Médoc : en réserve ; Saint-Macaire : Bruno Tauzin ; Saint-Symphorien : Philippe Carreyre (S) ; Sauveterre-de-Guyenne : Daniel Barbe ; Talence : Gilles Savary (S) ; Villandraut : Isabelle Dexpert (S). De même à Cadillac, siège laissé vacant par Hervé de Gabory, le maire de Lestiac, Guy Moreno, a été désigné.  En revanche, la maire de Pujols, Marie-émilie Sallette, se voit offrir une belle occasion de ravir un siège à la droite (celui de Gérard César) face à une autre femme, Liliane Poivert, maire de Saint-Pey-de-Castets, pour un duel féminin qui promet.  Comme prévu, le PS aligne quatre parlementaires, Philippe Madrelle, Philippe Plisson, Michèle Delaunay (tous sortants) mais aussi Pascale Got sur le siège détenu par Yves Lecaudey, retraité d'une administration dont il connaît tous les rouages.  À remarquer aussi l'envoi au feu du maire de Blasimon, Daniel Barbe, face à un autre jeune loup (de droite) Yves d'Amécourt : un duel que Philippe Madrelle suivra avec une attention particulière…

Concernant le canton de Libourne, le PS se donne un peu de marge pour ne pas trop faciliter la vie de la droite, alors que la querelle sur la communauté de communes bat son plein. Mais tout laisse penser que Gilbert Mitterrand ne se représentera pas… et que son canton sera réservé à une femme. Un léger rééquilibre.

http://www.sudouest.fr/2010/10/05/le-ps-relance-les-sortants-203543-658.php

 

 

*) Quelles transformations de la société au XXIe siècle ?  « Développer les forces productives hors de la logique du capitalisme »  Par François Houtart, sociologue, fondateur et président du Centre Tricontinental

Le développement des forces productives a toujours été un objectif pour le socialisme, mais aussi une sérieuse pierre d’achoppement. En effet, y a-t-il moyen de développer les forces productives sans passer par la logique du capitalisme, c'est-à-dire en ignorant les externalités écologiques (destruction de la biodiversité et pollution généralisée) et sociales (accroissement des inégalités et déficit démocratique) ?                        

L’URSS a détruit l’environnement de manière dramatique. Elle a pu, certes, malgré un état de guerre quasi-permanent imposé de l’extérieur, assurer un bien-être social généralisé, mais au prix d’un grave manque de démocratie. Dans le Sud, depuis Bandoug et les mouvements de libération  africains, tous les projets, à l’origine qualifiés de socialistes et parfois même ouvertement marxistes, ont  fini par céder au néo-libéralisme. Ce fut le cas de l’Afrique du Sud et de l’Inde, du Mozambique et de l’Angola, du Sénégal et de l’Indonésie, et pas uniquement en fonction des pressions extérieures du FMI ou de la Banque mondiale ou de l’établissement de dictatures soutenues par le monde capitaliste. En Amérique latine, le développement autochtone par substitution des importations « désarrollismo » prôné par la CEPAL (Commission des Nations Unies pour l’Amérique latine), version régionale du « nation building » asiatique, a subi le même sort.  Plus près de nous, les  nouvelles expériences  latino-américaines, se voulant sociales et même socialistes, sont confrontées avec le même problème. Le Brésil  de Lula n’a pas hésité à suivre la voie tracée par le président Cardoso (ancien intellectuel progressiste devenu néolibéral). Plutôt que de mener des réformes économiques et sociales en profondeur, il a brillamment développé les forces productives du pays sur un mode capitaliste, le faisant émerger  dans une économie de marché internationale, tout en menant avec une partie des excédents  une politique d’assistance en faveur des plus démunis. Celle-ci  a considérablement réduit la misère, mais sans changer la structure des inégalités. Dans les autres pays, tels que le Venezuela, l’Equateur et la Bolivie, des tensions  se font jour entre d’une part la nécessité de disposer des moyens de mener des politiques de transformation économique et sociale et donc de développer les forces productives et de l’autre  la prise en compte des externalités écologiques et sociales, notamment le sort des peuples indigènes. C’est cependant en Chine et au Vietnam que le problème se pose de la façon la plus criante. Les nouvelles orientations de Deng Xio Ping en Chine ou du Doi Moi (renouveau) au Vietnam sont très claires. Tout l’effort consiste à mettre l’accent sur le développement des forces productives, pour faire de la Chine une grande puissance économique mondiale au premier quart de ce siècle ou du Vietnam un pays semi-industrialisé d’ici 2020. Mais le coût d’une telle opération est énorme.  Sur le plan des dommages environnementaux, la Chine a atteint des niveaux inquiétants : empoisonnement des nappes phréatiques, pollution atmosphérique, érosion des sols, au point que plusieurs centaines de millions de personnes en meurent chaque année. Le Vietnam suit la même ligne, moins brutalement vu sa moindre capacité industrielle, mais le delta du Fleuve rouge est envahi par les produits chimiques qui affectent la pêche et le pays qui est le troisième exportateur mondial de riz  pourrait bien ne plus en exporter du tout en 2020 si les plans prévus se réalisent. Les investissements chinois en Afrique, pour s’assurer des approvisionnements en énergie et en matières premières  utilisent des méthodes de monoculture ou d’extraction, très destructrices de la biodiversité. Sur le plan social, ce n’est guère mieux. Les écarts de revenus se sont creusés de manière accélérée. En Chine l’indice de Gini, qui mesure ces derniers, est devenu semblable à celui du Brésil. Les bas salaires ont produit des réactions ouvrières. Des millions d’immigrés intérieurs n’ont pas d’accès aux avantages sociaux. Peut-on oublier que développer des forces productives signifie créer des rapports de production ? Certes, le gouvernement s’en inquiète, mais sans remettre en question le modèle suivi : « une économie sociale de marché » destinée à développer les forces productives. Au Vietnam, les investissements étrangers, en grande partie asiatiques, exigent des conditions de travail inhumaines, afin de jouir d’avantages comparatifs. Les syndicats, conçus pour un système socialiste, c'est-à-dire comme moyens pour un pouvoir révolutionnaire d’accéder  au milieu des travailleurs, ne sont pas à même de répondre aux nouvelles obligations de la défense de  ces derniers.  Tout comme en Chine, la lutte des classes a été réintroduite, sans permettre aux ouvriers de la mener (le droit de grève est interdit dans les entreprises étrangères).  Cette nouvelle étape a fait suite à période (difficile et parfois contradictoire) d’élimination de la misère et de création d’une pauvreté partagée dans la dignité (éducation, santé). D’où la question : n’y a-t-il pas d’autres voies que la logique du capitalisme pour le développement des forces productives ? Faut-il nécessairement passer par la destruction de la nature et par le sacrifice de plusieurs générations pour y arriver ? En Asie de l’Est en particulier, faut-il vraiment suivre le modèle des « tigres asiatiques » ?  Comme le disait Maurice Godelier : le drame du socialisme est d’avoir dû commencer à marcher avec les jambes du capitalisme. Mais faut-il que cela continue, sans détruire l’idée même du socialisme ? Pendant longtemps, la conception d’un progrès linéaire, d’une planète inépuisable, ont dominé l’univers des représentations. Ce fut le fruit du Siècle des lumières, qui certes a produit un grand accroissement de richesses, mais à quel prix. Aujourd’hui une nouvelle conception s’impose, face à l’épuisement des ressources naturelles et à la destruction environnementale. Elle exige de nouvelles pratiques aussi bien dans l’agriculture que dans l’industrie et les services. Le socialisme serait-il incapable de l’envisager ou laissera-t-il le monopole de l’innovation en ce domaine à des conceptions partielles ou culturalistes ?  A cet effet, le concept de transition devrait être remis en valeur, aussi bien théoriquement que dans les pratiques.                   

Une des caractéristiques du marxisme est de ne pas séparer dans son analyse l’accroissement des biens et des services, des rapports sociaux de leur production. Ici aussi des idées nouvelles doivent être développées sur la base de l’information (l’accès populaire à la science) et de la participation (démocratie généralisée).   Le lien entre ces deux aspects sera la base du socialisme du XXI° siècle.  François Houtart

http://www.humanite.fr/24_09_2010-d%C3%A9velopper-les-forces-productives-hors-de-la-logique-du-capitalisme-454174

 

*) Quelle humanité voulons-nous être, et comment voulons-nous vivre ensemble ? « Face à la crise de civilisation, le chaînon manquant du « projet » »  Par Patrice Cohen-Seat, membre du Conseil national du PCF.

La mobilisation contre la réforme des retraites est la plus importante depuis l’arrivée au pouvoir de Sarkozy. Mais, comme la plupart des luttes, elle reste bridée par les doutes qui rôdent dans les esprits : la concurrence mondiale n’oblige-t-elle pas aujourd’hui à accepter des efforts et des sacrifices ? N’est-on pas obligé de travailler plus ? Si on prend trop sur le capital, ne fuira-t-il pas ailleurs, et nos emplois avec ?

Ces questions en rejoignent d’autres. La crise écologique ne va-t-elle pas nous obliger à réduire la croissance, et notre niveau de vie, alors que l’emploi y est lié, et que tant de besoins restent insatisfaits ? Quel est le devenir de nos économies face à des pays « émergents » de plus en plus puissants ? L’Occident n’est-il pas condamné à subir une grande phase de déclin ? Comment pourrons-nous être 9 milliards sur Terre sans nous détruire ou nous entre-déchirer ? La démocratie a-t-elle encore un sens quand l’essentiel des décisions sont prises « ailleurs », sur les « marchés » ou dans de lointaines et opaques institutions supranationales ? Comment gérer les migrations dans un monde-village où mille raisons conduisent les êtres humains à se déplacer de plus en plus ? Etc., etc. Toutes ces interrogations résultent des immenses bouleversements contemporains : mondialisation, financiarisation, révolution informationnelle, transformations radicales du travail et du salariat, basculement géo-économique et politique du monde, menaces pour la biosphère, effacement des États nations, « guerre économique », allongement de la durée de vie, élévation massive du niveau de formation… Ces réalités nouvelles posent des problèmes fondamentaux qui exigent des réponses. Le sentiment grandit partout que celles du capital emmènent l’humanité dans le mur. Mais il faut bien l’admettre : les forces progressistes, en France, en Europe et ailleurs, ne sont pas aujourd’hui capables de proposer celles qui dessineraient les contours d’une alternative crédible. C’est dans cette panne de « projet » que s’origine la crise du mouvement progressiste. Beaucoup de partis dits de « transformation sociale », comme le nôtre, ont longtemps cru que le fait de défendre des « propositions » audacieuses – sur l’emploi, l’école, les services publics, les retraites, etc. – ferait le compte, et qu’il suffirait de redoubler d’efforts pour les faire connaître et comprendre. Mais il faut se rendre à l’évidence : cela fait trente ans que nous échouons à faire bouger les choses. Nos propositions ne sont pas rejetées, mais elles ne sont pas jugées crédibles. Dans toute l’Europe, nos résultats électoraux (5 % en moyenne actuellement) en témoignent implacablement. Nous ne surmonterons cette difficulté majeure – qui fait aujourd’hui le lit de la droite et des populismes – qu’en nous attaquant au fond du problème : inscrire nos propositions dans un projet de société qui réponde à la crise de civilisation que nous connaissons. Ainsi, choisir de travailler moins met en cause une vision du progrès qui l’identifie aveuglément à la « croissance ». Cela implique de se demander ce qu’est, au fond, « vivre mieux » aujourd’hui. Et, notamment, ce qui en résulte sur la conception même du travail : une contrainte pénible qui ne sert qu’à « gagner sa vie », ou une partie de l’activité humaine dans laquelle chacun trouve à la fois un épanouissement, une façon de « contribuer à faire exister la société » et le moyen d’accéder à une part des richesses produites ? Et dans ces richesses, quelle part pour les biens matériels et pour les pratiques et l’enrichissement culturels ? On pourrait – il faudrait – multiplier les exemples. Là où le « socialisme » s’est identifié aux objectifs de produire plus et de répartir plus justement que le capitalisme, on voit bien qu’il faut élaborer un autre projet, tenant compte des échecs passés et répondant aux enjeux nouveaux et aux aspirations de notre époque. Il faut dire quelle humanité nous voulons être, et comment nous voulons vivre ensemble. Et il faut répondre à la question du « comment  ?». La réponse d’hier était fondée sur l’action de la classe ouvrière, la conquête du pouvoir et le rôle central de l’État. Les forces de progrès sont aujourd’hui paralysées par l’incapacité à élaborer une stratégie de luttes de classes efficaces dans le capitalisme financier mondialisé. Marx avait lumineusement anticipé la difficulté en lançant son fameux « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ». Quels objectifs et quels outils se donner ? Comment mener des luttes idéologiques, sociales et politiques à l’échelle de l’Europe et du monde ? Celles et ceux qui veulent travailler à un rebond historique du mouvement émancipateur doivent mesurer le travail d’invention qui est devant nous. Ce sera certainement une « longue marche » – encore qu’on ne puisse jamais prévoir les accélérations de l’histoire – mais nous sommes loin d’être démunis. Mille recherches, mille expériences se mènent aux quatre coins du monde, et se multiplient face aux souffrances et aux dangers de la grande crise du capitalisme dans laquelle nous sommes entrés. Ayons le courage de reconnaître que nous cherchons et que nous n’avons pas toutes les réponses, loin de là. Mais aussi l’audace d’affirmer que nous sommes décidés, avec toutes celles et tous ceux qui le souhaitent, à participer à l’élaboration d’un nouveau projet de civilisation. Patrice Cohen-Seat

http://www.humanite.fr/26_09_2010-face-%C3%A0-la-crise-de-civilisation-le-cha%C3%AEnon-manquant-du-%C2%AB-projet-%C2%BB-454266

 

*) Après l’échec du « socialisme réel » et face à la crise du capitalisme, quelle alternative ? « Les options, que l’on dira socialistes, d’une société de type nouveau »  Par Anicet Le Pors, conseiller d'État, ancien ministre.

L’idée de « socialisme » connaît aujourd’hui une profonde désaffection. Il y a à cela des causes générales, au premier rang desquelles l’effondrement du système dit du « socialisme réel », mais aussi une décomposition sociale profonde caractérisée par une perte des repères traditionnels : matériels, politiques, idéologiques, qu’accompagne un affaiblissement du lien social. La nature même des formations politiques qui s’en réclamaient en est atteinte. En France, le Parti socialiste n’est ainsi qualifié que par habitude ou inertie. Le Parti communiste lui-même n’y fait plus guère référence (à l’exception notable du Mouvement des jeunes communistes), la plupart de ses inspirateurs – dont plusieurs l’ont d’ailleurs quitté récemment – ayant pratiqué la fuite en avant vers un communisme indéterminé sous couvert de la célèbre phrase de Marx : « Le mouvement réel qui abolit l’état actuel des choses », phrase qui, dogmatisée et hors l’usage effectif qui en est fait, ne veut rien dire, mais dispense de caractériser les transformations majeures qui permettraient d’identifier une société nouvelle. Or, dans une crise qui est bien une crise de système, il est plus que jamais nécessaire de dire quelles seraient les transformations quantitatives et qualitatives qu’il faudrait réaliser pour contester le capitalisme, à la fois nocif et incapable de répondre aux besoins humains de notre époque. Il ne s’agit pas de revenir sommairement au séquençage que proposait le matérialisme historique : communisme primitif-féodalisme-capitalisme-socialisme-communisme, mais de s’inscrire néanmoins dans une perspective historique prolongeant la trajectoire antérieure. Entreprise difficile sans doute dans le désenchantement ambiant, mais qui reste la responsabilité des femmes et des hommes de notre temps. À cet effet, la stratégie de la récusation n’est pas la bonne solution : le contraire d’une erreur n’est pas nécessairement une vérité. L’hypothèse socialiste reste sur le chantier et il convient de lui donner un contenu tenant compte des échecs, mais aussi des enseignements du XXe siècle « prométhéen », en souvenir de ce titan de la mythologie grecque qui avait voulu donner le feu du ciel aux hommes. En rupture mais aussi en continuité. Rappelons que le matérialisme historique définissait le socialisme sur la base de trois caractéristiques : la propriété collective des grands moyens de production et de financement, le pouvoir de la classe ouvrière et de ses alliés, l’émergence d’un homme nouveau. L’insuffisance de ces énoncés est aujourd’hui évidente au vu des erreurs et des perversions qui ont marqué leur mise en œuvre, mais elle ne justifie pas un rejet puéril et elle appelle au contraire, à la lumière de l’expérience, une refondation sérieuse. Celle-ci pourrait développer une perspective socialiste selon les trois axes suivants.

--- L’appropriation sociale. L’étatisation soviétique a failli. L’expérience des nationalisations réalisées en France en 1982 a montré que le simple transfert juridique de propriété était insuffisant (articulation faible à la politique économique publique et au développement des droits d’intervention des travailleurs). Le recours fréquent, aujourd’hui, à la notion de « pôle public » reste une facilité puisque ces pôles ne sont pas définis précisément, ne comportent aucune nouvelle expropriation du capital et ne sont pas davantage liés aux finalités. Il s’agit donc de dire concrètement à quelles nationalisations financières et industrielles on se propose de procéder ; au-delà du simple transfert juridique de propriété, à quelle économie des besoins elles se rattachent, quels sont notamment les services publics qui leur correspondent, la rationalisation des politiques publiques que l’on souhaite mettre en œuvre, la planification que l’on se propose de réhabiliter, les relations internationales publiques que l’on veut promouvoir. Les statuts publics des personnels doivent être confortés et un statut législatif des travailleurs du secteur privé instauré permettant la convergence des garanties et des droits.

--- La démocratie institutionnelle. Elle ne peut être confisquée par une catégorie sociale qui disposerait de prérogatives spéciales. La Ve République présentée à l’origine comme un « parlementarisme rationalisé », est devenue « monarchie aléatoire » lorsque sont survenues les cohabitations. Elle connaît aujourd’hui une « dérive bonapartiste » dangereuse et dégradante. L’actuelle constitution, dix-neuf fois modifiée en dix-huit ans, ne correspond pas à l’organisation des pouvoirs qui convient à notre pays. La démocratie institutionnelle doit reposer sur un régime parlementaire fondé sur un mode de scrutin proportionnel, exclusif de l’élection présidentielle au suffrage universel. Cela devrait avoir comme conséquence immédiate, compte tenu de la dégradation démocratique que nous observons : le refus motivé de présenter un candidat à cette élection dès 2012. Le recours au référendum devrait être strictement limité aux questions constitutionnelles afin d’écarter la tentation plébiscitaire. Avec les principes d’unité de la République, de souveraineté nationale et populaire, de libre administration des collectivités territoriales, celui de subsidiarité démocratique devrait présider à la répartition des compétences aux niveaux infra et supranationaux.

--- La citoyenneté. L’homme nouveau n’a pas émergé, c’est là sans doute l’échec le plus grave des régimes communistes, soviétique et chinois notamment. Cette émergence était surtout conçue comme la conséquence des changements structurels ; la construction effective de cet être d’un autre type ne retenait l’attention que de manière subsidiaire. On peut mesurer aujourd’hui l’ampleur du désastre à l’état de la démocratie dans les pays concernés. Ce constat doit normalement conduire au retour du citoyen sur la scène de l’histoire. La France dispose à cet égard d’une histoire déjà longue, nourrie de ses révolutions et de ses penseurs les plus prestigieux. La citoyenneté est un concept puissamment fédérateur : il s’agit, en particulier, de notre conception de l’intérêt général et du service public, d’un modèle d’intégration fondé sur le droit du sol et l’égalité individuelle, d’une éthique de la responsabilité que permet la laïcité, d’un statut du citoyen avant tout politique mais aussi économique et social, d’une démocratie locale expérimentée, d’une histoire institutionnelle particulièrement riche, y compris de ses contradictions. Ces options, que l’on peut dire socialistes tant elles correspondent à une société d’un type nouveau, inscrivent nécessairement leur application dans le temps long. Elles peuvent dans l’immédiat contrarier des stratégies d’alliances. Elles figurent néanmoins parmi les conditions d’une véritable ré-identification politique. 

Anicet Le Pors vient de publier les Racines et les Rêves, Éditions du Télégramme, 190 pages, 18 euros.

http://www.humanite.fr/node/452342

 

*) « Renationaliser les banques »  Par François Chesnais, économiste, professeur associé à l’université Paris Xiii, membre du conseil scientifique d’Attac (*).

Le facteur déclencheur de la crise économique et financière mondiale en août 2007 a été l’éclatement d’une immense bulle spéculative dans le secteur immobilier américain. Le crédit hypothécaire ayant été nourri par une création fictive de liquidités par les banques au moyen de la titrisation et d’autres « innovations financières », la bulle immobilière a provoqué une crise financière sans précédent. Le tissu très fragile des opérations bancaires s’est déchiré. Le montant des créances pourries s’est envolé. Les banques n’ont plus voulu se prêter mutuellement et les plus exposées ont fait faillite à Londres comme à New York. Le plus souvent, elles ont été sauvées par les autorités des deux pays (Northern Rock en novembre 2007, Bear Stearns en mars 2008, etc. La seule fois où l’on s’y est refusé avec la banque Lehmann, le système financier a été au bord de l’effondrement. Les dirigeants politiques américains (Bush, Paulson) comme européens (Brown, Sarkozy, Merkel) se sont précipités au secours des grandes banques sans contrepartie, encore moins l’établissement d’un contrôle sur leurs opérations. Au cours des trois ans et plus que dure la crise, des mouvements spéculatifs forts se sont donc produits sur le pétrole (145 dollars le baril en juin 2008), les matières premières et les produits alimentaires de base. Par deux fois, la spéculation a mis le prix du blé et du riz hors de la portée des plus démunis et provoqué des révoltes. A partir de janvier 2010, la spéculation s’est déplacée vers les titres de la dette publique des pays les plus fragiles de la zone Euro, les « PIGS ». L’abaissement de leurs notations par l’oligopole restreint des agences a donné le coup d’envoi aux politiques d’austérité dans ces pays comme dans toute l’UE, mais il a porté un coup aussi à toutes les banques ayant voulu faire des profits au moyen de la détention de titres de dette publique. Pour la seconde fois en moins de deux ans, les gouvernements et la BCE, flanqués cette fois du FMI, ont accouru au chevet des banques en faisant payer les salariés et les couches populaires. Les banques sont aujourd’hui des conglomérats financiers auxquels la libéralisation, la dérèglementation et la libéralisation financières ont permis de combiner des activités classiques de guichet, de crédit commercial et industriel, de prêt hypothécaire avec la valorisation, à très grande échelle, de portefeuilles de titres, pour leurs clients comme pour leurs actionnaires et le personnel rémunéré sur stocks options et bonus. L’argent qu’elles valorisent provient des profits non réinvestis par les entreprises alors même que le chômage n’a cessé de se développer sous des formes durables même avant la crise, ainsi que de patrimoines et des revenus élevés. Cet argent s’accumule et sa masse grandit au moyen d’intérêts et de dividendes prélevés sur la richesse créée par le travail, dont une partie croissante transite par le service de la dette publique. L’accumulation financière traduit les impasses du système capitaliste. Aujourd’hui elle aggrave la crise, le chômage, l’austérité, en même qu’elle permet, les gouvernements aidant, à ses bénéficiaires d’échapper à la crise et de continuer à spéculer. Aussi longtemps que ce sera le cas, les bulles spéculatives, avec leurs cortèges d’effets, continueront à se former. La renationalisation des banques, avec contrôle des salariés sur les décisions, est le pivot incontournable de toute politique de défense des classes populaires contre la finance 

(*) A notamment publié : Tobin et Cie, des taxes internationales sur le capital, Tribord éditions, 2006. 2,85 euros.

François Chesnais

http://www.humanite.fr/node/453722

 

*) « Portons des propositions alternatives audacieuses »  Par Paul boccara, économiste communiste (*).

« L’actuelle crise du capitalisme mondialisé est une crise radicale, qui peut mettre en cause la domination du système. Un tournant d’aggravation extrême de cette crise s’est produit à partir de 2008, avec l’éclatement de la spéculation sur les titres de crédit pour les achats de logements aux États-Unis et les énormes difficultés des banques américaines et européennes. En 2009, c’est la récession à l’échelle mondiale. En 2010, c’est la crise des dettes publiques européennes (en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Irlande) et de l’euro. Les États, par des fonds publics, et les banques centrales, par leur création monétaire, ont dû intervenir massivement pour soutenir les banques et pour des plans de relance. Mais cela, sans changer les critères des banques, des fonds d’investissement et des sociétés d’assurances pour leur rentabilité financière. D’où la relance de la spéculation. Dans l’Union européenne, on a mis en place des plans de rigueur sociale en prétendant rassurer les marchés financiers sur la possibilité de rembourser les dettes. Les États sont intervenus par des endettements publics considérablement accrus sur les marchés financiers. D’où le risque d’un éclatement ultérieur bien plus grave de la spéculation sur les dettes publiques, qui toucherait aussi les bons du Trésor des États-Unis, le dollar et l’économie mondiale. Le risque de retrait des bons du Trésor des États-Unis concerne notamment la banque centrale chinoise, qui en a 1 000 milliards de dollars, soit près de la moitié de ses réserves en dollars. Tout cela fait monter l’exigence de propositions alternatives audacieuses. La BCE peut refinancer les banques, pour un autre type de crédit, pour la sécurisation de l’emploi et de la formation : un crédit à long terme pour des investissements réels, matériels et de recherche, avec des taux très abaissés, zéro et même négatifs (c’est-à-dire des réductions des remboursements). Ces taux d’intérêt seraient d’autant plus abaissés que sont programmés des emplois et des formations. Cela doit être démultiplié au niveau national et international. Ce sont des fonds publics régionaux qui prendront en charge tout ou partie des intérêts de ce crédit. C’est aussi un pôle public financier qui, outre des nationalisations de banques et les prises de participation publiques assorties de contrôles, regrouperait tous les organismes publics ou semi-publics, comme la Caisse des dépôts et consignations. Un autre rôle fondamental de la BCE doit concerner une création monétaire pour prendre des titres de dettes publiques des États européens et financer ainsi le développement des services publics, avec un Fonds européen de développement social. Le Fonds monétaire international (FMI) pourrait refinancer les banques centrales pour le nouveau crédit. Cela suppose sa démocratisation (suppression de la minorité de blocage des États-Unis sur les votes), mais aussi une nouvelle monnaie commune mondiale, autre que le dollar, à partir des droits de tirages spéciaux (DTS), déjà proposée par la Chine. De même, le FMI pourrait soutenir par sa création monétaire le développement des services publics dans le monde, pour des biens publics et communs mondiaux, dans l’alimentation, l’écologie, l’éducation, la santé, etc. Cela renvoie à de nouveaux pouvoirs dans les entreprises, les services publics, et à une démocratie participative et d’interventions directes. L’enjeu est en définitive une nouvelle civilisation. »

(*) Dernier ouvrage publié : Transformation et crise du capitalisme mondialisé. Quelle alternative ?, 2e édition actualisée, Le Temps des cerises, 2009, 22 euros. Propos recueillis par Laurent Etre

http://www.humanite.fr/node/453723

 

*) Rencontre La gauche en débats : Pierre Laurent : "l’intervention populaire peut faire bouger les choses"

Pour le secrétaire national du Parti communiste français, le projet partagé  du Front de gauche doit être le fruit d’un débat public et transparent afin d’énoncer ce que  la gauche devrait faire pour réussir à changer vraiment la vie  en 2012.

La gauche en débats : L'Humanité a entamé la publication d'une série d'entretiens avec les leaders de gauche. Aujourd'hui, le secrétaire national du PCF.

--- Pensez-vous qu’il est encore possible de faire reculer  le pouvoir sur la réforme  des retraites ?

- Pierre Laurent. Le gouvernement a perdu la bataille des idées. La journée du 2 octobre a montré que l’élargissement du nombre de personnes dans l’action se poursuit. C’est la clé de la victoire, qui sera possible si la majorité d’idées qui unit le pays contre cette réforme se transforme en majorité dans l’action. Les jours à venir, la grève du 12 octobre et ses suites seront décisifs.

--- La nouveauté à gauche est que, désormais, toutes ses composantes  se rencontrent et parlent  de rassemblement. Est-ce un signe positif pour l’alternative en 2012 ?

- Pierre Laurent. Ça bouge à gauche parce que ça pousse dans tout le pays. Mais ces manifestations d’unité, essentielles pour battre Sarkozy, ne résolvent pas à elles seules tous les défis posés à la gauche. Pour crédibiliser une alternative, il faut que la gauche ait du courage face aux marchés financiers et s’accorde sur les objectifs politiques à réaliser. Or le débat demeure, comme on le voit sur les retraites. La lumière ne jaillira pas du face-à-face entre formations. Seule l’intervention populaire peut faire bouger les choses. C’est le sens du Front de gauche. De même que leur entrée dans l’action contre la réforme des retraites change la donne, l’irruption des citoyens sur le terrain politique peut déplacer les lignes à gauche.

--- Quelles sont les conditions pour que  la gauche gagne les élections  de manière durable et ne se contente pas d’une victoire par défaut ?

- Pierre Laurent. N’allons pas trop vite en besogne, ce n’est pas parce qu’un pouvoir est en grave difficulté qu’il a perdu. Non seulement les gens qui souffrent ont besoin de gagner tout de suite, mais ce sont ces victoires qui peuvent le mieux préparer celle de 2012. Donc, ne lâchons rien sur les retraites. Ensuite, pour construire une victoire solide et durable, il faut énoncer les grandes questions auxquelles la gauche ne doit plus se dérober : la construction de nouveaux droits sociaux contre les marchés financiers ; la nécessité de redonner du sens au travail, à la production, aux missions publiques, aux choix de développement pour faire reculer la dictature des logiques de profit sur nos vies ; le besoin de reconstruire la démocratie en reconquérant des pouvoirs contre l’argent, en réorientant les richesses vers les dépenses publiques utiles via la fiscalité, en se réappropriant le crédit et la banque grâce à un pôle public financier, en changeant la politique européenne.

--- Vous partagez donc l’idée qui s’exprime à gauche que l’antisarkozysme ne suffit pas ?

- Pierre Laurent. Quand on est face à un pouvoir qui démolit la France, lui résister est un devoir. Si l’antisarkozysme ne suffit pas, il est indispensable. Mais il doit être conséquent, c’est-à-dire aller au bout de la critique et être capable de dire par quelle politique nous voulons remplacer la sienne. Je n’oppose donc pas l’antisarkozysme à la construction d’une alternative.

--- Où en est le Front de gauche après  le lancement de son projet partagé  à la Fête de l’Humanité ?

- Pierre Laurent. À la Fête de l’Humanité, plusieurs milliers de personnes ont souhaité s’associer à cette démarche. Des initiatives de lancement se préparent dans les départements et nous éditons des « cahiers » du projet pour élargir le processus. Des initiatives nationales sont prévues avec nos partenaires du Front de gauche sur les retraites et sur la République, les droits et les libertés. Des fronts thématiques sont envisagés sur les enjeux économiques et la jeunesse. Les 27 et 28 novembre, le PCF tiendra un colloque national très ouvert pour enrichir sa contribution. Ces travaux convergeront progressivement pour aboutir au projet partagé.

--- Vous engagez avec le Front de gauche ce projet partagé et, simultanément, le PCF propose un pacte d’union populaire. Pouvez-vous préciser  la place respective de ces offres ?

- Pierre Laurent. Il n’y a pas deux mais une seule démarche. Nous voulons construire un projet partagé. Pour dire quoi ? Ce que la gauche devrait faire pour réussir vraiment à changer la vie. Nous parlons de projet partagé parce qu’il doit, à nos yeux, être établi en commun par les forces du Front de gauche et par toutes celles et tous ceux qui partagent des ambitions claires sur le contenu d’un projet de gauche. Comment construire ce projet ? Nous pensons au PCF qu’il faut le faire dans un débat public, populaire et transparent. C’est cela le pacte d’union populaire, l’outil du rassemblement qui permettra à toutes les forces mobilisées dans la société de s’engager dans ce débat pour exprimer ensemble le contrat qui devrait lier toutes ces forces et ces citoyens.

--- Vous vous êtes porté garant de l’absence de guerre des ego au Front de gauche concernant la candidature à la présidentielle de 2012. Comment allez-vous faire concrètement ?

- Pierre Laurent. D’abord en approfondissant cette démarche sur le projet qui, si nous n’y prenons pas garde, sera marginalisé par la mécanique présidentialiste. La désignation d’une candidature commune pourra alors s’appuyer sur un contrat politique partagé et des objectifs qui nous réunissent. C’est la garantie d’une ambition collective. Que ce soit Jean-Luc Mélenchon, André Chassaigne ou une autre personnalité, ce dispositif collectif permettra que nos formations et leurs adhérents effectuent un choix sur la base d’un contrat clair, sans conduire à la guerre des ego ou à l’éclatement du processus.

--- Ne craignez-vous pas une répétition de l’échec des collectifs antilibéraux en 2007 ?

- Pierre Laurent. Ce que nous construisons avec le Front de gauche est d’ores et déjà très différent et peut devenir plus solide encore si nous parvenons à franchir les étapes souhaitées. Vous savez, je suis le premier à ne pas vouloir revivre 2007. Je peux vous dire qu’au PCF nous abordons cet enjeu dans un esprit constructif, sans arrogance et avec l’envie d’aboutir à une construction réellement partagée.

Mercredi : Jean-Luc Mélenchon. Entretien réalisé par Sébastien Crépel

http://www.humanite.fr/04_10_2010-pierre-laurent-l%E2%80%99intervention-populaire-peut-faire-bouger-les-choses-455019

 

*) Rencontre La gauche en débats : Jean-Luc Mélenchon « Les différences entre partis ne sont pas anecdotiques »

Langage sans concessions pour  le président du Parti de gauche sur les divergences entre  le Front de gauche et le Parti socialiste  au sujet des retraites. Pour lui, les élections de 2012 doivent  servir à départager  les options en présence à gauche.  La gauche en débats : L'Humanité a entamé la publication d'une série d'entretiens avec les leaders de gauche. Aujourd'hui, le président du Parti de gauche.

--- Comment expliquez-vous l’acharnement du pouvoir à vouloir faire passer coûte que coûte sa réforme des retraites ?

- Jean-Luc Mélenchon. Le programme de Sarkozy était de faire Mai 68 à l’envers. On a cru que c’était une affaire de mœurs. Non, c’est le renversement du rapport de forces créé à la deuxième grande vague de conquêtes ouvrières et sociales, qui va de 1968 à 1983. C’est la rupture avec la clé de répartition des richesses. L’enjeu des retraites, venant après le démantèlement de la santé, de l’éducation, des services publics, est de savoir qui va avoir la mainmise sur cette énorme masse d’argent que représentent les cotisations de chaque travailleur. Le but avéré est de ruiner le système actuel des retraites pour contraindre les salariés à la capitalisation. La bataille des retraites est donc centrale pour Sarkozy. Et tout autant pour le salariat.

--- Que faire pour contraindre  le gouvernement à renoncer  à son projet de réforme ?

- Jean-Luc Mélenchon. Les partis doivent être à la fois sur le front social avec les syndicats et avoir une action politique spécifique. Pour que la dignité de notre démocratie soit respectée, j’ai proposé, avec d’autres, l’organisation d’un référendum. Je m’aperçois que cette idée fait du chemin. C’est d’autant plus légitime que le président de la République lui-même avait dit qu’il n’avait pas mandat pour toucher à la retraite à 60 ans, puisqu’il n’en avait pas parlé quand il était candidat à la présidentielle en 2007.

--- La gauche, unie dans les luttes, peut-elle être crédible sur cette question sans un projet alternatif commun ?

- Jean-Luc Mélenchon. La gauche n’est pas unie : elle est rassemblée derrière les syndicats qui, eux, sont unis sur des consignes communes. Il ne faut pas se bercer d’illusions ni endormir les consciences : on a besoin, au contraire, qu’elles soient en éveil. Les différences entre les partis de gauche ne sont pas anecdotiques. Depuis le début, Martine Aubry affirme qu’elle est à la fois pour la retraite à 60 ans et pour l’allongement de la durée de cotisation. Or, en allongeant cette durée, on ne peut plus parler de retraite à 60 ans pour la plupart des cotisants, qui n’ont pas le nombre d’annuités suffisant pour prétendre partir à taux plein à 60 ans. Quand les Français voteront en 2012, ils devront aussi nous départager sur les durées de cotisations pour l’avenir.

--- Mais, avant 2012, ne peut-on infléchir la politique du PS ?

- Jean-Luc Mélenchon. Nous devons, nous le Front de gauche, tenir les deux bouts de la chaîne : la particularité de notre point de vue politique d’une part, de notre radicalité concrète et, de l’autre côté, le devoir d’unité. Mais rien ne doit se faire au prix de passer sous les fourches caudines du PS et d’Europe Écologie. Oui, la tâche est difficile. Mais nous devons résoudre cette difficulté, et non la contourner. L’unité derrière les syndicats ne doit pas être le cache-misère des turpitudes de la gauche. Nous devons être capables de marier très étroitement le moment politique, le moment social et la vision à long terme. Une stratégie de conquête du pouvoir pour appliquer un programme de radicalité concrète se prépare de longue main. C’est la méthode de la révolution citoyenne que le PG propose. Il faut sans cesse lier tous les aspects de la lutte dans la rue et dans les urnes.

--- Comment comptez-vous faire vivre  le « programme partagé » du Front  de gauche ?

- Jean-Luc Mélenchon. Les composantes du Front de gauche vont recenser leurs propositions et celles que le mouvement social met sur la table, avant de les mettre en débat. Il faudra trouver un point d’équilibre qui permette, par grands thèmes, d’avoir cinq, six ou sept propositions essentielles qui dessineront le programme. Mais ce qui est au moins aussi important, c’est la capacité de mobilisation des secteurs populaires concernés. Il faut donc être synthétique et précis dans les propositions et, par-dessus tout, être dans l’implication populaire avant pendant et après le programme.

--- S’il s’agit d’un programme  de gouvernement, il devrait donc  être discuté avec le PS ?

- Jean-Luc Mélenchon. Rien n’y oblige. Il n’y aura pas de candidat commun avec lui à l’élection présidentielle de 2012. L’essentiel de notre travail doit consister à rassembler le plus de forces possible sur la ligne de la radicalité concrète que nous proposons pour tirer les Français de l’impasse où la politique de la droite les enfonce. Le Front de gauche doit d’abord avoir une ébauche bien avancée de son programme. Il le mettra en débat partout. Sur cette base, nous pouvons constituer des fronts de gauche dans tous les grands domaines impliqués par nos propositions. Par exemple l’éducation, les droits des femmes, la santé. C’est la condition pour ramener au vote des millions de citoyens qui ne se reconnaissent pas dans la tambouille de la gauche hésitante. Il faut donner son temps à cette implantation et assumer tranquillement la compétition avec le PS et Europe Écologie. Nous la mènerons de façon responsable. La victoire de la gauche est à ce prix.

--- Êtes-vous candidat pour porter  les couleurs du Front de gauche ?

- Jean-Luc Mélenchon. Une candidature au titre du Front de gauche n’est pas une aventure individuelle. J’ai dit que je m’en sentais capable. Mais je ne m’autoproclame pas.

--- Que pensez-vous de l’éventuelle candidature d’André Chassaigne,  le député communiste ?

- Jean-Luc Mélenchon. Il se sent capable comme moi d’assumer ce rude travail. À mes yeux, il en est digne. À nous de savoir maîtriser le processus, trouver un point d’atterrissage, une méthode pour conclure qui doit aussi être respectueuse de la dignité des personnes, que ce soit pour moi comme pour André.

--- Êtes-vous déterminé à ce que qu’il  n’y ait qu’un seul candidat pour  le Front de gauche ?

- Jean-Luc Mélenchon. Ma proposition est parfaitement claire et André Chassaigne a fait la même : nous pensons que les composantes du Front de gauche doivent s’accorder pour proposer une candidature commune. Les directions doivent assumer leurs responsabilités ! On ne s’en remet pas à je ne sais quelle démocratie directe ou à une assemblée générale des comités. La candidature doit ensuite être soumise au vote des adhérents de chaque composante de l’alliance. André et moi ne voulons pas faire durer une espèce d’ambiance type primaires entre nous. Cela peut finir par cristalliser. Nous n’avons rien à y gagner.

Jeudi : Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts. Entretien réalisé par  Mina Kaci

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*) Rencontre La gauche en débats : Harlem Désir « Toutes les forces de gauche se sont influencées »

Eurodéputé et secrétaire national à la coordination du Parti socialiste, Harlem Désir analyse la période qui s’ouvre à gauche. Le numéro 2 du PS appelle au rassemblement et à l’élaboration d’un contrat de législature pour 2012.  La gauche en débats : L'Humanité a commencé lundi la publication d'une série d'entretiens avec les leaders de gauche. Nous commençons avec Harlem Désir, secrétaire national à la coordination du PS, et suivra Pierre Laurent mardi, avant les autres acteurs de la gauche dans les prochaines semaines. 

--- Comment le Parti  socialiste analyse-t-il  cette rentrée politique ?

- Harlem Désir. La rentrée est marquée par une crise économique et sociale doublée d’une crise républicaine et morale. Le gouvernement s’obstine dans une politique insupportable d’injustice sur le plan fiscal et social. Je pense à la réforme des retraites mais également au sort fait à la protection sociale, aux services publics, à l’éducation nationale. Pour tenter de faire diversion, le président de la République s’est lancé dans une politique de stigmatisation des Roms et de surenchère anti-immigrés. Tout cela constitue un véritable saccage du contrat social et républicain sur lequel repose notre pays depuis l’après-guerre. Par ailleurs cette politique n’a aucune efficacité économique puisque la France ne sort pas de la crise et continue à perdre des emplois, en particulier dans l’industrie. À cela s’ajoute le mélange des genres permanents entre intérêts privés et publics dont l’affaire Woerth-Bettencourt est le symbole mais qui renvoie à une attitude constante depuis le début du quinquennat de Nicolas Sarkozy : de la soirée du Fouquet’s aux réunions du Premier Cercle où le ministre du Budget venait promettre aux donateurs de son parti de ne jamais remettre en cause le bouclier fiscal. Dans une période de difficultés, d’assèchement des finances publiques où l’on demande au peuple de faire des efforts, tout cela est proprement impensable. Face à cela on a vu se mobiliser un mouvement social d’une force exceptionnelle parce qu’il est resté unitaire. Le gouvernement n’a su y répondre que par le mépris.

--- La gauche entre-t-elle dans une période nouvelle ?

- Harlem Désir. La gauche a une très grande responsabilité. Celle d’abord de conforter le mouvement social et d’avancer d’autres réponses aux difficultés du pays. C’est pourquoi il était important de montrer qu’une autre réforme des retraites est possible mettant à contribution les revenus du capital, reposant sur des efforts partagés, garantissant le maintien de l’âge légal à 60 ans et une prise en compte réelle de l’inégalité de l’espérance de vie et donc de la pénibilité. La gauche doit porter sur chaque sujet des solutions nouvelles. Dans ce moment de débat budgétaire, je pense à la fiscalité, par exemple, qui devrait être mise au service de l’économie réelle et non de la finance, de la redistribution et non de la rente, et du financement des besoins publics. Il nous faudra montrer que non seulement une alternance se prépare mais surtout qu’il existe des alternatives en termes de modèle économique et social, de régulation de l’économie, de rôle des travailleurs dans les entreprises, d’égalité sociale, de politique urbaine, de lutte contre les discriminations et de redressement républicain.

--- Sur quels sujets est-il encore nécessaire de débattre à gauche ? Et avec qui ?

- Harlem Désir. Sur chacun des grands dossiers que j’ai cités il faut que nous soyons capables de proposer des orientations programmatiques qui débouchent sur un contrat de gouvernement. Le Parti socialiste assume son rôle central au sein de la gauche mais il n’a pas de prétentions hégémoniques. Il sait que seule une gauche rassemblée peut l’emporter. Il faut que nous soyons capables de construire cette maison commune que Martine Aubry a appelée de ses vœux. Notre choix stratégique repose sur le rassemblement de celles et ceux qui partagent des valeurs communes de progrès, qui souhaitent assumer les responsabilités et qui, d’ailleurs, le montrent chaque jour dans les collectivités locales que nous dirigeons ensemble.

--- N’existe-t-il pas une refonte des alliances à travers les accords qui se profilent avec les Verts-Europe Écologie pour les cantonales, les sénatoriales et les législatives ?

- Harlem Désir. Il faut que les scrutins à venir fassent vivre ce nouvel état d’esprit au sein de la gauche qui a prévalu au moment des régionales, c’est-à-dire le respect de ce que chacun apporte et la capacité à surmonter les différences pour travailler ensemble et se retrouver sur l’essentiel. C’est la formule gagnante de la gauche solidaire. Après l’époque Waechter, les Verts ont fait le choix clair de l’ancrage à gauche. Les accords avec les Verts-Europe Écologie découlent de cet ancrage. Mais cela ne remet pas en cause le rôle des autres forces et en particulier celui du Parti communiste.

--- Comment ces forces peuvent-elles surmonter leurs différences ?

- Harlem Désir. Il existe une raison de fond pour laquelle rien n’est insurmontable : toutes les forces de la gauche se sont influencées. À beaucoup d’égards, le Parti socialiste comme le Parti communiste sont aujourd’hui des partis écologistes. Il y a eu une appropriation des questions écologiques par l’ensemble de la gauche. De l’autre côté, le mouvement écologiste aussi a évolué ; il a compris que, pour l’écologie, le choix de la régulation était nécessaire et qu’il était impossible de renvoyer dos à dos le libéralisme et la gauche. Cette alliance ne repose pas sur des arrangements artificiels entre partis mais sur des fondements profonds. La combinaison des crises, financière, sociale, écologique, qui sont les crises du capitalisme contemporain, renforce la nécessité d’inventer les réponses communes de la gauche. Cela n’empêche pas qu’il reste des sujets de difficultés. On le voit quand on discute de politique énergétique et de certains dossiers de transports ou de taxe carbone. Nous devons également hiérarchiser nos priorités. Il nous faut donc organiser ce débat sur l’articulation entre justice sociale, développement durable, croissance économique et emploi, et l’ouvrir à la société, tout en respectant le calendrier politique de chacun des partenaires de la gauche. Viendra le moment, en 2011, où nous devrons discuter du contrat de législature sur lequel nous nous engagerons auprès des Français. Il faut que nous redonnions espoir et confiance aux Français. Nous devons pour cela montrer que nous sommes capables de nous retrouver sur un programme fort et crédible de changement pour notre pays.

Mardi : Pierre Laurent, secrétaire national du PCF. Entretien réalisé par Lina Sankari

http://www.humanite.fr/03_10_2010-harlem-d%C3%A9sir-%C2%AB-toutes-les-forces-de-gauche-se-sont-influenc%C3%A9es-%C2%BB-454933

 

*) Rencontre La gauche en débats : Olivier Besancenot « La réforme des retraites doit être enterrée »

Le porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) estime que la population commence à prendre confiance en sa capacité à faire reculer le gouvernement sur son projet. «On se bat dorénavant pour gagner», affirme-t-il.

La gauche en débats : L'Humanité a entamé la publication d'une série d'entretiens avec les leaders de gauche. Aujourd'hui, Olivier Besancenot, porte-parole du NPA.

---  En dépit de la forte mobilisation, pourquoi le gouvernement s’acharne-t-il à promouvoir son projet ?de réforme des retraites ?

- Olivier Besancenot. Du côté de l’oligarchie financière, on commence sans doute à croire que Nicolas Sarkozy n’est peut-être pas la bonne réponse à droite pour sortir de la crise. D’où les dissensions que l’on connaît actuellement au sein de l’UMP. Nicolas Sarkozy a donc besoin de réunifier son camp pour préparer 2012. Mais, plus profondément, la retraite est un sujet qui touche au rapport entre le capital et le travail. Du point de vue des capitalistes, il est plus important encore que le CPE. Avec la retraite, on est au cœur du conflit de classes. Le chef de l’État est donc déterminé à jouer quitte ou double justement pour réunifier son camp.

--- Le mouvement de contestation s’élargit, certes, mais ne pensez-vous pas que les citoyens estiment malgré tout nécessaire une réforme des retraites ?

- Olivier Besancenot. Proposer une loi qui casse la retraite à 60 ans n’est pas populaire. Le problème n’est donc pas de convaincre que cette réforme n’est pas bonne, il est dans notre capacité à restaurer une confiance collective sur le fait que l’on peut gagner son retrait. Nous avons fait un pas supplémentaire dans ce sens samedi dernier. Dans la population, on commence à y croire. Quand, au début mai, nous avions entamé la campagne unitaire, initiée par la Fondation Copernic et Attac, nous pensions que la pire des défaites aurait été une défaite morale, menée sans bagarre. Après ce mois de septembre de lutte, on se bat dorénavant pour gagner.

--- Mais ne pensez- vous pas qu’il subsiste un doute sur un contre-projet crédible à gauche ?

- Olivier Besancenot. Les hésitations sont moins liées, me semble-t-il, au manque de crédibilité d’un projet alternatif qu’au doute sur la possibilité de bloquer ou non le gouvernement. C’est pour cette raison que la gauche ne doit pas s’inscrire dans une logique d’amendements ou de réécriture mais de retrait. Cette réforme doit être enterrée ! Cependant, il existe des interrogations sur la possibilité de trouver les moyens pour financer la retraite à 60 ans à taux plein. Pour cela, il faut partager le temps de travail et les richesses. En six mois, les profits du CAC 40 ont augmenté de 85%. Pour financer les retraites, il faudrait y consacrer, selon le Conseil d’orientation des retraites (COR), 3 % du PIB alors que les profits accaparent 17 % de ces richesses produites par les salariés.

--- Cette explication est-elle difficile parce que la gauche, qui affiche son unité dans les luttes, n’a pas un contre-projet commun ?

- Olivier Besancenot. Il ne peut y avoir de projet alternatif commun entre le NPA et le PS sur la question des retraites, ne serait-ce que parce que nous, contrairement au PS qui veut augmenter les annuités, nous proposons la retraite à 60 ans à taux plein. Maintenant, nous sommes pragmatiques : si toute la gauche est d’accord pour défendre l’héritage du mouvement ouvrier que représente la retraite à 60 ans, il faut le dire ensemble, gauche sociale et gauche politique.

--- Vous pensez plus que jamais que seule la grève générale peut contraindre le gouvernement à renoncer à sa réforme ?

- Olivier Besancenot. Face à la radicalisation du pouvoir, une grève générale reconductible est en effet le moyen pour y arriver. Cela ne se décrète pas. Des signaux peuvent être envoyés dans ce sens par les organisations du mouvement social. Elles peuvent aider à la convergence, faire en sorte que les échéances des manifestations soient le plus rapprochées possible et se dire solidaires de ceux qui tentent la reconduction de la grève dans leur secteur. Personne à gauche de la gauche ne peut se soustraire à la réalité du rapport de forces et aux moyens qu’il convient d’employer pour gagner cette bataille centrale. À ce moment précis du conflit, l’heure n’est pas à l’organisation d’un référendum qui se substituerait aux mobilisations sociales. 

--- Ne craignez-vous pas que le mot d’ordre de grève générale fasse capoter l’unité syndicale ?

- Olivier Besancenot. L’unité et la radicalité ne sont pas contradictoires. Comme pour les partis de gauche, les dissensions sur le programme et sur les modalités d’action existent au sein des organisations syndicales, sans pour autant ébranler l’unité. Si l’intersyndicale appelait à une grève générale reconductible le 12 octobre au soir, le gouvernement ne nous parlerait plus avec la même arrogance.

--- Le NPA se sent très à l’aise sur le terrain des luttes, mais est-ce suffisant pour transformer la politique actuelle ?

- Olivier Besancenot. Quand on se réclame du marxisme, on peut avoir une approche dialectique de l’histoire de la lutte des classes dans ce pays qui combine social et politique. La séquence que nous vivons actuellement est bourrée de politique, davantage même que lors de certaines séquences électorales. Le changement se construit maintenant et non en 2012. Quand on fait le bilan de nos victoires sociales, on pense spontanément aux manifestations de 1995 contre la réforme Juppé, à celles contre le CPE et, bien sûr, au référendum sur le TCE, en 2005.

--- Quelles leçons tirez-vous de l’échec du NPA aux élections régionales, en mars 2010 ?

- Olivier Besancenot. On assume ce revers. Objectivement, le reflux des luttes sociales ne nous a pas aidés, car le NPA est indexé sur la cote de popularité des mobilisations sociales. Au-delà, notre stratégie d’alliance à géométrie variable nous a rendus illisibles. Nous faisions jusqu’alors la synthèse d’une orientation unitaire et radicale. Là, nous avons perdu sur les deux tableaux. Le NPA se cherche encore.

--- Vous serez candidat à l’élection présidentielle de 2012 ?

- Olivier Besancenot. Je suis candidat à la résistance sociale sur les retraites…

--- Le NPA présentera forcément un candidat ?

- Olivier Besancenot. Nous en parlerons au congrès de décembre mais comme une incidence de l’orientation générale. Ce n’est qu’en juin 2011 que nous choisirons une candidature.

Entretien réalisé par Mina Kaci

http://www.humanite.fr/07_10_2010-olivier-besancenot-%C2%AB-la-r%C3%A9forme-des-retraites-doit-%C3%AAtre-enterr%C3%A9e-%C2%BB-455292

 

*) Rencontre « La gauche en débats » : Cécile Duflot « Agir pour raccrocher les citoyens au débat politique... »

À la veille de la fusion de son parti avec la nébuleuse Europe Écologie, à la mi-novembre à Lyon, la secrétaire nationale des Verts affirme qu’il ne peut y avoir de projet de transformation sociale qui ne soit,  en même temps, un projet écologique.  La gauche en débats : L'Humanité a entamé la publication d'une série d'entretiens avec les leaders de gauche. Aujourd'hui, la secrétaire nationale des Verts.

 --- Quel regard portez-vous  sur le mouvement social qui s’oppose à la réforme des retraites et sur le projet de loi ?

- Cécile Duflot. Nous avons besoin d’une vraie réforme des retraites. Ce que propose Éric Woerth et qu’assume Nicolas Sarkozy est tout sauf une réforme des retraites. C’est une vision très idéologique de la question s’inscrivant dans les discours sur le « travailler plus pour gagner plus ». C’est l’idée qu’il faudrait chercher les causes du chômage ou des difficultés rencontrées par les salariés chez les salariés eux-mêmes, considérés comme responsables. C’est un choix idéologique que nous rejetons…

---  Pour vous, l’âge légal du départ à 60 ans est-elle un curseur devant évoluer  ou un droit ?

- Cécile Duflot. C’est un curseur qui détermine le niveau de certaines pensions. Si on le bouge, ceux qui ont commencé à travailler jeunes, les ouvriers, les femmes et ceux qui ont une carrière hachée marquée par le chômage connaîtront une dégradation de leurs pensions. Soixante ans, c’est un droit acquis par les luttes sociales lié à l’espérance de vie. On nous dit : on vit plus longtemps, il faut travailler plus longtemps, mais c’est justement parce que l’on travaille moins longtemps que l’on vit plus longtemps. Nous sommes attachés à cet âge légal de 60 ans. 

--- Et le mouvement social...

- Cécile Duflot. Ses racines sont profondes. Ce n’est pas un moment d’exaspération. C’est le ras-le-bol d’un discours malhonnête qui culpabilise les Français et qui dénote d’une déconnexion entre les responsables politiques et l’immense majorité de la population.

--- Justement, quelles appréciations portez-vous sur la politique  de Nicolas Sarkozy ?

- Cécile Duflot. Son objectif est de servir ceux qui ont été ses amis en utilisant la chose publique. Pour habiller le tout, il développe des campagnes médiatiques. Des opérations à la fois idéologiques et de communication politique comme avec les Roms ou du terrorisme... Ce ne sont pas des manières responsables de gouverner.

--- Face à cette politique, quelles  sont pour vous les conditions  d’une alternative au sarkozysme ?

- Cécile Duflot. L’antisarkosyme ne suffit pas. Nous voulons revivifier le débat politique sur le projet. C’est ce que nous avons fait avec Europe Écologie et les Verts autour de l’idée qu’il ne peut y avoir un projet de transformation sociale qui ne soit pas un projet écologique intégrant la question des limites de la planète, de l’épuisement des ressources naturelles. La lutte contre la crise écologique est totalement liée à la crise sociale. De plus, il faut faire les choses différemment dans la forme pour raccrocher les citoyens au débat politique. Le niveau de l’abstention, le sentiment de ne plus se sentir représenté par les partis politiques en témoignent. Enfin il nous faut construire l’alternative en assumant nos différences et en menant un travail en commun avec les partis de gauche pour construire un contrat de gouvernement sur cinq ans. On ne va pas essayer de transformer les communistes en écologistes, on ne va pas transformer non plus les socialistes même si il y a encore des traces de « modernisme » conduisant certains à accepter des dogmes libéraux. Nous avons cinq ans pour réparer les dégâts et construire l’avenir. 

--- Pour les prochaines élections, cantonales, sénatoriales et législatives, vous êtes en négociation avec le PS.  Où en êtes-vous ?

- Cécile Duflot. Nous sommes dans cette situation de négociation parce que la France est un des seuls pays d’Europe à ne pas avoir une élection à la proportionnelle pour le Parlement. Cette question fera partie de la négociation programmatique pour changer les règles institutionnelles qui stérilisent le débat politique et renforcent le bipartisme. Cela dit nous en sommes à la phase exploratoire. Les sénatoriales seront un signal de la volonté de Martine Aubry de construire ensemble une alternative. Nous voulons faire basculer le Sénat à gauche. Ensuite, sur les cantonales, cela se règle au niveau départemental avec l’ensemble des forces de gauche.

--- Le 13novembre, à Lyon, les Verts et Europe Écologie se fondent  en un même mouvement politique. Comment cela se passe chez les militants Verts ?

- Cécile Duflot. Cela se passe bien. C’est un exercice auquel, à ma connaissance, aucun parti politique ne s’est jamais livré dans notre pays. Il y a chez nous une vraie volonté partagée. Le 9 octobre, nous allons nous donner, avec Europe Écologie, un cadre commun que les militants ratifieront ensuite par leur vote.

--- Au regard des relations de Daniel Cohn-Bendit avec les centristes  se pose la question de savoir  si ce cadre politique sera de gauche ou de centre gauche.

- Cécile Duflot. Il sera pleinement écologiste. Il faut sortir des vieilles habitudes. Quand on place le débat politique uniquement sur une ligne de droite à gauche, on oublie la dimension du productivisme qui peut-être aussi bien de droite que de gauche. Notre manifeste du 9 octobre sera clair sur les analyses qui fondent l’écologie et sur nos alliances. Il y a parfois des ambiguïtés organisées. Nous assumons de ne pas faire d’alliance avec la droite et nous assumons aussi le fait de dire que certains partis de gauche ont eu une vision productiviste incompatible avec ce que prônent les écologistes. 

--- Y a-t-il une écologie de droite et une de gauche ?

- Cécile Duflot. Non, l’écologie n’est pas de droite à partir du moment où c’est structurellement une vision basée sur le partage des richesses, sur l’égalité des droits. Ceux qui se revendiquent de l’écologie au gouvernement sont en permanence dans la contradiction.

--- Aurez-vous un candidat à l’élection présidentielle ?

- Cécile Duflot. C’est probable, comme il est probable que ce soit Eva Joly.

Vendredi : Olivier Besancenot, porte-parole du NPA.

http://www.humanite.fr/06_10_2010-c%C3%A9cile-duflot-%C2%AB-agir-pour-raccrocher-les-citoyens-au-d%C3%A9bat-politique-%C2%BB-455226

 

*) Fête de l'humanité 2010 : « Nous sommes là, ensemble, pour gagner »

Au cours des trois jours de cette Fête à haute densité politique, Pierre Laurent, comme de son côté Bernard Thibault, a affirmé que rien n’est joué sur les retraites. Le secrétaire national du PCF, Christian Piquet, pour la Gauche unitaire, et Jean-Luc Mélenchon, pour le Parti de gauche, ont appelé depuis la Fête à une dynamique du Front de gauche.

Il y a toujours dans la Fête des moments de grâce et d’autres qui bouleversent. La grâce, ce peut être un sourire, avec un groupe de ces jeunes gens qui arrivent sans cesse avec leurs Quechuas en larges tartes et leurs vêtements bariolés où se lisent les inventions des modes à venir. L’émotion, dans le silence à couper au couteau d’une foule de plus de 50 000 personnes devant la Grande Scène, ce fut Francesca Solleville chantant Nuit et brouillard, samedi après-midi, en hommage à Jean Ferrat. C’est peut-être au fond ce que n’ont jamais compris tous ceux qui, des années durant, se sont acharnés, au prix d’un sacré effort de cécité, à ne voir dans les allées que frites et merguez : cette proximité, ce partage de valeurs, d’humanisme et ce goût du printemps de l’auteur de Ma France. Mais précisément, cette année, les fritologues en ont été pour leurs frais, la Fête a fait l’événement politique du week-end, en étant un véritable rendez-vous de la gauche. La France aujourd’hui, soulignait avec force le directeur de l’Humanité au Village du monde, devant les représentants et ambassadeurs des multiples pays ayant un stand sur la Fête, la France est bafouée. « Hier, disait-il, le Sénat a voté une citoyenneté à deux vitesses et la droite à l’Assemblée nationale a voté, avec l’article sur la retraite à soixante ans, une régression sociale sans précédent. » Une France bafouée et qui n’a rien à voir avec celle du trio Sarkozy, Hortefeux, Besson, pour ne citer qu’eux. Une France qui se bat.

--- Des échanges, du débat, des solutions

Sarah, dix-huit ans, et Matthieu, vingt et un, mangent des nems. Ils sont allés à la manif du 4, ils n’ont pas pu aller à celle du 7 sur les retraites mais ils iront le 23. Et Sarah, qui porte un badge PCF mais n’est pas adhérente, attend de la Fête des échanges, du débat et, dit-elle, des solutions. Une attente forte. Des solutions, pour changer de politique, bien sûr, comme ces deux jeunes comédiens grimés en personnes âgées et qui promènent leur CV d’embauche. C’est leur invention dans la bataille des retraites, comme d’autres font signer massivement la pétition éditée par le PCF. Drôle de rentrée que celle-ci, drôle de fête en pleine bataille contre ce pouvoir et après déjà deux manifestations qui, chacune, ont marqué un tournant. Présent sur la Fête où il a rencontré Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF, Bernard Thibault, le leader de la CGT, devant plusieurs centaines de personnes, a démenti tous ceux qui, comme le titrait France-Soir samedi matin, veulent faire croire que la retraite à soixante ans, c’est fini. « C’est nous qui sommes en position de force », affirmait-il, tout en appelant à élargir toujours plus la mobilisation, sans tomber dans les illusions des solutions presse-bouton, fussent-elles d’apparence radicale.

De son côté, Pierre Laurent, dans un discours percutant, en recevant les personnalités présentes à la Fête et particulièrement les représentants de tous les partis de gauche, appelait aussi à élargir cette mobilisation. Il affirmait sa certitude que rien n’est joué : nous sommes là pour gagner.

--- devenir des créateurs du projet partagé

Gagner. C’est aussi ce qui était en jeu dans l’après-midi à l’Agora de l’Humanité avec Christian Picquet, Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent pour lancer l’ambition d’une dynamique du Front de gauche dans l’élaboration partagée d’un projet. Mais ce projet, ce programme, « nous n’allons pas l’écrire dans un bureau mais avec vous », affirmait Jean-Luc Mélenchon, quand bien même le Parti de gauche a travaillé sur ses propres propositions. Pierre Laurent invitait toutes celles et ceux qui aspirent au changement à devenir des créateurs et des « propriétaires » de ce projet, sans quoi il n’y aura pas de véritable alternative à cette politique. Il en appelait à une dynamique qui devienne visible d’ici trois ou quatre mois mais, en même temps, « c’est maintenant, pas en 2012, qu’il faut faire reculer Sarkozy », que ce soit sur les retraites ou sur sa politique d’indignité nationale : « Ils ont signé un pacte d’argent, signons un pacte d’unité populaire. »

C’est dire en même temps que les leaders du Front de gauche se sont refusés à entrer, selon les mots de Pierre Laurent, « dans une guerre des ego » ou une opération de casting pour la candidature à la présidentielle. Jean-Luc Mélenchon, qui s’est depuis un moment déclaré prêt à cette candidature, soulignait lui-même devant la presse que « ce n’est pas la question aujourd’hui.» .Vivement sollicité, le député du Puy-de-Dôme André Chassaigne a simplement témoigné de sa légitimité à poser sa candidature, comme il l’avait fait à l’ouverture de la Fête, en tant qu’« élu de terrain », rappelant au passage les résultats aux régionales de la liste qu’il conduisait. Pour sa part, Pierre Laurent n’a cessé d’insister, tout au long d’une Fête ou il a véritablement « mouillé la chemise » sur l’urgence de faire de la politique autrement, de construire avec les gens eux-mêmes : « Ils sont trop nombreux et souvent parmi les plus modestes à penser que la politique ne les concerne plus. » Maurice Ulrich

http://www.humanite.fr/node/453356

 

*) Fête de l'humanité 2010 : Le Front de gauche lance son programme partagé

Les dirigeants du Front de gauche ont profité de la Fête de l’Humanité et du climat social pour ouvrir les ateliers du projet qui parsèmeront tout le pays.

C’est une Agora pleine à craquer. Samedi après-midi, les abords du stand de l’Humanité débordaient de militants venus prendre part au lancement du programme partagé du Front de gauche. À la tribune, le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, Christian Picquet, de la Gauche unitaire, et Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de gauche. Poursuivant la logique d’unité qui avait prévalu lors des dernières élections européennes et régionales, les trois dirigeants veulent mettre à profit le moment politique et social qui traverse actuellement le pays à la faveur du mouvement pour une autre réforme des retraites et d’un climat miné par les affaires, comme l’a martelé en introduction Pierre Laurent. « On sent tous que quelque chose de très profond est en train de monter dans le pays. » Pas d’attentisme donc, à l’heure où la droite commence à révéler ses failles et ses divergences, notamment sur le volet sécuritaire. « Sans attendre 2012, nous devons tout mettre en œuvre pour que Nicolas Sarkozy ne puisse plus avancer d’un millimètre. La droite a déjà beaucoup cassé. » Et de citer, pêle-mêle, les réformes de l’hôpital public et de l’éducation. « C’est un pouvoir acculé, la confiance a changé de camp. C’est maintenant qu’il faut commencer à construire. » Des espaces de travail dans tout le pays doivent ainsi permettre l’élaboration du programme partagé et la mise en avant, toujours selon Pierre Laurent, de la « nécessité d’une révolution sociale contre le pouvoir des marchés financiers, d’une révolution démocratique ». Après cette première intervention, la salle scande longuement « unité » avant de laisser la parole à Christian Picquet. Au moment qui voit des formations politiques héritières de traditions différentes s’allier, le leader de la Gauche unitaire a ajouté avec force l’exigence de « récupérer ce que le capital a dérobé aux travailleurs. Notamment en créant un pôle financier public ». Il a également appelé à sortir des clous du traité de Lisbonne et à lancer un « nouveau Front populaire où l’ampleur de la mobilisation avait permis d’arracher les congés payés ». À ce titre, le Front de gauche ne peut se contenter d’être une formation de « témoignage » quand, rappelle Jean-Luc Mélenchon, le capital a montré, après la crise, qu’il était toujours à l’offensive. En attestent le sort fait au peuple grec et la casse programmée des droits sociaux partout en Europe. « Nous appelons à une Constituante qui changerait les règles du jeu », a-t-il martelé avant que les trois dirigeants soient interpellés par la magistrate Évelyne Sire-Marin, l’avocate Dominique Noguères, l’initiateur de l’Appel des appels Roland Gori et Willy Pelletier, de la Fondation Copernic. Symbolisant ainsi le sens du projet partagé. Lina Sankari

http://www.humanite.fr/node/453291

 

*) Pierre Laurent : oui à une révolution sociale

Retraites, gauche, capitalisme,... Les principaux extraits du discours prononcé par le dirigeant du PCF, en clôture de la Fête de l'Humanité.  Le secrétaire national du PCF a conclu la Fête de l'Humanité par le traditionnel meeting. L'Humanite.fr en publie les principaux extraits (retrouvez lundi le compte-rendu du meeting dans l'Humanité) :

--- Sur le sarkozysme : "Depuis bientôt trois ans et demi, nous subissons, avec Nicolas Sarkozy, le pouvoir le plus rétrograde, le plus brutal, le plus autoritaire qu'il ait été permis d'imaginer. Ce pouvoir n'a aucune espèce de respect pour le travail et les travailleurs. Il rassemble une bande, la nouvelle aristocratie financière, celle qui cherche son profit dans le casino financier du capitalisme mondialisé. Il est en guerre contre le monde du travail. Et il faut nous, le monde du travail, leur déclarer la guerre, une guerre citoyenne et pacifique (...).  

--- Sur les libertés publiques : Guerre, encore, contre les libertés, la République et ses valeurs, guerre aux Roms, aux pauvres, aux  jeunes, aux « Français d'origine étrangère » ! En prononçant le discours de Grenoble, vous avez sali la France, Monsieur Sarkozy. Vous avez trahi ses idéaux républicains.

--- Sur le capitalisme : Oui, nous voulons une révolution sociale contre le pouvoir des marchés financiers, une révolution citoyenne et démocratique contre la monarchie sarkozyste, une révolution de nos modes de vie contre les logiques de profit qui nous aliènent. Voilà le monde pour lequel nous combattons ! (...) Quand on sait que 3% de la fortune personnelle de Madame Bettencourt, c’est-à-dire 460 millions d'euros, suffirait à l’ONU pour secourir le

Pakistan après les dramatiques inondations qui l’ont ravagé et que le peuple pakistanais attend toujours cette aide, oui, nous avons la nausée ! (...) Alors quand le Medef parle d’« Étrangeté du monde » et de son « mode d'emploi », il faut décidément comprendre : « Étrangler le monde, mode d’emploi » ! (...) Nous avons changé d’époque. C’est terminé le XXe siècle à la fin duquel le capitalisme prétendait être l’horizon indépassable de l’histoire ! C’est d’une autre civilisation dont nous avons besoin ! Et, c'est parce que – j’en suis convaincu – nous sommes aujourd’hui de plus en plus nombreux à penser que le temps est venu de penser l'avenir autrement, c'est parce que nous sommes des millions à penser que les factures de la crise capitaliste nous mènent à la catastrophe, c’est parce que nous sommes des millions à refuser d’embarquer dans la machine à remonter le temps de Nicolas Sarkozy (...) 

--- Sur les retraites : Nous vivons une mobilisation sociale phénoménale. Le peuple est en train de reprendre la main. Le pouvoir a peur et se braque parce que cette mobilisation sociale lui pose LA question qu'il évite constamment : pourquoi protéger le capital au détriment des hommes ? J’ai dans la main une très belle carte postale sur laquelle on peut lire : « Assez Sarkozy, nous ne lâcherons rien ! ». Eh bien cher amis, cette carte postale, je vous propose d’en envoyer des millions d’exemplaires à l’Elysée. Puisque c’est gratuit d’écrire à notre cher Président, nous n’allons pas nous en priver ! Que le gouvernement ne rêve pas d’une pause sociale, nous serons encore mobilisés le 15 septembre dans tout le pays (...) Et nous serons encore plus nombreux le 23 septembre à faire grève et à battre le pavé ! Et nous les battrons !

--- Sur la gauche : Je veux y insister aujourd’hui devant vous, dans cette bataille, c’est déjà l’après-Sarkozy qui s’écrit. Nous devons construire ensemble les engagements clairs et sans ambiguïté que les forces de gauche devraient porter : des engagements clairs sur les services publics, sur l’emploi, sur l’éducation… Oui, clairs et sans ambiguïté dans tous les domaines. Je le dis tout net : nous le savons tous, la gauche n'est toujours pas à la hauteur de ce défi. C’est pour cette raison que le Parti communiste, le Parti de gauche, la Gauche unitaire ont engagé la construction d’un Front de gauche. Un front de lutte, de rassemblement et d’élaboration politique qui, du cœur de la gauche, a déjà ouvert un chemin d'espoir et où toutes celles et tous ceux qui le veulent peuvent se retrouver. Nous allons mettre toute notre énergie à lui donner un élan nouveau car le temps est venu de remettre au centre de gravité de la gauche les défis dont elle n'aurait jamais dû se détourner ! (...) Ce projet partagé, je peux vous l’assurer, nous le porterons unis et rassemblés quand viendront les échéances politiques de 2012. Au Front de gauche, la guerre des ego n’aura pas lieu. La politique spectacle c’est ce qui tue la politique. Ne vous laisser pas confisquer le débat politique. Je vous lance un appel, à vous toutes et tous qui êtes engagés dans les mobilisations sociales : mettez autant d’énergie à vous mêler de ce débat. Faites-en votre affaire. Je sais le travail qui est devant nous pour conduire avec succès le chantier du renouveau du parti communiste. Les premiers mois que je viens de passer à la tête de ce parti me confirment l’immense potentiel de notre collectif militant et la disponibilité nouvelle de beaucoup d’entre vous à l’égard de nos idées et de nos combats. La gauche a besoin du parti communiste et c’est aussi votre affaire. Oui ! Mes amis, mes camarades, unissons nos forces. Oui, comme nous y appelait Ferrat, « il est temps que le malheur succombe » !

http://www.humanite.fr/node/453284

 

*) Passe d’armes au PS sur les primaires

Les divergences sur le sens des primaires recoupent celles sur la stratégie d’alliances au PS, alors que Martine Aubry entend saisir cette échéance pour conforter son leadership.

C’est une petite musique que l’on sent monter depuis le printemps. Autant dire que la phrase prononcée par Claude Bartolone, vendredi au micro de France Inter, suggérant que les primaires du PS ne seraient qu’une étape « de confirmation » d’un accord passé à la tête du PS a achevé de cristalliser les divergences sur ce processus. Le député de Seine-Saint-Denis, par ailleurs proche de la première secrétaire, a ainsi sous-entendu que les primaires serviraient simplement à valider le pacte de non-agression conclu entre Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn pour la présidentielle de 2012. Déjà, en juin, à l’évocation de cette entente, François Hollande prédisait qu’« on serait loin de la promesse démocratique annoncée. Tout autre candidat apparaîtrait comme un diviseur ». Avec lui, Manuel Valls, Gérard Collomb, Jean-Louis Bianco et Ségolène Royal, probables candidats, voient rouge. Pour rassurer, Martine Aubry a donc répété, samedi, lors de la Fête de la rose à Soustons (Landes), que les primaires « seront exemplaires et transparentes ». Prévues à l’automne 2011, les primaires ouvertes aux sympathisants de gauche, et non aux seuls militants socialistes, sont censées résoudre la question d’un leadership de moins en moins vacillant au PS. Mais, au-delà, la sortie de Claude Bartolone, en outre conseiller aux relations extérieures, ne vise-t-elle pas à maintenir la première secrétaire dans une position centrale à gauche, elle qui a, justement, choisi d’envoyer des signes réguliers aux autres partis progressistes ? En clair, assurer que le candidat socialiste soit bien porté par une large frange de citoyens. Ces primaires, qui, selon les textes internes, doivent servir une « démocratisation de l’élection présidentielle ouverte au peuple de gauche », pourraient-elles également aboutir à moyen ou à long terme à diluer le PS dans un mouvement plus large ? Pour l’heure, le PS, qui a à cœur de montrer, notamment dans la rue, qu’il est bien ancré à gauche, multiplie les rencontres avec ses partenaires politiques, traditionnels ou non, comme c’est le cas avec le NPA, présent à l’université d’été d’Un monde d’avance, le courant de Benoît Hamon et Henri Emmanuelli. Ce dernier a d’ailleurs conforté Martine Aubry ce week-end : « J’ai toujours pensé qu’il était curieux que le PS soit le seul parti en Europe où le leader du parti n’est pas le candidat. » Enfin, les primaires ouvertes couplées à la stratégie de rapprochement à gauche mettent, selon Marie-Noëlle Lienemann, clairement à mal les projets d’une « aile très minoritaire à gauche (qui) refuse l’unité, préfère la dérive au centre et n’ose clairement afficher ce choix, sachant qu’elle sera désavouée ». Lina Sankari

http://www.humanite.fr/26_09_2010-passe-d%E2%80%99armes-au-ps-sur-les-primaires-454255

 

*) A 1 euro le vote, les socialistes rêvent de 4 millions d'électeurs

En 2006, seuls les militants PS avaient désigné Ségolène Royal. Pour 2012, le candidat PS sera choisi par tous ceux qui le désireront.  À La Rochelle, fin août, Martine Aubry entourée du porte-parole du parti, Benoît Hamon (à gauche), et du secrétaire national à la rénovation Arnaud Montebourg.

--- 1 Quel est le calendrier prévu pour cette consultation ?

Certains points peuvent être modifiés. Reste que, à la date d'aujourd'hui, le dépôt des candidatures aurait lieu en juin 2011 - ce qui risque de poser un problème à Dominique Strauss-Kahn, dont le mandat à la présidence du FMI court jusqu'en septembre de la même année.  Un certain nombre de « filtres » assez perméables (parrainage de 5 % des membres du Conseil national, par exemple) seront mis en place pour éviter les candidatures par trop fantaisistes. Après la traditionnelle université d'été à La Rochelle, fin août 2011, qui promet d'être moins consensuelle que celle de cette année, la campagne officielle se déroulera en septembre et octobre, avec figures imposées et passages obligés avant un vote en deux tours. Le premier, fin octobre, pour sélectionner les deux finalistes, le second quinze jours plus tard, pour les départager.

Rapidement, pour recoller d'éventuels pots cassés, se tiendra une convention de réunification. Comme cela s'est passé chez les démocrates américains lorsque Hillary Clinton a apporté son soutien à Barack Obama.

--- 2 Qui pourra prendre part à ce vote ?

Toutes les personnes le désirant, la seule condition étant qu'elles soient inscrites sur les listes électorales. Chaque votant sera amené à signer un document par lequel il s'engage à soutenir le candidat désigné par cette consultation.

Bien évidemment la liste des personnes ayant participé au scrutin ne sera pas publiée. Par contre, si plus tard certains ténors du parti venaient à apporter leur soutien à un autre candidat de gauche, leur engagement pris lors des primaires serait rappelé…  Pour l'heure, on sait que, dans les autres partis de la gauche, ces primaires ne suscitent que peu d'intérêt. Parti communiste et Parti de gauche ne veulent pas en entendre parler. Les Verts ont d'ores et déjà fait connaître le nom de leur candidate. Pour leur part, les radicaux de gauche n'ont pas répondu à la main tendue du PS.

--- 3 Où pourra-t-on voter ?

Dans les zones rurales, le PS veut installer au moins un bureau de vote par canton. Le souhait est de ne pas dépasser, par bureau, 5 000 personnes pouvant voter.  Dans les villes de moyenne importance, on s'achemine vers un seul lieu de vote avec plusieurs bureaux.  Le cas des grandes villes n'est pas encore tranché. Mais il est clair que, dans une cité comme Bordeaux, plusieurs bureaux seront mis en place dans chaque quartier de la ville.

--- 4 Qui va payer une organisation aussi lourde ?

Ceux qui iront voter, peut-on répondre, puisqu'une participation sera demandée à chaque électeur. Elle sera modeste. Il avait été envisagé, dans un premier temps, de réclamer 2 euros à chaque votant. La somme a été divisée par deux, soit 1 euro à chaque fois qu'un bulletin sera déposé dans l'urne.  Sachant qu'Arnaud Montebourg et ses amis ont l'espoir de voir 4 millions de Français se déplacer (ils remarquent qu'en Italie les primaires qui avaient désigné Romano Prodi avaient attiré 4,5 millions d'électeurs), les frais seraient couverts. D'autant plus que, lors de ce même scrutin italien, c'est en moyenne 10 euros qu'avait donnés chaque votant.  Les socialistes français en arrivent même à rêver que, si les choses se passent comme en Italie - 4 millions de personnes aux urnes, chacune remettant 10 euros -, c'est un pactole de 40 millions qui serait ainsi amassé. « De quoi faire face à deux campagnes présidentielles », note un optimiste.  Une association de financement sera créée tout exprès pour cette consultation.

--- 5 Existe-t-il un risque d'entrisme ?

Des personnes de droite pourraient-elles venir voter en masse afin de peser sur le scrutin socialiste ? Parmi les responsables du PS - d'Arnaud Montebourg à Ségolène Royal - interrogés sur la question, personne n'y croit.  À La Rochelle, lors d'une discussion sur le sujet face à 400 personnes, le député de Saône-et-Loire a demandé qui irait voter si la droi- te organisait pareille consultation. Seules trois mains se sont levées…

--- 6 Les urnes seront-elles « bourrées » ?

C'est la question qui fait bondir au PS. « Impossible, avec les listes électorales et la pièce d'identité demandée à chaque votant », répond-on. Avant d'ajouter : « Les bureaux seront tenus par des sympathisants, pas par des militants. Rien à voir avec une consultation interne. » On respire.

(1) La Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) est l'ancêtre du Parti socialiste français, créée en 1905.

http://www.sudouest.fr/2010/09/12/a-1-euro-le-vote-les-socialistes-revent-de-4-millions-d-electeurs-182446-659.php

 

*) PS et PCF pour un « débat approfondi »

Lors d’une rencontre, hier, Martine Aubry et Pierre Laurent ont échangé sur les réformes à mettre en œuvre par une majorité de gauche.

La première secrétaire du PS, Martine Aubry, et le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, se sont rencontrés, hier. L’occasion pour les deux dirigeants d’un échange de vues « sur la gravité de la crise politique dans laquelle le gouvernement s’enfonce » après le coup de force d’hier sur les retraites, sur les moyens de « contrer la dérive » actuelle du pouvoir dans tous les domaines (Parlement, presse, justice), ainsi que sur « la possibilité d’une autre voie » en vue des élections de 2012, a expliqué Pierre Laurent. « Cette situation engendre une grande responsabilité pour l’ensemble des forces de gauche », écrivent les responsables dans un communiqué commun, « aussi bien pour apporter un soutien sans faille au mouvement social, notamment sur les retraites », que « pour changer de cap ». « Dans le même temps, la gauche doit porter des propositions qui montrent avec crédibilité la possibilité d’une autre voie », en faveur d’une « politique qui arrête de servir toujours plus les riches et les institutions financières », et pour « construire un nouveau modèle de développement, social et durable, qui permette la relance économique et, sans attendre, une autre redistribution des richesses ». Pour cela, les deux dirigeants estiment que le débat « sur les grandes réformes que devrait mettre en œuvre la gauche doit être absolument approfondi ». Pierre Laurent et Martine Aubry ont, notamment, en tête la réforme des retraites, le débat parlementaire ayant montré que les deux partis n’ont pas des « positions identiques », en particulier sur la durée des cotisations, le PCF s’opposant à un allongement auquel Martine Aubry s’est redite favorable, hier, sur France Inter. Sébastien Crépel

http://www.humanite.fr/node/453614

 

*) Aubry : une République "attaquée dans ses fondements"

Face à une République "attaquée dans ses fondements", Martine Aubry, en éventuelle présidentiable, a opposé mercredi à Pau devant les parlementaires socialistes "sérénité" et "dignité", et donné une feuille de route pour 2012.

Dans un discours de près d'une heure, la première secrétaire du Parti socialiste a décliné en leitmotiv "La République attaquée dans ses fondements", des institutions au fonctionnement du pouvoir, clôturant les Journées des parlementaires PS devant quelque 400 d'entre eux réunis mardi et mercredi. Citant Mendès-France, Jaurès ou Fernand Braudel, elle fait valoir que "le gouvernement ne respecte même plus ce qui est notre patrimoine commun de la République".

Utilisant à l'envi les mots "gravité", "sérieux", Mme Aubry lance: "Face au désordre provoqué par Nicolas Sarkozy, les Français sont désorientés". A l'appui, elle évoque même les "prédécesseurs de M. Sarkozy" qui "ont incarné avec dignité" leurs fonctions. Citant De Gaulle pour "la fin des guerres coloniales", "l'ambition industrielle pour Pompidou, le refus de la guerre en Irak pour Jacques Chirac", elle assène: "Que restera-t-il de Nicolas Sarkozy  On peut se le demander". Pour la patronne du PS, "la République est attaquée quand on remet en cause l'égalité devant la loi". Elle explique, très applaudie, que si les Roms ont commis "des actes illégaux" "ils doivent être sanctionnés parce qu'ils sont illégaux et non parce qu'ils sont Roms". Avec l'arrêt des débats à l'Assemblée sur les retraites "on s'est assis sur la République", a-t-elle jugé, interrogeant : "Comment être crédible à New York en demandant une taxation des transactions financières quand on refuse la taxation des bonus et des stocks-options ?" Face aux "provocations", "contrevérités", la chef de l'opposition répond: "notre devoir est d'être un pôle de stabilité. Nous devons incarner la sérénité et la confiance". "Nous ne devons pas nous laisser aller dans les provocations", "nous devons prendre de la hauteur pour être le parti de propositions, le parti qui ramène la confiance", a assuré la maire de Lille, s'inscrivant en faux contre la droite qui accuse les socialistes de ne pas avoir de programme. Voulant "construire une nouvelle République", "une autre France", Mme Aubry a décliné un éventail de propositions, notamment sur les institutions en rétablissant "la séparation des pouvoirs" et permettant "au Parlement de jouer pleinement son rôle". Pour l'Assemblée nationale elle a souhaité une meilleure "représentativité par la limitation du cumul des mandats" et "l'instauration d'une dose de proportionnelle", pour le Sénat une "refonte du collège électoral". Le Premier ministre doit rejouer son "plein rôle de chef de la majorité" et le président être le "garant des institutions et porteur des intérêts de la France". Martine Aubry a balayé large, de la justice, en plaidant pour le "maintien des juges d'instruction", l'"indépendance des parquets", à une "grande loi sur la liberté de la presse" en 2012, en passant par "un acte III de la décentralisation qui dotera la France de grandes régions, de grandes métropoles". Elle a promis l'annulation en 2012 de la réforme collectivités territoriales actuellement en débat. Redemandant la suppression du bouclier fiscal "irresponsable", elle a proposé de "baisser significativement le plafond des niches fiscales", de "rétablir l'égalité devant l'impôt des sociétés, notamment pour les PME et le remboursement de TVA de 200 euros pour les 16 millions de ménages modestes "pour relancer la consommation".

http://www.humanite.fr/node/454030

 

*) Benoît Hamon : « Cimenter le paysage à gauche »

Porte-parole du PS, Benoît Hamon tire les enseignements de l’université d’été de son courant, "Un monde d’avance", qui s’est déroulée  en présence  des autres partis de gauche.

--- Quel est le sens de l’invitation lancée à toutes les formations de gauche à une université d’été qui reste celle d’un courant du PS ?

- Benoît Hamon. ll s’agit de contribuer au rassemblement de la gauche, de densifier et d’intensifier l’unité dans une période de combat frontal avec la droite sur la question des retraites. Mais aussi dans la perspective des discussions préparatoires au contrat de gouvernement commun à toute la gauche en 2012. Depuis quelques mois, les occasions de rencontres se multiplient, la dernière en date était la Fête de l’Humanité. La question est de savoir si l’on s’en tient à des mobilisations communes à toute la gauche en résistance à l’offensive de la droite. Ou bien si l’on bascule vers l’élaboration de solutions communes à la crise dans l’hypothèse où, demain, nous nous retrouverions associés pour le redressement de la France.

--- Lors du congrès de Reims, votre motion indiquait que les divergences idéologiques pouvaient s’estomper pour aboutir à la réunification de toutes les composantes de la gauche. N’est-ce pas aller un peu vite en besogne ?

- Benoît Hamon. Tout le monde n’est pas forcément d’accord. Cela dit, une fois sorti des effets de manches, on constate que sur les politiques éducatives, sociales, fiscales et d’emploi, la relation à la construction européenne, le rôle de l’État, les restrictions au libre-échange, nos solutions convergent plus souvent qu’elles ne divergent, même si des nuances existent. Je retiens des prises de parole des dirigeants de la gauche que les raisons de se mettre autour d’une table pour discuter des conditions d’un rassemblement sont de plus en plus nombreuses. Pas simplement parce que l’on se retrouve dans l’antisarkozysme, mais bien parce que nous partageons un diagnostic semblable de la situation.

--- L’idée n’est donc pas de s’entendre sur le plus petit dénominateur commun…

- Benoît Hamon. Je crois qu’il existe beaucoup de surenchère du côté socialiste comme du côté de l’autre gauche, pour dire que nos projets ne seraient pas conciliables et montrer qu’il y aurait deux gauches. En vérité, ces postures sont souvent le fait de stratégies individuelles et présidentielles. Le poison de la vie politique française reste l’élection du président de la République au suffrage universel direct, qui conduit à morceler le paysage à gauche plutôt qu’à le cimenter.

--- S’agissant du combat sur les retraites, vous déclarez que votre objectif n’était pas de maintenir un droit factice. Qu’entendez-vous par-là ?

- Benoît Hamon. Si, aujourd’hui, ce droit à la retraite à soixante ans était maintenu sans pouvoir garantir un niveau de pension décent, je pense qu’il s’agirait d’un droit factice.

--- Pas de nuances, donc, entre votre positionnement et celui du PS ?

- Benoît Hamon. La réforme des retraites exige une remise à plat du projet gouvernemental et son retrait, pour la simple raison que cette réforme, déterminante pour notre contrat social, n’a fait l’objet d’aucune négociation. C’est pour cela que le PS soumettra son projet non seulement à la consultation, mais également à la négociation avec les partenaires sociaux et ses partenaires politiques. Nous n’avons jamais dit que notre projet n’était ni discutable ni amendable. La démarche du PS est ouverte. Entretien réalisé par  Lina Sankari

http://www.humanite.fr/node/453887

 

*) Les Verts parient sur leur métamorphose

Dernière réunion nationale des Verts avant leur fusion avec Europe Écologie en novembre.

C’est la fin des Verts… ou presque. Ce week-end se tenait à Paris leur dernier conseil national interrégional (Cnir) avant la fusion avec Europe Écologie les 13 et 14 novembre prochain à Lyon, lors des Assises de l’écologie. Après le succès de leur alliance avec Europe Écologie aux élections européennes de juin 2009 puis à celles des régionales 2010, les Verts veulent, comme le déclare leur secrétaire nationale, Cécile Duflot, « construire un outil qui nous permettra d’aller à la conquête des responsabilités » et « pourquoi pas devenir majoritaire ». Si la volonté de poursuivre cette démarche de rassemblement, payante pour l’heure au plan électoral, est très largement majoritaire chez les militants, les questions de savoir quel type de direction et surtout, sur quelle ligne politique, à gauche ou au centre gauche, devra avoir cette nouvelle formation, qui pourrait porter le nom de Rassemblement écologiste, sont loin d’être définitivement tranchées. On sait la volonté de Daniel Cohn-Bendit, même s’il ne « réclame aucun poste », de peser sur les orientations du futur mouvement en faveur d’une ouverture vers le centre afin, avec Eva Joly, la candidate de son choix pour les présidentielles de 2012, de faire le meilleur score possible.

Pour les Verts, créés en 1984, une histoire se termine. Max Staat

http://www.humanite.fr/node/453802

 

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         &         Enseignement Supérieur et Recherche                  &

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*) [JEUNESSE MOBILISEE] Compte-rendu de la mobilisation sur les retraites au sein de l'IEP Bordeaux le 6 Octobre !

Aujourd'hui se tenaient les premières Assemblées générales du Collectif "les retraites, une affaire de jeunes !". L'une d'elles s'adressait aux étudiants de l'Institut d'études Politiques de Bordeaux. Les étudiants curieux, venus en nombres, ont pu s'informer et débattre de la réforme actuelle du gouvernement et du sens à donner à la mobilisation des jeunes.  A la quasi-unanimité, les étudiants de l'IEP se sont prononcés pour leur participation au mouvement de contestation de la réforme actuelle, et pour un appel des étudiants de l'IEP à la mobilisation lors de la prochaine manifestation du 12 octobre prochain. L'AG s'est tenue en présence d'élèves et de professeurs, animée par des représentants de l'UNEF, du MJS et de l'UEC au nom du collectif. Elle sera suivie d'autres débats et conférences sur la question, animés par des économistes reconnus.

Les étudiants sont donc revenus sur les questions que pose la mobilisation actuelle, notamment pour tordre le cou aux idées reçues.

* L'allongement de la durée de cotisation n'est pas une fatalité et surtout pas la seule solution !

Un tel allongement mène avant tout à la baisse du niveau des pensions de retraite. Selon le conseil d’orientation des retraites, les réformes de 1993 feront diminuer à 59% du salaire moyen la retraite nette moyenne en 2030. le niveau des retraites était de 78% en 1993.

* On nous dit que financer la retraite à 60 ans serait impossible du fait de l'allongement de la durée de la vie : c'est faux !

L’espérance vie augmente certes, 77 ans pour les hommes, 84 ans pour les femmes. Mais l’espérance de vie en bonne santé n’est que de 62 ans en France selon l'INSEE.

* Le débat actuel ne doit pas être absorbé par les seuls arguments démographiques !

La France est un pays qui s’enrichit tous les ans, la productivité des salariés fcs est une des meilleures d’Europe, le problème c’est surtout que les richesses produites se vont pour partie pas aux salariés, et donc pas dans les caisses de l’Etat. Même en période de crise, le CAC 40 annonce des bénéfices vertigineux !

--- Dans ce contexte, les membres du collectif jeunes proposent :

* Trouver de nouvelles sources de recettes en élargissant les revenus assujettis aux cotisations patronales et sociales, aux stocks options, supprimer les niches fiscales et taxer les mouvements de capitaux pour mettre tous les revenus à contribution ;

* Une politique volontariste de l'emploi en France : il faut favoriser l’emploi en France, et augmenter les salaires pour augmenter les cotisations sociales et réduire la précarité ;

* Supprimer les exonérations de cotisations patronales;

* Prendre en compte les années de formation et d'études dans le calcul des annuités ;

* C’est donc en tant que jeunes que nous défendons le droit pour toutes et tous à une retraite de haut niveau à 60 ans, et financée par répartition.

Les étudiants de l'IEP de Bordeaux appellent le gouvernement à écouter la voix des jeunes dans leur ensemble, car nous serons les cotisants de demain ! 

Une autre réforme est possible et surtout nécessaire !

Cordialement, Les représentants du Collectif Jeunes à l'AG de l'IEP aujourd'hui

Juliette 06.59.93.33.88, Paul 06.43.87.02.33 et Paul 06.43.90.25.66

MJS, UNEF, UEC, JC, LMDE, CGT jeunes, UNL, NPA, Sud étudiants, USEB

-From : julietteperchepied@hotmail.fr

 

*) Réforme des retraites : les lycéens s'en mêlent

Les élèves ont bloqué hier partiellement le lycée Pré-de-Cordy. Ils devraient manifester ce matin et rallier le mouvement national mardi 12 octobre.  D'impressionnantes barricades, bloquant l'entrée principale au lycée, ont été dressées à l'aube hier matin.  Au lycée Pré-de-Cordy, à peine la contestation a-t-elle le temps de s'éveiller que le décorum est déjà en place. Aucun mouvement social ne semble possible sans barricades dignes des plus grandes rébellions estudiantines.  Hier à l'aube, un impressionnant monticule de palettes industrielles en bois a été dressé pour obstruer l'entrée principale de l'établissement. Du pneu déchiqueté à la vieille machine à laver déglinguée : aucun accessoire n'était laissé au hasard pour matérialiser ce nouveau vent de colère que les élèves disent à peine naissant.  Ivresse de la subversion ou véritable motivation ? Dans leur bouche, du moins, la grogne est réelle. Et le motif de leur courroux, bien identifié. Le projet de réforme des retraites a été, selon eux, bâclé. « Il a été pondu en quatre mois alors que la Suède a mis une dizaine d'années à élaborer le sien », note Louis, l'un des leaders du mouvement, invité hier soir à la réunion de l'intersyndicale sarladaise.

--- « Notre avenir »

Selon le proviseur, Marcel Ulrich, près de 250 élèves ne se sont pas rendus en cours hier matin. « Certains diront sûrement que cette réforme ne nous concerne pas directement, que tout cela est trop lointain, mais c'est bien notre avenir qui se joue et personne ne se préoccupe de notre avis », rage l'un des protestataires, parmi le noyau dur des convaincus qui se sont évaporés après l'euphorie du blocus (environ une soixantaine).  Leur crainte ? Voir le taux de chômage des jeunes, déjà touchés par la crise, grimper. Leur revendication ? « La prise en compte de la durée des études supérieures dans le calcul de la cotisation » et de façon générale, une réforme plus juste. « En moyenne, nous aurons notre premier revenu stable vers 27 ans : ce qui voudrait dire que l'on partirait à la retraite à plus de 68 ans … » Inconcevable pour Guillaume, 16 ans, féru d'économie.  De l'autre côté des barricades, dans la salle des professeurs, des enseignants étaient plutôt agréablement surpris de voir des jeunes qui « s'informent, s'interrogent et réagissent », tout en se demandant s'il n'aurait pas été préférable de débuter ce mouvement lycéen mardi 12 octobre. Comme le feront vraisemblablement les étudiants du supérieur qui devraient voter ce jour-là la grève des universités.  Après avoir bloqué partiellement le lycée hier, les élèves de Pré-de-Cordy devraient se rassembler ce matin, à la descente des bus.

--- Utilité de la grève ?

Si l'émulation est au rendez-vous, ils manifesteront dans la foulée en centre-ville, à l'instar de leurs homologues de Périgueux et Bergerac, hier. Mardi, ils rallieront le mouvement national de contestation et le cortège qui partira de la place de la Grande-Rigaudie.  Le blocus devrait rester en place. « Si les barricades sont démontées, nous les remonterons. On a toujours de la force pour le combat », confie un lycéen de la filière économie. « On est tous motivés, on se sent tous concernés par cette réforme et dans ce cortège, on ne veut pas de personnes qui ne sachent pas pourquoi elles sont là. »  Un prof de maths, « résigné » et franchement perplexe quant à l'utilité d'une grève aujourd'hui, croit en la fougue de ces jeunes contestataires. « Les élèves n'ont pas la même retenue que les professeurs qui manifestent gentiment dans la rue. Peut-être que leurs voix seront plus entendues. »

http://www.sudouest.fr/2010/10/08/reforme-des-retraites-les-lyceens-s-en-melent-206754-1980.php

 

*) Pour CONTINUER et ELARGIR l’ACTION ! Pour faire céder le Gouvernement !  Tous dans l’action, Tous en grève le Mardi 12 Octobre. Manifestation : 11h Place de la Victoire à  Bordeaux et Assemblée Générale Le MERCREDI 13 OCTOBRE à 12h30 Amphi. 12 à Carreire pour examiner les suites éventuelles à donner au mouvement sur l’Université - Le même jour, les étudiants appellent à une Assemblée Générale à la Victoire Amphi BROCA 2 à 12h30

Appel intersyndical des syndicats présents à l’Université Victor Segalen Bx2 : FERC Sup CGT - SNPREES FO – SNESUP FSU - SNCS FSU - SGEN CFDT - UNSA - SUD Etudiants

Le 7 et le 23 septembre, des millions de salariés  étaient en grève. La mobilisation et la participation s’est élargie le Samedi 2 Octobre.  A l’arrivée c’est prés de 10 millions de personnes qui ont participé à un moment ou à un autre aux manifestations, et aux grèves, exprimant ainsi leur refus du projet gouvernemental contre notre système de retraites, et leur souhait d’une réforme juste, respectant le droit à la retraite à 60 ans à taux plein. Alors que 63% des français soutiennent les manifestations, que 63% d’entres eux sont  favorables à l’ouverture d’un grand débat national et 70% sont contre le projet de réforme du gouvernement, ce dernier persiste et signe. Cette attitude est inacceptable.

--- Le gouvernement persiste à vouloir imposer le passage de l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans et de 65 à 67 ans pour avoir droit à une retraite sans pénalité,  l’allongement de la durée de cotisations, et pour les fonctionnaires : l’augmentation du taux de cotisation de 7,85% à 10,55% étalée sur 10 ans, soit une perte de salaire d’environ 3% à terme, la liquidation du dispositif de départ anticipé pour les parents de 3 enfants ayant 15 ans de service à compter de 2016, une mesure qui frappe particulièrement les mères de famille), la suppression de la garantie du minimum de pension des fonctionnaires  (sauf pour les agents  ayant tous leurs trimestres ou atteignant 67 ans) Cette décision frappe durement les pensions les plus faibles.

--- Travailler 2 ans de plus, c’est augmenter le nombre de chômeurs de 1,4 millions ! Si les parents travaillent plus longtemps, les enfants chôment plus longtemps, et 1 million de chômeurs en plus, c’est 5 milliards de moins dans les caisses de retraite !

--- Reculer à 67 ans l’âge pour avoir droit à une retraite sans pénalités, c’est pénaliser encore plus les femmes et ceux qui ont une carrière incomplète notamment les jeunes diplômés qui entrent de plus en plus tard dans la vie active comme c’est le cas à l’Université, au CNRS, à l’INSERM,…

--- Augmenter les cotisations des fonctionnaires alors que les salaires sont gelés, c’est faire le choix d’une baisse directe de leur pouvoir d’achat

--- Pour tenter de justifier  sa « réforme » le gouvernement  prétend que notre système de retraite est déficitaire  de 11 milliards  d’euros pour le régime général, mais… de 1980 à 2006,  les cotisations patronales, hors exonérations,  sont passées de 34,62% à 30, 38% : une baisse de 4,24 points (17 milliards d’euros), les exonérations de cotisations patronales représentent,  pour la seule année 2010,  29,8 milliards d’euros ! 1% d’augmentation des salaires ce serait 1,95 milliard d’euros dans les caisses ! Quant aux retraites des fonctionnaires, faut-il rappeler  que pour les pensions civiles et militaires, il n’y a pas de caisse de retraite : il ne peut donc pas y avoir de déficit ! 

Nous considérons que c’est par la grève interprofessionnelle (public-privé) pour le retrait du projet gouvernemental qu’il est possible de faire reculer le gouvernement, pour refuser  ce recul social sans précédent, refuser ce nouvel allongement de la durée de cotisations, pour le maintien de l’âge légal de départ à 60 ans, pour le maintien du code des pensions civiles et militaires, de toutes les garanties et du calcul sur les 6 derniers mois, pour une réforme juste qui passe d’abord par le retrait du projet actuel :  Nous appelons l’ensemble des personnels et les étudiants de l’Université à la grève le Mardi 12 Octobre. Ni amendable, Ni négociable ! RETRAIT !

==è MANIFESTATION, Départ : Place de la Victoire à 11h30 précise. Parcours : Victoire, Aristide Briand, Albret, Nancel Penard, Gambetta, Clémenceau, Tourny, Esprit des Lois, Place de la Bourse. Ordre de la manif : SOLIDAIRES, FSU, CGT, CFDT, CGC, CFTC, UNSA, FO

-From : <Dominique.belougne@isped.u-bordeaux2.fr>

 

*) Les étudiants, en première ligne le 12 Octobre ?

Le recul de l’âge de la retraite empêcherait davantage les jeunes et les étudiants d’entrer sur le marché du travail.

Le collectif La retraite, une affaire de jeunes a bien compris que la réforme des retraites impactera « méchamment » la jeunesse. Parce que la politique des retraites est aussi celle de l’emploi, un marché « ravagé », estime le collectif. « C’est l’emploi qui fait vivre le système de retraites par répartition », lance Marion Guénot, responsable nationale de l’Union des étudiants communistes (UEC). Et puisque l’âge moyen d’accès à un emploi stable est de vingt-sept ans, « à 67 ans on travaillera toujours, ou alors on aura choisi de s’arrêter avec un niveau de pension très faible ». Pour l’Unef, également dans le collectif, « le report à 62 ans de l’âge légal de départ en retraite va accentuer le chômage des jeunes. En tentant de maintenir au travail deux ans de plus les salariés déjà en place, c’est près d’un million d’emplois qui ne seront pas libérés ». Les dix-neuf associations, syndicats et organisations de jeunesse qui composent le collectif demandent donc à ce que les années d’étude soient prises en compte dans le calcul des annuités, et la validation des périodes d’inactivité forcée (stages, insertion, emplois précaires, etc.). L’UEC émet un souhait supplémentaire : la mise en place d’un « statut du jeune travailleur en formation ». Pour l’instant, la revendication n’est pas unanime, mais l’Unef partage le constat : « Par nos études et nos qualifications, nous participons à l’effort de production de richesse, nous devrions accepter le chômage en début de carrière, et nous n’aurions aucun droit à la retraite future  ?» La réforme « pousse à la capitalisation », mais dans les conditions de précarité dans lesquelles se trouvent les étudiants (un sur deux travaille déjà pour financer ses études), « on voit mal où trouver plus d’argent », se disent les étudiants. Dans les universités, la prise de conscience de cette injustice générationnelle commence à mobiliser « l’armée de réserve du salariat que le patronat voudrait nous voir devenir », lâche Marion Guénot, depuis la fac de Créteil, où elle menait campagne hier. Les organisations étudiantes jouent leur rôle de relais : 50 000 affiches, 300 000 tracts doivent être distribués par l’Unef, et les universités d’Angers, Bordeaux, ou Montpellier ont déjà tenu des assemblées générales pour préparer la mobilisation du 12 octobre. Voire au-delà : SUD étudiant appelle déjà à « construire un mouvement d’envergure » après cette journée. Grégory Marin

http://www.humanite.fr/06_10_2010-les-%C3%A9tudiants-en-premi%C3%A8re-ligne-le-12%E2%80%89-455244

 

*) Bordeaux : Les facs vont-elles bouger ?

Le président de l'Unef appelle les étudiants à se mobiliser « aux côtés des salariés ». Entretien avec Jean-Baptiste Prévost, Président de l’UNEF.  Hier, assemblée générale à Bordeaux 4 : « Mobilisation en phase ascendante ».

--- « Sud Ouest ». Pourquoi l'Unef a-t-elle appelé les étudiants à manifester mardi contre la réforme des retraites ?

- Jean-Baptiste Prévost. La réforme qui reporte l'âge légal de la retraite à 62 ans ferme un peu plus les portes de l'emploi pour les jeunes et elle contribue un peu plus à accroître leurs difficultés d'insertion, pas dans quarante ans, mais dans deux à trois ans. Ce sont un million d'emplois qui ne seront pas libérés sur le marché du travail d'ici à 2016. C'est donc une dégradation des difficultés d'insertion sur le marché du travail qui se profile. De plus, cette réforme, qui ne prend pas en compte l'allongement de la durée des études et les périodes de précarité et de chômage, prive un peu plus les jeunes d'aujourd'hui de leur droit futur à une retraite financée par la solidarité.

--- C'est donc une préoccupation immédiate ?

Le message que le gouvernement envoie aux jeunes, c'est « travaillez plus longtemps, travaillez plus dur, restez pauvres et excusez-nous pour le chômage ». Ce n'est pas une perspective d'avenir. La réforme va pénaliser les jeunes dès l'entrée sur le marché du travail, alors qu'ils ont été en première ligne de la crise économique.

--- Beaucoup de jeunes étudiants ne se disent-il pas qu'ils devront épargner pour leur retraite ?

C'est justement à quoi pousse insidieusement cette réforme, ainsi d'ailleurs que celles qui l'ont précédée. C'est une curieuse conception du progrès de la civilisation de considérer qu'un allongement de l'espérance de vie doit automatiquement se traduire par l'allongement du temps passé au travail. Si les jeunes sont contraints à la capitalisation, ils ne le souhaitent pas parce que, tout simplement, ils n'auront pas les moyens de mettre de l'argent de côté. Déjà, ils n'ont pas les moyens de rembourser les prêts quand ils font des études !

--- L'Unef appelle à manifester. Cela peut-il aller jusqu'à un appel à la grève des étudiants ?

À ce stade, rien n'est exclu. Nous appelons les étudiants à se mobiliser aux côtés des salariés, nous devons participer encore plus massivement aux manifestations, quelque chose est en train de naître dans la jeunesse. Se mobiliser, cela veut dire se réunir en assemblée, voter la grève lorsque les AG sont représentatives et significatives.

--- Vous appelez donc à la grève à partir de mardi ?

Nous appellerons les étudiants à cesser les cours, à participer massivement aux AG et à se rendre aux manifestations. Le cas échéant, nous les appelons à voter la grève dans les universités, sachant que nous participons clairement à une mobilisation dans la durée aux côtés des salariés. Nous sommes encore dans une phase ascendante, parce que nous sommes entrés plus tard dans la bataille à cause du calendrier de la rentrée, peu propice à la mobilisation en septembre.

--- Cela vous rappelle la mobilisation contre le CPE en 2006 ?

Nous tenons compte de ce qui s'est passé il y a quatre ans. La jonction entre les jeunes et les salariés a permis de marquer des points dans l'opinion. C'est ce que nous visons aujourd'hui de la même manière.

http://www.sudouest.fr/2010/10/08/les-facs-vont-elles-bouger-206621-4768.php

 

*) [SNCS-FSU] Prime au mérite : les chercheurs n’en veulent pas !

SNCS-HEBDO 10 n°15 du 7 octobre 2010 : http://www.sncs.fr/article.php3?id_article=2541

Le SNCS a largement contribué à dénoncer les vices cachés de la prétendue prime au mérite, dite « Prime d’excellence scientifique » ou « PES ». Les chiffres des candidatures à la PES dans tous les organismes de recherche montrent que les candidats ne se bousculent pas au portillon. Ils prouvent ce que les chercheurs avaient dit d’emblée : la communauté scientifique veut des salaires et des carrières, pas des primes individuelles !

Patrick Monfort, secrétaire général du SNCS-FSU

Les EPST ont reçu les dossiers de candidatures à la PES 2010 et doivent sélectionner les primés. Rappelons que le ministère a fixé à 20 % le taux de lauréats de la PES. Ce chiffre doit être atteint en 4 ans, les primes étant elles-mêmes attribuées pour 4 ans. Ce qui signifie que chaque EPST doit, en moyenne, attribuer la prime à 5 % de ses chercheurs chaque année. En 2009, le CNRS (11 500 chercheurs) a attribué automatiquement 460 primes aux chercheurs sur la base de certains prix scientifiques, soit 4 % des chercheurs. Cette année, le CNRS a lancé un appel à candidatures auquel 2 112 chercheurs ont répondu. Ce chiffre sonne le glas de la PES. La ministre voulait une sélection drastique et une compétition acharnée entre chercheurs : elle n’aura ni l’une ni l’autre. La sélection féroce qui aurait dû accompagner l’attribution de cette prime élitiste tourne déjà, quant à elle, en eau de boudin. Comment attribuera-t-on de façon sélective 2 300 primes (à terme) au CNRS alors que ne se présentent déjà plus pour l’obtenir que 2 112 candidats ? En fait de sélection, on donnera juste un coup de tampon au dossier de ceux qui auront rempli les bonnes cases ! Faut-il croire, en outre, que seuls les 18,3 % des chercheurs du CNRS candidats à la PES se considèrent comme « excellents » ? Le pourcentage est dérisoire au regard de l’importance de la production scientifique du CNRS, obtenue grâce au talent de ses chercheurs : le CNRS se classe à la première place mondiale dans le classement Scimago 2007. La perversion du salaire au mérite s’illustre de façon encore plus criante dans l’hétérogénéité de la répartition des candidatures, par sections du Comité national. 11 % des chercheurs en SHS ont répondu à l’appel. Les mathématiques sont à 24 %, la physique, la chimie et les sciences de l’univers, à 20 %. Le chiffre est de 28 % en informatique, 23 % en ingénierie, toujours pas assez pour faire croire à un afflux de candidatures. Il stagne à 16 % en biologie et à 15 % dans les sciences de l’environnement. Le taux de candidature des femmes est très inférieur à celui des hommes : 473 candidates pour 1 639 candidats ! Soit 22 % de femmes parmi les candidats à la PES, alors que les femmes représentent 32 % du nombre total des chercheurs au CNRS. Du reste, les secteurs disciplinaires où les candidatures sont les plus faibles sont ceux de la biologie et des SHS, qui ont les plus forts pourcentages de femmes. Qu’en pense Madame la Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ? La situation dans les autres organismes de recherche va dans le même sens. À l’INSERM (2 196 chercheurs), 40 PES ont été attribuées en 2009 sur la base de prix scientifiques (soit 1,8 % des chercheurs). Seulement 10 % des chercheurs ont répondu à l’appel à candidatures. Il sera là aussi difficile d’atteindre les 5 % annuels de PES (110), sauf à attribuer la PES à 50 % des candidats. À l’INRA (1 807 chercheurs), 15 % de candidats (pas de PES attribuées en 2009). À l’INRIA (577 chercheurs), 19 % de candidats. Les chiffres de l’IRD deviennent ridicules au regard de cette politique dite d’excellence. En 2009, 63 candidatures pour 830 chercheurs (7,5 %), et 44 PES attribuées. Ainsi l’IRD remplit son quota annuel avec 5,3 % de PES attribuées mais un taux de réussite de 70 % ! En 2010, avec seulement 17 candidatures, l’IRD ne pourra pas atteindre son quota annuel même avec 100 % de primes attribuées ! On peut en rire ! Un si faible pourcentage de chercheurs candidats à la PES dans l’ensemble des organismes de recherche reflète la réaction de la communauté scientifique, qui a largement fait savoir, par des prises de position collectives ou individuelles, qu’elle rejetait cette prime. Parmi ceux qui l’ont demandée, un très grand nombre aurait certainement préféré une promotion. Il est temps d’arrêter la politique absurde de la PES. Les chercheurs n’ont pas besoin de salaire au mérite pour faire leur métier. Ils l’ont dit, ils le montrent malgré la stagnation de leurs carrières. Les directions des organismes doivent agir. Il n’y a aucune obligation à utiliser entièrement les budgets consacrés à la PES : le ministère l’avait confirmé. Le SNCS demande que ce budget soit redirigé vers une augmentation du nombre de promotions. Nous voulons du pain, pas de la brioche !

-From : <sncs@cnrs-bellevue.fr>

 

*) Réforme des retraites : les lycéens s'en mêlent

Les élèves ont bloqué hier partiellement le lycée Pré-de-Cordy. Ils devraient manifester ce matin et rallier le mouvement national mardi 12 octobre.  D'impressionnantes barricades, bloquant l'entrée principale au lycée, ont été dressées à l'aube hier matin.  Au lycée Pré-de-Cordy, à peine la contestation a-t-elle le temps de s'éveiller que le décorum est déjà en place. Aucun mouvement social ne semble possible sans barricades dignes des plus grandes rébellions estudiantines.  Hier à l'aube, un impressionnant monticule de palettes industrielles en bois a été dressé pour obstruer l'entrée principale de l'établissement. Du pneu déchiqueté à la vieille machine à laver déglinguée : aucun accessoire n'était laissé au hasard pour matérialiser ce nouveau vent de colère que les élèves disent à peine naissant.  Ivresse de la subversion ou véritable motivation ? Dans leur bouche, du moins, la grogne est réelle. Et le motif de leur courroux, bien identifié. Le projet de réforme des retraites a été, selon eux, bâclé. « Il a été pondu en quatre mois alors que la Suède a mis une dizaine d'années à élaborer le sien », note Louis, l'un des leaders du mouvement, invité hier soir à la réunion de l'intersyndicale sarladaise.

--- « Notre avenir »

Selon le proviseur, Marcel Ulrich, près de 250 élèves ne se sont pas rendus en cours hier matin. « Certains diront sûrement que cette réforme ne nous concerne pas directement, que tout cela est trop lointain, mais c'est bien notre avenir qui se joue et personne ne se préoccupe de notre avis », rage l'un des protestataires, parmi le noyau dur des convaincus qui se sont évaporés après l'euphorie du blocus (environ une soixantaine).  Leur crainte ? Voir le taux de chômage des jeunes, déjà touchés par la crise, grimper. Leur revendication ? « La prise en compte de la durée des études supérieures dans le calcul de la cotisation » et de façon générale, une réforme plus juste. « En moyenne, nous aurons notre premier revenu stable vers 27 ans : ce qui voudrait dire que l'on partirait à la retraite à plus de 68 ans … » Inconcevable pour Guillaume, 16 ans, féru d'économie.  De l'autre côté des barricades, dans la salle des professeurs, des enseignants étaient plutôt agréablement surpris de voir des jeunes qui « s'informent, s'interrogent et réagissent », tout en se demandant s'il n'aurait pas été préférable de débuter ce mouvement lycéen mardi 12 octobre. Comme le feront vraisemblablement les étudiants du supérieur qui devraient voter ce jour-là la grève des universités.  Après avoir bloqué partiellement le lycée hier, les élèves de Pré-de-Cordy devraient se rassembler ce matin, à la descente des bus.

--- Utilité de la grève ?

Si l'émulation est au rendez-vous, ils manifesteront dans la foulée en centre-ville, à l'instar de leurs homologues de Périgueux et Bergerac, hier. Mardi, ils rallieront le mouvement national de contestation et le cortège qui partira de la place de la Grande-Rigaudie.  Le blocus devrait rester en place. « Si les barricades sont démontées, nous les remonterons. On a toujours de la force pour le combat », confie un lycéen de la filière économie. « On est tous motivés, on se sent tous concernés par cette réforme et dans ce cortège, on ne veut pas de personnes qui ne sachent pas pourquoi elles sont là. »  Un prof de maths, « résigné » et franchement perplexe quant à l'utilité d'une grève aujourd'hui, croit en la fougue de ces jeunes contestataires. « Les élèves n'ont pas la même retenue que les professeurs qui manifestent gentiment dans la rue. Peut-être que leurs voix seront plus entendues. »

http://www.sudouest.fr/2010/10/08/reforme-des-retraites-les-lyceens-s-en-melent-206754-1980.php

 

*) Des centaines de lycéens manifestent en Basse-Normandie

Caen et Cherbourg étaient les têtes de pont de la contestation lycéenne  en Basse-Normandie contre le projet gouvernemental de réforme des retraites, avec également des rassemblements à Lisieux. A Caen, des centaines de lycéens - 500, selon la police - manifestaient au pas de course de lycée en lycée, sans banderoles, sans slogans et sans référence à un syndicat ou un parti. "Mardi, on manifestera avec tous les travailleurs", ajoute un lycéen interogé par l'AFP. Les grilles du rectorat était fermée comme l'entrée principale de plusieurs lycées où les cours avaient lieu, mais avec parfois des effectifs "nettement inférieurs" aux effectifs habituels. Selon la police et les gendarmes des manifestations de moindre ampleur (avec parfois des rassemblements d'une trentaine de jeunes selon les gendarmes) ont également eu lieu à Dives-sur-Mer, Vire ou Falaise.500 lycéens manifestent à Périgueux. Quelque 500 lycéens de plusieurs établissements, selon la police, se sont rassemblés puis ont manifesté jeudi matin à Périgueux pour protester contre la réforme des retraites. D'abord rassemblés devant le palais de justice, les jeunes en cortège ont pris la direction d'un parc près de la préfecture pour y pique-niquer. Un autre rassemblement en Dordogne pour les mêmes raisons avait eu lieu en début de matinée devant le lycée Arnaut Daniel (1.100 élèves avec le collège) de Ribérac. Une centaine de jeunes ont refusé d'entrer dans l'établissement mais n'en ont pas bloqué son accès, laissant passer leurs camarades qui souhaitaient aller en cours. Le 1er octobre, l'UNL, première organisation lycéenne, avait indiqué lors de sa conférence de presse de rentrée que la mobilisation des lycéens contre la réforme des retraites était ascendante et ne ferait que grossir dans les semaines qui viennent. http://www.humanite.fr/07_10_2010-des-centaines-de-lyc%C3%A9ens-manifestent-en-basse-normandie-455269

 

*) « Qu’est-ce qu’être étudiant ? »  Par Maurice Ulrich

Qu’est-ce qu’être étudiant en France en 2010 ? C’est sans doute avoir des projets plein la tête et une belle rage de vivre. C’est aussi le temps d’apprendre à ramer. La moitié seulement d’entre eux sont intégralement financés par leur famille. Pour les autres, le système D est de rigueur, qui s’appelle « petits boulots ». Nombre d’entreprises savent en jouer. Mais ce n’est pas un jeu. La question du logement est au centre de toutes les rentrées universitaires. Un étudiant vivant chez ses parents ou hébergé aura besoin de 300 euros par mois. Ce sera 700 euros s’il doit payer un logement. Ils sont 60 % dans ce cas. En région parisienne, la note va être à la hauteur du Smic. C’est dire que la question des « petits boulots » n’est pas de confort mais de nécessité et qu’il s’agit,  dans nombre de cas, du besoin d’un «vrai» boulot. L’impact de cette situation sur les études et la réussite est massif. Les enfants d’ouvriers, qui n’ont pas disparu en France faut-il le préciser, représentent 32% de la population jeune. Les enfants  de cadres supérieurs, 12 %. En troisième cycle du supérieur, les enfants de cadres sup représentent 37% du total et les enfants d’ouvriers moins de 5 %.  Les questions matérielles sont déterminantes mais pas seulement. On sait ce qu’il en est de la reproduction culturelle des « élites ». Mais être étudiant aujourd’hui, c’est aussi s’interroger sur l’avenir, la finalité des études. Plus de 40 % des étudiants pensent, après une première année, avoir été mal orientés. Près de 20 % ont une vision négative de l’avenir. Ce n’est pas sans lien avec la situation faite aujourd’hui aux universités et aux universités dans la crise. Dans tous les pays développés une même logique est à l’œuvre, qui passe en Europe par le processus dit  de Bologne, initié par l’UE et dont la loi sur l’autonomie  des universités est en France l’un des piliers. L’enjeu,  c’est la soumission de l’enseignement supérieur au marché, avec la mise en concurrence des universités entre elles, avec des diplômes permettant de se vendre – et d’autant plus reconnus que l’université sera « performante » –, avec des droits d’inscription à la clé amenant étudiants et familles  à s’endetter avec un pari sur l’avenir. Il reste peu de place dans ce schéma pour l’esprit critique qui passe, à l’Université, par les sciences humaines dont on fait désormais bon marché. Nicolas Sarkozy a beau faire le cinéphile, comme mardi dernier, dans un lycée de l’Essonne, la politique de la France et de l’Europe est à l’opposé de la formation à la fois humaniste et de haut niveau dont aurait besoin le monde d’aujourd’hui. Les questions qui nous sont posées pour l’avenir sont transversales. Elles requièrent tous les savoirs et des citoyens ayant le désir et la capacité de construire un destin collectif. Ainsi la question des retraites, parce qu’elle exprime un projet de société, n’est pas étrangère au monde étudiant, quand bien même nombre de jeunes semblent avoir intégré l’idée qu’ils devraient s’en passer. Quel avenir ! Ainsi il faudrait presque considérer la régression sociale comme le cours naturel des choses. Mais l’Université, les universités sont aussi des lieux d’échange, de partage, d’idées. Dans le monde, les mouvements étudiants, parfois très forts, se sont multipliés ces dernières années. En France, la bataille du CPE a marqué les consciences. Nicolas Sarkozy le sait, qui a reculé sur la suppression annoncée de l’APL, comme il a confirmé in fine le maintien du dixième mois de bourse. Il craint une levée du monde étudiant. Quel pitoyable pouvoir que celui qui a peur de la jeunesse. Ainsi il faudrait presque considérer la régression sociale comme le cours naturel des choses. Maurice Ulrich

http://www.humanite.fr/06_10_2010-qu%E2%80%99est-ce-qu%E2%80%99%C3%AAtre-%C3%A9tudiant%E2%80%89-455237

 

*) « Universités/Recherche : La grande manipulation du budget »  Par Pierre Duharcourt, professeur des universités et ancien secrétaire général du Snesup.

Jeudi dernier, Valérie Pécresse s’est félicitée d’une hausse de ses moyens pour 2011. Selon elle, la mission de l’enseignement supérieur et de la recherche (Mires) reste « la priorité des priorités » du budget présenté en cette rentrée. Et la ministre d’aligner chiffres et pourcentages avec un art consommé de la mise en scène. Cet exercice de style masque mal la réalité d’un budget en trompe-l’œil. Dans les faits, les crédits de paiement, qui passent de 24,7 milliards d’euros cette année à 25,2 milliards l’an prochain, n’augmentent que de 1,9 % en valeur. Si l’on tient compte d’une hausse des coûts réels supérieure à l’inflation officielle, cette quasi-stagnation s’apparente à une réduction claire et nette des moyens accordés à la plupart des établissements et des laboratoires. Le ministère a également décidé de consacrer au crédit impôt recherche (CIR) une bonne partie des moyens supplémentaires alloués à la recherche. Un choix irresponsable alors que plusieurs rapports parlementaires ont dénoncé le coût exorbitant (5 milliards pour 2011, soit 20 % du budget de la Mires) et les effets d’aubaine dont bénéficient les plus grandes entreprises et leurs filiales, sans pour autant augmenter leurs dépenses de recherche. Dernier point : l’emploi. Le budget 2011 prévoit la suppression de 31 400 postes de fonctionnaires, dont 16 000 dans l’éducation nationale. L’enseignement supérieur et la recherche sont présentés comme étant à l’abri de cet étranglement des services publics. Malheureusement, personne ne doit ignorer que la faiblesse endémique des taux d’encadrement universitaire fait que les besoins en emplois d’enseignants-chercheurs, d’enseignants et de personnels techniques et administratifs sont de moins en moins couverts par des emplois statutaires. Les vacataires, contractuels et autres précaires en perpétuel CDD atteignent aujourd’hui 20 % des effectifs du supérieur ! Pierre Duharcourt http://www.humanite.fr/06_10_2010-la-grande-manipulation-du-budget-455246

 

*) Fusion des Universités : Vous n’aurez pas la fac et la Lorraine

La fusion des quatre universités lorraines a été adoptée malgré les résistances étudiantes.

Un texte prévoyant la création d’une Université de Lorraine (UDL) a été voté, jeudi dernier, à l’unanimité, par le conseil d’administration de l’université Paul-Verlaine de Metz. L’opposition farouche de l’Unef, syndicat étudiant, n’y pourra rien changer. Malgré deux semaines de lutte pour l’empêcher, la réunion a eu lieu et le verdict est tombé. L’UDL regroupera, à terme, l’Institut national polytechnique de Lorraine et les universités Paul-Verlaine, Nancy-I et Nancy-II. Pour la présidente de l’Unef de Metz, Margaud Antoine, la pilule a du mal à passer. « L’UDL, qui veut adopter le statut de “grand établissement”, dérogera ainsi au service public de l’enseignement supérieur », explique la jeune fille, qui voit dans cette démarche une manière de contribuer « à la création d’une université à deux vitesses, qui vont se concurrencer ». La présidence de l’université Nancy-II s’est en revanche félicitée de l’opération, arguant que l’obtention d’un tel statut permettrait de créer rien de moins qu’« un sénat académique », destiné à réunir l’ensemble des personnels de la future université. L’Unef redoute par ailleurs les effets secondaires que pourrait provoquer cette fusion. « Il n’y a aucune concertation nationale, cette vacance laisse donc la porte ouverte à des hausses locales des droits d’inscription », déplore Annabelle Janodet, vice-présidente du syndicat. Quant au statut de « grand établissement », il permettra, selon elle, « d’accroître la sélection à l’entrée des universités, comme c’est déjà le cas à Sciences-Po ou à Dauphine ». Anticipant sur ces récriminations, l’université Paul-Verlaine a pris le soin de voter une motion adjointe au texte en vue d’« apporter un cadrage et des garanties sur certains points pour la poursuite de la démarche ». Flora Beillouin

http://www.humanite.fr/06_10_2010-vous-n%E2%80%99aurez-pas-la-fac-et-la-lorraine-455248

 

*) Modernisation Universitaire : Christophe Charle « La réforme sabote ce qui marchait »  Interview de Christophe Charle

Christophe Charle est professeur d’histoire à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne,  il est l’auteur des Ravages de la « modernisation » universitaire en Europe.

--- Les nouveaux masters d’enseignement sont effectifs. Quels sont les changements ?

- Christophe Charle. Avant, on pouvait proposer les mêmes cours à ceux qui passaient le Capes et l’agrégation puisque les programmes étaient identiques. Les diplômes demandés pour passer ces concours sont aujourd’hui différents, les candidats ne peuvent donc tenter les deux la même année. Comme les programmes sont différenciés, nous avons été obligés de dédoubler les heures en fonction des exigences différentes des deux concours. Pour le nouveau Capes, le calendrier des épreuves est en décalage complet par rapport au calendrier universitaire (écrit dès novembre, oral en mai et préparation hachée entre les stages en responsabilité avant de connaître les résultats). C’est une réforme qui n’a pas été pensée du tout pour faciliter la vie des candidats. Face à cela, il n’est pas étonnant de voir des boîtes privées proposer des services payants et récupérer un marché que beaucoup d’universités ont abandonné parce que les contraintes étaient trop lourdes pour organiser une préparation sérieuse. C’est une réforme qui sabote délibérément ce qui marchait et profite à un tas d’intermédiaires qui s’improvisent « coach » ou « préparateur » pour des sommes rondelettes. Cette réforme des concours a été un coup d’accélérateur d’un processus de privatisation rampant.

--- Dans un de vos livres, vous parlez d’un modèle de « public management » universel qui gagne du terrain dans les universités françaises…

- Christophe Charle. Effectivement, les principes des concours de l’enseignement public étaient un des derniers bastions de résistance aux logiques du recrutement sur le modèle privé. On fragilise les gens, on les angoisse et, du coup, on pousse chacun à se diriger vers des enseignements privés. On n’en est pas encore au niveau du « modèle » anglo-saxon en termes de coût. En France, les frais d’inscription restent encore bas comparés à ce qu’on fait payer aux étudiants de l’autre côté de la Manche, de l’Atlantique ou même du Rhin. L’augmentation des frais d’inscription aurait pu être inscrite dans la LRU car elle relève de la même logique de compétition. Si la majorité actuelle est reconduite à la future échéance présidentielle, on peut imaginer que la prochaine étape sera l’augmentation des frais d’inscription au nom de la « compétitivité internationale ».

--- Les réformes qui visent l’université sont une manière d’affaiblir des lieux stratégiques où existent encore des espaces de liberté et de pensée indépendants. Est-ce la fin de ces espaces ?

- Christophe Charle. Plusieurs chercheurs ont été mis en cause l’année dernière pour leurs travaux jugés dangereux sur des questions sensibles. Les sciences humaines ne sont utilisables aux yeux des pouvoirs que pour certains buts liés à l’économie dominante et aux discours qui vont dans le sens de l’ordre établi… On voit émerger des formes d’empêchement ou de sanctions indirectes pour décrédibiliser des discours dissonants. Il existe aussi des formes d’incitation à la soumission (missions spéciales, primes…). Les projets les mieux financés sont ceux qui vont dans le sens de certaines orientations et de certaines problématiques calées sur l’agenda gouvernemental. On tolère de moins en moins la fonction critique des sciences humaines.

--- Êtes-vous pessimiste sur l’avenir de l’université ?

- Christophe Charle. Oui, plutôt. Le budget de l’université a été encore largement épargné ces dernières années. On a gardé la plupart des postes, à la différence des autres administrations, et les budgets des recherches n’ont pas baissé. Cette situation est l’aboutissement du rapport de forces instauré lors du mouvement des chercheurs et des luttes du printemps 2009. Par contre, si le gouvernement actuel est reconduit, il reviendra là-dessus avec des mesures beaucoup plus radicales. Ce qui me rend pessimiste, c’est de voir la dégradation des débouchés des étudiants, en particulier en sciences humaines, la baisse du nombre de postes aux divers concours, les difficultés croissantes pour les préparer… Tout cela enlève d’énormes possibilités d’avenir à nos étudiants en sciences humaines. On crée une déception et une rancœur fortes dans la jeune génération. Le décalage entre les capacités des gens et le niveau du travail qu’on leur propose peut créer une explosion sociale, comme on l’a vu dans d’autres sociétés en crise, en Amérique latine ou en Europe du Sud. Je ne comprends pas comment l’autosatisfaction du gouvernement peut être aussi débordante, il n’y a vraiment pas de quoi crier victoire quand on sacrifie la jeunesse diplômée à la seule logique financière. Les ravages de la « modernisation » universitaire en Europe, Syllepse, 2008. 292 pages, 23 euros. http://www.humanite.fr/06_10_2010-christophe-charle-%C2%AB-la-r%C3%A9forme-sabote-ce-qui-marchait-%C2%BB-455247

 

*) Le grand bazar des stages en entreprise pour les étudiants et les jeunes en recherche d’emploi

Censé limiter les abus,  un décret ministériel suscite la polémique.  Il va être « précisé ».

C’est l’histoire d’un décret qui ne satisfait personne. Conçu pour éviter l’exploitation des étudiants ou des jeunes en recherche d’emploi à travers des conventions bidon, ce texte, entré en vigueur le 1er septembre, interdit les stages qui ne sont pas « intégrés à un cursus pédagogique ». Problème, les interprétations du décret, visiblement mal rédigé, peuvent varier d’un extrême à l’autre et permettre aussi bien de valider des stages douteux que de refuser, par excès de zèle, des conventions parfaitement valables. Ces refus nombreux ont d’ailleurs suscité la création, par une étudiante de Paris-II-Panthéon-Assas, d’un groupe Facebook intitulé Touche pas à mon stage !, qui comptait hier quelque 3 800 membres, et d’un site Internet du même nom. La ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, est elle-même montée au créneau hier pour fustiger « une interprétation abusive d’administrations universitaires tatillonnes qui n’ont pas compris l’objectif du décret ». Les « administrations tatillonnes » apprécieront… Leur représentant, Lionel Collet, président de la Conférence des présidents d’université (CPU), a lui-même reçu un courrier de la ministre précisant les objectifs du décret. Et une circulaire sera bientôt transmise à cette même fin. Pourtant, selon l’Unef ou le collectif Génération précaire, qui avaient poussé à une réglementation sur le sujet, le défaut de ce texte n’était pas sa trop grande rigidité, mais plutôt qu’il pouvait facilement être contourné. En effet, il contient plusieurs dérogations, dont l’une est de permettre des stages dans le cadre de « formations complémentaires destinées à favoriser des projets d’insertion professionnelle ». Une disposition jugée trop floue par ces organisations et qui pourrait permettre à certaines entreprises de continuer d’exploiter des stagiaires. Alexandre Fache

http://www.humanite.fr/06_10_2010-le-grand-bazar-des-stages-455245

 

*) Rentrée « sereine » dans les facs ?

À l’occasion de la rentrée universitaire, Valérie Pécresse a présenté hier un bilan trop flatteur pour être honnête. Explications. Des chiffres, mais aussi beaucoup de silences. Alors que la rentrée dans les établissements supérieurs a débuté cette semaine pour 2,3 millions d’étudiants, Valérie Pécresse a présenté hier un bilan trop parfait pour être honnête de la situation dans les universités. Comme à son habitude, la ministre de l’Enseignement supérieur a eu le talent d’agiter les bons chiffres, ceux qui permettent d’alimenter les communiqués de presse. Cette année, ce sont les chiffres des vœux formulés sur le site Internet Admission post-bac par les lycéens de terminale. Au printemps, ils auraient été 13 % de plus que l’année précédente à demander une licence universitaire. Et en cette rentrée, les prévisions d’inscription seraient en hausse de 1,6 % dans les universités. Des chiffres non définitifs mais qui suffisent à Valérie Pécresse pour conclure à un « regain d’attractivité » des universités et avoir la certitude que « le regard que la société française porte sur son université change ». La situation, à l’intérieur de ces universités, n’est pourtant pas aussi rose que veut bien le dire la ministre. Comme le rappelle l’Unef, les dépenses obligatoires à l’université ont continué à augmenter davantage que l’inflation, en raison de la hausse des frais d’inscription (+ 2,4 %) et du coût du restaurant universitaire (+ 3,4 %). De même, les effets de l’autonomie, qui concernera 90 % des universités en janvier prochain, se font durement sentir, assure le Snesup-FSU. « Les collègues sont noyés par la bureaucratie endémique et doivent faire face à l’accroissement des tâches annexes à leurs missions, relève Stéphane Tassel, son secrétaire général. Ils subissent des pressions insidieuses et les effets de la mise en concurrence, individuelle ou collective, conséquente à la loi LRU. » La ministre, enfin, fut peu prolixe sur les chiffres inquiétants dévoilés hier par la Croix sur la désaffection des métiers de l’enseignement, suite à la réforme de la formation des maîtres. Selon le ministère de l’Éducation nationale, le nombre de candidats aux concours externes des professeurs des écoles est, pour 2011, de 55 202 contre 96 714 en 2010 (- 43%), et de 65 000 dans le second degré contre 86 500 en 2010 (- 36,6%). Vous avez dit « regain d’attractivité » ? Laurent Mouloud http://www.humanite.fr/node/453410

 

*) « L’enseignement supérieur et l’exclusion des classes populaires »  par Stéphane Beaud, sociologue, professeur à l’École normale supérieure (*).

On parle à juste titre des inégalités sociales croissantes à l’école primaire et au collège mais on a tendance à oublier l’enseignement supérieur. Enseignant pendant dix ans à Nantes, dans une UFR de sociologie, tout en ayant un pied à l’École normale supérieure, dans un laboratoire de recherche, j’ai été frappé par deux choses : d’une part, l’écart considérable de moyens et d’encadrement entre le monde de l’université et celui des grandes écoles ; d’autre part, l’omniprésence d’un discours sur la faculté comme « voie de garage » qui, sans nier pour autant les difficultés structurelles de l’université, contredisait ce que je voyais à la faculté : des étudiants qui, une fois passé le cap de la première année, se mobilisent pour réussir leur parcours scolaire. Rappelons que l’enseignement supérieur français est de plus en plus hiérarchisé. 5 % des élèves sont en classes préparatoires, 95 % n’iront pas dans les grandes écoles, plus que jamais le lieu de la reproduction sociale (on compte 82 % d’enfants de cadres supérieurs et professions intellectuelles à HEC, 77 % à Normale sup). L’université, elle-même, constitue un espace socio-scolaire hiérarchisé et très sexué. On trouve davantage d’enfants de milieux favorisés en médecine, pharmacie, droit, sciences éco, gestion, davantage d’enfants de milieux populaires en AES, sciences humaines, psychologie, lettres, langues, et les jeunes femmes, plus que les garçons, se dirigent vers les études littéraires. Surtout, l’université se trouve confrontée aujourd’hui à une idéologie de l’orientation scolaire à court terme, qui voudrait que, tout de suite après le bac, les étudiants intègrent une formation en adéquation stricte avec l’emploi. Idéologie qui renforce l’évitement du premier cycle. La politique universitaire du gouvernement, qui se situe dans le cadre du processus européen de Bologne, vise à venir à bout de ce qu’on appelle l’autonomie de la recherche et des universitaires et à libéraliser le système. Cela a été la loi LRU (loi relative aux libertés et responsabilités des universités) fortement contestée par une majorité d’universitaires. Aujourd’hui le versant médiatique de cette politique, son « produit d’appel » (cf. le slogan des 30 % de boursiers en classes prépas) vise à sortir des milieux populaires une petite minorité qui pourra accéder à l’élite scolaire à travers les conventions avec Sciences-Po, l’Essec, HEC. Cette politique pourrait se justifier entièrement si elle s’accompagnait, du côté des autres segments d’enseignement supérieur, d’une vraie politique de démocratisation « par le bas », via notamment un élargissement de l’accès au supérieur par une réforme en profondeur et des moyens accrus pour le collège et le lycée. Car, depuis cinquante ans, c’est l’université qui a constitué la voie de promotion des enfants des milieux populaires à travers des études réussies et des accompagnements matériels qui progressivement ont disparu. Ainsi les étudiants boursiers avaient la possibilité de poursuivre leurs études en ayant un statut stable de surveillant ou de maître d’internat qui leur permettait de gagner de l’argent correctement tout en se consacrant à leurs études. Beaucoup de mes collègues sont devenus universitaires grâce à ce système qui est aujourd’hui mis en pièces. Actuellement une bourse ne permet pas de payer une chambre, le restaurant universitaire etc., ce qui fait que le cercle vicieux des petits boulots s’est mis en place. Les enquêtes montrent que ce travail des étudiants des milieux populaires se fait progressivement à temps plein tandis que les études se font « à côté ». Dans les centres d’appel les Decathlon, etc., les étudiants sont très recherchés (ils ne font pas grève, sont « gentils », « compétents »), et l’institution universitaire, en se désintéressant de ces contrats de travail qui contribuent à désinvestir les étudiants de ce qui est pour eux essentiel, ne joue pas son rôle de suivi de ses étudiants. Les réformes du gouvernement ont précarisé le statut des enseignants (pour la première fois un poste de maître de conférences en CDD à Rennes !), accru leurs charges si bien que le premier cycle universitaire repose beaucoup sur une  « armée de réserve » de précaires, jeunes dans le métier. Pour encadrer des étudiants qui ont besoin d’être accrochés, soutenus pédagogiquement et valorisés, on fait appel à des enseignants, eux-mêmes étudiants de troisième cycle, très occupés à rédiger leur thèse. Ce paradoxe est extrêmement pénalisant pour les jeunes qui entrent à l’université. La politique du gouvernement contribue à aggraver cette situation puisque les universitaires vont maintenant être soumis à une course à la publication qui les amènera à consacrer moins de temps à leur métier d’enseignant. C’est contre cette mise en cause de la mission fondamentale de l’université et de leur métier que beaucoup d’enseignants chercheurs ont manifesté il y a deux ans. On enseigne ce qu’on cherche et on cherche en lien avec les sollicitations des étudiants. Enfin, le risque est une fermeture sociale du milieu des enseignants chercheurs qui va compter de plus en plus d’« héritiers ». Or l’originalité des jeunes chercheurs, leurs capacités d’innovations théoriques, leur capacité de transgression des règles académiques ont souvent à voir avec leur trajectoire sociale, scolaire. J’ai eu la chance de travailler avec l’un des grands historiens français contemporains, Gérard Noiriel. Issu d’un milieu populaire, il a été instituteur, puis agrégé, docteur. Depuis vingt ans, il est directeur d’études à l’école des Hautes études. Il a fait des travaux majeurs sur l’histoire des ouvriers, il est le grand historien de l’immigration en France. Lui-même dit que vingt ans plus tard il n’aurait probablement pas pu accéder au plus haut niveau de l’université. La perpétuation du savoir critique de l’université est liée à cet enjeu de la démocratisation de l’enseignement supérieur. Les réformes autour de la loi LRU s’attaquent, fondamentalement, aux savoirs critiques tels que les sciences sociales (sociologie, histoire sociale) ou la psychanalyse. (*) Il est notamment l’auteur de 80 %  au Bac... et après ?  Éditions La Découverte 2004. Propos recueillis par J. S. http://www.humanite.fr/node/453719

 

*) En fac, le taux d’échec des premières années reste élevé

Le plan «réussir en licence» devait permettre de réduire l’échec lors des premières années de faculté. Trois ans après son lancement, les organisations étudiantes sont très critiques et parlent d’«échec cuisant». Les chiffres ne varient malheureusement pas beaucoup. Année après année, la première année d’université continue d’afficher un taux d’échec inquiétant. Selon l’Observatoire de la vie étudiante, seulement 47,5 % des étudiants parviennent à passer en deuxième année, tandis que 30 % redoublent, 16,5 % se réorientent, et 6 % arrêtent leurs études. Une hécatombe à laquelle Valérie Pécresse avait promis de mettre fin. En 2008, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a ainsi lancé un plan « réussir en licence », doté de 730 millions d’euros et censé diviser par deux – en cinq ans ! – le taux d’échec en première année. Las, trois ans plus tard, aucun bilan n’est encore disponible. Et les organisations étudiantes n’hésitent plus à parler d’« échec cuisant ». Le plan « réussir en licence » devait se traduire, notamment, par une réduction des effectifs dans les cours et les travaux dirigés, par la mise en place d’enseignants référents, de tutorats pédagogiques, ou encore de soutiens aux décrocheurs. Au ministère, on souligne que certaines universités, comme Tours, ont ainsi organisé des tests de niveau pour détecter les étudiants en difficulté. Ou encore que d’autres, comme à Lille-I, ont aménagé des parcours spécifiques pour les bacheliers technologiques à qui l’on épargne les cours magistraux en première année. Mais toujours pas de chiffres précis. Pour l’Unef, c’est clair, ces quelques exemples ne font pas la rue Michel. « La ministre évite délibérément de communiquer sur le taux d’échec en premier cycle car il ne s’est tout simplement pas amélioré, souligne le syndicat étudiant. Le niveau d’obtention pour une classe d’âge de la licence n’est que de 16 % en France. Il continue d’être bien inférieure à la moyenne des pays de l’OCDE. » Pour l’Unef, les objectifs du plan licence n’ont pas été suivis d’effet, « faute d’un cadrage réglementaire adapté et d’amélioration de l’encadrement des étudiants ». En s’appuyant sur les dossiers remontés par les établissements au ministère, le syndicat a ainsi pu constater que, trois ans après le lancement du plan, moins de 28 % des universités ont dédoublé les cours magistraux en amphi et augmenté le nombre de cours en petits groupes. De même, pas plus de 40 % des universités auraient développé des cursus pluridisciplinaires en licence. Et seulement 10 % des facs auraient mis en place des dispositifs d’accompagnement pour les étudiants salariés… Pourtant, l’enjeu est de taille. D’autant plus que les principales victimes de l’échec en licence sont les étudiants issus des milieux populaires. À commencer par les bacheliers technologiques et professionnels. Plus de neuf bacs pros sur dix inscrits à l’université sortiront ainsi sans diplôme. Déjà sous-représentés à l’université (les enfants d’ouvriers représentent seulement 13 % des effectifs de première année, contre 37 % des enfants de cadres), ce sont eux aussi qui subissent de plein fouet les insuffisances du système. Dans une récente étude sur les « sortants sans diplôme », l’Observatoire de la vie étudiante relève plusieurs motifs de décrochage, dont la mauvaise orientation ou encore la difficulté à s’adapter au monde universitaire. « Les sortants sans diplôme n’ont souvent pas su repérer les codes du travail universitaire et adopter de nouvelles méthodes de travail, différentes des “années lycées” », note l’Observatoire. Qui pointe également le poids du travail étudiant : « Pour une partie des personnes rencontrées, la nécessité économique rend le travail plus souvent concurrent des études en raison de la difficulté de concilier deux emplois du temps. » Au final, trois ans après leur sortie du supérieur, 17 % des jeunes sans diplôme se retrouvent au chômage, contre seulement 7 % des diplômés.

Laurent Mouloud http://www.humanite.fr/06_10_2010-en-fac-le-taux-d%E2%80%99%C3%A9chec-des-premi%C3%A8res-ann%C3%A9es-reste-%C3%A9lev%C3%A9-455242

 

*) 100 000 étudiants sous le seuil de pauvreté

Sur les 2 200 000 étudiants recensés en France, 100 000 vivent sous le seuil de pauvreté,  avec un niveau de revenu inférieur à 650 euros par mois. Selon l’Observatoire de la vie étudiante, ils seraient 225 000 à rencontrer de grandes difficultés pour financer leurs études. Parmi eux, 45 000 vivraient actuellement dans une situation de très grande pauvreté. Un tiers des étudiants occupent un emploi régulier sans rapport avec leur niveau  de qualification ou leur domaine d’études. Au cours des cinq dernières années,  les dépenses obligatoires des étudiants (inscription, logement, restaurant universitaire) ont augmenté de 23%. Sur la même période, la progression des bourses universitaires  et des allocations logement n’a été que de 10 %. Le pourcentage d’étudiants ayant consulté  un professionnel de santé au cours  des six derniers mois est passé de 83,6 %  en 2007 à 80,5 % en 2009. 19% des étudiants affirment avoir renoncé à des soins au cours  des six derniers mois : les femmes (23,6 %)  plus que les hommes (13 %). http://www.humanite.fr/06_10_2010-100%E2%80%89000-%C3%A9tudiants-sous-le-seuil-de-pauvret%C3%A9-455239

 

*) « Les facultés de droit et l’inégalité sociale » Par Robert Charvin professeur émérite de droit.

Dans un pamphlet mordant, Duncan Kennedy montre comment l’enseignement  juridique dominant vise à légitimer les privilèges de classe, de sexe et de race. L’Enseignement du droit et la reproduction des hiérarchies, de Duncan Kennedy Lux Éditions, 2010, 16 euros. Duncan Kennedy est professeur de droit à Harvard. Il fait le procès de l’ultraconservatisme des facultés de droit aux États-Unis, qui ne sont pas un modèle, malgré l’intérêt de nos ministres pour l’université américaine, mais un repoussoir. Le constat est cinglant : fortes inégalités entre les facultés, entre les professeurs, entre les étudiants, avec exclusion des plus démunis, en particulier des Noirs. Les professeurs, axés sur le droit des affaires, la procédure, les études de cas, écartent de plus en plus toute formation théorique et diffusent une « mentalité d’école de commerce » et d’expert en « habileté ». L’auteur souligne l’importance politique, idéologique et économique de la formation juridique qui légitime la hiérarchie sociale et les phénomènes de domination, au sein d’un système social, le capitalisme nord-américain, qui en a besoin pour assurer sa propre existence. En France, les progressistes des milieux littéraires et scientifiques négligent à tort le rôle souvent nocif des facultés de droit et la critique de fond que le formatage de leurs étudiants devrait susciter : la réputation de conservatisme inébranlable de ces établissements n'est pourtant que partiellement vraie. Le juriste progressiste existe, aux États-Unis comme en France. La question est grave car les juristes sont au cœur des appareils d’État et des grandes firmes. Or l’apprentissage qu’ils ont subi, aux États-Unis et en France (axé sur des techniques, des procédures et un descriptivisme passif), les conduit à « naturaliser » toute norme imposée par le pouvoir et à la considérer comme acceptable pour tous alors qu’elle n’est que du politique conjoncturel lié aux rapports de classes. Ces juristes s’enferment dans le monde tel qu’il est, sans esprit critique, contribuant ainsi activement à la régulation minimale d’un capitalisme qui de plus en plus s’évade de toute légalité. La seule réflexion dans les facultés américaines, selon Kennedy, se limite à la question « principe-pratique » (niveau zéro de l’approche critique), « droits fondamentaux-droit de propriété ». Quant au politique, il se réduit à « l’humanitaire » qui, dans les faits, vise à tuer le politique ! Kennedy ne reprend pas les thèses du marxisme vulgaire faisant du droit une simple façade formelle : le droit est bel et bien une composante du système social ; il structure les inégalités et les légitime. L’auteur décrit la réalité que l’on connaît aussi en France : la forte hiérarchie des enseignants. Le mouvement Conference on Critical Legal Studies né en 1977 à son initiative a de fortes ressemblances avec l’association Critique du droit née à Lyon en 1975 à l’initiative de jeunes universitaires (*) exaspérés par le mode de fonctionnement de leurs facultés. Un petit livre que les juristes français devraient consulter. (*) J. Michel, J.-J. Gleizal, P. Dujardin  et Cl. Journès. Robert Charvin http://www.humanite.fr/06_10_2010-les-facult%C3%A9s-de-droit-et-l%E2%80%99in%C3%A9galit%C3%A9-sociale-455213

 

*) « L’enseignement supérieur et l’exclusion des classes populaires » Par Stéphane Beaud, sociologue, professeur à l’École normale supérieure (*).

On parle à juste titre des inégalités sociales croissantes à l’école primaire et au collège mais on a tendance à oublier l’enseignement supérieur. Enseignant pendant dix ans à Nantes, dans une UFR de sociologie, tout en ayant un pied à l’École normale supérieure, dans un laboratoire de recherche, j’ai été frappé par deux choses : d’une part, l’écart considérable de moyens et d’encadrement entre le monde de l’université et celui des grandes écoles ; d’autre part, l’omniprésence d’un discours sur la faculté comme « voie de garage » qui, sans nier pour autant les difficultés structurelles de l’université, contredisait ce que je voyais à la faculté : des étudiants qui, une fois passé le cap de la première année, se mobilisent pour réussir leur parcours scolaire. Rappelons que l’enseignement supérieur français est de plus en plus hiérarchisé 5 % des élèves sont en classes préparatoires, 95 % n’iront pas dans les grandes écoles, plus que jamais le lieu de la reproduction sociale (on compte 82 % d’enfants de cadres supérieurs et professions intellectuelles à HEC, 77 % à Normale sup). L’université, elle-même, constitue un espace socio scolaire hiérarchisé et très sexué. On trouve davantage d’enfants de milieux favorisés en médecine, pharmacie, droit, sciences éco, gestion, davantage d’enfants de milieux populaires en AES, sciences humaines, psychologie, lettres, langues, et les jeunes femmes, plus que les garçons, se dirigent vers les études littéraires. Surtout, l’université se trouve confrontée aujourd’hui à une idéologie de l’orientation scolaire à court terme, qui voudrait que, tout de suite après le bac, les étudiants intègrent une formation en adéquation stricte avec l’emploi. Idéologie qui renforce l’évitement du premier cycle. La politique universitaire du gouvernement, qui se situe dans le cadre du processus européen de Bologne, vise à venir à bout de ce qu’on appelle l’autonomie de la recherche et des universitaires et à libéraliser le système. Cela a été la loi LRU (loi relative aux libertés et responsabilités des universités) fortement contestée par une majorité d’universitaires. Aujourd’hui le versant médiatique de cette politique, son « produit d’appel » (cf. le slogan des 30 % de boursiers en classes prépas) vise à sortir des milieux populaires une petite minorité qui pourra accéder à l’élite scolaire à travers les conventions avec Sciences-Po, l’Essec, HEC. Cette politique pourrait se justifier entièrement si elle s’accompagnait, du côté des autres segments d’enseignement supérieur, d’une vraie politique de démocratisation « par le bas », via notamment un élargissement de l’accès au supérieur par une réforme en profondeur et des moyens accrus pour le collège et le lycée. Car, depuis cinquante ans, c’est l’université qui a constitué la voie de promotion des enfants des milieux populaires à travers des études réussies et des accompagnements matériels qui progressivement ont disparu. Ainsi les étudiants boursiers avaient la possibilité de poursuivre leurs études en ayant un statut stable de surveillant ou de maître d’internat qui leur permettait de gagner de l’argent correctement tout en se consacrant à leurs études. Beaucoup de mes collègues sont devenus universitaires grâce à ce système qui est aujourd’hui mis en pièces. Actuellement une bourse ne permet pas de payer une chambre, le restaurant universitaire etc., ce qui fait que le cercle vicieux des petits boulots s’est mis en place. Les enquêtes montrent que ce travail des étudiants des milieux populaires se fait progressivement à temps plein tandis que les études se font « à côté ». Dans les centres d’appel les Decathlon, etc., les étudiants sont très recherchés (ils ne font pas grève, sont « gentils », « compétents »), et l’institution universitaire, en se désintéressant de ces contrats de travail qui contribuent à désinvestir les étudiants de ce qui est pour eux essentiel, ne joue pas son rôle de suivi de ses étudiants. Les réformes du gouvernement ont précarisé le statut des enseignants (pour la première fois un poste de maître de conférences en CDD à Rennes !), accru leurs charges si bien que le premier cycle universitaire repose beaucoup sur une  « armée de réserve » de précaires, jeunes dans le métier. Pour encadrer des étudiants qui ont besoin d’être accrochés, soutenus pédagogiquement et valorisés, on fait appel à des enseignants, eux-mêmes étudiants de troisième cycle, très occupés à rédiger leur thèse. Ce paradoxe est extrêmement pénalisant pour les jeunes qui entrent à l’université. La politique du gouvernement contribue à aggraver cette situation puisque les universitaires vont maintenant être soumis à une course à la publication qui les amènera à consacrer moins de temps à leur métier d’enseignant. C’est contre cette mise en cause de la mission fondamentale de l’université et de leur métier que beaucoup d’enseignants chercheurs ont manifesté il y a deux ans. On enseigne ce qu’on cherche et on cherche en lien avec les sollicitations des étudiants. Enfin, le risque est une fermeture sociale du milieu des enseignants chercheurs qui va compter de plus en plus d’« héritiers ». Or l’originalité des jeunes chercheurs, leurs capacités d’innovations théoriques, leur capacité de transgression des règles académiques ont souvent à voir avec leur trajectoire sociale, scolaire. J’ai eu la chance de travailler avec l’un des grands historiens français contemporains, Gérard Noiriel. Issu d’un milieu populaire, il a été instituteur, puis agrégé, docteur. Depuis vingt ans, il est directeur d’études à l’école des Hautes études. Il a fait des travaux majeurs sur l’histoire des ouvriers, il est le grand historien de l’immigration en France. Lui-même dit que vingt ans plus tard il n’aurait probablement pas pu accéder au plus haut niveau de l’université. La perpétuation du savoir critique de l’université est liée à cet enjeu de la démocratisation de l’enseignement supérieur. Les réformes autour de la loi LRU s’attaquent, fondamentalement, aux savoirs critiques tels que les sciences sociales (sociologie, histoire sociale) ou la psychanalyse. (*) Il est notamment l’auteur de 80 %  au Bac... et après Éditions La Découverte 2004. Propos recueillis par J. S.

http://www.humanite.fr/17_09_2010-l%E2%80%99enseignement-sup%C3%A9rieur-et-l%E2%80%99exclusion-des-classes-populaires-453719

 

 

*) Qui va bénéficier des ressources mobilisées pour l’Enseignement et la recherche ? : « Le grand emprunt pour les universités, miroir aux alouettes. » Par Daniel Steinmetz, Secrétaire Général du SYNDICAT NATIONAL DES TRAVAILLEURS DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE (SNTRS-CGT).

Les alouettes, volatiles qui ne brillent pas par l’esprit, sont éblouies par les reflets du miroir et, une fois piégées, finissent en pâté. Actuellement, si une petite partie de la communauté scientifique semble aussi éblouie par le grand emprunt que les alouettes par le miroir, nombreux sont ceux qui préparent leurs réponses aux appels d’offres sans illusions, mais contraints par les besoins de financement de leur laboratoire ou de leur université. Les 100 milliards du projet Juppé-Rocard se sont transformés en 35 milliards dont 21,9 relèvent de l’enseignement supérieur et de la recherche. Cette somme peut sembler considérable, car du même ordre de grandeur que les 23 milliards du budget annuel de la recherche et de l’enseignement supérieur. Mais les laboratoires et les universités ne profiteront pour l’essentiel que des intérêts du placement de cette somme. L’État emprunte auprès des marchés à un taux voisin de 2,5 % ; il distribue une petite partie des 21,9 milliards en crédits consommables et confie 17,7 milliards à l’Agence nationale de la recherche, qui les placera auprès de la Caisse des dépôts et consignations au taux de 3,5 %. Seuls les intérêts de ces placements seront distribués. La seule opération bénéficiant d’un milliard totalement consommable est celle du plateau de Saclay. Le montage financier rompt avec le financement sur impôt et se veut conforme aux critères de Maastricht. L’Élysée a déjà déclaré que les intérêts payés par l’État seront compensés par la réduction des dépenses courantes. Quant au placement en capital, il n’augmentera pas la dette de l’État. Seule la crise financière a empêché le tandem Juppé-Rocard et le gouvernement de financer des fondations universitaires « à l’américaine » et de laisser les universités boursicoter. Les lourdes pertes boursières des universités anglo-américaines expliquent le choix de règles de prudence pour les placements à la Caisse des dépôts. L’ensemble des projets du grand emprunt conduisent à la mise en place de cinq à dix grands sites universitaires. Ceux-ci seront dotés de 7,7 milliards en capital, courant 2011, dans l’opération Initiative d’excellence qui finalisera l’ensemble des appels d’offres. Cette logique de concentration sur quelques sites va appauvrir toutes les régions réputées non prioritaires. Il est temps de poser au niveau politique la question essentielle de l’aménagement équilibré du territoire. On avance de plus en plus clairement vers un système universitaire à deux vitesses. Il n’y aura pas plus de cinq instituts hospitalo-universitaires, pas plus d’une dizaine de sociétés d’accélération du transfert de technologies et pas plus de quatre à six instituts de recherche technologique. L’appel d’offres Labex (laboratoires d’excellence) est l’exemple type de pilotage sur les critères que le gouvernement impose. Un milliard d’euros sera distribué en deux tranches, mais seuls cent millions seront consommables, le reste sera placé et rapportera environ trente millions par an qui seront distribués aux lauréats pendant dix ans. Alors, deux questions se posent : combien de lauréats et pourquoi ces procédures ? Les lauréats seront peu nombreux, car le ministère est critique vis-à-vis de l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur, qui a distribué trop de labels A+ aux laboratoires. La réponse au « pourquoi » est à trouver dans la logique même du système. Aucun financement n’échappe à la règle de mise en concurrence, ni à la volonté de liquider petit à petit les organismes de recherche et leurs prérogatives. Le CNRS et les autres EPST finançaient jusqu’à présent les laboratoires, ainsi que les équipements mi-lourds. Maintenant, Labex financera une partie des laboratoires, tandis que le projet Equipex financera les équipements mi-lourds. C’est la suite de l’agonie des EPST qui est programmée. Tous les projets devront mettre en évidence leur capacité à faire du retour sur investissement : prouver les liens avec le tissu économique local est quasiment obligatoire avec, si possible, une coopération avec les pôles de compétitivité. Les appels à projets vont également permettre le recrutement de personnels à statut temporaire, accentuant encore plus la politique de précarisation de l’emploi mise en œuvre depuis de nombreuses années. Les cinquante mille précaires de l’enseignement supérieur et de la recherche recensés par l’intersyndicale vont trouver bien saumâtre ce grand emprunt. Le grand emprunt est le dernier maillon d’un projet global qui vise à piloter la recherche, l’assujettir aux intérêts immédiats des grands groupes, détruire les garanties statutaires des personnels et individualiser les rémunérations. La casse de toutes les solidarités du milieu pour les remplacer par la mise en compétition générale, la volonté de faire disparaître les laboratoires pour les remplacer par des équipes vivant le temps d’un projet exigent une riposte politique claire et de vrais contre-projets. Daniel Steinmetz

http://www.humanite.fr/02_09_2010-le-grand-emprunt-pour-les-universit%C3%A9s-miroir-aux-alouettes-452623

 

 

*) Comment résiste L'enseignement supérieur ? : « En septembre, la mobilisation sera décisive » Par Stéphane TASSEL, secrétaire général du SNESUP-FSU.

L’année universitaire s’est terminée sur une puissante démonstration populaire d’opposition à la politique gouvernementale et en particulier au projet de démolition de notre système de retraites. La population est lucide quant au sort qui lui est réservé et sait ce qu’elle a à perdre. La séquence sociale qui s’ouvre en septembre nous donne une responsabilité singulière. Le gouvernement multiplie les interventions aux relents populistes et xénophobes, calquées sur les positions de l’extrême droite. Elles suscitent de vives réactions et de larges mobilisations de tous ceux qui sont attachés au respect de la dignité humaine. Le lien explicite entre immigration et délinquance, la stigmatisation et les amalgames faits sur le dos de la communauté rom et des gens du voyage, l’extension de la responsabilité pénale et, plus grave, la menace de déchéance de la nationalité française pour des citoyens ainsi considérés comme de seconde zone… sont autant d’atteintes intolérables, en rupture avec nos principes républicains. Jamais les expulsions d’étudiants sans papiers n’ont été aussi nombreuses, ainsi que les marques de zèle de préfets de région à l’encontre de jeunes en quête de qualification. Dans les établissements d’enseignement supérieur, les enseignants, confrontés à l’accélération d’une recomposition hasardeuse du tissu universitaire, façonnée à coup d’appels d’offres liés au grand emprunt, manquent de temps pour les travaux de recherche ou la création de nouveaux dispositifs pédagogiques pour faire réussir les étudiants. Noyés par la bureaucratie et faisant face à l’accroissement de tâches annexes, ils subissent les effets de la mise en concurrence, des pressions insidieuses. Les analyses de la loi LRU que nous formulions dès 2007 se vérifient. Imposons nos alternatives pour mettre un terme à la sape des fondements démocratiques et collégiaux des universités, des libertés scientifiques et pédagogiques, des coopérations et synergies dans l’ensemble de la recherche publique et l’enseignement supérieur.

À ces conditions de rentrée déjà difficiles s’ajoutent les dysfonctionnements et régressions liés à la contre-réforme de la formation des maîtres. Les étudiants sont mis devant des obstacles de plus en plus nombreux pour devenir enseignants (suppressions de postes, impossibilité de représenter un concours après un échec ou une interruption d’études…). Les stagiaires, mis en situation de remplacements, ont été privés de formation professionnelle. Les collègues ont été contraints par le gouvernement d’ouvrir de nouveaux masters habilités à l’issue d’une parodie d’examen par le Cneser… Ce cataclysme pour les élèves, leurs enseignants, les acteurs de leur formation, est à l’image de la conception gouvernementale du système éducatif, de son entreprise de suppressions massives d’emplois dans la fonction publique. De tous les pans de la société monte la contestation des politiques gouvernementales liberticides, génératrices d’inégalités, et de mise en berne des solidarités… Les dernières annonces du gouvernement, suspendu au bon vouloir des agences de notations et obstiné dans son refus de revenir sur la « niche » la plus scandaleuse, le bouclier fiscal, laissent présager de nouvelles saignées dans la fonction publique et les dépenses sociales, au risque de fragiliser encore plus de citoyens déjà touchés par les hausses des prix des produits de première consommation. Le 7 septembre, date d’ouverture du débat parlementaire sur les retraites, la puissance de la mobilisation de tous est décisive. Nous pouvons gagner ! Stéphane TASSEL

http://www.humanite.fr/05_09_2010-en-septembre-la-mobilisation-sera-d%C3%A9cisive-452863

 

 

*) « La fin de l’école gratuite » ?

Dans un dossier spécial intitulé « L’école sur le chemin de la privatisation », le magazine Challenges analyse les conséquences des réformes successives du système éducatif. Lorsque les syndicats alertent sur la libéralisation du système éducatif, Luc Chatel tente de discréditer leur message. « Citez-moi une rentrée où les syndicats ne parlent pas de difficultés », lançait-il mercredi aux journalistes. Pourtant, le constat est aujourd’hui partagé par le magazine économique Challenges. Dans son numéro du 2 septembre, l’hebdomadaire consacre un dossier spécial aux réformes de l’école. « L’argent s’est engouffré dans les failles de l’enseignement public », affirme-t-il, constatant les progrès fulgurants du secteur éducatif privé, ce dernier profitant du démantèlement en cours de l’enseignement public.

 Dans un article présentant le boum de l’enseignement hors contrat, l’hebdomadaire salue le « retour aux vieilles méthodes » remises au goût du jour par l’émission de TF1 « le Pensionnat de Chavagnes ». Le magazine note que « sans le dire ouvertement, le ministre s’est inspiré des méthodes du privé pour sa réforme du lycée ». Une politique de libéralisation qui profite à des entreprises florissantes telles l’américain Career Education Corp. Conséquence de la masterisation, ces entreprises proposent aux étudiants une préparation aux concours de professeur des écoles. Une privatisation de plus en plus visible dans l’enseignement supérieur, l’hebdomadaire citant les investissements de Vivendi, SFR ou Sanofi-Aventis dans l’université de Bordeaux à hauteur de 1,25 million d’euros. Et le magazine de constater les fruits de cette politique, notant qu’il n’y a jamais eu « aussi peu d’enfants d’ouvriers et d’employés dans les grandes écoles ». Julien Cholin

http://www.humanite.fr/05_09_2010-%C2%AB%C2%A0la-fin-de-l%E2%80%99%C3%A9cole-gratuite%C2%A0%C2%BB%C2%A0-452909

 

*) Le rapport annuel 2009 de l'IGAENR et de l'IGEN est disponible (Documentation française).

http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/104000483/0000.pdf

-From : <philippe.enclos@free.fr>

 

*) La méritocratie à l’assaut de la fonction publique

Comme le montre l’exemple des préfets, révélé hier par la presse, la « prime au mérite » est de plus en plus courante dans le public. Le gouvernement tente d’imposer ce type de management privé qui menace l’indépendance des fonctionnaires. La prime au mérite revient sur le devant de la scène. Dans son édition d’hier, le Parisien épingle les « bonus » – jusqu’à 66.000 euros par an – versés individuellement aux préfets et sous-préfets en fonction des résultats édictés par le gouvernement en matière de sécurité publique, routière et d’aide au retour à l’emploi. Une politique de la carotte qui peut surprendre mais n’a rien de nouveau. Voilà des années que le gouvernement tente de faire entrer au forceps, dans l’ensemble de la fonction publique, ce concept venu tout droit du privé.

--- UNE COMPOSANTE DE LA RÉMUNÉRATION

Les policiers ont été les premiers à expérimenter, en 2004, la prime « de résultats exceptionnels », lancée par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur. Une double prime en fait : l’une versée à titre collectif (400 euros annuels) « en fonction des résultats mesurés à partir d’indicateurs définis par le ministre de l’Intérieur » ; l’autre à titre individuel (100 à 500 euros), en fonction « de la qualité des services rendus ». Sur le terrain, cet intéressement au résultat n’en finit plus de faire polémique, accusé de se substituer à l’élévation des salaires et, surtout, de soumettre les agents à une pression hiérarchique contreproductive. « Il y en a assez de ces arrestations à la chaîne de fumeurs de shit, de porteurs d’Opinel, de prostituées et de clandestins pour faire du chiffre et booster le taux d’élucidation des affaires », pestait encore récemment les officiers du Snop. Avec l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir, la généralisation de ce type de rémunération s’est pourtant accélérée dans une fonction publique soumise à la « culture du résultat ». En mai dernier, Éric Woerth, encore ministre de la Fonction publique, répétait : « Je veux que la récompense au mérite devienne une composante indispensable de la rémunération des fonctionnaires. » Une position qui fait bondir certains syndicats. « On ne peut pas gérer systématiquement la fonction publique comme une entreprise privée, dénonce Jean- Marc Canon, de l’UGFF-CGT. Dans le secteur privé, l’intéressement est un système de rémunération assis sur le chiffre d’affaires des entreprises, mais dans la fonction publique, sur quoi va-t-on asseoir l’intéressement ? On va entrer dans une logique de profit, de productivité, qui n’a rien à voir avec l’intérêt général. »

--- UNE « PRIME DE FONCTION ET DE RÉSULTAT »

La prime destinée aux préfets a été actée par un décret de novembre 2008. Mais ils ne sont pas seuls concernés. Depuis 2009, une « prime de fonction et de résultat » (PFR) est accordée aux huiles de la fonction publique d’État : chefs de services, directeurs adjoints, sous-directeurs, experts de haut niveau, directeurs de projet… L’objectif du gouvernement est d’étendre ces primes au mérite à l’ensemble des cadres de l’administration avant 2012. Puis, à terme, aux autres catégories ainsi qu’aux fonctions publiques hospitalière et territoriale. Même logique dans l’enseignement supérieur et la recherche. Après avoir instauré des primes d’« excellence scientifique », le gouvernement a décrété, le 16 juin dernier, une augmentation de 50 % des primes d’administration des présidents d’universités dont les établissements sont passés à l’autonomie. Une perspective dénoncée par le Snesup-FSU et rejetée par les présidents eux-mêmes. « Nous considérons que notre indépendance ne peut pas être complète si l’on peut nous suspecter de conduire nos actions dans un souci d’intéressement personnel », souligne la Conférence des présidents d’universités. Une réflexion que les préfets devraient méditer. 

--- PRIME INDIVIDUELLE ET PRIME COLLECTIVE

La prime de fonctions et de résultats (PFR) a été instituée au dernier trimestre 2008 pour les personnels de la filière administrative de la fonction publique de l’État, en commençant par les attachés, l’extension devant s’effectuer pour les autres personnels de catégories A et B et, à terme, pour les fonctions publiques hospitalière et territoriale. La PFR se compose de deux parts : l’une, dite fonctionnelle, dépend de la fonction occupée et de sa « cotation » dans une grille de cotation des postes ; l’autre, dite de résultats, dépend de la performance et de la manière de servir de l’agent. Parallèlement à cette prime individuelle, le gouvernement tente de mettre en place un mécanisme d’intéressement collectif dans la fonction publique. Mais, en mars dernier, les huit organisations syndicales de fonctionnaires ont refusé de signer l’accord cadre. FSU, Solidaires et CGT dénonçant « une nouvelle étape pour imposer, dans la fonction publique, une culture de la rentabilité financière importée du privé ». LAURENT MOULOUD

http://www.humanite.fr/07_07_2010-la-m%C3%A9ritocratie-%C3%A0-l%E2%80%99assaut-de-la-fonction-publique-449313

 

*) MARIE DURU-BELLAT « Il faut questionner les critères du mérite »

MARIE DURU-BELLAT, SOCIOLOGUE À SCIENCE-PO, AUTEUR DE « LE MÉRITE CONTRE LA JUSTICE » (2009).

--- Que vous inspirent ces primes au mérite dans la fonction publique ?

MARIE DURU-BELLAT. Cela témoigne de la montée de l’évaluation par les résultats, notamment des politiques publiques. Si elle pose des problèmes, elle n’est pas en soi critiquable. Car elle oblige à préciser certains objectifs. Si, par exemple, on jugeait les préfets à l’aune du nombre de reconduites à la frontière, cela clarifierait les choses. Ensuite, il y a des effets pervers.

--- Quels sont-ils ?

MARIE DURU-BELLAT. C’est ce qu’on appelle la culture du résultat. Certains peuvent dire : « Puisqu’on ne mesure que ça, je ne fais que ça. » C’est ce qu’on a observé outre-Manche dans l’éducation, où les enseignants se concentraient sur les seules connaissances mesurées au moment de l’évaluation de leurs élèves, au détriment des autres. Cela peut déboucher sur une distorsion des politiques publiques. Or tout ne se mesure pas facilement. Le nombre d’expulsions, oui. Mais pas l’intégration des populations immigrées par exemple.

--- Y a-t-il un problème spécifique lié à la fonction publique ?

MARIE DURU-BELLAT. Oui, plus que dans l’entreprise, où l’on est habitué à mesurer l’efficacité en terme de bénéfices ou de productivité. Encore qu’on pourrait trouver, là aussi, d’autres critères… La fonction publique a, elle, une pluralité d’objectifs qu’il est difficile d’évaluer. Ainsi l’hôpital : ce qui serait pervers, ce serait de l’évaluer à partir de ses dépenses de fonctionnement. Faut-il alors compter les gens qui sortent de l’hôpital en bonne santé ? Non, car cela conduirait à faire un tri à l’entrée...

--- La notion de mérite, d’essence républicaine, a-t-elle changé sous la présidence Sarkozy ?

MARIE DURU-BELLAT. Elle vient de plus loin. Nicolas Sarkozy lui-même se situe dans une mouvance libérale, venue des États-Unis, son modèle absolu. C’est le mythe du self-made-man, aussi ancien, sinon plus, que le mérite républicain. Ensuite, il ne faut pas se contenter de critiquer cette inspiration libérale. Car tout le monde croit à la nécessité d’une reconnaissance, dans le travail par exemple. Il faut questionner le mérite et ses critères. Ainsi, un patron qui fait gagner beaucoup d’argent à son entreprise en licenciant 400 personnes est-il méritant ? ENTRETIEN RÉALISÉ PAR ALEXANDRE FACHE

http://www.humanite.fr/07_07_2010-marie-duru-bellat-%C2%AB-il-faut-questionner-les-crit%C3%A8res-du-m%C3%A9rite-%C2%BB-449312

 

*) Le salaire de 5,2 millions  de fonctionnaires sera gelé en 2011

Le gouvernement a finalement rendu ses arbitrages mardi soir, lors du dernier rendez-vous avec les syndicats : les salaires des fonctionnaires seront gelés pour l’année 2011. Rien n’est annoncé pour 2012 et 2013. Seule une augmentation de 0,5% au 1er juillet, prévue depuis 2008, est maintenue. Les syndicats de la fonction publique ont considéré qu’il n’y avait rien à négocier.  Et ont à nouveau quitté la salle.

http://www.humanite.fr/01_07_2010-points-chauds-448933

 

*) [SNESup_FSU] DECRET INTERESSEMENT : LA LOGIQUE MARCHANDE A L’ŒUVRE !

A quand les stocks option et les retraites chapeaux ?
Annoncé début mai par la ministre de l’enseignement supérieur, le décret n°2010-619  « fixant les modalités de l’intéressement des personnels de certains établissements publics relevant du MESR pour services rendus lors de la participation à des opérations de recherche scientifique ou de prestations de services » a été publié le 7 juin dernier. Ce texte s’inscrit pleinement dans les logiques introduites sous couvert du « gagner plus » et d’individualisation des rémunérations. Ce décret abroge le décret n°85-618 du 13 juin 1985, « fixant les modalité de rétribution […] pour services rendus lors de leur participation lors d’opérations de recherche scientifique prévues dans des contrats ou conventions ». Par ce biais, il fait disparaître toutes conditions nationales de plafond et ou de cumul, accroissant le processus de déréglementation déjà à l’oeuvre et le creusement d’inégalités entre établissements, entre collègues selon leurs disciplines du CNU. Ce texte autorise le versement aux enseignants chercheurs ou chercheurs engagés sur un contrat ou une convention de recherche, de rétributions individuelles prélevées sur les gains réalisés pendant leurs temps de travail statutaires. Qualifié « d’intéressement collectif » par V. Pécresse, ce dispositif n’a de « collectif » que le nom. La limite du montant total des rétributions individuelles affectées à un contrat, fixée à la moitié de la marge réalisée, constitue la seule référence au collectif que représente l’ensemble des bénéficiaires engagé sur le projet. Par ailleurs, en confiant  les décisions d’attribution des intéressements au seul chef de l’établissement gestionnaire, même si les bénéficiaires relèvent  de plusieurs établissements, les coopérations sont entravées –à l’instar du principe de pilotage unique introduit  par le décret financier pris en application  de la loi LRU sur la mise en commun de services entre établissements- et les effets des logiques de concurrence entre établissements et entre collègues sont démultipliées. Le SNESUP dénonce un processus qui vise à inciter les personnels à se tourner vers le « plus offrant » et à ne s’investir que sur des projets valorisables immédiatement au détriment du service public d’enseignement supérieur et de recherche, touchant particulièrement la recherche fondamentale. Le SNESUP condamne un dispositif destiné à imposer la logique marchande aux universités et aux organismes de recherche, et menaçant à terme les principes de déontologie qui fondent la fonction publique. Il ne peut se substituer à une nécessaire revalorisation de tous. Si les critères d’attribution de l’intéressement au regard des « services rendus » et de la participation - génératrice de toujours plus de bureaucratie (tableau de bord,…) -  relèvent du conseil d’administration, « la liste des bénéficiaires et les attributions individuelles […] sont arrêtées par le président ». Loin de rendre l’attribution transparente le rapport annuel du président devant être présenté au CA se limite aux montants des sommes distribuées et au nombre de bénéficiaires, et non la communication des récipiendaires et des montants associés. Le SNESUP dénonce une fois de plus le pouvoir discrétionnaire donné aux présidents d’universités sur la rétribution des enseignants-chercheurs et l’opacité régnant autour de la répartition de rétributions à même d’accroître les inégalités entre collègues. -From : <smonch@tu-sofia.bg>

 

*) L'avancement des réformes RGPP au ministère de l'Enseignement supérieur

30/06/2010 - Télécharger l'intégralité du dossier sur l'avancement des réformes RGPP dans ce ministère (PDF)

http://www.rgpp.modernisation.gouv.fr/fileadmin/user_upload/enseignement-superieur.pdf

Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche assure trois missions principales :

* répondre aux besoins de qualification supérieure ;

* produire des connaissances scientifiques au meilleur niveau international;

* participer activement à la construction de l'Europe de la recherche.

La réforme du ministère s’inscrit dans la continuité de changements majeurs qui ont affecté le paysage de l’enseignement et de la recherche ces dernières années : mise en œuvre de la loi du 10 août 2007 relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU), affirmation du rôle des universités en matière de recherche ou création, en 2005, de l’agence nationale de la recherche (ANR) afin de développer le financement de la recherche sur projet.  

La Révision Générale des Politiques Publiques dans ce ministère poursuit quatre objectifs :

* Mettre en cohérence la stratégie, les moyens, la qualité et la visibilité de l’offre des établissements d’enseignement supérieur et des organismes de recherche ;

* Optimiser les fonctions support et de soutien des établissements d’enseignement supérieur et des organismes de recherche ;

* Améliorer la valorisation de la recherche et renforcer les partenariats entre les entreprises et les acteurs de la recherche et de l’enseignement supérieur ;

* Améliorer le pilotage stratégique de l’enseignement supérieur et de la recherche par le ministère et les organismes de contrôle et d’évaluation.

Alors que les réformes engagées produisent leurs premiers résultats, la modernisation du système d’enseignement supérieur et de la recherche doit se poursuivre. La nouvelle vague de réformes complètera les initiatives en cours pour optimiser les fonctions support des universités : au sein des universités, les efforts de rationalisation et de professionnalisation seront étendus aux fonctions de soutien et les organismes de recherche rationaliseront à leur tour leurs fonctions support et de soutien.

La valorisation de la recherche, pour encourager les applications industrielles et économiques, constitue par ailleurs un axe nouveau de la réforme du ministère.

Enfin, les réformes en cours et notamment le passage à l’autonomie des universités nécessitent de renforcer la capacité du ministère et des organismes de contrôle à piloter les activités de l’ensemble des acteurs autonomes d’enseignement et de recherche. Ce sera l’une des priorités pour les prochaines années. [….]

http://www.rgpp.modernisation.gouv.fr/index.php?id=52&tx_ttnews[cat]=11&tx_ttnews[tt_news]=548&tx_ttnews[backPid]=49&cHash=89556868b5

 

 

 

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        & Collectivités locales, territoriales et Aménagement du Territoire &

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*) Gestion de l’eau : Max Guichard écrit au journal « Sud-Ouest » pour préciser la position et donner l’opinion des élus communistes et apparentés à la CUB

« N’ayant pu, pour des raisons de santé, me rendre au débat organisé autour du documentaire « water makes money » au cinéma Utopia, ni me faire remplacer, c’est avec intérêt que j’ai lu le compte-rendu de cette réunion par M. Delaage dans l’édition du samedi 25 septembre 2010. Si j’ai noté la qualité des débats autour de cette question de l’eau, laquelle mérite en effet une attention toute particulière et la prise en compte des avis les plus diversifiés, j’ai été surpris d’y lire une contrevérité qui ne peut qu’entacher cet échange. Celui-ci doit se faire dans la clarté la plus absolue, permettant ainsi à nos concitoyens d’avoir toutes les cartes « non biseautées » en main, afin de pouvoir décider la meilleure maîtrise de gestion de cette source de vie majeure. Il en est ainsi de la phrase : « … des socialistes qui, en 1991, avaient voté, comme tous les autres élus de la CUB, un contrat de l’eau permettant à la Lyonnaise de rémunérer ses capitaux… » En fait, en 1991, lors du vote de ce contrat, le groupe des élus communistes s’y est, certes seul, opposé avec grande force, en le qualifiant de « contrat du siècle pour ce délégataire ». Depuis cette date, à chaque avenant de ce contrat, le groupe communiste a marqué, toujours seul, son opposition, y compris sous la gestion des présidents Rousset et Feltesse. En effet, si les deux derniers avenants ont marqué des avancées notoires pour les intérêts de la CUB, ils sont restés dans le cadre financier du contrat de 1991, comme en attestent les factures, toujours à la hausse, que subissent les usagers. La maîtrise par les usagers Aussi, cette leçon des 20 dernières années amène les élus communistes à ne pas s’enfermer dans des annonces dogmatiques pour des gestions futures, mais en recherchant avant tout un contenu préservant les intérêts des usagers dans un environnement préservé. Car si nous voulons rompre avec tout type de gestion capitale et aller pour cela vers une pratique de gestion publique directe (régie), nous tenons avant tout à aider nos concitoyens à construire et imposer des critères de gestion leur assurant une totale maîtrise de leur eau. Maîtrise qui ne doit plus être privatisée par quelques grands groupes, pas plus que par quelques élus à qui on déléguerait une confiance aveugle.

--- De nouveaux critères de gestion. Ils peuvent se résumer ainsi :

- préservation de la ressource, en ne puisant plus aussi allègrement que par le passé dans nos nappes profondes et préserver ainsi notre environnement mis gravement en danger. Pour cela, et afin de répondre aux besoins en eau pour toutes les familles, y compris dans une agglomération d’un million d’habitants en 2025 (soit un tiers de plus qu’aujourd’hui) n’est-il pas temps d’appréhender tous les procédés techniques et technologiques permettant cette préservation environnementale (en utilisant le fleuve par exemple ?

- une transparence de gestion permettant le réel et régulier contrôle par les usagers à partir, par exemple, de véritables comités locaux d’usagers réunis régulièrement,

- des tarifs accessibles ne répondant plus aux seuls profits capitalistes et largement supportables par toutes les familles, si durement éprouvées par la crise économique et sociale qui perdure. En ce sens, nous devons avoir l’exigence de voir cette facture d’eau se réduire de 10% dans un premier temps, pour l’ensemble des usagers et la mise en place d’une tarification sociale. Voilà donc, exprimée rapidement une opinion, une contribution à ce débat sur l’eau que j’aimerais pouvoir être portée à connaissance de vos lecteurs. »

===è Ne pas se résigner :

Dans notre pays, la domination des grands groupes privés sur l’eau potable est écrasante et les consommateurs paient des sommes considérables. Des familles en difficulté s’en voient privées alors qu’il s’agit d’un besoin vital au quotidien. Avec les collectivités locales, il est urgent d’engager un processus de réappropriation publique des services de l’eau et de l’assainissement. En France comme à l’échelle planétaire, il faut sortir de cette logique de marchandisation pour aller vers une maîtrise sociale et publique de l’eau.

– L’Hebdomadaire « Les Nouvelles de Bordeaux » No 1858 – From : <christine.texier@orange.fr>

 

*) CUB : Les dossiers récurrents des communistes

Max Guichard appuie Vincent Feltesse sur la question des Roms et veut l'union à Bruges.

J.C.Galand, Michèle Iste, Max Guichard et Claude Mellier, élus PCF de la CUB.  Pour leur rentrée politique, les communistes de la CUB avaient ressorti leurs quatre dossiers favoris, ceux sur lesquels ils reviennent régulièrement : Ford, les transports publics, le logement et l'eau. Rien de bien nouveau évidemment mais le PCF inscrit son action dans la durée et se plaît à répéter qu'il a eu souvent raison avant les autres. « La différence, c'est que Ford est redevenu un partenaire incontournable et un élément central » soulignait toutefois le responsable des élus communistes de la CUB Max Guichard.

Sur les transports publics, les communistes sont opposés au « tout tram, nuisible comme le tout quelque chose » et s'inquiètent des risques de thrombose de ce moyen de transport victime de son succès en centre-ville. Un phénomène qui risquerait de s'accentuer si la gratuité, demandée par les communistes, était validée par la CUB… Si le logement est la préoccupation d'Alain Juppé à Bordeaux, c'est aussi celle du PCF à la CUB, à quelques nuances près puisqu'il faut, selon ce dernier, donner la priorité aux HLM, imposer le blocage des loyers et interdire les expulsions : « 50 000 logements à construire ? Banco ! Mais cela ne fera pas le compte », prétend Max Guichard.  Quant au dossier sur l'eau, les communistes réclament « une baisse de tarif de 10 %, ce qui doit être possible puisque cela a été obtenu en Île de France », glisse le responsable du PCF.  Plus nouvelle était sa position sur la question des Roms. Celle de Vincent Feltesse, qui a décidé de suspendre la demande d'expulsion dans deux squats bordelais, « est partagée à la virgule près » par Max Guichard, qui s'en était entretenu auparavant avec le président de la CUB « sans avoir l'outrecuidance de l'avoir influencé ». La Mérignacaise Claude Mellier rappelle qu'un accord avait été trouvé entre les municipalités de Bordeaux et Mérignac pour loger dix familles en juin « mais le préfet a tout arrêté pour les reconduire à la frontière ». Enfin, les communistes suivent l'affaire de Bruges avec attention, sans se prononcer sur le fond du dossier et appellent à l'union de la gauche. http://www.sudouest.fr/2010/09/23/les-dossiers-recurrents-des-communistes-192331-625.php

 

*) Réforme des collectivités Des élus appellent à manifester le 13 octobre

Réuni à Nantes ce week-end, le congrès de l’Association nationale des élus communistes et républicains a lancé un appel à «toutes les forces qui le souhaitent» contre la réforme des collectivités. Nantes, envoyé spécial. Pas le temps de souffler. Les 450 délégués réunis depuis vendredi à Nantes pour le congrès de l’Association nationale des élus communistes et républicains (Anecr) ont conclu leurs travaux, hier, par une proposition d’action immédiate. Celle d’une manifestation unitaire contre la réforme des collectivités, le 13 octobre, jour de la reprise du débat sur le texte au Parlement. L’idée est venue de Christian Favier, président du conseil général du Val-de-Marne. Un appel est lancé à «toutes les forces qui souhaitent s’y associer », a déclaré le nouveau président de l’Anecr élu hier, Dominique Adenot (lire ci-dessous). Maire de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne), il succède à André Chassaigne, député du Puy-de-Dôme, qui présidait l’association depuis quatre ans.

 --- « Les cloisons ont sautées »

L’Anecr s’est aussi dotée d’une feuille de route. « Notre peuple veut en finir avec la politique de Nicolas Sarkozy. Il faut se mêler de cette question, ne pas en rester à des ripostes locales et sectorielles », a plaidé Dominique Adenot. C’est le sens de la « charte des engagements », adoptée au cours de ce congrès, qui énonce des « pistes fortes » en réponse au « sentiment d’isolement et d’émiettement dans l’action » dont ont fait part des élus au cours des débats. Une campagne nationale va être mise sur pied autour du triptyque « réforme territoriale, services publics, axes budgétaires », en alternative à la réforme gouvernementale. Le congrès a réaffirmé la vocation de l’Anecr à être la « maison commune » des élus communistes, républicains et progressistes d’autres sensibilités ayant les mêmes valeurs en partage. Une maison où « les cloisons ont sauté et les fondations sont restées », a résumé Jean-Jacques Paris, secrétaire général de l’association nationale. Traduction en acte de cette ouverture, l’entrée des élus de la Gauche unitaire dans les instances locales et nationales de l’Anecr. Les élus du Parti de gauche ayant décidé de fonder de leur côté leur propre association d’élus, distincte de l’Anecr. Sébastien Crépel

http://www.humanite.fr/03_10_2010-r%C3%A9forme-des-collectivit%C3%A9s-des-%C3%A9lus-appellent-%C3%A0-manifester-le-13-octobre-454926

 

*) La réforme des collectivités réactive l'union des gauches

Front uni des élus de gauche contre le chambardement des collectivités territoriales.

De gauche à droite, Claude Mellier, Max Guichard (PC) Mireille Capdepont (MRC), Alain Anziani (PS), Yves Doutreix (MRC), Gérard Chausset (Verts) et Régine Marchand (PRG).  D'après Alain Anziani, sénateur et puissance invitante à la fédération socialiste rue du Jardin Public, il s'agissait d'une première. Jamais, en effet, les associations d'élus de gauche (PS, PC, Verts, PRG et MRC) ne s'étaient réunies autour d'une même table de conférence de presse.  Le sujet, il est vrai, était on ne peut plus consensuel : dénoncer les méfaits d'une réforme territoriale voulue par la droite avant le grand rassemblement national et un débat public sur ce thème vendredi prochain (20 h 30 à l'Athénée municipal de Bordeaux).  « Nous avons connu un mardi noir avec le vote de la réforme des collectivités territoriales à l'Assemblée nationale en seconde lecture et le même jour le gel des dotations de l'État pour ces mêmes collectivités pendant trois ans », rappelait Alain Anziani.  Certes, le vote du texte n'est pas totalement acquis puisqu'une commission mixte paritaire se réunit le 13 octobre, mais Alain Anziani attend davantage de la saisine du Conseil constitutionnel.  Chacun avec ses nuances, les élus de gauche ont ensuite apporté leur commentaire.  Pour le Parti communiste, Jean-Jacques Paris a répété que cette réforme « touchera les gens dans leur vie quotidienne, de la crèche aux transports scolaires » et qu'il ne s'agit pas « d'une simple question d'élus ».

--- Verts contre le statu quo

Mireille Capdepont, pour le Mouvement républicain et citoyen (Chevènementistes), abonda dans son sens : « Les gens ne se rendent pas compte des conséquences de cette réforme qui est un véritable coup d'État ; il entraînera à terme la disparition du département. »  Pour les Verts, Gérard Chausset manifesta lui aussi son opposition, mais avec une nuance : « Nous ne sommes pas pour le statu quo ; nous considérons que l'organisation territoriale doit être revue », réaffirmant sa « méfiance du centralisme étatique » avec un « Conseil général illisible ».  Quant à Régine Marchand (Parti radical de gauche), elle reprit l'expression du « mille-feuille administratif » pour la considérer comme « un faux débat », rejoignant pour le reste les autres partis de gauche.  Alain Anziani rappela qu'en cas d'élection victorieuse en 2012, la gauche retirerait en bloc ce texte dont les effets, a-t-il souligné, connaîtront leurs premières conséquences en 2012.  Et de noter ce paradoxe : « On veut restreindre nos compétences mais en même temps, on nous demande de mettre de l'argent dans des grands dossiers comme la LGV, le stade de Bordeaux ou la rocade qui, précisément, ne relèvent pas des nôtres mais de celles de l'État ».

http://www.sudouest.fr/2010/10/06/la-reforme-des-collectivites-reactive-l-union-des-gauches-204500-4643.php

 

*) Anecr : « Un fort potentiel d’élargissement ». Maire de Champigny, Dominique Adenot a été élu, dimanche, président de l’Anecr.

--- Quelles sont les tâches immédiates de la nouvelle direction de l’Anecr ?

- Dominique Adenot. Nous devons être au cœur de tout ce qui bouillonne dans les luttes et la recherche d’une alternative. Le climat social nous permet d’être repérables, comme samedi, dans la manifestation nantaise sur les retraites, mais il faut qu’on soit aussi porteur de propositions d’actions collectives. C’est le sens de l’appel de notre congrès à une manifestation unitaire, le 13 octobre, au moment où le texte sur les collectivités revient au Parlement. Et puis nous devons faire en sorte que s’investissent davantage d’élus dans l’Anecr. Celle-ci n’est pas seulement un réseau de partage d’expériences et de réflexions, elle est aussi un lieu d’organisation de l’action.

--- Qu’en est-il de l’ouverture de l’Anecr à d’autres élus progressistes ?

- Dominique Adenot. La volonté de faire de l’Anecr une maison commune des élus communistes, républicains et progressistes est réaffirmée, avec des avancées : chaque élu de la Gauche unitaire a décidé de rejoindre les instances nationales et locales de l’Anecr. L’eurodéputée du Front de gauche Marie-Christine Vergiat (sans appartenance politique – NDLR) entre au conseil national. Et nous avons un potentiel considérable d’élargissement du côté des élus avec qui nous avons fait liste commune aux régionales, aux municipales, et qui hésitent à nous rejoindre. Nous aurions tort d’en rabattre sur notre engagement pour les mettre à l’aise : ces élus-là sont demandeurs d’une structure porteuse de souffle.

Entretien réalisé par S. C.

http://www.humanite.fr/03_10_2010-anecr%C2%AB-un-fort-potentiel-d%E2%80%99%C3%A9largissement-%C2%BB-454923

 

*) Face au délitement du tissu éducatif, comment se saisir des échéances électorales : « Pour des élus territoriaux engagés contre les politiques inégalitaires »  Par Sébastien Laborde, membre du Réseau école, PCF Gironde.

L’annonce par le gouvernement de l’objectif de supprimer seize mille postes d’enseignants en cette rentrée scolaire a révélé une accélération de la politique éducative du gouvernement. Les conséquences des suppressions de postes dans l’éducation nationale sont aujourd’hui visibles. C’est plus d’élèves par classe, disparition des Rased, suppression de matières et d’options au collège et au lycée, réduction de filières professionnelles. C’est l’ensemble du tissu éducatif qui se délite. Ces suppressions révèlent la contradiction profonde qui existe entre les politiques menées et la réponse aux besoins de notre société. La crise qui perdure aiguise ces contradictions. L’échéance des élections cantonales constitue une opportunité à saisir, pour refuser de relayer les politiques inégalitaires ; pour développer une alternative. L’État cesse d’embaucher des enseignants, autorise le recrutement local par les établissements… pour obliger les collectivités locales à financer (avec le privé) les enseignements au-delà du socle commun (primaire, collège) et du tronc commun (lycée). Les candidats présentés par le PCF et les élus peuvent relayer le refus de ce chantage et faire connaître les conséquences inégalitaires entre territoires, entre établissements, qui ne peuvent qu’en découler. Le statut national des enseignants doit continuer d’être une réalité, car il est le moyen de continuer à viser les mêmes objectifs éducatifs partout. Les collectivités, fortes de la mission qu’elles assument en bâtissant des établissements, doivent mieux interpeller l’État : lui aussi doit assumer sa mission spécifique, assurer l’égalité des conditions (nombre d’enseignants, formation des maîtres, recherche en éducation) sur l’ensemble du territoire national. C’est l’occasion de faire entendre ce que devrait être une politique nationale pour une nouvelle phase de démocratisation scolaire, en rupture avec les choix libéraux.

Les conseils départementaux de l’éducation nationale doivent redevenir des lieux où se confrontent les différentes options politiques et pas seulement des instances de bonne gestion de la pénurie et de l’austérité. Le poids des élus départementaux communistes, en 2011, sera un atout pour porter le fer. Au niveau local, il y a urgence à mener des politiques publiques qui permettent mieux l’accès sur tout le territoire au sport et à la culture. Ces ressources locales (piscines…) sont des atouts pour l’action de l’éducation nationale. Ce sont encore des conditions du développement de chaque jeune qui répondraient à des luttes et aspirations très ancrées dans nos territoires. Les efforts des collectivités pour la gratuité scolaire sont importants. Mais, face à la mise en concurrence des territoires, il est urgent de faire du commun dans la conquête de ce droit. Avec presque toutes les régions et une large majorité de départements de gauche, comment se fait-il que les jeunes et les familles soient soumis à l’inégalité, les uns bénéficiant de livres gratuits, d’autres d’ordinateurs, d’autres encore de conditions de transport ? Les élus pourraient engager avec tous ceux qui le souhaitent une grande campagne pour la gratuité de l’école, en cherchant les convergences vers l’égalité entre territoires. Ils interpelleraient l’État sur ce plan et aussi les assemblées des maires de France, des départements et des régions pour qu’une autre utilisation de l’argent garantisse à chacun la gratuité de l’école publique. Ces batailles, avec élus, militants, citoyens, contribuent au rassemblement en articulant les luttes locales avec la construction d’un projet pour une école du XXIe siècle qui devient aujourd’hui un besoin urgent. Amplifions-les, en particulier dans la perspective des élections cantonales de 2011. Sébastien Laborde

http://www.humanite.fr/node/452154

 

*)  « Collectivités : Un nouveau coup de massue » Par Michel Berson, président du conseil général de l’Essonne, trésorier de l’assemblée des Départements de France.

En quoi les citoyens seront les victimes de la baisse des dotations de l’État aux collectivités ?

Lors de la présentation du projet de loi de finances 2011 devant le comité des finances locales, le ministre du Budget, François Baroin, a confirmé le «gel en valeur» des dotations de l’État aux collectivités locales pour les trois années 2011, 2012 et 2013. Derrière le terme de « gel en valeur », il s’agit en réalité d’une diminution bien réelle des dotations de l’État qui seront bloquées sans prendre en compte ni l’inflation ni la croissance des besoins des collectivités. Les Françaises et les Français seront les premières victimes de ce coup de massue. Les collectivités locales assurent en effet des services publics de proximité et participent directement au pouvoir d’achat des Français. Ainsi, les départements financent les grandes allocations de solidarité : le RMI et RSA pour les familles en difficulté, l’APA pour les personnes dépendantes, la PCH pour les personnes handicapées. Ce coup de massue est inacceptable car il conduira à l’asphyxie financière des collectivités locales qui sont déjà étranglées par les transferts non compensés. La dette de l’État à l’égard des collectivités locales ne cesse de grimper d’année en année. Pour les seuls départements, elle atteint 4 milliards d’euros par an pour les allocations de solidarité. Ce coup de massue est injuste car le gouvernement veut faire porter le chapeau aux collectivités locales et faire croire qu’elles seraient responsables des déficits et de la dette publics. Or les collectivités locales sont bien gérées et leurs comptes sont sains. Par la loi, les régions, les départements et les communes doivent voter leur budget en excédent : il leur est interdit de faire des déficits. Ce coup de massue est enfin inefficace car les collectivités locales financent entre 70 % et 75 % de l’investissement public dont nous avons tant besoin pour relancer la croissance et préparer l’avenir. Si le redressement des comptes publics est indispensable, le véritable courage politique n’est pas de vouloir diminuer sans cesse la dépense publique mais bien d’engager une réforme ambitieuse de notre système fiscal afin de financer durablement les services publics de proximité par la solidarité nationale. Michel Berson

http://www.humanite.fr/03_10_2010-un-nouveau-coup-de-massue-454906

 

*) Les dotations de l'Etat aux collectivités locales vont être gelées pour trois ans

Cette décision entre dans le cadre de la loi de programmation des finances publiques 2011-2013 qui est présentée aujourd'hui en conseil des ministres

François Baroin, ici aux Journées parlementaires de l'UMP à Biarritz, a annoncé le gel sur trois ans des dotations de l'Etat aux collectivités locales lors d'une réunion du Comité des finances locales.  Le ministre du Budget, François Baroin, a annoncé lors d'une réunion du Comité des finances locales, le gel sur trois ans des dotations de l'Etat aux collectivités locales, ainsi qu'un système global de péréquation destinée à compenser la perte de ressources liée à la réforme de la taxe professionnelle.  Le gel entre dans le cadre de la loi de programmation des finances publiques 2011-2013 qui sera présenté aujourd'hui en conseil des ministres, en même temps que le projet de loi de finances 2011. L'enveloppe des dotations d'Etat aux collectivités locales s'élève à 50,4 milliards d'euros. Son gel pour 2011 avait été annoncé par Nicolas Sarkozy lors de la conférence sur le déficit public le 21 mai, qui avait aussi jugé nécessaire un renforcement de la péréquation. Le secrétaire d'Etat aux Collectivités, Alain Marleix, a souligné pour sa part que le Fonds de compensation de la TVA et les amendes de police étaient exclues de cette enveloppe. En ce qui concerne la péréquation, le gouvernement a l'intention d'adapter les instruments de mesure des écarts de richesse entre collectivités à leurs nouvelles ressources fiscales. Les sommes qui y seront consacrées pourront augmenter sensiblement, en volume comme en proportion, a assuré M. Marleix.

--- Mécanisme de péréquation basé sur les droits de mutation

La dotation de solidarité rurale (DSR) devrait augmenter ainsi de 6%, soit 50 millions d'euros, a-t-il précisé. La dotation de solidarité urbaine (DSU) devrait progresser au même rythme, soit une hausse de 77 millions. Enfin la dotation nationale de péréquation (DNP) devrait augmenter de 11 millions, a-t-il précisé. La dotation de péréquation urbaine et la dotation de fonctionnement minimale des départements devrait augmenter de 34 millions d'euros, soit 2,5%. Pour les régions, la dotation de péréquation progressera de 6 millions.  Par ailleurs, a indiqué M. Marleix, le gouvernement propose de retenir un mécanisme de péréquation pour les départements et les régions assis sur la croissance de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises. Les départements bénéficieront en outre d'un mécanisme de péréquation basé sur les droits de mutation versés à l'occasion des transactions immobilières.

--- Répartir la richesse aux communes les plus défavorisées

Un autre mécanisme serait introduit au niveau des communes et des intercommunalités, qui consisterait à prélever une part définie des recettes fiscales de celles les mieux dotées pour la répartir aux communes et intercommunalités les plus défavorisées en fonction de critères de ressources et de charges. M. Marleix a aussi rappelé que le gouvernement avait proposé aux départements en grande difficulté financière un système d'avances remboursables en échange d'un programme de stabilisation. Ce système sera intégré au projet de loi de finances rectificatives 2010 s'il est activé pour plusieurs départements, a-t-il annoncé. Le Comité des finances locales, présidé par Gilles Carrez (UMP), a pour mission de représenter les collectivités territoriales auprès de l'État pour toutes les questions relatives aux finances locales.

http://www.sudouest.fr/2010/09/28/les-dotations-de-l-etat-aux-collectivites-locales-vont-etre-gelees-pour-trois-ans-197166-730.php

 

*) André Chassaigne « Revivifier la démocratie locale »

André Chassaigne quittera  la présidence de l’Association nationale des élus communistes et républicains (Anecr) lors du congrès, qui s’ouvre aujourd’hui,  à Nantes.

--- Quels sont les enjeux  de ce congrès  pour l’Anecr ?

- André Chassaigne. Il s’agit   de concrétiser l’ouverture de l’Anecr décidée au congrès précédent à d’autres sensibilités progressistes. Cette diversité et cette pluralité de sensibilités de la gauche de transformation sociale rassemblées dans l’Anecr doivent permettre d’enrichir le débat sur notre action d’élus. Au-delà de l’approche technique de la gestion de nos collectivités, nous devons approfondir le débat politique sur le rôle de celles-ci dans la transformation de la société. Ce serait une erreur de croire que la diversité pourrait handicaper nos débats, je pense au contraire qu’elle va les tirer vers le haut, en stimulant la confrontation des analyses pour s’enrichir les uns les autres et déboucher sur des actions.

--- Comment le congrès  va-t-il aborder la réforme  des collectivités ?

- André Chassaigne. La réforme des collectivités est une catastrophe pour la démocratie. Elle réduit les possibilités d’intervention des collectivités, assèche leurs moyens financiers avec la suppression de la taxe professionnelle, pour transformer nos collectivités en services déconcentrés de l’État. La création du conseiller territorial va éloigner l’élu des populations. Cela exige une riposte à la hauteur. Or, malgré tous nos efforts, nous ne sommes pas parvenus à en faire l’affaire de tous. C’est donc un enjeu des mois à venir. Cette réforme ne doit pas rester en l’état, il faut au contraire revivifier la démocratie locale et construire une autre organisation des territoires, sans attendre 2012. Notre cap doit consister en permanence à tout mettre en œuvre pour que la politique ne reste pas une affaire de spécialistes et que les Français retrouvent la maîtrise de leur devenir. Il faut élever un front dans nos collectivités contre les mauvais coups portés par le pouvoir.

--- L’Anecr va-t-elle s’impliquer dans les sénatoriales  de 2011 ?

- André Chassaigne. L’Anecr n’intervient pas dans la définition des stratégies et des alliances électorales ni dans la désignation des candidats, qui sont l’affaire des partis et de leurs adhérents, mais elle a un rôle à jouer sur le contenu des orientations portées dans la campagne. Celle-ci devra, à nos yeux, se faire l’écho des graves problèmes rencontrés par les collectivités dans leurs missions et leurs moyens, comme de la nécessité de transformer le Sénat pour le rapprocher des populations.

--- Pourquoi quittez-vous  la présidence de l’Anecr ? Et quelle candidature sera proposée au suffrage des délégués pour vous succéder ?

- André Chassaigne. C’était un engagement pris durant la campagne des régionales. Comme je m’étais engagé à siéger au conseil régional, j’avais annoncé que je renoncerais à mon mandat de maire, ce que j’ai fait, et que je passerais la main après quatre ans de présidence de l’Anecr, pour permettre une nouvelle dynamique et la faire évoluer. De la discussion au sein de la direction de l’Anecr, a émergé le nom de Dominique Adenot, maire de Champigny-sur-Marne, à partir du profil qui nous semble le mieux convenir au futur président. Très engagé dans l’Anecr, il est maire d’une grande ville du Val-de-Marne, département qui compte de nombreux élus communistes, républicains et progressistes. Ce sera désormais au congrès de se prononcer sur cette proposition. Entretien réalisé par Sébastien Crépel

http://www.humanite.fr/30_09_2010-andr%C3%A9-chassaigne-%C2%AB-revivifier-la-d%C3%A9mocratie-locale-%C2%BB-454718

 

*) Euratlantique : un projet à grande vitesse

Les négociations vont bon train pour les implantations dans le quartier TGV de la gare Saint-Jean, à Bordeaux. Un très gros projet . Le transfert de 36 hectares de foncier ferroviaire vers Euratlantique est à l'étude à Belcier - Saint-Jean.  L'affaire a été rondement menée. En moins de dix-huit mois, Euratlantique, le futur quartier d'affaires et de logements du quartier Saint-Jean - Belcier de Bordeaux, a été lancé. Il est devenu une opération d'intérêt national, dotée d'un chef de projet chevronné, d'un plan d'affaires sur quinze ans, qui prévoit quelque 620 millions d'euros d'aménagement et plus de 2 milliards d'investissement. « Notre ambition est élevée, mais elle est fondée sur de vrais atouts : l'arrivée de la grande vitesse ferroviaire en 2016 et d'importantes disponibilités foncières », a récemment rappelé Alain Juppé, le président de l'Établissement public Bordeaux Euratlantique. On connaît les objectifs chiffrés de ce projet XXL, qui s'inspire de ce qui a été réalisé avec Euralille ou Euroméditerranée à Marseille avec l'arrivée du TGV : entre 15 000 et 16 000 logements, 400 000 mètres carrés de bureaux, des hôtels, des équipements publics, des commerces… « C'est toute la géographie économique de la gare qui va être transformée », estime Philippe Courtois, le patron du projet. Il annonce la construction de 2,5 millions de mètres carrés sur un périmètre, déjà habité, de quelque 730 hectares, à cheval sur les communes de Bègles, Bordeaux et Floirac.

--- Les premiers investisseurs

« La taille du projet rassure les investisseurs, qui croient dans le développement du marché bordelais », estime Valery Caron, le patron de BNP Real Estate à Bordeaux. Il faut toutefois rappeler que le marché bordelais absorbera quelque 80 000 mètres carrés de transactions de bureaux cette année. Mais le projet intéresse les investisseurs, fonds d'investissement ou SCPI, et les utilisateurs futurs des bureaux construits. Le groupe Icade, troisième promoteur immobilier français, est en négociation avancée avec un occupant unique de l'immeuble de 9 000 mètres carrés qu'il s'apprête à construire en bout de l'îlot d'Armagnac, face à la gare, côté Belcier. La Caisse des dépôts ne devrait pas tarder à annoncer elle aussi sa volonté d'investir dans le quartier. Les premiers utilisateurs seront bordelais. Cdiscount et sa maison mère, le Groupe Casino, ont sérieusement étudié le projet d'y regrouper les équipes du numéro un français de la vente en ligne, né à Bordeaux. Avant de renoncer. Des banques du Grand Sud-Ouest lorgnent aussi sur la zone. Les secteurs de la santé et de la culture sont les plus prompts. La Stéphanoise de santé et le groupe Icade envisagent de construire une polyclinique (urgences, chirurgie…). C'est un investissement d'environ 50 millions d'euros, encore soumis à autorisation. L'annonce est imminente. « Nous proposons aussi la construction d'une résidence services pour seniors avec possibilité de soins », assure Serge Grzybowski, le PDG d'Icade. Le Conseil régional est la première collectivité à s'engager, avec le futur regroupement sur le site des abattoirs, en bord de Garonne, du Fonds régional d'art contemporain et des agences culturelles régionales, un investissement de 40 millions d'euros. Reste deux dossiers encore en suspens. Le projet gare, d'une part. Le TGV mettra en 2016 Bordeaux à deux heures de Paris. Le trafic voyageurs passera de 9 à 20 millions de voyageurs. Un premier investissement rapide, d'au moins 50 millions d'euros, est incontournable. Il est à l'étude. La SNCF cherche des cofinancements publics et privés. Le Grand Arena de Floirac, d'autre part. MAB Développement, la filiale de Rabobank, attend la confirmation de son enseigne locomotive pour construire sa salle de spectacle de 15 000 places adossée à 30 000 mètres carrés de commerces, coût estimé à 200 millions d'euros. Le projet Euratlantique apparaît toutefois comme bien né. Il n'attend que du foncier disponible. Là encore, cela devrait aller vite.

http://www.sudouest.fr/2010/10/07/un-projet-a-grande-vitesse-205844-625.php

===è Euratlantique en débat

Plus de 150 décideurs de l'agglomération bordelaise ont participé hier matin au petit déjeuner organisé par « Sud Ouest Éco » sur le projet Euratlantique, le futur quartier TGV de Bordeaux. Avec Alain Juppé, le maire de Bordeaux, des promoteurs, des investisseurs et des bailleurs sociaux.

http://www.sudouest.fr/2010/10/08/euratlantique-en-debat-206435-625.php

 

*) Bègles : La facture fait fracture

Le bilan financier de l'aménagement des Terres Neuves a suscité une nouvelle polémique entre la majorité de Noël Mamère et l'opposition de gauche. Le chantier de l'îlot C, une des nouveautés aux Terres Neuves.  C'est comme ça avec Jean-Étienne Surlève-Bazeille. Chaque année, lors de la présentation du rapport d'activité de la convention publique d'aménagement des Terres Neuves, l'adjoint à l'urbanisme oblige ses collègues à une révision générale du dossier. Tout le monde est studieux.  Sauf que cette fois, il a d'abord fallu attendre que prenne fin l'intrusion de sept ou huit extrémistes de droite venus s'en prendre à Noël Mamère, soutenu par tous les groupes politiques du conseil.  Nouveautés essentielles aux terres Neuves : le lancement de l'îlot C d'Yves-Farge, ou la création de la société civile immobilière qui permet enfin la construction du pôle image. Message politique au passage : « ça profite à tout le territoire » béglais, jusqu'aux Terres Sud.

--- L'argument de l'emploi

Et comme d'habitude, l'élu passe assez vite sur les chiffres. Nouveauté là aussi : la Saemcib, en charge de l'aménagement, sera désormais rémunérée pour cette activité, à hauteur d'environ 100 000 € par an. Et si l'engagement de la Saemcib dans le financement s'est accru, c'est qu'elle fait désormais « le portage » durant trois ans, des travaux initialement dévolus aux sociétés qui s'y installent.  « C'est comme ça qu'on a attiré et créé des centaines d'emplois mais dans les comptes, il y a des incidences », explique M. Surlève-Bazeille. Mais d'ici 2014, date de fin de l'opération, les ventes de terrains et d'immeubles permettront d'équilibrer les 43 millions d'euros de facture totale, dit-il en substance.

--- « De la fuite en avant »

Ce sont bien ces « incidences » qui alimentent les mises en garde réitérées de l'opposition de gauche, par la voie Stéphane Denoyelles (Bègles pour Tous). Pour le communiste, « la progression générale des dépenses » est faite « pour soutenir la Saemcib en difficulté ». « Plus de 46 % des dépenses sont engagées, seulement 12 % des recettes sont réalisées. L'Anru n'a versé que 3 % de ses engagements. La ville a apporté 57 % des siens. La ville œuvre seule ou au travers de la Saemcib. L'état n'apporte plus que 34 % du coût. On risque de le payer cher », analyse-t-il. Avant une lecture plus polémique du montage financier du pôle image : « c'est de l'enfumage, de la fuite en avant ».

--- Coulée verte

Et comme d'habitude, ni Noël Mamère, ni ses collègues, n'ont répondu à cet argumentaire chiffré. « On s'aperçoit que nous avons passé les difficultés, ce site est en train de se développer, il attire. Nous avons créé 750 emplois » a dit le maire. Qui a préféré évoquer Euratlantique, et notamment le projet d'une « coulée verte » de Mussonville au Chiopot, passant par le Dorat, la Plaine des sports, et les terrains entourant le château de Francs que leurs propriétaires s'apprêtent à mettre en vente. Il faudra mettre d'accord beaucoup de monde. Mais le maire compte sur le directeur d'Euratlantique pour tempérer les humeurs béglaises…

http://www.sudouest.fr/2010/10/08/la-facture-fait-fracture-206501-654.php

 

*) La politique d'austérité budgétaire prévue pour 2011 déchaîne les critiques de l'opposition

La gauche tire à boulets rouges sur le projet de budget présenté mercredi en Conseil des ministres. Des élus de droite jouent également leur petite musique personnelle...  Le projet de budget 2011 présenté mercredi en Conseil de ministres a suscité de nombreuses réactions politiques. A travers différents communiqués, ils anticipent les possibles conséquences en matière de justice sociale, de croissance, de chômage, d'environnement... Florilège.

--- Justice ou injustice sociale ?

- Les députés PS se sont félicités mercredi du refus de la commission des Lois de prolonger de 4 ans la durée de vie de la Caisse d'amortissement de la dette sociale (Cades) : "Voilà huit ans qu'elle ponctionne la protection sociale pour financer sa politique de défiscalisation des rentiers et des fortunés, voilà huit ans qu'elle reporte le poids de la dette sur les générations à venir, inventant ainsi un véritable impôt sur les naissances (...) Cet impôt sur les naissances vient d'être enfin stoppé à l'Assemblée nationale avec son rejet en commission des Lois et des Affaires sociales (...) Alors que le budget impose une nouvelle cure d'austérité aux Français, c'est désormais tout le financement de leur protection sociale qui est asphyxiée."

- Martine Billard, députée Parti de gauche (PG) : "Il s'agit d'un véritable budget d'austérité pour les citoyens qui continue de faire la part belle aux plus riches. Ce projet de budget revient à limer 20 niches fiscales, pas forcément les plus scandaleuses, et à faucher les effectifs dans la fonction publique. Le gouvernement reprend les mêmes recettes budgétaires qui font payer aux français les effets de sa politique". 

- Europe Ecologie : "Travailler plus pour gagner plus, maintien du bouclier fiscal, odes à la France des propriétaires... Le gouvernement continuera en 2011 à gaspiller des milliards pour des slogans qui aggravent le chômage, creusent les inégalités et ignorent l'urgence en situation de crise", estiment-ils. 

- Marie-Anne Montchamp (UMP-villepiniste): "On arrive au bout d'un modèle. Je serai extrêmement vigilante sur les comptes sociaux, pour que les mesures ne soient pas pénalisantes pour les Français. Il faut leur laisser du pouvoir d'achat. Le système social a besoin de ressources nouvelles. Même si on procède à des économies, cela ne suffit pas. Malheureusement, on renvoie ce sujet à après 2012".

- François de Rugy (Verts): "Les impôts augmentent. Le gouvernement fait les poches des Français. On parle de chasse aux niches fiscales. Ce n'est pas vrai. Un certain nombre de prélèvements augmentent. Par exemple: un millions d'euros supplémentaires sur les factures internet. C'est une politique de gribouille, sans ligne directrice. Si on veut parler des mensonges aux Français, on pourrait."

- Henri Emmanuelli (PS): "On va avoir une hausse d'impôts de dix milliards à peu près, qui va être tout aussi injuste. C'est la première facture. Il y en aura d'autres. Dès qu'il s'agit d'introduire un peu de justice, on se heurte à cette politique de déni qui semble être la marque du régime : tout va bien, nous sommes les meilleurs".

- Jean-Pierre Brard (PCF): "C'est un budget menteur à l'image du président de la République. Il n'est pas touché au bouclier fiscal mais on s'attaque aux jeunes mariés... On ne prend rien aux plus riches. Rien sur les paradis fiscaux, sur la fraude..."

--- La croissance

- Jean-Michel Baylet, président du Parti radical de gauche (PRG) : "L'austérité et la rigueur que le gouvernement veut imposer aux classes moyennes tout en préservant le bouclier fiscal pour les plus riches vont une nouvelle fois pénaliser la consommation des ménages et le dynamisme économique du pays. Ce qui va plomber la croissance et empêcher une baisse durable du chômage".

- Martin Malvy, député PS et président de l'Association des maires des petites villes (APVF) à propos du gel sur trois ans des dotations de l'Etat aux collectivités : "En considérant les collectivités locales seulement comme une source de dépenses pour l'Etat et non comme un acteur de premier ordre de l'économie nationale, le gouvernement commet malheureusement un contre-sens qui risque de pénaliser lourdement et durablement la croissance économique et l'emploi".

- François Rebsamen, sénateur-maire PS de Dijon, a dénoncé un projet de budget où "pour la première fois dans le budget de la France, le premier poste de dépense n'est pas l'éducation, mais le remboursement des intérêts d'emprunt de la dette".

- Charles de Courson (Nouveau centre): "Nous nous félicitons que le gouvernement réduise d'un quart les déficits publics. Mais il faut rappeler que ce résultat est obtenu à hauteur d'un point par une augmentation des prélèvements obligatoires, et à hauteur de 40% par la maîtrise de la dépense publique, qui est encore insuffisante".

- Pierre-Alain Muer (PS): "Le gouvernement fait un plan d'austérité sans précédent, avec une hausse massive des impôts et une réduction sans précédent des dépenses publiques, avec un gel du salaire des fonctionnaires et un gel des dotations aux collectivités locales... Aucun institut ne retient l'hypothèse de 2% de croissance". 

--- L'environnement

- Europe Ecologie : "L'attaque contre le crédit d'impôt écologique symbolise l'absence de stratégie du gouvernement (...) En refusant d'engager fortement la France dans l'économie verte, on la condamne à une double peine: on ne réduit en rien la délocalisation des entreprises traditionnelles et on passe à côté des emplois industriels de demain liés à la révolution écologique".

http://www.sudouest.fr/2010/09/29/la-politique-d-austerite-budgetaire-prevue-pour-2011-dechaine-les-critiques-de-l-opposition-198232-3.php

 

*) Euratlantique : La supply chain, un atout pour les territoires

Les enjeux du développement des territoires sont l'équilibre entre les activités économiques, l'urbanisme raisonné, la qualité des transports et des modes de communication, la complémentarité des espaces, l'optimisation des investissements, l'attractivité et les économies d'énergie

Pivot du projet Euratlantique, le quartier de la gare verra émerger de nouveaux équipements. L'opération, qui s'étendra sur les communes de Bordeaux, Bègles et Floirac, vise à créer d'ici 2030 un centre d'affaires au rayonnement international et de nouveaux quartiers …de la simple disposition des hommes et des activités. Les enjeux du développement des territoires sont l'équilibre entre les activités économiques, l'urbanisme raisonné, la qualité des transports et des modes de communication, la complémentarité des espaces, l'optimisation des investissements, l'attractivité et les économies d'énergie.

Parallèlement, depuis la fin des années 1980, la notion de supply chain management favorise une organisation efficace des flux physiques et informationnels entre différents acteurs connectés en réseau dans un souci de rentabilité économique, de respect des normes environnementales et de cohésion sociale. Ses principes fondateurs sont la performance, la réduction des coûts, la rapidité et la fluidité dans une optique collaborative entre fournisseurs, industriels et distributeurs. Cette fluidité est cependant limitée par les territoires et leurs infrastructures. Ainsi, la saturation de la RN 10 entre le Pays basque et Bordeaux par un trafic de transit entre l'Espagne et l'Europe du Nord forme un goulet d'étranglement pour le transport de marchandises. Le développement économique génère nombre de supply chains contraintes par l'historique de l'aménagement du territoire, comme la croissance du site pétrochimique d'Ambès, près de Bordeaux, durant les Trente Glorieuses, qui pose la question des sites sensibles et des flux dangereux qu'ils génèrent en zone périurbaine.

La gestion durable de la supply chain ne se contente pas d'organiser l'augmentation des espaces et des volumes circulants : elle limite les longs trajets routiers, favorise la distribution de proximité, organise le retraitement des déchets, limite les nuisances sonores… Ses principes doivent être pris en compte rigoureusement dans le développement durable des territoires. C'est un facteur clé de succès à la fois économique, écologique et sociétal.

--- Un faisceau d'initiatives

Dire que les territoires n'ont pas du tout intégré la supply chain dans leur développement serait faux et injuste. Citons notamment les efforts réalisés par de grandes métropoles telles que Bordeaux ou La Rochelle dans d'intégration du transport urbain. Le développement de pôles logistiques - à Bordeaux-Cestas et à Bayonne-Mouguerre-Lahonce - et de plates-formes spécialisées - à Agen et à Pau - permet un maillage de la région et une accélération des livraisons locales tout en réduisant coûts et risques. L'ouverture depuis le 10 septembre de l'autoroute de la Mer entre Nantes et Gijon, en Espagne, élimine un certain nombre de camions des axes aquitains. Les parcs fournisseurs, qui concentrent les entreprises appartenant aux mêmes chaînes logistiques sur une même zone, réduisent les flux diffus et créent des synergies.

L'exemple du pôle de compétitivité Aerospace Valley, regroupant 570 entreprises du secteur aéronautique et spatial dans la banlieue ouest de Bordeaux (Mérignac, Le Haillan, Saint-Médard-en-Jalles), illustre une intégration économique harmonieuse et compétitive. Il en va de même avec la Route des lasers au Barp, le pôle de géosciences Avenia à Pau ou Xylofutur consacré aux produits des forêts dans les Landes. Le procédé de valorisation des déchets industriels (logistique des retours) et urbains (traitement de l'amiante) grâce à la torche à plasma d'Europlasma en Gironde, exploitée par Inertam à Morcenx (40), est un autre usage pertinent des supply chains au sein d'un territoire.

--- Une approche ambitieuse

L'incertitude de notre avenir énergétique et les perspectives d'instabilité économique posent la question de l'évolution des territoires dans un environnement mondialisé. Une piste à envisager pourrait être la logique « glocale », faisant du territoire un espace ouvert aux échanges, aussi indépendant que possible. Le territoire développe alors une organisation interne spécifique et adaptée à ses caractéristiques tout en restant connecté et attractif. C'est ce que tente Bordeaux en choisissant de redynamiser un territoire de 738 hectares avec des aménagements durables autour de la gare. L'ambition est de faire du projet Euratlantique un centre d'affaires international. La ligne de TGV qui mettra Paris à deux heures cinq minutes en 2016 sera prolongée vers Toulouse et Bilbao en 2020. Bureaux, commerces, habitat, infrastructures… ce nouveau territoire favorisera la ville tout en augmentant son rayonnement. Grâce à ces nouveaux équipements culturels et commerciaux d'envergure, la gestion des flux de personnes et de marchandises et la durabilité des activités détermineront la réussite de ce projet. * Équipe de recherche en Supply Chain Management à BEM.

http://www.sudouest.fr/2010/09/28/un-atout-pour-les-territoires-196973-736.php

 

*) Juppé vise la construction de 60 000 logements à Bordeaux

Le maire dévoile la carte des futurs logements à rénover ou construire dans la ville d'ici à 2030.

Alain Juppé a choisi la maison écocitoyenne, nouveau lieu public sur les quais, pour tenir son point presse de la rentrée, hier matin.  Le logement. Tel était le thème de la conférence de presse de rentrée du maire de Bordeaux, Alain Juppé (UMP), hier en fin de matinée. Il a choisi une maison, celle de l'écocitoyenneté qui sera inaugurée début octobre sur les quais, pour en parler. « Je veux y mettre l'accent car le logement est la priorité des prochaines années, dit-il d'emblée. C'est la préoccupation majeure des classes moyennes et des jeunes qui ont des difficultés pour se loger ». L'agglomération aimerait devenir millionnaire d'ici 20 ans. Bordeaux ambitionne, elle, d'accueillir 100 000 habitants supplémentaires à l'horizon de 2030. « Nous allons construire 45 000 à 50 000 logements. 15 000 autres vacants seront rénovés. » Le maire de Bordeaux estime cet objectif de 60 000 logements, soit 3 000 par an, « ambitieux mais réaliste ». Ces 3 000 logements représenteraient un tiers de la production annuelle prévue à l'échelle de la Communauté urbaine.

--- Au nord et au sud, ça avance

Où seront-ils construits ? Autour d'un arc dessinant sa courbe au-dessus de la Garonne. Plusieurs de ces projets sont déjà connus et bien avancés. 458 permis de construire viennent d'être délivrés sur l'ensemble Ginko sur les Berges du Lac. 200 autres sont en cours d'instruction. Le projet des Bassins à flots, supervisé par l'urbaniste et architecte Nicolas Michelin est également bien avancé. 140 000 mètres carrés de permis de construire ont été demandés. Les travaux auront lieu entre 2011 et 2013, un groupe scolaire y ouvrira ses portes à la rentrée de septembre 2013. Bassins à flots et Berges du Lac accueilleront à terme 10 000 logements. Plus au nord, à l'intérieur et à l'extérieur de la rocade, 13 500 logements sont aussi prévus dans la zone économique de Bordeaux Nord. Enjambons la Garonne. Rive droite, au pied du futur pont Bacalan-Bastide, l'urbaniste Djamel Klouche planche sur la construction de 10 000 logements. Les études opérationnelles sont attendues l'an prochain. Cet ensemble sur les quais de Brazza et de Queyries englobe aussi la caserne Niel.

Retour sur la rive gauche. Autre pôle de développement majeur : Euratlantique autour de la gare. 10 000 nouveaux logements y sont attendus. La pré-commericalisation a débuté. « Elle marche bien. Nous avons de la demande sur 200 000 mètres SHON (1) », précise Alain Juppé.

--- 55 % de logements sociaux

Reste un peu plus de 15 000 logements dans le reste de la ville. Parmi eux, une grande partie d'immeubles vacants à rénover. Bordeaux va bénéficier du PNRQAD. Comprendre Programme national de requalification des quartiers anciens dégradés. Montant global de l'opération : 87 millions d'euros dont près de 20 alloués par l'Anru (Agence nationale de rénovation urbaine). Ce programme va permettre de réhabiliter ou construire 900 logements dont 300 à vocation sociale dans les quartiers de Saint-Eloi, Saint-Michel, Sainte-Croix. La ville de Bordeaux va mouiller le maillot. « Nous allons consacrer 6 millions d'euros par an au logement, soit 10 % de notre budget d'investissement », annonce le maire. Des crédits qui permettront de construire ou rénover des logements sociaux. L'objectif est ambitieux. Parmi ces 60 000 logements, 55 % seront « aidés ». « 20 % seront en accession sociale à la propriété, 35 % en location à loyer modéré », précise-t-il. Les 45 % restant seront en accession libre. La ville va enfin consacrer 400 000 à 500 000 euros par an à la production de logements durables. « On a réveillé la ville, analyse Alain Juppé. Maintenant il faut passer à une autre phase, urbaniser de vastes espaces, faire passer Bordeaux de capitale régionale à métropole européenne. »

(1) Surface Hors Oeuvre Nette

http://www.sudouest.fr/2010/09/22/juppe-vise-les-60-000-191491-625.php

 

*) CUB : 50 000 logements à imaginer

Où et comment bâtir ces logements ? Cinq équipes d'architectes triées sur le volet sont chargées de répondre.

Djamel Klouche, Rem Koolhaas, Anne Lacaton et Alexandre Chemetoff vont réfléchir sur les moyens de produire « vite et bien » ces 50 000 logements.  C'est l'un des enjeux de l'actuelle présidence de Vincent Feltesse à la communauté urbaine : organiser l'implantation future de 50 000 logements dans l'agglomération. 50 000 nouveaux logements nécessaires pour que la CUB atteigne le cap du million d'habitants qu'elle vise, peu ou prou, d'ici 2030. Où bâtir ? Comment bâtir ? De quelle manière, dans quels volumes, sur quel foncier… La CUB vient de demander à cinq équipes d'architectes et d'urbanistes d'imaginer des réponses à ces vastes questions. Le point de départ de ce remue-méninges est précis : « Il s'agit de construire du logement à proximité des transports collectifs, notamment de la future troisième phase du tramway (1) », explique Vincent Feltesse, avant d'ajouter : « On n'a sans doute pas assez construit près du tram lors des deux premières phases… »

--- 1 La méthode

La planification urbaine est parfois jugée incertaine ou laborieuse (il faut quinze ans pour réaliser une ZAC, zone d'aménagement concerté…). Vincent Feltesse a préféré aborder la question du peuplement de l'agglo « par les projets ». Ainsi, pour ce travail, l'agglomération a été découpée non pas en secteurs d'aménagement, mais en types de territoires.

Six « lots » ont été définis, qui sont autant de manières d'habiter la ville : les « faubourgs denses » (rue Fondaudège ou route de Toulouse à Bordeaux, avenue du Taillan à Eysines, avenue Pasteur à Pessac…), les « pôles d'échange » (gare de l'Alouette à Pessac, de Caychac à Blanquefort…), les « lisières d'espaces naturels » (quartiers du parc des Angéliques, du parc des Jalles…), les « grands sites commerciaux » (Mérignac Soleil, Rives d'Arcin…), le campus et, enfin, les « lotissements pavillonnaires » voisins de grandes lignes de transport (le Pontet à Pessac, avenue du Taillan au Bouscat…).

Six lots : voila pour l'équation de départ. Pour la résoudre, cinq équipes d'architectes et d'urbanistes ont été retenues, qui devront proposer une stratégie sur chacun de ces lots. Un suivi sera assuré par trois comités : un comité politique, un comité technique, et un comité partenarial (qui inclut les bailleurs sociaux par exemple).

--- 2 Le calendrier

Cinq équipes, sur 27 candidates, ont été sélectionnées au début de l'été (voir ci-contre) ; elles toucheront, chacune, 100 000 euros de rémunération pour leur travail. Cet automne, chacune de ces équipes va rencontrer les élus et les services de la CUB, à la fois pour définir une « stratégie globale » et pour esquisser une « vision » sur chaque lot : il y aura le panorama, et les zooms. Puis, à la fin de l'année, se tiendra une nouvelle sélection : chaque lot sera attribué à l'une des cinq équipes, qui devra proposer une feuille de route et des modes d'intervention sur son lot de référence.

--- 3 Les enjeux

Pour des raisons sociales et environnementales, la CUB veut passer de l'étalement au recentrage, produire une ville « dense et compacte », selon un diagnostic partagé par Alain Juppé et Vincent Feltesse. Ce dernier utilise souvent l'image de « l'arc » et des « flèches » : l'« arc de développement durable » que porte la Ville de Bordeaux de part et d'autre du fleuve (arc qui va d'Euratlantique aux berges du lac en passant par les bassins à flot…), et les « flèches de mobilité » qu'aménage la CUB (grands transports en commun, notamment troisième phase du tram). C'est dans ce cadre que les équipes devront proposer des choix d'aménagement, repérer des parcelles, définir des échelles…

--- 4 Les questions

La méthode, née des échanges de Vincent Feltesse avec Arc-en-rêve, l'agence d'urbanisme ou le club Ville aménagement, est innovante, et volontiers expérimentale. Alors forcément, il faut apprendre en marchant, et quelques questions viennent à l'esprit. Par exemple, comment s'articulera la réflexion entre les cinq équipes, les six lots, les trois comités de suivi ? « Le problème de la cohérence n'est pas primordial ; il ne s'agit pas de créer un jardin à la française sur toute l'agglo, mais de trouver des moyens de produire vite et bien du logement près des transports collectifs », note Vincent Feltesse.

Autres interrogations : que restera-t-il concrètement de ce large exercice de réflexion ? L'effort de construction sera-t-il suffisant pour bâtir ces 50 000 futurs logements (en grande partie sociaux) ? Y aura-t-il assez d'emplois et de tonus économique pour stimuler la venue de tous ces nouveaux habitants ? À suivre !

(1) Troisième phase du tram qui comprend la mise en place de la ligne D pour desservir le quadrant nord ouest.

http://www.sudouest.fr/2010/09/01/50-000-logemen-ts-a-imaginer-173338-755.php

 

*) Floirac : Les communistes et le logement social

Le groupe communiste dénonce les prix des loyers appliqués par les bailleurs aux personnes concernées par le relogement. La députée-maire a mis les choses au point.  Cette séance de rentrée du Conseil municipal floiracais, lundi soir, a été vite expédiée. Les 14 dossiers inscrits à l'ordre jour étant votés à l'unanimité. Les communistes ont toutefois profité d'une demande de subvention au Conseil régional d'Aquitaine pour soutenir une action de participation et de communication des habitants concernés par la rénovation urbaine du Bas-Floirac pour faire une longue déclaration sur la politique des logements sociaux.  La députée-maire Conchita Lacuey et ses collègues socialistes ont écouté Françoise Cantet exprimer « des inquiétudes sur les difficultés de relogement rencontrées par les habitants de Libération dont les revenus sont très modestes et qui souhaitent rester Floiracais ». Ces mêmes communistes estiment « pas raisonnable les orientations et logiques de gestion de bailleurs sociaux quand ils pratiquent une offre locative à des prix inaccessibles pour beaucoup de salariés dont les salaires ne progressent pas ». Preuve à l'appui : « 800 euros pour un T4, de 500 euros à 600 euros pour un T2. »

--- Prix et proportions

Elle ne l'a pas dit mais ça brûlait aux lèvres de Mme Lacuey de dire stop à ses collègues. « J'ai reçu aujourd'hui ces informations, pour la résidence Plazza-Goya, le loyer en Plus (1) d'un T4 de 90 mètres carrés est de 615,98 €, charges comprises. En PLS (2), pour une surface de 91,45 mètres carrés il est de 738,74 €. » La députée-maire ajoute que « les bailleurs sociaux, en particulier Aquitanis, appliquent une baisse de 10 % sur les prix habituels des loyers ». Marcelle Granjeon, l'adjointe au développement social, rappelait sur un ton ne laissant aucune place au doute que « tous les gens ont été relogés à la satisfaction générale ».  Les communistes opposant « la demande importante de logements sociaux en Plus et Plai (3) » au fait que « l'offre des Étangs et de la ZAC des Quais a du mal à trouver preneurs », Mme Lacuey revenait sur la répartition des Plus et PLS de la Plazza-Goya, au nombre respectivement de 88 et 33. « La commune a fait admettre aux bailleurs d'augmenter le nombre des Plus », poursuivait la députée-maire.  Auparavant, Françoise Cantet avait dit les inquiétudes de son groupe sur les convoitises dont fait l'objet un secteur d'HLM, au nord de la ville.

(1) PLS : prêt locatif social. (2) Plus : prêt locatif à usage social. (3) Plai : prêt locatif aidé d'intégration.

http://www.sudouest.fr/2010/09/29/les-communistes-et-le-logement-social-197832-3228.php

 

*) Abattoir : éleveurs en attente

Le projet d'abattoir privé du Groupement des éleveurs girondins n'est toujours pas lancé.

---- Le GEG reproche à la CUB de « traîner les pieds ». 

Un « rendez-vous » met sous pression depuis des mois le GEG, Groupement des éleveurs girondins. Le 31 décembre 2011, la CUB aura fermé l'abattoir de Bordeaux, quai de Paludate. Un équipement que les éleveurs utilisent. La décision a été entérinée en mai 2009 par Vincent Feltesse, le président de la CUB. Le site est englobé dans le projet Euratlantique et le remodelage du quartier Saint-Jean - Belcier. Depuis, le GEG travaille sur le projet d'un nouvel abattoir. Un portage privé, mais qui devrait bénéficier d'aides à l'investissement. Le 18 mai dernier, le dossier a été présenté lors d'une réunion à la Région, et à laquelle ont participé les services de la chambre d'agriculture, de la CUB et du Conseil général.

--- Pas d'engagement ferme

Pour être opérationnel le jour de la fermeture de l'abattoir de Bordeaux, le projet du GEG est contraint à un calendrier serré. « En fonction des engagements des collectivités, on avait prévu de ficeler le montage pour l'été. Ce n'est pas le cas. Nous attendons toujours les réponses de nos partenaires », se désespère Philippe Nompeix. Le 10 juin, une réunion s'est déroulée à la CUB sur l'avancement du « complexe de la viande ». Il a été question de la situation de l'abattoir de Bazas, puis du projet du GEG. En conclusion, la commission de la CUB a proposé de définir « des bases de discussion avec les opérateurs et les partenaires ». Entre-temps, une initiative de la CUB et du GEG pour implanter le nouvel abattoir sur Floirac a échoué.  Dans un courrier du 22 juillet, Vincent Feltesse précise à Serge Chiappa, le président du GEG, qu'une somme de 500 000 euros sera provisionnée pour le nouvel abattoir, mais qu'un document « finalisé » doit encore être transmis pour que la CUB « se détermine en toute connaissance de cause ». Philippe Nompeix, qui assure ne pas vouloir polémiquer, rappelle que « tous les partenaires ont le dossier complet en main depuis la réunion du 18 mai. Et que l'on perd du temps. » En Gironde, le GEG rassemble environ 180 éleveurs bovins et ovins. Et il dispose de son propre réseau de boucheries où la viande est commercialisée en vente directe. L'ensemble réalise un chiffre d'affaires de 7 millions d'euros.

http://www.sudouest.fr/2010/07/30/abattoir-eleveurs-en-attente-149741-729.php

 

*) Les ateliers SNCF emportés par la vague Euratlantique

Les anciens locaux de la SNCF vont disparaître. Une page de l'histoire de Bordeaux se tourne. BARBEY Une centaine de personnes ont assisté à la première réunion hier soir. Extraits

--- Situés au sud de la gare, les ateliers SNCF seront les premiers bâtiments détruits.

Bordeaux Euratlantique sort de l'ombre. Hier soir, à Barbey a eu lieu la première réunion d'information à destination des Bordelais (lire ci-dessous). La première réunion de concertation se tiendra, elle, mardi 12 octobre, salle Son-Tay à Bordeaux. Pour mémoire, il s'agit de la mise en route du plus gros projet de rénovation urbaine à ce jour en France.

Les choses vont aller très vite maintenant. « Nous allons passer aux phases actives », confirme Philippe Courtois, directeur général de l'établissement public d'aménagement. Il faudra tout de même attendre quelques mois avant de voir débouler les bulldozers. Ce sera dans le quartier Saint-Jean-Belcier, le premier espace traité, 160 hectares sur 738 au total.

--- Le long des voies

Ici, on ne sait pas encore ce qui va se faire - le concours d'urbanisme vient tout juste d'être lancé - mais l'on commence déjà à savoir ce qui va disparaître. Les premiers murs qui vont tomber sous les coups des démolisseurs sont ceux des anciens ateliers SNCF, entre les voies sud de la gare Saint-Jean et la rue Amédée Saint-Germain.  Les ateliers sont plantés sur le terrain de 35 hectares que RFF et SNCF ont décidé de céder à Euratlantique. Ce qui a fait l'objet d'une première convention, laquelle a été signée la semaine dernière sous l'œil de Jean-Louis Borloo, ministre d'État.  La destruction de ces ateliers marquera de façon symbolique et non moins spectaculaire la « refonte » du quartier. Du même coup, c'est toute une page de l'histoire de Bordeaux et du rail qui se tournera.  La plupart des bâtiments aujourd'hui désaffectés ont été construits entre 1854 et 1857 au bon temps de la vapeur et de la compagnie du Midi. À cette époque, les trains ne franchissaient pas la Garonne. Ils s'arrêtaient à Saint-Jean. Les voyageurs qui voulaient se rendre à Paris devaient franchir le fleuve pour atteindre la gare d'Orléans, gérée par la compagnie du même et aujourd'hui devenu complexe Mégarama.  Les trains en provenance du Sud s'arrêtaient donc impérativement à Belcier. C'est là qu'ils refaisaient le plein d'eau (d'où la présence d'un immense château d'eau sur le site), le plein de charbon et qu'ils étaient entretenus, réparés ou remis en état (d'où les ateliers). Ces ateliers SNCF ont ensuite, suivant les besoins, changé de fonction jusqu'à leur fermeture au début des années 90.

--- 12 mois de travaux

Depuis, la plupart des bâtiments sont à l'abandon. Seuls sont occupés ceux qui ont tenu le choc, comme ceux qui abritent le restaurant d'entreprise (pour le personnel SNCF) et les quelques salles encore utilisées par les syndicats ou les services sociaux.  RFF va se charger des travaux de démolition. Les entreprises seront désignées à la fin de la présente année et se mettront au travail en 2010. 12 mois de chantier en gros.  Le chantier sera de taille et compliqué. De taille, car ce sont les plus gros bâtiments qui vont être détruits, compliqué, car ces derniers sont tous bourrés d'amiante. Seules quelques constructions seront conservées, de même que tous les éléments rappelant le passé ferroviaire des lieux, pour ne citer que le château d'eau monumental et ses quatre cuves.

=====> «Rien n'est arrêté, tout reste à faire»

Pas de bousculade, hier soir au théâtre Barbey, où avait lieu la première réunion d'information proposée aux habitants de Bordeaux. Cent personnes, en gros, pour cette soirée uniquement animée par Alain Juppé et Philippe Courtois, respectivement président et directeur général de l'établissement public d'aménagement Bordeaux Euratlantique.  Des représentants d'associations surtout, des gens du quartier Belcier-Saint Jean aussi. Des gens visiblement au courant du projet mais un peu inquiets tout de même. Comme en témoignent les remarques recensées au fil de la soirée…

À quoi bon faire un débat, tout est déjà ficelé… « Rien n'est arrêté, tout reste à faire. Pour l'instant, ce ne sont que des idées, des esquisses. Le premier concours d'urbanisme ne sera bouclé qu'en janvier » (Philippe Courtois et Alain Juppé).

Tout va être détruit, on ne reconnaîtra plus les quartiers… « Il n'est pas question de faire table rase. Les constructions nouvelles se feront exclusivement sur les friches et terrains mutables recensés. 250 hectares sur 738 hectares » (Philippe Courtois).  Plein de tours, des immeubles à perte de vue… « Il n'y aura pas de tours de bureaux et pas tours de logements. Les immeubles ne devraient pas faire plus de 5-6 étages et il n'y aura pas que des immeubles » (Philippe Courtois). « Il n'y aura pas pour autant des rangées d'échoppes. Entre les deux, on peut faire quelque chose de bien » (Alain Juppé).

On va encore densifier la zone urbaine, il n'y aura plus un brin d'herbe, un arbre… « Sans compter les zones vertes le long des voiries, les parcs, squares et jardins occuperont 50 hectares » (Philippe Courtois). « Nous comptons créer un parc d'au moins 10 hectares au cœur de Saint-Jean Belcier et tout au long de la Garonne jusqu'à Bègles, les quais seront aménagés et aussi verts que ceux de Bordeaux » (Alain Juppé).  Avec la maxi-gare, le nombre de voitures va augmenter de façon considérable et engorger le quartier… « Le pont Jean-Jacques -Bosc devra être impérativement en service en 2016 » (Philippe Courtois) « Le plan de transport en commun sera revu en conséquence. Nous avons transmis nos souhaits à la CUB» (Alain Juppé).  Des propriétaires ne vont pas manquer de spéculer dans cette affaire… « L'opération va faire l'objet d'une déclaration d'utilité publique. Le préfet nous a délégué son pouvoir pour procéder aux expropriations. Dans une telle opération, il ne peut pas y avoir d'abus, ce serait mettre en péril tout le projet » (Philippe Courtois).  Ca va aller très vite… « Non ! C'est une très longue histoire qui commence. Elle se terminera dans le meilleur des cas dans 15 ans (Philippe Courtois). « Avec nous ou d'autres peut-être… » (Alain Juppé)  J.-P. V.

http://www.sudouest.fr/2010/10/05/les-ateliers-emportes-par-la-vague-euratlantique-203710-2780.php

 

*) Les collectivités locales au "pain sec et à l'eau" Par Alain Rousset, Président (PS) du Conseil régional d'Aquitaine

Le Conseil régional s'apprête à débattre de ses orientations budgétaires pour 2011. Depuis douze ans, la Région Aquitaine a poursuivi avec rigueur son objectif d'assainissement des finances. En dix ans nous avons divisé la dette par deux, tout en multipliant par deux la richesse produite en Aquitaine, grâce à une politique d'investissements au profit des entreprises et de l'emploi. De fait, l'Aquitaine est depuis trois ans dans le trio de tête des Régions les mieux gérées de France, prête à relever les défis du ferroviaire, de l'orientation et de la formation, ou de la lutte contre le changement climatique. Jusqu'à présent, les ressources des Régions évoluaient en fonction de la croissance, elles vont désormais diminuer sans que les conseillers régionaux puissent en assumer la moindre responsabilité politique. Non content d'avoir effectué des choix hasardeux et corporatistes en faveur des plus riches, le gouvernement vient de décider unilatéralement le gel des dotations d'État aux collectivités pour les trois prochaines années. La suppression de la taxe professionnelle, lancée sans réflexion, aboutie par Nicolas Sarkozy fin 2009, a précipité une réforme de la fiscalité locale sans étude d'impact sur l'investissement public, pourtant porté aux trois quarts par les collectivités et représentant plus de 1 million d'emplois chaque année. Les Régions se retrouvent ainsi sans ressource fiscale propre à part les cartes grises… Dépendant désormais à 90 % de dotations d'État ou assimilées, elles sont mises au pain sec et à l'eau par le gouvernement qui a le culot de leur faire payer le prix de sa mauvaise gestion, alors que les collectivités locales sont tenues par la loi de voter un budget en équilibre. La rigueur a bon dos lorsqu'il s'agit d'affaiblir les Régions. La dette et le bouclier fiscal étaient là avant la crise. Au-delà d'un coup bas politicien, cette attitude est en rupture avec le fonctionnement de nos institutions, puisque les collectivités deviennent la variable d'ajustement du budget de l'État, quelles que soient la qualité de leur gestion et la nature de leurs dépenses. Est-ce à dire que les lycées ont été suffisamment rénovés et réhabilités comme ça ?  qu'il n'est pas nécessaire d'améliorer les TER ? que la formation professionnelle conduit suffisamment de personnes vers l'emploi ? que l'activité économique n'a plus besoin d'intervention publique pour se diversifier et se renforcer ? que les jeunes entrent confiants dans la vie active ? Les Régions ont engagé des politiques de long terme, qui ont prouvé leur efficacité, mais qui ne valent que par leur adaptation à la réalité du terrain. Ancrer l'emploi en Aquitaine, comme nous avons su le faire avec Turbomeca, ou rattraper le retard en matière de logement des jeunes nécessitent audace et constance. Avec un budget régional en baisse alors que nos charges augmentent, on immobilise les politiques d'avenir, sur l'innovation, la jeunesse, la croissance verte. Il faudra alors faire des choix en matière d'investissements. Quelles seront nos priorités ? Les projets des Communes, des Départements, de l'État pour lesquels la Région est sollicitée à hauteur de 600 millions d'euros sur la LGV ou 200 millions d'euros sur l'opération campus ? Ou les projets régionaux avec les lycées zéro énergie de Bègles et Bergerac, les écoles d'ingénieur, les TER, ou les Toits bleus et la filière photovoltaïque ? Faute d'avoir su clarifier les compétences et doter les collectivités des ressources correspondantes, le gouvernement prive l'action publique de sa capacité d'anticipation et de réactivité. J'ai fait des propositions à M Baroin pour que les Régions puissent bénéficier de recettes liées à leur mission d'aménagement du territoire : prélèvement sur les sociétés d'autoroute, TVA à 19,6 % sur les bouquets numériques par exemple. Nous sommes prêts à la discussion.

http://www.sudouest.fr/2010/10/02/les-collectivites-locales-au-pain-sec-et-a-l-eau-201145-756.php

 

 

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        &        Ripostes Sociales           &

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*) Manifestations du 2 octobre à Bordeaux : « objectif atteint » pour les syndicats

Ils revendiquent une mobilisation supérieure à celle du 23 septembre avec 130 000 personnes hier dans les rues de Bordeaux. Ils sont prêts à récidiver le 12 octobre.

Les syndicats ont vu dans le défilé d'hier un encouragement à manifester le 12 octobre.   «Il faut faire du bruit aujourd'hui. Sarkozy est sourd à la rue, alors on va monter le son ». Sous cette recommandation du speaker syndical, un long cortège s'est mis en marche hier, en début d'après-midi, devant le Jardin public pour rejoindre la place de la Bourse en empruntant les grandes artères du centre-ville. Les manifestants étaient au nombre de 130 000 selon les syndicats, soit une dizaine de milliers de plus que lors de la manifestation du 23 septembre dernier. La police en a compté quatre fois moins, 31 500, chiffre inférieur à celui qu'elle avait donné ce jour-là, 37 000. Le grand écart donc, sujet à toutes les interprétations puisque selon le point de vue duquel on se place, la mobilisation s'amplifie ou recule. De visu, difficile de se faire une opinion. Si le cortège était effectivement long, il n'était non plus d'une densité extrême. Mais du monde, incontestablement.

--- Public plus familial

Pour les syndicats, en tout cas, pas de doute, « l'objectif est atteint », selon l'expression de Bernard Benquet et de Corinne Versini, respectivement secrétaire général de la CFDT et de la CGT en Gironde. « On a vu aujourd'hui davantage de jeunes et de gens qui n'étaient pas présents la dernière fois », commentait le premier. Public rajeuni et plus familial aussi : il n'était pas rare, effectivement, de croiser des parents, enfants au bras, voire dans des poussettes. C'était le cas de Carole, 32 ans, assistante maternelle : « Il faut sans doute faire un effort sur l'âge de la retraite, concédait-elle, mais je me vois mal travailler jusqu'à 67 ans. Pas plus que je n'imagine mes enfants devoir travailler jusqu'à 70 ou 80 ans » ! René, 66 ans, retraité, ancien soudeur, se focalisait pour sa part sur la nécessité de prendre en compte la pénibilité de certains métiers : « J'ai commencé à travailler à l'âge de 14 ans. Rien que cette année, j'ai perdu cinq anciens collègues ». Éric, salarié dans les transports urbains se préoccupait, lui, de « l'assiette de cotisations » qu'il faudrait changer. En clair : « Que la réforme des retraites ne soit pas supportée par les seuls salariés ».

--- Grève illimitée

« Le karcher pour nettoyer les injustices sociales » ; « Supprimer le bouclier fiscal pour des mesures sociales » ; « 60 ans pour la retraite ce n'est pas trop, » ; « Sarko, entends-tu, on est tous dans la rue » sont quelques-uns de slogans qui ont rythmé le parcours dans une ambiance assez bon enfant comme en témoigne le concert final donné place de la Bourse par le groupe Afro guinguette. Si rien ne bouge d'ici là, les syndicats ont vu dans le défilé d'hier un encouragement à manifester de nouveau le 12 octobre, jour où le projet de loi sur les retraites arrivera devant le Sénat. « Il faut que le gouvernement ouvre des négociations tout de suite », affirme Corinne Versini, pour qui « la retraite à taux plein à 60 ans » demeure un objectif « possible », notamment en « taxant les revenus financiers ». De son côté, Bernard Benquet pense que la nouvelle mobilisation de ce samedi va « donner à réfléchir aux sénateurs ». En revanche, Jean-François Chambre, de Sud-PTT, estime qu'il en faudra plus pour faire céder le gouvernement. Un mouvement de « grève illimitée » lui paraît le moyen le mieux adapté.

http://www.sudouest.fr/2010/10/03/pour-les-syndicats-l-objectif-est-atteint-201757-2780.php

 

*) Au coeur des cortèges : témoignages de manifestants

Ils ont participé hier aux manifestations dans la région. Quatre manifestants ont confié les raisons de leur mobilisation à Sud Ouest.

--- "Il y a d'autres solutions possibles" Maria Pereira travaille depuis trente ans comme aide-soignante au sein du centre hospitalier de Saint-Privat-des-Prés.

« Je suis dans le cortège de Périgueux aujourd'hui parce que je pense qu'il y a d'autres solutions possibles que celles que le gouvernement veut nous imposer », explique la quinquagénaire, qui s'est récemment syndiquée à la CGT. Pour elle, ce qui ne passe vraiment pas dans cette réforme, c'est surtout « le report de l'âge limite à 67 ans pour bénéficier d'un taux plein ». « Je travaille avec des personnes âgées, et quand je vois l'état de certains d'entre eux à 75 ans, je me dis qu'il ne restera que quelques petites années pour profiter de la retraite en partant à 67 ans. » Âgée de 51 ans, Maria Pereira espère obtenir sa retraite dans six ans, consciente qu'elle bénéficie de la dernière réforme qu'elle juge « bonne ». « Je suis une privilégiée par rapport aux autres femmes car j'ai commencé à travailler à 18 ans et je ne me suis pas interrompue. » Pour elle, travailler après 60 ans est inconcevable. « Mon travail d'aide-soignante est physique et j'ai déjà des douleurs un peu partout à 51 ans, alors je ne me vois pas du tout travailler même après 60 ans, donc encore moins à 67 ! » Selon elle, la réforme des retraites doit tenir compte de la pénibilité : « Nos conditions de travail sont stressantes. Je travaille de nuit, je dois souvent relever des personnes qui sont tombées ou faire face à des crises. » Elle admet qu'elle n'a « pas assez de connaissances pour dire ce qu'est la réforme idéale », mais pense qu'il faut « laisser le choix à chacun de partir à la retraite quand il le veut ».

--- "Je suis choqué par cette réforme" Âgé de 31 ans, Jérôme Jarreton est salarié au sein de la société Fimk (Fabrication industrielle de meubles en kit) à Nersac depuis neuf ans.

« Nous sommes 110 dans l'entreprise, mais nous avons subi un plan social, à la fin 2006. » Le jeune homme est syndiqué à la CGT depuis 2008 et fait partie du comité exécutif de l'Union départementale de Charente. « Je me suis engagé parce que je me suis rendu compte qu'au sein de mon entreprise il y avait assez peu d'écoute des ouvriers. C'est toujours : cadence-cadence. » Rien d'étonnant, alors, à le retrouver au cœur de la manif. « Je suis présent à chaque fois. » Présent pour dire son refus de cette réforme. « Je suis choqué de la façon dont cette réforme a été menée. Sans aucune concertation avec les représentants syndicaux. Puis sans tenir compte de la mobilisation des gens dans la rue », lance-t-il. « Le gouvernement lâche des petites choses, comme sur la pénibilité. Mais moi, je ne me vois pas partir à la retraite à 65 ans ou plus avec un handicap de 20 %. »

Pour lui, il faut continuer la lutte pour obtenir le retrait de la réforme. « Je pense qu'il y a d'autres moyens pour financer les retraites. Plus taxer les grandes fortunes. Donner de l'emploi aux jeunes. Il y a beaucoup trop de chômeurs en France. J'ai parfois l'impression que l'on cherche à maintenir, voire à augmenter ce taux de chômage, en faisant, notamment, travailler les gens plus longtemps. »

--- "Aujourd'hui, je suis là pour mes enfants aussi" Patrick Hachaguer était technicien au service « retour clients » dans l'entreprise Sony à Pontonx. Longtemps porte-parole des 300 salariés de l'entreprise, il a été licencié en juin 2009. Il était hier dans la manifestation contre la réforme des retraites, comme les fois précédentes. « Oui, j'y suis, et j'y reviendrai. Par conviction, et pour mes enfants aussi. Ils ont 22, 19 et 13 ans. Il faudra tout de même qu'on m'explique comment, en nous faisant travailler plus longtemps, on pourra donner du travail aux plus jeunes. De toute façon, au niveau de l'emploi, il y a vraiment deux tranches d'âge sacrifiées : les jeunes et les seniors. » Lui ne fait pas encore partie de la seconde catégorie. À 48 ans, il est en phase de reconversion. Il a entrepris une formation à l'Afpa à Pau, pour devenir… conseiller en insertion professionnelle. Une période de neuf mois qui va s'arrêter le 19 novembre prochain. Après va se poser pour lui le problème du retour à l'emploi, dans une région où les propositions ne courent pas les rues. « Comment quitter les Landes ? J'ai travaillé vingt-cinq ans chez Sony, et je ne parle pas seulement pour moi mais pour mes enfants. Heureusement, je crois pouvoir dire que j'ai quelques pistes pour un emploi futur… » Est-ce que cette période de formation-reconversion est prise en compte ensuite dans le calcul de sa retraite, Patrick Hachaguer n'en sait rien. Tout comme il ne sait pas combien de temps la période de carence qu'il connaît actuellement va durer. « C'est la période entre le dernier mois d'indemnisation que je touchais, qui correspondait quasiment à mon salaire chez Sony, et ma future prise en compte à Pôle emploi. Je ne sais absolument pas jusqu'à quand j'y serai soumis. » En clair, cela signifie que, depuis trois mois, il n'a pas touché un centime. Il avait anticipé et pris quelques précautions, mais il pense à tous ses anciens collègues plus mal lotis que lui. « C'est aussi pour eux que je suis là. Il y a tant de raisons ! »

--- "Il est obligé de reculer" Après quarante années de cotisations, quatorze en tant que travailleur du bâtiment, vingt-six comme cheminot à la SNCF, Patrick Bassalère a pris sa retraite il y a deux ans. À 58 ans. « Mais j'ai commencé à travailler à l'âge de 17 ans et demi », précise-t-il.

Ce moustachu jovial qui ne cache pas sa fibre cégétiste touche aujourd'hui une pension de 1 100 euros net par mois. A priori, il n'est pas concerné par les mesures annoncées mais il se méfie terriblement : « Plus tard, il va probablement y avoir des décotes aussi pour les retraités, mais ils n'osent pas le dire. » Depuis que le projet de réforme des retraites est sur la table, Patrick Bassalère est de toutes les manifs bordelaises, dont celle d'hier, qui a rassemblé 130 000 personnes, selon les syndicats. « J'ai des petits-enfants, je voudrais qu'ils puissent bénéficier d'une retraite comme moi. » En faisant valoir ses droits à la retraite à taux plein, le Béglais a tout de même « perdu 1 000 euros de revenus par mois » car « quand j'étais en activité, je travaillais en trois-huit ». Il n'en a donc plus les avantages. Son épouse qui, elle, n'est pas encore retraitée, gagne 1 200 euros par mois. « Nous n'avons pas fini de payer notre maison. Si l'on ajoute les impôts locaux, l'eau, le gaz et l'électricité, il ne reste pas grand-chose au bout du compte. Heureusement, je ne suis plus imposé sur le revenu depuis cette année. » Pour ces raisons, Patrick Bassalère « ne part pas en vacances ». Mais il ne veut pas trop se plaindre, considérant que beaucoup de retraités, « surtout les femmes », sont plus mal lotis. C'est aussi pour cela qu'il manifeste. Il croit qu'à force de mobilisation le gouvernement finira par reculer : « Il y est obligé tant cette réforme est injuste. » Il croit qu'il cédera, en particulier « sur l'âge ». À chaque manifestation, Patrick Bassalère trouve un motif supplémentaire de se réjouir d'une mobilisation qui ne décline pas : « J'ai vu dans les défilés des têtes que je n'aurais jamais imaginées là quand j'étais en activité. J'ai vu des cadres et j'ai même croisé un ancien directeur d'établissement. » Si rien ne bouge significativement d'ici là, Patrick Bassalère sera de nouveau dans la rue le 12 octobre.

http://www.sudouest.fr/2010/10/03/-201652-4583.php#xtor=EPR-260-[Newsletter]-20101003-[zone_info]

 

 

*) Mais où sont donc passés les profits du CAC 40 ?

Dopés par les mesures gouvernementales, les facilités accordées par la BCE et les réductions massives d’emplois, les grands groupes utilisent leurs 41,5 milliards de bénéfices pour spéculer sur la dette publique et distribuer des dividendes.

« Les entreprises du CAC 40 ont doublé leurs profits semestriels » : ce titre du journal patronal les Echos, début septembre, au moment même où le gouvernement expliquait qu’il n’y avait pas d’argent pour maintenir la retraite à soixante ans à taux plein, a certainement contribué à renforcer la colère sociale. Les 40 plus importantes entreprises financières, industrielles et de services cotées à la Bourse de Paris ont dégagé, au cours des six premiers mois de l’année, 41,5 milliards d’euros de bénéfices. Alors que leur chiffre d’affaires s’est amélioré de 7 %, leurs profits affichés ont bondi de 85 %. Comment ont-elles fait pour redresser à ce point leur rentabilité et à quoi ont-elles utilisé ce pactole ?

Depuis le krach de septembre 2008, tous les efforts du gouvernement de Nicolas Sarkozy et de la droite ont été tendus vers cet objectif : permettre aux mastodontes du capital de se refaire une santé. Les mesures de relance, les aides à la trésorerie et à l’investissement, les prêts, les primes à la casse … ont servi à cela. La Banque centrale européenne (BCE) a de son côté inondé les banques de liquidités à très bon marché. Les banques ont pu emprunter au taux de 1 % et prêter à 4, 8 % ou 10 %. Aussi n’est-il pas étonnant que ce soient les sociétés financières (BNP Paribas, Société générale, Unibail-Rodamco…) qui ont dégagé en ce début d’année les bénéfices les plus importants au sein du CAC 40. Les entreprises du CAC 40 ne se sont pas contentées de cela, elles ont pris des mesures en interne en conduisant des politiques salariales très restrictives et, surtout, en réduisant leurs effectifs. Si 256 000 emplois salariés ont été supprimés en 2009 en France ; les champions du CAC n’y sont pas pour rien, directement ou indirectement. Les économistes de l’OFCE (1) remarquent ainsi que parmi les grands pays développés, « au total, c’est la France qui subira les plus lourdes pertes sur le marché du travail, avec 1 % de baisse de l’emploi total sur deux ans ».

--- La restauration des profits dans toute l’OCDE

Cette tendance à la restauration des profits capitalistes n’est cependant pas une particularité française. Dans son rapport publié la semaine dernière, l’OCDE, organisme qui regroupe les principaux pays industriels, note que les bénéfices des entreprises dans leur zone d’influence « ont fortement augmenté ». Aux États-Unis et au Japon, rapportés au chiffre d’affaires, ils sont en passe de retrouver leur niveau très élevé de 2006. Dans la zone euro, la part du profit brut (l’excédent brut d’exploitation, notion plus large que le seul bénéfice affiché au final par l’entreprise) dans la valeur ajoutée des entreprises, s’il n’a pas retrouvé son pic d’avant la crise, se redresse fort et vite.

Quelle utilisation les grands groupes du CAC font-ils de leurs bénéfices ? L’investissement ? Celui des entreprises françaises se redresse, certes, mais il reste à un faible niveau. Après avoir chuté de 21 % en 2009 dans l’industrie manufacturière, il devrait progresser de 5 % en 2010. La croissance ? Pour ce qui concerne les pays avancés, l’OCDE évoque « l’essoufflement de la croissance ». Même en France, celle-ci n’est pas assurée. Qu’ont donc fait les grands groupes nationaux de leurs ressources ? En juin dernier, les analystes financiers tablaient sur une hausse des dividendes de 2010, versés aux actionnaires en 2011, de 15,3 %, puis une augmentation de 12 % pour ceux de 2011, versés en 2012. Pour gonfler cette manne, nombre de grands groupes utilisent également leurs profits pour racheter une partie de leurs actions propres avant de les détruire : un dividende en hausse avec un nombre d’actionnaires en baisse, cela fait les choux gras des nantis.

--- Banques et assurances à la pointe de la spéculation

La folie financière à l’origine de la crise fait donc encore des ravages. Les OPA et autres opérations qui contribuent à d’énormes gâchis de capitaux, ont repris. Banques et compagnies d’assurance sont à la pointe de la spéculation financière. Alors qu’en Europe et aux États-Unis, elles ont toujours la possibilité de se refinancer à très bas taux, elles placent massivement leurs disponibilités sur les titres d’une dette publique qu’elles ont contribué à faire grossir. Cette ruée sur les titres d’État explique l’atonie du marché des actions.

Le soufflet financier reprend rapidement du volume. Il faut pourtant pouvoir le dégonfler autrement que par l’intermédiaire d’un krach. Cela appelle des réformes radicales depuis l’entreprise jusqu’au niveau international. Pierre Ivorra

(1) L’Économie française  en 2011, éditions La Découverte, septembre 2010.

http://www.humanite.fr/node/453437

 

*) Retraites : un nouveau rendez-vous le Samedi 16 Octobre

Le gouvernement reste sourd ? Après la journée de mardi prochain, les syndicats ont décidé d'appeler à une nouvelle journée de manifestations, le samedi 16 octobre contre le projet de réforme des retraites. Le mini recul du gouvernement au Sénat ne désamorce pas la colère des salariés. Sur le coeur du projet, le recul de deyux ans de l'âge de départ, "pour l'essentiel le gouvernement ne bougera plus, a déclaré le conseiller social de l'Elysée, Raymond Soubie. Non pas parce qu'il est obstiné, entêté mais tout simplement parce qu'il ne peut pas faire autrement". Les huit organisations de l'intersyndicale nationale (CGT, CFDT, CFE-CGC, CFTC, FO, FSU, Solidaires et Unsa) se sont retrouvées vendredi à la mi-journée au siège de l'Unsa à Bagnolet (Seine-Saint-Denis). Une journée interprofessionnelle de grèves et manifestations a déjà été programmée mardi prochain, le 12 octobre, avec des préavis de grève reconductible dans de nombreux secteurs, dont les transports. La journée du 16 octobre sera la seconde journée de manifestations organisée un week-end depuis le début de la mobilisation contre le projet gouvernemental. Après les deux amendements du gouvernement en faveur des mères de 3 enfants et parents d'handidapés annoncées jeudi, "il peut y avoir des amendements au Sénat sur des problèmes beaucoup moins importants qui seront votés dans les prochains jours mais, encore une fois, rien qui changera aujourd'hui l'architecture du projet sur les mesures d'âge et sur l'équilibre financier", a-t-il insisté.

http://www.humanite.fr/08_10_2010-retraites-un-nouveau-rendez-vous-le-16-455348

 

*) L'UNEF pour la grève dans les universités "si les assemblées générales sont représentatives"

[INTERVIEW] Jean-Baptiste Prévost, le président de l'Union nationale des étudiants de France (UNEF), appelle les étudiants à cesser les cours à partir de mardi et "à voter la grève dans les universités".  Le président de l'UNEF, Jean-Baptiste Prévost, invite les étudiants à rejoindre les salariés dans leur mouvement contre la réformes des retraites

--- « Sud Ouest » Vous avez appelé les étudiants à manifester mardi contre la réforme des retraites. Peuvent-ils se sentir concernés par une question si lointaine pour eux ?

Jean-Baptiste Prévost La réforme qui reporte l’âge légal de la retraite à 62 ans ferme un peu plus les portes de l’emploi pour les jeunes et elle contribue un peu plus à accroître leurs difficultés d’insertion, pas dans quarante ans, mais dans deux à trois ans. Ce sont un million d’emplois qui ne seront pas libérés sur le marché du travail d’ici à 2016. C’est donc une dégradation des difficultés d’insertion sur le marché du travail qui se profile. De plus, avec une réforme qui ne prend pas en compte l’allongement de la durée des études et les périodes de précarité et de chômage, cette réforme prive un peu plus les jeunes du droit futur à une retraite financée par la solidarité. Compte tenu des carrières « à trous » qu’ils subiront, ils n’auront pas la possibilité de payer des cotisations pour obtenir des pensions à taux plein.

--- C’est donc une préoccupation immédiate ?

Le message que le gouvernement envoie aux jeunes, c’est « travaillez plus longtemps, travaillez plus dur, restez pauvres et excusez-nous pour le chômage ». Ce n’est pas une perspective d’avenir pour les deux ou trois prochaines années. La réforme va pénaliser les conditions d’’embauche des jeunes alors qu’ils ont été en première ligne de la crise économique.

--- Beaucoup de jeunes étudiants qui savent quelles sont les perspectives démographiques de la France, se disent-ils qu’ils devront épargner pour leur retraite ?

C’est justement à quoi pousse insidieusement cette réforme ainsi d’ailleurs que celles qui l’ont précédée. C’est une curieuse conception du progrès de la civilisation de considérer qu’un allongement de l’espérance de vie doive automatiquement se traduire de l’allongement du temps passé au travail. Si les jeunes sont contraints à la capitalisation, ils ne le souhaitent pas parce que tout simplement, ils n’auront pas les moyens de mettre de l’argent de côté. Déjà, ils n’ont pas les moyens de rembourser les prêts quand ils font des études, ils n’ont pas les moyens d’accéder à la propriété immobilière ! C’est pour cela qu’ils n’en veulent pas, d’autant qu’ils ont compris avec la crise que les fonds de pension peuvent être ruinés du jour au lendemain.

--- En tant que président de l’UNEF, vous appelez les jeunes à manifester, cela peut-il aller jusqu’à un appel à la grève des étudiants ?

A ce stade, rien n’est exclu. Nous les appelons à se mobiliser aux côtés des salariés, nous devons participer encore plus massivement aux manifestations, quelque chose est en train de naître dans la jeunesse. Se mobiliser, cela veut dire se réunir en assemblées générales, voter la grève lorsque les assemblées générales sont représentatives et significatives.

--- Vous appelez donc à la grève à partir de mardi ?

Nous les appellerons à cesser les cours, à participer massivement aux assemblées générales et à se rendre aux manifestations. Le cas échéant, nous les appelons à voter la grève dans les universités sachant que nous participons clairement à une mobilisation dans la durée aux côtés des salariés. Nous sommes encore dans une phase ascendante, parce que nous sommes entrés plus tard dans la bataille à cause du calendrier de la rentrée qui était peu propice à la mobilisation en septembre.

--- Cela rappelle la mobilisation contre le CPE en 2006 ?

C’est une mobilisation contre la réforme des retraites. Ce n’est pas le même calendrier, pas le même contexte, pas le même sujet. Nous n’avons pas besoin de nous abriter derrière un exemple mythique pour être convaincus de la justesse de notre combat aujourd’hui. Mais nous tenons compte de ce qui s’est passé il y a quatre ans, ce qui a permis de marquer des points dans l’opinion, la jonction entre les jeunes et les salariés, c’est ce que nous visons aujourd’hui de la même manière.

http://www.sudouest.fr/2010/10/07/l-unef-et-la-reforme-des-retraites-nous-appelons-a-voter-la-greve-dans-les-universites-205952-3.php

 

*) Interview de Bernard Thibault, secrétaire national de la CGT : « Dans un mouvement exceptionnel »

Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, pense que le mouvement social est aujourd’hui plus fort que le gouvernement. Pour la suite, la «démocratie va être essentielle».

--- Après les manifestations de samedi, la mobilisation prend-elle un sens nouveau ?

- Bernard Thibault. C’est une nouvelle étape :  la mobilisation s’est installée dans  le pays. La journée de samedi conforte un mouvement qui dure, rendez-vous après rendez-vous, malgré  le gouvernement et le président de la République qui ne cessent de répéter qu’ils ne céderont pas sur le recul  de l’âge de départ à la retraite. Nous avons fait un pari en choisissant une mobilisation un samedi, ce qui n’est pas habituel dans la pratique syndicale en France. De telles mobilisations ne réussissent qu’à des moments exceptionnels. Le succès d’aujourd’hui montre que nous sommes justement dans un mouvement exceptionnel.

--- Parce qu’il y a eu aussi un public nouveau ?

- Bernard Thibault. Oui, il y a eu un renouvellement très important du profil des manifestants. Sans doute pour la moitié, nous avons vu manifester ceux qui ne peuvent pas sortir de leur entreprise par peur  de représailles ou de licenciement,  des jeunes qui ne sont pas spectateurs, qui deviennent de plus en plus acteurs de la mobilisation. Nous ne sommes pas dans un baroud d’honneur.  Il y a une véritable détermination  à ne pas laisser passer ce recul social.  Ce qui me fait dire que si le gouvernement et le chef de l’État persistent, nous allons vers une crise lourde. Le pouvoir est dans le déni,  il a choisi une position radicale.

--- Vous avez déclaré vendredi que  les grèves reconductibles n’étaient pas  à exclure. Est-ce que ça veut dire que  la CGT va pousser en ce sens ?

- Bernard Thibault. L’intersyndicale  a souhaité une multiplication  des initiatives dans les territoires et les entreprises. Nous, nous voulons promouvoir la méthode des assemblées générales, des assemblées de personnel, des consultations dans les entreprises pour poser la question : « Que pouvons-nous faire ensemble  ?» Pour réussir la suite, la démocratie va être essentielle. Tout ce qu’on envisage de faire doit contribuer à un élargissement, et en même temps, nous avons un calendrier qui se resserre. Nous savons que, dans certains secteurs, les salariés sont disponibles pour des grèves qui ne se limiteront pas à vingt-quatre heures.

--- Le gouvernement joue le bras de fer. Nicolas Sarkozy lie la réussite de la réforme à l’élection présidentielle de 2012… En quoi cela pèse-t-il sur le mouvement ?

- Bernard Thibault. Je pense qu’un gouvernement, quel qu’il soit, qui ignore à ce point un mouvement social, se condamne pour les prochaines échéances électorales. La question désormais est moins « combien cette réforme peut contribuer à la réélection de Nicolas Sarkozy », que « combien cette réforme, s’il la fait adopter malgré  les protestations, pèsera sur sa défaite et celle de sa majorité ». 70 % de la population est opposée à ce projet,  sur une question qui structure  en profondeur leur vie…

--- Cela signifie que vous croyez toujours pouvoir le faire reculer ?

- Bernard Thibault. Je crois que dans  la majorité gouvernementale,  on prend la mesure de ce qui se passe. On commence à entendre çà et là des petites musiques différentes. Chez les sénateurs, il y a des signes qui montrent les inquiétudes sur les répercussions politiques de la protestation.

--- C’est donc le moment pour les syndicats de tenir bon ?

- Bernard Thibault. Le gouvernement  ne dit plus que la réforme est juste, il ne lui reste plus comme argument qu’elle est incontournable, un mal nécessaire ! La campagne menée par les syndicats, dont l’unité a été un des facteurs de réussite, a renversé totalement la tendance. Aujourd’hui, c’est nous qui sommes plus forts que le gouvernement. À partir du 12 octobre, le mouvement peut prendre une nouvelle configuration sur la base  de décisions prises par les salariés,  avec des formes d’actions multiples. Entretien réalisé par Olivier Mayer

http://www.humanite.fr/03_10_2010-bernard-thibault-%C2%AB-dans-un-mouvement-exceptionnel-%C2%BB-454949

 

 

*) Sondage/Retraites: Les Français pour la mobilisation

Sept Français sur dix (71%) estiment justifié le mouvement social de mardi contre la réforme des retraites, indique un sondage Ifop pour Sud-Ouest Dimanche selon lequel le soutien de l'opinion "gagne en fermeté", 42% jugeant la grogne "tout à fait justifiée". "La légitimité accordée aux manifestations demeure à la fois très élevée et stable", 71% des personnes interrogées jugeant le mouvement "justifié", soit un score au même niveau que ceux mesurés par l'Ifop avant les précédentes journées de mobilisation (70% soutenaient les manifestations du 7 et 23 septembre), commente l'institut. Mais, "dans un contexte où le mouvement se radicalise avec les appels à une grève reconductible (...), le soutien de l'opinion gagne en fermeté", la part des Français considérant le mouvement "tout à fait justifié" s'accroissant très fortement (42%, +9 points en un mois). L'Ifop note également que les femmes "soutiennent davantage la mobilisation que les hommes (75% contre 67%), ce qui s'explique sans doute par la polarisation du débat ces jours derniers sur la question de la retraite pour les mères ayant interrompu leur carrière". A l'instar des précédentes enquêtes, les plus jeunes soutiennent très massivement la protestation (84% des 18 à 24 ans) alors que les plus âgés apparaissent plus partagés (55% des plus de 65 ans et plus soutiennent le mouvement). Les catégories populaires approuvent davantage les manifestants (87% des ouvriers et des employés contre 66% des cadres supérieurs et 56% des retraités), de même que les salariés du secteur public (87% contre 75% dans le privé et 51% des indépendants). Les sympathisants de gauche soutiennent massivement la grogne (90%) alors que 66% des sympathisants UMP la trouvent injustifiée, relève l'Ifop. Sondage réalisé par téléphone les 7 et 8 octobre sur un échantillon de 955 personnes âgées de 18 ans et plus (méthode des quotas).

http://www.humanite.fr/09_10_2010-sondageretraites-les-fran%C3%A7ais-pour-la-mobilisation-455401

 

*)  « Désinformation et mensonges d’État sur les retraites des femmes »  Par Christiane Marty, Membre du Conseil scientifique d’Attac (*).

Comment agir réellement sur les vraies causes des inégalités de pension ? Dans une tribune publiée par le Monde du 5 octobre, Éric Woerth et quatre secrétaires d’État annoncent combattre les idées reçues et «agir sur les vraies causes des inégalités de pension entre hommes et femmes». On y trouve un éventail de désinformation, mensonges et même une erreur grossière. Ce texte vise à rejeter l’entièreté du problème des retraites des femmes sur celui des inégalités de salaires entre les sexes : ce qui permet de nier l’impact particulièrement négatif sur les femmes des mesures phares de la réforme, le recul des bornes d’âge et l’allongement de la durée de cotisation. Les inégalités de salaires ne sont pourtant qu’une des causes des faibles pensions des femmes. Les autres tiennent à leur carrière plus courte et au temps partiel, conséquences de l’inégalité entre les rôles sociaux attribués aux femmes et aux hommes, rarement mise en cause. Reprenons les allégations de la tribune. Tout d’abord, cette erreur sidérante : on lit que « l’âge où l’on peut prendre sa retraite à taux plein, c’est 60 ans aujourd’hui et ce sera 62 ans demain ». « 65 ans, c’est autre chose : c’est l’âge à partir duquel il est possible de partir à la retraite sans décote. » Mais c’est exactement cela l’âge du taux plein, celui à partir duquel la décote ne s’applique plus ! Le ministre en charge d’une réforme fondée sur les bornes d’âge ignore donc leur définition ? Le ministre affirme que les femmes ont aujourd’hui des carrières équivalentes à celles des hommes. Notons d’abord qu’il n’ose plus répéter le mensonge souvent utilisé, notamment lors du débat à l’Assemblée, à savoir que les femmes nées dans les années 1960 auraient quinze trimestres validés de plus que les hommes. Mais même atténuée, son affirmation reste fausse. Il est vrai que les écarts entre les durées validées par les hommes et les femmes se réduisent au fil des générations. Mais on reste loin aujourd’hui de durées équivalentes : les femmes parties en retraite dernièrement avaient toujours cinq annuités de moins que les hommes ! Rappelons que cinq annuités manquantes entraînent une décote de 25 % qui s’applique sur une pension déjà diminuée, puisque calculée au prorata entre carrière réalisée et exigée. Le Conseil d’orientation des retraites (COR) fait état de projections selon lesquelles les femmes pourraient avoir dans le futur une durée validée supérieure aux hommes, tout en rappelant que « ces projections suggèrent simplement que les écarts pourraient s’annuler, voire s’inverser » (6e rapport, 2008). M. Woerth méprise ces réserves, il affirme. Toute sa démonstration est basée sur ces projections qu’il n’hésite pas à déformer, mais qui surtout sont aujourd’hui obsolètes : elles ont été réalisées avant la loi de 2009 qui a réduit le nombre de trimestres attribués aux femmes du régime général au titre des enfants. En effet, elles ne bénéficient plus de deux ans par enfant (contrairement à ce qu’affirme la tribune) mais d’un an seulement, la seconde année étant maintenant attribuée au choix au père ou à la mère (les femmes fonctionnaires ne bénéficiaient que d’un an par enfant, réduit en 2003 à six mois pouvant être complétés sous condition). Compte tenu de l’importance qu’ont ces majorations par enfant pour aider au rattrapage des carrières des femmes, il est plus que probable que leur réduction repousse assez loin le moment de la convergence… Selon les besoins de sa démonstration, le gouvernement déforme ou occulte les résultats publiés par le COR. Occulté, le résultat qui établit la pénalisation particulière des femmes en cas de report de l’âge de 60 ans, puisque les décalages de la date de départ en retraite seraient plus importants chez les femmes que chez les hommes. De même pour l’âge de 65 ans. Dans le régime général, trois femmes sur dix et un homme sur vingt attendent 65 ans, souvent dans la précarité, pour partir en retraite afin de ne pas subir la décote. Ces personnes devraient donc prolonger de deux ans cette situation. Non, nous dit-on, le minimum vieillesse leur resterait acquis à 65 ans. Quelle générosité ! On lit par ailleurs que des mesures pourraient être prises pour les parents de trois enfants : mais ce sont toutes les carrières courtes qui sont pénalisées par le recul à 67 ans, avec ou sans enfant ! Tout cela confirme l’injustice d’une réforme basée sur le report des bornes d’âge et l’allongement de durée de cotisation, qui pénalisera plus fortement les femmes, déjà prépondérantes dans les faibles pensions. Nos gouvernants ignorent l’impact négatif du temps partiel, qui concerne un tiers des femmes et ampute fortement le montant de la pension. Une mesure juste serait la prise en charge par l’employeur de la cotisation sur la base du temps plein. Cela se justifie car le temps partiel, souvent imposé par les employeurs, leur est très bénéfique. Sa productivité horaire est supérieure à celle du temps plein, ce qui est approprié en totalité par l’entreprise. La tribune nous sert les promesses habituelles de développement des modes de garde d’enfants, 200 000 places d’accueil seraient ainsi créées d’ici à 2012. D’une part, ce chiffre est tout à fait insuffisant : rappelons que seuls 10 % des 2,3 millions d’enfants de moins de trois ans sont accueillis en crèche. D’autre part, il faut craindre la manière dont ce gouvernement crée des places supplémentaires : le décret de juin 2010 a autorisé un dépassement temporaire de 10 à 20 % de la capacité d’accueil dans les structures. Il a aussi réduit les normes sur l’encadrement obligatoire des enfants par le personnel. Difficile tout de même de prétendre offrir des solutions pour l’accueil des enfants en dégradant à ce point la qualité du service et les conditions de travail des professionnels… Pour finir, les auteurs nous assurent que la lutte contre les inégalités de salaires est une priorité, un défi colossal que le gouvernement a décidé de relever, « la vérité oblige à dire qu’il devient urgent d’obtenir des résultats ». La réforme des retraites intègre justement « un dispositif qui met les entreprises face à leur responsabilité ». De quoi s’agit-il ? Il est prévu de pénaliser financièrement les entreprises qui n’élaborent pas le plan d’action contre les inégalités, obligatoire depuis 1983 ! Après trente ans de lois sur l’égalité professionnelle, on rappelle donc simplement aux entreprises qu’elles doivent, non pas agir, mais… produire un plan d’action. C’est navrant. Pour être efficace, la sanction financière doit s’appliquer pour absence de résultats en matière d’égalité, et elle doit être suffisamment forte pour être incitative. Une politique volontariste planifierait des actions positives d’augmentation des salaires des femmes à titre de rattrapage des inégalités subies. Elle s’attacherait aussi à améliorer l’emploi des femmes, en qualité comme en quantité, de larges marges de manœuvre existent, comme l’avait reconnu le COR. Ce serait favorable aux femmes comme au financement des retraites.

Une autre réforme est possible, juste et solidaire. Les femmes ne se laisseront jamais berner par quelques amendements à la marge. C’est le fondement même du projet qui doit être revu.  (*) Coauteure de Retraites, l’heure de vérité.  Éditions Syllepse, 2010.

http://www.humanite.fr/06_10_2010-d%C3%A9sinformation-et-mensonges-d%E2%80%99%C3%A9tat-sur-les-retraites-des-femmes-455212

 

*) Si on travaille plus longtemps on vivra moins longtemps : « 60-65 ans, nos plus belles années de la retraite.... »  Par Gérard Filoche (*)

L’espérance de vie en bonne santé est en moyenne de 63 ans pour les hommes, 64 ans pour les femmes, 59 ans pour les ouvriers. On vit un peu plus longtemps, mais on n’en profite pas forcément plus longtemps. Hélas.

Ceux qui aiment prophétiser qu’il y aura davantage de centenaires ne se préoccupent pas que la biologie du corps humain reste inchangée pour des millions de travailleurs entre 55 et 65 ans. Tout travail devient dur au milieu de la cinquantaine et encore plus au début de la soixantaine. Regardez un homme devant son marteau-piqueur à 55 ans, il devrait déjà être en retraite, car il n’a plus beaucoup d’espérance de vie. Une infirmière devra-t-elle encore travailler dans sa 62e année et mettre ses lunettes pour chercher la veine dans votre bras après avoir couru quarante-deux ans dans les couloirs de l’hôpital ? Un instituteur devra-t-il faire sa 42e rentrée en septembre entouré de ses 35 gamins de sept à huit ans ? Dans ce cas, son dynamisme ne sera sûrement plus le même qu’au début de sa carrière. La femme de service du restaurant d’entreprise a du mal à pousser ses chariots alors qu’elle n’a que 56 ans. Le chauffeur a le dos abîmé, et le garçon de café des phlébites à partir de la cinquantaine. Il y a 3,6 millions de salariés qui travaillent de nuit, 5 millions de salariés ont des horaires atypiques ou postés (deux-huit, trois-huit, quatre-huit...). Un salarié sur 5 est soumis à des ports de charges élevés, et des gestes et postures invalidants : 85 % des maladies professionnelles sont des « TMS » (troubles musculo-squelettiques). Entre 50 000 et 70 000 cancers d’origine professionnelle existent, souvent non reconnus, et il y a 100 000 morts par l’amiante. Tous les secteurs sont à risque, même les bureaux bien sûr : stress, objectifs inatteignables, cadences forcenées sont hélas, fréquents, et il y a encore eu 5 suicides à France Télécom Orange dans les 15 derniers jours. Ce ne sont plus les « coups de grisou » qui tuent comme au temps de Zola, mais les accidents cardiaques et vasculaires, il y en aurait 180 000 par an dont la moitié seraient liés au travail. Entre 55 et 60 ans, 2 maladies sur 5 sont dues au travail et 3 sur 5 après 60 ans. Nous voler les années entre 60 et 62 ans, c’est nous voler les plus belles années de bonheur à la retraite, cela revient à se faire piller l’équivalent de 104 cinquièmes semaines de congés payés et de 24 « grandes vacances ». Et le résultat serait de faire reculer l’espérance de vie car celle-ci est largement due à la retraite à 60 ans. Si on travaille plus longtemps on vivra moins longtemps. Et les assurances rapaces sont déjà là, dans vos boîtes à lettres, qui vous proposent leurs prospectus pour « garantir » vos retraites menacées : surtout ne leur versez rien, il n’y a pas de solution individuelle à la retraite, ils vont vous piquer vos quelques sous et les gaspiller dans les îles Caïmans, les caves à subprimes et à hedge funds. Ces assureurs ont des « tables de mortalité », ils savent que si vous travaillez deux ans de plus vous vivez en moyenne six mois de moins…

Et que l’on ne nous propose pas, en guise d’aumône hypocrite de « réformer » au cas par cas quelques milliers de nos 24 millions de salariés qui pourraient encore partir avant d’être complètement « fichus ». Au « cas par cas », c’est la foire aux bestiaux : une commission tripartite dirigée par les patrons triera les humains selon leur degré d’usure présumée. La santé et le droit à la retraite feraient l’objet d’un sordide marchandage contingenté : d’autant que, cyniquement et dans le silence général des grands médias, la même loi qui porte l’âge des retraites à 62 et 67 ans et le nombre d’annuités de cotisations au chiffre inatteignable de 42 abroge du même coup la médecine du travail, ses effectifs, et sa vocation (amendement 730). En juin 2010, Sarkozy disait qu’avec deux rotules usées, deux poignets paralysés, la colonne vertébrale et deux poumons empoussiérés, 10 000 « lauréats » auraient encore droit au départ à 60 ans avec 20 % d’incapacité. Ayant « entendu » les 2,7 millions de manifestants du 7 septembre, il a concédé que 30 000 « trop usés » avec une seule rotule, un seul poignet cassé, et un seul poumon foutu, 10 % d’incapacité, pourraient partir…Il y a quelque honte à aborder ainsi la santé et l’ordre public social. Mais la honte, Sarkozy la boit tous les jours. Gérard Filoche

(*) Auteur de Nouveaux Carnets d’un inspecteur  du travail. Éditions JC Gawsevitch, avril 2010.

http://www.humanite.fr/node/453676

 

*) Comment la généralisation de la retraite, À la libération, fut-elle une révolution sociale ? « Une nouvelle étape de la vie »  Par Michel Etievent, Écrivain (*).

«I l faut en finir avec la souffrance, l’indignité et l’exclusion. Désormais, nous mettrons l’homme à l’abri du besoin. Nous ferons de la retraite non plus une antichambre de la mort mais une nouvelle étape de la vie. » C’est par ces mots lumineux qui, à l’heure du débat sur les retraites brûlent aujourd’hui d’actualité, qu’Ambroise Croizat ouvre son premier discours à l’Assemblée nationale, le 3 décembre 1945. Lorsqu’il est nommé ministre du Travail et de la Sécurité sociale en novembre 1945, la France est en ruine, exsangue d’espoir après la barbarie. Il faut tout rebâtir, « mettre enfin l’homme au centre du projet politique pour donner au pays des raisons de vivre en tranquillité sociale », ajoute-t-il. Le CNR, par son programme de mars 1944, a tracé le sillon des grandes inventions sociales de la Libération. Reste à les appliquer. Croizat initiera ce vaste chantier par l’établissement de la Sécurité sociale, la création des comités d’entreprise, la médecine du travail l’achèvera par la généralisation des retraites. En la matière, le pays a des années de retard. Sur sept millions de salariés, ils sont à peine neuf cent mille à bénéficier d’une allocation instituée en 1913 et qui frise l’aumône. La grande majorité doit attendre 72 ans pour se voir attribuer par les municipalités une indemnité de vieillesse qui frôle la misère (l’espérance de vie alors ne dépasse pas 65 ans…). Pierre Bonnet, syndicaliste CGT, se souvient : « Mon père travaillait dans la chimie. Il n’a jamais connu la retraite. À son époque, ça n’existait pas. Il fallait prolonger son activité jusqu’au bout, presque jusqu’à la dernière minute. La retraite, c’était le cimetière. D’ailleurs mon père est mort au travail. Il avait 69 ans… » Le cas du père de Pierre, n’est pas unique avant-guerre. Sa fin de vie ressemble à celle de la majorité des salariés. S’ils n’ont pas économisé toute leur vie, ils connaissent le travail jusqu’à l’ultime saut et, si la maladie les affecte, ils n’auront rien d’autre que les quêtes de charité ou les collectes de solidarité syndicales pour subsister. Il faudra les lois Croizat de décembre 1945 pour changer la donne. Le 7 avril 1946, Croizat propose à l’Assemblée nationale l’extension de l’allocation aux vieux travailleurs salariés à tous les Français. La droite rechigne. Il l’impose grâce au rapport de forces de l’époque (le PCF représente alors 29 % des voix, la CGT frôle les 5 millions d’adhérents). Le 22 mai la loi est votée ; le 22 septembre un décret étendra ces dispositions à toutes les personnes non salariées. Le ministre du Travail bouleverse d’un coup la vie de ceux qui espèrent une vieillesse tranquille. « Je me souviens quand est arrivée ma pension, racontait encore André Renaut, ouvrier de la métallurgie rhônalpine. Je garde en moi ce jour comme un soleil. D’un coup, je touchais presque l’équivalent d’un smic actuel. Rendez-vous compte, comme ça, brutalement, alors que je n’avais rien pour vivre. » Jean Hodebourg, ancien membre du bureau fédéral de la FTM, rappelait récemment la révolution sociale instaurée d’un coup par la notion de retraite : « Les retraités qui, jusque-là, n’avaient pas un franc en poche et devaient vivre de charité ou d’autoconsommation, percevaient d’un seul coup de l’argent tous les trimestres. Ça, c’étaient Croizat et les ministres communistes ! » Du 22 novembre 1945 au 6 mai 1947, Croizat et les autres ministres communistes auront ainsi ouvert la voie à un progrès social que le monde entier va nous envier et que d’autres aujourd’hui s’acharnent à détruire. Celui que l’on baptisera « le ministre des travailleurs » reviendra en Savoie, son pays d’origine, un été 1946. Accueilli par des milliers de gens, il retrouve la maison qu’il avait quittée un jour de 1906. Lorsque son père avait créé le premier syndicat CGT de la région Rhône-Alpes et imposé la première caisse de secours ouvrière savoyarde… Un héritage de dignité… Auteur d'Ambroise Croizat ou l’invention sociale (disponible 520, avenue des Thermes,  73600 Salins-les-Thermes, 25 euros + 5 euros de port).Michel Etievent

http://www.humanite.fr/node/453384

 

*)  « Retraite : l’enjeu du financement ! » Par Eric Corbeaux, responsable national de la campagne des retraites pour le PCF.

Comment le besoin d’une nouvelle civilisation pointe-t-il derrière la mobilisation populaire ?

Le 5 octobre, les sénateurs sont appelés à examiner le projet de loi des retraites, adopté en force à l’Assemblée nationale par 329 députés de l’UMP et du Nouveau Centre. Un fait a été peu souligné dans les commentaires politiques : la droite, que l’on prétend divisée sur la politique du gouvernement, a fait bloc derrière Woerth-Sarkozy pour voter cette réforme ultraréactionnaire au service du Medef et de la domination des marchés financiers. Mais rien n’est joué, comme le démontrent les puissantes mobilisations successives. Les choix d’un gouvernement « délégitimé » par ses rapports vassalisés au monde de l’argent ne peuvent produire qu’une réforme illégitime, car visant à préserver les énormes privilèges des grandes fortunes et des dirigeants capitalistes. Et cela devient d’autant plus intolérable que des centaines de milliards d’euros de fonds publics ont été dépensés sans contrepartie, depuis le début de la crise financière, pour sauver les banques et les dividendes. Malgré les manipulations et le refus d’un débat démocratique, ce texte formaté aux normes des agences de notation apparaît de plus en plus pour ce qu’il est : injuste, inefficace socialement et économiquement, et comme un vrai recul de société. L’opinion publique a basculé et s’est structurée pour refuser ce projet, sa brutalité pour les femmes, les jeunes, les chômeurs ou les métiers pénibles, sa mise en cause de la retraite à 60 ans, au cœur du modèle social français, sa dangerosité pour l’emploi des moins de 25 ans et des plus de 55 ans, sa nocivité pour le niveau des revenus (pensions, salaires) et, donc, pour une croissance durable. Elle commence à mesurer combien cette attaque en prépare d’autres, contre la Sécurité sociale et les services publics particulièrement. La combativité est de plus en plus forte avec la mobilisation de millions de personnes dans les manifestations et l’entrée en grève, à plusieurs reprises, de salariés du public comme du privé. Le front revendicatif s’élargit, dans de nombreuses entreprises, à l’emploi, aux salaires et pensions, et aux conditions de travail, ainsi qu’à de nouvelles couches sociales (cadres supérieurs, médecins, étudiants…). Il porte une volonté déterminée : le retrait du texte. Il porte aussi le souhait, encore confus, d’une réforme de progrès permettant, non seulement de préserver les acquis, mais de les promouvoir avec les moyens financiers nécessaires. Ce front se situe ainsi à la charnière de la recherche de résultats immédiats opérationnels et de l’aspiration à une autre société avec le rêve d’une tout autre place du travail, l’aspiration à une forte augmentation, pour chacun(e), du temps libéré de toute subordination à un employeur pour des activités sociales choisies, une nouvelle solidarité entre générations, la sécurisation de tous les moments de la vie, la fin des inégalités hommes-femmes, un autre sens du travail et une nouvelle utilisation des richesses qu’il permet de produire… La violence de la crise du capitalisme, la plus grave depuis 1929, à l’échelle de la France, de l’Europe et du monde, explique la rage et la brutalité des coups portés. Mais elle indique aussi la fin d’une civilisation, le besoin et la possibilité d’en construire une nouvelle avec la montée des luttes contre l’austérité et pour une promotion d’un modèle social de progrès partout en Europe. Devant de tels enjeux et pour gagner, nous devons, de façon indissociable, continuer à conjuguer campagne de luttes, d’idées et de propositions. Oui, affirmons le droit à la retraite à 60 ans à taux plein, ce qui supprimerait de facto les décotes. Car on ne peut pas défendre, d’un côté, l’âge de départ à la retraite à 60 ans et, de l’autre, prôner l’allongement de la durée de cotisation. Les organisations syndicales dans nombre de branches revendiquent la prise en compte de la pénibilité, de la spécificité de certaines professions, du travail de nuit pour exiger un droit plein à 55 ans. Face au projet du gouvernement, la campagne de signatures de la proposition de loi des parlementaires communistes et du Parti de gauche est déterminante. Elle reprend, en la développant, l’idée fondamentale de 1944-1945, et même de 1910 (la ROP), de mettre à contribution le capital et de développer la base « emploi-salaires » du système par répartition : en faisant cotiser les revenus financiers des entreprises et des banques, en modulant le taux de la cotisation sociale patronale, avec une sorte de bonus-malus pour favoriser l’essor de l’emploi, des qualifications et des salaires, en mettant fin aux exonérations de cotisations patronales (33 milliards d’euros). En effet, mardi dernier, devant le Sénat, Georges Tron déclarait que l’essentiel était de « garder l’équilibre financier de la réforme » et que toute amélioration possible, par exemple pour les femmes, devrait « s’autofinancer » au détriment d’autres catégories. Face à cet énorme blocage, il faut que la mobilisation se renforce autour d’exigences de fond, particulièrement en ce qui concerne la question du financement des retraites et, au-delà, de la protection sociale, question si décisive pour consolider l’unité syndicale et construire un vaste front politique de riposte. Et ce débat sur le financement des retraites, au service de la mobilisation et du respect de la démocratie, n’est-ce pas un chantier du pacte d’union populaire que nous voulons construire avec notre peuple ? Eric Corbeaux http://www.humanite.fr/03_10_2010-retraite-l%E2%80%99enjeu-du-financement-454905

 

*) Le patronat veut-il faire disparaître un témoin médical qu’il trouve trop gênant ? « Sous la réforme des retraites, la mort du médecin du travail »  Par Dominique Huez, médecin du travail, président de l’association santé et Médecine du Travail (SMT).

Au détour d’un amendement déposé à la sauvette, sans débat démocratique et dans un cadre déjà sujet à un immense chambardement social, celui de la réforme des retraites, nous assistons tout simplement au passage de la médecine du travail à la médecine d’entreprise. La médecine du travail disparaît comme institution chargée exclusivement de prévenir les altérations de la santé du fait du travail. Prévenir, veiller et alerter sur les effets du travail sur la santé, c’était l’objectif de la médecine du travail défini par la fonction du médecin du travail qui en est chargé personnellement depuis 1946. Le service de santé au travail (SST) nouvellement défini par cette loi va mettre à la disposition des obligations de prévention spécifique des employeurs une partie de ses ressources, qui n’auront plus pour objet exclusif la santé au travail des salariés ; nouveau L.4622-1-1. Comment les médecins du travail pourront-ils exercer dans cette injonction paradoxale ? On passe de la prévention de la santé à la gestion des risques pour l’employeur. C’est dorénavant le SST qui va limiter l’action du médecin du travail via sa direction patronale. La mission du SST et celle du médecin du travail sont maintenant contradictoires entre elles. L’objet de la « médecine du travail » comme institution, indépendante de la contrainte économique des entreprises, est juridiquement effondré : – la spécificité de devoir exclusivement prévenir et dépister les altérations de la santé du fait de leur travail, comme moteur de l’action des différents professionnels du SST, n’existe plus ; seul le médecin du travail conserve une définition personnelle de sa mission ; – l’exercice du médecin du travail est maintenant isolé dans un service avec lequel il peut être en conflit d’intérêts ; sa responsabilité est diluée et subordonnée, sa mission risque de perdre sens ; – l’équipe médicale – médecin du travail, infirmier du travail – n’a aucun cadre juridique pour se déployer : pas de département ou de « service de médecine du travail » dans le SST, alors qu’y est créé un « service social » ; nouveau L. 4622-7-1. Comment justifier l’absence de département médical dans un SST si on prétend assurer l’indépendance d’infirmiers du travail ? – l’action spécifique du médecin du travail est subordonnée aux employeurs. Ainsi, le directeur d’un SST la subordonne à la contrainte économique des entreprises ; nouveau L. 4622-1-2 et L.4624-2. La commission de projet est le cheval de Troie de l’opération ; nouveau L. 4622-7-4. La « démarche de progrès » du Cisme avait expérimenté cette voie. Le directeur d’un SST organisera et encadrera les actions de prévention du médecin du travail. Sinon, un IPRP (intervenant en prévention des risques professionnels) qu’il commanditera directement répondra à une demande de prévention subordonnée ; nouveau L. 4644-1. Le médecin du travail doit donc se limiter à diminuer ou réduire les risques ; nouveau L. 4622-1-1, l’ancien L. 4622-2 est abrogé. Le gouvernement ne veut pas que le médecin du travail nomme les risques que les employeurs ne veulent pas voir ! Les rédacteurs du texte font preuve d’une cynique et sinistre ironie puisqu’ils imposent (nouveau L. 4624-2) que le directeur du SST soit le garant de l’indépendance du médecin ! Ne conviendrait-il pas, dans le même esprit, de confier les campagnes de lutte contre le tabagisme aux buralistes ? – Il n’y a donc plus de pluridisciplinarité pour la prévention de la santé au travail, mais la structuration d’une offre de service préventif aux employeurs ; nouveau L. 4624-2 et L. 4622-7-4. Où sont donc les moyens de l’indépendance des médecins dans cette relation exclusive ? Que deviennent, après ce texte, les moyens de la protection constitutionnelle de la santé au travail que les médecins du travail avaient pour mission d’assurer ? Indépendance contrainte, moyens inexistants, injonctions paradoxales, rétrécissement des marges de manœuvre, contrôle social anéanti, combien de temps s’écoulera-t-il avant la mutation de la médecine du travail en médecine d’entreprise de sélection médicale de la main-d’œuvre et d’appui en management pour une gestion des risques du seul point de vue économique ? Pourquoi ce projet de destruction de la spécificité exclusivement préventive de la médecine du travail ? Parce que le patronat pense qu’il faut faire disparaître un témoin médical gênant. Alors on ne forme plus de médecins du travail. Des infirmières du travail sans statut n’exerceront même pas dans un secteur médical préservé du SST avec le médecin du travail. C’était le préalable à leur déploiement ! Les conditions d’une médecine exerçant exclusivement pour l’entrepreneur sont créées. La médecine du travail, qui devait voir son cadre clarifié (aptitude, gouvernance, indépendance de chaque professionnel, responsabilité), se dissout sans bruit dans la raison économique. La prise en charge médicale de la santé des travailleurs n’est plus sa priorité. L’exécutif qui a rédigé ce texte et les députés qui l’ont ratifié et demain les sénateurs qui le feraient prennent, par conséquent, une lourde responsabilité personnelle dans ce qui sera un désastre de santé publique comparable, dans ses effets, à celui de l’amiante. Dominique Huez

http://www.humanite.fr/29_09_2010-sous-la-r%C3%A9forme-des-retraites-la-mort-du-m%C3%A9decin-du-travail-454553

 

*) « Articuler recherche de résultats immédiats et visée de civilisation »  Par Yves DIMICOLI, membre de la Commission économique du PCF.

Retraites : Quelle réforme vraiment alternative avec quels nouveaux financements ? On est entré dans une phase nouvelle des luttes sociales avec la manifestation réussie du 7 septembre, le blocage du gouvernement et les protestations, même ambiguës, du PS. Sarkozy voudrait, sans doute, rejouer la partition de Thatcher, qui avait fini par isoler le mouvement des mineurs anglais en répétant : « Vous n’avez aucune solution alternative à la fermeture des mines !?» Mais, peut-être, oublie-t-il que l’histoire ne se répète jamais autrement que sous forme de caricature. Nous ne sommes plus au début des années 1980. Depuis, ont pu grandir le besoin et la possibilité d’une articulation rassembleuse dans les luttes sociales et politiques entre la nécessité de résultats immédiats et la visée d’une autre société, d’une autre civilisation face aux destructions sociales du capitalisme et du libéralisme. La grande manifestation du 7 septembre était très déterminée sur le refus du projet de réforme de Sarkozy, tout en aspirant à une autre réforme qui, elle, garantirait et permettrait de promouvoir les acquis. Mais le mouvement n’est pas encore suffisamment au clair sur le contenu d’une réforme vraiment alternative avec de nouveaux financements. Cela contribue, sans doute, à entretenir une certaine fragilité du front syndical, consolidé cependant par l’ampleur des manifestations, et engendre aussi le flou et les louvoiements du PS. Il faut donc redoubler d’efforts dans la popularisation et la pédagogie politique sur nos propositions. Celles-ci articulent la défense d’objectifs sociaux, faisant écho à la force des revendications, à des moyens financiers nouveaux, avec :

1. L’institution d’une cotisation sur les revenus financiers des entreprises et des banques.

2. La modulation du taux de cotisation sociale patronale pour inciter, avec l’augmentation recherchée de la part des salaires dans la valeur ajoutée produite dans chaque entreprise, au progrès de l’emploi, de la formation et des rémunérations, tandis que seraient pénalisés les choix de gestion s’y opposant.

3. La fin des exonérations de cotisations sociales patronales et le basculement des 30 milliards d’euros qu’elles coûtent à l’État vers une mobilisation nouvelle du crédit bancaire susceptible de développer la base « emploi-salaire » du système par répartition.

Ces propositions articulent aussi la recherche de résultats immédiats pour répondre aux luttes à une visée de civilisation. Avec le développement de nouvelles solidarités intergénérationnelles, elles permettraient de bénéficier de la révolution de la longévité pour réduire le temps de travail sur toute la vie en faveur des activités sociales libres des retraités, en s’appuyant sur les fantastiques gains de productivité de la révolution informationnelle. Il nous faut, en effet, pour ouvrir une perspective autre, contribuer, à partir du mouvement actuel, à une grande radicalité de propositions formant une vague capable de noyer le populisme sécuritaire et tous les conservatismes, à l’opposé de la conciliation avec la domination des marchés. Pour battre Sarkozy, maintenant dans la rue et, demain, dans les urnes, il faut un grand mouvement populaire mobilisé par l’espoir de contenus alternatifs. L’ampleur du rassemblement pour faire reculer et battre durablement la droite doit pouvoir se fonder sur l’attraction de l’importance des changements, avec l’audace des moyens et des objectifs, et non sur la réduction du caractère alternatif des propositions. L’articulation d’avancées immédiates à une visée de civilisation est d’autant plus nécessaire dans le moment actuel de la crise systémique. Il y a, en effet, une reprise mondiale, mais c’est celle des profits et des marchés financiers, contre la réponse aux besoins humains de développement. Et c’est pour cela qu’elle est faible en Europe. Si cela continue ainsi, il y aura une rechute beaucoup plus grave à l’échelle mondiale. D’ici là, la croissance sera lente et chaotique et de grandes tensions et des rivalités apparaîtront entre États, entre ensembles régionaux. Il y a eu, en effet, de gigantesques dépenses des États pour sauver le système, après les crises de 2008-2009, sans changement des critères du crédit, ni mise en cause de la domination des profits financiers. Cela a conduit à un fort surendettement public avec le risque de la spéculation sur les dettes, puis l’effondrement ultérieur des titres publics. D’où la perspective d’une augmentation d’autant plus forte et rapide des prélèvements financiers (intérêts et dividendes) sur les richesses produites que la croissance de ces dernières s’annonce lente en Europe. Au contraire, avec le vieillissement des populations, la prévention des risques écologiques, la nécessité de dépenser beaucoup plus pour développer les capacités humaines, la part des richesses produites appelée à être prélevée en impôts et cotisations pour les services publics et la Sécu doit nécessairement augmenter beaucoup plus et plus vite, contribuant, ce faisant, à une croissance nouvelle durable des richesses elles-mêmes.

Il y a une course de vitesse, un affrontement entre, d’une part, accumulations et prélèvements financiers et, d’autre part, dépenses et prélèvements publics et sociaux, dans lequel se cherchent la satisfaction de revendications immédiates et les voies d’une nouvelle civilisation. C’est à cette charnière que se situe le grand front de luttes sur les retraites d’aujourd’hui. Et c’est ce qui fait l’importance de nos propositions audacieuses. D’autres grands fronts pourraient s’ouvrir, demain, sur l’école, l’hôpital public, les transports collectifs, la recherche… en France et en Europe. Par Yves DIMICOLI,

http://www.humanite.fr/node/453489

 

*) Comment le mouvement social peut-il s'amplifier ? « La droite joue la montre »  Par René Mouriaux, Politologue (*)

Comprendre le présent requiert l’intelligence du passé et éclaire le futur. Parler sur l’aujourd’hui le modifie peu ou prou, car dire l’ici et le maintenant contribue à lui donner un sens (direction) en explicitant son sens (signification). Une citation un peu longue de Gramsci aide à expliciter ces interrelations entre les trois phases du temps et le caractère à la fois décryptable et imprévisible du futur, même immédiat.

« Dans la réalité, on prévoit dans la mesure où on agit, où on met en application un effort volontaire et où on contribue donc concrètement à créer le résultat “prévu”. La prévision se révèle donc non comme un acte scientifique de connaissance, mais comme l’expression abstraite de l’effort qu’on fait, la manière pratique de créer une volonté collective. » Cahiers de prison (XVIII-15). L’expérience de la lutte des classes en France sous la Ve République, régime à pouvoir fort et à médiatisation de la vie politique intense, met en évidence quatre facteurs nécessaires à l’éclosion et à la réussite au moins partielle d’un mouvement social.

1. Un objectif fédérateur repris par un front syndical large. Une mobilisation importante du salariat survient face à un défi perçu comme urgent par les différentes composantes du salariat. Apurer les comptes en 1968, rejet du plan Juppé en 1995, refus du plan Fillon-Raffarin en 2003, opposition au CPE en 2006. L’hostilité commune engendrant une combativité résolue pousse à l’unité syndicale. Le jeu « perso » de FO, de septembre 2009 à juin 2010, n’a pas été suffisamment compris pour que la centrale de Jean-Claude Mailly persévère dans cette voie.

2. Le soutien de l’opinion. Les données des sondages sont suffisamment connues pour ne pas les citer à loisir. Conserver l’appui des retraités, des usagers des services publics, d’une partie des travailleurs indépendants réclame du doigté. En 1968, l’incendie de la Bourse de Paris a permis la disqualification du mouvement qui s’est cristallisé dans la manifestation de l’Étoile du 30 mai.

3. L’affaiblissement de la droite. Toute maison divisée en son sein périra. L’antique adage a révélé sa pertinence dans les crises de la Ve République, et Nicolas Sarkozy n’échappe pas à sa logique. Ainsi, le président des riches, pour parler comme Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, s’applique à resserrer les rangs, en particulier au Parlement, pour passer en force.

4. Une capacité de blocage. Un grand nombre de manifestants et la détermination des enseignants sont des atouts qui ne suffisent pas. La droite plie si le pays est bloqué. La grève de l’électricité, supportable brièvement, est une arme « atomique » quasiment impossible à utiliser. Reste les transports. Dans son interview au Monde daté du 10 septembre 2010, Bernard Thibault constate que, devant l’intransigeance présidentielle, « on peut aller vers un blocage, vers une crise d’ampleur ». Et auparavant, il avait noté : « Plus l’intransigeance dominera, plus l’idée de grève reconductible gagnera les esprits. »

La droite joue la montre et réduit la grève du 7 septembre 2010 à un jeu de rôle. Celle du 23 septembre aura-t-elle une plus grande ampleur ? Avant qu’elle se produise, il est d’ores et déjà possible d’avancer trois propositions.

– Quelle que soit la force de la manifestation – certains la trouvant trop rapprochée du 7 septembre et d’autres pas assez –, l’obstination sarkozyenne réclame une intensification du combat, et des interrogations sont en train de naître sur le rôle que pourrait jouer le secteur pétrolier dans le blocage énergétique du pays.

– Le syndicalisme doit amplifier le débat sur les modalités d’action, sur la dénonciation de la contre-réforme (son injustice est perçue, sa nocivité commence à être comprise, comme l’a expliqué Gérard Filoche dans l’Humanité du 17 septembre).

– Les propositions d’une véritable réforme sont à déployer plus explicitement, et ce, particulièrement en cas d’échec, pour poser les jalons d’une contre-offensive. Après 2003, un « inter-réseau CGT-FSU-Unsa » avait fait des propositions intéressantes sur l’avenir des retraites, puis l’initiative s’est perdue dans les sables. Si les salariés ne perçoivent pas dans les syndicats de lutte et de propositions une détermination entière pour imposer un régime de retraite digne de ce nom, l’exaspération tournera au désespoir. Jean-Marie Pernot (le Monde du 12-13 septembre) a posément diagnostiqué le danger d’une perte de confiance si toutes les armes ne sont pas utilisées autant qu’il est possible de le faire.

(*) Auteur de la Dialectique d’Héraclite à Marx. Éditions Syllepse, 2010.

René Mouriaux

http://www.humanite.fr/node/453984

 

*) La manière de se représenter la Retraite est aujourd’hui une des clés de l’affrontement. « Revendication ou enjeu de société ? »  Par Pierre Zarka, Association des Communistes Unitaires, Observatoire des Mouvements de la Société (OMOS).

L’ampleur du mouvement, la multiplication des journées de manifestations et la rigidité du patronat et du gouvernement rendent nécessaire de vérifier si nous avons tout dit et tout dégagé pour contraindre le pouvoir à céder. Je crains que trop de manifestants au fond d’eux-mêmes soient en peine de légitimer leur action. J’ai entendu dire dans un meeting, par une oratrice, qu’il fallait défendre les retraites MALGRÉ la courbe démographique. Malgré ? Comme si, en 1945, avec tant de destructions, tant d’hommes en âge de cotiser tués, moins de femmes au travail, la courbe démographique était plus favorable ! La protection sociale a été conçue comme levier de reconstruction. La manière dont le monde du travail se représente la retraite est aujourd’hui une des clés de l’affrontement. Un coût malgré tout ? Ou bon fonctionnement d’une société ? Il s’agit de savoir si seulement les activités qui se commercialisent doivent être rémunérées ou si nous avons une autre conception de la production de richesses. N’avons-nous pas tendance à confondre « travail, production marchande, salariat qui en découle » avec « activité productrice de société » ? Le travail ne produit pas que des objets et des services, il produit de l’usage et des rapports sociaux. Dès lors, il n’est pas le seul moment de développement des sociétés. Mis à part la guerre et la spéculation, il n’y a guère de pratiques sociales sans effets bénéfiques pour leur développement. Les congés de maternité ne sont pas payés par un salaire, ça ne s’appelle pas comme ça, pas plus que les congés maladie ou les heures syndicales payées. Ce sont autant de reconnaissances de leur caractère indispensable à la vie de la société, malgré leur caractère non marchand. Sans doute devrions-nous mieux mesurer la portée révolutionnaire de la brèche qu’ouvrent certains acquis sociaux dans le rapport salarial. Je ne pense pas sans danger d’accepter la notion de « salaire différé » en ce qui concerne la retraite : les retraités ne sont pas rémunérés grâce à leur travail passé mais pour leurs activités présentes, à partir de ce qu’a été leur qualification. Ils ont toutes et tous des activités qui contribuent à la vie sociale. Et pas seulement ceux – nombreux – qui participent à la vie associative. Les grands-parents qui s’occupent de leurs petits-enfants ont une activité dont la portée ne se compte pas en heures d’emploi. Ceux qui voyagent et en font ensuite profiter leur entourage participent à la culture de leur environnement. Il n’y a pas de « pour-soi », dirait Marx, qui ne soit pas social. Avoir, un mois durant, les doigts de pieds en éventail sur une plage, cela va au-delà de la simple reproduction de la force de travail. C’est ce statut d’utilité de tous les moments de la vie auquel le capital s’attaque. L’affaire du lundi de Pentecôte fut un galop d’essai. Les intermittents du spectacle avaient su dire que les moments de pause participaient à l’exercice de leurs métiers. Et je n’ai pas parlé des retraités comme consommateurs. L’argent qui va à la retraite est autrement utile et efficace que celui qui est englouti dans les banques et dont l’artifice nous saute à la figure. Dire que l’on nomme ces destructeurs de richesses des « investisseurs » ! On voit mal pourquoi une question aussi fondamentale ne serait pas tranchée par toute la société. Certains, dont je suis, ont signé un appel à un référendum. Pas à la place des grèves et des manifestations, mais pour les nourrir d’un débat idéologique de masse. Arracher la prise de parole, c’est se constituer en pouvoir. Il n’y a pas de conquête sociale sans extension de la démocratie. Pierre Zarka

http://www.humanite.fr/29_09_2010-revendication-ou-enjeu-de-soci%C3%A9t%C3%A9%E2%80%89-454554

 

*) Retraites : Pourquoi le texte qui sera discuté début octobre au Sénat ne règle rien ? « Des pistes pour une réforme réaliste, progressiste et pragmatique »  Par Liêm Hoang-Ngoc, Député européen, Secrétaire national adjoint en charge de l’économie au Parti Socialiste.

Le texte adopté en première lecture à l’Assemblée nationale après un débat tronqué et qui sera discuté début octobre au Sénat ne règle aucun des problèmes qu’il entend résoudre. Il va aggraver la situation des salariés les plus fragilisés. Le recul de l’âge légal de la retraite à 62 ans contraint les salariés ayant commencé à travailler tôt à cotiser au-delà de la durée légale. L’obligation faite de travailler plus longtemps ne tient que pour autant que les entreprises gardent leurs seniors (dont elles se séparent en moyenne à 58,9 ans) et que l’économie crée les emplois nécessaires pour intégrer les chômeurs et les jeunes entrants sur le marché du travail. Faute de quoi, on ne ferait que reporter le déficit du régime vieillesse vers l’assurance chômage. Cette évidence est négligée, à l’heure où les gouvernements européens s’apprêtent à déployer des plans de rigueur dont l’effet sera de tuer la reprise et l’emploi. Enfin, le passage de 65 à  67 ans, pour la liquidation sans décote de la retraite des carrières discontinues, est une ignominie sociale. Au-delà des slogans, les progressistes doivent proposer des pistes crédibles de réforme. Les hypothèses pessimistes du COR (Conseil d'orientation des retraites) servent généralement de référence. Celles-ci sont pourtant susceptibles d’être révisées. La conjoncture peut s’améliorer grâce à une autre politique économique. La part des salaires dans la valeur ajoutée peut se relever un tant soit peu (un accroissement de 1 % de la masse salariale dans la valeur ajoutée rapporte 1,9 milliard de cotisations sociales supplémentaires). La démographie peut évoluer (le taux de fécondité est désormais supérieur à 2 enfants par femme et les générations du baby-boom s’éteindront progressivement). Auxquels cas, les contraintes de financement du régime se détendraient considérablement. L’allongement de la durée de cotisation à 41,5 annuités, prévu par la loi Fillon en 2020, ne serait alors aucunement inéluctable. Il faudra fixer un rendez-vous vers 2025, l’horizon le plus lointain que l’on puisse raisonnablement considérer. En attendant, en admettant les hypothèses usuelles, ce sont 40 milliards qu’il s’agit de dégager à cet horizon. Une réforme progressiste, telle que celle proposée par le PS, doit maintenir la durée légale à 60 ans afin de permettre à ceux qui ont commencé tôt de liquider à taux plein leur retraite après quarante années de  cotisation (les autres partant à taux plein après quarante années de cotisation,  au-delà de 60 ans, comme c’est déjà le cas aujourd’hui). Elle doit autoriser la liquidation sans décote à 65 ans des carrières discontinues ou incomplètes. Elle doit ouvrir la négociation sur la pénibilité, réduite au handicap par la droite et auparavant traitée dans le cadre de régimes spéciaux. Elle doit tenir compte du fait que la part des salaires dans la valeur ajoutée, socle du financement par cotisation sociale du régime, ne s’est pas redressée. En attendant une reprise future de l’emploi et des salaires, elle doit élargir l’assiette de financement du régime, ce que s’est résolu à faire trop timidement le gouvernement, qui taxe trop faiblement le capital, les stock-options et les hauts revenus, de surcroît sans lever le bouclier fiscal. Le financement envisagé par le PS combine augmentation des cotisations et élargissement de l’assiette de financement. Les cotisations salariales et patronales augmenteraient de 0,1 % par an chacune entre 2012 et 2021. Le rendement d’une telle mesure serait de 12 milliards d’euros en 2025. L’élargissement de l’assiette consisterait :

– à taxer les revenus du capital (stock-options et bonus) au taux de 38 %. Ceci rapporterait 2,3 milliards ;

– à supprimer les niches sociales sur l’intéressement et la participation en taxant ces revenus à hauteur de 20 %. Le rendement de cette mesure serait de 3 milliards ;

– à appliquer la CSG sur les revenus du capital exonéré de cet impôt (à l’exception du Livret A et des plus-values sur la résidence principale). Cela rapporterait 7 milliards ;

– à créer une contribution sur la valeur ajoutée (dérivée de la nouvelle taxe professionnelle), tout en en exonérant les PME.  Le gain serait de 7 milliards ;

– à créer une surtaxe de 15 % sur l’impôt sur les sociétés payé par les banques.  Le produit de cet impôt doit abonder le fonds de réserve des retraites dont les intérêts  devraient s’accroître de 3 milliards par an.

Outre qu’il est réaliste, ce projet est progressiste et pragmatique. Progressiste parce qu’il taxe les revenus du capital et les banques. Il s’attaque à de nombreuses niches sociales et fiscales injustifiées. Il fait contribuer les profits au financement du régime en étendant aussi l’assiette de financement à la valeur ajoutée des entreprises. Pragmatique parce qu’il fait jouer la solidarité nationale à travers l’impôt (par le biais de l’élargissement de l’assiette), à côté des cotisations, dont l’augmentation exclusive (dans une logique pure de salaire indirect) aurait nui au pouvoir d’achat des salariés et à leur emploi dans les PME.

Liêm Hoang-Ngoc

http://www.humanite.fr/node/453986

 

*) Des Associations et des syndicats engagent la construction d’un nouveau vivre ensemble : Nous vous proposons un pacte pour les droits et la citoyenneté

 En tant qu’organisations associatives et syndicales, nous n’avons vocation ni à exercer le pouvoir ni à construire des programmes politiques. Il nous revient en revanche, en toute indépendance, de faire entendre la voix de la société civile ; d’interpeller ceux qui sollicitent les suffrages des citoyens. Car le débat public doit se développer pour construire des réponses claires, nouvelles, en phase avec les attentes et les revendications dont nous sommes porteurs, en phase avec l’intérêt général. Les gouvernants tiennent leur légitimité du suffrage universel. Mais ils n’ont pas reçu mandat de remettre en cause les libertés, d’organiser la fragmentation sociale, de désigner des groupes sociaux entiers comme boucs émissaires de l’insécurité. Rien ne peut justifier qu’un nombre croissant de nos concitoyens se trouvent placés en situation d’illégalité pour vivre, de travailler dur pour se retrouver menacé par la pauvreté, d’être en situation de risque dès qu’il s’agit de défendre ses droits. Or nos droits, nos libertés sont attaqués, fragilisés, remis en cause. Chaque jour un peu plus, la manière dont le pouvoir est exercé piétine les valeurs républicaines et menace l’effectivité de la démocratie. La mise en avant de crises bien réelles – écologiques, sociales, financières – ne saurait servir d’alibi à la régression des droits. Nos organisations placent au cœur de l’éthique démocratique les libertés individuelles et collectives, le respect de l’égalité et l’effectivité des solidarités. C’est pourquoi nous considérons que le temps est venu de réagir et de construire un nouveau vivre ensemble, un nouveau contrat citoyen. Il y a urgence. Lorsque les pouvoirs sont concentrés à l’Élysée, les contre-pouvoirs indépendants affaiblis, voire menacés de disparition (Défenseure des enfants, CNDS, Halde), le dialogue social bousculé, voire réduit à une formalité, le mouvement associatif sommé de souscrire à une logique marchande d’appels d’offres, les collectivités territoriales menacées d’un retour de la tutelle (substitution d’office pour imposer la vidéosurveillance), la démocratie est privée d’oxygène. Avec la traque des sans-papiers, le durcissement incessant des conditions d’accès au séjour, les tests ADN, la propagande nauséabonde sur le thème de l’« identité nationale » étatisée, les encouragements à la délation, le ciblage des « délinquants de la solidarité », une véritable xénophobie d’État défigure la République. Quand l’injustice fiscale augmente, quand les inégalités scolaires, territoriales, générationnelles s’accroissent sans cesse, quand les sacrifices demandés aux uns contrastent avec les privilèges affichés par les autres, se crée une situation invivable, lourde d’injustices et de périls. L’égalité est en jachère. Le fichage de dizaines de millions de citoyens, les interconnexions qui se multiplient, la systématisation du recours à la vidéosurveillance, le développement des techniques de traçage tissent une société de la surveillance et du soupçon. La justice est soumise à des pressions croissantes ; les missions de la police sont dévoyées, instrumentalisées à des fins très éloignées de nos principes républicains. Bien trop éloignées… Les libertés sont en danger.

Par un jeu de « réformes » successives les services publics sont mis en pièces ; la fonction publique n’est évoquée qu’au travers de son « coût » ; la loi sur le logement social est impunément violée et les bases de notre pacte social sont livrées à un véritable travail de sape : protection sociale, retraites, cohésion territoriale sont en ligne de mire… Les solidarités sont à l’encan. Il est temps de penser autrement, de faire autrement, d’ouvrir des perspectives nouvelles. Contre les prétendues fatalités, nous choisissons l’espoir. Nos organisations expriment un vaste champ de préoccupations et d’expertises, chacune avec son identité et sa part propre de responsabilités. Elles le font dans les limites de leur personnalité et de leur mandat tout en partageant la démarche d’ensemble. Cette convergence est au cœur de notre pacte. Elle lui permet de faire vivre les valeurs dans lesquelles nos organisations se reconnaissent et qu’elles font vivre au quotidien. Pour lui donner un contenu concret, tangible et quotidien, aux orientations que nous partageons, s’ajoutent des propositions concrètes que porteront plus particulièrement certaines de nos organisations.

Elles concerneront :

• la démocratie ;

• la protection de la vie privée et des données personnelles ;

• les droits et libertés face à la justice, à la police et au système pénitentiaire ;

• la lutte contre la xénophobie, le racisme, le sexisme et les discriminations ;

• l’égalité sociale et les solidarités.

À travers ce pacte proposé à la société française, nos organisations revendiquent une conception du politique qui place au cœur de l’éthique démocratique la garantie des libertés individuelles et collectives, la lutte contre les inégalités et la construction de nouvelles solidarités. C’est sur cette base qu’elles interpellent les responsables politiques et leur demandent de débattre et de s’engager clairement. Afin d’éclairer les choix des citoyens.

Avec eux, avec tous, il nous revient de construire les réponses, nos réponses. L’avenir et l’espoir n’appartiennent à personne et ne sont pas écrits à l’avance. Les choix qui sont devant nous sont l’affaire de tous. C’est à elles, à eux, à nous, tous ensemble, qu’il revient de faire vivre le pacte passé entre la République et les citoyens.

--- Les organisations signataires :

Association de promotion des cultures et du voyage ; Association pour la taxation des transactions fi nancières et pour l’action citoyenne (Attac) ; Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale (Cedetim) ; Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active (Céméa) ; Confédération générale du travail (CGT) ; Collectif national pour les droits des femmes (CNDF) ; Comité Idaho (International Day Against Homophobia and Transphobia) ; Comité intermouvements auprès des évacués (Cimade) ; Confédération paysanne ; Confédération syndicale des familles (CSF) ; Conseil national des associations familiales laïques (Cnafal) ; Coordination européenne pour le droit des étrangers à vivre en famille ; Coordination des associations pour le droit à la contraception et à l’avortement (Cadac) ; Droit au logement (Dal) ; Fédération des associations réfl exion, action, prison, et justice (Farapej) ; Fédération des conseils de parents d’élèves des écoles publiques (FCPE) ; Fédération des associations de solidarité avec les travailleur-euse-s immigré-e-s (Fasti) ; Fédérations des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR) ; Fédération syndicale unitaire (FSU) ; France terre d’asile ; Fondation Copernic ; Imaginons un réseau Internet solidaire (Iris) ; Ligue des droits de l’homme (LDH) ; Ligue de l’enseignement ; La mutuelle des étudiants (LMDE) ; Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) ; Mouvement de la paix ; Observatoire international des prisons (OIP) ; Le planning familial ; Syndicat des avocats de France (Saf) ; Syndicat de la magistrature ; Terre des Hommes France ; Union nationale des étudiants de France (Unef) ; Union syndicale Solidaires ; Union nationale lycéenne (UNL)... Contact : LDH - service communication : Tél. : 01 56 55 51 07 - communication@ldh-france.org

http://www.humanite.fr/node/453907

======> Pacte pour les droits et la citoyenneté. Cinq orientations fondamentales

Un tel pacte doit se construire dans le temps long du débat démocratique et sur une base solide et partagée. C’est pourquoi nous affirmons ensemble les orientations fondamentales suivantes :

– La démocratie suppose la séparation des pouvoirs et le contrôle citoyen des gouvernants : nous demandons le respect des attributions constitutionnelles du Parlement, du gouvernement et des autorités juridictionnelles, des garanties d’indépendance réelle et de moyens d’action suffisants pour les autorités indépendantes.

– La vie privée et les libertés doivent être protégées contre l’envahissement du contrôle social et le risque d’une surveillance généralisée : nous demandons que le fichage généralisé et les interconnexions de fichiers soient proscrits, que la loi encadre les fichiers de police, que les technologies de surveillance, de fichage et de traçage soient sous contrôle effectif d’autorités indépendantes.

– La justice doit être indépendante et équitable, la police au service de la sûreté de tous : nous demandons la suppression des juridictions d’exception et des régimes d’exception dans la procédure pénale, le rétablissement de la spécificité de la justice des mineurs dans l’esprit de l’ordonnance de 1945 ; la garantie de l’indépendance de l’instruction pénale à l’égard du pouvoir politique, le respect de la jurisprudence européenne sur la garde à vue ; l’application des règles pénitentiaires du Conseil de l’Europe et la priorité aux alternatives à la prison ; la fin des contrôles au faciès et de l’emploi militarisé des forces de police, la sanction des violences policières et la création d’une police de proximité respectueuse des droits de tous les citoyens.

– La République est fraternelle et égale : nous demandons la garantie de l’égalité face au racisme, au sexisme et aux discriminations ; l’interdiction de tout enregistrement dans les fichiers administratifs ou de gestion de données personnelles relatives aux « origines géographiques » ?; l’engagement pour la mixité des droits et contre les inégalités de genres ; l’abrogation des lois xénophobes, la fin de la chasse aux sans-papiers et le respect de l’accueil inconditionnel excluant tout délit de solidarité.

– « Vivre ensemble » repose sur l’effectivité des droits sociaux, des solidarités : nous demandons que cesse la mise en concurrence de tous avec tous et que des politiques de droit commun assurent l’accès de tous aux droits de tous. Les services publics doivent être défendus et modernisés ; l’égalité devant l’impôt et les contributions sociales doit être rétablie ; l’État doit assumer sa responsabilité de garant des droits à l’éducation, au logement, aux soins et à la protection contre les risques sociaux. Le droit du travail doit pouvoir relever les défis de la précarité et de l’insécurité sociale ; la protection des salariés doit pouvoir s’appuyer sur une sécurisation des parcours professionnels, sur un véritable statut du travail salarié ; le syndicalisme doit pouvoir vivre et se développer, singulièrement dans les petites entreprises, sans avoir à craindre harcèlement, discriminations ni criminalisation du mouvement social.

http://www.humanite.fr/node/453908

 

*) « Désobéissance civile et démocratie »

Pourquoi désobéir en démocratie ?, de Albert Ogien et Sandra Laugier Éditions La Découverte, collection « Textes  à l'appui/philosophie pratique », 2010,  216 pages, 20 euros. Respectivement sociologue et philosophe, Albert Ogien et Sandra Laugier ont mis en commun leurs savoirs pour tenter de préciser le sens politique de la «désobéissance civile» dans la France d’aujourd’hui. Par-delà la diversité de ses objets et des groupes d’individus qui y ont recours (Réseau éducation sans frontière (RESF), travailleurs sociaux mobilisés contre le fichage de ceux qu’ils aident au quotidien, etc.), cette forme de révolte qui consiste à se soustraire à une loi ou directive jugée illégitime « met en exergue une propriété constitutive de la démocratie : le fait qu’elle est un régime dont la nature est d’être irrémédiablement ouvert ». Autrement dit, la désobéissance civile renvoie au fait que la démocratie ne se vérifie que dans la possibilité permanente de conquérir de nouveaux droits et libertés. En rester à ce constat serait cependant légitimer à moindre frais une pratique qui pose question, y compris, paradoxalement, du point de vue de la vitalité démocratique elle-même. N’existe-t-il pas, pour se faire entendre, des syndicats et des partis ?  Le recours à la désobéissance n’est-il pas aussi une désertion des processus de décision, une incapacité à s’engager pour un projet politique global alternatif à l’ordre existant ? En recontextualisant ces interrogations courantes, les deux auteurs offrent les clés nécessaires pour ne pas se laisser enfermer dans les ambiguïtés du concept. Au XIXe siècle, Henry D. Thoreau théorisait la désobéissance civile sur un mode strictement individualiste, en expliquant en substance qu’« on a non seulement le droit mais le devoir de résister, et donc de désobéir, lorsque le gouvernement agit contre ses propres principes. » Le philosophe américain avait ainsi cessé de payer l’impôt, afin de protester contre la guerre menée par les États-Unis au Mexique. Si cette démarche peut toujours inspirer, aujourd’hui, certains « désobéissants », ceux-ci ne peuvent pour autant faire l’impasse sur le constat que, dans les « démocraties modernes », « la défense de la liberté individuelle se dissocie de moins en moins aisément de celle des droits du citoyen ».

Et de fait, de nos jours, les mouvements de désobéissance civile semblent davantage prendre leur source dans le besoin de l’individu de se réapproprier sa citoyenneté que dans la recherche solitaire d’une osmose avec ses idéaux. C’est aussi là la conséquence d’une évolution inquiétante du fonctionnement de l’État. Albert Ogien et Sandra Laugier pointent un véritable « mode de gouvernement » dans « la logique du résultat et de la performance » qui prolifère dans les administrations françaises. Et c’est bien à l’aune de l’humaniste résistance à cette sorte de dictature du chiffre qu’il convient de penser la désobéissance civile, qui ne peut dès lors être confondue, ni par ses partisans ni par ses détracteurs, avec un rejet du politique. Laurent Etre

http://www.humanite.fr/node/454088

 

*) Que nous dit la lutte des « sans » ? « La gauche, le sans-papiers et l’humain »  Par Thierry Blin, maître de conférences à l’Université Montpellier-III.

Il existe des hommes qui sont à demi sans patrie, vivant dans les soutes d’un autre État, qui ne les reconnaît pas comme éléments de son peuple, pas plus qu’il ne leur accorde la moindre existence officielle. Clandestins ou sans-papiers, selon que l’on apprécie ou pas, mais toujours refoulés des structures sociales. Et pourtant, ça lutte aussi dans ces recoins. Il y a même un long chapelet de luttes qui s’égrène comme un métronome. Parmi les plus fameuses, le mouvement de Saint-Bernard (1996). Parmi les plus fraîches, la toute récente mobilisation de travailleurs sans papiers, animée par la CGT. Même si ce n’est pas nécessairement la première chose à laquelle on pense en la matière, l’évolution de ces luttes témoigne clairement d’un étrange remodelage des clivages idéologiques, et cela plus particulièrement à la gauche de l’échiquier politique. Pour dire les choses simplement, l’ancien immigré clandestin, une des figures étendard des mobilisations gauchistes des années 1970, était exemplaire puisque victime, en tant qu’ouvrier, de l’exploitation patronale, et en tant qu’immigré, de l’impérialisme. Selon le credo de la philosophie politique de l’époque, les travailleurs déracinés incarnaient ainsi le dernier espoir d’une négation ouvrière de la société d’abondance. Cela participait d’ailleurs de la recherche d’un prolétariat de substitution dans le cadre d’une concurrence partisane avec le PCF. La classe ouvrière traditionnelle étant son affaire, l’urgence, mâtinée de nécessité, s’imposait de le déborder à partir d’autres lieux, de dégager un nouveau référentiel.

Force est de constater que, dès l’année 1975, on assiste à un changement de code imaginaire qui tient en une formule politique : l’éclipse des lectures marxistes ou « critiques ». La mue idéologique se conclura, au cours des années 1980, par la mort d’un certain type de foi politique se traduisant par le fait que les « masses » s’évanouissent. Les « classes » et les « nations », obstacles périmés, subissent également ce que l’on peut nommer une cure intensive de détranscendantalisation du système, que ne dément d’ailleurs pas l’idéologie actuelle de la libre connexion, du branchement volontaire. Toujours est-il qu’il est désormais impensable de se mobiliser sous les drapeaux de ces anciennes permanences. Un nouveau seigneur triomphe sur ces ruines : l’individu démocratique, égalitaire, sur le mode de la sacralisation humaniste de la personne et de la réalisation de soi. Ce processus n’est évidemment pas sans conséquences sur la conception dominante du « social ». Dorénavant, on raisonne selon les catégories d’un social « souple » composé d’identités, de minorités, et d’exclusion. On prend définitivement acte de la mise à mort du projet anachronique de diriger le social « par le haut ». La figure du travailleur immigré s’en trouve logiquement recomposée. Elle est depuis lors associée à la politique de promotion des droits et de la citoyenneté. Il n’est plus question de participer à la lutte des classes qui rayerait d’un trait de lutte finale le capital de la liste des nuisances. Ce qui opère est de l’ordre de la politique affirmative de conquête de droits (affirmative, c’est-à-dire dont l’objectif n’est pas la négation de l’institué). Hier, l’exploitation. Aujourd’hui l’exclusion, la relégation, la reconnaissance de l’autre dans son identité particulière, et ce plus particulièrement s’il est porteur de stigmates, de témoignages du « mépris social ». Les luttes contemporaines de sans-papiers n’affirment pas une autre vérité. Même la récente lutte des « travailleurs sans papiers » ne dément pas cette règle de la quête a-politique de droits, matérialisation pratique d’un impératif humaniste de reconnaissance. Bref, quelque chose s’est inventé comme de l’idéalisme pragmatique (Jacques Ion) : aménager l’existant, le rendre vivable, humain, au nom des contradictions entre ses principes et le réel. On ne récuse pas le donné. On s’y agite de l’intérieur. On ne se perd pas en promesses de société future, on ne veut pas supprimer le pouvoir ou s’en emparer. On demande (des droits). Or, la liquidation « postmoderne » des questions républicaine et sociale au profit de l’idéal de reconnaissance de l’Autre, qui a pour conséquence que, faute d’avoir prise sur l’économie, on investit massivement sur la gestion culturelle du présent, traduit une conversion d’une partie de la société à la morale, conversion où l’on cesse progressivement d’inspecter la société de bas en haut pour la célébrer dans l’égalité de ses diversités sans jamais nier l’existant. Rien là d’anodin puisque cela témoigne d’un hiatus symptomatique d’une certaine culture de « gauche »?: si l’on ne peut « unir à gauche » qu’aux cris multicolores du respect de l’Autre, et autre politique compassionnelle du care, sans arriver à dissimuler le ralliement au pancapitalisme des « partis de la gauche de gouvernement », des mobilisations à haute valeur « intellectuelle » prennent certes forme, mais elles sont susceptibles d’être traduites en langage populaire comme autant de silences sur la précarité de ce même peuple. Les présidentielles de 2002 et 2007 tinrent un langage de ce type.

 Thierry Blin est l’auteur de l’Invention des sans-papiers. Essai sur la démocratie à l’épreuve du faible (PUF, septembre 2010). Thierry Blin

http://www.humanite.fr/node/451846

 

*) « Placer l’éducation au service d’une nouvelle émancipation »  Par François Cocq, secrétaire national à l’éducation du Parti de gauche, et Francis Daspe, secrétaire général de l’Agaureps-Prométhée.

Pourquoi la question éducative est-elle au centre de tout projet de transformation sociale ?

 «A près le pain, l’éducation est le premier besoin d’un peuple », proclamait Danton. Nous reprenons pleinement à notre compte cette maxime, plaçant au cœur de tout projet de transformation sociale la question éducative. Et ceci pour trois raisons. L’école est tout d’abord le cœur d’un enjeu majeur : la défense et la promotion des valeurs républicaines. Institution de la République par excellence, elle est garante des valeurs fondant l’exigence républicaine, aujourd’hui fortement remise en question : laïcité malmenée, mixité sociale attaquée avec la suppression de la carte scolaire, liberté sérieusement écornée avec les tentatives de criminalisation de la contestation, défense de l’intérêt général incompatible avec l’élaboration d’une politique de classe, promotion d’un esprit critique conforme aux impératifs d’une citoyenneté éclairée ébréchée par le dogme libéral. L’école constitue ensuite un levier incomparable pour déconstruire l’idéologie dominante impulsée par le marché roi. L’urgence est la reconquête de l’espace démocratique perdu face à l’hégémonie de la sous-culture dominante imposée depuis des décennies par les libéraux dont on constate les ravages en termes de rapport à l’intérêt général. L’école n’est pas un sujet neutre. La quasi-totalité des réformes recèle une visée éminemment politique contribuant à dessiner un véritable projet de société : introduction des principes de mise en concurrence et d’autonomie découlant des recommandations européennes du processus de Bologne ou de la stratégie de Lisbonne, marchandisation remettant en question la gratuité et l’égalité, avalanche de suppressions de postes depuis plusieurs années dans le cadre de la révision générale des politiques publiques, démantèlement des statuts des personnels faisant office de Code du travail pour la fonction publique, instauration d’un mode de gestion managérial visant à transformer l’école en entreprise, programmes ne donnant qu’une vision parcellaire et idéologiquement orientée de la réalité, etc. N’en doutons pas, face au libéralisme triomphant, c’est à un combat culturel auquel nous sommes confrontés au travers de la question scolaire. La finalité de notre système éducatif consiste enfin à œuvrer inlassablement à l’émancipation. Nous nous fixons pour horizon, contre les vents dominants de l’individualisme, l’émancipation tant individuelle que collective. Cela passe par une double ambition : former des citoyens et contribuer à la transformation sociale. Former des citoyens, c’est donner à chacun la possibilité de penser par lui-même afin d’accéder à l’autonomie, conformément à l’idéal des Lumières : les savoirs libèrent quand l’ignorance asservit. L’actuelle vision minimaliste et utilitariste, simple déclinaison du mépris de la culture affiché ostensiblement au plus haut sommet de l’État, contrevient radicalement à cet objectif libérateur. L’école doit plus que jamais s’attacher à son rôle de socialisation indispensable au vivre-ensemble qui passe par la lutte contre les préjugés les plus rétrogrades et les conformismes les plus aliénants rongeant notre société. Parallèlement, l’école peut et doit participer à l’ambition de transformation sociale à laquelle nous n’avons pas renoncé. Notre choix va résolument dans le sens de l’élévation sociale de l’ensemble d’une classe. Celle-ci passe par la démocratisation longtemps vantée, jamais véritablement réalisée. Les formations professionnelles et technologiques, qui regroupent plus de 50 % des élèves, doivent ainsi se fixer des objectifs aussi ambitieux en termes d’exigences et de réussite que les filières générales. L’enseignement supérieur, tenté par la sélection libérale, doit être le terreau de l’ouverture à toutes les catégories sociales. Les qualifications, passeport pour la reconnaissance par les conventions collectives, doivent rester la pierre angulaire de tout projet qui exige d’agréger les savoirs et le débouché professionnel. Prenons cependant conscience que, si l’école peut beaucoup, elle ne peut pas tout, et certainement pas se substituer aux capitulations ou aux défaillances de l’action du politique qui laisse le marché imposer ses diktats. La valorisation des diplômes dépend aussi de mesures législatives relatives aux salaires et au droit du travail. Démasquons à cet effet la stratégie visant à l’individualisation croissante des mesures en faveur de la jeunesse qui relève de l’imposture : le but est de se donner bonne conscience en arguant de la réussite de quelques éléments pour mieux se désintéresser de la masse des autres, abandonnés à leur sort au motif qu’ils ne seraient pas suffisamment méritants.

Un gouvernement de rupture à vocation majoritaire doit faire sienne la formule de Condorcet qui voulait former « des citoyens qui ne s’en laissent pas conter mais qui entendent qu’on leur rende des comptes », autrement dit construire « un peuple conscient et debout ». C’est de cette sorte que l’école contribuera à faire émerger l’implication populaire indispensable au succès du nécessaire projet de transformation sociale.

http://www.humanite.fr/node/453383

 

*) Le maillon faible du pouvoir et le monde du travail

Samedi,  le monde du travail a montré, qu’il est bien décidé à préserver l’héritage du combat de trois générations pour la retraite, ce bijou de famille de la France toute entière : la retraite à 60 ans.

 Le jeudi 23 septembre, la rue a parlé et le pouvoir ne l’a pas écouté. «Non, avec le président de la République nous ne retirerons pas ce projet de réforme parce qu'il est nécessaire et raisonnable», a expliqué le premier ministre lors de la clôture des Journées parlementaires UMP, refusant ainsi de revenir sur le report de l'âge légal ouvrant droit à la retraite de 60 à 62 ans. La réponse syndicale à cette surdité et à la stratégie de découragement du monde du travail n’a pas tardé. Les organisations syndicales  ont mis en garde le gouvernement sur « les conséquences que provoquerait l’ignorance de la colère qui s’exprime profondément ».  Elles ont décidé d’organiser deux jours d’action, avant et pendant l’examen du texte au Sénat le 5 octobre. Samedi,  le monde du travail a montré, en se mobilisant de manière encore plus importante que précédemment, par millions et en famille, qu’il est bien décidé à préserver l’héritage du combat de trois générations pour la retraite, ce bijou de famille de la France toute entière : la retraite à 60 ans. La participation de plus en plus de jeunes témoigne de cette conscience générationnelle du monde de travail. Cette mobilisation fait face à un pouvoir plus en plus fragilisé. Nicolas Sarkozy, l’homme tout puissant de la droite en 2007, est aujourd’hui contesté parmi les siens et ne trouve plus appui que sur le socle le plus droitisé de son camp. Son projet de recomposition politique de la France est en échec. Le débauchage de quelques personnalités du Parti Socialiste n’a pas suffit pour étouffer la gauche, la tentative d’organisation d’un « centre » satellite de l’UMP n’a pas fonctionné et a obligé Nicolas Sarkozy à composer avec son vieil ami béarnais. Le monarque de l’Élysée s’est lancé dans un combat charnière de son mandat contre le monde de travail, pour accomplir son devoir envers le monde du capital, des rentiers, ses amis du « Fouquet’s », les possédants de grands fortunes, pour ouvrir une brèche dans la retraite par répartition, créer un boulevard pour la retraite par capitalisation et confisquer ce bijou de famille. Les loups approchent de la bergerie de la protection générationnelle de retraite par répartition. Dans un entretien accordé à France 2, François Fillon dévoile clairement que son départ est proche, il est même probablement programmé après l’accomplissement du « sale boulot »,  ainsi que celui du ministre de tutelle de la retraite. Le président de la République, en changeant ses ministres, dont celui qu’il a présenté comme son « collaborateur », ne changera certainement pas de politique, sauf si l'on y force par un immense mouvement populaire. Une politique qui ne n’entraine ni l’adhésion du peuple ni celle de la totalité du camp au pouvoir est une mauvaise politique. Le maillon faible du système c’est l’initiateur même de cette politique régressive, Nicolas Sarkozy. Ses "collaborateurs"  n’en sont que les secondes mains. Le monde du travail refuse cette politique régressive, en se rassemblant largement et dans une grande unité, il exige un changement de politique, le remplacement des « collaborateurs » ne mettra pas fin à cette exigence. Les combats pour les retraites qui sont entrés dans une période décisive en ce mois d’octobre 2010 resteront dans la mémoire collective, chacun y aura sa part de responsabilité. Abrahim Saravaki

http://www.humanite.fr/03_10_2010-le-maillon-faible-du-pouvoir-et-le-monde-du-travail-454868

 

*) « L’affrontement de classes »  Par Patrick Le Hyaric

Les bidouillages gouvernementaux sur les chiffres n’y changent rien. La journée d’action unitaire  de samedi dernier contre l’abrogation du droit à la retraite à 60 ans a été puissante, diversifiée, déterminée. Les journaux régionaux comme les images télévisées le confirment amplement. Un mouvement populaire contre la régression sociale s’enracine dans la société. Depuis les 23 mars, 29 mai, 24 juin, 7 septembre, 23 septembre, bien au-delà des trois millions de manifestants de samedi dernier, ce sont plusieurs millions de citoyens qui ont manifesté au moins une fois, et pour beaucoup, ils l’ont fait pour la première fois de leur vie. Le pouvoir sarkozyste qui avait tout misé  sur l’épuisement des gens, l’essoufflement  du mouvement, s’est trompé et veut maintenant tromper, manipuler, diviser. Aux proclamations arrogantes  de M. Sarkozy qui a voulu faire de cette contre-réforme « un marqueur » de son quinquennat, une immense majorité de nos concitoyens répondent par un refus massif. Ceux qui dirigent le pays aujourd’hui sont  les mêmes qui défilaient pour défendre l’école privée en 1984.  À l’époque, le gouvernement de M. Pierre Mauroy avait retiré un projet après une manifestation d’un million de personnes. Depuis, la loi créant le contrat première embauche, pourtant promulguée, a été éteinte face  à la protestation. Cette fois, le rejet est nettement plus important et il serait très dangereux que le pouvoir refuse d’en tenir compte, et vite. La conscience de l’injustice  de cette contre-réforme réactionnaire grandit. Au-delà,  de larges fractions de la société s’aperçoivent que c’est parce que l’effort repose essentiellement sur le monde  du travail et des retraités qu’elle est inefficace. Si la politique consiste à épargner le capital dans le financement des indispensables solidarités humaines, il est sûr que demain il manquera toujours  de l’argent dans les caisses et que de nouvelles régressions sociales seront imposées aux générations à venir.  La presse économique liée au monde de la finance  ne demandait-elle pas vendredi dernier de durcir encore la loi gouvernementale, au prétexte que la nouvelle situation économique ne garantissait pas l’avenir  du financement des retraites ? Déjà dans le texte voté  à l’Assemblée nationale, la porte est davantage ouverte  à la retraite par capitalisation. La justice, la sécurité de vie, l’efficacité pour la société passent par la solidarité. C’est l’amélioration de la protection sociale, la pérennisation de la retraite à taux plein, de meilleures rémunérations du travail, une sécurité d’emploi qui constituent des leviers décisifs pour sortir de la crise. Telle est la nature fondamentale de l’affrontement de classes de grande ampleur qui est engagé. L’immense majorité du peuple, dans sa diversité, s’exprimant de plus en plus contre un pouvoir  de l’ultradroite radicale, isolé, arc-bouté parce qu’il est  le mandataire direct de la haute finance internationale. Face à ce gouvernement et à un tel enjeu,  le mouvement doit encore s’amplifier. La journée du 12 octobre doit être immense. Si le pouvoir n’y entend rien, de nouvelles formes d’action, rassembleuses du plus grand nombre pour être efficaces, seront à décider  par les salariés, les retraités, les jeunes eux-mêmes.  La force, l’ancrage et la diversité croissante  des participants à l’actuel mouvement ouvrent  de nouveaux possibles. La force de l’actuel mouvement  ouvre de nouveaux possibles. Patrick Le Hyaric

http://www.humanite.fr/03_10_2010-l%E2%80%99affrontement-de-classes-454953

 

*) Retraites : les grèves deviennent reconductibles

Dans les transports et l'Energie, face à la surdité du gouvernement, les appels à la grève à compter du 12 octobre deviennent reconductibles et font franchir un cap au mouvement contre la réforme Sarkozy des retraites.

L'ensemble des syndicats de la SNCF déposent un préavis de grève reconductible à partir du 12 octobre pour la défense des retraites, a indiqué mercredi un porte-parole de la CGT, à l'issue d'une réunion commune à Paris. "L'idée est de contribuer à un puissant mouvement le 12 octobre", journée interprofessionnelle de grèves et de manifestations, "et de créer les conditions pour que les personnels se réunissent dès le 13 au matin dans des assemblées générales représentatives afin d'apprécier la situation interne à la SNCF, et externe" et de décider des suites du mouvement, a précisé Didier Le Reste, secrétaire du syndicat. Les cheminots, qui ont été consultés préalablement dans certaines régions à bulletin secret sur le principe de cette grève reconductible, se prononceront tous les jours sur la poursuite du mouvement. "Je veux que la démocratie joue à plein", a-t-il dit.

De son côté, la fédération CGT de l'énergie, premier syndicat du secteur, va aussi déposer un préavis de grève illimitée à partir du 12 dans les 140 entreprises électriques et gazières (dont EDF et GDF Suez). "Ce préavis de grève a pour objectif de permettre aux salariés d'élargir et d'amplifier le rapport de forces suite à l'action unitaire du 12 octobre 2010", a déclaré la CGT-Energie, dans son communiqué. "Ainsi, ceux-ci pourront décider avec leurs organisations syndicales chaque jour des initiatives, en lien avec les autres secteurs professionnels, permettant d'obtenir satisfaction sur le dossier retraites. C'est une réponse responsable, organisée et déterminée, à la fin de non recevoir du gouvernement" sur les propositions des syndicats, poursuit le texte.

La CGT des cheminots a dit espérer que le mouvement, qui touchera parallèlement d'autres secteurs, du transport maritime ou aérien aux camionneurs, en passant par le gaz et l'électricité dans celui l'énergie, ferait tache d'huile. "La tache d'huile va se déterminer dès le 12 octobre, d'autres secteurs comme le commerce devraient nous rejoindre", a dit le numéro 2 de la CGT des cheminots, Gilbert Garrel. Le syndicaliste a estimé que, "face à un gouvernement qui ne veut rien entendre", les mouvements de grève de plusieurs jours seront "largement soutenus par la population". "Aujourd'hui, face au blocage du gouvernement, nous n'avons pas d'autre choix, donc c'est la radicalisation", a déclaré Bruno Duchemin, secrétaire général de la CFDT-Fgaac. "Avec une grève reconductible, on a les moyens de faire plier le gouvernement, au moins de l'obliger à ouvrir des négociations", a-t-il ajouté. Nathalie Bonnet, de Sud-Rail, a également estimé que les conditions étaient à présent réunies pour "faire reculer le gouvernement". "Les salariés sont prêts à tenir longtemps si le mouvement est interprofessionnel", estime-t-elle. http://www.humanite.fr/06_10_2010-retraites-les-gr%C3%A8ves-deviennent-reconductibles-455120

 

 

*) Les syndicats appellent à hausser le ton

Au lendemain de l’intersyndicale et au soir d’une réunion des responsables de la CGT, Bernard Thibault appelle à entrer dans « une nouvelle phase du mouvement ».

L’intersyndicale qui s’est réunie lundi soir, après le succès des manifestations du samedi 2 octobre, hausse le ton. Les  7 syndicats signataires, CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FSU, Solidaires et Unsa, ont averti que le 12 octobre, prochain rendez-vous unitaire interprofessionnel de grèves et de manifestations, serait « déterminant ». Et FO, qui continue de faire entendre sa petite mélodie solitaire, n’a pas tardé à affirmer son « attachement à l’unité syndicale » et sa volonté de s’associer, elle aussi, à la journée du 12. C’est donc dans un bel ensemble que les syndicats ont confirmé leur appel à « participer massivement » aux grèves et manifestations de mardi prochain. Tous fustigent l’intransigeance d’un gouvernement qui « préfère le mépris au dialogue ». Un mépris d’autant plus intolérable pour les syndicats qu’ils estiment être parvenus, en moins d’un mois, à mettre trois fois dans la rue autour de 3 millions de manifestants, et qu’ils reçoivent le soutien de plus de 70 % de la population, selon les sondages. Pour assurer le succès de cette journée du 12 octobre, l’intersyndicale appelle à multiplier, dans les territoires et les entreprises, les initiatives unitaires. On attendait surtout les syndicats sur les suites qu’ils entendent donner à la journée du 12 octobre. Il faudra encore attendre un peu : la CGT réunissant hier ses dirigeants d’unions départementales et de fédérations, l’intersyndicale décidera vendredi 8 octobre de nouvelles initiatives. La question de décider de grèves reconductibles est désormais ouvertement posée. Avec des réponses diverses selon les syndicats mais une recherche commune : celle de l’efficacité. 

--- « Maintenir un mouvement de masse »

Pour FO, elle passe par une grève interprofessionnelle « carrée » de 24 heures. Pour l’union syndicale Solidaires, « les suites doivent être un mouvement de grève reconductible à partir du 13 au matin ». Ces positions ne sont pas nouvelles pour ces deux syndicats. C’est « le gouvernement qui pousse à la radicalisation », estime Carole Couvert, pour qui la CGC, qu’elle représente, « n’est pas dans une logique de grève reconductible. Nous ne voulons pas bloquer le pays ». « La position de l’intersyndicale n’est pas de décider une grève reconductible partout », lance Marcel Grignard, pour la CFDT, qui reconnaît que « dans certaines entreprises, il y a des discussions autour de la nécessité de mouvements de grève. Mais la question posée à l’intersyndicale est de maintenir un mouvement de masse et de lui conserver une assise populaire ». « Les conflits et les grèves ne nous effraient pas, mais il faut que ce soit utile, efficace. Le pire serait d’isoler certains secteurs. Il ne s’agit pas de faire la grève par procuration mais d’associer le maximum de salariés », estime Jean Grosset, pour l’Unsa. La FSU cherche elle aussi l’efficacité en « élargissant et amplifiant le mouvement ». « Il s’agit de réussir le 12 octobre, et la FSU n’exclut rien, précise Bernadette Groison. Dès cette semaine, nous organisons des rencontres avec les personnels pour qu’ils décident comment agir et faire reculer le gouvernement. La question des grèves reconductibles est posée, face au mépris, il y a une vraie colère. » Ces positions, diverses, ne paraissent pas inconciliables. Pour la CGT également, la question de l’efficacité et du nombre est primordiale. Au sortir de la réunion de ses cadres hier soir, Bernard Thibault a déclaré que le conflit était entré « dans une nouvelle phase ». Selon le secrétaire général de la CGT, entre les manifestants, les participants aux initiatives locales, les signataires de pétitions, le mouvement en cour « engage plusieurs dizaines de millions de personnes ».

--- « Réussir un 12 octobre plus important... »

Il s’est déclaré « confiant » pour « réussir un 12 octobre plus important que les journées d’action précédentes ». Surtout, pour Bernard Thibault, « le principe d’arrêts de travail doit être discuté partout ». Il n’a pas voulu décourager les grèves reconductibles, insistant pour que les formes d’action « reposent sur des décisions collectives ». « Ne cherchons pas une uniformité des modes d’expression et d’action, qui dit mouvement dit multiples formes », a assuré Bernard Thibault. Dès le 12, des assemblées générales de salariés devraient se tenir dans plusieurs secteurs. Outre les cheminots, la SNCF et les enseignants, on parle de la chimie, de l’équipement et des services publics territoriaux. Olivier Mayer

http://www.humanite.fr/05_10_2010-les-syndicats-appellent-%C3%A0-hausser-le-ton-455092

 

 

 

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         &          Ripostes idéologiques            &

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*) « CLERCS-VOYANCE DES INTELLECTUELS ? » Par Vincent TACONET, vice-président d'Espaces-Marx Aquitaine-Bordeaux-Gironde.

      Nous sommes, selon Valère Novarina, de… « ce temps où  le matérialisme dialectique, effondré, livre passage au matérialisme absolu » (Devant la parole-2010- éd.P.O.L.). La campagne idéologique menée contre le débat, les échanges, la réflexion, l'approche critique, semble confirmer pour une grande part cette appréciation sur l'époque du règne tyran-nique du CAC40.

      Rien d'innocent donc dans l'énormité de la proclamation (Juillet 2007, à l'Assemblée) proférée par Christine Lagarde, ministre des Finances : « Nous possédons dans nos bibliothèques de quoi discuter pendant des siècles. Assez pensé maintenant. Retroussons nos manches. » Ni dérapage ni excès; 3 ans plus tard, la même confirme et confie à l'Express, après sa participation au conseil des ministres allemand du 31 Mars dernier: « C'est extraordinairement stimulant... Nous avons travaillé sans nous faire de noeuds au cerveau. » Incontestablement, l'absolu capitalisme est bien soutenu par ce « matérialisme absolu », niant la réflexion, qui fait dépendre des agences de notation financière la décision d'engager la contre-réforme des retraites...

      Intellectuels  et pouvoir

      Il est de bon ton, à ce propos, de se perdre en lamentations sur la passivité des exploités, et, dans le même mouvement, sur le silence des intellectuels dans le meilleur des cas,  ou sur leur soumission au(x) pouvoir(s). Ce n'est pas aux lecteurs ou aux compagnons de Karl Marx qu'on révèlera que « l'idéologie dominante est l'idéologie de la classe dominante »... Peut-être que, en revanche, on pourra rappeler à quel point il est difficile d'exprimer un point de vue et de proposer des actions à contre-courant d'Institutions et de pouvoirs dont nombre d'intellectuels et d'artistes dépendent étroitement pour leurs travaux, leurs recherches, l'exercice tortueux quoique nécessaire de leur esprit critique. Les intellectuels mettent en oeuvre des savoirs, mais à l'ombre de pouvoirs qu'ils subissent, au prix souvent de leur soumission ou de leur silence, sinon de leur allégeance. En cela, ils ne se distinguent guère de toutes celles et de tous ceux qui, sous une forme ou sous une autre, subissent l'aliénation, la domination, l'exploitation. A ceci près que la proximité du pouvoir est davantage un obstacle à la libération et à l'action qu'un avantage. Selon Noam Chomsky: «C'est d'ailleurs assez caractéristique des classes cultivées de se soumettre plus facilement à un système d'endoctrinement auquel elles sont particulièrement exposées et dont elles sont les médiateurs privilégiés, au point de l'intérioriser parfaitement» (Quelques tentatives maladroites de faire le bien)

Les lamentations relèvent donc d'une forme d'angélisme, D'autant plus que l'activité intellectuelle, comme d'autres, requiert une reconnaissance, reconnaissance que, par définition, on trouve davantage auprès des pouvoirs qu'auprès des esquisses fragiles de contre-pouvoirs, auprès du capital plus facilement qu'auprès d'un fragile « contre-capital symbolique »...

      Conjuguer le présent

      Ni censeurs ni défaitistes, les animateurs d'Espaces-Marx travaillent à créer les conditions permettant aux intellectuels d'échanger avec les militants, de frotter leurs apports à celles et ceux qui ont l'expérience de l'action, à ceux qui savent la nécessité d'enrichir leur pratique de théorie, comme les intellectuels ont besoin de confronter les fruits de leurs recherches et leurs théories à ce que les pratiques produisent pour la théorie.

      Cela suppose un grand respect, une grande curiosité pour les « expertises », et donc le refus d'une soumission aux experts. Table ronde, absence ou gommage des hiérarchies: de ce point de vue, si Espaces-Marx est une Université Populaire, ce n'est certainement pas le lieu de rencontre entre des universitaires, des savants, et un peuple en apprentis-sages. La conception des intellectuels ou des artistes comme des Phares (Baudelaire) relève de l'histoire du XVIIIème (Les Lumières), du XIXème (le poète-flambeau éclairant le peuple, à la Victor Hugo), du XXème (les maîtres en marxisme vont former-formater les ouvriers pour la révolution).

      Nous sommes à l'ère de la co-construction, de la fertilisation croisée des expériences et des recherches. Le savoir, pas plus que la société, n'est figé. A nous de les mettre en oeuvre, en travail, à nous de les mettre en mouvement pour « dépasser l'état actuel ». La santé du mouvement social en général, de notre association en particulier, invite à cette mise en mouvement qui demande, face à l'urgence, ténacité et ampleur de vue.

      En attendant, adressons à nos adversaires un

                « Adieu, messieurs de cour, messieurs de cour, adieu!

                  Suivez jusques au bout une ombre qui vous flatte.»

                  La Fontaine  Fables VII, 12

      A nous, des perspectives plus ouvertes, sinon plus exaltantes, car « Ce qui reste pendant, irrésolu pour n'avoir pu s'accomplir, on est là pour le reprendre et le conduire plus loin, à son achèvement. » Pierre Bergounioux, (La Toussaint). Conjuguons le « je lutte des classes » des récentes manifs à toutes les personnes et à notre temps.

*) Préparation des Rencontres de Décembre 2010 à l’I.E.P. - Bordeaux : « Actualité de Marx et nouvelles pensées critiques » le Mercredi 13 Octobre  à 12h15  au Resto. La Rose des Sables à Talence

L’« Atelier économie & société d’Espaces Marx » Animé  par Jean-Claude MASSON, Robert PIERRON, Matthieu MONTALBAN et Dominique BELOUGNE, organise une réunion de travail le Mercredi 13 Octobre  à 12h15  au Resto. La Rose des Sables à Talence, Pour préparer des journées qui se tiendrons pour la troisième année à Sciences-Po Bordeaux du 1er au 4 décembre 2010, Sur le thème : « Actualités de Marx écologiste, Sociologue, Historien, économiste,... et nouvelles pensées critiques ». Les deux premières éditions de décembre 2008 et 2009 ont montré tout à la fois par les contributions que par le public, tout l’intérêt porté à cette initiative. Si vous souhaitez apporter une contribution écrite, ou orale, être tenus informés, recevoir le programme et les actes de ces rencontres, écrire à Espaces.MarxBx@Gmail.com  - Les textes des contributions sont sur le site d’Espaces Marx.

- Ont d’ores et déjà annoncé leur participation : André TOSEL Philosophe, Alain BIHR Sociologue, Michel ZERBATO économiste, Matthieu DE NANTEUIL Sociologue, Alfredo GOMEZ-MULLER Philosophe,  Michel VAKALOULIS  Sociologue,  Nadège EDWARDS  Militante, Matthieu MONTALBAN économiste, Jean-Numa DUCANGE Historien, Jean-Christophe MATHIAS Chercheur, Bernard CONTE économiste, Olivier SIGAUT Enseignant, Robert PIERRON économiste,  Ollivier JOULIN Juriste, Nicolas SEMBEL Sociologue…

- Thématique 2010 : Le matérialisme historique fait des luttes des classes et des rapports de force le moteur de l’Histoire. La critique marxienne de l’économie politique a permis de révéler que derrière l’apparente égalité des échanges étaient masqués les rapports de force, la domination et l’exploitation. Mais paradoxalement, malgré l’insistance sur le rôle des rapports de production et des rapports de force et la nécessité de comprendre le politique, l’Etat et la capacité des prolétaires à transformer la société, le concept de pouvoir est restée relativement absente de la pensée de Marx. Or il apparaît absolument nécessaire d’analyser le pouvoir dans ses formes variées et ses changements pour comprendre comment le capital et le néolibéralisme parviennent à reproduire sa domination et quelle autonomie est offerte au prolétariat et aux mouvements sociaux pour changer. Ainsi, aujourd’hui le capital financier, les firmes multinationales paraissent toutes puissantes et pouvoir imposer aux états et aux prolétaires leur diktat. C’est pour cette raison qu’Espace Marx souhaiterait consacrer ces journées de « l’actualité de Marx et des pensées critiques » à la question du pouvoir. Potentiellement, des approches critiques comme celles de Foucault, Bourdieu, Deleuze etc…pourraient s’avérer tout à fait utiles pour repenser le pouvoir et compléter l’approche de Marx.

- Des contributions (issues du marxisme ou d’autres pensées critiques) sont ainsi envisageables sur les thématiques suivantes (liste indicative non-exhaustive) : - Relectures de Marx : Marx et les questions de la domination et l’émancipation, Comment Marx concevait-il les rapports de domination et la capacité d’émancipation ? Rapports de productions et pouvoir ? etc…- Communisme, démocratie et pouvoirs : Quelle organisation des pouvoirs compatible avec le communisme ? Le rôle de la démocratie dans la communisation ? etc…- Sciences, savoirs et pouvoirs : Les savoirs comme source de pouvoir ? Comment la science participe à la reproduction du pouvoir du capital ? La science et la démocratie s’opposent-elles ? etc…- Economie, entreprises/organisations et pouvoirs : Quel rôle de l’organisation et de la hiérarchie dans le capitalisme et le socialisme ? Quelles sont les nouvelles formes de subordination et d’organisation du travail ? Quel pouvoir de l’Etat par rapport au marché et aux entreprises ? etc…- Pouvoir et féminisme : Comment la domination masculine se reproduit ? Formes de la division sexuelle du travail et pouvoir ? - Mouvement social, contre-pouvoir et politique (formes et organisations) : L’altermondialisme et le syndicalisme constituent-ils de véritables contre-pouvoirs au capital ? Quels rapports de pouvoir au sein des mouvements sociaux et syndicaux ? etc…- Impérialisme, pouvoir et alternatives : Quelles mutations de l’impérialisme ? Empire, impérialisme ou hyper-impérialisme ? Quel pouvoir des pays du Sud et de la périphérie face aux pays du Centre ? - etc…

Voir l’appel à contributions et les premiers résumés :

http://espacesmarxbordeaux.apinc.org/rubrique.php3?id_rubrique=55

      

*) La lettre trimestrielle No 15 : « Actualités de la pensée de Marx »

Echos des premières rencontres à l’IEP en décembre 2008 et 2009, cette nouvelle lettre est disponible, comme les 14 précédentes au prix de 3€, frais de port compris. Ces lettres sont adressées gratuitement aux adhérents.    

- Au Sommaire :

- « Crises, contre-tendances, régulations et rapports sociaux…  » par Matthieu MONTALBAN 

- « Keynes, Libéral et Anticapitaliste » par Michel ZERBATO

- « Derrière la crise : retour aux fondamentaux de Marx » par Jean-Marie HARRIBEY  

- « Marx, la finance et la crise actuelle » par Michel ZERBATO         

- « Une interprétation marxienne de l’actuelle crise économique mondiale » par Fabien TARRIT                

- « La trajectoire de la crise actuelle » par Michel HUSSON             

Commande : Espaces.MarxBx@Gmail.com  – Règlement à l’ordre d’Espaces Marx Restaurant « La Rose des Sables »  4, Cours Gambetta 33400 Talence.

 

*)  « Atelier Arts, Cultures & Société d’Espaces Marx » Le Mardi 19 Octobre à 18h30  Au Local de la Compagnie « La Nuit venue » 17, Rue Bouquière à Bx Avec Dominique UNTERNEHR « De l’émergence à l’autonomie des compagnies théâtrales en Gironde »

Animé entre autre par Vincent TACONET, Professeur de Lettres Classiques, Président d’Espaces Marx. La soirée débutera avec la  présentation par Dominique UNTERNEHR du contenu de son Mémoire de Master pro 2 SIAT: « De l’émergence à l’autonomie des compagnies théâtrales en Gironde », sous la direction de Mr Jean-Claude Gillet. Cette introduction, sera suivie d’un échange sur les problématiques ci-après : « La première compagnie théâtrale professionnelle girondine voit le jour en 1940, à Bordeaux, sous l’impulsion de Jean Lagénie, appuyé par le mouvement d’Éducation populaire « Jeune France ». Il faut attendre les années 60 pour qu’une deuxième compagnie théâtrale en amateur franchisse le cap de la professionnalité. Les décennies suivantes encouragent l’émergence au nom de l’accès de tous à la culture. En 2010, le mouvement, loin de s’amenuiser, prend des proportions qui inquiètent les collectivités publiques engagées dans le soutien à la culture. Faut-il s’inquiéter du choix de plus en plus précoce des jeunes aspirants à une vie de théâtre, si eux ne s’en inquiètent pas ? Faut-il réguler ce déploiement ou changer les règles du jeu ? » Dominique Unternehr. - Entrée libre - Cet Atelier est aussi le votre, faisons le vivre ensemble! N'hésitez à proposer votre participation autour de vos activités, ou toute autre proposition dans le champ culturel et artistique permettant de découvrir, de mieux connaître les enjeux de cet espace sociétal et social, et de contribuer aux transformations nécessaire pour l'épanouissement de ses acteurs. Prenez contact avec les animateurs et animatrices de l’atelier, entre autre Vincent TACONET <Marvinc@no-log.org> ou Odette TOULET  <odette.tc@hotmail.fr > - Contact : Espaces.MarxBx@gmail.com  - Entrée libre -

Voir sur le site des échos de l’Atelier :

http://espacesmarxbordeaux.apinc.org/rubrique.php3?id_rubrique=37

 

*) Le livre « Chronique des idées reçues – Combattre la domination » Par Gérard Loustalet-Sens*, coédité par Espaces Marx

Extraits de la Préface de Vincent TACONET, Vice Président d’Espaces Marx Aquitaine-Bordeaux-Gironde

Un projet discrètement affirmé : «Une des préoccupations majeures des organisations issues des classes populaires devrait [donc]être un travail obstiné de diffusion des instruments d'information et d'analyse permettant de comprendre et appréhender les mécanismes invisibles de la domination symbolique». Telle est la phrase conclusive glissée dans la chronique datée du 13 Mai 2004. Si cette préoccupation est une condition, d'où le conditionnel [devrait]...Gérard Loustalet-Sens a jugé de son devoir d'initier à cette diffusion, de fournir une «propédeutique», une mise en bouche indicative...donc à l'indicatif présent. Nous voici entraînés non dans le réel, mais, ce qui est plus rare, dans la lecture du réel et de son déroulement, comme l'indique  l'emploi du mot chronique dans le titre. Nous passons, pour ceux qui ont eu cette première expérience, de la lecture quasi-hebdomadaire d'un article dans Les Nouvelles de Bordeaux, à un ouvrage rendant compte d'une lecture du réel...et de son idéologie dominante, sur une période délimitée (12 Septembre 2002 - 3 Juillet 2008), mais prenant du coup une autre «épaisseur» (6 ans d'interventions régulières sur des faits et des problématiques!), une autre ampleur. Ne faisons pas cependant du  mot chronique... une maladie. Il nous cache  la somme d'analyses et de réflexions qu'un coup d'oeil jeté à la table des matières en fin d'ouvrage nous fait découvrir. […] Qu'on ne s'y trompe pas! Il n'y a là rien de fastidieux; si la démarche est rigoureuse, elle est surtout tonique, roborative, drôle souvent, polémique parfois. Bref, le plaisir est au rendez-vous, constamment. A nous, lecteurs, d'éprouver ce plaisir, et pourquoi pas de le partager symboliquement. Retrouvons-nous tous ensemble, et en accord avec le linguiste Denis Slatka, partons «Tous unis vers Cythère*»  (*C'est l'île d'Aphrodite, de Vénus, vers laquelle  vous pouvez maintenant embarquer: bonne lecture et bon vent!)

La quatrième de couverture par l’auteur :

Ces chroniques entendent s’inscrire dans la perspective d’une critique sociale radicale. Leur caractère souvent polémique est assumé dans la mesure où la critique des engagements, interventions et déclarations publics de personnes publiques est entièrement légitime. Il ne s’agit cependant pas de critiques d’humeur. Elles cherchent en effet à s’appuyer le plus souvent possible sur des acquis des sciences humaines, en particulier la sociologie de Pierre Bourdieu ou du moins ce que j’ai cru en comprendre. Néanmoins, le projet d’une chronique n’est pas d’approfondir une problématique mais d’y sensibiliser le lecteur. Quelques références sont donc indiquées pour qui voudrait aller plus loin. G. L.-S.

La TABLE des matières

Préface – Avertissement - I. Les mots de la domination - II. Réformes (1): la régression sociale, c’est un progrès - III. Réformes (2): le capitalisme, c’est naturel - IV. La culture et la bonne dame - V. L’Amérique et l’exportation du bien - VI. Les valeurs méconnues de l’Amérique - VII. La démocratie inégale - VIII. La fabrique de l’opinion publique - IX. Les palinodies du journalisme de marché - X. La production du conformisme médiatique - XI. Figure(s) de l’intellectuel médiatique - XII. Communication et propagande - XIII. Le catéchisme libéral et sa liturgie médiatique - XIV. Du racisme linguistique au racisme ordinaire - XV. Traite négrière et « migration forcée » - XVI. Du colonialisme républicain - XVII. L’imposture de l’égalité des chances - XVIII. De l’État social à l’État pénal - XIX. Le capitalisme dans les têtes - XX. L’apogée du bio-pouvoir - XXI. Riches et pauvres - XXII. Sur quelques archaïsmes de la pensée libérale - XXIII. Bons pauvres et mauvais pauvres - XXIV. Défendre la propriété – Addenda - Pour Bourdieu - L’école est faite pour les élèves - Index des personnes citées

Bulletin de commande et règlement à retourner à l’ordre d’ « Espaces Marx : Aquitaine Bordeaux Gironde »  Restaurant « La Rose des Sables »  - 4, Cours Gambetta  - 33400 TALENCE   - Tél.: 05.56.85.50.96 – Email : <espaces.marxbx@Gmail.com>  - Site : http://espacesmarxbordeaux.apinc.org/

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(*)Gérard Loustalet-Sens est docteur en sciences de l’éducation ; il a été instituteur, psychologue scolaire, chargé de cours de psycholinguistique à l’Université. Il est membre du Conseil d’Orientation d’Espaces Marx Aquitaine Bordeaux Gironde.

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*) Jacques Bidet : « Invoquer la révolte, c’est proclamer le temps de l’insoumission »

Congrès Marx international : Du 22 au 25 septembre se tiendra à l’université Paris-Ouest-Nanterre la sixième édition du Congrès Marx international, dans un contexte de montée des résistances face à la crise. Le philosophe Jacques Bidet, l’un de ses présidents, nous en explique les enjeux.

--- Quels seront les moments forts de ce VIe Congrès Marx international ? Le contexte de la crise capitaliste donne-t-il une nouvelle tournure à l’événement ?

- Jacques Bidet. Le congrès va croiser le grand mouvement prévu le 23. Nous en ferons naturellement un temps fort, avec un meeting de solidarité ce jour-là, pour expliquer aussi à nos collègues, qui viennent du bout du monde pour ces trois jours, la signification de cette lutte. Nous avons lié ce congrès à l’événement de la crise, avec les résistances qu’elle suscite, non seulement de la France à la Grèce, mais dans le monde entier. La crise est celle du néolibéralisme, qui mobilise les exécutifs nationaux pour la destruction de tout ce qui portait la marque des conquêtes populaires de « l’État social » dans leurs limites, et qui suit aujourd’hui un cours sans contrôle. Nous avons appelé quelques grands témoins, qui peuvent nous aider à affronter la crise de divers côtés. Saskia Sassen, une altermondialiste ancrée dans l’académie radicale des États-Unis, une marxiste engagée et sans complexes. Alvaro Garcia Linera, l’inspirateur de la révolte des Indiens des Andes, réinventeur d’une démocratie directe puisée dans une tradition anticoloniale. Ochy Curiel, une intellectuelle noire, sud-américaine, féministe, militante d’un lesbianisme politique, une femme qui cherche et qui chante… Slavoj Zizek, un surgeon paradoxal de l’espace stalinien. Sa philosophie, aujourd’hui comme hier, se veut insubordonnée et insolente. Un comique et un philosophe dans la même personne, il en a vu d’autres, il sait trouver les mots, les idées, les images qui font qu’on ne se laisse pas impressionner par l’évidence libérale. 

--- « Crises, révoltes, utopies », tel est le thème du congrès. Sur quelle logique repose ce triptyque ? Les révoltes se déclenchent-elles toujours à l’aune de crises ? Les utopies sont-elles indispensables aux révoltes ? Et quid de la notion de révolution ?

- Jacques Bidet. Le terme de « révolte » ne vient pas comme une alternative à celui de « révolution ». Il n’y a pas de politique d’émancipation sans l’exigence de révolution, une exigence qui vient de loin, et à laquelle s’attachent tant d’expériences. Même chose pour le « communisme », qui fait l’objet du dernier numéro de notre revue (Actuel Marx), publié pour ce congrès. Invoquer la révolte, c’est inviter à penser les révolutions à venir comme des irruptions toujours conjoncturelles, partielles, forcément improvisées et inachevées, et fragiles. Invoquer la révolte, c’est proclamer le temps de l’insoumission, de la désobéissance, de la transgression, du risque. Car le néolibéralisme passe toutes les bornes, fait sauter toutes les digues que des siècles de lutte avaient construites pour la défense des droits sociaux et des droits du citoyen. La révolte ne se substitue pas à un programme et à une stratégie : elle indique l’esprit qui doit les animer. Il n’y a rien d’automatique de la crise à la révolte. Et l’utopie n’est certainement pas suffisante pour passer de l’une à l’autre. Mais la vieille opposition faite entre le marxisme dit « utopique » et le marxisme supposé scientifique était un peu trop sûre d’elle. Car l'utopie s’entend aussi dans un sens positif. L’utopie, c’est le long terme dont on a besoin pour éclairer le court terme.

--- Quelles sont les grandes perspectives de la recherche marxiste aujourd’hui ? Depuis la précédente édition du Congrès Marx international, quelles évolutions a-t-on pu observer ?

- Jacques Bidet. Nous regroupons notre travail par grandes disciplines ou par grands chantiers transversaux (écologie, féminisme). Nous travaillons tous à quelque chose que l’on peut appeler « la théorie », qui est l’objet commun des diverses sciences sociales. Nous voulons qu’elle soit une théorie socialement critique. Nous essayons de faire émerger dans tous les domaines du savoir et de la culture une ligne de force vraiment populaire. Nous avons en commun la référence à Marx, c’est-à-dire, au fond, à un certain altermondialisme. Il y a évidemment du nouveau dans cette période où tout change.

On observe la montée en puissance d’un certain marxisme universel de la langue anglaise et dont l’épicentre est aux États-Unis, mais aussi dans l’ancien Empire britannique, à commencer par l’Inde, tout autant qu’en Europe. Et d’un autre côté, on peut voir que tout un pan du marxisme chinois s’est aussi engagé en ce sens. Ce marxisme-là, et cela est nouveau, peut communiquer avec le marxisme insurrectionnel des Sud-Américains. La planète s’est concentrée. Sans voyages en superjet, seulement par Internet, les liens sont devenus très étroits entre les divers foyers de lutte émancipatrice de par le monde, et aussi entre les chercheurs qui y participent. Entretien réalisé par Laurent Etre

http://www.humanite.fr/node/453772

 

*) Pourquoi plus de 500 économistes ont-ils signé Un « manifeste d’économistes atterrés » ? « La soumission à la dictature des marchés n’est pas acceptable »  Par Henri Sterdyniak, directeur du Département économie de la mondialisation de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Le Manifeste des économistes atterrés a été déjà été cosigné par plus de 500 économistes (1). Alors que la crise financière de 2008-2009 a montré l’impasse à laquelle conduit le développement du capitalisme financier, les classes dominantes et les gouvernements refusent d’en tirer les leçons. Pire, la crise, provoquée par l’aveuglement et la cupidité des marchés financiers, est utilisée comme prétexte pour réduire les dépenses publiques en Europe. Retrouver le chemin de la croissance n’est plus la priorité de l’Europe. Elle s’est engagée dans une autre voie : celle de la lutte contre les déficits publics. L’Europe s’est prise dans son piège institutionnel : alors que les États des autres pays développés peuvent toujours être financés par leur banque centrale, les pays de la zone euro ont renoncé à cette possibilité, et dépendent totalement des marchés pour financer leurs déficits. Aussi la spéculation peut-elle facilement se déclencher contre les pays les plus fragiles de la zone, d’autant plus que les agences de notation jouent à accentuer la défiance et que la solidarité européenne est problématique. Pour « rassurer les marchés », des plans drastiques de réduction des dépenses publiques et sociales sont mis en œuvre à travers l’Europe. La croissance et l’emploi en pâtiront nécessairement. Cette politique aura de graves conséquences sociales dans de nombreux pays européens, tout particulièrement sur la jeunesse et les plus fragiles. Elle menace la construction européenne elle-même, qui était bien plus qu’un projet économique. L’économie devait être au service de la construction d’une Europe unie, développant un modèle original de société. Au lieu de cela, la dictature des marchés s’impose aujourd’hui en Europe. La soumission à cette dictature n’est pas acceptable. Un véritable débat démocratique sur les choix de politiques économiques en Europe doit être ouvert. La plupart des économistes qui interviennent dans le débat public le font pour justifier la soumission des politiques aux exigences des marchés financiers. Certes, les pouvoirs publics ont dû partout improviser des plans de relance keynésiens et même parfois nationaliser des banques. Mais les classes dominantes et leurs idéologues veulent refermer au plus vite cette parenthèse. La théorie néolibérale est toujours la seule reconnue légitime, malgré ses échecs patents. Fondée sur l’hypothèse d’efficience des marchés, et en particulier des marchés financiers, et sur le dogme de la rentabilité financière comme le seul critère de l’efficacité économique et sociale, elle prône la réduction des dépenses publiques, la privatisation des services publics, la flexibilisation du marché du travail, l’accentuation de la concurrence et de la libéralisation du commerce international et des marchés de capitaux. Le Manifeste proclame que les fondements théoriques de ces politiques sont fallacieux, que ces politiques entraîneront l’Europe dans la stagnation. D’autres choix sont possibles, qui commencent par desserrer l’étau imposé par les marchés financiers. Les arguments avancés depuis trente ans pour orienter les choix de la politique économique européenne sont aujourd’hui invalidés par les faits. Le Manifeste démonte dix postulats qui continuent à inspirer les décisions des pouvoirs publics partout en Europe, malgré les cinglants démentis apportés par la crise financière et ses suites. Le Manifeste soumet à la discussion des économistes et des citoyens des mesures pour sortir l’Europe de l’impasse. Il propose, par exemple, d’interdire aux banques de spéculer sur les marchés financiers afin de les recentrer sur la distribution du crédit ; d’affranchir les États de la tutelle des marchés financiers, en garantissant le rachat de titres publics par la BCE ; de réduire unilatéralement les taux d’intérêt exorbitants des titres émis par les pays en difficulté depuis la crise ; de réduire la part de la finance de marché dans le financement des entreprises, en développant une politique publique du crédit. Le Manifeste montre que la hausse des dettes publiques en Europe au cours des trente dernières années ne résulte pas d’une dérive des dépenses publiques, mais de la réduction de la fiscalité sur les plus riches, sur les revenus financiers, sur les entreprises, puis de la récession induite par les dérèglements financiers. Il propose de créer une tranche d’imposition confiscatoire sur les revenus exorbitants, d’augmenter la fiscalité sur les profits distribués pour favoriser le réinvestissement des profits. Les libéraux et les lobbys des assurances veulent obliger les ménages à épargner pour leur retraite et leur santé auprès des institutions financières, responsables de la crise ; au contraire, il faut promouvoir un nouveau modèle social européen, assurant la sécurisation des moments de la vie (garde des enfants, formation, emploi, retraites, maladie). Une réduction simultanée et massive des dépenses publiques de l’ensemble des pays de l’Union ne peut avoir pour effet qu’une récession aggravée, une baisse des recettes fiscales et donc un alourdissement de la dette publique. Il ne faut pas entreprendre de réduire les déficits publics avant d’avoir retrouvé une croissance satisfaisante, comportant une forte baisse du taux de chômage. L’Europe doit assurer une véritable coordination des politiques macroéconomiques et une réduction concertée des déséquilibres commerciaux entre pays européens. Elle doit développer une fiscalité européenne (taxe carbone et taxes environnementales, impôt sur les bénéfices) et un véritable budget européen pour aider à la convergence des économies. Elle doit lancer un grand emprunt européen pour financer la reconversion écologique de l’économie européenne et pour favoriser le rattrapage des pays du Sud et de l’Est. L’Europe s’est construite depuis trente ans sur une base technocratique excluant les populations du débat de politique économique. Il faut une nouvelle politique économique qui bride le pouvoir de la finance et organise l’harmonisation dans le progrès des systèmes économiques et sociaux européens. C’est ainsi, et seulement ainsi, que le projet de construction européenne retrouvera une légitimité populaire et démocratique qui lui fait aujourd’hui défaut.

(1) Le Manifeste a été lancé par Philippe Askenazy (CNRS, École d’économie de Paris), Thomas Coutrot (conseil scientifique d’Attac), André Orléan (CNRS, EHESS), Henri Sterdyniak (OFCE).

Le texte intégral est disponible sur le site http://economistes-atterres.blogspot.com.

http://www.humanite.fr/28_09_2010-la-soumission-%C3%A0-la-dictature-des-march%C3%A9s-n%E2%80%99est-pas-acceptable-454434

 

*) « Préserver et promouvoir les biens communs »  Par Jean-Marie Harribey,économiste

Le Temps du monde fini, Vers l’après-capitalisme, de Geneviève Azam. Éditions Les liens qui libèrent, 2010, 18 euros. Économiste et coprésidente du conseil scientifique d’Attac, Geneviève Azam explore une problématique de construction de l’unité entre la lutte sociale et la lutte pour la préservation de la « Terre-Mère ». En prenant comme titre de son livre la phrase célèbre de Paul Valéry écrite en 1931, elle produit un essai qui resitue les limites de la planète. Celles-ci rendent impossible la généralisation d’un mode de production-consommation tel que celui qui s’est imposé sous l’impulsion d’un capitalisme aujourd’hui planétaire et avec l’assentiment, au cours du XXe siècle, des mouvements « progressistes » qui voyaient dans le développement infini des « forces productives » le chemin de l’émancipation. Ce diagnostic est aujourd’hui partagé par tous ceux qui ont pris conscience de la question écologique et l’ambition de l’auteure est ailleurs : elle tente d’élaborer un concept opposé à celui d’appropriation généralisée, celui de « nouvelles enclosures » qui exclut les populations du « commun ». Enfermer les conditions de l’accumulation du capital à une échelle toujours plus grande dans le cercle de la propriété privée est une constante de l’histoire du capitalisme. Face à la crise globale du système, préserver et promouvoir les biens communs devient alors crucial. Or nous ne disposons pas encore hélas du cadre conceptuel pour les penser. Ce livre comble-t-il ce manque ? « Les biens sont dits communs lorsqu’ils sont considérés comme non appropriables, soit parce qu’ils sont un donné, soit parce qu’ils sont une œuvre commune, fruit d’une histoire collective. » Mais cette distinction entre les biens « naturels » et les « institutions » est-elle opératoire puisque « leur conservation relève d’un choix politique qui en établirait le caractère inaliénable » (souligné par moi) ? Le caractère de « commun » de ces types de biens relève donc d’une décision politique. La réfutation des critères économiques habituels s’émousse alors puisque la politique vise à « assurer la non-concurrence des initiatives locales » qui rappelle la « non-rivalité » des économistes. Pour beaucoup d’entre eux en effet, cette non-rivalité est intrinsèque à certains biens, ce qui impose l’intervention de l’État ; pour Geneviève Azam aussi, ces biens sont « communs de manière intrinsèque ». Nous ne sommes donc qu’au début d’un chantier intellectuel et politique qui concerne tous les habitants de la planète, au Nord comme au Sud. Et il se pourrait bien que ceux du Sud soient d’une aide majeure pour faire éclore cette compréhension de la nécessité de préserver le lien de l’humanité avec la Terre qu’elle habite : « N’avons-nous pas à redéfinir un contrat social qui inclue les devoirs vis-à-vis de la Terre, qui trace les limites entre ce que nous savons faire et ce que nous ne devons pas faire ? » Devant un ordre économique « qui s’écroule sur lui-même », les sociétés « ne sont pas passives » et les résistances, souligne l’auteure, sont « des bourgeons d’utopie concrète sur une Terre vue de la Terre ». On sort ainsi d’une « nécessité historique pour retrouver la démocratie ». Jean-Marie Harribey

http://www.humanite.fr/27_09_2010-pr%C3%A9server-et-promouvoir-les-biens-communs-454358

 

*) « Aux limites du modèle de la croissance »  Par Jean-Marie Harribey, économiste.

Adieu à la croissance, Bien vivre dans un monde solidaire, de Jean Gadrey, Éditions Alternatives économiques/Les petits matins, 2010, 192 pages, 15 euros. Depuis de nombreuses années Jean Gadrey creuse un sillon duquel ont germé des discussions au sein du monde universitaire et de la société civile. Spécialiste reconnu des indicateurs de richesse, il signe un essai pour montrer que la croissance économique ne peut plus constituer un objectif des sociétés, tant la ponction sur les ressources naturelles est allée jusqu’au point de détruire les équilibres écologiques, tandis que les équilibres sociaux sont promis au même destin. Présentée comme remède à tous les maux, pauvreté, inégalités, pollutions…, « la croissance est devenue croyance, culte, baume miracle pour tout panser sans avoir à penser » (page 11). Rebaptisée « verte » elle n’en serait pas moins condamnable et condamnée car, au-delà d’un certain niveau de PIB, les gains en termes de bien-être disparaissent. Cependant, pour l’auteur, l’après-croissance n’est pas la décroissance, ce qui ne manque pas d’étonner les partisans de cette dernière. La raison est simple : parce que ceux-ci n’arrivent pas à expliquer que « la décroissance n’est pas la croissance négative » (pages 114-115) et « restent légers » sur « l’avenir de l’emploi et de la protection sociale dans la “grande transformation” vers une société soutenable » (page 116). L’auteur ne se contente pas de critiquer le modèle fondé sur la croissance, il propose des voies pour en sortir : des gisements d’emplois nouveaux de qualité existent pour répondre aux besoins et garantir l’égalité des droits au bien-vivre. Le projet emporte l’adhésion et rejoint les aspirations exprimées par beaucoup de peuples et par les associations altermondialistes opposées au capitalisme néolibéral. Pourquoi alors reste-t-on interrogatif quant à la démonstration ? Parce que Jean Gadrey conduit un raisonnement paradoxal dont il a conscience : « Mon affirmation selon laquelle la croissance économique d’un secteur n’est pas nécessaire à la progression de la valeur ajoutée (et du volume de travail ou d’emploi associé) surprend forcément : la croissance économique d’un secteur étant celle de sa valeur ajoutée, comment puis-je dire que la valeur ajoutée peut progresser sans croissance ? » (page 117). Si l’auteur a raison de répondre que la croissance sectorielle ne mesure que des variations physiques, il ne peut ignorer que, sur le plan de l’ensemble de l’économie, la variation dite « en volume » est calculée à partir des valeurs ajoutées exprimées monétairement, même une fois éliminée l’inflation. Le raisonnement ne serait juste que si les biens et services soutenables étaient identiques à ceux d’aujourd’hui. Or, l’auteur nous dit avec raison qu’ils seront d’une nature différente, en termes d’utilisation des ressources et de qualité et aussi de travail et donc de valeur. Et l’inventaire de tous les « plus » (pages 130-131) de production qui seraient nécessaires montre que l’« adieu à la croissance » se traduirait vraisemblablement par une croissance de la valeur ajoutée et donc du PIB requalifié, au moins pendant tout un temps de transition. Jean Gadrey pense qu’il faudra à l’avenir davantage de travail et non pas moins. C’est sans doute vrai à condition de préciser qu’il s’agira du volume global et non de la durée individuelle, d’où la possibilité de développer le nombre d’emplois. Ces remarques faites, il est certain que ce livre nourrira le débat public. Jean-Marie Harribey, économiste.

http://www.humanite.fr/07_10_2010-aux-limites-du-mod%C3%A8le-de-la-croissance-455308

 

*) L’urgence d’un « post-capitalisme »

Un autre capitalisme n'est pas possible de Rémy Herrera, Éditions Syllepse, 2010, 20 euros.

«Un autre monde est possible », martèle, depuis des années, la gauche fidèle à ses valeurs. Mais où en est la réflexion sur les pistes concrètes d’alternatives ? Pour l’heure, on remarque surtout qu'en dépit de la crise, les thuriféraires du capitalisme, toutes tendances confondues, n’ont pas renoncé à leur ambition de donner le ton des débats économiques (s’il faut s’en convaincre, pensons ici simplement au battage médiatique autour de l’idée d’une « moralisation » du capitalisme). C’est pour cela que la construction d’une alternative réclame de démontrer encore, patiemment et avec méthode, qu’« un autre capitalisme n’est pas possible ». Et c’est à cet effort que nous entraîne ici l’économiste marxiste et fin analyste des mouvements révolutionnaires latino-américains Rémy Herrera, dans un livre dense mais non dénué de pédagogie. Le voyage dans les « entrailles du monstre » capitaliste, loin d’être un détour, s’avère rapidement, au fil des pages, directement constructif pour quiconque veut participer à l’élaboration du « post-capitalisme ». En effet, une leçon se dessine dès l’examen de la « science(-fiction) néoclassique », ce corpus théorique dans lequel puisent les néolibéraux pour justifier depuis plus de trente ans les privatisations et la domination de la finance mondialisée : l’État peut être tourné contre les services publics, pour servir l’accumulation capitaliste. Dès lors, l’alternative, que Rémy Herrera nomme « le socialisme », ne se nourrit pas de n’importe quelle intervention étatique. Elle appelle « la participation active du peuple », dont l’auteur souligne les avancées dans le Venezuela de Chavez, sans passer sous silence l’ampleur de l’action à réaliser encore sur ce terrain. Si la théorie néoclassique, qui croit en la possibilité d’atteindre l’harmonie sociale par les mécanismes de marché, continue de parasiter le débat public, c’est aussi, nous dit en substance Rémy Herrera, parce que nombre d’économistes de gauche se contentent souvent de lui opposer l’objectif d’une régulation par l’État, comme si celui-ci était une instance fondamentalement hermétique au marché. Par divers exemples (les États-Unis de Barack Obama, le Brésil de Lula et la France de Mitterrand), l'ouvrage nous montre l’urgence, pour la gauche d’aujourd’hui, de combattre cette illusion. Un livre érudit et militant. Laurent Etre

http://www.humanite.fr/node/453910

 

*) Projet de loi sur l'immigration: des responsables catholiques expriment leurs réserves : « Ce qui questionne notre conscience »

En ce mois de septembre, sera présenté à l’Assemblée nationale le projet de loi sur l’immigration proposé par monsieur Éric Besson, ministre. L’État a le devoir d’établir des règles. Dans le domaine de l’immigration, le gouvernement est amené à procéder à la régulation des flux migratoires, prenant en compte le bien commun. Les responsables politiques ont donc à prendre des décisions difficiles, nous le savons bien. Mais, comme évêques catholiques, nous souhaitons dire ce qui, dans le projet tel qu’il est, questionne notre conscience :

– la famille est la cellule de base de la société. Pour les migrants, elle joue un rôle essentiel dans leur insertion. Il nous faut combattre toute mesure contribuant à l’affaiblir ;

– le droit d’asile a toujours été défendu par l’Église. Les mesures qui tendent à diminuer le soutien ou les garanties d’une procédure équitable sont inacceptables ;

– l’intervention du juge des libertés est indispensable pour entendre la parole des personnes privées de liberté. Retarder cette intervention ou la limiter dans les lieux de plus grande fragilité contrevient à ce droit, y compris dans le cadre de la rétention administrative ;

– l’aide humanitaire aux migrants en difficulté ne doit jamais être confondue avec l’activité délictuelle des passeurs ;

– il serait regrettable que notre pays contribue à ce qu’on appelle la fuite des cerveaux, dont les pays en voie de développement ont le plus grand besoin.

Avec de nombreux chrétiens qui vivent dans les quartiers les plus pauvres, notamment les communautés religieuses, nous savons ce qu’apportent à notre pays de très nombreux migrants, par leur travail, leur énergie et leur honneur. Nous n’oublions pas les épreuves qu’ils ont dû traverser lors de leur migration.

Nous exprimons également notre reconnaissance et notre soutien à tous ceux qui, personnellement ou en association, se mettent à leur service, dans le désintéressement le plus grand (1).

(*) Mgr François Garnier (Cambrai) ; Mgr Raymond Centène (Vannes, pastorale des gens du voyage) ; Mgr Renaud de Dinechin (pastorale des migrants) ; Mgr Thierry Jordan (Reims) ; Mgr Dominique Rey (Fréjus-Toulon) ; Mgr Claude Schockert (Belfort-Montbéliard, pastorale des migrants) ; Mgr Marc Stenger (Troyes)

(1) Ce texte a été remis le 20 septembre  à Éric Besson, ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire, par Mgr Antoine Hérouard, secrétaire général  de la Conférence des évêques de France.

Par Les évêques de la Commission pour la Mission universelle de l’Église (*).

http://www.humanite.fr/28_09_2010-ce-qui-questionne-notre-conscience-454435

 

*) « Pétain et la revanche de l’extrême droite antisémite sur la République »  Par Robert Badinter, Sénateur socialiste, avocat, ancien garde des sceaux.

En 1939 aussi, le gouvernement disait qu'il y avait trop d'étrangers en France. Le 27septembre 1791, sur proposition d’Adrien Du Port, l’Assemblée nationale considérant que tout homme qui, réunissant les conditions nécessaires (pour devenir citoyen actif), prête le serment civique… révoque tout ajournement, toute réserve ou toute exception énumérée dans les précédents décrets relativement aux individus juifs qui prêteront le serment civique. Une heure de débat avait suffi. Tous les juifs français étaient désormais des citoyens comme les autres. Ce n’était le cas nulle part en Europe. Les juifs de France pouvaient dorénavant être officiers, magistrats, fonctionnaires, accéder à tous emplois, exercer toute profession comme tous les citoyens. C’était le triomphe de l’idéologie sur les préjugés essentiellement religieux à l’époque des non-juifs et aussi sur le sectarisme des juifs intégristes, notamment en Alsace. La sœur du roi, Madame Élisabeth, écrit à une amie le 29 septembre : « L’Assemblée a mis le comble à toutes ces sottises et ces irréligions en donnant aux juifs le droit d’être admis à tous les emplois. » À l’égalité des droits, il y aura deux exceptions : le décret « infâme » de 1810, qui renverse la charge de la preuve, s’agissant de prêt consenti par les juifs en Alsace-Lorraine à des chrétiens. Il durera dix ans. Le serment « more judaïco », sur l’Ancien Testament, devant les tribunaux, qui disparaîtra en 1842. Ce lien profond qui a traversé l’histoire entre la liberté civile et politique et les juifs de France a été rompu quand les ennemis de la République, « la Gueuse », notamment les disciples de Charles Maurras et de l’Action française, ont pris le pouvoir à la faveur de la « divine surprise », le désastre de 1940. Dès que la République et les parlementaires en grande majorité eurent abdiqué en confiant, à Vichy, tous les pouvoirs au maréchal Pétain, l’heure était venue de la revanche sur la Révolution pour tous les antisémites. Il fallait défaire ce que la Révolution avait fait des juifs de France – des citoyens français à part entière – et les ramener à leur condition sous l’Ancien Régime, celle de sujets difficilement tolérés interdits de tous emplois publics et des professions libérales, voués à mille restrictions et vexations, notamment en Alsace. La « Révolution nationale » entendait détruire l’œuvre de la Grande Révolution. La preuve qu’il s’agissait là d’une revanche de l’extrême droite antisémite sur la République (et l’affaire Dreyfus), c’est que la législation antisémite de Vichy procède d’initiatives du gouvernement Pétain et non d’injonctions des Allemands, comme on l’a très longtemps déclaré et cru. Que cette législation soit l’expression d’une obsession, « l’antisémite à la française » longtemps refoulée, est révélée par la promptitude de sa mise en œuvre.

Dès juillet 1940, alors que la France était dans la pire situation qu’elle ait connue dans son histoire depuis la guerre de Cent Ans : vaincue, occupée dans une large partie de son territoire, son armée écrasée, deux millions de prisonniers, huit millions de personnes déplacées à la suite de l’exode, les voies ferrées coupées, les ponts détruits, les services publics défaillants, le ravitaillement faisant défaut, partout le désordre et l’angoisse. À Vichy, que faisait en priorité Alibert, ancien directeur de cabinet du maréchal Pétain, fidèle inconditionnel de celui-ci, antisémite forcené, sous-secrétaire d’État à l’Intérieur du 16 juin au 12 juillet 1940, puis garde des Sceaux ? Il se consacrait à préparer un « statut » des juifs. Charles Pomaret, ministre de l’Intérieur, témoigne : « Le dimanche 1er juillet, dans l’après-midi, à Clermont-Ferrand, dans son cabinet de la préfecture, Alibert me reçoit en attendant que j’entre chez le Maréchal, qui désire me soumettre un appel en faveur du retour à la terre. Conversation à bâtons rompus. On parle de tout et de rien. Alibert, brusquement, me parle des juifs, de ceux qui sont partis, de ceux qui sont restés. “Avec Font-Réaulx, je leur prépare un texte aux petits oignons.” Le Maréchal entre. Je n’en apprends pas davantage. » Que ce statut du 3 octobre 1940 n’ait pas été imposé par les autorités allemandes est établi. Dans une note du 24 septembre 1940, le général de La Laurencie, délégué général du gouvernement de Vichy dans les territoires occupés, écrivait : « J’ai déjà eu l’honneur, par note du 3 septembre 1940, de vous entretenir des projets de réglementation antisémite de l’autorité allemande… En ce qui concerne la zone libre, l’administration allemande a interrogé mes services pour savoir si des mesures de législation antisémite étaient envisagées… Il ne s’agit pas, je tiens à le préciser, d’une demande des autorités allemandes tendant à introduire une telle législation. » À la Libération, lors des procès de l’épuration, le procureur général dut abandonner le grief d’« intelligence avec l’ennemi » contre Alibert, car il apparut que celui-ci n’avait jamais entretenu de relations avec les autorités d’Occupation. On sait d’ailleurs que si les Allemands publièrent leur première ordonnance contre les juifs le 27 septembre 1940, c’est pour prendre de vitesse la promulgation du statut des juifs de Vichy, dont ils avaient eu connaissance. Que le maréchal Pétain ait approuvé le projet de statut des juifs lors de son examen en Conseil des ministres est établi (cf. les carnets de Paul Baudouin, ministre des Affaires étrangères à l’époque à Vichy). « Mardi 1er octobre 1940. Long Conseil des ministres de 17 heures à 19 h 45, où, pendant deux heures, est étudié le statut des Israélites. C’est le Maréchal qui se montre le plus sévère. Il insiste en particulier pour que la justice et l’enseignement ne contiennent aucun juif. » Le document tout récemment acquis par le Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) rapporte la preuve matérielle que le maréchal Pétain avait lui-même annoté, plume à la main, le projet de statut pour le durcir encore. Mais ce projet, expression de « l’antisémitisme à la française », comme le dira Xavier Vallat avec fierté, ne prend tout son sens que si on l’inscrit dans la vague législative xénophobe de l’été 1940. L’antisémitisme des années trente va au-delà, en effet, de l’antisémitisme séculaire en France qui était nourri essentiellement par la haine religieuse contre les juifs, « peuple déicide », entretenue par l’Église catholique. L’antisémitisme des années trente est indissociable de la formidable vague de xénophobie, liée à la forte immigration des années d’entre les deux guerres et à la crise économique, laquelle fait paraître notamment les artisans ouvriers et boutiquiers juifs comme des concurrents insupportables aux travailleurs et commerçants français, cassant les prix et travaillant pour des salaires dérisoires (cf. Marrus et Paxton, Vichy et les juifs, pp. 35 à 76). Rien de plus significatif à cet égard qu’un texte de Jean Giraudoux publié en 1939 dans Pleins Pouvoirs : « Sont entrés chez nous, par une infiltration dont j’ai essayé en vain de trouver le secret, des centaines de mille d’Ashkénazes, échappés des ghettos polonais ou roumains, dont ils rejettent les règles spirituelles mais non le particularisme, entraînés depuis des siècles à travailler dans les pires conditions, qui éliminent nos compatriotes, tout en détruisant leurs usages professionnels et leurs traditions, de tous les métiers du petit artisanat : confection, chaussure, fourrure, maroquinerie et, entassés par dizaines dans des chambres, échappent à toute investigation du recensement, du fisc et du travail. Tous ces immigrés, habitués à vivre en marge de l’État et à en éluder les lois, habitués à esquiver toutes les charges de la tyrannie, n’ont aucune peine à esquiver celles de la liberté : ils apportent, là où ils passent, l’à peu près, l’action clandestine, la concussion, la corruption, et sont des menaces constantes à l’esprit de précision, de bonne foi, de perfection qui était celui de l’artisanat français. Horde qui s’arrange pour être déchue de ses droits nationaux et braver ainsi toutes les expulsions, et que sa constitution physique précaire et anormale amène par milliers dans nos hôpitaux qu’elle encombre. » Xavier Vallat, dans une préface de 1941, écrit : « A l’heure actuelle, la France métropolitaine compte 350 000 juifs. Là-dessus, 180 000 nous sont venus de l’Europe centrale et orientale trop récemment pour avoir eu du temps d’être naturalisés. Sur les 170 000 restants, la moitié seulement sont citoyens français par hérédité, les autres ont été naturalisés de fraîche date. Ainsi, plus que dans d’autres pays, le problème juif se pose-t-il chez nous comme un problème d’étrangers. »

En vérité, pour une grande partie de l’opinion publique, en 1939, il y avait trop d’étrangers en France – et trop de juifs étrangers –, trop de naturalisés français – et particulièrement de juifs naturalisés –, et en définitive trop de juifs, considérés comme une « race inassimilable ». Cf. Jean Giraudoux : « Le pays ne sera sauvé que provisoirement par les seules frontières armées ; il ne peut l’être définitivement que par la race française, et nous sommes pleinement d’accord avec Hitler pour proclamer qu’une politique n’atteint sa forme supérieure que si elle est raciale. » Rappelons que Jean Giraudoux, républicain modéré, fut nommé quelques mois plus tard par Daladier comme commissaire à l’information, face à Goebbels… D’où le lien indissoluble entre la législation xénophobe de l’été 1940 et la législation antisémite. À travers les tout premiers textes contre les étrangers, c’est aussi les juifs qu’on vise.

- Loi du 17 juillet 1940, interdiction aux enfants français nés de parents étrangers d’entrer dans la fonction publique.

- Loi du 16 août 1940 instituant l’Ordre national des médecins et réservant aux seuls citoyens nés de père français l’accès aux professions médicales.

- Loi du 10 septembre 1940 réglementant de la même manière l’accès au barreau, à la grande satisfaction des avocats.

- Loi du 22 juillet 1940 créant une commission chargée de réviser les naturalisations accordées depuis 1927 et de retirer la nationalité française à tous les « indésirables » : 15 000 citoyens, dont environ 6 000 juifs, perdirent ainsi la nationalité française.

Plus brutalement encore, le lendemain de la publication du statut, la loi du 4 octobre 1940 décrète :

Article 1er : « Les ressortissants étrangers de race juive pourront, à dater de la promulgation de la présente loi, être internés dans des camps spéciaux par décision du préfet du département de leur résidence. » On sait l’usage que fit le gouvernement de Vichy de ces camps de concentration à la française qui facilitèrent la livraison massive, en 1942, de juifs étrangers aux nazis en vue de leur déportation. Il faut rappeler, à ce sujet, que cette législation xénophobe trouve son origine dans les textes pris par la IIIe République contre les étrangers dans les années 1930-1940. Notamment pour lutter contre les immigrés clandestins et le flot de réfugiés politiques, en particulier allemands et autrichiens depuis 1933, selon l’estimation de l’époque, la France aurait reçu environ 55 000 juifs de toute nationalité entre 1933 et 1939 venant principalement d’Allemagne mais aussi de Pologne et des Balkans. D’où la politique des quotas : la loi du 10 août 1932 permettant de limiter la proportion d’étrangers dans certains secteurs d’activité professionnelle (sous Édouard Herriot), puis les décrets Laval étendant aux ouvriers et artisans le système des contingents. Un grand nombre d’étrangers se virent contraints de travailler illégalement, se plaçant de fait dans une situation irrégulière que les lois prises à l’époque permettaient de réprimer pénalement comme de procéder à leur expulsion sommaire. Après le répit du Front populaire, en 1938, le gouvernement Daladier prit des mesures de police draconiennes, notamment par les décrets-lois de 1938, qualifiés de « super-scélérats » par leur rigueur. Le 12 novembre 1938, le geste de Grynszpan modifia dans un sens très restrictif la loi du 10 août 1927 sur les naturalisations et permit de retirer la nationalité française à ceux qui étaient déjà naturalisés, au cas où ils seraient jugés « indignes du titre de citoyen français ». À l’époque, Joseph Barthélemy, doyen de la faculté de droit de Paris, futur garde des Sceaux de Pétain, défendit « cette machine à fabriquer des apatrides ». La mise en œuvre de ces décrets-lois par la police, avec une particulière rigueur, prépara ses agents à la tâche qui allait leur être confiée dans les années de l’Occupation contre les juifs, notamment étrangers. Restait à traiter le sort des juifs français d’Afrique du Nord. Le lendemain du statut des juifs, le 4 octobre 1940, un décret abolit la loi Crémieux et transforma les juifs français d’Algérie en « indigènes ». On connaît la suite… Discours prononcé le 4 octobre à l’hôtel de ville de Paris, à l’occasion de la commémoration du 70e anniversaire du statut des juifs. Robert Badinter

http://www.humanite.fr/07_10_2010-p%C3%A9tain-et-la-revanche-de-l%E2%80%99extr%C3%AAme-droite-antis%C3%A9mite-sur-la-r%C3%A9publique-455305

 

*) Idéologie du libertarisme états-unien : Les Libertariens aux États-Unis.

Sociologie d’un mouvement asocial, de Sébastien Caré Presses universitaires de Rennes,  2010, 20 euros. Ne pas confondre libertaires et libertariens. C’est ce que montre clairement le livre de Sébastien Caré. La lecture de cet ouvrage nous fait pénétrer dans la droite du Parti républicain, même si des divergences conjoncturelles divisent occasionnellement certains de ses membres : des libertariens étaient opposés à la guerre du Vietnam et à la guerre d’Irak ; cette droite a pour ancêtre l’économiste autrichien Friedrich Hayek (la Constitution de la liberté, 1960, traduction française 1994) mais son évolution est marquée par de multiples rivalités de personnes et de choix théoriques qui n’ont cessé de diviser le mouvement. Si dans leur rhétorique les libertariens prétendent se distinguer des conservateurs, ces néolibéraux ne jurent que par le sacro-saint marché, la haine de l’État et la fétichisation de l’individualisme. Leurs chantres les plus connus sont Robert Nozick, Ayn Rand et Murray Rothbard. Le mouvement libertarien a cherché à gagner l’adhésion des intellectuels, qui devaient, par leurs publications, leurs think tanks et leur entrisme dans les deux partis dominants, influencer les décideurs politiques. La façon dont ils ont procédé pour ce faire révèle certaines spécificités de la vie politique américaine : bipartisme tout-puissant, difficulté pour les tiers partis d’exister de façon durable, absence de discipline de parti (chez les républicains et les démocrates), capacité de nouer des alliances conjoncturelles avec des groupes ayant des positions divergentes sur beaucoup de points. C’est ainsi que dans les années 1960, à partir de 1965, s’est nouée une alliance fugitive entre l’avant-garde libertarienne et la gauche radicale sur fond d’anti-étatisme. L’auteur parle d’un « espace d’accord » entre cette droite néolibérale et le pacifisme de la gauche radicale. Mais, globalement, sur l’ensemble de son parcours, le mouvement libertarien est resté solidement ancré à droite, même si certains libertariens ont été opposés aux mesures prises par George W. Bush, tel le Patriot Act. N’est-il pas significatif que des libertariens aient été élus aux primaires républicaines récentes pour le Sénat et que l’on parle d’eux à propos des « trublions du Tea Party » (le Monde, 31 août 2010) ? Marianne Debouzy, américaniste. Sciences politiques

http://www.humanite.fr/06_10_2010-id%C3%A9ologie-du-libertarisme-%C3%A9tats-unien-les-libertariens-aux-%C3%A9tats-unis-455214

 

*) Claude Lefort ou la critique du totalitarisme

Le philosophe Claude Lefort est décédé dimanche, à l'âge de 86 ans. Figure intellectuelle de l'antitotalitarisme, il avait notamment travaillé avec Edgar Morin et Cornelius Castoriadis.  Penseur majeur du totalitarisme et de la démocratie, le philosophe Claude Lefort est mort dimanche, à Paris, à l’âge de quatre-vingt-six ans. Agrégé et docteur en philosophie, chargé d’enseignement à l’université de Caen, puis directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (Ehess), Claude Lefort établit des liens très étroits entre le phénomène totalitaire et les carences de la démocratie. « Sa critique du totalitarisme va plus loin que celle de Raymond Aron, dont il avait suivi les séminaires, il y avait chez lui un grand souci de la mise en mouvement populaire et de l’autogestion », analyse le philosophe André Tosel. Il inaugure son œuvre, en 1968, avec la Brèche, écrit avec Edgar Morin et Cornelius Castoriadis où ils analysent « à chaud » les événements de Mai 68. Influencé dans sa jeunesse par son maître, qui deviendra son ami, Maurice Merleau-Ponty, Claude Lefort porte un intérêt important à la notion de « corps », l’homme enraciné dans le monde réel, et à Marx. Il intègre le mouvement trotskiste, puis prend ses distances, avant de fonder en 1948 la revue Socialisme ou barbarie, avec Cornelius Castoriadis. Il rompt définitivement avec le trotskisme, lorsqu’il découvre l’Archipel du goulag, d’Alexandre Soljenitsyne, auquel il consacrera un livre Un homme en trop (Éditions du Seuil, 1973). « Il critiquait l’Union soviétique et espérait un renouveau du marxisme. Il ne doit pas être confondu avec les nouveaux philosophes qui, eux, réglaient le sort du PCF et du communisme », rappelle André Tosel. L’apport fondamental de Lefort c’est aussi sa conception de la démocratie. Dans son ouvrage l’Invention démocratique, publié en 1981 (Éditions Fayard), il développe sa thèse : la démocratie comme une société « sans corps », où règne une radicale indétermination, et de ce fait, exige l’invention de tous. Ainsi, la démocratie est toujours un processus, inventé et inventif, où existe une case vide, pouvant être occupée pour un temps. « Son œuvre est importante. Il a beaucoup fait pour penser la dimension de la démocratie comme ordre symbolique. Il a une très grande conscience de l’autonomie et du politique : son ouvrage sur Machiavel (Machiavel, le travail de l’œuvre, Éditions Gallimard, 1972) en témoigne », souligne André Tosel, ajoutant toutefois qu’aujourd’hui, avec la mondialisation, « le thème de l’autonomie du politique mériterait d’être reformulée parce que l’interpénétration du politique et de l’économique est telle que la place vide de la démocratie est actuellement occupée par les impératifs systémiques de la production capitaliste ». Anna Mussohttp://www.humanite.fr/05_10_2010-claude-lefort-ou-la-critique-du-totalitarisme-455077

 

*) « Canguilhem entre nature et culture » Par Simone Mazauric, philosophe et historienne des sciences

Après Canguilhem, définir la santé et la maladie, Canguilhem et la vie humaine, Élodie Giroux, Éditions PUF.Guillaume Le Blanc,160 pages, Éditions PUF, 2010 (première édition 2002). 365 pages, 14 euros.12 euros. Voici deux ouvrages (le second est une réédition) qui témoignent de l’actualité de la pensée de Georges Canguilhem. Publié en 1943, l’Essai sur quelques problèmes concernant le normal et le pathologique posait, dans la continuité des travaux d’Auguste Comte, de Claude Bernard et de François Broussais, quelques questions essentielles. Pour Broussais notamment, la distinction du normal et du pathologique est une distinction naturelle et objective, susceptible d’être mesurée quantitativement et scientifiquement. Entre la santé et la maladie, la différence est une différence de degré et la maladie un simple écart statistique par rapport à une moyenne. Il existe donc des normes universelles de la santé et de la maladie qui s’enracinent dans la nature. Pourtant, l’écart statistique et la rareté sont-ils pathologiques en soi ? Avoir les yeux vairons est rare, est-ce pour autant pathologique ? Il semble bien qu’il faille admettre que les notions de normal et de pathologique sont foncièrement relatives soit à chaque sujet (on peut vivre « normalement » avec un pouls qui bat à 40 pulsations minute, non à 60) soit à chaque société : ainsi l’homosexualité, parfaitement tolérée ici, a pu passer ailleurs pour une déviation d’essence pathologique. Il faut donc reconnaître la dimension à la fois subjective et historique et sociale de ces notions. Même si les positions de Canguilhem ont évolué, il n’en a pas moins fondamentalement défendu une conception dite « normativiste », selon laquelle entre le normal et le pathologique, la différence n’est pas une différence de degré mais une différence de valeur : pour le vivant, le normal est vécu comme une valeur positive, la maladie est perçue négativement. Et cela parce que la vie est par essence normative, parce que c’est le vivant qui préfère la santé à la maladie, la vie à la mort.

Les travaux de Canguilhem ont inspiré de nombreux auteurs anglo-saxons. Élodie Giroux présente ceux de l’Américain Christopher Boorse et ceux du Suédois Lennart Nordenfeldt, très représentatifs de la controverse qui oppose, dans le monde anglo-saxon, « normativistes » et « naturalistes ». En montrant à quel point ces catégorisations sont en fait équivoques, en s’efforçant de restituer la complexité de positions qui admettent des versions, fortes ou faibles, il devient possible de progresser dans la réflexion ouverte par Canguilhem et dans l’entreprise de définition de concepts dont les enjeux sociaux, éthiques, politiques, juridiques sont non négligeables. De son côté, la réédition de l’ouvrage de Guillaume Le Blanc remet aussi à l’ordre du jour la réflexion sur les questions ouvertes par Canguilhem, considéré cette fois moins comme un épistémologue que comme un philosophe de la vie, à l’instar d’autres grands philosophes de la vie comme Nietzsche ou Bergson. Ancrer l’anthropologie dans la biologie, interpréter les phénomènes humains en fonction des phénomènes vitaux, faire de la vie l’origine de toutes les valeurs, qu’elles soient biologiques, existentielles ou sociales, cela fait évidemment courir le risque du biologisme, du réductionnisme et du naturalisme. Mais ce sont ces pièges que Canguilhem a su éviter. Simone Mazauric

http://www.humanite.fr/03_10_2010-canguilhem-entre-nature-et-culture-454912

 

*) La construction de l’étranger en figure de l’altérité

Décortiquant le renouvellement du discours raciste dans les rapports sociaux et  politiques, Hélène Meynaud montre comment il fait obstacle à l’exercice de la citoyenneté. La part de l’étranger(e) : travail et racisme, d’Hélène-Yvonne Meynaud,Éditions Le Bord de l’eau. 296 pages, 20 euros.

Hélène-Yvonne Meynaud, sociologue, est l’une des premières à avoir tenté une critique théorique d’inspiration marxiste des sondages d’opinion, notamment dans le monde du travail. Elle a, avec le sociologue Denis Duclos, souligné que la fonction du sondage d’opinion était aussi de modifier le contenu de l’opinion. Cette fois-ci, Hélène Meynaud, forte de sa nouvelle expérience de juge des prud’hommes, s’est intéressée à la façon dont le racisme se renouvelle en France, devenant à son tour, comme l’est le sondage d’opinion, un moyen d’occulter l’exploitation de l’homme par l’homme, qui est le fondement même du capitalisme. Dans la Part de l’étranger, ce qui est à l’œuvre, c’est la construction de l’autre – l’étranger, la femme – comme essentiellement différent par « sa couleur », ses potentialités, son comportement, comme poutres de soutien du pouvoir en place. Aujourd’hui, la droite libérale a pour modèle théorique l’homme blanc, occidental, riche, père de famille, en bonne santé. Dans ces conditions, les décideurs peuvent, en toute respectabilité, subordonner, sous-payer, exclure, délocaliser, déporter, en s’aidant de la mondialisation. Le champ de leur bonne conscience s’élargit. L’origine étrangère, réelle ou supposée, rend la précarité naturelle et si la discrimination ethnoraciale ou sexuelle est répréhensible, elle est la plupart du temps pérennisée par la justice qui devrait la sanctionner. C’est ainsi que s’épaissit l’injustice comme mode explicatif des inégalités. La généralisation de la pénibilité du travail se dissimule sous l’argument des innovations techniques qui la soulageraient. Seul compterait le handicap, perceptible « au cas par cas ». L’argument de la diversité est mobilisé pour redorer l’image des entreprises et des gouvernements. Celui qui revendique, en France, l’accès aux soins de qualité pour tous, à des logements décents pour tous les milieux sociaux et qui envisage, dans cette optique, l’avenir commun de la cité, fait tout de suite figure d’idéaliste ou d’utopiste. L’étranger est devenu la figure de l’altérité. L’école de Chicago – qui avançait que l’uniformisation de l’habillement et des goûts avait tendance à occulter l’appartenance de classe – est reprise à travers cette notion d’étranger substituée à autrui. Le nombre de « Français sans origine » invités à se précariser, se flexibiliser et à accepter des rémunérations mensuelles inférieures au smic ne cesse de s’accroître. Contre cette extension à autrui de la notion d’étranger à soi-même, divers mouvements ont abouti à un dévoilement relatif de ces situations. « Émeutes politiques dans les quartiers de relégation en 2005 et grèves pour la régularisation par le travail des sans-papiers à partir de 2008 » ont révélé les murs qui empêchent jusqu’à ce jour la citoyenneté de s’exercer. Arnaud Spire

http://www.humanite.fr/03_10_2010-la-construction-de-l%E2%80%99%C3%A9tranger-en-figure-de-l%E2%80%99alt%C3%A9rit%C3%A9-454907

 

*) Georges Charpak. « Le besoin de justice existe toujours »

Le 7 septembre 1993, il évoquait son parcours à l’occasion de la sortie de sa biographie.

--- Pourquoi cette biographie ?

- Georges Charpak. (…) Mon histoire peut aider à faire réfléchir  ceux qui se posent le problème  de l'intégration. Immigré clandestin,  je suis devenu un petit Français. J’ai tout  de suite aimé cette langue, adopté cette  culture, cette école publique  où on ne m’enquiquinait plus avec la religion obligatoire. On y défendait des valeurs de lutte pour la tolérance.  Je m’y suis identifié au combat  de gens comme Zola dans l’affaire  Dreyfus, à la République qui libérait  les juifs et les Noirs.

--- C'est aussi cette France-là qui refusait l’antisémitisme, la Collaboration…

Georges Charpak. C’était celle des idéaux de solidarité et de fraternité qui animaient la Résistance (…). Je les ai rencontrés chez les communistes, mais ils auraient pu être ailleurs. Nous avions le projet de construire une société plus juste. Autant, ancien déporté, je refusais de perdre mon temps en commémorations inutiles, autant la révolution me paraissait compatible avec la recherche scientifique. Il y avait le danger de guerre, ou qu’on prétendait tel, la menace qui pesait sur l’URSS, « patrie du socialisme », il me semblait qu’il fallait rester impliqué. À partir du moment où j’ai perdu confiance dans l’URSS qui n’était pas du tout la société idéale qu’on disait et où j’estimais que le PCF lui restait étroitement lié, j’ai quitté le Parti. Quant au besoin de justice, il existe toujours, même si la société paraît à court d’objectifs.

--- C’est cela que vous appelez  vous engager au-delà des batailles  de physiciens ?

Georges Charpak. Je suis prêt à m’exprimer comme citoyen. Sur (…) la solidarité avec les plus humbles, la lutte contre l’intolérance, le chômage, qui sont  des injustices devant lesquelles on ne  peut pas baisser les bras. (…)  Je suis extrêmement sollicité pour manifester, signer pour telle ou telle cause et je le fais rarement, parce que je me méfie des corporatismes, des aveuglements d’organisation, des clivages traditionnels au-delà desquels je pense qu’il y  a beaucoup à faire.

(1) La Vie à fil tendu, par Georges Charpak et Dominique Saudinos, Éditions Odile Jacob.

Entretien réalisé par Lucien Degoy

http://www.humanite.fr/30_09_2010-georges-charpak-%C2%AB%C2%A0le-besoin-de-justice-existe-toujours%C2%A0%C2%BB-454730

 

*) Les citoyens d'aujourd'hui sont-ils prêts à payer le prix de leur liberté pour leur sécurité ? « La peur comme fondement d’un pouvoir autoritaire et répressif »  Par Aline LOUANGVANNASY, Professeure de philosophie.

Thomas Hobbes, philosophe anglais du XVIIe siècle, est le premier à avoir théorisé l’insécurité qu’il a placée au fondement des relations de pouvoir. Dans son œuvre, l’insécurité prend la forme de « la guerre de tous contre tous ». Cette guerre ne désigne pas seulement la guerre civile, le chaos, qui précéderait la constitution d’un État de droit. On se souvient des images atterrantes de la population irakienne affamée pillant les hôpitaux ou les écoles lors de la chute de Saddam Hussein ou, plus récemment, des crimes perpétrés lors des récentes élections en Afghanistan. La violence désigne d’abord l’état d’insécurité qui constitue une guerre permanente dans tout État civilisé. Pour illustrer l’idée que l’insécurité se vit au quotidien, Hobbes prend l’exemple du voyageur qui s’apprête à quitter son domicile. Celui-ci n’oublie jamais de fermer sa maison à clé, car il sait bien qu’il y a une guerre permanente qui se mène entre les voleurs et les volés et qu’une fois absent son voisin aura toujours la possibilité de le dépouiller. Ce qui caractérise la guerre ou l’insécurité, ce ne sont donc pas les champs de bataille, les cadavres, la violence physique, mais c’est la peur. La peur, c’est d’abord un système de représentations. Terrorisme, délinquance, précarité, pandémie… la peur est aujourd’hui notre principal point de vue sur le monde. Que cette peur ait ou non un fondement dans la réalité, à partir du moment où notre système de représentations intègre la possibilité de la violence, cette possibilité déterminera notre comportement et donnera une réalité à l’insécurité. Notre gouvernement travaille à donner corps à cette possibilité en désignant des ennemis contre lesquels la population devrait se mobiliser (le virus H1N1, les polygames, les drogués…), façonnant ainsi notre monde comme un régime d’exceptions. Car l’insécurité joue à deux niveaux : non seulement je l’appréhende comme une menace à l’encontre de ma personne, mais ma personne en tant qu’individualité est aussi, toujours, une menace à l’encontre de l’ordre social lui-même. C’est pour cela que, pour Hobbes, il s’agit d’une guerre permanente de l’appareil d’État contre la population, qui impose la nécessité d’un pouvoir autoritaire, répressif et policier. Le film de Christopher Nolan, Batman the Dark Knight, montrait la dimension irrationnelle de la peur. Il montrait que ceux qu’il faut craindre, ce ne sont pas les professionnels du crime. Ceux-ci agissent rationnellement et trouvent un intérêt dans le maintien de l’ordre et des institutions (par exemple le système bancaire) qui sont nécessaires pour mener à bien leurs affaires, même si elles sont illégales. « La guerre, c’est mauvais pour les affaires », dit le Parrain de Francis Ford Coppola. C’est peut-être aussi pour cela qu’une partie de la droite a choisi de se désolidariser d’un gouvernement va-t-en-guerre. Ceux qu’il faut craindre, ce sont les citoyens ordinaires qui, sous l’emprise de la passion (la peur, la souffrance, la vengeance, le ressentiment ou même l’indifférence), parce qu’ils auraient alors l’illusion de sauver leur peau, sont capables du pire. S’ils franchissent cette fragile limite qui sépare le bien du mal, l’acceptable de l’inacceptable, alors il n’y a plus de société humaine possible. Aujourd’hui, la tentation est grande de franchir le pas. C’est pour cela, pour se préserver en quelque sorte d’eux-mêmes, que les citoyens de Hobbes se voient dans la nécessité de comprendre que leur intérêt réside avant tout dans la sécurité, que la vie et l’obéissance sont préférables à la mort. Ils choisiront de se donner un monarque absolu dont la fonction sera de garantir cette sécurité quel qu’en soit le prix. Ils renonceront à tous leurs droits, et notamment au droit de décider pour eux-mêmes. Il semblerait que notre président soit un fervent lecteur de Hobbes. Mais les temps ont bien changé. Les citoyens d’aujourd’hui ne sont plus disposés à payer le prix de leur liberté pour leur sécurité. Sécurité à laquelle on accole depuis peu le mot de « tranquillité », comme si le seul usage du mot « sécurité » suscitait la suspicion et n’était plus en lui-même aussi rassurant que cela. À défaut de résultats dans le domaine économique et social, le gouvernement français donne dans la surenchère en matière de politique sécuritaire afin de démontrer son utilité par sa présence sur le terrain, ainsi que son improbable efficacité. Cet été, nous avons passé un cap. Soudainement, de façon inexplicable, les discours xénophobes de la présidence et de certains représentants de la majorité gouvernementale ont atteint leurs limites. La population française, qui jusque-là restait indifférente au sort des sans-papiers, à la stigmatisation des jeunes issus de l’immigration, semble s’être réveillée sur le sort fait aux Roms. On ne peut alors que songer au roman de José Saramago, la Lucidité, magnifique réflexion sur le sens et la fonction du politique. Serions-nous donc en passe de devenir lucides ? Par Aline LOUANGVANNASY, Professeure de philosophie.

http://www.humanite.fr/27_09_2010-la-peur-comme-fondement-d%E2%80%99un-pouvoir-autoritaire-et-r%C3%A9pressif-454349

 

*) « Rousseau, un penseur incontournable »  Par Stéphanie Roza, philosophe

Toujours commenté, parfois instrumentalisé par la dynamique républicaine, le rousseauisme reste une référence essentielle de la tradition d’émancipation politique et sociale.  Modernités de Rousseau, revue Lumières n°15. Éditions Presses universitaires de Bordeaux, 2010, 232 pages, 22 euros. Le dernier numéro de la revue Lumières de l’université bordelaise Michel-de-Montaigne propose une série d’articles présentant les étapes les plus décisives, d’un point de vue à la fois historique et philosophique, de la discussion des principales thèses de Rousseau. Placées dans un ordre chronologique, les contributions permettent dans un premier temps d’aborder le problème de la réappropriation du rousseauisme sous la Révolution française par ses protagonistes, puis du rapport de la tradition républicaine française avec cet auteur. Les textes suivants étudient les lectures marxistes de Jean-Jacques au sein du Parti communiste italien dans les années 1950-1960, ainsi que chez Althusser et, enfin, l’usage de Rousseau dans d’importants débats philosophiques contemporains : la critique des thèses rawlsiennes sur l’estime de soi par Walzer, la position, puis la reformulation du projet critique de l’école de Francfort, le débat nord-américain sur les « frontières de la justice », ou encore les théories de la démocratie délibérative. Cette réflexion, qui ne prétend pas à l’exhaustivité, mais qui s’inscrit dans différentes époques et différents ancrages géographiques, permet de mesurer l’importance de la philosophie de Rousseau dans la pensée politique occidentale depuis plus de deux siècles, à travers ses réactualisations les plus marquantes. On constate alors combien certaines idées reçues, notamment concernant la place du rousseauisme dans le républicanisme français, doivent être nuancées : Serge Audier et Philippe Raynaud, notamment, montrent que les pères fondateurs de la IIIe République, intellectuels, juristes, politiques, ne sont pas de simples épigones de Jean-Jacques, mais ont mené une véritable discussion de ses thèses, concernant la liberté ou la souveraineté du peuple, prenant notamment leurs distances avec ce que beaucoup d’entre eux considéraient comme les ferments du jacobinisme. On réalise ainsi que l’utilisation du Contrat social ou du Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité comme arme dans la lutte politique n’est pas un procédé réservé aux acteurs de la Révolution française : pour Gabrielle Radica, Rousseau a servi de levier aux théoriciens de la « voie italienne vers le socialisme » pour prendre leurs distances vis-à-vis du modèle soviétique, au prix de certaines distorsions de la pensée du philosophe. Enfin, les articles relatifs à la philosophie politique contemporaine attestent de la fécondité des concepts rousseauistes fondamentaux tels que l’amour de soi, la pitié, la volonté générale, et quelques autres, dans les débats cherchant à définir une société juste, ou à établir les conditions d’un débat public digne de ce nom. Rousseau reste bien, encore aujourd’hui, une référence incontournable pour qui veut penser la démocratie. Stéphanie Roza, philosophe

http://www.humanite.fr/26_09_2010-rousseau-un-penseur-incontournable-454276

 

 

*) La loi enfermera-t-elle encore davantage ? « La violence est ailleurs que chez les fous, les étrangers, les Roms… »  Par Pierre Paresys, Vice-président de l’union syndicale de la psychiatrie

L’esprit de la loi de prévention de la délinquance (5 mars 2007), rédigée à quatre mains par madame Dati et monsieur Sarkozy, sa volonté évidente de constituer par association une « image type du supposé nuisible », de « l’ennemi intérieur » où chacun trouvera le sien sans pour autant s’y reconnaître, trouve à nouveau sa parfaite illustration dans l’actualité. Le chapitre 3 de ce texte (les dispositions tendant à limiter les atteintes aux biens et à prévenir les troubles de voisinage) associait dans sa dernière mouture les gens du voyage, les chiens méchants et les malades mentaux.

Il s’agissait d’instrumentaliser les travailleurs sociaux et les éducateurs, les enseignants, la psychiatrie et l’ensemble du secteur sanitaire afin de contrôler la population sous couvert de délinquance habilement associée à la précarité, à la fragilité, à l’absentéisme scolaire, à la santé mentale voire à l’immigration. La partie concernant les malades mentaux a été retirée du projet définitif et les Roms ont temporairement relayé les fous, les autres étrangers et les gens du voyage comme instruments de la propagande sécuritaire. Certes, un pousseur dans le RER, cela choque, fait peur, d’autant plus que cela paraît incompréhensible et semble pouvoir toucher n’importe quel innocent, mais faut-il pour autant instrumentaliser cette peur, la commercialiser ? Il s’agit là d’actes dramatiques mais exceptionnels, qui paraissent nous envahir par leur surmédiatisation et leur instrumentalisation, là ou la violence d’État se développe à bas bruit. La plume qui, par les lois et décrets qu’elle signe, pousse la population à ne pas se soigner, les hôpitaux et les médecins à faire du chiffre, à se résigner pour certains à « adapter leur éthique », à sélectionner les actes et les patients, à réduire ces patients à des clients et à des sommes d’actes, le professionnel de la santé à un producteur d’actes, n’est-elle pas beaucoup plus dangereuse que les images qu’on exhibe pour nous faire peur ? La voix qui prétend classer les hôpitaux en fonction du taux de mortalité ne peut ignorer la sanction qui peut en résulter pour les patients âgés, fragiles, trop lourds, etc., priés de mourir avant l’admission, après leur sortie ou leur transfert. L’évaluation tous azimuts, le culte des chiffres tue en éloignant les équipes soignantes de leur objet : l’humain. La plume qui transforme le travailleur social en délateur, le policier en chasseur de sans-papiers, de gens du voyage ou de pauvres en situation d’expulsion n’est-elle pas responsable de la dégradation de l’image de ces agents de l’État et de la mise en danger de ceux-ci au même titre que tous les représentants de l’État ? La réponse à la précarité des conditions de vie doit être une politique de simple gestion des débordements et c’est dans ce contexte que le projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques favorise la généralisation des soins sous contrainte en ambulatoire. Cette loi n’aurait pas d’autre résultat que d’éloigner les patients des soins, de favoriser leur marginalisation et leur abandon. Il s’agit, par une généralisation de la contrainte, de faire des équipes de psychiatrie une menace pour la population et, par là même, de retarder l’accès aux soins par la méfiance et la peur qu’elles susciteront. Là où l’accueil, le temps de l’écoute étaient possible, l’effet d’ambiance, la crainte, la méfiance rendront toute véritable alliance thérapeutique impossible. Plusieurs dizaines d’années de travail vont être annihilées là où l’accueil et l’écoute étaient encore une exigence. L’échec inévitable de cette politique conduira à l’extension de l’enfermement pour le plus grand profit des bétonneurs sans pour autant, bien au contraire, parvenir à l’impossible risque zéro, confortant là encore, pour le plus grand bonheur de nos stratèges, le sentiment d’insécurité. Pierre Paresys

http://www.humanite.fr/24_09_2010-la-violence-est-ailleurs-que-chez-les-fous-les-%C3%A9trangers-les-roms%E2%80%A6-454164

 

*) « Le colonialisme passé au crible du « bon sauvage » »  Par Marie-Claude Strigle, américaniste

Longtemps avant Montesquieu ou Voltaire, le baron de Lahontan dénonçait dans un dialogue imaginaire avec un chef indien la violence et les préjugés des soi-disant civilisés. Dialogues avec un sauvage, de Lahontan, édition préparée par Réal Ouellet. Lux éditeur, 2010,376 pages, 19,95 euros.

Dès le XVIe siècle, les récits de voyages font rêver les Européens. La découverte des Indiens d’Amérique donne naissance au thème du « bon sauvage ». Une réflexion morale et philosophique se développe, qui relativise les valeurs européennes. En 1702-1703, à l’aube du siècle des Lumières, le baron de Lahontan publie les Dialogues avec un sauvage, inspirés de son séjour en Nouvelle-France de 1683 à 1693. Les écrits de Lahontan sont importants pour l’histoire des idées comme pour l’évolution de l’image de l’Amérique à la fin du XVIIe siècle. Alors que ses autres ouvrages sont riches d’informations sur l’Amérique du Nord, les cinq Dialogues avec un sauvage remettent en cause les valeurs et les croyances européennes.

Lahontan a vécu avec des Indiens. Il a bien connu le chef huron Kondiaronk, qui a inspiré le chef Adario dans les Dialogues. Il s’agit d’échanges entre le « civilisé », corrompu et malheureux, et le « primitif », sage et heureux, au sujet de la religion, des lois, du bonheur, de la médecine, de la sexualité et du mariage. Ils résument les idées philosophiques du début du XVIIIe siècle sur les vices de la société européenne et le bon sauvage, idées que l’on retrouve chez Rousseau, Voltaire et Diderot. Lahontan se livre à un jeu ironique sur un ensemble de traits mythiques, de conventions familières. Au fil des dialogues, l’Européen perd de sa superbe alors que le Huron acquiert de l’autorité et conclut par « Fai toy Huron ».

La réédition critique des Dialogues avec un sauvage préparée par Réal Ouellet reproduit la graphie et la ponctuation des textes originaux ; pourtant, leur contenu est familier au lecteur : l’Européen, pétri des préjugés de la « civilisation » et des dogmes sclérosés du christianisme est confronté au « sauvage éclairé » qui critique la prétention des Églises à faire de l’ordre social et politique européen le seul ordre concevable. Il désapprouve le droit de propriété individuelle et propose un modèle différent où tous seraient égaux (ce qui, ironiquement, n’empêche pas Adario d’avoir des esclaves). Sont dénoncés la corruption, l’intérêt personnel, l’injustice, l’inégalité. Adario condamne catégoriquement le droit de colonisation que s’arrogent les Européens. Il déplore la fascination de la richesse, la frénésie du jeu ; il s’élève contre les erreurs judiciaires et la lenteur des procès. Le Huron condamne le mariage forcé et prône la liberté de la femme. Il n’est ni contre la contraception ni contre l’avortement. En revanche, l’obligation de continence des religieux est un crime. Cette nouvelle édition des Dialogues est une lecture passionnante : nous avons là l’occasion de redécouvrir un texte du début du XVIIIe siècle, actuel par le contenu, qui nous incite à nous y retrouver. Marie-Claude Strigler

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*) « Croyance et certitude au filtre du pragmatisme »  Par Christiane Chauviré philosophe

Jean-Pierre Cometti décline la vertu critique d’un courant philosophique et sociologique né à la fin du XIXe siècle et qui contribue à déconstruire les illusions idéologiques. Qu’est-ce que le pragmatisme ?, de Jean-Pierre Cometti, Gallimard, 2010. 448 pages, 9,20 euros.

Aujourd’hui, le mot «pragmatisme» est sur toutes les lèvres (y compris et surtout politiques !). Pourtant, dans l’inconscient culturel français, ce terme est encore entaché de préjugés tenaces. Déjà, Peirce (1839-1914), fondateur du pragmatisme, a dû lutter contre la dérive idéologique et sémantique qui fit voir dans ce courant, illustré par James, Dewey, Mead, Rorty (*) – pour ne parler que des Américains – la philosophie de l’homme d’affaires ou du ploutocrate prêchant « l’Évangile de la cupidité » (selon l’expression de Peirce). Insatisfait de cette inflexion, il rebaptisa sa doctrine « pragmaticisme », nom trop hideux, à ses yeux, pour tenter les kidnappeurs ! Plutôt que de faire la part belle au noyau dur du pragmatisme et à ses fondateurs, Peirce et James, le livre de Jean-Pierre Cometti est écrit à partir de Rorty (1931-2007) redécouvrant Dewey et créant dès lors une sorte de néopragmatisme. Autodidacte surdoué, Peirce, issu de la fine fleur de la Nouvelle-Angleterre, bercé mais lassé par les prêches d’Emerson, invente une philosophie de la signification et de la croyance de nature à se prolonger par une théorie de l’action. La signification d’un concept réside dans les conséquences pratiques de son emploi ; quant à la croyance, elle est tout autant une habitude ou une règle d’action qu’un état mental. Frère de l’écrivain Henry James, et fondateur de la psychologie aux États-Unis, James ajoutera que la vérité relève plus d’un processus de vérification d’une idée modifiant le réel que d’une correspondance statique entre une idée et un item de la réalité ; la vérité est produite, et elle produit des effets. Il ne s’agissait nullement, comme l’a cru à tort Russell, de réduire le vrai à l’utile, mais de montrer que l’esprit n’est « pas là simplement pour copier une réalité qui serait complète », il la complète en la transformant. La pensée n’a qu’« une place de transit, le fond d’une boucle dont les deux bouts ont leur point d’application dans le monde extérieur ». À sa suite, Dewey, passionné de questions d’éducation et penseur de la démocratie, soulignera les modelages réciproques de la pensée et du réel : loin d’être simplement cognitives, nos conceptions sont en interaction avec un réel qu’elles contribuent à changer ou à construire. Le sujet connaissant n’est pas le « spectateur » de la réalité. Mead développera, à partir de cela, une pensée du social. Rorty poussera ces idées jusqu’à déconstruire les notions de vérité et de fait objectif, menant à leur terme ultime les « conséquences du pragmatisme ». À ne pas oublier : ceux qui, en France, philosophes ou sociologues, font revivre le pragmatisme : Meulders, Quéré, Garreta, Girel, Debru, Madelrieux, Lapoujade, Zask, Ogien, Céfaï, Trochu, Lemieux. (*) Lire aussi : William James, de Michel Meulders (Hermann) ; le Public et ses problèmes et  l’Art comme expérience, de John Dewey (Gallimard). Christiane Chauviré,  philosophe

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*) « Les théories républicaines des Modernes »  Par Yves Vargas, philosophe

Les Fondements de la pensée politique moderne, de Quentin Skinner. Éditions Albin Michel, 2001, réédition 2009 (Oxford 1978), 930 pages, 25 euros. L ’objet de cet ouvrage de l’historien britannique Quentin Skinner est de révéler les racines des concepts politiques modernes et leur développement dans le temps (du XIIIe au XVIe siècle) et l’espace (Italie, France, Angleterre, Espagne, Hollande) : l’État comme mécanisme, la souveraineté du peuple, le contrat social, le droit de révolte, la séparation du politique et du théologique. L’auteur en voit l’origine chez Aristote et les Stoïciens, mais une origine enfouie par saint Augustin et le concept d’Empire. C’est contre l’empereur que les villes italiennes avancent les idées de liberté et de souveraineté qui seront reprises par les scolastiques parisiens, les réformateurs calvinistes, les jésuites espagnols, les huguenots français et les révolutionnaires anglais. Au contraire de Pierre Legendre, Quentin Skinner considère qu’il y a rupture entre les pensées moderne et médiévale, et au contraire de C. B. Macpherson, il ne croit pas que la politique moderne soit une invention de la bourgeoisie du XVIIe siècle. La notion de liberté (souveraineté des entités politiques et choix des citoyens) est d’abord dirigée contre l’empereur vis-à-vis des cités italiennes, et justifie la résistance du peuple (Marsile de Padoue, Bartole). Cette résistance anti-impériale s’étend aux « tyrans », formule les notions de « vertu », de « fortune », cherche dans l’âge d’or romain un modèle qui sera égalé et dépassé. Le droit romain cesse d’être un impératif pour devenir un moment historique et, par contrecoup, la Bible subit le même sort, ouvrant la voie à l’étude comparative des systèmes juridiques (Bodin), comme aux critiques des injustices (Thomas More, Rabelais).

Les débats théologiques sur le statut du pape (élu de Dieu ou dépendant du concile) ouvrent la voie à Luther et sa critique de l’Église comme institution ; mais, alors que Luther, fidèle à l’enseignement de saint Paul condamne les révoltes contre les princes, les protestants, au moment de la contre-attaque catholique (Marie Stuart, la Saint-Barthélemy…), seront amenés à réviser le paulinisme et à justifier la résistance à Charles Quint (Goodman en appelle aux devoirs envers Dieu), aux Valois (les huguenots s’allient aux féodaux contre l’absolutisme royal), puis développent une théorie du droit naturel (Buchanan, Althusius) qui fait les peuples libres à l’origine et le roi issu d’un contrat qu’il doit respecter : on est tout près de John Locke.

Ce survol ne constitue pas un résumé de l’ouvrage mais une invitation à le lire, lequel se présente comme une encyclopédie d’histoire des idées indispensable pour ceux qui étudient la pensée politique « moderne », c’est-à-dire à partir des Lumières : il permet de mieux mesurer ce qui, en chaque auteur, est radicalement nouveau, ou réactif, ou reprise d’une tradition plus ancienne qu’on ne pourrait croire. La perspective moderne que ciblent ces pages impressionnantes d’érudition (plus de trois cents auteurs recensés, analysés, discutés) est l’époque contractualiste qui s’ouvre avec Hobbes. On peut regretter que Spinoza et les auteurs hollandais (remis à l’ordre du jour par les études sur « les Lumières radicales ») ne soient pas évoqués, de même que Rousseau et la tradition socialiste (Thomas More n’est pas envisagé sous cet angle). Mais ce livre fut écrit il y a trente ans, et il a ouvert bien des chantiers. Yves Vargas, philosophe

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*) De l’art de faire surgir le communisme

Développant une analyse de la condition salariale moderne soumise à la puissance des passions, Frédéric Lordon s'interroge sur la sortie de la domination sociale capitaliste. Capitalisme et servitude, Marx et Spinoza,de Frédéric Lordon. Éditions La Fabrique, 2010, 214 pages, 12 euros.

Frédéric Lordon (1) nous dévoile ici une facette de ses talents, celle de spécialiste de Spinoza. À l’aide des concepts élaborés par le philosophe hollandais, il prolonge l’analyse que fait Marx du capitalisme. L’ouvrage est un parcours initiatique vers le communisme, semé d’obstacles théoriques à surmonter, le communisme étant défini comme « une longue patience, un effort continu », « un horizon » à poursuivre avec persévérance plutôt qu’un état définitivement acquis. Le voyage commence par ce questionnement : par quels ressorts l’exploitation capitaliste est-elle devenue possible et acceptée ? Première réponse de l’auteur :« Le salariat est fondé sur un rapport de dépendance entre agents dans lequel l’un détient les conditions de la reproduction matérielle de l’autre. » « L’employeur occupant dans la structure sociale du capitalisme la position du pourvoyeur d’argent, il détient la clé du désir basal – survivre – et par définition tient les salariés sous sa dépendance. » Cependant, dans son évolution, le capitalisme parvient avec le fordisme à une véritable « mobilisation » des salariés grâce à « l’aliénation marchande joyeuse et l’accès élargi à la consommation » que permet la production de masse. La fascination est telle que « certains salariés » en viennent « à faire cause commune avec le capital ». Avec la montée de la finance, le « capitalisme néolibéral » aspire même à « une possession intégrale des individus ». Pourtant, dans le même temps, il est conduit à valoriser la libre créativité des producteurs et de fait à mettre en cause de lui-même « le salariat comme rapport de subordination hiérarchique ». C’est dans cette contradiction que le communisme pointe son nez. Un communisme qui ne se réduit pas à la seule « transformation du régime de propriété » et qui doit compter avec « les passions » afin de maîtriser celle de dominer, ce dont la « sortie des rapports sociaux du capitalisme » ne nous prémunit pas.

L’ouvrage est donc ambitieux, mais il appelle le débat. Ne peut-on notamment y noter une vision unilatérale des rapports de pouvoir ? Dans la relation du travailleur à son employeur, dominée certes par la loi du profit, le second est aussi dépendant du premier. Et c’est notamment de cette ambivalence que les transformations sociales et les révolutions tirent leur force.  Pierre Ivorra

(1) Il participera dimanche, à 15 heures, à un débat au stand des Amis de l’Humanité.

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*) Le temps accéléré des sociétés modernes

Autour du thème paradoxal de l’accélération, Harmut Rosa décrypte les transformations de la temporalité et des individus confrontés au changement technique et social. Accélération. Une critique sociale du temps,d’Harmut Rosa, traduit  de l’allemand par Didier Renault. Éditions La Découverte, 2010, 476 pages 27,50 euros.

«Tout va de plus en plus vite. » Les clichés intéressent le sociologue, mais que vaut celui-là ? Que signifie « accélérer » pour des choses aussi diverses que progrès scientifique et technique, production et échanges, circulation de l’information, rythmes de vie ? Tout n’accélère pas : il y a des pôles de résistance et des décélérations induites par l’accélération générale. Le processus obéit à une logique systémique, mais paradoxale : on attendrait que l’accélération du progrès technique relâche la pression sur nos emplois du temps. Or, plus les choses se font vite, plus on manque de temps ! L’accélération définit la modernité. Mais si la modernité « classique », avec l’essor du capitalisme, enclenche le processus à l’aide de dispositifs tels qu’État, droit et administration centralisée, la modernité « tardive » voit là des freins qu’il importe au même capitalisme de desserrer, voire de supprimer (protection sociale, Code du travail). L’accélération caractérise la technique, le changement social et les rythmes de vie. L’ouvrage en étudie les manifestations, les causes puis les conséquences. Refusant toute explication unique, l’auteur, sans nier l’importance du facteur économique, critique une certaine tradition marxiste, et réévalue les facteurs culturels, en particulier religieux : si l’idée de vie éternelle s’efface, il importe de faire de la vie terrestre l’accumulation du maximum d’expériences. L’analyse des conséquences porte sur les identités individuelles et collectives, appelées à se redéfinir, voire se dissoudre. Ensuite sur la politique, menacée par des effets analogues, qui pourraient s’avérer meurtriers : la démocratie est inséparable de procédures de délibération et de décision qui prennent du temps. D’autres paradoxes surgissent : à la gauche, hier « parti du mouvement », s’opposait le « parti de la résistance »?; les progressistes actuels affichent une préférence pour la décélération, voire la décroissance, tandis qu’à droite, on fustige l’immobilisme ! Un livre dense, riche, bien traduit. On regrette l’absence de propositions stratégiques adaptées à une situation dont l’auteur ne dissimule pas les dangers. Si le cliché mentionné au début est validé, et il l’est, on voit mal comment on pourrait continuer longtemps comme ça. Patrick Dupouey, philosophe.

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*) Du bon usage de Rosa Luxemburg

Le sociologue David Mulhmann analyse l’héritage démocratique laissé par la révolutionnaire allemande qu’il inscrit dans une réflexion sur la pensée radicale contemporaine  Réconcilier marxisme  et démocratie,  de David Mulhmann,  Éditions du Seuil, 328 pages, 19,50 euros

 Il faut lire le livre de David Muhlmann : les plus âgés y trouveront un rappel utile de l’histoire intellectuelle et politique du mouvement ouvrier, les plus jeunes commenceront ou continueront de l’apprendre. Cette histoire est évoquée en suivant l’un de ses personnages clés : Rosa Luxemburg (1871-1919), l’une des grandes figures féminines de l’histoire moderne, assassinée sur les ordres de la social-démocratie allemande. Le livre contient deux grandes parties : la première est un récit de la vie et de la pensée de la grande révolutionnaire, la seconde est faite d’entretiens avec des intellectuels marxistes du monde entier. Les deux parties nous disent ce que fut le cœur de l’œuvre pratique et théorique : lier toujours marxisme et démocratie. Elles posent la question de ce que peut nous apporter, aujourd’hui, la compréhension historique des textes. Trois points, qui appartiennent à l’histoire passée et présente, peuvent être retenus : 1. Rosa Luxemburg avait saisi très tôt, et à la suite de Marx, la mondialisation du capitalisme, effet nécessaire de la quête des profits par l’abaissement du prix contre le concurrent, donc cet impérialisme se manifestant par le pillage des matières premières des pays dits non encore développés, par le désir d’arracher partout des marchés, et par conséquent, aussi, idée originale, et sans doute pertinente, de maintenir des économies non développées afin que le système n’explose pas sous le poids d’une concurrence trop forte. 2. Face au capitalisme mondial, qui mène une lutte de classes internationale, la réponse ne peut pas être que nationale, cette réponse doit être également internationale, ou alors, à un moment ou à un autre, l’échec surviendra, sous une forme ou sous une autre. La révolutionnaire s’opposa au chauvinisme national, et son hostilité à la guerre de 1914-1918 fut toujours radicale. À quoi il faut ajouter que la lutte pour la révolution passe ou peut passer par la lutte pour des réformes, mais qu’alors il est important de bien déterminer la nature de ces réformes. 3. Le ou les partis qui mènent les luttes ne peuvent être que les « grands poteaux indicateurs » qui montrent les directions à suivre, et non pas les détenteurs de la vérité de ce que doivent accomplir les masses. Rappelons cet extraordinaire mot qu’elle eut en 1918, mot qui n’en fait pas d’elle une démocrate en un sens vague, mais une communiste : « La liberté, c’est toujours la liberté de celui qui pense autrement. » Comme a pu le dire l’un des auteurs interrogés dans la seconde partie : l’héritage de Rosa Luxemburg peut être une « passerelle entre les expériences du passé et les promesses de l’avenir ». Hervé Touboul, philosophe

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*) « Repenser l'individualité » Par Robert Charvin, professeur émérite de l'université de Nice

Le Capitalisme contre les individus. Repères altermondialistes, d'Attac France. Éditions Textuel. 2010, 144 pages,9,90 euros. Ce petit ouvrage publié par le groupe d’Attac Individualisme contemporain sort opportunément dans une période où le capitalisme financier a produit des sociétés magmatiques où toutes les structures sont atomisées et les liens sociaux restreints par une concurrence destructrice. Attac entend réhabiliter la notion d’individualisme en surmontant le malaise résultant dû au fait qu’elle est accusée de tous les maux par le courant progressiste lui-même. Il s’agit de renouer le fil avec une tradition anarchiste, socialiste et marxiste contre le capitalisme qui fabrique un individu aliéné et qui l’accuse de surcroît d’être seul responsable de ses comportements, comme s’il était une « unité isolée » : c'est l’État pénal régressif qui est ainsi légitimé. « Le socialisme est l’individualisme logique et complet », écrivait Jean Jaurès. L’un des auteurs du présent ouvrage, Philippe Corcuff, tout en dénonçant l’invention illusoire de l’homo economicus, s’efforce de « repenser les rapports entre l'individu et le collectif », à l'aide de Marx, d'Elias et de Bourdieu. L’« approche relationniste de l'individualité » est ainsi une réponse à l’offensive vulgaire du sarkozysme et autre berlusconisme qui se sont fait une spécialité de tirer au plus bas dans le monde des idées. Les autres auteurs de cette réflexion stimulante sont Claude Calame, Christine Castejon, Albert Richez (disparu en 2009), Stéphane Treillet et Jacqueline Pénit-Soria.L’intention des auteurs n'est pas sans rappeler l'effort de Lucien Sève avec son Je publié dans les années soixante-dix par les Éditions sociales. Robert Charvin

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*) La culture communiste en de fiers combats

L'universitaire Régis Antoine retrace les parcours de quelques grandes figures intellectuelles du XXe siècle, en estimant l'héritage à l'aune de l'engagement anticapitaliste.  La Culture communiste  en France, de Régis Antoine,  Éditions Le Temps des Cerises, 2010, 236 pages, 15 euros. L ’intérêt premier de cet ouvrage est de nous restituer tout un aspect de notre culture que l’institution universitaire et les médias dominants ont tendance, spécialement depuis la fin du système soviétique, à occulter : la présence forte d’une expression communiste dans la littérature française, qu’il s’agisse de la grande littérature (Aragon, Breton, Césaire, Malraux) ou de la littérature populaire, dont il ne faut sous-estimer ni la qualité ni l’impact sur les consciences. Cette « parole » a mis en forme des concepts politiques en leur imposant une retraduction, inspirée par le marxisme, qui leur a insufflé une signification progressiste. C’est ainsi que l’idée de peuple a cessé d’être mythifiée pour devenir l’occasion de descriptions lucides révélant les inégalités de classe, les souffrances et l’aliénation des hommes ordinaires comme chez Nizan. Ou encore que la nation a été débarrassée de son encombrant héritage patriotique qui poussait les hommes à se faire la guerre dans l’intérêt des seuls possédants et que les surréalistes, mais aussi la poésie et la chanson de rue, ont su dénoncer avec violence et humour. La nation devint alors un lieu de pouvoir collectif et une base de défense des peuples opprimés que la littérature anticolonialiste (voir Frantz Fanon) a pu exalter. Exit donc l’idée réactionnaire d’un Barrès militant pour l’enracinement dans la Terre et vive la formule magnifique d’un Martin du Gard affirmant qu’un « homme dépatrié n’est pas inconcevable ». Mais ce livre a un autre intérêt, inestimable à nos yeux : celui de prendre la mesure positive de ce qu’a été l’action des intellectuels communistes tout au long du terrible XXe siècle. Sans tomber un seul instant dans l’hagiographie – le stalinisme est une horreur et ceux qui l’ont soutenu sciemment sont dénoncés  –, Régis Antoine montre que leurs écrits ont accompagné ou inspiré des engagements justes la plupart du temps, dont la générosité, l’intégrité, le sens de la justice, le refus du malheur que le capitalisme secrète, ont été les motifs. L'auteur met ainsi en avant, dans un très beau parallèle avec Nizan, la figure brillante de Paul Vaillant-Couturier s’engageant auprès du prolétariat et y sacrifiant une part de sa vocation littéraire, et il décrit le combat obscur des communistes au début de la Seconde Guerre mondiale ou celui des engagés en Algérie sapant à leur manière cette guerre injuste. Enfin, Aimé Césaire a droit à une brillante analyse indiquant comment il a combiné la lutte pour l’universel et la défense tenace de l’identité martiniquaise. Alors qu’un peu partout on s’attache à salir l’idée communiste sous toutes ses formes, il faut saluer cette réhabilitation à la fois exacte, érudite, incisive et audacieuse. L'ouvrage de Régis Antoine sera présenté en avant-première à la Fête de l'Humanité. Yvon Quiniou, philosophe

http://www.humanite.fr/node/452523

 

*) Interpréter, aimer et agir, selon Paul Ricœur

Des articles et conférences du philosophe chrétien donnent à lire sa conception de l’art de l’herméneutique comme expérience pratique de l’appropriation sensée du monde.  Amour et Justice,  de Paul Ricœur, 2008,  réédition Points, 5,50 euros ; Écrits et conférences 2 sur l’herméneutique, Éditions  du Seuil, 316 pages, 2010, 22 euros. Cinq ans après la mort du philosophe Paul Ricœur, plusieurs articles et conférences viennent de paraître en français. D’abord, une réédition d’Amour et Justice datant de 1989, rappelant la responsabilité des intellectuels dans la promotion de la paix entre les hommes et les peuples. Lorsque les deux concepts d’amour et de justice étaient présentés en conflit, il ne pouvait y avoir de pont entre la pratique individuelle de l’amour du prochain et la pratique collective de la justice qui établit l’égalité et l’équité. Sous ce titre, et non plus amour ou justice, Paul Ricœur démontre la proportion, les liens, la dialectique très profonde, la tension vivante et féconde entre amour et justice qui se fait jour au moment de l’action. Cette réflexion est complétée par deux articles sur des thèmes proches : « Le soi dans le miroir des Écritures », et « Le soi mandaté. À l’école des récits de vocation prophétique. » Ricœur défendait déjà une conception originale du mal opposée à « L’ontologie de la compréhension » de Heidegger : « Expliquer plus, c’est comprendre mieux. » Toute appropriation inclut toujours l’expérience de la distanciation. Le point essentiel est le suivant : l’amour est un acte positif en ce sens qu’il est « un mouvement passant d’une valeur inférieure à une valeur supérieure de l’objet ou de la personne éclatant soudain au-dessus de nous, tandis que la haine se meut dans la direction opposée  ».   Ensuite, vient de paraître un recueil de quatre conférences réunies sous le titre le Problème de l’herméneutique, prononcées à Florence en mai 1988 et éditées jusqu’ici en traduction italienne. Ricœur y condense les étapes de son cheminement vis-à-vis de l’herméneutique. Pour les non-philosophes, le mot pourrait bien n’évoquer que son proche voisin dans le dictionnaire, l’adjectif hermétique. Pourtant, comme le bourgeois gentilhomme faisait de la prose sans le savoir, nous sommes tous aujourd’hui des apprentis « herméneutes ». Lorsque nous nous rapportons aux textes que nous lisons, aux actes que nous posons, au sujet que nous sommes, nous mettons en effet en pratique l’art de l’interprétation. Cet art ne saurait constituer ni une technique pouvant être enseignée ni, à plus forte raison, un savoir digne de ce nom. Quelles qu’en soient les formes (symboles, mythes, textes, actions) il s’agit d’une manifestation des volontés individuelles dont la résultante ambiguë est quelque chose que personne n’a voulu. Ces recueils d’articles développent une « pelote » herméneutique avec la place du symbole et de la métaphore, le chemin qui s’effectue du symbole au texte, puis du texte à l’action. L’herméneutique qui se situe dans la compréhension de soi est un puissant antidote théorique contre tous les fondamentalismes qui croient pouvoir  « réduire » les textes à des slogans. Arnaud Spire

http://www.humanite.fr/node/452343

 

 

 

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         &               Une autre Europe est possible                   &

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*) « L’Europe, et les retraites »  Par Maurice Ulrich

En 2006, le Monde consacrait une pleine page à l’Irlande et à son «miracle» : «meilleure élève de l’économie européenne». Aujourd’hui, l’Irlande fait partie des Piigs, les porcs, ce lamentable jeu de mots des places boursières désignant les pays les plus fragiles économiquement de la zone euro. Portugal, Italie, Irlande, Grèce, Espagne (Spain). Comme il en fut dans l’Odyssée pour les compagnons d’Ulysse, les marchés financiers ont le pouvoir en effet de changer des pays en porcs. Il y a moins de quatre ans l’économie irlandaise était saluée par l’Europe ultralibérale. Déréglementation, baisses massives des impôts, réduction drastique du périmètre de l’intervention publique. Des charges sur les entreprises ramenées à un pourcentage de 12,5% contre 50% en France, des impôts sur les sociétés divisés par trois… Résultat, une course effrénée à la rentabilité financière, une bulle immobilière qui éclate. Les Irlandais payent la note, et pour cela on leur applique encore les mêmes recettes ultralibérales, et les agences de notation tiennent le pays sous haute surveillance. Les peuples contre les marchés. C’est bien à une échelle planétaire l’enjeu des années de crise que nous vivons. En Europe, dans tous les pays, ce sont désormais les marchés qui décident avec le concours zélé des États et des gouvernements. Face à cela, les résistances grandissent. Aujourd’hui en Espagne, ce sera la grève générale et sans doute une énorme manifestation à Madrid. On attend une puissante manifestation à Lisbonne. Pour la France, l’Allemagne et l’Europe du Nord, c’est aujourd’hui à Bruxelles, avec les syndicats réunis de tous les pays d’Europe. Manifestations également dans plusieurs pays à l’Est, manifestations en Italie où les syndicats annoncent une prochaine grève générale. Un seul chiffre : le nombre de chômeurs en Europe a augmenté de 40% depuis 2008. L’Europe s’est construite jusqu’alors par en haut, en se calquant sur les besoins du capital. Une autre Europe peut se construire, fondée sur les aspirations des travailleurs et des peuples, sur l’emploi, sur une véritable harmonisation sociale dans le sens du progrès. C’est la portée de cette journée exceptionnelle. Une nouvelle Europe peut y faire ses premiers pas. Il y a urgence. La Commission européenne avec son agenda 2020 entend durcir encore ses directives libérales jusqu’au contrôle a priori du budget des États et des sanctions aggravées. En France, les dernières mesures annoncées concernant l’assurance maladie s’inscrivent évidemment dans le tableau. Au total il s’agit bien de livrer aux marchés une part croissante de l’immense niche de profits de la santé. Ce n’est pas l’argent qui doit servir la santé mais c’est la santé qui doit servir l’argent. La journée d’action européenne d’aujourd’hui précède de trois jours la nouvelle journée d’action sur les retraites de samedi. Est-il besoin de souligner à quel point ces deux journées sont liées ? La réforme des retraites en France est requise par les agences de notation. Les marchés, l’Europe du capital l’exigent, le gouvernement Sarkozy la veut, mais la France résiste. Pour nombre de médias, le sort de François Fillon semble plus important que le nombre de manifestants que le gouvernement affecte de voir en baisse. Les communiqués de la guerre sociale n’échappent pas à la loi du genre. Mais la réalité est autre. La diversité comme la détermination de toutes celles et ceux qui se sont retrouvés, côte à côte, dans la rue sont considérables. C’est un mouvement de fond, il peut encore grandir. La victoire est possible et elle porterait loin.  L’Europe s’est construite jusqu’alors par  en haut, en se calquant sur les besoins du capital.

Maurice Ulrich

http://www.humanite.fr/28_09_2010-l%E2%80%99europe-et-les-retraites-454444

 

*) Euromanifs à Bruxelles : les explications de John Monks

John Monks est secrétaire de la Confédération européenne des syndicats (CES), qui convoque des euromanifestations à Bruxelles et dans toute l’UE contre les plans d’austérité.

--- L’euromanifestation de mercredi fait suite à des mouvements sociaux dans différents pays. Qu’ont en commun ces mobilisations ?

- John Monks. L’austérité. Les salariés ne veulent pas payer pour l’avidité et les erreurs des banquiers. Les gouvernements cherchent à couper dans l’État social, dans les dépenses publiques, et dans certains cas, à revenir sur les droits des travailleurs. La tendance générale en Europe, à l’exception de la Belgique, est aux réductions de dépenses publiques. Ironiquement, la France a été l’une des dernières à tailler dans les dépenses publiques. Mais avec sa réforme des retraites, et en signalant que son prochain budget va être de rigueur, Paris peut maintenant être considéré comme un membre à jour de cotisation du club de l’austérité.

--- Certains pays sont-ils davantage touchés que d’autres ?

- John Monks. Nous disons que c’est la pire crise en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. En réalité, c’est la pire crise pour l’Europe occidentale. Ce n’est pas la pire crise pour la Roumanie ou la Bulgarie, qui ont déjà connu des moments très graves. J’ai l’impression que les peuples d’Europe centrale et orientale acceptent davantage le sort qui leur est fait que ceux d’Europe de l’Ouest. On le voit par exemple en comparant la Grèce et la Hongrie. D’un autre côté, certains pays occidentaux restent très calmes. Si vous regardez le chômage des jeunes en Suède (25,3 % – NDLR), on ne remarque pas beaucoup de problèmes dans les banlieues.

--- Quels sont les risques encourus ?

- John Monks. Les gouvernements utilisent l’occasion. « Ne gâchez jamais une bonne crise », disait quelqu’un. L’Espagne, où il y aura une grève générale ce mercredi, est un exemple classique. Le gouvernement (de José Luis Zapatero – NDLR) utilise la crise pour augmenter l’âge du départ à la retraite et changer les règles de la négociation collective. Il tente d’abolir la négociation au plan régional pour qu’elle s’exerce au niveau de l’entreprise. Cela n’a rien à voir avec l’austérité. Cela concerne les relations sociales espagnoles.

--- Ces derniers mois, vous avez haussé le ton face à certaines décisions européennes. Pensez-vous qu’on reproduit les politiques qui ont conduit à la situation actuelle ?

- John Monks. Oui. Le niveau européen a toujours été marqué par la tension entre libre marché d’un côté, et droits sociaux de l’autre, entre Europe libérale et sociale. En raison de la crise, les gouvernements imposent l’austérité. L’autre jour, en Grande-Bretagne, je parlais de l’année 1942. Personne ne disait : « Remboursez la dette, c’est notre priorité. » Le Royaume-Uni n’a fini de payer les dettes contractées pendant la guerre qu’en 2007. Je suis né en 1945, je ne peux dire que je n’aurais pas dû payer. Cela a été fait, grâce à la croissance et à l’inflation. Maintenant, l’Europe libérale cherche à couper dans l’État social, à soutenir le marché, en lui imposant moins de restrictions. Nous devons défendre ce que nous avons déjà. Selon nous, pendant les deux premières années de la crise, les gouvernements ont plutôt bien agi. Ils ont continué à dépenser, ont maintenu les droits des travailleurs, conservé l’État social et investi. Le chômage n’a pas trop crû. Mais avec l’effondrement de la Grèce, ils ont paniqué et se sont tournés vers les recettes de l’Europe libérale.

--- Quelles sont vos propositions ?

- John Monks. Nous voulons qu’on entende notre voix. Depuis l’effondrement de la Grèce, la seule voix qui est entendue est celle du marché des obligations (de la dette – NDLR). Nous voulons une réponse européenne à la crise, que les forts aident les faibles. Pour cela, il faut émettre des eurobonds (des titres de dette européens – NDLR), soutenus par toute l’Europe, afin que la Grèce n’ait plus à payer 8 % de taux d’intérêt. Nous voulons une taxe sur les transactions financières, un programme européen pour les jeunes, des investissements dans les technologies renouvelables, avoir une politique industrielle à même de créer les emplois du futur. Nous appelons à un New Deal social qui inclut tous ces éléments. Les riches doivent payer leur part, et non pas cacher leur argent à Monte Carlo, Jersey ou dans d’autres paradis fiscaux.

--- Pour certains, le modèle social européen est trop coûteux. En quoi est-il un facteur de croissance ?

- John Monks. Quand les banques, le capitalisme occidental faisaient face à une expérience de mort imminente, les systèmes sociaux européens se sont révélés être un point fort, un « stabilisateur économique ». Même s’ils étaient au chômage, les gens continuaient de recevoir les allocations, consommaient. C’est une grande différence avec 1931. Mais, avec la panique concernant le remboursement de la dette, la situation a changé. Et les gouvernements coupent dans les dépenses d’éducation, de santé, réduisent les droits aux allocations. C’est la pire des choses à faire. Au contraire, il faut investir dans le futur, et le faire ensemble, afin que les forts aident les faibles dans cette crise.

--- Pourquoi une mobilisation au niveau européen ?

- John Monks. Nos membres nous ont fait part du même type de pression dans les différents pays. Alors, nous avons fait cette proposition. Les gens l’attendaient. Et il y a même des pays qui ne sont pas mobilisés pour le 29 septembre, qui mobiliseront en octobre. Donc ce n’est pas la fin, c’est le début de quelque chose, tant au niveau national qu’européen.

--- C’est la première fois qu’un rassemblement européen semble rencontrer un tel écho.  À quoi est-ce dû ?

- John Monks. Nous avons organisé des euromanifestations par le passé. Mais cette fois-ci, la publicité est tout autre. La position de la CES n’est pas stupide : nous essayons d’éviter une crise similaire à celle de 1931. Et en cela, nous sommes d’accord avec d’éminents économistes comme Paul Krugman et Joseph Stiglitz. Nous nous battons pour la croissance. Les gouvernements – majoritairement de centre droit mais pas seulement – vont l’utiliser pour changer les choses de manière permanente en notre défaveur. Je suis frappé par l’Espagne. Les Espagnols auraient pu supporter une période d’austérité. Mais ils ne peuvent pas supporter un système de négociation collective à moitié détruit. C’est cela qui nous met vraiment en colère.

Bruxelles, envoyé spécial. Entretien réalisé par Gaël De Santis

http://www.humanite.fr/28_09_2010-euromanifs-%C3%A0-bruxelles-les-explications-de-john-monks-454453

 

*) Notation : l’agence Moody’s veut punir l’Espagne

Au lendemain d’une grève massive,  l’agence de notation américaine annonce une dégradation de  la note du pays. Madrid (Espagne), envoyé spécial. Les marchés financiers ont donné hier leur propre appréciation de la réussite de la grève générale espagnole de mercredi à l’appel des syndicats. Alors que les milieux patronaux, la droite espagnole et la plupart des journaux assurent que le mouvement a été « un échec », l’agence de notation américaine Moody’s vient de rendre public son propre jugement en retirant sa note maximale AAA à l’Espagne, appelant les investisseurs de la planète à punir le peuple espagnol, coupable de résistance, en rendant ainsi plus chères les conditions du crédit à l’économie espagnole. Que cette appréciation intervienne au lendemain d’une grève massive et le jour même de la présentation devant le Parlement par le gouvernement socialiste d’un budget de super-austérité ne doit rien au hasard. Les grandes places financières veulent les oreilles et la queue du taureau espagnol jugé trop remuant en son arène. Les raisons invoquées par l’agence de notation méritent quelques ruades. Pour justifier son appréciation, elle invoque les « faibles perspectives de croissance du pays », estimée à 1 % par an en moyenne. Autrement dit, elle reproche à l’Espagne la faiblesse de son activité alors que celle-ci est justement due aux mesures d’austérité et de soutien aux profits qu’elle réclame ! L’agence nous fait savoir cependant que « la détermination du gouvernement à réduire à court terme son déficit public est un facteur important dans la décision de Moody’s de limiter la dégradation de la note de seulement un cran et d’attribuer une perspective stable ». L’appréciation apparaît ainsi pour ce qu’elle est : à la fois un vulgaire chantage et une absurdité. Le budget présenté jeudi au Parlement est « le plus austère de ces dernières années », a prévenu la ministre de l’Économie, Elena Salgado. L’objectif premier est de réduire le déficit public de 11,1 % du PIB à 3 % en 2013. Pour cela, il est prévu une diminution de 7,9 % des dépenses de l’État, hors dépenses financières. Comment dans ces conditions sera-t-il possible à l’Espagne de retrouver le chemin de la croissance ? Le comble est que Moody’s et les autres agences de notation internationales prétendent obtenir une baisse de la dépense publique alors que ce dont souffre le plus l’économie espagnole est un endettement extérieur considérable du secteur privé, des entreprises de la construction et de l’immobilier et des banques. La dette publique ne représente que 20 % de la dette extérieure totale du pays. Moody’s veut faire payer aux Espagnols le prix d’une spéculation immobilière qui, si elle a mis le pays à genoux, a enrichi les grands groupes et les gros investisseurs espagnols et… internationaux. Pierre Ivorra

http://www.humanite.fr/30_09_2010-notation%E2%80%89-l%E2%80%99agence-moody%E2%80%99s-veut-punir-l%E2%80%99espagne-454698

 

*) Espagne : pourquoi le succès de la grève générale commence à bousculer la donne

L’ampleur de la grève générale de mercredi, illustration d’une conflictualité renaissante, va peser sur les choix du gouvernement Zapatero. Elle conforte aussi la recherche de perspectives nouvelles à gauche. Madrid, envoyé spécial. Mercredi, jour de la grève générale en Espagne, les dirigeants des deux grandes centrales syndicales du pays (les commissions ouvrières (Ccoo) et l’UGT), qui recueillent plus de 80 % des suffrages aux élections professionnelles, ont insisté dans leurs déclarations sur le sens de leur action. Ils demandent au gouvernement de Zapatero de changer de politique économique et sociale, ils ne réclament pas son départ. Cependant, agacé par l’insistance des médias sur ce point, Ignacio Toxo, secrétaire général des Commissions, a fini par lâcher : « Nous ne demandons pas qu’il s’en aille, mais c’est à lui de dire s’il veut rester ou pas. » Ces propos illustrent le fossé qui s’est creusé depuis le développement de la crise économique entre les organisations syndicales et le pouvoir, et plus profondément entre celui-ci et sa base sociale. La grève générale a été un succès et va peser sur les choix économiques et sociaux de l’équipe au pouvoir. Elle va montrer à la droite et au patronat, à l’affût, que le discrédit croissant du Psoe ne leur ouvre pas pour autant un monde de possibilités. Mais elle est aussi le signe d’une évolution, du tout début d’un changement dans le paysage politique espagnol avec la réapparition d’une conflictualité sociale et les prémices d’un débat alternatif aux orientations néolibérales de la droite et du Psoe, qui se sont succédé au pouvoir depuis la chute du franquisme. Il n’est pas sans signification que, la veille de la grève, lors d’un rassemblement des piquets de grève des deux grands syndicats à la Puerta del Sol, la place la plus célèbre de Madrid, Ignacio Toxo, des Ccoo, ait à la fois réclamé un changement d’orientation du gouvernement et salué l’action du Parti communiste d’Espagne et d’Izquierda Unida qui, au Parlement, ont voté contre la réforme du Code du travail, à l’origine de la grève. Il ne s’agit évidemment pas de prêter à ces propos un sens qu’ils n’ont pas. Ils témoignent seulement du souci dans le mouvement social de rechercher des solutions alternatives, d’échapper à la dictature des marchés et d’encourager les forces de gauche à travailler pour ouvrir des perspectives nouvelles. « Le mouvement syndical ne peut pas se substituer aux partis politiques », me confiait un dirigeant des commissions, Javier Doz, le responsable aux relations internationales du syndicat, dans le même temps où il me disait souhaiter un renforcement d’Izquierda Unida. Mais cette évolution dépasse le cadre espagnol. Michael Sommers, président du DGB, le grand syndicat allemand, venu apporter le soutien de la CES à l’action des travailleurs espagnols, après avoir souligné sa « déception » vis-à-vis de la politique conduite par le Psoe, a appelé les travailleurs de la péninsule « à aider le gouvernement à retrouver sa conscience sociale ». Pierre Ivorra

http://www.humanite.fr/30_09_2010-espagne-pourquoi-le-succ%C3%A8s-de-la-gr%C3%A8ve-g%C3%A9n%C3%A9rale-commence-%C3%A0-bousculer-la-donne-454691

 

*) Des dizaines de milliers de manifestants à Bruxelles

Des dizaines de milliers de personnes défilaient mercredi après-midi dans les rues de Bruxelles pour protester contre les programmes d'austérité en Europe, une manifestation en marge de laquelle la police a procédé à plusieurs arrestations préventives.

La police ne devrait pas être en mesure de fournir une estimation avant la fin d'après-midi, selon son porte-parole Christian de Coninck, mais certains représentants syndicaux sur place parlent déjà de plusieurs dizaines de milliers de participants. Entre 80.000 et 100.000 personnes étaient initialement attendues pour cette manifestation, organisée par la Confédération européenne des syndicats (CES) dans le cadre d'une journée d'action dans plusieurs pays, ce qui en ferait la plus importante manifestation de ce type à Bruxelles depuis décembre 2001. «Les travailleurs sont dans les rues aujourd'hui avec un message clair pour les dirigeants de l'Europe: il est encore temps de ne pas choisir l'austérité, encore temps de changer de direction», a commenté avant le départ John Monks, le secrétaire général de la CES. Il prévient en effet que la mise en place des mesures d'austérité prises dans la plupart des pays européens pour réduire les déficits «vont avoir un effet désastreux sur les individus et sur l'économie». Les syndicats espèrent envoyer un signal à la Commission européenne, qui présente mercredi des mesures visant à infliger des amendes aux pays de la zone euro qui ne réduisent pas leur dette assez vite ou dépensent trop; mais aussi aux ministres des Finances de l'UE, qui se réunissent jeudi à Bruxelles.

http://www.humanite.fr/29_09_2010-des-dizaines-de-milliers-de-manifestants-%C3%A0-bruxelles-454518

 

*) Europe : La Commission sort le fouet

Les commissaires européens ont dévoilé hier le dispositif coercitif qu’ils proposent de faire adopter pour contraindre les États membres à enfiler la camisole de la rigueur.  Au moment même où l’euromanifestation passait sous ses fenêtres, la Commission européenne a proposé hier de se doter d’un arsenal de sanctions pour pouvoir mettre tout pays de l’UE en demeure de couper dans ses dépenses publiques sous couvert de faire respecter la discipline budgétaire. Bruxelles prévoit ainsi d’obliger chaque pays de la zone euro qui serait trop « laxiste » à un dépôt équivalent à 0,2 % de son produit intérieur brut (PIB). Il est précisé que ce dépôt serait rendu au pays « indiscipliné » lorsqu’il aurait corrigé son problème. Ou converti en amende s’il devait persister… La mesure, explique la Commission, s’adresse d’abord aux pays qui « dépensent trop » et s’écartent par conséquent « d’une politique budgétaire prudente » qui leur permettrait de revenir à moyen terme sous la limite du déficit public autorisée par la norme du pacte de stabilité (moins de 3 % du PIB). Bruxelles entend aussi sanctionner les pays qui ont dépassé le seuil d’endettement autorisé de 60 % du PIB et ne réduisent pas suffisamment vite leur dette pour revenir vers cette limite. Techniquement, il s’agirait, selon une formule dont seuls les eurocrates ont le secret, d’exiger une baisse de l’endettement à un rythme de 1/20e de l’écart entre leur dette et le seuil de 60 % par an. Tout État membre pris en défaut s’exposerait à l’ouverture d’une procédure qui déboucherait, comme en cas d’efforts insuffisants en matière de réduction du déficit, sur le versement d’un « dépôt » de 0,2 % du PIB, convertible en amende. On imagine sans peine les conséquences funestes d’un tel dispositif coercitif sur la reprise. Celui-ci doit encore être examiné par le Conseil des États membres, au sein duquel des désaccords se sont fait jour, notamment autour du degré d’automaticité des nouvelles sanctions.

Bruno Odent http://www.humanite.fr/29_09_2010-la-commission-sort-le-fouet-454564

 

*) Un signal pour la social-démocratie européenne

Les politiques sociales-libérales n’ont plus la cote au sein de la base des partis sociaux-démocrates européens. Dernière illustration en date, samedi, le Parti travailliste britannique a élu Ed Miliband, représentant de l’aile gauche, à sa tête. Ce tournant a été rendu possible par les statuts particuliers du Labour, qui accordent un poids important au vote des syndicats. Les trade-unions ont préféré Ed Miliband à l’héritier du blairisme, David Miliband. Ce dernier a remporté le vote des adhérents directs au parti et des députés. Ce n’est pas pour autant une volte-face du Labour. Le taux de participation des syndiqués n’a été que de 8,75 %.  Et à peine élu, Ed Miliband a nié « un virage à gauche » du parti. Le Royaume-Uni n’est pas le seul pays où les syndicats influent sur la ligne des formations de centre gauche. En 2008, les syndicats suédois ont poussé les sociaux-démocrates à faire alliance avec le Parti de gauche (ex-communiste). Mais cela n’a pas empêché la réélection de la droite, dimanche 19.  À la faveur de la crise, certaines directions de partis sociaux-démocrates sont obligées d’infléchir leur discours. En Italie, l’élection l’an dernier de Pierluigi Bersani à la tête du Parti démocrate a permis de sortir de l’ère de Walter Veltroni, qui souhaitait faire de son parti une formation centriste. Le mot « camarade » a été redécouvert et le dialogue a repris avec la Refondation communiste. Il ne faut pas s’y méprendre : Bersani reste partisan d’une plus forte libéralisation de l’économie. En Allemagne, le Parti social-démocrate tenait hier son congrès. La direction devait proposer un smic national  à 8,50 euros de l’heure, répondant ainsi aux revendications de certains syndicats. Mais, attention, ces virages à gauche ne concernent que des partis d’opposition. Quand elles sont au pouvoir, les formations membres du Parti socialiste européen poursuivent leur fuite en avant sociale-libérale. Le chef du gouvernement espagnol, José-Luis Zapatero, affrontera mercredi une grève générale contre sa réforme du marché du travail.  En Grèce, le Pasok s’est fait élire sur une ligne bien  à gauche en 2009, avant de respecter scrupuleusement  les consignes du Fonds monétaire international. Satisfaire une base que le social-libéralisme ne convainc plus et tenir une ligne de gauche une fois au pouvoir,  tels sont les dilemmes auxquels doivent répondre  les social-démocraties européenne et française. Gaël De Santis

http://www.humanite.fr/26_09_2010-un-signal-pour-la-social-d%C3%A9mocratie-europ%C3%A9enne-454262

 

*) Tournant à gauche au sein du Parti travailliste ?

Par surprise, Ed Miliband remporte les élections internes au Labour, notamment grâce aux syndicats. Cependant, il est minoritaire parmi les députés et les adhérents directs au parti. Sa marge de manœuvre est courte.  Quatre mois après sa cuisante défaite aux législatives, le Parti travailliste britan-  nique a élu un nouveau leader. Le choix inattendu d’Ed Miliband, ancien ministre de l’Énergie et du Changement climatique, représente un abandon historique du New Labour, cette prolongation de l’expérience thatchériste, et une défaite pour les nostalgiques des années où Tony Blair a dirigé le parti et le pays. Ed Miliband, quarante ans, a rassemblé la plupart de ceux qui s’affichent à gauche dans le parti. Mais sa victoire s’est faite d’une courte tête : 50,65 % des voix en sa faveur contre 49,35 % pour son frère aîné, David, le candidat des blairistes et le préféré de Tony Blair lui-même. Avec un système électoral compliqué (trois groupes : membres individuels, députés et syndicalistes affiliés, qui ont le même poids dans la consultation), Ed Miliband a gagné grâce au soutien largement majoritaire des syndicalistes affiliés au parti et en dépit du manque de soutien de la plupart des parlementaires. Et il a fallu attendre le quatrième tour pour qu’il soit assuré du succès. Des leaders du mouvement syndical se sont aussitôt félicités de l’élection d’Ed Miliband. Tony Woodley, cosecrétaire général du plus grand syndicat, Unite, a déclaré : « C’est une réussite fantastique pour lui et pour la politique qu’il a promue. Sa victoire, inattendue il y a quelques mois, est une indication claire que le parti veut un changement. »

--- Combattre d'urgence les inégalités

Ed Miliband a pris la parole tout de suite après l’annonce du résultat, à la séance d’ouverture du congrès du Parti travailliste à Manchester, samedi. « Nous avons perdu les législatives et nous avons subi une sévère défaite », a-t-il déclaré. « Mon message au pays est le suivant : nous avons perdu votre confiance, nous avons perdu contact. Je sais que nous devons changer. Aujourd’hui, une nouvelle génération prend la direction du Labour, une nouvelle génération qui comprend l’appel au changement. » Ed Miliband a embrassé chaleureusement son frère dans la salle. Puis il n’a pas oublié de remercier poliment ses prédécesseurs, Tony Blair et Gordon Brown, dans une volonté de réunir un parti blessé par ses divisions. Mais le nouveau leader a affirmé que « l’ère du New Labour fait partie du passé ». Il a souligné la nécessité de combattre d’urgence les inégalités. Dimanche, il a esquissé dans sa première grande interview, à la télévision BBC, les axes du programme qu’il exposera mardi aux congressistes. Interrogé sur les mouvements sociaux en cours ou annoncés, il a estimé que « la grève est toujours une solution de dernier recours ». Il a réaffirmé son soutien aux allocations familiales menacées par les coupes budgétaires annoncées par la coalition au pouvoir. S’affichant en leader d’une « opposition responsable », Ed Miliband a assuré qu’il « n’allait pas s’opposer à chaque coupe budgétaire présentée par la coalition », mais qu’il jugerait au cas par cas. « Il faut réduire le déficit budgétaire, a-t-il convenu, mais à un rythme qui aide l’économie et ne la mette pas en péril. » Le nouveau patron du Labour s’est aussi dit favorable à un alourdissement des taxes sur les banques. Le congrès travailliste débat cette semaine de la riposte au programme de rigueur que veut imposer sur le pays la coalition des conservateurs et des libéraux-démocrates. Comment va réagir la nouvelle direction du Labour aux réclamations des syndicats qui font campagne pour défendre les services publics ? Il est sûr qu’Ed Miliband n’aura pas la vie tranquille ! Correspondance. Peter Avis

http://www.humanite.fr/26_09_2010-tournant-%C3%A0-gauche-au-sein-du-parti-travailliste%E2%80%89-454264

 

*) Ceuta et Melilla. Europe forteresse : le « j’accuse » des ONG

Cinq ans après la mort de onze migrants devant les barbelés de Ceuta et Melilla, les deux enclaves espagnoles au Maroc, des associations africaines et européennes se sont donné rendez-vous sur place pour exiger une autre politique. Oujda (Maroc), envoyée spéciale

Pour la première fois depuis ce que l’on nomme ici pudiquement « les événements de Ceuta et Melilla », l’association marocaine ABCDS organisait, mardi, à Oujda, une conférence internationale sur « les droits humains aux frontières ». Dans la nuit du 28 au 29 septembre 2005, 500 migrants subsahariens tentaient de franchir les hauts grillages barbelés des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, dans le nord du Maroc. Onze d’entre eux sont morts sous les balles des policiers marocains et espagnols. Cinq ans après, alors que le procès de ces crimes se fait toujours attendre, les murs érigés aux frontières de l’Europe, loin d’avoir disparu, s’érigent de plus en plus haut. De 3 mètres de hauteur il y a dix ans, les grillages de l’enclave de Ceuta atteignent aujourd’hui près de huit mètres…

 --- «C’est une guerre contre les migrants »

Outre les murs, l’Europe s’est équipée, depuis 2005, d’une véritable police à ses portes, l’agence Frontex. « C’est une guerre contre les migrants qui est en cours, explique Hagen Kopp, membre allemand du réseau No border. La militarisation des frontières s’étend de l’intérieur de l’Union européenne jusqu’aux pays extérieurs. » De 19 millions d’euros en 2006, le budget de cette agence s’est envolé pour atteindre les 89 millions l’an passé. « Les gardes-côtes utilisent le même matériel sophistiqué et technologique qu’en Irak et en Afghanistan contre des petits bateaux en plastique », témoigne Yorgos Maniatis, du réseau social d’aide aux migrants à Athènes. D’après les ONG, non seulement cette politique n’a aucune efficacité puisqu’elle est facilement détournée par les changements de routes migratoires, mais elle est extrêmement meurtrière : 14 000 morts dénombrés dans la mer Égée depuis le début des années 1990. Outre cette militarisation des frontières, les pays membres s’équipent d’un arsenal législatif de plus en plus répressif. Ainsi, en France, le projet de loi Besson, actuellement en discussion à l’Assemblée nationale, prend ici une triste résonance : allongement de la durée de rétention, interdiction de séjour pour les expulsés, etc. « Tout est fait pour réprimer encore plus », regrette Diane Kitmun, de l’association juridique Gisti.

--- «des sous-hommes, vivant dans les forêts »

Depuis cinq ans, les pays tiers comme le Maroc ont pris une place prépondérante dans cette « lutte contre l’immigration illégale » à travers la signature d’accords de réadmission. « Le Maroc est devenu le gendarme de l’Europe, regrette Hicham Baraka, de l’ABCDS. Les migrants subsahariens sont refoulés vers l’Algérie qui les refoule ensuite vers le Maroc. C’est un jeu de ping-pong insupportable. » Conséquence de telles politiques, depuis les morts de 2005, rien n’a changé ici, au Maroc, pour les migrants qui continuent d’affluer. L’un des survivants de Ceuta et Melilla, Fabien Didier Yene, qui raconte son histoire dans un livre tout juste publié (1), se souvient de son arrivée sur le sol marocain, en 2003 : « On était des sous-hommes, vivant dans les forêts et mangeant dans les décharges. » À son appel, une minute de silence a été observée pour ces « frères, morts pour avoir rêvé de lendemains meilleurs ». À Oujda, point de passage névralgique vers l’Europe, ils seraient actuellement 2 000 migrants subsahariens vivant dans des conditions déplorables en attendant « le passage » vers l’Europe. (1) Migrant au pied du mur,  Séguier, 25 euros. Marie Barbier

http://www.humanite.fr/06_10_2010-ceuta-et-melilla-europe-forteresse-le-%C2%AB%E2%80%89j%E2%80%99accuse%E2%80%89%C2%BB-des-ong-455251

 

*) Le yuan en première ligne au sommet UE-Asie

La devise chinoise est au centre des discussions au sommet de l’Asem qui se tient durant deux jours à Bruxelles. C’est bien la question du taux de change du yuan, la monnaie chinoise, qui va occuper une partie des discussions entre chefs d’État et de gouvernement, ou représentants des 46 pays européens et asiatiques rassemblés pour deux jours à Bruxelles. Officiellement, le sujet ne figure pas à l’ordre du jour du sommet de l’Asem, forum de dialogue mis en place depuis 1996 qui regroupe les 27 de l’UE, les 10 de l’Association de l’Asie du Sud-Est (Asean) ainsi que la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud et, pour la première fois cette année, la Russie, mais les Européens, à l’instar des États-Unis, entendent faire pression sur Pékin pour qu’il recadre sa devise. Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, et le commissaire aux Affaires économiques et Monétaires, Olli Rehn, s’en chargeront lors d’une rencontre avec le ministre chinois des Finances et le gouverneur de la Banque centrale chinoise. Et ce, quelques jours après que la Chambre des représentants américaine a adopté un projet de loi prévoyant des mesures de rétorsion commerciales contre Pékin et sa monnaie que les congressistes accusent d’être délibérément sous-évaluée. Pour calmer le jeu en Europe, le gouvernement chinois a déployé les grands moyens. Le premier ministre, Wen Jiabao, dans le cadre d’une tournée européenne, a fait escale à Athènes. Il s’y est engagé à un plan de soutien massif à la Grèce et il a promis d’acheter des obligations grecques à long terme dès lors que le pays reviendrait sur les marchés financiers. À elle seule, cette promesse représente un soutien de taille qu’apprécie Bruxelles. Wen s’est dit aussi « convaincu qu’une Europe forte a un rôle irremplaçable » et prêt à contribuer à la stabilisation de l’euro. « J’ai très clairement dit que nous ne réduirons pas le nombre de titres européens détenus dans notre portefeuille », a-t-il répété. Pékin a en effet besoin de diversifier ses réserves en devises (pour le moment de 2 400 milliards de dollars), d’où une dépendance vis-à-vis du billet vert de plus en plus inquiétante pour la Chine, d’autant plus que Washington fait allégrement marcher sa planche à billets. Dominique Bari

http://www.humanite.fr/04_10_2010-le-yuan-en-premi%C3%A8re-ligne-au-sommet-ue-asie-455036

 

 

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         &             Un autre monde est possible               &

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*) « Comment inventer un cadre juridique international reconnaissant la dette écologique ? » Par Martine Laplante, Présidente des Amis de la Terre France, et Corinne Arnould, Présidente de Paroles de Nature.

Equateur: laisser le pétrole dans le sol, une idée (tout sauf) simple. Et si le meilleur moyen de lutter contre les changements climatiques était de laisser le pétrole sous le sol ? C’est l’Équateur qui a jeté le pavé dans la mare des négociations climatiques en proposant à la communauté internationale de ne pas exploiter une partie du pétrole situé autour et sous le parc national de Yasuni, au cœur de l’Amazonie, en échange d’une indemnisation financière. Une idée simple en apparence mais qui soulève de nombreuses questions. La proposition de l’Équateur a d’abord l’immense intérêt de venir agiter des négociations sur le climat qui s’enlisent doucement depuis l’échec du sommet de  Copenhague. Pour la première fois depuis la révolution industrielle au XIXe siècle, cette proposition pose la question de la sortie de l’ère des énergies fossiles et constitue en cela un formidable pied de nez aux pays riches incapables de remettre en cause leur modèle de développement. Car, pour l’instant, force est de constater qu’au rythme où se construisent les autoroutes et les aéroports les décideurs politiques semblent attendre d’avoir extrait la dernière goutte de pétrole de la Terre pour envisager la transition vers des sociétés radicalement plus sobres en énergie. Proposer de ne plus extraire de pétrole aurait peut-être le mérite de rendre plus visible et plus concret le spectre de la pénurie de pétrole inéluctable à plus ou moins long terme ? Pour autant, il nous paraît essentiel de souligner les ambiguïtés et les zones d’ombre de la proposition équatorienne. Le projet Yasuni ne prend sens que s’il s’inscrit dans une véritable politique nationale. Le piège serait, en effet, de faire de ce projet un écran de fumée qui masquerait l’expansion du front pétrolier ailleurs dans le pays. La nouvelle loi sur les mines et les hydrocarbures pourrait ainsi conduire à l’ouverture de plusieurs millions d’hectares de forêts aux compagnies pétrolières, alors même que des communautés autochtones s’y opposent. C’est le cas notamment du peuple Kichwa de Sarayaku, qui résiste depuis trente ans à l’oppression des compagnies pétrolières. La visite officielle du président Correa, début septembre, pour négocier un accord de coopération sur l’exploitation pétrolière avec la Corée du Sud est, à ce titre, un signal contradictoire envoyé à la communauté  internationale. Une des multiples autres questions que soulève la proposition équatorienne est celle de la généralisation de ce type d’initiative. Et oui, que faire si d’autres pays se manifestent avec des projets similaires ? Le projet Yasuni pourrait ouvrir une brèche dans le droit international et légitimer le chantage écologique : « Payez-moi ou je détruis tout. » Un risque à ne pas prendre à la légère quand on sait que, dans le cadre des négociations sur le climat, le Guyana ou la République démocratique du Congo ont menacé, le plus sérieusement du monde, de sortir les tronçonneuses pour raser les forêts si la communauté internationale ne les indemnisait pas. Alors que faire ? Faut-il ne pas soutenir le projet Yasuni, comme vient de l’annoncer l’Allemagne au prétexte que cela créerait un précédent juridique ingérable ? Nous ne le pensons pas, car c’est justement le propre des idées révolutionnaires de soulever autant de questions. Au contraire, nous pensons que le projet Yasuni devrait être une opportunité pour la communauté internationale d’ouvrir un véritable dialogue sur la dette écologique. Car, si nous devons tous faire face aujourd’hui aux conséquences des dérèglements climatiques et de la crise écologique, nous n’avons pas pour autant la même responsabilité historique. Le développement des pays du Nord n’a été possible que grâce à un accaparement des ressources naturelles des pays du Sud et à une occupation disproportionnée de l’atmosphère pour stocker notre pollution. Autrement dit, nous sommes les premiers responsables des dérèglements climatiques et il est légitime que les pays du Sud se tournent aujourd’hui vers nous pour nous demander davantage d’efforts pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. L’un des rares acquis du protocole de Kyoto a été d’essayer de reconnaître une partie de ce concept avec le principe de « responsabilité commune mais différenciée ». Pourtant, aujourd’hui, nous constatons qu’un pays comme les États-Unis, avec le silence bienveillant de l’Europe, exerce des pressions très fortes pour remettre en cause cette avancée. Il s’agit pour nous autant d’une faute éthique que politique.

Tant que les pays du Nord refuseront de reconnaître leur dette écologique vis-à-vis des pays du Sud, nous verrons surgir des propositions isolées, avec leur part d’incohérence, comme le projet Yasuni. Le véritable défi que pose le projet  Yasuni aussi bien aux pays du Sud qu’aux pays du Nord est donc celui de l’audace politique : arriverons-nous à construire un cadre juridique international reconnaissant la dette écologique et permettant aux pays du Sud de s’adapter à un monde (bientôt) sans pétrole ? Martine Laplante

http://www.humanite.fr/05_10_2010-equateur-laisser-le-p%C3%A9trole-dans-le-sol-une-id%C3%A9e-tout-sauf-simple-455076

 

*) Lutte contre la pauvreté : Comment Agir pour plus de justice fiscale internationale ? « Arrêter le pillage des pays du Sud » Par Catherine Gaudard, Directrice du plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire.

Une nouvelle occasion perdue dans la lutte contre la pauvreté : le sommet des Nations unies pour les objectifs du millénaire pour le développement s’est conclu avec beaucoup d’incantations, quelques promesses d’aide supplémentaire, en particulier 30 milliards d’euros pour la santé, et l’idée poussée par la France avec quelques autres pays d’avancer sur une taxe mondiale sur les transactions financières…

Il est désolant qu’un sommet des Nations unies finisse par ressembler à une grande loterie, où l’on vient voir, sur les 8 objectifs de réduction de la pauvreté, lequel sortira gagnant. Cette année, c’est la santé… Qu’en est-il de la faim, de l’éducation ? Comment accepter que les populations des pays du Sud dépendent d’une aumône consentie par quelques pays riches, fondations privées et entreprises multinationales, à l’esprit philanthropique et généreux ? Bien entendu, la charité et la générosité sont toujours les bienvenues. Et les engagements d’aide doivent être tenus, de préférence sans effet d’annonce ni jeu de loterie. Mais ils ne peuvent se substituer à la justice. L’idée des taxes mondiales, défendues depuis quinze ans par les organisations de la société civile, commence à prendre forme et, si elle était poussée au bout de sa logique, devrait permettre de libérer l’aide internationale de l’arbitraire actuel. Mais cela tarde encore, et l’Europe n’a pas choisi d’arriver au sommet en ayant mis en place quelques mesures concrètes à son niveau, afin de montrer l’exemple sans attendre que tous les pays du monde soient d’accord. Une chose est sûre, la lutte contre la pauvreté ne peut dépendre de l’aide, qu’elle soit traditionnelle ou « innovante ». Les pays pauvres seraient riches si leurs richesses n’étaient pas pillées, avec la complicité de certaines élites corrompues, par les pays riches et leurs entreprises. S’ils bénéficiaient des fruits de leur propre labeur et de leurs propres richesses, ils auraient bien moins besoin d’aide. Ainsi, l’Afrique ne profite guère de l’exploitation de son pétrole, de ses minerais et forêts, de ses matières premières agricoles, et perd chaque année des milliards d’euros qui disparaissent dans des comptes bancaires à l’étranger, via les paradis fiscaux. Pour l’ensemble des pays en développement, cette perte s’élève à 125 milliards d’euros de recettes fiscales chaque année, autant d’argent qui aurait pu permettre aux pays du Sud d’investir eux-mêmes dans le développement agricole, la santé ou l’éducation.

Agir pour plus de justice fiscale internationale doit donc être au cœur des stratégies de lutte contre la pauvreté. Cela passe par une mobilisation contre les paradis fiscaux et pour la transparence comptable des entreprises, lesquelles doivent déclarer leurs richesses là où elles les produisent, afin qu’elles y soient taxées. En cette période de crise, les excès de la finance dérégulée sont aujourd’hui montrés du doigt et au cœur de l’actualité. Le CCFD-Terre solidaire est mobilisé pour la justice fiscale depuis des années (1), aux côtés de nombreuses organisations de la société civile française et internationale. Mais la question est encore trop peu connue du grand public, alors qu’il faudra la mobilisation des citoyens pour que les décideurs agissent, en perspective du G20 qui se tiendra en France en 2011. Il est grand temps d’aider l’argent à servir à la lutte contre la pauvreté, en mettant un terme au scandale du pillage des richesses des pays pauvres.

 (1) Le CCFD-Terre solidaire lance une campagne de mobilisation « Aidons l’argent à sortir des paradis fiscaux ». www.aidonslargent.com

http://www.humanite.fr/26_09_2010-arr%C3%AAter-le-pillage-des-pays-du-sud-454267

 

*)  « Colonies : pour une appropriation mutuelle de l’histoire » Par Frédérick Genevée, Membre du Comité exécutif national du PCF, responsable des archives.

En quoi les archives sont-elles un enjeu actuel ?

Le collectif des centres de documentation en histoire ouvrière et sociale organise, à l’occasion du cinquantenaire des indépendances africaines, une journée d’étude sur les archives africaines dans les archives des syndicats et des partis de gauche (1). Plusieurs communications porteront sur le fonds du PCF déposé aux archives départementales de la Seine-Saint-Denis. Quel est, pour ce qui concerne le PCF, le sens de ce dépôt ? À Dakar, le 26 juillet 2007, Nicolas Sarkozy prononçait un de ces discours dont il a le secret. S’adressant aux « jeunes d’Afrique », il proclamait : « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain […] ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès […] Le problème de l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l’enfance. » Il faut le lire et le relire pour le croire. Mais comment expliquer une telle succession de clichés ? Absence de culture ? Sentiment de supériorité ? Volonté de culpabilisation pour mieux dominer ? Un peu de tout cela sans doute. Après une condamnation formelle de la colonisation qui aurait beaucoup pris mais aurait beaucoup donné en toute bonne foi, le président de la République si mal nommé fait la leçon aux Africains. Inutile ici d’argumenter sur la place de l’Afrique et des Africains dans l’histoire mondiale bien avant la colonisation. Mais cette période intéresse particulièrement les communistes. Notre parti est né entre autres de la lutte contre l’impérialisme et le colonialisme. Nous avons donc une histoire commune avec ces pays. Il ne s’agit pas non plus de mythifier, mais nous avons besoin de rappeler cette identité originale dans l’histoire de la gauche française. Elle n’a pas toujours été simple et notre conception de l’émancipation des peuples colonisés a évolué : de la lutte anti-impérialiste, de l’égalité des droits dans le cadre de la République à la lutte pour l’indépendance, notre longue histoire a été complexe et mérite d’être étudiée. Nos rapports avec les partis communistes et nationalistes n’ont pas toujours été exempts de centralisation et parfois de volonté de subordination, mais les communistes ont été au premier rang du combat et nombre de militants en ont souffert dans leur chair, parfois jusqu’à la mort. Aujourd’hui, le PCF met à la disposition de tous ses archives pour une étude sereine de cette histoire. Mais ce n’est pas seulement une mise à disposition. C’est une politique volontaire de coopération à égalité que nous recherchons. C’est le sens du protocole que nous avons signé avec le Parti communiste vietnamien pour un échange de reproductions d’archives. C’est le sens du dépôt des archives de la section de politique extérieure et de nombreux fonds de militants communistes anticolonialistes aux archives départementales de la Seine-Saint-Denis. Cette politique d’archives et ces échanges sur une base égalitaire sont des formes de la poursuite dans les conditions d’aujourd’hui de notre solidarité. C’est d’un échange dont nous avons besoin avec nos frères des anciennes colonies pour une appropriation de cette histoire commune. Nous ne sommes pas des donneurs de leçons à la mode présidentielle. Cette histoire ne nous concerne pas seuls, elle concerne nos sociétés respectives. Il n’est qu’à voir le déchaînement de haine à l’occasion de la sortie du film Hors-la-loi, car il y est question des massacres de Sétif. En cela, cette histoire intéresse encore nos combats d’aujourd’hui. Elle a valeur universelle.

 (1) Archives « africaines » des syndicats et partis français. Journée d’étude organisée par le Codhos

(Collectif des centres de documentation en histoire ouvrière et sociale), le 8 octobre, de 9 heures à 18 heures au Centre Panthéon, Salle 216 de l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne, 12, place du Panthéon  à Paris, métro Saint-Michel.

Frédérick Genevée

http://www.humanite.fr/01_10_2010-colonies-pour-une-appropriation-mutuelle-de-l%E2%80%99histoire-454805

 

*) Le président sud-africain exhorte ses alliés à « l’unité »

Le conseil général de l’ANC, cette semaine, à Durban, a débattu des choix économiques, après la longue grève des fonctionnaires sud-africains sur des questions salariales.  Quelle politique économique ? Après la longue grève des fonctionnaires pour la hausse des salaires, la controverse traverse depuis lundi, à Durban, le conseil général de l’ANC. Dès l’ouverture de cette réunion, à laquelle participent 3 000 délégués, le président sud-africain, Jacob Zuma, a tenu à réaffirmer son autorité sur un mouvement prématurément agité par les querelles de succession. Un rappel à l’ordre visant principalement la Ligue des jeunes de l’ANC et son sulfureux président, Julius Malema. Les exhortant à « l’unité », Jacob Zuma a surtout tenté de donner des gages à ses alliés du Parti communiste (SACP) et de la centrale syndicale Cosatu, à l’origine du puissant mouvement social de cet été. « Les gros titres de presse prédisant la mort prochaine de l’alliance sont une perte de temps, parce que l’alliance va vivre encore longtemps ! » a lancé le président. S’il a renoué avec la rhétorique qui lui avait assuré l’appui du SACP et de la Cosatu à son investiture lors de la conférence de Polokwane, en 2007, Jacob Zuma n’a toutefois pas repris les propositions de la gauche pour « une nouvelle croissance ». Au nom de la « stabilité » monétaire, il a par exemple écarté la perspective, avancée par la Cosatu, d’une dévaluation du rand, à son plus haut niveau depuis deux ans et demi. Autre sujet de confrontation, la nationalisation des mines, défendue par Julius Malema. Sur ce point, le dirigeant communiste Jeremy Cronin se dit opposé à des nationalisations qui se « limiteraient à une prise de contrôle bureaucratique étroite par l’appareil d’État ». À cette « propriété étatique », le SACP oppose l’idée de « socialisation ». L’ANC a confirmé, en revanche, la tenue d’une promesse phare de Polokwane : la création, dès 2012, d’une assurance maladie universelle.

http://www.humanite.fr/22_09_2010-le-pr%C3%A9sident-sud-africain-exhorte-ses-alli%C3%A9s-%C3%A0-%C2%AB%C2%A0l%E2%80%99unit%C3%A9%C2%A0%C2%BB-454093

 

*) Victoire du parti d’Hugo Chavez mais…

Le Parti socialiste unifié du Venezuela confirme sa place de première force politique du pays aux législatives. Il conserve la majorité absolue, mais une poussée de l’opposition  de droite l’empêche d’accéder  à la majorité  des deux tiers. Caracas (Venezuela), envoyée spéciale.

«Cette victoire retentissante nous appelle à nous unir, c’est une lutte longue, c’est une bataille qui ne finit pas. » Depuis le balcon du peuple du palais présidentiel de Miraflores, Aristobulo Isturiz, le chef de campagne du Parti socialiste unifié du Venezuela (Psuv), s’est adressé, lundi aux premières heures, aux militants venus célébrer les résultats des législatives. Selon les dernières projections, la formation du président, Hugo Chavez, devrait s’adjuger 97 des 165 sièges que compte l’Assemblée nationale. Si au terme de ce scrutin, le Psuv confirme sa place de première force politique du pays et bénéficie d’une majorité absolue, il bute sur l’un de ses objectifs, pourtant décisif, à savoir décrocher les deux tiers des députés, seuil permettant l’adoption de lois organiques de transformation des institutions. « Ce n’est pas seulement un jour d’élection mais un jour de leçon », avait déclaré, à la mi-journée, le président, Hugo Chavez, en référence à une participation inédite pour un scrutin législatif. Ces élections ont en effet mobilisé 66,45 % des électeurs contre à peine 40 % pour les précédents scrutins de ce type. Ce net recul de l’abstention tient aux défis relevés par chacun des deux camps. Le Psuv s’est employé à présenter cette élection comme une nouvelle étape de « la révolution bolivarienne », à l’œuvre depuis une décennie. L’opposition hétéroclite de droite a, quant à elle, mené campagne contre le « socialisme du XXIe » ou « le ravin du communisme », selon l’expression d’Antonio Ledesma, le maire de la grande agglomération de Caracas.

--- La droite remporte 39 % des suffrages

En revoyant sa stratégie de boycott qui l’avait conduite à s’écarter de la vie institutionnelle lors du précédent scrutin en 2005, la Table d’unité démocratique (MUD) fait donc son retour en force à l’Assemblée. Avec 39 % des voix, elle s’empare d’au moins 60 sièges. Elle confirme son assise dans l’État du Zulia (12 députés contre 3 pour le Psuv), l’un des plus riches mais également l’un des plus peuplés, et dans l’État du Tachira.

Plus inquiétant pour la formation socialiste : la MUD remporte cinq sièges sur les six à pourvoir dans l’État pétrolier d’Anzoátegui, et arrive en tête à Petare, l’un des plus importants quartiers populaires de la capitale. Ramon Guillermo Aveledo, l’un des dirigeants de la MUD, s’est cru dès lors autorisé à revendiquer 52 % des voix pour l’opposition au plan national, au mépris des résultats annoncés par le Conseil national électoral (CNE) et à dénoncer un système de désignation des députés défavorable qui le frustrerait de… la victoire. Interrogé sur les résultats du Psuv, Aristobulo Isturiz a fait valoir que la majorité présidentielle avait progressé en nombre de députés, si l’on s’en tient aux élections de 2000 où le Mouvement Ve République (l’ancien Psuv) totalisait 92 députés. « L’Assemblée sortante ne représente plus le peuple », a néanmoins juré Ramon Guillermo Aveledo, lors d’une allocution aux airs de déclaration de candidature à la présidentielle de 2012. « Il y a un nouveau mandat, l’Assemblée sortante, dans une agonie prolongée, ne doit pas décider comme si le peuple n’avait pas parlé », a-t-il averti. Une manière de sommer la majorité présidentielle de couper court à ses projets de lois jusqu’à l’installation de la nouvelle Assemblée, en janvier 2011. L’électorat de droite s’est certes fortement mobilisé. La MUD est bien parvenue à capter une frange des déçus du chavisme qui se sont éloignés du Psuv pour des raisons contradictoires : radicalisation des transformations en cours, inefficacité des institutions, clientélisme, corruption, insécurité… Mais le message sorti des urnes ne colle pas avec l’agenda de la droite revancharde. Les électeurs soutiennent toujours majoritairement Chavez et c’est, au contraire, à travers l’abstention de certains, une demande à l’accélération des réformes qui s’est exprimée. Cathy Ceïbe

http://www.humanite.fr/27_09_2010-victoire-du-parti-d%E2%80%99hugo-chavez-mais%E2%80%A6-454346

 

*) Les failles d’une gouvernance mondiale sevrée d’espace démocratique

Mondialisation  : une gouvernance introuvable, Revue Questions internationales, n° 43, mai-juin 2010, La Documentation Française, 2010, 128 pages, 9,80 euros.

Peut-on gouverner la mondialisation ? Avance-t-on dans cette direction ? À lire le dossier proposé par ce numéro de Questions internationales, on ne peut qu’être sceptique. Le concept de gouvernance lui-même recèle toutes les ambiguïtés d’un terme décrié à l’envi, applicable à tout propos et d’une grande plasticité. Dans sa stimulante ouverture du dossier, Serge Sur le signale fort heureusement en retraçant l’histoire du concept et en pointant nombre de ses insuffisances ou de ses travers. La gouvernance mondiale serait un substitut à ce qui n’existe pas, ou ne peut exister, c’est-à-dire un gouvernement mondial. La gouvernance serait ainsi un moyen de combler une absence, ou une perte, de gouvernabilité. Mais c’est aussi, affirme-t-il avec raison, un moyen de contourner la politique et ce qui la fonde en niant l’espace proprement public en abolissant la distinction public-privé. L’on pourrait ajouter que la gouvernance est un fossoyeur de la démocratie, en ce sens que pour la définition de la gestion du bien commun, chacun ne compte plus pour un, mais en fonction de ce qu’il pèse réellement et des intérêts qu’il porte. Peut-être aurait-il fallu rappeler que l’une des premières remises en question de la démocratie au nom de la gouvernance trouve sa source dans les rapports de la Trilatérale dès les années 1970, dont l’un cosigné par un certain… Francis Fukuyama. Malheureusement, les contributions qui alimentent ce dossier sont peu irriguées par le questionnement initial et restent pour l’essentiel très conventionnelles. Pierre Jacquet, responsable de l’Agence française de développement, caractérise la phase actuelle de la mondialisation par le poids accru des pays émergents et la sensibilité croissante de l’opinion publique aux sujets globaux, et Philippe Moreau-Defarges, codirecteur du Ramsès, voit dans l’édification du G20 un pas supplémentaire vers une gouvernance planétaire. Christian de Perthuis (Paris-Dauphine) et Raphaël Trotignon (Caisse des dépôts) décortiquent avec minutie le cas d’école de la gestion climatique mondiale, qui repose sur trois couches empilées : la convention Climat de 1992, le protocole de Kyoto de 1997 et l’accord de Copenhague de 2009. On notera l’entretien croisé de Thérèse Gastaut (ex-Nations unies et Paris-II) et Philippe Ryfman (Paris-I), qui montrent sans détour que le rôle de la gouvernance mondiale est de réhabiliter dans la gestion des affaires planétaires les intérêts du secteur privé et de la société civile, et qui en voient les limites dans l’absence d’un véritable espace public mondial. Michel Rogalski, directeur de la revue Recherches internationales

http://www.humanite.fr/01_10_2010-les-failles-d%E2%80%99une-gouvernance-mondiale-sevr%C3%A9e-d%E2%80%99espace-d%C3%A9mocratique-454801

 

*) Valter Pomar « Une relation politique établie avec les Brésiliens »

Valter Pomar, membre de la direction nationale du Parti des travailleurs (PT), analyse les premiers résultats.

--- Quelle est votre analyse du score obtenu par Dilma Rousseff lors de ce premier tour  de la résidentielle ?

Valter Pomar. Quand Dilma a été choisie candidate du Parti des travailleurs, peu y croyait. Or elle réalise plus de 46 % des suffrages. Ce n’était pas suffisant que Lula la recommande. Il fallait qu’elle gagne la confiance du peuple. C’est ce qui s’est passé durant toute la période électorale et se confirme aujourd’hui. L’élément principal est politique. Les Brésiliens, pour une grande partie, s’aperçoivent qu’ils vivent mieux, c’est vrai dans de nombreux États, et qu’ils ne veulent pas perdre ce qui a été conquis. C’est une relation politique parfaitement rationnelle établie avec Dilma et les réalisations de ces huit dernières années.

 --- Qu’elles vont être les priorités  de son programme ?

Valter Pomar. Il y en a deux : la réforme des impôts et la réforme politique, notamment celle du système électoral. Tout au long de sa campagne, Dilma a répété qu’elle s’inscrivait dans la continuité et le changement. Elle entend poursuivre ce que Lula a entrepris. Mais elle veut pousser le changement pour le meilleur dans le développement économique et les programmes sociaux.

--- De nombreux intellectuels et partis de gauche sont très critiques.  Qu’en pensez-vous ?

Valter Pomar. Les secteurs de la gauche brésilienne représentent 1 % à 2 % des votes dans tout le pays. Leurs critiques peuvent paraître justes, mais la question est de savoir quelle tactique on se doit d’adopter face à la situation qui est celle du Brésil. La leur a été de s’opposer au gouvernement Lula qu’ils ont accusé de pro-impérialisme, de pro-capitalisme ou de néolibéralisme. Mais les travailleurs brésiliens se rendent compte des améliorations en termes de qualité de vie, de démocratisation et de souveraineté nationale. Le gouvernement de Lula n’était pas de gauche mais de centre gauche avec des alliés de droite. Le PT était une partie du gouvernement et Lula, même s’il est affilié au PT, a dû en tenir compte pour appliquer un programme plus ample. Le PT compte aujourd’hui pour 20 % à 25 % des suffrages, ce qu’aucun autre parti de gauche n’a jamais pu obtenir au Brésil. Entretien réalisé par B. D.

http://www.humanite.fr/04_10_2010-valter-pomar-%C2%AB-une-relation-politique-%C3%A9tablie-avec-les-br%C3%A9siliens-%C2%BB-455032

 

*) Brésil. Joao Pedro Stedile « Sans lutte sociale, il n’y a pas de changement social »

Joao Pedro Stedile, dirigeant du Mouvement des sans-terre, tire le bilan des mandats de Lula et fait part  de ses attentes vis-à-vis de la prochaine présidence. Envoyé spécial.

--- Quel bilan tirez-vous des deux mandats de Lula, en particulier pour les paysans sans terre et le MST ?

- Joao Pedro Stedile. La victoire du gouvernement Lula, en 2002 et 2006, a été importante pour mettre en échec le projet néolibéral et le monopole du gouvernement dans les secteurs le plus à droite. Mais, du fait du jeu des alliances, il en a résulté un gouvernement d’« équilibre », qui a appliqué une politique économique pour contenter tout le monde, les riches, la classe moyenne et les travailleurs. Et tous ont été ainsi satisfaits. Mais les changements structurels dans l’économie et la société brésilienne n’ont pas été réalisés. Cela montre bien pourquoi nous suivons un reflux du mouvement populaire, avec une gauche en pleine crise idéologique. Pour ce qui est de l’agriculture, idem. Des politiques favorables au modèle capitaliste, l’agrobusiness, ont été menées avec la libération de volumes immenses de ressources de crédit pour elles, les semences transgéniques, etc. Et il y a eu des mesures sociales compensatoires pour répondre aux premières nécessités des paysans, comme le crédit rural, le programme « Lumière pour tous », les crédits logement dans les campagnes, et la réactivation de l’entreprise étatique (Cnoab) pour l’achat des produits des petits paysans. Encore une fois, ce qui est de l’ordre des changements structurels, comme la réforme agraire, n’est pas encore arrivé.

 --- Dilma Rousseff est sur le point d’être élue. Qu’attendez-vous d’elle ?

- Joao Pedro Stedile. Maintenant, presque toutes les organisations et forces sociales appuient Dilma. Au-delà, ce que nous entrevoyons, c’est que, dans l’équipe gouvernementale de Dilma, il y aura une corrélation de forces davantage favorables aux travailleurs, et cela peut commencer à promouvoir des changements plus à gauche. Bien que, tous, nous sachions que les changements structurels dépendront de la combinaison entre un gouvernement progressiste et une mobilisation organisée autour d’un projet. Pour l’agriculture et la réforme agraire, nous sommes raisonnablement optimistes. De meilleures conditions pourraient être créées pour avancer dans les changements et le modèle de production d’agriculture familiale, face à l’agronégoce du capital transnational et aux grands propriétaires. Tous les grands propriétaires et leurs organisations sont avec Jose Serra, donc, il ne serait pas moral de ne rien demander au nouveau du gouvernement. Le MST essaiera de présenter des propositions politiques concrètes : l’augmentation du revenu des paysans, l’installation de coopératives agro-industrielles et l’amélioration des conditions de vie de la population rurale. Nous devons continuer d’organiser les travailleurs ruraux. Sans lutte sociale, il n’y a pas de changement social.

--- La répartition des terres est profondément inégale. Quel est le principal enjeu pour le MST ?

- Joao Pedro Stedile. Dans toute l’histoire du Brésil, il n’y a jamais eu de réelle réforme agraire. Le degré de concentration de la propriété de la terre est supérieur à ce qui existait en 1920. Aujourd’hui, le modèle du capital n’est plus industriel, il est dominé par les transnationales, le capital international et financier. C’est le modèle de l’agrobusiness, tourné exclusivement vers l’exportation. Pour avancer alors la réforme agraire, il nous faut non seulement distribuer la propriété de la terre, mais aussi changer le modèle de production qui accumule du capital avec la richesse agricole. C’est pourquoi la lutte est si dure : outre le grand propriétaire, il faut faire face à l’entreprise transnationale et aux banques qui sont derrière elle. Nous avons deux alliés, la nature, agressée par l’agrobusiness, et que nous devons défendre, et la société urbaine, qui se rend compte que tous les aliments que l’agrobusiness produit sont dangereux pour la santé et que le modèle de l’agriculture familiale est le seul qui puisse produire des aliments sans poison. Ce sera la lutte des prochaines décennies. Et nous vaincrons !

Entretien réalisé par B. D.

http://www.humanite.fr/30_09_2010-br%C3%A9sil-joao-pedro-stedile-%C2%AB-sans-lutte-sociale-il-n%E2%80%99y-pas-de-changement-social-%C2%BB-454699

 

*) La guerre en Afghanistan coûte plus d'un million par jour aux contribuables

Le projet de budget 2011 pour la Défense montre que le surcoût des opérations extérieures s'élevera en 2010 à 470 millions d'euros pour la présence française en Afghanistan. Cette somme englobe les dépenses supplémentaires engendrées pr les soldes, tranports, munitions, etc. En tout, le surcoût de la présence française sur des théâtres extérieurs s'élève à à 867 millions d'euros.

http://www.humanite.fr/29_09_2010-la-guerre-en-afghanistan-co%C3%BBte-plus-dun-million-par-jour-aux-contribuables-454480

 

*) Nouvelle alerte du BIT sur l’emploi

L’agence de l’ONU déplore les politiques restrictives mises en place en Europe et dans plusieurs grands pays alors même que la situation tend de nouveau à se dégrader.

«Il faut placer la création d’emplois au cœur de la reprise économique et faire du plein-emploi un objectif macroéconomique. » Après deux années de crise, le Bureau international du travail (BIT) tire la sonnette d’alarme et appelle les États à agir pour l’emploi. Certes, des pays émergents ont renoué avec la croissance, mais dans des économies avancées, comme en Europe, « de nouveaux nuages s’amoncellent à l’horizon de l’emploi et les prévisions en la matière se sont considérablement détériorées », relève le BIT, qui constate même que « de nombreux pays qui disposaient d’une croissance d’emploi positive en 2009 enregistrent maintenant une chute de la reprise en matière d’emploi ». Les causes ? « Alors même que les raisons profondes de la crise n’ont pas été correctement traitées », explique Raymond Torres, le responsable des études économiques du Bureau, « les mesures de relance budgétaire, si utiles pour prévenir une crise plus grave, ont maintenant été retirées ». En somme, bon nombre de pays avancés sont passés bien trop rapidement à des politiques d’orthodoxie financière basées sur la réduction rapide des déficits publics et de la dette. Au détriment de l’emploi et « du climat social ». « Si les mesures appliquées restent en l’état », s’inquiète le BIT, « le rétablissement de la situation de l’emploi à son niveau d’avant la crise serait reporté, pour les économies avancées, jusqu’à 2015 ». Dès lors, le BIT plaide pour un réel « renforcement des politiques axées sur l’emploi » (comprenant « des politiques actives d’emploi, des mesures pour soutenir les catégories vulnérables de la population, notamment les jeunes, des politiques de formation ainsi que des mesures de protection sociale »). Ces actions devraient être accompagnées d’une « véritable réforme financière pour orienter l’épargne vers les investissements plus productifs ». « Ces politiques », note en outre le BIT, « réduisent même la pression sur les dépenses publiques et génèrent davantage de recettes ». Ramine Abadie http://www.humanite.fr/05_10_2010-nouvelle-alerte-du-bit-sur-l%E2%80%99emploi-455113

 

*) Lettre ouverte à monsieur Barack Obama, président des États-Unis : « Nous pouvons vivre sans la peine de mort » , Un appel de Ensemble contre la peine de mort (*)

Depuis votre prise de fonction à la tête de la première puissance mondiale, en janvier 2009, plus de 80 exécutions ont eu lieu dans les 35 États qui appliquent la peine capitale aux États-Unis.

À votre arrivée à la Maison-Blanche, à travers la nomination d’Eric Holder comme ministre de la Justice, vous avez fait naître, parmi les abolitionnistes du monde entier, l’espoir de l’avènement d’une justice qui renoncerait enfin à la barbarie du meurtre légalisé. Néanmoins, à ce jour, le gouvernement fédéral n’a évoqué aucune remise en question de la peine capitale comme outil de dissuasion. Monsieur le président, nous savons votre engagement pour une justice sociale, pour la défense et le respect des plus faibles. Aujourd’hui, la peine de mort est reconnue comme un acte cruel et barbare, un déni de justice mettant en danger la société plus qu’il ne la protège. Année après année, des condamnés à mort sont innocentés et libérés après des décennies de torture dans les couloirs de la mort. Année après année, les geôles de la mort se peuplent des individus les plus modestes, parce qu’ils n’ont pas eu les moyens d’accéder à une défense digne de ce nom. Ce sont toutes ces raisons qui poussent de plus en plus d’États américains à renoncer à la peine capitale ou à s’interroger sur sa légitimité au xxie siècle. En 2009, onze d’entre eux ont étudié des propositions législatives visant à abroger la peine de mort. Le Nouveau-Mexique est ainsi devenu le 15e État à abolir la peine de mort. Aujourd’hui, la peine de mort n’est plus une fatalité américaine. Monsieur le président, nous savons également votre attachement au rétablissement d’un dialogue international et à une réelle prise en compte des points de vue des démocraties de la planète. Nous vous invitons à considérer l’expérience et les suggestions de l’Union européenne, seul espace au monde sans peine de mort. Aujourd’hui, nous vous invitons à rallier votre voix à celles des 105 pays ayant voté à l’Assemblée générale des Nations unies en faveur d’un moratoire universel, et à ainsi rejoindre le concert des nations pour un monde plus juste et plus humain.

Monsieur le président, vous savez combien votre pays a valeur d’exemplarité pour les peuples du monde entier. En proposant un moratoire sur les exécutions fédérales, vous donneriez un signe fort en faveur de l’abolition et permettriez, non seulement à votre peuple de faire un pas vers la justice et le progrès, mais aussi au monde entier de faire un pas décisif vers la paix. (*) Pour signer ce texte : www.abolition.fr  Ensemble contre la peine de mort

http://www.humanite.fr/01_10_2010-nous-pouvons-vivre-sans-la-peine-de-mort-454803

 

*) La guerre des monnaies

À la veille des réunions du FMI et du G7, les antagonismes s’aiguisent entre places fortes du capitalisme et font craindre une terrible bataille alimentée par le dumping monétaire de Washington.  L’assemblée générale du Fonds monétaire international (FMI), qui démarre demain à Washington, et le G7 des ministres des Finances, prévu à la fin de la semaine, ont décidé de mettre la question de l’affrontement sur les devises tout en haut de leur ordre du jour. « Aujourd’hui, la volonté de consensus et de coopération s’est amoindrie. Et nous voyons dans le monde la possibilité d’un éclatement d’une guerre des devises », insiste lui-même le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn. Les contradictions s’enveniment entre les États-Unis et leurs alliés européens ou japonais d’une part, et entre ces mêmes États-Unis et les grands pays émergents d’autre part. La question du yuan chinois, dont Washington et Bruxelles demandent une revalorisation, était d’ailleurs presque au même moment hier au cœur du sommet UE-Asie (voir ci-dessous). Confronté à un net fléchissement de la croissance, Washington use de la position privilégiée du dollar, monnaie commune mondiale de fait, pour tenter de transférer ses propres difficultés vers ses « partenaires ». Il laisse « filer » le billet vert. Avec un double objectif : pratiquer le dumping monétaire pour donner un avantage de compétitivité aux produits made in USA, et dégonfler la valeur de la montagne de dettes souscrites par tous les acteurs de son économie (essentiellement auprès de la Chine et du Japon). 

--- Parier sur les devises

Cet affrontement prospère aussi sur la formidable excroissance d’un marché des devises qui a doublé en moins de six ans. Il représente aujourd’hui la bagatelle de 4 000 milliards de dollars contre 2 000 milliards en 2004. Sur ce marché dit du Forex (pour FOReign Exchange), basé à Londres, interviennent des fonds spéculatifs ou des banques en mal de se refaire une santé financière qui préfèrent désormais parier sur les devises plutôt que sur le cours des actions ou des obligations d’État. Ces tensions illustrent ainsi le prolongement de la crise systémique enclenchée par le krach de 2007-2008 et l’impasse des recettes du G20, qui n’ont en rien désarmer la spéculation. Bruxelles joue une très mauvaise carte en confirmant son alignement sur Washington, tout comme sa soumission aux règles de l’« euro fort », et donc aux marchés financiers. La devise européenne est prête de repasser la barre de 1,4 dollar, ce qui va pénaliser les productions de l’UE. L’Europe aurait tout intérêt, à l’inverse, à chercher à désamorcer la guerre monétaire en passant des alliances avec la Chine ou avec l’Amérique latine pour exiger la fin de la suprématie du dollar et l’émergence d’une véritable monnaie commune mondiale de coopération, une devise disponible pour de grands projets de toute l’humanité, capables donc de stimuler partout l’emploi qualifié comme l’intervention pour la sauvegarde de l’environnement et du climat. Bruno Odent

http://www.humanite.fr/05_10_2010-la-guerre-des-monnaies-455102

 

*) Quand Pascal Lamy s’en prend aux « locavores » : « N’est-il pas urgent de relocaliser les activités agricoles ? »  Par Aurélie Trouvé, coprésidente d’Attac, agronome et maître de conférences en économie.

Le sommet sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) s’est terminé la semaine dernière, avec son lot de nouvelles promesses. Le premier des huit objectifs, fixés il y a dix ans, consiste à éradiquer l’extrême pauvreté et la faim dans le monde. Pourtant, la faim touche plus d’un milliard d’êtres humains et n’a cessé d’augmenter depuis les années 1990. Une évolution qui coïncide avec la libéralisation accrue des marchés agricoles sous l’égide de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Comment dès lors ne pas mettre en lien cet échec des OMD et la réaffirmation sans nuance des bienfaits du commerce international par Pascal Lamy, directeur général de l’OMC, dans une tribune publiée dans Libération le jour de l’ouverture du sommet sur les OMD ? L’accord de Marrakech, signé en 1994 dans le cadre de l’OMC, a abouti à un démantèlement progressif des protections aux frontières et des politiques agricoles nationales et régionales. Celles-ci permettaient de réguler les prix et quantités produites, pour répondre aux besoins alimentaires à court et à long terme, et maintenir des revenus agricoles plus équitables. Elles reconnaissaient la spécificité des marchés agricoles, très loin de correspondre aux critères de la concurrence parfaite. Au contraire, pour l’OMC, le commerce international agricole n’a consisté qu’en une dérégulation des marchés agricoles, l’agriculture devenant un secteur à libéraliser comme les autres. Ce qui est contradictoire avec ce que Pascal Lamy reconnaît lui-même : « La production ou la consommation des biens alimentaires n’obéit pas aux mêmes règles que celles des chemises ou des pneus. »

En particulier, les prix agricoles sont réputés comme très volatils en l’absence de régulation publique. Cette volatilité n’a cessé d’augmenter avec la dérégulation, avec des chutes brutales de prix qui se sont faites au détriment de la population agricole, tandis que des profits de plus en plus confortables étaient engrangés par les intermédiaires de la grande transformation et de la grande distribution. En période de flambée des prix, ce sont les consommateurs et les pays les plus pauvres qui en ont pâti, comme en 2008, où le nombre de sous-nutris a explosé. Pascal Lamy s’en prend, dans sa tribune, aux « locavores » (1). Et pourtant, n’est-il pas urgent de relocaliser les activités agricoles ? À la suite de la flambée des prix agricoles, même la Banque mondiale a dû revenir sur ses orientations des décennies passées, en reconnaissant le rôle essentiel du développement agricole pour subvenir aux besoins alimentaires locaux. La période de dérégulation des marchés agricoles correspond à une hausse de la dépendance alimentaire et souvent à une baisse de la productivité agricole des pays pauvres : leurs agricultures se sont retrouvées en concurrence directe avec celles des pays riches, ultrasubventionnées et affichant des rendements parfois 500 fois supérieurs, ainsi qu’avec les agricultures de pays émergents jouissant de conditions de production bien plus favorables. C’est ce qui a amené des pays comme l’Inde et des mouvements paysans comme Via Campesina ou le Roppa en Afrique à s’opposer aux négociations agricoles actuelles de l’OMC, qui prévoient une dérégulation encore plus importante. Non, la relocalisation des activités n’est pas une lubie de mouvements de pays riches et autosuffisants, comme semble le suggérer Pascal Lamy. Et si l’Europe mise davantage sur la relocalisation des activités, ce ne sera pas au détriment des pays du Sud : faut-il rappeler nos subventions massives qui permettent de pratiquer un dumping accepté par l’OMC ? Faut-il rappeler qu’en ce moment, nous importons pour nos propres besoins la plupart de l’alimentation de notre bétail, en provenance de pays comme le Brésil, où des millions de paysans ne disposent d’aucune terre ? Et que cette captation des terres ne pourra que s’accentuer si nous développons comme c’est prévu de vastes importations d’agrocarburants ? Enfin, la relocalisation des activités agricoles est une façon, pour chaque territoire, de pouvoir bénéficier d’une agriculture diversifiée, respectueuse des ressources naturelles et créatrice d’emplois et de restaurer des liens rompus entre producteurs, consommateurs et territoires. Pour ce faire, il faut que chaque pays ou région puisse se protéger et définir sa politique agricole en fonction de ses besoins, pourvu que cette politique ne crée pas de dommages sur les agricultures des pays tiers : c’est le droit à la souveraineté alimentaire, incompatible avec les dispositions actuelles de l’OMC. Cela ne signifie pas pour autant un repli national : des mécanismes internationaux permettraient notamment une maîtrise négociée des volumes, des stocks et des exportations de chaque région, ainsi qu’une régulation des prix internationaux – par exemple par une fixation de prix minimaux pour les produits tropicaux afin de soutenir les producteurs du Sud. Nous aurons donc toujours besoin d’un commerce international agricole, le problème étant celui de sa dérégulation. Ce commerce devrait s’appuyer avant tout sur les objectifs de solidarité et de préservation des ressources naturelles. C’est ce que porte depuis longtemps l’altermondialisme, en cohérence avec l’exigence de relocalisation des activités. (1) Le mouvement « Locavore » encourage les consommateurs à acheter des produits frais et de saison sur les marchés et aux agriculteurs locaux. Aurélie Trouvé

http://www.humanite.fr/01_10_2010-quand-pascal-lamy-s%E2%80%99en-prend-aux-%C2%AB-locavores-%C2%BB-454804

 

*) Amadou  T.  Touré « Sans développement, l’option militaire est vouée à l’échec »

Le Mali,  cinquante ans après l’indépendance,  n’est plus une «chasse gardée», nous déclare son président. Du sort  des migrants  à la lutte contre  les fondamentalistes d’al-Qaida au Maghreb islamique,  il n’hésite pas  à faire valoir des vues sensiblement différentes de celles de Paris. Bamako, envoyée spéciale.

--- Les parlementaires français examinent actuellement un projet de loi sur l’immigration qui vise, entre autres,  à faciliter les expulsions.  Votre refus de signer les accords  de réadmission voulus par la France exprime-t-il une mise en cause  de cette politique ?

- Amadou Toumani Touré. Nous n’avons effectivement pas encore trouvé de terrain d’entente avec la France sur ce sujet. Le Mali est un pays d’émigration. Les causes de cette émigration sont multiples. Ce phénomène pose des problèmes démocratiques, économiques, humanitaires, sécuritaires. Il faut prendre en compte toutes ces dimensions. Nous l’avons assuré à nos partenaires : nous ne refusons pas par principe de signer ces accords de réadmission. Mais pour l’instant, le compte n’y est pas. En fait, nous exprimons des préoccupations différentes. Je comprends la France lorsqu’elle parle de reconductions à la frontière. Mais je me comprends aussi moi-même lorsque je parle de régularisations. Je ne vais pas défendre tous les sans-papiers du monde et le Mali n’encouragera jamais l’immigration clandestine. Mais nous connaissons des parents de Maliens qui vivent en France depuis dix ans, paient des cotisations sociales, travaillent dans les grands restaurants de Paris ou d’ailleurs et attendent d’être régularisés. Voilà des gens qui ont tout quitté, traversé l’océan, pris tous les risques pour se rendre en France. En partant, ils ne nous ont rien dit. Nous ne pouvons donc pas, en tant qu’État, décider de leur sort ! Il serait anormal et injuste de discuter du sort des gens qui sont en France sans rien leur demander. Il faut maintenant engager une réflexion sérieuse sur ce sujet. Elle ne peut être conduite sans un dialogue entre Maliens, associant les migrants maliens. Nous voulons dégager, ensemble, une plate-forme, avant de discuter avec la partie française. Voilà notre démarche.

--- L’activisme d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), dans le nord du Mali, est source de crise.  Suite à la prise d’otages d’Arlit, pourquoi avez-vous mis en garde contre une action qui se limiterait à la seule dimension militaire ?

- Amadou Toumani Touré. Les dimensions de la bande sahélo-saharienne constituent un premier obstacle. Nous parlons d’une région qui s’étend, sur 8 millions de kilomètres carrés, de la Mauritanie jusqu’au Soudan. C’est une région difficile, hostile, pratiquement inhabitée, par laquelle transitent, à la faveur de frontières poreuses, les trafics de cigarettes, d’armes, de drogue, les réseaux d’immigration clandestine, les terroristes. Toutes ces menaces sont transfrontalières. Le Mali occupe, dans ce contexte, une position ingrate. Nous sommes au centre du dispositif. En réalité, nous sommes à la fois otages et victimes d’une situation qui ne nous regarde pas. L’islam que nous pratiquons depuis le IXe siècle est un islam tolérant, ouvert, solidaire, respectueux de la personne humaine. Notre islam est aux antipodes de ce fondamentalisme exacerbé dont se réclame Aqmi et que nous découvrons au même titre que les autres. Face à cette menace nouvelle, nous avons besoin d’une nouvelle approche et de nouveaux instruments.

 --- Pourquoi la nécessité d’une coordination entre pays de la région ne s’est-elle pas imposée plus tôt ?

- Amadou Toumani Touré. Soyons clairs. Certains accusent le Mali d’être le maillon faible de la chaîne. C’est un procès injuste, car il n’y a tout simplement pas de chaîne ! Dans les faits, chacun travaille chez soi, isolément. Dès septembre 2006, j’ai proposé d’organiser une conférence des chefs d’État de la bande sahélo-saharienne pour marquer notre volonté politique et dégager une vision commune de la lutte contre le terrorisme. Malheureusement, je n’ai pas été entendu. Ces quatre années perdues représentent quatre ans de renforcement des capacités militaires et logistiques des terroristes, qui ont continué à se manifester par des prises d’otages et des assassinats. Au Mali, le désert s’étend sur 650 000 kilomètres carrés, soit nettement plus que la superficie de la France. Nous avons 2 200 kilomètres de frontières avec la Mauritanie. Avec l’Algérie, 1 850 kilomètres et avec le Niger, 700 kilomètres. Demander à notre armée de contrôler toute cette zone, avec ses modestes moyens, c’est lui demander l’impossible. Le Mali n’est pas opposé à l’option militaire. Mais nous avons éprouvé les limites d’une action isolée. Une action militaire ne peut être efficiente que si elle s’inscrit dans la durée, avec une réelle coordination entre les pays riverains. Je ne doute pas que la récente mise en place d’un état-major opérationnel commun à Tamanrasset nous y aidera. Mais cela ne suffira pas, si nous ne gagnons pas la bataille au sein de populations exposées aux contraintes et à la peur. Jusqu’ici, l’impact de l’islam fondamentaliste, dans notre pays, reste limité. Mais pour combien de temps ? Ces populations du Nord vivent dans une grande précarité. Les jeunes n’ont pas accès à l’éducation, ils n’ont pas de travail, pas d’avenir. Rien n’est possible sans ces populations, que nous devons associer. Nous devons mener, auprès d’elles, une lutte idéologique, avec la promotion d’un autre islam, plus tolérant, plus humain que celui prêché par les terroristes. Pour cela, il faut créer dans la région des « zones de développement et de paix ». Ce qui implique le retour de l’administration, l’implantation durable de forces de sécurité, la construction de centres de santé, d’écoles, de cantines scolaires, de puits. Sans développement, les méthodes militaires, même généralisées, seront vouées à l’échec.

 --- Craignez-vous qu’au nom  de la lutte contre le terrorisme, certaines puissances, comme  la France ou les États-Unis,  ne veuillent s’installer militairement dans la région ?

- Amadou Toumani Touré. Si un pays ami devait me faire part de ses projets d’installation militaire dans le Sahara, je lui déconseillerais de les réaliser. Le problème du Sahara concerne d’abord les pays riverains. Les pays occidentaux, bien sûr, doivent jouer un rôle, s’inscrire dans des coopérations, en termes de formation de nos armées et d’appui logistique. Nous avons des hommes, nous connaissons le terrain, nous ne manquons ni d’audace, ni de courage. Mais nos maigres ressources ne nous permettent pas de supporter seuls cet effort de guerre.

--- Qu’attendez-vous de l’Algérie qui dispose, elle, de moyens importants ?

- Amadou Toumani Touré. L’Algérie peut jouer un rôle décisif dans la résolution de cette crise. Ce pays s’est battu, avec beaucoup de courage, contre les terroristes. Sur le plan militaire, les Algériens sont largement mieux équipés que leurs voisins, avec, par exemple, des moyens aériens qui nous font cruellement défaut. Son expertise, son expérience du combat antiterroriste, sa connaissance du terrain en font un acteur central de la lutte contre le terrorisme dans la région.

--- Quelles sont les conséquences économiques de cette crise  pour le Mali ?

- Amadou Toumani Touré. Nous subissons déjà des préjudices. Inquiètes pour leurs personnels, certaines sociétés françaises travaillant dans le Nord songent à se retirer. Quant au tourisme, c’est le secteur le plus durement frappé. On a forgé une image surfaite de la bande sahélo-saharienne. Malheureusement cette image a été largement véhiculée, voire officialisée par certains pays, qui déconseillent à leurs ressortissants de se rendre au Mali. Les conséquences sont désastreuses pour les populations qui vivent des activités liées au tourisme.

--- Cinquante ans après  les indépendances, sous le règne  de la mondialisation capitaliste,  les ex-colonies ont-elles  vraiment la liberté de choisir leurs propres options économiques et politiques ?

- Amadou Toumani Touré. Après l’indépendance, il a fallu sortir d’une économie coloniale exclusivement tournée vers les besoins de la métropole. Nous avons dû opérer une reconversion, bâtir une économie nationale, ce qui ne fut pas aisé. Nous sommes partis, pour ainsi dire, de rien. Aujourd’hui, nous sommes dans cette mondialisation, nous ne pouvons pas nous en retirer. Par certains aspects, nous en tirons profit : nous ne sommes plus une chasse gardée, le pré carré est mort. C’est un avantage important. Évidemment, nous sommes exposés aux effets pervers de cette mondialisation. Les graves effets de la crise financière sont venus nous le rappeler. Nous évaluons à 450 millions d’euros, un chiffre certainement sous estimé, les sommes envoyées chaque année au pays par la diaspora malienne. Cela représente environ 85 % de l’aide publique au développement que nous percevons. Avec la crise, de nombreux émigrés ont perdu leurs emplois et réduit leurs transferts. Autre conséquence préjudiciable à notre économie : la chute des prix des matières premières. Enfin, cette crise a eu des effets négatifs sur l’aide publique au développement. Tout le monde n’a pas respecté ses engagements dans ce domaine. Il reste que la mondialisation nous garantit la liberté de commercer et de coopérer avec tous les pays du monde. Nous essayons donc de cultiver ses effets positifs.

--- Vous avez joué un rôle important  pour mettre fin, en 1991,  à la dictature. Comment consolider, aujourd’hui, la démocratie au Mali ?

- Amadou Toumani Touré. Suite aux événements douloureux qui ont accompagné la révolution de mars 1991, l’armée a du intervenir, en effet, sur l’échiquier politique. À l’époque, comme commandant des unités d’élite, j’ai eu pour mission de conduire les opérations. Je me suis ensuite retrouvé, par accident, chef de l’État. Je suis resté quatorze mois, le temps d’organiser les élections et d’adopter par référendum une nouvelle Constitution pluraliste. Le 8 juin 1992, j’ai rendu le pouvoir. Je suis parti pendant dix ans, pour participer à des missions humanitaires sous l’égide des Nations unies. À mon retour, j’ai trouvé une classe politique pleine de bonne volonté, mais divisée. J’ai pu le constater ailleurs sur notre continent : le pouvoir peut vite devenir source de divisions, puis de conflits entre régions, entre ethnies. Indépendant que je suis, j’ai pris le risque de me présenter sans parti. Une fois élu, j’ai opté pour une gestion consensuelle du pouvoir. J’ai demandé à chacun de venir avec sa différence et son identité propre, tout en partageant les objectifs communs. Nous devons nous approprier la dimension universelle de la démocratie. Mais nous devons la faire nôtre, y intégrer les valeurs de notre civilisation. Nous ne pouvons pas copier intégralement ce qui se passe ailleurs. Après vingt ans, ce sont ces considérations qui doivent guider notre réflexion pour réviser la Constitution de 1992 et consolider la démocratie malienne. Entretien réalisé par Rosa Moussaoui

http://www.humanite.fr/07_10_2010-amadou-%E2%80%89t-%E2%80%89tour%C3%A9-%C2%AB-sans-d%C3%A9veloppement-l%E2%80%99option-militaire-est-vou%C3%A9e-%C3%A0-l%E2%80%99%C3%A9chec%C2%A0%C2%BB-455284

 

*) Bamako. De nouveaux chemins vers le développement

Bamako (Mali), envoyée spéciale. Est-ce le signe d’un nouvel éveil des forces de gauche en Afrique de l’Ouest ? Les 25 et 26 septembre, quinze formations politiques de dix pays se sont retrouvées à Bamako, à l’initiative des progressistes de l’UM-RDA Faso Jigi et du Parti communiste français, autour d’un colloque consacré au cinquantenaire des indépendances. L’occasion d’un retour critique et fécond sur le demi-siècle écoulé, mais surtout d’une réflexion sur les réponses politiques à forger pour libérer le continent du joug néocolonial et des ravages économiques, sociaux et culturels de la mondialisation capitaliste. « Nous sommes les victimes d’une guerre économique mondiale baptisée mondialisation », a résumé l’altermondialiste Aminata Dramane Traoré, avant de plaider pour une « reconstruction sur d’autres valeurs que celles de l’argent ». Côté français, Pierre Laurent, qui conduisait une délégation du PCF, a jugé « indécentes » les « tentatives de réhabilitation du colonialisme » chères au pouvoir sarkozyste. Le secrétaire national du PCF a vigoureusement dénoncé les murs érigés contre les migrants et « la politique de puissance néoimpériale de la France en Afrique ». « En dix-huit mois, 5 000 milliards de dollars ont été déversés sur les marchés financiers pour sauver un système en faillite », a-t-il insisté, en appelant à « jeter les bases d’un nouvel internationalisme ». Des contributions d’historiens, d’économistes, d’acteurs des luttes de décolonisation ont ensuite souligné la brûlante actualité des idéaux politiques qui rendirent possible la reconquête de l’indépendance. Dans sa communication consacrée à l’appui du PCF aux mouvements de libération des colonies d’Afrique subsaharienne, l’anthropologue Martin Verlet est ainsi revenu sur le rôle décisif des groupes d’études communistes, véritables pépinières de cadres politiques et syndicaux. Il fut aussi question du panafricanisme, propagé par le Ghanéen Kwame N’krumah. Un idéal qui inspira, autant que les idées socialistes, les jeunes États indépendants comme le Mali de Modibo Keita, avant la vague de coups d’État qui instaurèrent, au prix de la dictature, un ordre néocolonial qui perdure encore. Ce rappel a l’ordre a pris la forme, a rappelé l’historien sénégalais Abdoulaye Bathily, de « politiques d’ajustement structurel qui ont disqualifié les États et appauvri les populations ». Pour dessiner « cette Afrique d’esclaves que se partagent les multinationales avec la complicité du FMI et de la Banque mondiale », selon les termes de l’écrivain Amadou Seydou Traoré. Sur ce continent se déploie en fait cet « impérialisme » toujours vivant dont l’historien Alain Ruscio a expliqué qu’il recouvrait « toutes les formes de domination exercées par les grandes puissances ». Contre les « kits de développement » livrés par les pays du Nord, contre le cynisme des multinationales pariant sur l’émergence, en Afrique, d’une classe de consommateurs, contre les farces électorales perpétuant des États postcoloniaux défaillants, les intervenants ont défendu le droit des peuples de la périphérie à choisir leurs propres options politiques pour inventer de nouveaux chemins vers le développement. À « reprendre l’initiative », pour conquérir « de nouvelles avancées révolutionnaires », selon l’expression de l’économiste Samir Amin. Rosa Moussaoui

http://www.humanite.fr/29_09_2010-bamako-de-nouveaux-chemins-vers-le-d%C3%A9veloppement-454568

 

*) Un voilier pour Gaza intercepté

La marine israélienne a arraisonné le bateau avec des militants juifs à son bord.  Le catamaran Irene battant pavillon britannique, faisant voile vers Gaza, avec à son bord neuf pacifistes juifs d’Israël, des États-Unis, de Grande-Bretagne et d’Allemagne, a été intercepté, hier, en haute mer, par dix navires de guerre israéliens avant d’être forcé de se diriger vers le port israélien d’Ashdod. Peu de temps avant leur interception, les pacifistes avaient annoncé qu’ils n’opposeraient aucune résistance : « Nous sommes non violents », a dit au micro de Radio Israël, l’Israélien Rami Elhanan, dont la fille a perdu la vie dans un attentat suicide palestinien, en 1997.

Cette opération humanitaire, qu’Israël a qualifiée de provocatrice, avait pour but de défier le blocus imposé par Tel-Aviv à la bande de Gaza et d’attirer l’attention sur les souffrances des Palestiniens interdits de quitter ce territoire. Ce voilier transportait une petite cargaison de jouets, de livres, un kit de purification d’eau, du matériel de pêche et des médicaments, « une aide symbolique », selon l’un des organisateurs, pour la population de Gaza.

L’opération a été financée par des dons récoltés par différentes branches de l’organisation Juifs européens pour une paix juste. Parmi ces pacifistes juifs, deux autres Israéliens : Yonathan Shapira, ancien pilote de l’armée de l’air israélienne, aujourd’hui membre des Combattants pour la paix, et Reuven Moshkovitz, quatre-vingt-deux ans, rescapé de la Shoah. « Israël n’a pas de frontières morales », a expliqué ce dernier avant l’appareillage du voilier. « Je suis un survivant, et lorsque j’étais dans le ghetto, que j’ai failli mourir, j’espérais qu’il y aurait des êtres humains qui me témoigneraient aide et compassion », a-t-il ajouté. Une chose est certaine, cette affaire a plongé dans un total embarras le gouvernement  Netanyahou, plus isolé que jamais sur la scène internationale. Hassane Zerrouky

http://www.humanite.fr/28_09_2010-un-voilier-pour-gaza-intercept%C3%A9-454465

 

 

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